Chapitre IV : Appréciation des
déterminants de la performance de la capitalisation animale comme filet
social informel privé au Burkina Faso
Ce chapitre s'attèlera d'une part à
décrire les variables de l'étude et d'autre part à faire
ressortir les relations économétriques pouvant exister entre le
fait d'avoir fait croître le bétail transféré par
les projets HIT et les variables explicatives retenues. Enfin, de
présenter et d'analyser les résultats des estimations
économétriques.
4.1. Les variables de l'étude
4.1.1. La variable dépendante
Considérons notre échantillon de 98 individus
indicés i = 1,.., 98. Pour chaque individu, on observe le taux de
croissance de son troupeau (CR) et l'on note TCRL la variable
codée associée à l'évènement «
croissance positive ou stable du troupeau ». On pose Vi E
[1,98] :
TCRL = j1 si CR >_ 0 avec CR = Taux de croissance annuel
moyen du bétail transféré llOsi CR< 0
Dans la théorie économique, le fait pour un
individu de faire croître ou de maintenir son bétail tel quel,
s'explique par la théorie de la décision
individuelle32 et par celle du choix social33. Plus haut,
les nouvelles théories de la croissance exposées ont mis en
exergue quatre (04) formes de capitaux (humain, institutionnel, social et
naturel). Comment alors expliquer l'augmentation ou le maintien du nombre de
têtes qu'un bénéficiaire possède ?
Considérons chacune des formes de capitaux.
Tout d'abord, en ce qui concerne le capital humain, l'individu
compare l'utilité escomptée découlant de sa participation
à un programme de formation à l'utilité qu'il a sans y
participer. Ce raisonnement prend en compte les différents coûts
liés à la formation (inscription, déplacements, temps
productif, etc.). Il décidera alors de se former, et partant de
renforcer son capital humain si et seulement si l'utilité
escomptée est supérieure à l'utilité actuelle.
C'est ainsi que certains bénéficiaires de transferts d'animaux
sont plus formés que d'autres, et cela pourrait engendrer
différents résultats, selon qu'un bénéficiaire soit
plus formé qu'un autre.
Ensuite, pour le capital institutionnel, le projet HIT
considère dans un premier temps sa population cible et les
utilités totales escomptées de ladite population cible. A noter
que ces
32 Théorie centrée sur le modèle
à utilité escomptée proposé par SAMUELSON en
1937.
33 Théorie dont le cadre moderne émane
d'ARROW en 1951.
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utilités totales escomptées découlent de
la participation de la population cible aux différents services
d'accompagnement (transferts monétaires, services
vétérinaires, formations, etc.) potentiellement applicables par
le projet HIT. Dans un second temps, il fait une comparaison des
utilités totales escomptées et choisira de mettre en oeuvre les
services d'accompagnement ayant les plus grandes utilités totales
escomptées ; sous contrainte, entre autres, de son budget et de la
disponibilité du personnel d'appui. Par conséquent, les services
d'appui sélectionnés pourraient permettre à des
bénéficiaires d'un projet HIT donné de réaliser de
meilleurs résultats que d'autres faisant partie d'un projet HIT
tiers.
En outre, concernant le capital social, la communauté
ethnique considère d'un côté la part contributive des
utilités escomptées des bénéficiaires
d'intervention HIT, dans l'utilité totale de la communauté. De
l'autre côté, elle considère la part contributive dans
l'utilité totale de la communauté, des utilités des
bénéficiaires si ceux-ci ne prennent pas part au projet HIT. Elle
opère alors un arbitrage. Si l'impact de la participation au projet HIT
est positif pour toute la communauté, celle-ci s'implique en aidant les
bénéficiaires de transferts d'animaux de façon pratique.
Toute chose qui pourrait induire que certains bénéficiaires
faisant partie d'un groupe social ayant saisi la portée des
interventions HIT soient plus performants que d'autres appartenant à un
groupe social différent.
Enfin, sur le plan du capital naturel, les zones pastorales
fonctionnelles sont des biens communs et donc rivaux mais non exclusifs. C'est
à ce niveau que s'applique la théorie du choix social. La
différence entre la théorie de la décision individuelle et
la théorie du choix social est que le choix social s'opère en
considérant un futur à l'échelle de plusieurs
générations (RENAULT, 2013). L'Etat burkinabè, en se
basant sur le schéma directeur d'aménagement
(référentiel de planification de long terme), identifie des
espaces comme étant des zones pastorales qui contribuent à la
mise en valeur pastorale. Ces espaces sont choisis en tenant compte de l'impact
sur les générations futures, tout en permettant aux
générations présentes de s'épanouir. En
conséquence, cela pourrait mener à une situation au sein de
laquelle, des bénéficiaires faisant partie d'une région
où il y a de grandes zones de pâturage réalisent de
meilleures performances que ceux vivant dans une région avec des zones
de pâturage moins grandes.
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