3.3. Contraintes réelles
pour les transformations souhaitées
Le secteur agricole est considéré comme la base
de l'économie et un des piliers majeurs de la Renaissance du Niger et de
son évolution vers le statut de pays émergent. Pour que le
secteur agricole puisse jouer le rôle qui lui est assigné, des
transformations profondes doivent être assurées au niveau de ses
composantes productives que sont les exploitations agropastorales et les
unités artisanales et agroindustrielles. Ces transformations impliquent
une modernisation des outils de production, une plus forte adhésion et
acceptation de l'innovation technologique, une amélioration du
savoir-faire et une intégration des systèmes de production dans
une double démarche de filière et de qualité.
L'utilisation d'un paquet technologique approprié peut
permettre à l'agriculture d'être plus résiliente face aux
chocs. La famine de 2005 consécutive au déficit
céréalier de la campagne 2004, aurait pu être
évitée si seulement le quart des agriculteurs nigériens
avait reçu, une micro-dose d'engrais et des sommes importantes auraient
pu également être économisées. En effet, le
coût de d'achat et de distribution des engrais nécessaires sur
l'ensemble du territoire auraient été de $20 millions alors que
l'aide apportée par les donateurs pour faire face à la famine a
coûté la somme de $80 millions auxquels il faut ajouter environ
$70 millions payés par les consommateurs du fait de l'augmentation des
prix des denrées alimentaires. C'est dire que l'utilisation d'intrants
et, d'une manière plus globale, l'intensification des systèmes de
production sont économiquement rentables pour une économie
agricole aussi fragile que celle du Niger. C'est pour cela que l'Initiative 3N
se propose de contribuer à la sécurisation, la modernisation et
la professionnalisation des systèmes de production agro-sylvo-pastorale
et halieutique, artisanale et agroalimentaire en apportant des solutions
appropriées aux contraintes et insuffisances multiples qui limitent
leurs performances dont, entre autres :
1. un système d'approvisionnement et de distribution
d'intrants ne permettant pas aux producteurs de disposer
régulièrement en quantité et en qualité, ainsi
qu'à un prix abordable les semences, engrais, produits phytosanitaires
et intrants zootechniques, vétérinaires et halieutiques dont ils
ont besoin pendant la campagne ;
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2. une insuffisance des technologies appropriées
répondant aux besoins des producteurs ;
3. une faiblesse du système de gestion
intégrée basée sur des relations contractuelles entre les
différents maillons des filières vivrières, qui laisse les
producteurs à la merci des commerçants, usuriers et autres
spéculateurs;
4. des conditions climatiques ne permettant pas l'utilisation
optimale des itinéraires techniques, de même qu'un faible tissu
agroindustriel, une offre faible et très atomisée, et plus
globalement l'absence de débouchés sûrs ne stimulant pas
des investissements pour et par les producteurs ;
5. des ressources financières peu accessibles,
insuffisantes et ne répondant pas toujours aux besoins d'investissement
des producteurs et des promoteurs des unités artisanales et d'industries
agroalimentaires ;
6. l'insuffisance des mesures de soutien, de protection et
d'accompagnement aux producteurs et aux unités agroalimentaires
naissantes ;
7. une compétition effrénée entre
systèmes de production agricole et pastoralisme pénalisant autant
les agriculteurs que les éleveurs. Ces contraintes et insuffisances
diverses, par leur nature et leur profondeur, ne sont pas insurmontables. Au
fil du temps, les agriculteurs, les éleveurs, les agropasteurs, les
pêcheurs et les artisans de leurs propres initiatives, les pouvoirs
publics et les ONG avec l'appui des partenaires techniques et financiers ont
accumulé des expériences concluantes en matière de
résolution des problèmes auxquels le secteur agricole fait
face.
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