1.3.2. Le Marxisme
L'économie marxiste résulte des travaux de Karl
Marx (notamment du livre Das Kapital, publié en 1867) et de
Friedrich Engels. Sur un plan général, l'économie n'est
pas dans cette optique une science complètement séparée de
la sociologie, de l'histoire, ou de l'anthropologie. Au contraire le
matérialisme historique vise à unifier toutes les sciences
sociales dans une science de la société. Par ailleurs, trois
points essentiels caractérisent l'économie marxiste : le travail,
l'exploitation du prolétariat et les crises liées à
l'accumulation de capital.
Si Marx reprend la théorie de la valeur travail de
Ricardo, il reproche à cet auteur de ne pas avoir analysé comment
le système capitaliste avait émergé et comment cela avait
donné aux capitalistes le pouvoir et la capacité d'exploiter les
travailleurs qui n'ont que leur force de travail à vendre. Les crises
s'inscrivent dans le cadre des lois de l'évolution du mode de production
capitaliste.
Au niveau global, selon l'économie marxiste, il y
aurait des lois de l'évolution du capitalisme telles que : la propension
des capitalistes à accumuler, la tendance à des
révolutions technologiques constantes, la soif inextinguible des
capitalistes pour la plus-value, la tendance à la concentration, la
tendance du capital à devenir de plus en plus « organique »
(c'est-à-dire à moins recourir au capital variable qu'est le
travail), la tendance au déclin du taux de profit, la lutte des classes,
la tendance à une polarisation sociale croissante, la tendance à
ce que les salariés soient employés dans des entreprises de plus
en plus grandes et enfin, l'inéluctabilité des crises dans le
système capitaliste. Les crises sont dans ce cadre toujours des crises
de surproduction alors les crises précapitalistes étaient des
crises de sous-production. Les crises sont vues par les marxistes comme un
moyen pour le capitalisme de se renouveler.
-' 21 -'
1.3.3. La Révolution Keynésienne
Pour Keynes, une économie de marché ne
possède pas de mécanismes qui la conduisent de façon
automatique vers le plein emploi de ses ressources, d'où la
possibilité d'un chômage involontaire qui rend nécessaire
une intervention extérieure au marché. Keynes raisonne
d'emblée en termes macroéconomiques d'offre globale et de demande
globale. Dans son cadre macroéconomique, la production, et donc
l'emploi, dépend des dépenses. Si la demande n'est pas
suffisante, les entreprises ne produiront pas assez et n'emploieront pas tous
les salariés d'où la nécessité pour le gouvernement
de conduire des politiques de soutien à la demande, c'est-à-dire
de soutien à la consommation et/ou à l'investissement. Keynes
insiste particulièrement sur l'investissement.
Au coeur de la révolution keynésienne se trouve
la réfutation de la loi de Jean-Baptiste Say qui énonce que
l'offre crée sa propre demande. Cette loi fonde ou plutôt exprime
l'optimisme et aussi le naturalisme de l'économie classique qui veut
qu'il ne puisse y avoir de crise de surproduction durable.
Bien que sa formulation laisse place à une
diversité d'interprétations, on admet généralement
que la thèse de Say consiste à montrer qu'il ne peut pas exister
de surproduction générale en économie de marché.
Le mot essentiel est ici « général
»13 : Say admet très bien qu'il puisse exister des
déséquilibres entre secteurs, et que par exemple, on ait trop
produit des chaussures. Mais pour lui, cela signifie obligatoirement qu'il
existe un autre secteur où il y a sous-production : on n'aura par
exemple pas assez produit de chemises. Say admet donc qu'on ait employé
trop de ressources ici, pas assez là, et qu'au bout du compte, certains
déséquilibres sectoriels apparaissent.
13 NKOO B., Politique économique,
cours inédit, Kisangani, UNIKIS, 2012-2013.
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Ce qu'il rejette comme absurdité, c'est l'idée
qu'on puisse avoir trop produit dans tous les secteurs à la fois.
Pour justifier cette affirmation, l'argumentation de Say est
au fond, très simple : à un niveau global, la production
nécessite différents facteurs ; pour simplifier, la terre, le
capital et le travail. Chacun de ces facteurs apporte une valeur
supplémentaire, et reçoit en échange un revenu
équivalent à cette valeur. Au total, la somme des revenus
distribués est donc forcément égale à la valeur de
la production totale.
De ce fait, on déduit donc l'impossibilité d'une
surproduction générale, puisqu'à tout moment, la somme
d'argent détenue par les consommateurs est strictement égale
à la valeur des marchandises qui sont sur le marché. Tout au plus
peut-on envisager que les gouts de consommateurs ne coïncident pas avec
les différentes quantités produites, ce qui créera des
déséquilibres sectoriels : les chaudières resteront
invendables-et leur baisseront-alors que les chemises s'arracheront à un
prix d'or. Mais, encore une fois, il est impossible que toutes les marchandises
soient invendables à la fois. Si une telle situation devrait se
produire-et dès le début du XIXe siècle, certaines crises
présentaient déjà des traits de surproduction
générale-les causes ne pourraient en être
recherchées qu'en-dehors de l'économie, du côté
d'événements politiques tels qu'une guerre, un blocus, ou dans le
fonctionnement contrarié du marché (monopoles, par exemple). Pour
Say, comme pour bien d'autres, dans son fonctionnement normal et non
perturbé, l'économie capitaliste était incapable de
provoquer de telles catastrophes.
Soulignons que Keynes a montré que la diminution
générale des taux de salaire exerce un effet dépressif sur
la demande et donc sur le niveau de production rentable de l'ensemble des
entreprises. Dans cette logique keynésienne, c'est la demande solvable
qui commande le niveau d'activité et donc d'emploi dès lors qu'il
existe des capacités de production inemployées (notions de sous
utilisation du matériel et de chômage).
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1.4. ANALYSE ECONOMIQUE
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