Conclusion partielle
Ayant des concepts centraux de notre travail de recherche, le
transport maritime, le tourisme balnéaire et les risques
environnementaux marins marquent l'intégralité de l'étude
à travers leurs significations singulières et donc leurs
importances spécifiques.
Le transport maritime et le tourisme balnéaire sont des
secteurs d'activité économique par définition liés
à la mer. Les risques environnementaux au sens strict ne sont qu'une
probabilité de danger et d'impact négatif des activités
sur l'environnement, en l'occurrence les sites (sol, mer, biotope) sur lesquels
elles se sont se sont développées. Paradoxalement, il faut qu'il
y ait la présence massive de ces activités maritimes pour qu'on
puisse qu'on parler « du risque environnemental ».
Á Djibouti comme un peu partout dans le monde, ces deux
branches d'activités économiques entretiennent des relations de
réciprocité dont l'interdépendance et la concurrence
intersectorielle sont les bases. Le transport maritime et l'industrie
balnéaire se développent et font partie dans le golfe de
Tadjourah du paysage littoral, une situation face à laquelle le
ministère de l'habitat, de l'urbanisme et de l'environnement n'est
nullement indifférent. Il contribue ses efforts, tant bien que mal,
à la conservation de la nature avec ses lois et sa stratégie
nationale pour le développement durable. Le littoral du golfe de
Tadjourah bénéficie théoriquement de la politique
environnementale conduite par le ministère et ses équipes
professionnelles du terrain, même si jusqu'à présent le
littoral du golfe et ses ressources marines n'ont fait pas l'objet d'une
monographie d'impact environnemental.
41
DEUXIÈME PARTIE : ENJEUX ET DÉFI DE
TRANSPORT MARITIME ET DU TOURISME
BALNÉAIRE DANS LE GOLFE DE TADJOURAH
Introduction partielle
Dans le spectre de la mondialisation et de la globalisation de
l'économie maritime, l'essor de transport maritime et du tourisme
balnéaire joue un rôle fondamental pour le développement de
la majorité des pays ou des régions du monde.
Aujourd'hui, Les progrès économiques et la
réussite de l'intégration politique des pays de cette
sous-région ont masqués l'image sombre accolée à
cette partie de l'Afrique. Bordés entièrement par l'Océan
Indien et la Mer Rouge, les pays de la région possèdent les
littoraux dynamiques et actifs pour s'insérer dans la
mondialisation. Á l'exception de l'Éthiopie
montagneuse enclavée et peuplée, quatre autres pays de la
région du Kenya à l'Érythrée en passant par la
Somalie et la petite république de Djibouti disposent chacun d'eux un
rivage maritime plus ou moins industrialisé.
Le séisme géopolitique que travers cette
région encore mouvementée de l'Afrique depuis la fin guerre de la
froide (Somalie, Érythrée) a paradoxalement créé
des disparités régionales du développement
socio-économique dans cette sous-région. Cependant, certain entre
eux comme le Kenya et la république de Djibouti profitent du chaos
régional pour se lancer dans le développement et de la
diversification de l'économie maritime notamment celles des transports
maritimes et les activités balnéaires. Tous situés
respectivement sur un axe maritime forgé par l'histoire coloniale et
maritime, le Kenya et la République de Djibouti, s'investissent dans le
développement et la modernisation des infrastructures de leurs
économies maritimes.
42
Avec l'essor florissant du trafic portuaire Djibouti et
Mombassa rivalisent pour l'activité portuaire et ils figurent parmi les
grands ports africains du début du XXIe siècle. Dans
cette foulée de l'industrialisation du littoral, le tourisme
balnéaire devint aussi une autre activité en vogue qui se
démarque peu à peu dans la sphère économique de ces
pays.
Grâce à des atouts (paysages littoraux de cartes
postales et infrastructures hôtelières), le Kenya reste le
maître incontesté du développement des activités
balnéaires sur tous les rivages Est Africains. Sur le littoral de
l'ancienne côte française de Somalie (Djibouti), seuls les rivages
du golfe de Tadjourah restent la destination phare pour les amateurs de sports
nautiques et de plongées sous-marines.
Signataires des conventions, des protocoles et des
conférences mondiales, Djibouti et le Kenya prennent au sérieux
la question du problème environnemental. La protection de
l'environnement et la gouvernance des mers sont entre autres, l'un des
objectifs principaux de l'IGAD. Un pari difficile à gagner dans une
Afrique mal menée par l'extrême pauvreté et la
misère., par conséquent, « la fièvre » de
maritimisation de l'économie prend là-dessus sur la fibre
écologique souvent laissée aux naturalistes. La gestion
équitable et durable des ressources naturelles deviennent consciemment
l'une des solutions possibles pour résorber des chômages des
jeunes et mettre rapidement sur le rail l'économie des pays
concerné.
Présentement, le golfe de Tadjourah demeure l'unique
façade maritime dynamique qui concentre sur ce littoral plus l'essentiel
d»activités industrielles et maritimes du pays. Le transport
maritime et le tourisme balnéaire se développent et se
concurrencent inexorablement. Ils reconfigurent et recomposent non seulement
l'image topographique des paysages littoraux du golfe, mais également
sont susceptibles d'exercer des pressions considérables et nuisibles sur
l'écosystème marin du golfe.
43
Chapitre 1 : Le contexte régional de
l'étude
Deux millions de km2 pour 140 millions d'habitants,
la péninsule de la Corne de l'Afrique est un ensemble d'entités
géopolitiques, géographiques et culturelles appartenant à
la sous-région Est Africain. Espace et zone de mutation et de
recomposition, les pays de la région sont aujourd'hui pleinement
exposés au vent de la mondialisation. Á cet effet, la
globalisation couplée à l'ouverture maritime de l'économie
constitue un choix politique avec double conséquence pour ces
sociétés, tant sur le plan économique qu'au niveau
environnemental.
1.1. La Corne de l'Afrique dans la mondialisation :
dès l'impasse à l'espoir
1.1.1. Dès la belligérance
étatique au partenariat régional
Ici Comme ailleurs dans le monde, la disparition du bloc
soviétique au début des années 1990 déclenche un
effet de domino irréversible. Elle se débouche dans plusieurs
régions du monde y compris dans la Corne de l'Afrique, par un
chamboulement sociopolitique dans des pays et des régions d'un fragile
équilibre.
Á la fin des années 1980, la Somalie du
général marxiste Syaad BAREE(4) fut la seule
alliée de l'union soviétique en Afrique orientale, donc le
pouvoir de ce régime militaire vacille et disparaît avec la chute
de ce dernier. Cette changement du régime tourne au vinaigre et abouti
à une spirale de violence interclannique et en guerre civile de deux
décennies en Somalie. Dans ce même contexte géopolitique,
les séparatistes régionaux de l'ancienne province du littoral
éthiopien de la mer rouge se réveillent et déclarent une
guerre sécessionniste et indépendantiste contre Addis-Abeba.
Cette dernière riposte militairement avec fermeté en
déclenchant non seulement une guerre de dix ans qui prive la
façade maritime à l'Éthiopie, mais une hostilité
durable entre frère-voisins. Cette zizanie de voisinage aboutit
finalement à l'accession de l'indépendance et à la
naissance de l'avant-dernier État du continent africain en l'occurrence
à l'Érythrée. L'enlisement du conflit Somalien en pour
conséquence le morcellement de la grande Somalie en plusieurs provinces
intra-somaliennes (Somaliland, Puntland).
44
Certains d'entre elles s'autoproclament un État
indépendant comme la Somaliland qui cherche
désespérément depuis 1991, sa reconnaissance
internationale, (Jeune Afrique, 2009).
Grandement affaibli par la sècheresse de la fin des
années 1970 et le réveil de nationaliste du peuple Oromo,
l'Éthiopie, privilégie la politique de bons voisinages,
malgré des contentieux territoriaux avec ses voisins. Addis-Abeba a
instauré la politique de fédéralisation de pouvoir sur son
immense territoire et se tourne vers ses objectifs millénaires. En
outre, le conflit frontalier hérité de l'époque coloniale
persiste entre elle et ses voisins de la région à savoir la
Somalie sur l'Ogaden, l'Érythrée depuis 1993, sur la
région transfrontalière de Badmé et le Kenya dans la
vallée de l'Omo (A, Gascon, l'Utopia ou l'Oromia, 2011).
Quant, à la république de Djibouti, seul pion de
la francophonie dans la région tente depuis sa création à
la fin des années 1970, de jouer la carte d'une politique
équilibriste avec ses voisins. En revanche, le 11 juin 2008
l'Érythrée la déclare un conflit frontalier sur la
presqu'île de ras (4) de Doumeira, à 27 km de
détroit de Bab-El- Mandeb. Un différend transfrontalier dans
lequel, le Qatar envoyé par la ligue arabe fait l'office d'une force
d'interposition entre ces deux voisins belliqueux depuis 2010.
Redoutable belligérant avec presque tous ses voisins y
compris le Yémen, L'Érythrée est désormais
évincé sur la scène régionale et internationale.
Une situation envenimée par un régime militaire,
mégalomaniaque et répressif qui pousse chaque année le 1/5
de sa population sur la route de l'émigration (ONU,
2014).(6)
Selon, le HCR, cette région de l'Afrique est l'une des
zones le plus émettrices de migrants au monde. Conflit décennal
de la Somalie, dictature coriace en Érythrée,
l'inégalité, extrême pauvreté et
précarité en Éthiopie et au Kenya sont les facteurs
4Syad BAREE (1919-1995), officier et homme politique
de la Somalie, sa chute à préméditer la
pérennisation du
conflit tribale de vingt ans en Somalie.
5Ras Doumeira, une presqu'ile Djiboutienne
située dans l'extrême Nord-Est du pays à la
frontière Erythréenne
non loin du détroit de Bab-el- Mandeb ou a lieu en 2008 le
conflit frontalier et historique entre Djibouti et
Asmara
(6) Observatoire de la corne de l'Afrique à
L'IRIS, Ferras P, la corne de l'Afrique victime collatérale de la
guerre
froide, 2001. Récit de l'histoire géopolitique
contemporaine
(6) Van Simon IMBERT, la géopolitique de la
frontière de Djibouti et dans la corne de l'Afrique
(6) Jean N.B, la corne une autre réalité
géopolitique africaine « la corne de l'Afrique »
(6) Bernard Lugon, histoire moderne de l'Afrique de
l'Est, 2001
ONG, organisation non gouvernementale, HCR, haut-commissariat des
nations unis pour les réfugiés
MSF, Médecin sans frontière crée en 1971,
par Bernard BOUCHNER
45
répulsifs de ces migrants. Ils finissent leurs
périples, coûteux, dangereux et éreintants dans des
circonstances absolument tragiques et inhumaines. Située à
quelque encablure de la côte africaine, la péninsule arabique
constitue selon HCR un autre eldorado géographiquement proche pour des
migrants venus essentiellement de la Corne de l'Afrique, après la
traversée dangereuse de golfe d'Aden et de la Mer Rouge. Cependant, la
proximité géographique avec la Corne de l'Afrique permet à
ces pays (royaume wahhabite et monarchies du golfe) de renvoyer ces migrants
vers leurs pays d'origine. Bénéficiant d'un climat politique
paisible et d'une économie productrice, le Kenya et Djibouti, sont les
deux pays d'accueil en majorité pour ces migrants
désespérés(7).
Les chaos régionaux, plus particulièrement la
faiblesse du pouvoir étatique et de l'insécurité, laissent
directement la place à l'anarchie et à la désolation la
plus totale. Une situation à laquelle la Corne de l'Afrique en proie
à des instabilités politiques est souvent assujettie avec la
porosité des frontières et la faillite de certaine États.
L'intervention de l'armée américaine, en 1993 en Somalie qui se
soldée par une débâcle historique dans le conflit met le
feu au poudre dans un pays en lambeaux. Des guerres tribales minent la Somalie
du moins dans la partie la méridionale du pays autour de la capitale
Muqdisho depuis presque deux décennies. Deux millions de victimes et 2/5
de la population rejetés en dehors la frontière Somalienne, tels
sont les chiffres approximatives et non fiable que les organisations
internationales (ONU, HCR, CROIX SANS ROUGE, MSF) communiquent sur la Somalie
depuis plus de vingt ans.
Dans ce contexte régional d'instabilité,
l'Al-Qaida, profite de la situation pour créer et installer sa nouvelle
branche « version africaine » dans cette région haute
géostratégique pour envenimer le chaos. Al-Shebbab(9),
littéralement signifiant « la jeunesse » en arabe a
été donc fondée de toute pièce en 2006, avec la
mise en place des tribunaux islamiques dans cette partie de la Somalie en
agonie.
46
Carte n°2, La corne, une contrée instable
Source, monde diplomatique, courrier international, Afrique
Subsaharienne, 2008.
Depuis lors, cette nébuleuse fraction ou branche
d'Al-Qaida sème le carnage et empiète sur l'internet des
Occidentaux dans la région. L'UA, est intervenue en
dépêchant sur place 22 000 hommes pour sécuriser la
capitale et ses alentours depuis la défaite cuisante d'Al-shebbab. Quant
aux Occidentaux, la France est toujours présente à Djibouti avec
sa base militaire et les États-Unis ont ouvert une nouvelle base
militaire depuis 2002 ; ils tentent donc de protéger avec sursis leurs
intérêts.
Au niveau régional, l'Éthiopie et Djibouti,
accusent le régime érythréen de soutenir les terroristes
Al-Shebbab, Ces derniers font des attentats-suicides et des enlèvements
sommaires des ressortissants étrangers dans ces trois pays limitrophes
de la Somalie (Éthiopie, Djibouti, Kenya) voire même
au-delà de la région.
« On ne sait jamais où finit le flibustier et
où commence le pirate » écrit en 1963, Henry de Monfreid,
poète et aventurier Français, amoureux de cette région
d'Afrique. Aujourd'hui encore, la balkanisation de la Corne de l'Afrique, a
pour conséquence la montée en puissance et la multiplication des
actes de piraterie maritime au large de la Somalie laissée à
l'abandon depuis 1991.
47
C'est à partir des années 2003-2005, que ces
fléaux apparaissent pour la première fois autour de la Corne
d'Afrique.
La tactique d'attaque est souvent la même qu'à
l'ailleurs dans le monde, des hommes armés généralement
tous Somaliens surgissent de nulle part et agressent les navires, chalutiers
étrangers avec leurs armateurs. Le bureau international de transport
maritime a recensé 161 actes criminels entre 2005-2006 dans le golfe
d'Aden et au large du Kenya (voir carte n°2). « Le chaos règne
en Somalie et s'étend de plus en plus vers les routes maritimes, les
navires qui passent par l'Océan Indien ressemblent à des
troupeaux de moutons passant devant une meute de loups » ironise, Raymond
WOESSNER le géographe maritimiste et auteur d'un ouvrage
`Géographie des mers et des océans', Atlande,
2014.5
Carte n°3, La piraterie maritime dans la corne de
l'Afrique
Source : ambassade de France (Djibouti et Ethiopie),
Elysée, 2015
Plusieurs organisations internationaux notamment l'ONU et
l'organisation internationale de transport maritime pour qui cette voie
maritime à une importance capitale déclenchent la sonnet d'alarme
contre ce fléau de piraterie en Somalie. L'union européenne
dépêche un contingent militaire surnommé
l'opération
7 Mathieu GUIDERE, Spécialiste du monde
arabo-musulman, propos recueil sur France 24 (débat sur le monde
musulman), 2013.
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ATLANTE(8) sous la bannière de l'OTAN. Elle
est suivit par autres pays qui installent et déploient conjointement
leurs troupes militaires à Djibouti pour lutter contre la piraterie.
Depuis 2009, les attaques sont considérablement baissées dans
cette voie de communication maritime la plus fréquenté selon
OIM.
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