Paragraphe III : la
spécification du modèle et définition des variables
Dans
la reformulation de la fonction de production néoclassique, le capital
humain, à côté du capital physique, est introduit comme un
facteur de production. A ce stade, la théorie économique stipule
que la croissance économique résulte de l'augmentation en volume
des facteurs "variables d'état" (VE) utilisés dans le processus
de production (6). Cette équation, appelée équation de
fonction de production, peut être estimée pour expliquer le taux
de croissance de la production réelle par habitant.
La récente littérature sur les
déterminants de la croissance, identifie un certain nombre d'autres
variables pouvant influer sur le rythme de la croissance de la production et
que l'on peut regrouper en quatre classes. La prise en compte de ces variables
permet d'obtenir une équation ad hoc de croissance. Ce sont tout d'abord
les"variables de politique économique" (VPE) comprenant la part des
dépenses publiques d'éducation et la part des dépenses
publiques de consommation dans le PIB.
L'effet des dépenses publiques d'éducation sur
la croissance de la production est positif alors que celui des dépenses
publiques de consommation est négatif (Barro, 1997).
Il y a ensuite les "variables de stabilité
économique" (VSE) constituées de l'inflation et de la
stabilité macroéconomique mesurée par la volatilité
de l'inflation. La relation entre inflation et croissance peut être
positive à court terme et pour des niveaux moyens d'inflation, mais
à long terme et pour des niveaux élevés de taux
d'inflation, elle est négative (Michel Sarel, 1996). Ainsi, une cible
d'inflation très basse peut engendrer une perte en taux de croissance du
PIB. Ceci introduit la notion de ratio de sacrifice qui mesure la perte de
croissance économique sous-jacente à une cible d'inflation
donnée.
Les "variables de l'environnement externe et interne" (VEEI)
portent sur l'ouverture commerciale, l'aide par habitant, la variation des
termes de l'échange et l'instabilité politique. L'ouverture au
commerce international (mesurée par le ratio de la somme des
exportations et des importations au PIB) peut accroître le nombre des
inputs spécialisés et avoir de ce fait des taux de croissance
à long terme. Les périodes d'instabilité politique jouent
négativement sur le rythme de la croissance économique. Une
détérioration des termes de l'échange influence
négativement à court terme la croissance économique.
Enfin, on apprécie les "variables financières et
monétaires" (VFM) par le ratio de la masse monétaire au PIB, les
crédits octroyés au secteur privé par les banques et le
taux de change effectif réel. Le développement financier stimule
la croissance à travers l'accroissement du taux d'investissement et
à travers l'allocation du capital aux projets les plus productifs. En
effet, il est aujourd'hui bien établi que les écarts entre le
taux de change courant et sa valeur d'équilibre de moyen et long termes,
ont des effets perturbateurs à la fois sur les équilibres
internes (transferts de ressources entre secteurs, variations des
investissements, etc.) et sur les équilibres externes (ajustements des
flux commerciaux et des IDE). Une surévaluation du taux de change
entraîne une baisse de la compétitivité de
l'économie, ce qui peut affecter négativement le taux de
croissance du PIB.
Le modèle finalement se présente comme suite
:
Dans l'étude des déterminants d'une croissance
soutenue au Burkina Faso, le choix a été fait d'estimer un
modèle de croissance ad hoc. Le modèle explique le taux de
croissance de l'économie, mesuré par le taux de croissance du PIB
réel par habitant, à l'aide des variables suivantes :
(i) le taux d'investissement ; (ii) la population active
; (iii) les dépenses de consommation publiques rapportées au PIB
; (iv) le niveau général des prix ; (v) l'aide publique par
habitant ; (vi) l'émission de dioxyde de carbone ; (vii) la
superficie des terres agricoles ;(viii) le crédit octroyé par les
banques rapporté au PIB et (ix) le taux de change effectif
réel.Les variables retenues pour le modèle ad hoc sont
consignées dans le tableau
ci-dessous.CertainesvariablessontexpriméesenpourcentageduPIB,ainsila
comparaisonentreannéesestrendueplusfacile.
Tableau
1:récapitulatif des variables du modèle ad hoc
Définition
|
Effet attendu sur la croissance
|
Degré d'intégration (I(d))
|
Autres
représentation
|
|
TPIB
|
Le taux de croissance du PIB par habitant (à prix
constant, 2000)
|
Variable dépendante
|
0
|
**
|
TINV
|
Logarithme du taux d'investissement
|
Positif. L'investissement accroît la capacité de
production de la Nation.
|
1
|
VE
|
LTERAGRI
|
Logarithme des terres agricoles (km²)
|
Positif. Un accroissement des terres agricoles et leur mise en
culture diminue le taux de croissance des rendements décroissants du
travail.
|
1
|
VE
|
LPACTIV
|
Logarithme de lapopulation âges 15-64 (% of total)
|
Positif. La participation au processus de production est
favorable à la croissance économique.
|
1
|
VE
|
LEMICO2
|
Logarithme des emissions de CO2
|
Négatif. Le changement climatique est défavorable
à la production agricole et partant à la croissance.
|
1
|
VEEI
|
LAPD
|
Logarithme de l'aide publique par habitant
|
Positif. L'aide publique au développement en permettant
aux institutions de biens fonctionner favorise la croissance ; L'aide
à l'éducation améliore le capital humain d'une
économie ; l'APD en finançant les infrastructures
économiques est favorable à la croissance.
|
1
|
VEE
|
LCREDIPRIV
|
Logarithme du crédit au secteur privé en %PIB
|
Positif. L'accès au crédit est favorable à
la production et à l'investissement.
|
1
|
VFM
|
LGCON
|
Logarithme de la consommation du gouvernement (%du PIB)
|
Positif. La consommation des ménages est un bon de
commande pour le secteur privé.
|
1
|
VPE
|
LPRIX
|
Logarithme de l'indice des prix à la consommation
|
L'inflation est défavorable à la croissance
économique de long terme. Sa variabilité et son niveau
décrédibilisent la politique économique et perturbent les
anticipations des agents économiques (consommation, investissement).
|
1
|
VSE
|
LTCER
|
Logarithme du taux de change effectif réel
|
Une surévaluation du taux de change entraîne une
baisse de la compétitivité de l'économie, ce qui peut
affecter négativement le taux de croissance du PIB.
|
1
|
VFM
|
|