Partis politiques et processus démocratiques en République Démocratique du Congo( Télécharger le fichier original )par Emmanuel MUKENDI KENNEDY Université de Lubumbashi - Licence en Sciences Politiques et Administratives 2014 |
3. De 1990 à 1997Le début des années 90 souleva un vent de changement et suscita beaucoup d'espoir au Zaïre et dans le reste de l'Afrique. En effet, avec l'écroulement du bloc de l'Est, les pressions, tant internationales que nationales, se firent pressantes pour obliger les dictatures africaines à faire de sérieuses concessions politiques à défaut de partir. Dans son discours du 24 avril 1990, le Président Mobutu décida de donner une nouvelle orientation à la vie politique du Zaïre dans le sens d'une ouverture démocratique. Il annonça toute une série de mesures pour lancer le pays sur la voie du changement démocratique : pluralisme politique, liberté d'opinion, liberté de port vestimentaire, liberté de la presse et d'expression, etc. Dans la foulée, plusieurs titres de presse sont nés et se sont constitués en deux blocs : la presse dite d'opposition, d'une part, et celle proche du pouvoir, de l'autre. Les uns et les autres adoptèrent un ton polémique, preuve de leur volonté d'indépendance et surtout signe de différence d'avec la presse de la deuxième République considérée comme propagandiste et servile. Soulignons à ce sujet avec Albert du Roy que « l'ambiance de fin de règne des années 90 a donné à la presse congolaise ses lettres de noblesse. C'était le temps du bilan pour le régime et la presse a fait ses choux gras. » 59(*) Profitant du discrédit dont étaient frappées la radio et la télévision nationales, la presse écrite a déployé toute son insolence en réglant ses comptes au monde politique. « Une expression journalistique, alliant information et divertissement, caractérise cette période : la caricature. »60(*) Elle excella dans la mise en scène des acteurs politiques congolais. Ce genre fut plébiscité par un public à majorité analphabète. Cependant, la jeune presse libre était confrontée aux mêmes travers. Aussi partisane et dépendante financièrement du monde politique, elle n'était pas si différente de celle de la deuxième République qu'elle décriait. 4. De 1997 à 2001Laurent Désiré Kabila prend le pouvoir en 1997. Le Zaïre redevient la République Démocratique du Congo. Sur le plan des libertés individuelles et d'expression, il n'y eut pas de changement. Au contraire, il y eut même régression car Laurent Désiré Kabila interdit les partis politiques. En s'arrogeant tous les pouvoirs, il anéantit les quelques acquis démocratiques grappillés à la dictature pendant la longue transition politique congolaise. La presse kinoise dénonça une dérive totalitaire dangereuse et multiplia les mises en garde contre les velléités de retour au parti unique. La réponse du pouvoir ne se fit pas attendre. Prenant prétexte de la guerre et au nom de la situation d'exception engendrée par celle-ci, le régime de Laurent Désiré Kabila se caractérisa par la restriction des libertés. Les entraves à la libre expression et à la circulation de l'information, par la censure et les saisies, se multiplièrent. « En renouant avec les intimidations, les arrestations et les emprisonnements des journalistes pour atteinte à la sûreté de l'Etat et collusion avec les forces ennemies, on en est revenu aux pires années du mobutisme.»61(*) Cette période est aussi caractérisée par l'apparition d'une certaine presse de la haine anti-rwandaise. C'est dans ce contexte de persécution et d'atteinte à la liberté d'expression, que JED (Journalistes en Danger) a vu le jour en 1998. * 59. DU ROY, A., Le serment de Théophraste : L'examen de conscience d'un journaliste, Paris, Edition Flammarion, 1992, p.12. * 60 . ARNOLD, M., Aimer l'Afrique, hier et aujourd'hui, in Belgian Economic Journal, 1985, n°35, p. 3-6. * 61. Idem. |
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