INTRODUCTION
Le monde moderne génère de
plus en plus de déchets. Parmi les pourvoyeurs de ces déchets on
peutciter les hôpitaux. En effet, dans l'offre quotidienne desoins de
santé, les hôpitaux et les centres de santé produisent de
plus en plus de déchets dont les plus redoutables sont les
déchets biomédicaux (DBM). Les déchets biomédicaux
sont des déchets issus des soins dispensés aux malades et se
composent le plus souvent de matériels médicaux usés
notamment des compresses, des seringues, des gants, et de liquides biologiques
tels que le pus, le sang, etc. Les déchets biomédicaux, par leur
nature et leur constitution, représentent une grande menace pour la
santé en milieu intra et extra hospitalier et une source de pollution
pour l'environnement. Ces déchets biomédicaux sont
caractérisés par une forte charge d'agents pathogènes
telles que les bactéries, les virus et peuvent contenir des substances
chimiques, toxiques, bactériologiques, et donc présenter un
risque sérieux de contamination. Ils peuvent être source
d'infections nosocomiales, des maladies professionnelles et de pollution
environnementale.
La gestion des DBM constitue désormais une
préoccupation de plus en plus pressante et se pose tout naturellement
avec plus d'acuité surtout dans les pays en développement. Cette
gestion nécessite une attention particulière du fait des
pathologies qui peuvent s'y développer à la suite d'une gestion
insuffisante ou inadéquate.
Une bonne gestion des déchetsbiomédicaux
constitue l'un des éléments les plusimportants dans la promotion
de la sécurité des soins de santé et de la
prévention des maladies nosocomiales et professionnelles. Cela permet de
réduire l'exposition des populations et des professionnels de
santé aux risques de contamination des maladies.D'où la
nécessité d'accorder une attention particulière à
la gestion des DBM au Burkina Faso.C'est pour y contribuer que cette
étude intitulée: «Déterminants de la faible
qualité de la gestion des déchetsbiomédicaux au CHUSS dans
la commune urbaine de Bobo Dioulasso.» a été menée.
Notre étude s'articulera sur les points suivants:
Ü la problématique ;
Ü la conceptualisation de l'étude ;
Ü le cadre et champ de l'étude ;
Ü la méthodologie ;
Ü la présentation des résultats ;
Ü la discussion des résultats ;
Ü la synthèse des résultats ;
Ü les recommandations et suggestions.
PROBLEMATIQUE
I.1.1 Enoncé du problème
La plupart des hôpitaux des pays de l'Afrique
subsaharienne se sont aussi lancé dans la recherche de la
performanceà l'instardes formations sanitaires des pays occidentaux.
Pour ce faire, l'amélioration de la qualité des soins a
crée une augmentation des activités et de la productivité
générant ainsi une forte production des déchets. En effet,
les déchets biomédicaux sont au coeur de la problématique
de gestion dans toutes les municipalités Ouest Africaines.
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que les déchets
biomédicaux représentent 10% à 20% de la production totale
des déchets issus d'activités de soins, mais sont de loin les
plus dangereux2. Ces déchets doivent donc être
éliminés avec un grand soin; ce qui n'est toujours pas le cas.
Dans une évaluation réalisée par
l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en 2002 dans 22 pays en
développement, il ressort que 18 à 64% des établissements
de santé n'appliquent pas les méthodes appropriées
d'élimination des déchets
biomédicaux3.
En France, en 2006 un peu plus de 6% des déchets issus
d'activités de soin à risque infectieux y compris les
déchets piquants n'étaient pas traités de façon
appropriée du fait de l'absence de tri, et représentaient de
graves menaces sanitaires4.
En Algérie, un constat décevant s'était
dégagé en 2009: la filière d'élimination des
déchets issus d'activités de soins n'était ni
organisée, ni structurée, ni sécurisée dans
l'ensemble des établissements de santé. D'énormes
quantités de déchets à risque finissaient dans la
décharge publique où l'on pouvait voir des seringues, des poches
de sang, des poches de sérum, des compresses et autres matériels
utilisés dans les structures de santé5.
Au Niger, le rejet direct des déchets
biomédicaux dans la nature, à même le sol ou dans des bacs
à ordures, très souvent mélangés aux ordures
ménagères, constituait la pratique la plus répandue dans
les formations sanitaires en 2011. L'élimination des déchets se
faisait par : le brûlage fortement pratiqué à l'air
libre ou dans des trous; l'enfouissement dans des fosses creusées sans
aucune norme6.
Au Burkina Faso, la situation est identique à celle des
autres pays africains. En 2005, l'analyse de la situation sur la gestion des
déchets biomédicaux dans le pays avait relevé de
nombreuses insuffisances entres autres:
ü le tri non systématique et mélange des
DBM avec les ordures ménagères ;
ü le manque d'équipements de protection
adéquats pour le personnel chargé de la gestion des
déchets biomédicaux;
ü le rejet direct des DBM dans la nature, à
même le sol, ou dans des bacs à ordures;
ü l'enfouissement sauvage et le brûlage à
l'air libre des déchets biomédicaux dans la majorité des
centres de santé;
ü l'absence de procédures de gestion interne des
déchets biomédicaux7.
Au CHUSS de Bobo Dioulasso la situation n'est guère
meilleure. Les conditions d'élimination des déchets au CHUSS,
restent confrontées à d'énormes difficultés. Il
suffit d'y faire un tour pour voir les déchets éparpillés
dans la cour et d'autres trainer dans les couloirs et les salles de soins,
certains animaux domestiques ont accès aux restes alimentaires
mélangés aux DBM. Les déchets biomédicaux sont
jetés dans des gros récipients en plastique, de surcroit sans
tri, dans toutes les unités de soins8.
Face à cette situation, le Ministère de la
Santé a mis à la disposition de certaines structures du personnel
compétent en matière d'hygiène et d'assainissement (les
agents techniques d'hygiène et d'assainissement) ; ainsi que des
documents et textes législatifs(code sur l'hygiène
publique ; code de l'environnement)quiont également
été élaborés, adoptés et
promulgués:
ü la stratégie nationale de gestion des
déchets biomédicaux;
ü le décret portant organisation de la gestion des
DBM et assimilés.
Au niveau local, l'hôpital SOURO SANOU en collaboration
avec ses partenaires tels le projet ESTHER, le PADS (Programme d'Appui au
Développement Sanitaire) et le Centre Hospitalier Universitaire(CHU) de
Montpelier ont fourni d'énormes efforts pour pallier les
problèmes des DBM provenant de différents services du CHUSS.
Parmi ces efforts, relevons quelques actions déployées ces
dernières années pour améliorer l'hygiène en milieu
hospitalier au nombre desquels on peut citer :
ü l'élaboration d'un plan quinquennal de gestion
des DBM;
ü construction d'un local de stockage des DBM par le
projet ESTHER ;
ü l'organisation d'un voyage d'étude
effectué au CHU de Montpellier portant sur le volet formation des
acteurs ;
ü l'organisation des sessions de formation des agents sur
la gestion des DBM et l'hygiène hospitalière ;
ü connexion aux réseaux d'égout de la ville
de Bobo Dioulasso pour l'évacuation des eaux usées en 2008.
En dépit des efforts consentis par l'Etat et les
responsables du CHUSS, la gestion des DBM dans la région sanitaire des
Hauts Bassins et plus précisément au CHUSS demeure toujours
préoccupante.En effet, une étude menée en 2014 par
AfricSanté a révélé des insuffisances dans la
gestion des DBM dans la région des Hauts Bassins tellesle manque de
dispositif d'évaluation des déchets; l'insuffisance et
l'inadaptation des équipements, l'insuffisance de compétences
dans leur utilisation,la non-disponibilité de directives, la
vétusté et l'insuffisance des équipements, et la faible
implication des communes dans la gestion des déchets
biomédicaux9.De même les conditions
d'élimination des déchets au CHUSS, restent confrontées
à d'énormes facteurs qui émoussent ces efforts dont les
réalités socio-économiques locales.
En l'absence de mesures efficaces, la situation pourrait
encore s'aggraver. Au vu des inondations de plus en plus récurrentes de
nos hôpitaux, on pourra assister à une crise sanitaire liée
à la faible qualité de la gestion des DBM au CHUSS.
Nous voulons à travers ce travail, contribuer à
renforcer la qualité de la gestion des DBM dans la ville de Bobo
Dioulasso.
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