1.2.1.1. L'environnement
politique et l'entrepreneuriat
Cet environnement est composé des facteurs qui
s'imposent à l'entrepreneur et sont relatifs :
1) à la réglementation gouvernementale ;
2) au climat politique ;
3) à la force des groupes de pression, qui sont
susceptibles de fixer les limites à la conduite des activités
entrepreneuriales et des individus dans une société.
Il a été démontré que
l'identité des entrepreneurs, le caractère formel ou informel des
établissements et le degré de croissance ou d'innovation dans les
affaires ont été en partie déterminés par
l'instabilité : « en période de turbulence, les
contrôles étatiques sont susceptibles d'être
intensifiés, évinçant l'entrepreneur de l'économie
officielle et l'amenant à poursuivre ses activités de
façon souterraine ».
Le secteur privé formel est très réduit,
sans commune mesure avec l'importance de la population de la RDC. Des
décennies de difficultés de fonctionnement et de mise à
mal de la bonne gouvernance ont largement contribué à amoindrir
la résilience des entreprises aux chocs économiques et à
émousser leur capacité à relever les défis de la
concurrence, engendrés par la libéralisation du commerce et la
réduction des coûts associés aux distances internationales.
La structure du système productif n'a pas permis que la
disparition d'entreprises existantes soit compensée par l'entrée
sur le marché local de nouvelles organisations productives. Avec
notamment la prolifération des impôts et taxes
prélevés au niveau des collectivités territoriales telles
que les provinces, l'environnement fiscal n'incite pas à la
formalisation et décourage les aspirations à exister au «
grand jour » en se dotant d'une comptabilité reflétant
l'ensemble des activités de l'entreprise. Ce contexte explique pourquoi,
aujourd'hui, plus de 70 % de l'économie est informelle.
Le nombre des entreprises modernes n'est pas facile à
déterminer. La Fédération des entreprises du Congo (FEC)
estime qu'il n'y aurait aujourd'hui que 110 grandes entreprises et qu'elles
réalisent entre 8 et 10 % du PIB et 40 % des recettes de l'État.
À la fin des années 1980, on dénombrait
encore 1 800 grandes sociétés, dont beaucoup
dédiées à la satisfaction de la demande locale. Le fisc
évalue actuellement à environ 9 000 les entreprises ayant un
chiffre d'affaires de plus de 80 millions de francs congolais (environ 90 000
dollars). Ce chiffre contribue à donner une première
approximation du secteur formel, au sein duquel on dénombre moins de 1
000 entreprises d'un chiffre d'affaires supérieur à 400 000
dollars. Une autre mesure permettant d'évaluer la taille de ce secteur
est le nombre d'adhérents de la Fédération des entreprises
du Congo, la principale centrale patronale. Celle-ci avance le nombre de 2 600
membres, dont 1 700 PME plus ou moins actives. Beaucoup d'entre elles sont
plutôt de très petites entreprises (TPE), la dénomination
PME couvrant les structures occupant au moins un salarié.
Ces dernières années, l'effort d'accumulation
brute de capital fixe a été soutenu à un rythme deux fois
plus rapide que celui de la croissance économique. Selon les estimations
et prévisions les plus courantes, entre 2010 et 2013, la formation brute
de capital fixe devrait atteindre 10 à 14 % du PIB, grâce à
l'accélération induite par l'extension des travaux
d'infrastructure dans les secteurs de la construction et des routes, mais
également des télécommunications, et à la
finalisation de certains projets miniers financés par l'investissement
direct étranger de quelques grands opérateurs internationaux,
notamment dans le sud-est du pays.
La relance du secteur agricole et de la transformation de ses
produits constitue également un gisement de croissance. Comme les autres
activités économiques, l'agriculture a elle aussi
été mise à mal par les troubles politiques des
années 1998 à 2002 et par les violences faites aux personnes, qui
ont entraîné d'importants déplacements de la population. Le
pays dispose d'environ 80 millions d'hectares de terres arables, dont seulement
10 % sont actuellement cultivés.
Le secteur du bois est également porteur. La surface
boisée de la RDC est de l'ordre de 155 millions d'hectares, soit 66 % de
la superficie nationale. Avec seulement 12,4 millions d'hectares
exploités, soit moins de 10 % de la superficie boisée totale, la
RDC est en retard par rapport à ce qui se fait dans d'autres pays
d'Afrique centrale.
Dans le secteur manufacturier, de nombreuses industries ont
périclité avant de disparaître. Elles contribuaient
à la diversification de la base productive, mais dans un environnement
incompatible avec la concurrence. Tel fut le cas dans le textile et la
confection, le montage automobile, ainsi que certaines filières
agro-industrielles. Pour pouvoir créer des emplois durables, les
nouveaux investissements doivent donc être privilégiés dans
les secteurs et filières où la production peut être
socialement rentable en l'absence de protections commerciales
élevées. C'est pourquoi l'étude des institutions et du
coût des facteurs prend tout son sens, dans la mesure où les unes
et l'autre conditionnent l'investissement privé.
En ce qui concerne les services, le Gouvernement a
également des ambitions, notamment au niveau du développement du
tourisme. La biodiversité de la RDC est exceptionnelle, avec une faune
et une flore qui justifient pleinement ces ambitions.
Le secteur est actuellement très peu
développé en raison de contraintes majeures, telles que la
qualité des infrastructures et les tracasseries administratives,
considérées comme une manifestation de bonne gouvernance. Le parc
hôtelier est sous dimensionné et l'accès aux sites les plus
spectaculaires reste malaisé.
À moyen terme, la RDC devrait donc se positionner sur
des marchés de niche, tels que l'écotourisme ou le tourisme
culturel, et ce tant que ses infrastructures et son climat administratif
empêcheront d'apprécier l'étendue de sa
diversité.
La Confédération des petites et moyennes
entreprises du Congo (COPEMECO) est une association sans but lucratif
créée en 1991. Sa mission principale est de regrouper les PME en
un syndicat patronal capable de soutenir et faire aboutir les revendications de
ses membres répartis sur l'ensemble du territoire national.
L'adhésion coûte de 50 à 100 dollars EU
selon que le demandeur est un national ou un étranger, et les
cotisations annuelles varient de 100 à 500 dollars EU selon la
nationalité de l'entrepreneur et la taille de la structure.
Les activités de la COPEMECO sont orientées vers
la défense des intérêts de ses membres, la promotion de la
femme entrepreneure, la formation, et les services aux entreprises. La
réalité de ces activités est plus modeste, dans la mesure
où le financement manque pour leur donner de la visibilité.
Les aspirations de la COPEMECO rejoignent en partie celles de
la FEC. En l'occurrence, les petites entreprises reprochent à
l'État de les pousser dans l'informalité en appliquant des taxes
nombreuses et redondantes ; de compliquer l'accès aux marchés
publics avec des exigences de garantie et de bonne exécution ; de les
affaiblir financièrement en leur imposant des retards
considérables dans le paiement de ses factures, lorsque ce ne sont pas
des arriérés de paiement.
Ces derniers aggravent le besoin de fonds de roulement, alors
que l'obtention du crédit bancaire est difficile et chère.
L'accroissement du nombre de banques et la création de
structures de micro finance devraient toutefois contribuer à
réduire ce genre de tensions.
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