B- Les facteurs d'environnement
international et la croissance
Le Burkina Faso est un petit pays très ouvert
sur l'extérieur et donc soumis à l'influence de
l'environnement international sur lequel il a peu de prise. Celui-ci est
constitué entre autres par l'évolution des termes de
l'échange et de l'aide. Aussi, convient-il d'examiner dans quelle
mesure ces différents facteurs d'environnement international ont pu
contribuer à la croissance économique ?
1- Les termes de l'échange et la
croissance
Les termes de l'échange correspondent au rapport
entre les valeurs unitaires des exportations et les valeurs unitaires
des importations. Le Burkina Faso a été soumis à des
chocs importants des termes de l'échange dont le graphique suivant
révèle le caractère instable depuis les années
2000.
Graphique 6:
évolution des termes de l'échange au Burkina Faso de 2000
à 2010
Source : WDI, 2010.
Une amélioration des termes de l'échange,
si elle n'est pas captée par l'Etat ou les organismes de
commercialisation, permet une augmentation des revenus, dont les effets sur
l'offre agricole sont différents selon qu'ils sont perçus comme
transitoires ou permanents par les producteurs.
Dans le cas du Burkina Faso, d'une part, l'augmentation de
revenus est probablement considérée comme transitoire par les
producteurs. L'instabilité passée des termes de l'échange
telle qu'elle apparaît dans le graphique précédent rend
plausible cette hypothèse. D'autre part, dans le secteur agricole, au
cours des périodes de pointe, règne vraisemblablement le plein
emploi des facteurs (absence de chômage involontaire). Par
conséquent, l'augmentation des revenus doit entraîner une
substitution significative du travail à des activités non
productives. On peut s'attendre, dans cette hypothèse, à un
ralentissement de la croissance lors du retournement des cours des produits
agricoles puisqu'il se produira alors un effet de substitution inverse
: augmentation du temps consacré aux activités non
productives au détriment des activités productives
agricoles.Pour l'ensemble des secteurs d'activité,
l'instabilité des termes de l'échange est responsable d'un
risque accru qui peut affecter la croissance globale de
l'économie par l'intermédiaire de l'investissement ou de l'offre
de travail. S'agissant de l'investissement, il est possible dans certaines
hypothèses, que l'instabilité des termes de
l'échange accroisse l'épargne de précaution (Kimball,
1990 ; Combes, 1996) : l'agent qualifié de « prudent » se
protège d'un accroissement du risque en accentuant la
substitution inter-temporelle de ses ressources en faveur du futur.
Cependant l'augmentation de l'épargne ne signifie pas forcement
un accroissement de l'investissement productif. En effet, la
défaillance dans les mécanismes de collecte de l'épargne
au Burkina Faso risque d'empêcher la mobilisation de l'épargne
qui demeure sous forme d'encaisses oisives. De plus, l'instabilité
des termes de l'échange constitue un facteur d'accroissement du risque
défavorable à l'investissement.
L'offre de travail pourrait également être
affectée par l'instabilité des termes de l'échange.
Confronté à un accroissement du risque sur les revenus du
travail, les travailleurs sont susceptibles d'accroître leur temps de
travail pour se garantir des revenus suffisants en cas de chute (effet de
revenu). Mais, ils peuvent également augmenter leur demande de temps
consacré à des activités non productives pour
réduire leur degré d'exposition au risque (effet de
substitution). L'effet net est donc ambigu. On peut cependant penser que dans
le cas d'une économie pauvre comme le Burkina Faso, l'effet de
revenu l'emporte sur l'effet de substitution dans le but de garantir aux
agents une consommation minimale en cas de chute de leurs revenus.
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