CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
L'objectif de cette étude était d'identifier les
principaux déterminants de la performance de la capitalisation animale
comme filet social de sécurité informel privé au Burkina
Faso. Cela consistait à déterminer les facteurs
influençant la croissance du bétail transféré par
les projets HIT dans le pays. Pour la détermination de ces facteurs de
performance, l'enquête menée par LANKOANDE et SUMBERG en 2011 a
constitué la base de données sur les bénéficiaires
et les projets. Les données sur les superficies des zones pastorales
fonctionnelles proviennent quant à elles de l'annuaire 2010 du MEDD.
Etant donné que la variable expliquée (taux de croissance
codifié) choisie est binaire, il a été utilisé un
modèle à choix qualitatifs notamment le modèle Probit.
Les résultats des estimations montrent que parmi les
différents types de capitaux, seuls le capital humain et le capital
social expliquent la réussite de la capitalisation animale. La non
pertinence du capital institutionnel et du capital naturel pourrait s'expliquer
par la non prise en compte totale ou partielle de certains indicateurs
éventuellement pertinents impossibles à identifier clairement
dans la situation actuelle.
Au titre du capital humain, le niveau d'éducation a une
influence positive. Cela s'explique par le fait qu'un niveau d'éducation
élevé permet de minimiser davantage les contraintes liées
à la gestion des animaux qu'un niveau plus faible. Quant au sexe, le
fait d'être une femme influence négativement les chances de
succès de la capitalisation animale. Cette situation découle des
difficultés qu'éprouvent les femmes à accéder aux
ressources comme la terre et l'eau ; ressources importantes pour
l'élevage.
De plus, au titre du capital social, plus le lien entre un
groupe ethnique et l'élevage est fort, plus les
bénéficiaires issus de cette ethnie ont de chances de
réaliser une croissance positive ou stable du troupeau reçu. Cet
état de fait est dû à la solidarité prononcée
entre ces éleveurs, solidarité se traduisant par des
réseaux fournissant des ressources relationnelles et non
relationnelles.
Au terme de cette étude et eu égard aux
résultats, des recommandations peuvent être formulées dans
le sens de l'amélioration des performances de la capitalisation animale
come filet social informel privé.
D'abord, pour ce qui est des recommandations liées
à l'éducation, les projets HIT pourraient tout juste après
l'étape de ciblage des bénéficiaires, les former sur les
bases de la gestion animale. Cette formation pourrait se faire en utilisant le
système de formations en cascade, avec les bénéficiaires
les plus instruits comme formateurs intermédiaires. Cette méthode
si elle est bien menée aura pour effet de diminuer les coûts
liés à la formation et de maximiser la
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compréhension du contenu, puisque les formateurs seront
eux-mêmes des bénéficiaires. A ce niveau, les pouvoirs
publics pourraient se joindre aux projets HIT à travers une synergie
d'actions. Cela passe par l'imbrication des filets sociaux informels publics et
privés. En effet, l'Etat devrait fournir des transferts
monétaires et en nature aux nouveaux bénéficiaires, afin
de leur permettre de rester concentrer sur l'objectif de croissance du
bétail. De plus, il serait également approprié que l'Etat
fournisse des bourses d'étude aux enfants des
bénéficiaires afin de rompre la chaîne de transmission
intergénérationnelle de l'analphabétisme.
Deuxièmement, en relation avec le genre des
bénéficiaires, il faudrait cibler les femmes qui sont chefs de
ménages au lieu de celles qui sont des épouses. Si ce ciblage est
bien fait, les pertes liées à la vente des bêtes par le
mari devraient s'atténuer. En sus, l'Etat en convergence avec les
projets HIT pourrait mener des campagnes de sensibilisation des hommes et des
femmes elles-mêmes sur la nécessité de permettre aux femmes
d'accéder aux ressources. Ces campagnes de sensibilisation pourront se
faire en insistant sur le bénéfice potentiel de l'utilisation des
ressources par les femmes pour toute la communauté. Les pouvoirs publics
pourraient mettre en place un appui minimum d'accès aux ressources pour
les femmes, le temps que la sensibilisation fasse tache d'huile.
Enfin, pour tirer profit des avantages liés à
l'appartenance ethnique, il serait judicieux pour les projets HIT d'oeuvrer
à dupliquer les comportements solidaires des peuples d'éleveurs
aux autres communautés en organisant par exemple des jeux de rôle.
De façon pratique, il faudrait rendre neutres ces prestations
théâtrales en considérant les bénéficiaires
comme une seule et même entité. Cela permettra de ne pas frustrer
les personnes appartenant aux ethnies qui n'ont pas une grande culture
d'élevage. Il s'agira par exemple de ne pas dire à l'assistance
que le confiage est une pratique peule, mais d'insister sur les effets positifs
du confiage pour la communauté qui la met en oeuvre.
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Limites et perspectives de l'étude
y' Limites
Tout d'abord, les données ne concernant que cinq (05) des
onze (11) projets HIT n'ont pas
permis à la présente étude (comme
l'indique le titre) de déterminer les performances de la capitalisation
animale sur l'ensemble du territoire burkinabè. De plus, l'étude
n'a pas pris en compte toutes les variables susceptibles d'influencer la
performance des interventions de capitalisation animale. En exemple, les
variables liées au capital humain comme la santé des
bénéficiaires, au capital institutionnel (appuis
vétérinaires, présence ou non de formations, accès
au crédit, etc.), au capital naturel (qualité de l'herbe,
distance entre les enclos et les points d'eau, superficies des zones pastorales
directement utilisées par les bénéficiaires, etc.). Cela
découle du fait que la base de données utilisée n'ait pas
tenu compte de ces aspects. Dans un souci de rigueur scientifique, nous nous
sommes alors gardés de faire des simulations sur la base du
modèle estimé.
y' Perspectives
Nous envisageons de procéder à la même
étude, mais en mettant tout en oeuvre pour
« transcender » les limites rencontrées, car
le sujet concerne un point névralgique de notre économie et cela
participera davantage à notre consolidation sur le plan
académique. Il nous appartiendra en premier lieu d'étendre
l'enquête à tous les projets HIT après les avoir
répertoriés une nouvelle fois pour prendre en compte les nouveaux
projets. Deuxièmement, nous ajouterons des postes sur les questionnaires
de telle sorte à intégrer le maximum de variables possibles.
Enfin, nous comptons sur la base du modèle que nous obtiendrons, faire
des simulations complètes et précises pour avoir une base solide
de recommandations de politique économique.
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