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Entrepreneuriat et la lutte contre la pauvreté en république démocratique du Congo.Cas des entrepreneurs musulmans.

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par Ismael BUKASA
UNIVERSITE INTERNATIONALE AL-MUSTAFA DU CONGO - Licence 2015
  

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1.2.1.1. L'environnement politique et l'entrepreneuriat

Cet environnement est composé des facteurs qui s'imposent à l'entrepreneur et sont relatifs :

1) à la réglementation gouvernementale ;

2) au climat politique ;

3) à la force des groupes de pression, qui sont susceptibles de fixer les limites à la conduite des activités entrepreneuriales et des individus dans une société.

Il a été démontré que l'identité des entrepreneurs, le caractère formel ou informel des établissements et le degré de croissance ou d'innovation dans les affaires ont été en partie déterminés par l'instabilité : « en période de turbulence, les contrôles étatiques sont susceptibles d'être intensifiés, évinçant l'entrepreneur de l'économie officielle et l'amenant à poursuivre ses activités de façon souterraine ».

Le secteur privé formel est très réduit, sans commune mesure avec l'importance de la population de la RDC. Des décennies de difficultés de fonctionnement et de mise à mal de la bonne gouvernance ont largement contribué à amoindrir la résilience des entreprises aux chocs économiques et à émousser leur capacité à relever les défis de la concurrence, engendrés par la libéralisation du commerce et la réduction des coûts associés aux distances internationales.

La structure du système productif n'a pas permis que la disparition d'entreprises existantes soit compensée par l'entrée sur le marché local de nouvelles organisations productives. Avec notamment la prolifération des impôts et taxes prélevés au niveau des collectivités territoriales telles que les provinces, l'environnement fiscal n'incite pas à la formalisation et décourage les aspirations à exister au « grand jour » en se dotant d'une comptabilité reflétant l'ensemble des activités de l'entreprise. Ce contexte explique pourquoi, aujourd'hui, plus de 70 % de l'économie est informelle.

Le nombre des entreprises modernes n'est pas facile à déterminer. La Fédération des entreprises du Congo (FEC) estime qu'il n'y aurait aujourd'hui que 110 grandes entreprises et qu'elles réalisent entre 8 et 10 % du PIB et 40 % des recettes de l'État.

À la fin des années 1980, on dénombrait encore 1 800 grandes sociétés, dont beaucoup dédiées à la satisfaction de la demande locale. Le fisc évalue actuellement à environ 9 000 les entreprises ayant un chiffre d'affaires de plus de 80 millions de francs congolais (environ 90 000 dollars). Ce chiffre contribue à donner une première approximation du secteur formel, au sein duquel on dénombre moins de 1 000 entreprises d'un chiffre d'affaires supérieur à 400 000 dollars. Une autre mesure permettant d'évaluer la taille de ce secteur est le nombre d'adhérents de la Fédération des entreprises du Congo, la principale centrale patronale. Celle-ci avance le nombre de 2 600 membres, dont 1 700 PME plus ou moins actives. Beaucoup d'entre elles sont plutôt de très petites entreprises (TPE), la dénomination PME couvrant les structures occupant au moins un salarié.

Ces dernières années, l'effort d'accumulation brute de capital fixe a été soutenu à un rythme deux fois plus rapide que celui de la croissance économique. Selon les estimations et prévisions les plus courantes, entre 2010 et 2013, la formation brute de capital fixe devrait atteindre 10 à 14 % du PIB, grâce à l'accélération induite par l'extension des travaux d'infrastructure dans les secteurs de la construction et des routes, mais également des télécommunications, et à la finalisation de certains projets miniers financés par l'investissement direct étranger de quelques grands opérateurs internationaux, notamment dans le sud-est du pays.

La relance du secteur agricole et de la transformation de ses produits constitue également un gisement de croissance. Comme les autres activités économiques, l'agriculture a elle aussi été mise à mal par les troubles politiques des années 1998 à 2002 et par les violences faites aux personnes, qui ont entraîné d'importants déplacements de la population. Le pays dispose d'environ 80 millions d'hectares de terres arables, dont seulement 10 % sont actuellement cultivés.

Le secteur du bois est également porteur. La surface boisée de la RDC est de l'ordre de 155 millions d'hectares, soit 66 % de la superficie nationale. Avec seulement 12,4 millions d'hectares exploités, soit moins de 10 % de la superficie boisée totale, la RDC est en retard par rapport à ce qui se fait dans d'autres pays d'Afrique centrale.

Dans le secteur manufacturier, de nombreuses industries ont périclité avant de disparaître. Elles contribuaient à la diversification de la base productive, mais dans un environnement incompatible avec la concurrence. Tel fut le cas dans le textile et la confection, le montage automobile, ainsi que certaines filières agro-industrielles. Pour pouvoir créer des emplois durables, les nouveaux investissements doivent donc être privilégiés dans les secteurs et filières où la production peut être socialement rentable en l'absence de protections commerciales élevées. C'est pourquoi l'étude des institutions et du coût des facteurs prend tout son sens, dans la mesure où les unes et l'autre conditionnent l'investissement privé.

En ce qui concerne les services, le Gouvernement a également des ambitions, notamment au niveau du développement du tourisme. La biodiversité de la RDC est exceptionnelle, avec une faune et une flore qui justifient pleinement ces ambitions.

Le secteur est actuellement très peu développé en raison de contraintes majeures, telles que la qualité des infrastructures et les tracasseries administratives, considérées comme une manifestation de bonne gouvernance. Le parc hôtelier est sous dimensionné et l'accès aux sites les plus spectaculaires reste malaisé.

À moyen terme, la RDC devrait donc se positionner sur des marchés de niche, tels que l'écotourisme ou le tourisme culturel, et ce tant que ses infrastructures et son climat administratif empêcheront d'apprécier l'étendue de sa diversité.

La Confédération des petites et moyennes entreprises du Congo (COPEMECO) est une association sans but lucratif créée en 1991. Sa mission principale est de regrouper les PME en un syndicat patronal capable de soutenir et faire aboutir les revendications de ses membres répartis sur l'ensemble du territoire national.

L'adhésion coûte de 50 à 100 dollars EU selon que le demandeur est un national ou un étranger, et les cotisations annuelles varient de 100 à 500 dollars EU selon la nationalité de l'entrepreneur et la taille de la structure.

Les activités de la COPEMECO sont orientées vers la défense des intérêts de ses membres, la promotion de la femme entrepreneure, la formation, et les services aux entreprises. La réalité de ces activités est plus modeste, dans la mesure où le financement manque pour leur donner de la visibilité.

Les aspirations de la COPEMECO rejoignent en partie celles de la FEC. En l'occurrence, les petites entreprises reprochent à l'État de les pousser dans l'informalité en appliquant des taxes nombreuses et redondantes ; de compliquer l'accès aux marchés publics avec des exigences de garantie et de bonne exécution ; de les affaiblir financièrement en leur imposant des retards considérables dans le paiement de ses factures, lorsque ce ne sont pas des arriérés de paiement.

Ces derniers aggravent le besoin de fonds de roulement, alors que l'obtention du crédit bancaire est difficile et chère.

L'accroissement du nombre de banques et la création de structures de micro finance devraient toutefois contribuer à réduire ce genre de tensions.

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