4.2. Discussions des résultats.
4.2.1. IDE et croissance économique dans la
SADC-10
Le résultat issu de notre estimation sur base d'un
modèle à effets fixes individuels, relève une relation non
significative entre les IDE entrants dans la sous-région et la
croissance économique des pays membres de la région mais aussi
avec l'ouverture commerciale.
En se référant au choix d'un modèle
à erreurs composées, il se remarque que toute variation des flux
d'IDE entrants d'1%, entraine une variation de la croissance
des pays de la sous-région de 0,36 points, une
influence plutôt positive bien que minime au seul seuil de 10%.
Cette défaillance statistique, avons-nous dit
précédemment, peut également s'expliquer par le
problème d'endogénéité des IDE, D'où
l'intérêt d'utiliser les techniques des variables instrumentales
et/ ou de faire recours au modèle d'Housman-Taylor qui permet de traiter
cette endogénéité.
Sur le plan économique, plusieurs études ont
tenté une analyse causale entre l'IDE et la croissance avec des
résultats divergents.
Une étude publiée par la Banque mondiale en 1999
dans le but de trouver une relation entre les IDE et la croissance des pays en
développement montre que les flux d'IDE augmentent l'investissement
total et partant, la croissance des PVD. Borensztein, de Gregorio et Lee (1998)
utilisant un modèle de croissance endogène vont dans le
même sens : les IDE facilitent le transfert de technologie,
élèvent le niveau de qualification des travailleurs et tendent
à augmenter les exportations et la compétitivité dans les
PVD. Leur étude de panel sur 69 pays en développement montre
qu'une augmentation d'un point de pourcentage du ratio des IDE sur le PIB
accroît le taux de croissance du PIB par tête du pays hôte de
0,8 pour cent.
Loesse (2005) dans la recherche d'une relation entre l'IDE et
la croissance économique en Côte d'Ivoire trouve qu'entre la
période 1970-2001, les investissements directs étrangers ont
été une source importante pour la croissance. Toutes choses
égales par ailleurs, un point de pourcentage d'IDE supplémentaire
entrant en Côte d'Ivoire engendre une augmentation de la croissance du
produit intérieur brut par tête de 0,01 pour cent. L'auteur
soutient que les politiques d'incitation à l'investissement mises en
oeuvre ont contribué à
et la substance : tu ne confondras pas la signification
statistique et la signification pratique. Dixième commandement : Tu
avoueras ta sensibilité (anticipe la critique).
Mémoire de Licence Par Prince TAFUTENI BITAKI
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Intégration économique régionale et
dynamique de la croissance économique dans la sous-région de
la SADC : analyse en modèle des données de Panel de 1990 à
2013
accroître les flux d'IDE donc la capacité
productive de l'économie, ce qui a eu pour conséquence une
augmentation du produit intérieur brut.
Par contre, une étude menée sur les effets des
IDE dans 73 pays en développement par Singh (1988) ne fait pas
apparaître d'effet significatif. Hein (1992) de son côté ne
trouve pas d'effet significatif entre l'IDE et la croissance du PIB par
tête d'habitant dans un échantillon de 40 pays en
développement. Dans le même ordre d'idées, une étude
économétrique menée par Nair-Reichert et Weinhold (2001)
utilisant le test de causalité de Holtz-Eakin sur un panel de 24 pays en
développement entre 1971 et 1995 ne trouvent aucune relation causale
entre les IDE et la croissance. Dans la même lignée et en
utilisant une fonction de production néoclassique, Saltz (1992) trouve
une corrélation négative entre l'IDE et la croissance
économique. Selon lui, l'IDE augmente le niveau global de
l'investissement, améliore la productivité dans certains cas,
mais a tendance dans beaucoup d'autres à réduire le taux de
croissance. Pour confirmer ses conclusions, l'auteur étudie la relation
IDE-croissance dans un échantillon de pays divisé en deux groupes
distincts, selon qu'ils reçoivent plus ou moins d'IDE. L'auteur trouve
que dans les pays en développement qui acceptent le rapatriement des
profits sans aucune contrainte, l'IDE n'a pas d'effet positif sur la
croissance.
En particulier, l'auteur soutient que si l'IDE se traduit par
une levée des capitaux sur le marché du pays hôte, il en
résulte une redistribution des industries intensives en travail vers les
industries intensives en capital, créant ainsi une perte d'emploi nette
et par la suite une baisse de la demande de consommation. Un autre effet
négatif peut résulter de l'extraction excessive de minerais ou de
la spécialisation excessive de la production sur un bien particulier qui
engendrerait une baisse des prix à l'exportation et une
détérioration des termes de l'échange du pays
hôte.
De même, Carkovic et Levine (2002) ne trouvent aucun
lien entre l'IDE et la croissance dans un échantillon de pays de la
Banque mondiale (BM). Abondant dans le même sens, Chowdhury et Mavrotas
(2003) trouvent que « l'IDE ne cause pas la croissance » au sens de
Granger au Chili, alors que cette relation de causalité est
bidirectionnelle dans le cas de la Malaisie et de la Thaïlande.
D'autres études dans la recherche d'un lien entre l'IDE
et la croissance ont donné des résultats ambigus et notamment une
large étude menée par la CNUCED (1999). Dans le but
d'éviter les problèmes de corrélation fréquemment
rencontrés, les auteurs ont utilisé des données de panel
et des
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2013
variables avec retard sur un ensemble de 100 pays sur une
période de cinq ans. De toutes les variables explicatives retenues,
seules les variables représentant le niveau d'éducation
étaient significatives.
Young et Brewer (2000) abondent dans le même sens et se
demandent comment comparer l'Inde dont le taux de croissance est
supérieur à 10% avec une faible présence d'IDE, l'Angola,
où l'importance des IDE va de pair avec une croissance négative,
la Malaisie et la Chine où les IDE s'accompagnent d'une forte
croissance.
De toutes ces analyses, il ressort ensemble avec les
résultats de notre étude que l'impact des IDE sur la croissance
sera donc fonction du type d'IDE, des structures de l'économie du pays
d'accueil et des interactions qui se développeront ou non entre les
variables telles que le capital humain, l'investissement domestique, le
commerce extérieur, etc. Cette situation, s'expliquerait par une forte
hétérogénéité et une disparité entre
les pays membres de la sous-région. Les pays de la sous-région
ont des structures très différenciées en termes
d'attractivité d'IDE et des échanges commerciaux qu'ils
entretiennent entre eux ; les échanges intra-SADEC sont loin
d'être un facteur déterminant de la croissance des pays
membres.
En effet, malgré les efforts que la SADC fournit pour
émerger et améliorer sa crédibilité sur la
scène internationale, on constate tout de même que l'essentiel des
flux des IDE bénéficié par la région est a
fortiori induit par les effets spécifiques de chaque Etat-membre.
Cependant hormis les cas très particuliers comme la
spécificité de l'Angola en ce qui concerne le pétrole, on
peut se demander si la refondation de l'organisation australe qui coïncide
avec l'entrée de l'Afrique du Sud n'a pas suscité une
reconsidération de la part des investisseurs étrangers à
l'égard de cette région, car investir en Afrique demeure
problématique par rapport aux risques liés à l'aventure
continentale.
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