Partis politiques et processus démocratiques en République Démocratique du Congo( Télécharger le fichier original )par Emmanuel MUKENDI KENNEDY Université de Lubumbashi - Licence en Sciences Politiques et Administratives 2014 |
III.1.2. Partis politiques et sélection des candidats aux fonctions électivesLes partis politiques n'ont pas que la seule fonction d'éclairer les choix électoraux, la législation congolaise leur assigne aussi une deuxième fonction qui est celle de sélection des candidats aux fonctions électives. En marge de cette fonction, le parti politique est appelé, par son organisation interne, à choisir parmi ses membres ceux qui vont le représenter aux élections de différents niveaux (présidentiel, législatif, municipal,...). Cette sélection s'effectue au sein même du parti et souvent au niveau national dans ce qu'on appelle congrès du parti pour permettre une véritable compétition entre les membres afin de trouver des candidats séduisants pour les échéances électorales. Une remarque importante mérite d'être soulevée à ce niveau, c'est que la sélection de candidat permet un véritable jeu démocratique d'abord au sein du parti, puis au niveau des élections. Au sein du parti parce que si la sélection s'effectue correctement c'est-à-dire en suivant des critères objectifs, ce serait un avantage pour le parti d'avoir des candidats de taille dans ses rangs. Au niveau des élections l'avantage s'accroit, car ce n'est plus le parti tout seul qui va bénéficier du savoir-faire de ses candidats, mais le pays tout entier et là, les moeurs démocratiques s'en trouvent renforcées davantage. Il convient par ailleurs de mentionner que si ce point figure dans ce chapitre, c'est pour la simple raison que la sélection des candidats n'est possible que dans un parti politique. Or les partis politiques n'existent que dans une démocratie, donc il est important d'en parler pour cerner l'apport des partis politiques au processus démocratique qui est leur cadre de vie. En République Démocratique du Congo, les partis politiques fonctionnent de leur manière et sélectionnent les candidats suivant leurs critères. Il est important, dans cette analyse, de souligner que les critères de sélection des cadres dans la plupart des partis sont la résultante de la seule volonté du président du parti qui, en même temps, est fondateur et principal donateur du parti. Le parti doit son existence à sa notoriété. C'est ainsi que nous avons des propos comme : « je n'ai pas fait 30 ans de lutte pour laisser aujourd'hui ma place à un autre »80(*). N'organisant presque jamais des assises au cours desquelles les candidats peuvent être sélectionnés, ces partis présentent souvent aux élections les candidats sur base des affinités qui existent entre ceux- ci et le fondateur dudit parti et à ce niveau, le parti manque de démocratie interne comme l'indique une enquête menée par les étudiants de la Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Administratives de l'Université de Kinshasa en novembre 2011. Par là, il y a lieu d'affirmer que dans les partis politiques congolais les critères de sélection ne sont pas clairs et définis. Au demeurant, il s'avère indispensable de faire mention du lien entre sélection des candidats et gestions des affaires publiques. En effet, dans un pays où le mode privilégié d'accès au pouvoir à tous les niveaux de l'Etat reste l'élection, l'influence des pratiques internes de partis politiques n'est pas à méconnaitre lorsqu'il s'agit de comprendre le processus démocratique ; comme nous l'avons noté ci-haut avec E. BOSHAB, la plupart des partis politiques congolais se confondent à leurs fondateurs et c'est souvent le fondateur qui finance le parti. Le fondateur fait tout à sa guise et ne peut se laisser contredire. Du fait qu'il est le fondateur du parti et son principal donateur, le fondateur se comporte en tyran dans le parti. Sans oublier qu'au sein même du parti il y a une éducation politique qui est inculquée aux membres ; ce qui veut dire qu'une fois élu quelque part, un membre ayant reçu l'éducation du parti ne pourra que faire montre de son comportement en transposant dans sa sphère de pouvoir les pratiques en vogue dans son parti d'origine et c'est cette situation qui nous pousse à affirmer avec le professeur MABIALA MATUBA que « les partis politiques congolais manquent de démocratie interne. » 81(*) Face à cette malformation congénitale des partis politiques en République Démocratique du Congo, TSHIBANGU C.T. note que « dans notre jeune démocratie la plupart des partis se confondent à leurs fondateurs. Ce qui porte souvent à croire que le parti c'est le Leader. Il y a alors danger d'unanimisme, de totalitarisme interne au sein du parti. » Dans la majorité des partis qui existent en RDC, tel que confondu au parti, le Leader dicte la conduite à tout le parti et prend des décisions sans se concerter avec les autres membres dudit parti ; il suffit juste jeter un regard sur le nombre de fois que l'UDPS a tenu un congrès - lui qui est parmi les plus vieux et plus influents partis du pays - depuis sa création en 1982 jusqu'en 2011 pour comprendre le manque de concertation dans ce parti, ou de considérer la défection de la Solidarité Congolaise pour la Démocratie (SCODE) à la plate-forme MP pour comprendre l'asphyxie totalitaire qui ronge plusieurs partis congolais. Alors, la sélection des candidats qui, au départ était une affaire du parti, devient un handicape pour la démocratie de tout un pays et par cet exemple nous comprenons combien il est important pour un parti de contrôler chacun de ses gestes parce que la démocratie en dépend grandement. * 80 LE POTENTIEL, journal du 28 octobre 2011 : TSHISEKEDI se dévoile. * 81 Lire le rapport du forum sur l'état des lieux du processus électoral en RDC tenu le 01/11/2011 à Kinshasa. |
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