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UNIVERSITE DE ROUEN UFR PSYCHOLOGIE SOCIOLOGIE SC
EDUCATION Master mention Sciences de l'Education Master recherche
2ème année FOAD MARDIF
Enseignement par Compétences et Changement
de Paradigmes Etude des Représentations des Enseignants à
propos de leur métier, de l'apprentissage et de
l'enseignement
Mémoire présenté
par Badya LAGE
Sous la direction de
Mme. Louise BELAIR Université Trois
Rivières Québec CANADA
Mr. Léopold PAQUAY Université
Catholique de Louvain Louvain-la-Neuve BELGIQUE
Promotion ROUSSEAU Octobre 2007
Si je veux réussir à accompagner un
être vers un but précis, je dois le chercher là où
il est et commencer là, justement là.
Celui qui ne sait faire cela, se trompe lui-même
quand il pense pouvoir aider les autres.
Pour aider un être, je dois certainement comprendre
plus que lui, mais d'abord comprendre ce qu'il comprend.
Si je n'y parviens pas, il ne sert à rien que je
sois plus capable et plus savant que lui.
Si je désire avant tout montrer ce que je sais,
c'est parce que je suis orgueilleux et cherche à être
admiré de l'autre plutôt que l'aider.
Tout soutien commence avec humilité devant celui
que je veux accompagner ; et c'est pourquoi je dois comprendre qu'aider n'est
pas vouloir maîtriser mais vouloir servir.
Si je n'y arrive pas, je ne puis aider l'autre.
D'après Søren Kierkegaard1
2
1 Rouiller (2005)
3
SOMMAIRE
3
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AVANT PROPOS INTRODUCTION PROBLEMATIQUE
PARTIE I : Cadrage théorique
Chapitre I : Conditions d'implantation d'un
changement curriculaire
I. Type de changement
II. Conditions nécessaires au changement
III. Stratégie de changement
Chapitre II : La pédagogie adoptée
par la réforme curriculaire
I. Défis imposés à l'école et
aux pratiques des enseignants
A. Nécessité d'efficacité interne,
d'efficience et d'équité
B. Nécessité de répondre à
l'augmentation de la quantité et de l'accessibilité à
l'information
C. Nécessité de donner sens à
l'apprentissage
II. Concept de compétence et approche par
compétences
A. Compétence et statut de la connaissance
1. Évolution du statut de la connaissance
2. Concept de compétence
a. Quelques définitions
b. Quelques interprétations du concept de
compétence
B. Approche par compétences et ses fondements
théoriques
1. Approche par compétences
2. Fondements théoriques : Recherche en psychologie
cognitive
a. Modèle Piagétien - Constructivisme
b. Modèle Néo-constructiviste
c. Modèle Vygotsky
d. Modèles cognitivistes
Chapitre III : Changement et approche par
compétences
I. Paradigme d'enseignement vs paradigme d'apprentissage
A. Paradigme
B. Différences entre paradigme d'enseignement et celui
d'apprentissage
1. Différences au niveau des concepts
2. Différences au niveau du processus d'apprentissage
et d'enseignement
3. Différences au niveau des modèles
d'enseignement
a.
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69
70 70 73 78 82 86
90
94
100
101
4
Modèle transmissif
b. Modèle béhavioriste
c. Modèle constructiviste
II. Changement de l'exercice du métier
d'enseignant
A. Métier vs profession
B. Modèles de références
Chapitre IV : Représentations
I. Perception - Conception - Représentation
II. Fonctions des représentations
III. Construction des représentations
IV. Cerner les représentations
V. Analyser les représentations
Questions de recherche et hypothèses de
réflexion PARTIE II : Méthodologie
I. Démarche méthodologique
A. Type de recherche
B. Recueil des représentations
C. Démarche méthodologique
D. Population - Echantillon
II. Présentation des outils
A. L'entretien collectif
B. L'entretien individuel semi-directif
C. Analyse de séances enregistrées
D. Critères de scientificité
PARTIE III : Traitement et interprétation
des données
I. Présentation des données
A. L'entretien collectif
B. L'entretien individuel semi-directif
C. Analyse de séances enregistrées
II. Interprétation des données
III. Vers la recherche de modèles de
références
CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE SITOGRAPHIE ANNEXES
5
AVANT PROPOS
Je tiens à exprimer ici mes remerciements à tous
ceux qui m'ont soutenu et contribué scientifiquement ou moralement
à l'élaboration de ce travail.
Je désire exprimer ma reconnaissance à mes
encadrants, Mme. Louise BELAIR et Mr. Léopold PAQUAY, pour leur
disponibilité malgré les responsabilités qu'ils ont, pour
leur encouragement et pour leurs riches et intéressants critiques et
commentaires.
Je souhaite aussi remercier :
* Les enseignants du MARDIF pour les thèmes et les
sujets auxquels ils m'ont fait réfléchir durant leurs
ateliers;
* Les responsables du laboratoire CIVC, Université
Rouen et l'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) qui m'ont permis de
poursuivre mes études à distance et à préparer ce
master ;
* Le personnel pédagogique et technique,
précisément Marianig POROT, pour son assistance multiforme et
permanente.
Enfin, je ne saurai oublier tous ceux qui, au cours de ces
deux années, m'ont soutenu moralement. Je pense particulièrement
à ma mère, mes beaux parents, mes soeurs, mes frères et
mes amies. Ce travail n'aurait pu être fait sans leurs chaleureux
encouragements.
A mon mari Abdellatif, je tiens à rendre un hommage
particulier pour sa patience, sa présence et son soutien permanent
A mes enfants, Samah et Mohamed Taha, je leur demande de me
pardonner du temps que je n'ai pu passer avec eux
A la mémoire de mon père, qui me disait
constamment que les études n'ont pas de limites et tant qu'on vit on
apprend, je dédie aussi ce travail.
6
7
INTRODUCTION
L'enseignement au Maroc connaît une réforme
curriculaire depuis les années 1999. Une réforme qui a pour
finalité de placer l'élève au coeur de l'action
éducative, de le rendre acteur et responsable de ses apprentissages,
capable de développer des compétences lui permettant de
s'intégrer dans une société en perpétuel
changement.
Une telle réforme nécessite des changements dans
la pédagogie et dans les pratiques des acteurs pédagogiques.
Contrairement à un changement de structure ou de contenus, un changement
de pédagogie, doit passer par une évolution des
représentations et des identités des concernés.
Il ne peut seulement se décréter, sinon, il ne produira
aucun changement et perdra alors son sens. (Perrenoud, 1999)
Par ailleurs, un tel changement ne peut avoir un impact
réel sur les enseignants, que si ces derniers comprennent ses
finalités, s'approprient ses fondements et s'inscrivent dans une
démarche d'apprentissage (Fullan, 2001). Pour cela, les
représentations des enseignants sont à prendre en
considération. Celles-ci, dans le cadre d'une
épistémologie constructiviste, permettent aux individus de
comprendre et de construire la réalité, ainsi que de justifier
les prises de position et les comportements.
Par conséquent, les représentations que peuvent
avoir les enseignants concernant des éléments du changement
influenceraient leur compréhension et leur engagement. Elles pourraient
même constituer des obstacles ou induire des résistances au
changement.
C'est dans cette optique que notre travail prend sens. Ainsi,
nous tenterons de mettre en évidence, par le biais d'une
méthodologie qualitative a posteriori, les représentations des
enseignants concernant certains éléments fondamentaux à
l'adoption de l'approche par compétences. Nous essaierons de
déduire les modèles de références auxquels ils se
référent, que ce soit pour penser l'apprentissage,
l'enseignement, le rôle de l'enseignant et de l'apprenant dans cet
apprentissage ou pour penser l'exercice de leur métier.
Pour cela, nous développerons en première partie
notre cadrage théorique après la présentation du contexte
et de l'objet de notre étude.
8
En deuxième partie, nous expliquerons la
méthodologie adoptée pour approcher nos questions de recherche et
réfuter ou vérifier nos hypothèses de
réflexions.
En troisième partie, nous présenterons les
donnés recueillis à partir de notre enquête - entretien
collectif, entretien individuel semi-directif, analyse de séances
enregistrées- ainsi que leur interprétation et les
déductions avancées sur les modèles de
références qui donnent des significations aux
éléments de représentations mis en évidence.
Une conclusion achèvera notre travail, avec une
présentation des limites et perspectives de cette étude.
En annexe, nous présenterons les outils utilisés
dans le recueil des représentations.
9
PROBLÉMATIQUE
L'enseignement au Maroc est engagé depuis des
années dans un processus de réforme de structure et de
curriculum. Une réforme qui a pour but de combler les carences qui
existent dans le système éducatif afin de le rendre capable de
répondre aux exigences des temps modernes et de faire face aux
défis de ce siècle et aux mutations que connaît le pays.
« L'ancien )) système éducatif, selon la lettre royale,
conçu pour répondre aux nécessités urgentes,
apparues au lendemain de l'indépendance, a épuisé son
objet. Il souffre d'un déficit d'adéquation entre la formation et
l'emploi, ainsi que d'une incapacité à satisfaire aux exigences
d'une époque fondée sur le développement des connaissances
et leur utilisation pratique dans la vie de tous les jours ; une époque
où le progrès des nations se mesure à l'aune de
l'efficience de leur système éducatif et de son aptitude à
accompagner leur développement soutenu ».
Plusieurs projets de réformes (de 1975, 1978, 1981,
1984-1985, 1995) ont été engagés chaque fois que des
inefficiences ont pu être identifiées (bilan COSEF 2005). Ces
projets avaient pour objectif l'amélioration des performances du
système d'éducation et de formation. Mais, à chaque fois,
cet objectif est demeuré relativement hors d'atteinte.
Dans la continuité de cette préoccupation, une
commission spéciale nommée COSEF2,
désignée par le défunt Roi Hassan II, a été
chargée de proposer un projet de réforme du système
d'éducation et de formation. Les travaux de cette commission ont abouti
à l'élaboration d'une Charte de l'Éducation et de la
Formation qui a été adoptée par les deux chambres du
parlement et par sa Majesté le roi Mohamed VI en octobre 1999. Certains
points de cette charte, en relation avec le curriculum, ont fait l'objet d'un
développement dans le cadre du « Livre Blanc )) du ministère
de l'éducation nationale du Maroc.
L'objectif recherché à travers cette charte
consiste en une nouvelle vision de l'école : une école
réhabilitée, revalorisée et réconciliée avec
la société ; une école qui assume ses fonctions classiques
de lieu d'acquisition de savoirs mais aussi de nouvelles missions en tant
qu'espace de responsabilisation, d'innovation, d'échanges et d'ouverture
sur son environnement et sur la société dans son ensemble (bilan
COSEF; 2005). Dans cette perspective, la nouvelle école nationale
marocaine travaille à devenir :
2 COSEF : Commission spéciale de l'enseignement
et de la formation
o
10
Une école vivante, grâce à une approche
pédagogique, s'éloignant de la réception passive et du
travail individuel seul, et centré sur l'apprentissage actif et la
coopération, la discussion et l'effort collectifs ;
o Une école ouverte sur son environnement, grâce
à une approche pédagogique fondée sur l'accueil de la
société au sein de l'école, et la sortie de l'école
vers la société.
Cette école « vivante » permettrait à
l'apprenant de devenir acteur et responsable de ses apprentissages afin qu'il
puisse développer des compétences lui permettant de
s'intégrer et d'évoluer dans une société et dans un
monde en perpétuelle mutation.
Changements prescrits par la réforme
curriculaire :
Dans la perspective d'une école vivante et ouverte, la
charte nationale de l'éducation et de la formation a consacré la
plus grande partie de ses directives à différents domaines
d'innovation et supports de changement3. Ainsi, et dans le domaine
en relation avec l'amélioration de la qualité du système
d'éducation et de formation, elle présume une refonte en
profondeur des principales composantes didactiques et pédagogiques du
processus éducationnel (bilan COSEF; 2005). Refonte
articulée autour des principaux axes suivants :
- La révision des programmes et des méthodes
pédagogiques dans le sens de leur actualisation et de leur adaptation
aux mutations de la société et aux évolutions des savoirs
modernes. Sur ce point de nouvelles approches pédagogiques telles
l'approche par les compétences et par projet constituent la tendance
générale.
- L'amélioration de la qualité des outils et des
supports didactiques (manuels scolaires en particulier : révision dans
la conception et la publication des manuels).
3 Différents domaines d'innovation et
supports de changement : l'extension de l'enseignement et son ouvrage sur
l'environnement économique ; l'organisation pédagogique
(réorganisation et articulation des cycles d'éducation formation,
évaluations et examens, orientation éducative et professionnelle)
; l'amélioration de la qualité de l'éducation et de la
formation (révision et adaptation des programmes et des méthodes,
des manuels scolaires et des supports didactiques ; emplois du temps ; rythmes
scolaires et pédagogiques ; utilisation des NTIC ; encouragement de
l'excellence, l'innovation et la recherche scientifique...) ; les ressources
humaines ; la gouvernance ; le partenariat et le financement.
11
- L'adaptation des programmes et des contenus scolaires aux
spécificités et aux besoins territoriaux (15% du volume horaire
des cours aux curricula régionaux et 15% aux curricula locaux).
Selon le « Livre Blanc », différentes
compétences sont à développer :
- Des compétences permettant le développement du
soi et de la personnalité de
l'apprenant en tant qu'acteur positif et intervenant dans
l'évolution de la société ; - Des compétences
pouvant être exploitées dans le changement social afin que le
système éducatif puisse répondre aux
besoins du développement social ;
- Des compétences pouvant être exploitées
dans le domaine économique et social afin de répondre aux besoins
d'intégration dans les secteurs productifs et de développement
économique et social.
En plus des compétences spécifiques en relation
avec chaque discipline, cinq types de
compétences transversales - méthodologiques,
stratégiques, culturelles, communicationnelles et technologiques -
sont à développer par les programmes scolaires primaire et
secondaire.
La pédagogie, ainsi adoptée dans la
révision des programmes et l'élaboration des manuels scolaires,
correspond à l'approche par les compétences (APC). Cette approche
vient remplacer la pédagogie par objectifs (PPO) adoptée par les
programmes scolaires depuis les années quatre-vingt. Celle-ci se base
sur le découpage des savoirs en micro-unités, correspondant
à l'organisation Taylorienne du travail (le travail à la
chaîne). Les programmes élaborés dans ce cadre ne
répondent plus aux attentes socio-économiques actuelles. Leur
conception techniciste semble être dépassée actuellement
(Jonnaert et al, 2006). D'autres paramètres caractérisent les
besoins sociétaux et font ainsi pression sur le système
éducatif. Pour Roegiers et De Ketele (2000), l'APC est une contribution
pédagogique que l'école peut adopter afin de répondre aux
défis imposés par l'évolution de la
société.
Nous présenterons dans ce qui suit, un aperçu
sur les anciens et les nouveaux programmes adoptés par le système
éducatif marocain, tout en mettant en évidence les pratiques des
enseignants en relation avec les apprenants et avec le savoir enseigné.
Nous
12
ferons référence aux programmes et aux
instructions officielles des sciences de la vie et de la terre (SVT) au niveau
du lycée.
Les anciens programmes4 : quoi
changer ?
Dans le cadre de la pédagogie par objectifs, les
anciens programmes étaient subdivisés à des contenus
associés à des habilités, répartis sur toute
l'année scolaire. Ces contenus étaient, et le sont encore,
fractionnés par l'enseignant, en objectifs opérationnels
très précis. Celui-ci les parcourt, leçon après
leçon, en se référant souvent au contenu du manuel
scolaire, unique pour la discipline, tout en essayant de respecter la
répartition des chapitres en fonction du temps consacré à
chaque partie.
L'enseignant s'occupe dans son enseignement, surtout du savoir
à transmettre et à faire mémoriser à l'apprenant
avec des automatismes à développer chez celui-ci. Les objectifs
ainsi poursuivis sont en relation avec les contenus et le degré de leur
acquisition. L'élève, de son côté, est appelé
à faire preuve de son assimilation du savoir lors des séances de
contrôle continu et des examens (interne et/ou externe).
De ce fait, le professeur en dirigeant l'ensemble des
activités, est considéré comme l'expert du savoir
enseigné. Alors que l'élève est dans la plupart des
situations, un récepteur passif placé en situation
d'interlocuteur.
Les nouveaux programmes :
Par ailleurs, dans le cadre de la nouvelle réforme, la
présentation et les objectifs des programmes et des manuels scolaires
ont changé.
Les programmes sont présentés sous formes
d'unités d'enseignement à réaliser en un temps
déterminé. Chaque unité contient, en plus des
thèmes à développer, le temps à consacrer à
l'évaluation diagnostique, à l'évaluation formative avec
des séances de soutien et puis à l'évaluation sommative en
fin de l'unité. Les manuels scolaires5 présentent le
savoir des unités du programme selon la démarche de la
résolution des problèmes. Des activités sont mises
à la disposition des élèves et des enseignants dans le but
de développer certaines
4 Vu le fait que le nouveau programme n'est
entré que très récemment en vigueur, les pratiques
préconisées par cet ancien programme continuent encore à
exister.
5 Nous n'avons plus le manuel unique
élaboré par le ministère éducatif, pour chaque
discipline. Les manuels sont élaborés suivant un cahier de
charges, par des groupes différents d'inspecteurs et de professeurs. Le
ministère de l'éducation, par le biais d'un comité
central, contrôle le contenu de ces manuels et sélectionne les
manuels à adopter par l'école.
13
compétences spécifiques et transversales. Ces
manuels sont accompagnés par d'autres consacrés à
l'enseignant (surtout pour le secondaire collégial) et qui ont pour but
de clarifier les concepts et la démarche adoptée par le
manuel.
Les enseignants sont appelés, dans le cadre de cette
nouvelle approche APC, à modifier leurs pratiques pédagogiques
ainsi que leur rôle selon les objectifs suivants (Rogiers,
20046) : - S'intéresser à ce que «
l'apprenant doit maîtriser » à la fin d'une
période déterminée et non à ce qu'ils doivent
enseigner. Le rôle de l'enseignant consiste à l'organisation des
apprentissages de la meilleure manière possible pour amener ses
élèves au niveau attendu.
- Donner du sens aux apprentissages
et montrer à l'élève à quoi sert
tout ce qu'il apprend à l'école. Pour cela il est
nécessaire de dépasser des listes de contenus matières
à retenir par coeur, des savoirs faire vides de sens. L'approche par les
compétences lui apprend à situer continuellement les
apprentissages par rapport à des situations qui ont du sens pour lui et
à utiliser ses acquis dans ces situations.
- Certifier les acquis des élèves en
terme de résolution de situations concrètes et
non plus en termes d'une somme de savoirs et de savoirs faire que
l'élève s'empresse souvent d'oublier et dont il ne sait pas
comment les utiliser dans la vie active.
Dans le cadre de l'enseignement des Sciences de la vie et de
la terre (SVT) au lycée, d'après les instructions officielles
(IO), les enseignants sont appelés à travailler à partir
des questionnements et des représentations des élèves,
tout en adoptant la démarche de la recherche. Cela doit se
réaliser dans le but d'acquérir les mécanismes essentiels
à un esprit critique, tout en permettant d'établir une liaison
logique entre l'expérience personnelle et le savoir scolaire et de
construire progressivement des compétences.
Pour cela, la démarche didactique adoptée,
toujours selon les IO, doit se construire sur la base de :
- Permettre à l'apprenant, par le biais de sa
participation effective, de construire ses propres connaissances scientifiques
;
- Prendre en considération sa curiosité
scientifique et la satisfaire ;
- L'intégrer consciemment dans des activités de
recherches ;
6 L'approche par les compétences adoptée
par notre réforme curriculaire correspond à celle
développée par Xavier Rogiers.
14
- Adopter une méthode pédagogique se basant sur la
démarche de résolution de problèmes.
Dans ce sens, l'apprenant est placé dans l'axe
principal de l'acte de la formation et l'enseignant a pour rôle surtout
d'orienter les apprentissages de l'apprenant, en tenant compte de ses
représentations et en lui permettant de choisir les questions et les
problèmes selon une perspective constructiviste afin de pouvoir
intégrer ses acquis et les transférer dans de nouvelles
situations. Il a aussi pour mission, toujours selon les IO, de gérer le
processus de l'acte de la formation, de l'animer et de l'organiser.
Permettre à l'apprenant d'intégrer ses acquis et
de les transférer dans de nouvelles situations nécessite, selon
Rogiers (2006) des séances d'apprentissages ponctuels des ressources
(savoirs, savoir-faire et savoir être) poursuivies de séances des
activités d'intégration et d'évaluation formative. De
nouvelles compétences sont alors, à développer par les
enseignants (Rogiers, 2004) :
· préparer et animer une activité
d'intégration,
· évaluer les acquis des
élèves,
· gérer une séance de
remédiation
· planifier les apprentissages
Nous venons de présenter ce qui est appelé
à changer et en quoi doit-il changer selon les instructions officielles
de SVT. Mais qu'en est-il de la réalité actuelle ? Est ce que ces
changements de pratiques sont adoptées ? D'autant plus que la
réforme existe depuis quelques années7 et des
changements ont été mis en place tel que, le système
d'évaluation (le baccalauréat est devenu national et se
réfère au contenu du programme annuel au lieu du programme
semestriel qui existait avant).
Différents constats sont enregistrés par les
acteurs pédagogiques, que ce soit dans des discussions avec les
professeurs ou avec les inspecteurs et administrateurs ou à partir de
l'analyse de certains sites éducatifs réalisés par des
enseignants, ou certaines présentations
7 Au collège, les programmes ont changé
progressivement depuis septembre 2003 ; au lycée, le changement a
démarré au septembre 2005
15
faites par des enseignants innovants dans des forums
nationaux. Parmi ces constats, nous notons :
- Les pratiques des différents acteurs
pédagogiques ne semblent pas être influencées par les
changements.
- Le savoir est toujours au centre de l'action
éducative. Les enseignants cherchent comment démontrer leur
savoir afin que les élèves puissent le comprendre. Leurs
expériences ne s'occupent pas encore du comment permettre à
l'élève de construire ses connaissances, ni de la recherche de
certaines conditions pour comprendre comment l'élève apprend.
- Il semble que seul le terme d'objectifs :
opérationnels, spécifiques, général... ait
été remplacé par celui de compétence.
- Les enseignants travaillent encore dans les mêmes
conditions (même effectif des élèves, même horaire
d'enseignement, même organisation au niveau des établissements...)
et de la même façon (enseignement de masse, absence
d'évaluation formative, sanction des élèves...).
Ces constats restent informels, toutefois ils nous poussent
à se poser la question du pourquoi et d'essayer de chercher les causes
à cela. D'autant plus que la littérature développée
actuellement dans le domaine des réformes montre une évolution
des modèles de changements. Ceux-ci ne se contentent plus de
réforme se basant sur des prescrits écrits mais sont beaucoup
plus basés sur une épistémologie constructiviste.
L'interprétation attribuée aux éléments du
changement par les acteurs principaux est devenue une variante importante dans
la réalisation des objectifs souhaités par une réforme.
Les perceptions et les représentations de ces acteurs sont à
prendre en considération. Elles peuvent même être les causes
des résistances au changement au sein d'un système
éducatif (Savoie-Zajc, 1993).
Des questions s'imposent ainsi : comment nos acteurs
pédagogiques interprètent-ils les finalités et les
prescrits de la réforme ? Arrivent-ils à adhérer et
à s'approprier les fondements de la réforme ? Quelles
représentations et quels obstacles relèvent-ils ?
Il serait plus judicieux alors de s'interroger sur les
représentations des enseignants à propos des
éléments de base de ce changement. D'autant plus que leur
compréhension et leur engagement en dépendent.
16
Afin de mieux poser et cerner notre questionnement, nous
allons chercher à comprendre en premier, le type de changement
planifié par la réforme ainsi que les conditions
nécessaires à l'implantation de ce changement (chapitre I). Nous
questionnerons par la suite la littérature à propos de la
pédagogie adoptée par la réforme curriculaire du
système éducatif marocain et ses conséquences sur les
pratiques et le rôle des enseignants (Chapitre II). En troisième
chapitre, nous développerons les changements que nécessite
l'adoption de l'approche par compétence (Chapitre III). En
quatrième chapitre, nous présenterons ce qu'on entend par
représentations ainsi que leurs relations avec l'implantation d'un
changement (Chapitre IV). Nous terminerons cette partie par la
présentation de nos questions spécifiques de recherche et par nos
hypothèses de réflexion, avant d'aborder la partie
méthodologique.
17
Partie I
Cadrage théorique
18
Chapitre I
Conditions d'implantation d'un changement au niveau de
réforme curriculaire
Avant d'aborder les conditions nécessaires à
l'implantation d'un changement curriculaire, nous allons essayer de
déterminer de quel type de changement il s'agit dans le cadre de la
réforme du système marocain.
I/ Type de changement
Le changement planifié et imposé par la
réforme du système éducatif marocain est un changement de
pédagogie et de pratiques d'enseignement. Il fait partie des changements
complexes parce qu'il concerne, entre autres, les objectifs, les
méthodes d'enseignement et celles de l'évaluation. Ils
correspondent de plus à un changement dans les valeurs des personnes et
dans leur façon de voir les choses et de vivre des rapports avec les
autres et avec le savoir. C'est un des changements de
troisième type selon Perrenoud (1999). Un tel changement,
contrairement à celui de structure de premier type ou de contenus du
deuxième type, ne peut seulement se décréter mais il doit
passer par une évolution des représentations, des
identités, des compétences, des gestes professionnels et de
l'organisation du travail. Sinon ces réformes ne provoquent aucun
changement et perdent alors leur sens.
L'implantation d'une telle réforme nécessite un
recours aux modèles de changement à perspective
constructiviste.
II/ Conditions nécessaires au changement
Selon Fullan (2001)8, certains facteurs peuvent
influencer le degré de l'implantation d'une réforme curriculaire
(in L. Paquay 2002, p. 14). Ces facteurs correspondent aux : -
Caractéristiques perçues du changement : la pertinence, la
clarté des buts et des moyens de ce changement, la complexité, la
qualité et la praticabilité du programme du changement. Le
degré d'implantation du changement est accru par ces
caractéristiques.
8 Le tableau résumant les différents
facteurs influençant l'implantation d'une réforme curriculaire
d'après Fullan est présenté en annexe.
19
- Caractéristiques « locales » : les
commissions scolaires, les conseils de gestion des établissements, les
chefs des établissements et les enseignants. Jusqu'à quel
degré ces acteurs éducatifs soutiennent et s'impliquent dans le
changement.
- Facteurs externes : l'accompagnement des
autorités publiques du changement.
Dans le système scolaire marocain, certaines conditions
sont entrain de se mettre en place que ce soit au niveau des facteurs externes
ou des caractéristiques locales. Des structures et liens viennent de se
créer dans le cadre de cette réforme scolaire, tel que le conseil
de gestion des établissements, l'intervention des autorités
publics dans la gestion et le suivi de l'école...L'action de ces
structures est encore à l'état embryonnaire.
Toutefois les facteurs en relation avec la perception du
changement par les acteurs éducatifs sont encore à
développer.
Parmi ces différents facteurs, l'enseignant, objet de
notre recherche, est considéré comme le facteur le plus important
dans l'application d'un changement surtout pédagogique. Dans ce cas, le
degré d'implantation du changement est accru, d'après Fullan,
dans la mesure où :
- Les enseignants sont engagés vers le changement ;
- Il existe des relations de collaboration, de soutien, de
communication ouverte ;
- Un accompagnement des équipes et une formation sont
assurés.
Pour ce dernier facteur, aucun accompagnement programmé ni
formation continue
n'ont été assurés pour les enseignants du
secondaire. Les visites de classes et les réunions pédagogiques
réalisées par les inspecteurs ne peuvent répondre à
ces objectifs, surtout que ces acteurs sont eux aussi en état de
réforme et leur fonction de contrôle est encore dominante.
Également, l'organisation au niveau des
établissements n'a pas connu de modification permettant la
création des conditions d'une collaboration ou d'un travail en groupe
entre les professeurs.
De ce fait, la question qui s'impose, c'est jusqu'à
quel degré ces enseignants sont-ils engagés vers le changement ?
D'autant plus qu'ils travaillent actuellement, depuis quelques années
avec des instructions d'une approche par compétence.
Parler d'un engagement revient à parler d'une
compréhension en profondeur des fondements de la réforme. Ainsi
et selon Gather-Thurler (2000), un changement en
20
éducation dépend de ce que les
acteurs de l'école en pensent et en font, individuellement et
collectivement. Il dépend de ce que ces acteurs ont
compris de cette réforme. Ils s'impliqueraient davantage s'ils
percevaient que les besoins visés par la réforme sont
significatifs et que les conditions mises pour leur réalisation vont
dans le sens de ces besoins (Huberman et Milles (1984). Le changement
induit selon Fullan (2001) , n'a d'impact réel que s'il est
signifiant pour les enseignants, s'ils en comprennent les finalités,
adhèrent à ses orientations et s'approprient ses fondements,
s'inscrivent dans une démarche d'apprentissage (Portelanc, 2004).
Qu'en est-il donc de la compréhension des fondements de la
réforme par l'acteur pédagogique marocain ?
La compréhension n'est pas suffisante à elle
seule, d'autres changements doivent s'opérer chez l'acteur
pédagogique. Comme nous l'avons déjà mentionné, les
changements dans les pratiques d'après Perrenoud (1999), passent par
une évolution des représentations, des identités, des
compétences, des gestes professionnels et de l'organisation du
travail.
Par conséquent, les perceptions qu'ont les acteurs
pédagogiques en général et les enseignants en particuliers
des changements et les représentations qu'ils ont construites sur les
éléments de ce changement influenceraient l'implantation de la
réforme. Cette influence peut être positive ou négative
selon les représentations construites par les acteurs. Celles-ci
constituent, d'après Donnay et Charlier (1991), un des noyaux à
partir desquels se structurent les comportements d'enseignement et
d'apprentissage. Elles peuvent constituer dans certains cas, des obstacles
à la compréhension et à l'adoption de la pédagogie
prescrite par la réforme.
Il apparaît ainsi primordial et important de
déterminer comment les acteurs pédagogiques se
représentent les éléments du changement comme une
étape importante dans l'implantation de la réforme.
Quelles représentations ont nos acteurs pédagogiques,
plus précisément les enseignants vis-à-vis de l'approche
adoptée par le système scolaire marocain ?
Aborder ce problème, nous permettrait d'approcher un
des facteurs les plus importants influençant l'implantation d'une
réforme scolaire curriculaire selon Fullan. De plus, la
détermination et l'analyse des représentations des enseignants
sur certains éléments de la réforme nous permettraient de
mieux cibler la formation continue et l'accompagnement des enseignants.
21
III/ Stratégie de changement :
Une stratégie de changement selon Denis Massé, se
situe généralement à 3 niveaux :
- Niveau Cognitif -comprendre le changement-
: savoir quoi changer, pourquoi le changer et comment le changer.
- Niveau Affectif -vouloir changer- : sentir
le besoin du changement, trouver de l'intérêt dans le
changement...
- Niveau Pratique -pouvoir changer- :
compréhension du changement avec la volonté de s'engager dans le
changement permettrait une implication dans la formation et ainsi dans le
développement de nouvelles compétences.
Ces trois niveaux peuvent être influencés par les
représentations des acteurs sur les éléments de base du
changement. Une non-compréhension ou une compréhension
erronée des éléments du changement pourrait avoir des
conséquences sur le niveau affectif et même sur le niveau
pratique. Aussi, un refus ou l'absence d'un besoin ou d'un intérêt
peut-il influencer les autres niveaux, cognitif et pratique. Dans le même
sens, une méconnaissance de quoi faire provoquerait un refus d'un
engagement dans un changement.
Dans le chapitre suivant, nous allons développer en
quoi consistent précisément ces éléments de base du
changement adopté par notre système éducatif.
22
Chapitre II
La pédagogie adoptée par la
réforme curriculaire
La réforme curriculaire prescrit un changement au
niveau de la pédagogie à adopter. Ainsi l'approche par
compétences est adoptée à la place de la pédagogie
par objectifs. Tout choix pédagogique, d'après Bruner (1996),
véhicule inévitablement une conception du processus
d'apprentissage et de celui qui apprend. La pédagogie n'est jamais
innocente : c'est un médium qui porte son propre message. Le choix
de pratiques pédagogiques implique une conception de l'apprenant et de
celle du savoir. Quelles conceptions du processus d'apprentissage et de
l'apprenant véhicule l'approche par compétences ?
Pour traiter cette question, nous allons en premier
développer les défis que ce changement suppose pour
l'école en général et dans les pratiques des enseignants
en particulier. Ensuite nous tenterons de comprendre le concept de
compétence et de l'approche par compétences ainsi que les
fondements de cette approche. En troisième point, nous
présenterons les conceptions de l'apprentissage, de l'enseignement et du
savoir que cela entraîne chez l'enseignant. En dernier, nous montrerons
quelles conceptions du processus d'apprentissage véhicule l'APC et donc,
quelles conceptions d'apprenant, d'enseignant et du savoir sont
véhiculées par cette pédagogie ?
I/ Défis imposés à l'école et
aux pratiques pédagogiques
Pour Roegiers et De Ketele, l'APC est une contribution
pédagogique que l'école peut adopter afin de
répondre aux défis imposés par l'évolution de la
société. Ces défis peuvent se résumer en trois
points (Roegiers & De Ketele (col), 2000 ; Jonnaert & al. 2006) :
A/ Nécessité d'efficacité interne,
d'efficience et d'équité :
De Ketele pose le problème d'équité comme
un des enjeux majeurs des systèmes éducatifs du XXI siècle
qui est lié de près à l'efficience et à
l'efficacité interne des systèmes éducatifs (Roegiers
& De Ketele (col), 2000).
23
Les questions d'efficacité interne, d'efficience et
d'équité9, sont en relation avec le
coût de l'éducation qui ne cesse d'augmenter. L'échec
scolaire ainsi que l'abandon des élèves coûtent cher au
système éducatif. Leur limitation nécessite une
réflexion sur le système d'évaluation et plus
précisément sur les savoirs indispensables à
maîtriser pour réussir. Le développement de
compétences s'avère une des solutions à cette
réflexion. Les résultats de recherches concernant l'enseignement
primaire et supérieur (Roegiers & De Ketele (col), 2000), ont
montré que l'approche par intégration des acquis, notamment
l'approche par compétences, apporte une plus-value incontestable, tant
en termes d'efficacité interne qu'en termes d'efficacité externe
ou d'équité. Toutefois l'application d'une approche
intégratrice trop exclusive ou trop rapide, sans apprentissages
ponctuels n'améliorerait pas les résultats et encore moins
l'équité (entre ceux qui ont des outils intellectuels et les plus
faibles, ceux qui n'en ont pas) (Roegiers & De Ketele (col), 2000).
B/ Nécessité de répondre
à l'augmentation de la quantité et de l'accessibilité
à l'information:
La quantité d'informations produite par les recherches
scientifiques est en perpétuelle évolution.
L'accessibilité à ces informations, par le biais des
médias et surtout de l'Internet, est aussi en augmentation. De ce fait,
les sources d'information provenant de l'extérieur du cadre scolaire
sont parfois plus importantes que le contenu des programmes d'études
eux-mêmes (Jonnaert & al. 2006).
Jonnaert & al. (2006) parlent de l'apparition d'une autre
« conception des connaissances » et de l'intelligence. Cette
conception de l'intelligence est distribuée entre les artefacts
cognitifs (l'interaction que l'individu établit entre différents
supports de l'information et son activité cognitive) et la cognition
elle-même (Jonnaert & al. 2006). Ceci oblige le monde
éducatif à prendre ses distances par rapport à un
enseignement traditionnel qui ne considère l'apprenant que comme un tout
cognitif. Ce qui complexifie le rapport des enseignants aux connaissances
et aux apprentissages. Les connaissances ne sont plus
9 Les questions d'efficacité interne se
rapportent aux taux de réussite des élèves tout au long de
leur scolarité, et de la qualité de cette réussite.
Les questions d'efficience tentent d'établir le
rapport entre les moyens, humains et financiers, investis et le résultat
obtenu.
Les questions d'équité posent la question de
savoir dans quelle mesure le système éducatif offre les
mêmes chances à tous les élèves.
24
considérées comme des entités
figées et reproductibles sur le modèle des savoirs transmis par
l'enseignant (Jonnaert & al. 2006).
La révolution numérique apporte aussi une
nouvelle contrainte. En plus de la fracture numérique
(déséquilibre à l'accès à l'information) qui
existe entre des catégories socio-économiques différentes,
il y a maintenant une fracture cognitive (déséquilibre dans la
relation au savoir). Ainsi la diffusion généralisée du
savoir, loin de réduire le fossé entre les plus avancés et
les moins avancés, peut contribuer à creuser cet écart
(Bindé 2005 in Jonnaert & al. 2006). Selon Jonnaert, cette
double fracture numérique et cognitive, se présente comme un
défi de taille pour les systèmes éducatifs.
L'école se trouve alors confrontée à deux
grands problèmes : D'un côté, comment et quel savoir
transmettre ? D'un autre côté, quel sens donner à sa
fonction? Ceci a pour conséquence aussi, la perte du sens de la fonction
traditionnelle de l'enseignant qui est la transmission de la connaissance.
C/ Nécessité de donner sens à
l'apprentissage :
La recherche de sens aux apprentissages selon Roegiers &
De Ketele (col) (2000) concerne tout ce qui amène à se demander
pourquoi on fait ce que l'on fait ; à porter un regard critique sur
les raisons d'apprendre ce que l'on apprend et sur les raisons d'apprendre de
la façon dont on apprend. De telles questions sont souvent
posées par les élèves à travers des
phénomènes considérés comme «ascolaires»
: la démotivation, la violence, l'abandon scolaire...
Develay (1996), propose différentes raisons qui
pourraient expliquer « pourquoi les élèves ont-ils du mal
à trouver du sens à l'école ». Ces raisons peuvent
être résumées dans les points suivants :
- Le savoir enseigné à l'école est
déconnecté de son usage opérationnel.
- Le savoir enseigné n'est ni opérateur, ni
analyseur : les élèves apprennent à l'école pour
apprendre et non forcément pour faire ou pour analyser une
réalité avec ce qu'ils savent.
- Le succès scolaire n'est plus un gage de
réussite sociale.
- À l'école, les élèves ne font
qu'enregistrer des informations souvent non problématisées. Ils
n'ont rien à découvrir.
25
- Les méthodes employées, le climat dans lequel
s'inscrivent les apprentissages, ne permettent pas aux élèves de
s'investir affectivement et personnellement dans des situations
d'apprentissage.
Roegiers et De Ketele (col) (2000) de leur côté,
renvoient la réflexion sur le sens à la façon dont
l'école outille l'élève afin de lui permettre d'affronter
et de faire face à une situation nouvelle. Actuellement, avec
l'évolution de la société, la nature des situations
évolue à toute vitesse. On assiste à l'apparition de
nouveaux métiers et de nouvelles professions, avec une complexification
des situations. La demande sociale n'est plus à la
séquentialisation des tâches (Jonnaert 2006). De nouvelles
compétences sont demandées. Les savoirs ponctuels
présentés aux élèves dans l'école, ne leur
permettent plus d'affronter et de raisonner dans des situations complexes
relatives à leur vie quotidienne.
Donner du sens à l'apprentissage revient à
apprendre la complexité, à apprendre un savoir opérateur,
analyseur et problématisé, à apprendre avec des
méthodes et dans un climat permettant un investissement affectif et
effectif de l'apprenant dans son apprentissage. Ces éléments
peuvent être abordés dans le cadre d'une approche par
compétences.
II/ Concept de compétence et approche par
compétences
A/ Compétence et statut de la connaissance :
Le statut de la connaissance (Roegiers & De Ketele (col),
2000) a évolué avec le temps sous l'influence de
différents facteurs, entre autres, les conditions
socio-économiques régnantes et les résultats des
recherches scientifiques surtout en domaine de psychologie cognitive. Cette
évolution a aussi un impact sur l'apprentissage et sur « comment
une personne apprend ». Ceci a eu des répercussions sur le monde de
l'éducation que ce soit au niveau des contenus scolaires
programmés ou au niveau des pédagogies adoptées.
Toutefois, si la conception de connaître et donc de comment apprendre a
évolué, peut-on déduire aussi que cette conception a
évolué dans le même sens chez les acteurs éducatifs
? Ou bien y a-t-il des décalages entre ces évolutions ? Une
question qu'on tentera de vérifier aussi au niveau de cette recherche.
Mais avant, nous allons présenter en premier, l'évolution du
statut de la connaissance jusqu'à l'émergence du concept de la
compétence avant de ne présenter quelques interprétations
qui découlent des définitions de ce concept.
26
1) Evolution du statut de la connaissance
:
Le statut de la connaissance a connu une évolution
à travers le temps et sous la pression de différents facteurs.
Cette évolution avait des influences sur les programmes scolaires et
donc sur l'enseignement. Nous allons présenter dans ce qui suit les
quatre grands mouvements qui ont influencé cette évolution, en se
basant sur les travaux de Roegiers & De Ketele (col), (2000).
a) Premier mouvement :
Le terme connaître correspondait, jadis, à la
connaissance des textes fondateurs de la civilisation et de leurs commentaires.
Les programmes contenaient les grands auteurs avec leurs productions qu'il
fallait étudier et transmettre au cours du processus scolaire. La
philosophie était la discipline la plus dominante.
b) Deuxième mouvement :
Au début du XXème siècle, par le
développement de dispositifs d'observation provoquée, on commence
à s'intéresser dans les programmes scolaires au
développement de « l'esprit scientifique ». Les deux guerres
mondiales ont contribué au développement de la science et au
besoin de la transmission des résultats de recherches afin de former des
chercheurs de plus en plus pointus dans leur recherche, des ingénieurs
capables d'utiliser les découvertes et des praticiens plus
performants.
Connaître dans ce cadre, correspondait à
l'assimilation des découvertes scientifiques et techniques. De ce fait,
les programmes scolaires correspondaient à un moment donné,
à des inventaires de connaissances à transmettre. Les disciplines
scientifiques surtout les mathématiques ont pris le dessus par rapport
à la philosophie et aux langues.
c) Troisième mouvement :
Le monde en devenant de plus en plus industrialisé, a
permis à deux courants de prendre plus de l'ampleur : le
taylorisme (cherchait à introduire plus de
rationalité et de rationalisation dans la gestion des processus de
fabrication en vue d'une production rapide et avec moins de défauts,
dans l'optique d'une plus grande rentabilité) et le
béhaviorisme (issu de la transposition de la
démarche des sciences dures aux sciences humaines, il était
également à la recherche d'une démarche plus rationnelle,
basée sur l'observable, à savoir ce
27
qui est de l'ordre du comportement et non de l'intention
ou de l'ordre des processus inscrits dans la boîte noire (le cerveau
de l'apprenant). Ces deux mouvements, afin de réduire la
complexité, tentent de découper les objets d'études en
éléments plus simples et en séquences plus courtes
observables, où chaque élément de départ ou
stimulus est associé ou suivi d'un effet produit ou réponse...
Ces mouvements ont inspiré le monde de
l'éducation à travers la pédagogie par objectifs et la
pédagogie de maîtrise de Bloom. Selon ce pédagogue, on peut
enseigner n'importe quoi à n'importe qui (sauf les handicapés
mentaux) si on s'y prend bien (Roegiers & De Ketele (col), 2000). L'objet
de l'enseignement est de découper les connaissances en objectifs
suffisamment précis et hiérarchisés et s'assurer que les
objectifs prérequis soient réellement maîtrisés et
suffisamment stabilisés, avant de passer à un apprentissage
nouveau.
Ces mouvements ont eu pour conséquence une vague de
réforme des programmes durant les années 70 et 80. Les programmes
ne sont plus réfléchis en terme de contenus mais en termes de
capacité à exercer sur un contenu, ce qu'on
désire apprendre à faire sur ce contenu. Pour chaque
discipline, des objectifs généraux ont été
élaborés. Chaque objectif général était
décomposé en objectifs intermédiaires, puis en objectifs
spécifiques. Ces derniers sont à leur tour subdivisés en
objectifs opérationnels tout en précisant les conditions de
réalisation et les critères de maîtrise. Des questions
d'évaluations sont élaborées pour chaque objectif
opérationnel.
Connaître dans cette perspective correspondait à
la démonstration de la maîtrise d'objectifs traduits en
comportement observables.
d) Quatrième mouvement :
Dans ce quatrième mouvement, « connaître
» a changé de sens pour se diriger vers la démonstration de
la compétence. Cela peut être expliqué par les processus de
mondialisation, de globalisation, d'économie de marché, de
compétitivité croissante...qui ont poussé les entreprises
à créer leur propre service de formation continue afin de rendre
les personnes recrutées performantes dans l'accomplissement de leurs
tâches et dans la résolution des problèmes qu'elles peuvent
rencontrer. Ceci a entraîné la naissance du concept de
référentiel de compétence des métiers. Ces
référentiels, surtout pour les métiers de haut niveau,
exigeaient des compétences transversales et génériques,
s'exerçant sur des situations très diverses (recherche
d'information, interprétation de problème...). Des
28
compétences que normalement l'école devrait
développer chez ses élèves. (Roegiers & De Ketele
(col), 2000)
Par ailleurs, des travaux réalisés par des
organismes internationaux (UNESCO, Banque Mondiale, UNICEF, PNUD...) ont
montré la nécessité de viser, par les systèmes
éducatifs, un rendement qualitatif en plus de celui quantitatif
existant. Ceci a entraîné la naissance de l'idée de
développer un curriculum basé sur l'apprentissage d'un ensemble
de compétences de base liées à la vie citoyenne,
nécessaire pour permettre à toute personne de vivre dans une
société caractérisée par un «
développement durable » (p. 35).
Plusieurs pays ont développé alors de tels
curriculums avec des appellations différentes : « basic skills
» ou « basic competencies » dans les pays anglo-saxons ; «
compétences socles » et « objectifs d'intégration
» successivement dans l'enseignement secondaire et primaire belge ; «
objectifs noyaux » dans l'enseignement suisse ; « compétences
minimales » dans certains secteurs de l'enseignement français
primaire ; « compétences par cycles » dans l'enseignement
primaire français ; « compétences de base » dans
plusieurs pays africains ;...(Roegiers & De Ketele (col), 2000).
2) Concept de compétence :
Le concept de compétence a connu une évolution
dans le temps et dans différents domaines (juridique, linguistique,
industriel...). C'est un concept issu du monde de l'entreprise et qui a
été développé dans le domaine pédagogique
dans le but d'articuler au mieux les savoirs enseignés à
l'école, et leur application dans le monde extérieur.
Dans la littérature scientifique, différentes
définitions sont avancées, avec des prises de positions parfois
divergentes (Jonnaert 2006). Tantôt ce concept désigne un
point d'arrivée marqué par un niveau de haute performance,
tantôt un processus dont le déroulement est ponctué par des
bilans d'évaluation. Les auteurs sont loin de s'entendre sur la
définition de ce concept -clé (Boutin, 2004).
Roegiers & De Ketele (col), (2000) nous font remarquer que
la confusion faite entre « performance » et « compétence
» donne une image négative de cette dernière. La
performance, selon toujours ces auteurs, relève du lieu de
production de la tâche (...). Elle désigne souvent un niveau
d'atteinte d'objectifs professionnels en regard d'une obligation de
résultats. La compétence relève du milieu de
formation (...). Elle se mesure en terme de potentiel à accomplir des
tâches données (scolaires ou professionnelles). Elle
complète
29
d'autres compétences que possède la même
personne. De ce fait elle ne fait mesurer l'individu qu'à lui-même
et non par rapport à d'autres personnes.
a) Quelques définitions :
Nous présenterons dans ce qui suit, en premier, les
définitions de certains auteurs les plus rencontrés dans les
écrits pédagogiques marocains, en second, les quelques
interprétations qui découlent des définitions du concept
de compétence.
Selon Le Boterf (1995), la
compétence correspond à « un savoir agir,
c'est-à-dire un savoir intégrer, mobiliser et transférer
un ensemble de ressources (connaissances, savoirs, aptitudes, raisonnements...)
dans un contexte donné pour faire face aux différents
problèmes rencontrés ou pour réaliser une
tâche».
Pour De Ketele (1996) elle est un
ensemble ordonné de capacités (activités) qui s'exercent
sur des contenus dans une catégorie donnée de situations pour
résoudre des problèmes posés par celles-ci.
»
Perrenoud (1999), voit dans la
compétence une capacité d'action efficace face à une
famille de situations, qu'on arrive à maîtriser parce qu'on
dispose à la fois des connaissances nécessaires et de la
capacité de les mobiliser à bon escient, en temps opportun, pour
identifier et résoudre de vrais problèmes ».
Les savoirs, en tant que ressources, donnent
rarement la solution, ils permettent de poser le problème, d'envisager
des hypothèses, d'imaginer ce qui va se passer, de décider «
en connaissance de cause ». Donc les connaissances aident à penser,
à peser le pour et le contre, mais à certains moments, il faut
s'avancer en faisant aussi confiance à l'intuition, en prenant certains
risques. Pour en être capable, il ne suffit pas d'accumuler les
ressources mais il faut prendre du temps pour exercer leur
mobilisation.
L'acteur aux prises avec une situation complexe va
utiliser différentes ressources, les orchestrer et souvent aller
au-delà.
Pour Roegiers & De Ketele (col), (2000)
la compétence est définie comme « la
possibilité, pour un individu, de mobiliser de manière
intériorisée un ensemble intégré de ressources en
vue de résoudre une famille de situations problèmes.
»p.66
Selon Jonnaert & al. (2004,
2005): La compétence est la mise en oeuvre par une personne
en situation, dans un contexte déterminé, d'un ensemble
diversifié, mais coordonné de
30
ressources (internes et externes10). Cette mise
en oeuvre repose sur le choix, la mobilisation et l'organisation de ces
ressources et sur les actions pertinentes qu'elles permettent pour un
traitement réussi de cette situation.
Toutes ces définitions montrent un point en commun
concernant les éléments suivants : - la compétence ne se
développe qu'en situation et dans un contexte donné ;
- elle fait intervenir différentes ressources ;
- elle est finalisée : la mobilisation se fait dans le
but de résoudre des problèmes après les avoir
identifiés ou pour traiter des situations.
Les ressources et les situations constituent apparemment les
éléments variables du concept de compétence. De quelles
ressources et de quelles situations s'agit-il exactement ? Selon
l'interprétation donnée à chacun de ces
éléments, l'application de la définition en pratique
pourrait changer.
Jonnaert et ses collaborateurs ont analysé les
principales conceptions de la notion de compétence
véhiculée par des champs disciplinaires utilisant
fréquemment ce concept. Ces champs sont rassemblés dans trois
catégories :
- catégorie A : didactique / pédagogie /
curriculum
- catégorie B : sociologie / psychologie du travail /
psychologie cognitive
- catégorie C : ergonomie / didactique professionnelle
La conception de compétence dégagée de
l'analyse de la catégorie C est la conception la plus claire et la plus
homogène. Selon cette catégorie, la compétence ne peut
être la simple description d'une action ou d'un comportement attendus,
elle est plus que cela. Elle correspond alors à une structure dynamique
organisatrice de l'activité, qui permet à la personne de
s'adapter à une classe de situations, à partir de son
expérience, de son activité et de sa pratique. Jonnaert
pense qu'il existe « un flou épistémologique » qui
entoure les propos de la catégorie A et qui rend l'utilisation de la
compétence aléatoire. Pour la catégorie B, le fait que
leurs propos sont limités à des finalités restreintes, ils
n'en permettent pas aussi l'utilisation de ce concept. (p.16)
10 Jonnaert parle de ressources internes
qui sont d'ordre cognitif (connaissances), d'ordre conatif
(motivation) ou d'ordre corporel (comportement), et ressources
externes, qui sont d'ordre social, d'ordre spatial et temporel ou
d'ordre matériel (documents..).
31
b) Quelques interprétations du concept de
compétence:
Le sens donné au mot compétence(s),
d'après Boutin (2004), varie selon qu'il est employé par les
tenants de telle ou telle école de pensée. Il peut se faire dans
le cadre d'une perspective comportementaliste ou dans celui d'une perspective
constructiviste ou socioconstructiviste. Selon Boutin, les béhavioristes
utilisent le mot compétence pour désigner des comportements
observables et mesurables qui adviennent à la suite d'un apprentissage
donné, alors que pour les constructivistes, ils l'utilisent pour
illustrer une construction de capacités qui proviennent d'une
interaction entre individus engagés dans une démarche
commune.
Les cadres de références de ces écoles de
pensée sont différents et incompatibles. Ils conçoivent la
connaissance et le « comment se fait l'apprentissage » de
façon différente. Cela peut expliquer en partie
l'ambiguïté du concept quand il s'agit de l'appliquer par
différents acteurs éducatifs. Selon Boutin, malgré le fait
que le concept de compétence a été défini par
plusieurs auteurs, son opérationnalisation dans le domaine de
l'éducation reste encore flou (Boudin 2004) et même difficile. De
ce fait, Jonnaert & al. (2006) insistent sur l'importance d'une
clarification épistémologique quand il s'agit de
l'utilisation du concept de compétence. Chose qui est absente dans
plusieurs réformes curriculaire, y compris celle du Maroc.
Dans ce sens, Roegiers nous fait remarquer que même si
les curriculums adoptés par les différents pays qui se sont
engagés ces dernières années dans des réformes
curriculaire, portent tous le nom de « curriculum en termes de
compétences », ces curriculums désignent souvent des
réalités différentes. Les choix pédagogiques qui
les sous-tendent sont parfois radicalement opposés, mais toujours sous
un même vocable de « compétence » (Rogiers, 2004).
Les pratiques pédagogiques induites par ces curriculums ont
différentes orientations soit constructiviste
(Jonnaert 2002), intégratif (De
Ketele, 1996 ; Perrenoud, 1997 ; Rogiers, 2000, 2003 ; Rey, 2000),
néo-béhavioriste (dans le monde anglosaxon),
interdisciplinaire (Lenoir et Sauvé 1998 ; Maingain,
Dufour et Fourez, 2002) ou autres. Les changements qui en
découlent se déclinent de façon différente selon la
façon dont est comprise la notion de compétence qui fonde ces
curriculums (Roegiers 2004).
Ces confusions existantes dans la compréhension et
l'utilisation du concept de compétences, surtout au niveau de
l'élaboration des programmes scolaires, peuvent être dues, selon
Jonnaert & al. (2006), au fait qu'il existe au niveau de la
littérature pédagogique,
32
un important corpus théorique et empirique en relation
avec la pédagogie par objectifs, avec de nombreuses recherches
construisant et appuyant les outils et les méthodes utilisés par
cette pédagogie dans l'élaboration des curriculums. Et c'est avec
ce cadre de référence riche, que certains experts
conçoivent les nouveaux curriculums par compétences.
Par ailleurs, ce manque de clarification que connaissent le
concept de compétence et les différents entendements qu'il fait
véhiculer est expliqué par une carence dans le cadre
théorique (Belisle et Linard, in Boutin 2004) et même par
l'absence d'un cadre de référence clairement établi.
Plus précisément par l'absence d'une théorie des
compétences permettant de faire la nuance entre les
différentes facettes du concept tout en montrant comment elles
s'articulent entre elles (Jonnaert & al. 2004 ; 2005). Les deux
modèles (béhaviorisme et cognitivisme) utilisés
actuellement comme cadre de référence au concept de
compétence et à l'approche par compétences sont
insuffisants d'après Belisle et Linard (in Boutin 2004), pour
prendre en compte un niveau de fonctionnement cognitif réflexif et
synthétique nécessaire à la mise en oeuvre de
véritables compétences. Un cadre théorique reste
à développer pour l'approche par compétences.
Perrenoud (1999) explique les choses autrement. Pour lui, la
compétence est un nouveau mot-clé, créer pour nous donner
l'impression qu'il y a un enjeu et un nouveau défi. Si le langage
est nouveau, l'approche par compétences répond à un vrai
et ancien problème de l'école. Ce problème est en
relation avec la mobilisation du savoir scolaire à l'extérieur de
l'école. Actuellement, l'école veut s'en occuper dès la
scolarité de base car on estime que tous ont besoin de savoirs et de
compétences.
B/ Approche par compétences et ses fondements
théoriques
1) Approche par compétences
De Ketele parle d'une multitude de conceptions d'APC, dont
deux sont dominantes (De Ketele 2006). Ces deux conceptions ne sont pas
contradictoires mais visent des priorités différentes. Elles sont
classifiées selon le profil de l'enseignant et celui de
l'élève (De Ketele, 19/9/05). Nous présenterons dans ce
qui suit les deux conceptions, tout en s'attardant sur la deuxième,
étant donné qu'elle correspond à celle adoptée dans
le cadre de notre réforme curriculaire.
33
La première conception de l'APC se base sur le
développement de compétences transversales. Elle
s'adresse à des élèves qui n'ont pas de problèmes
dans les acquis de base. Elle consiste à :
(1) réorienter les apprentissages en les rendant
plus actifs : au lieu d'être soumis à des apprentissages
magistraux, les élèves sont invités à
résoudre des situations problèmes. Les apprentissages sont
basés sur les méthodes actives ;
(2) prendre en compte les compétences de vie dans
les apprentissages et dans la vie de la classe ;
(3) promouvoir l'interdisciplinarité.
Ses limites peuvent être résumées en :
- une exigence d'enseignants et d'encadrants qualifiés
et performants ;
- une exigence d'un environnement favorable et des conditions de
mise en oeuvre adéquates ;
- une difficulté dans l'évaluation des
compétences acquises par les élèves, et donc absence de
remédiation de façon efficace aux difficultés des
élèves les plus faibles.
La deuxième conception, appelée aussi
pédagogie d'intégration [(De Ketele, 1996 ; Roegiers, 2000, 2003,
2004) in De Ketele, 2006], vise le développement de compétences
de base. Elle vise, prioritairement, le développement de
compétences qui vont permettre aux élèves de
s'insérer dans le tissu économique (De Ketele 2006). Elle est
basée sur l'apprentissage et surtout sur la gestion de la
complexité dès les premiers niveaux de l'école. Cette
complexité est faite :
(1) des acquis scolaires : les savoirs, les savoir-faire,
les savoir-être ;
(2) des situations de la vie courante, des contextes que
l'élève sera appelé à rencontrer ;
(3) des compétences de vie qu'il sera appelé
à mobiliser pour résoudre les situations.
L'APC selon cette deuxième conception a
été expérimentée dans certains systèmes
éducatifs africains. Elle permet à l'enseignant d'évoluer
progressivement dans ses pratiques pédagogiques. Selon Roegiers, des
semaines consacrées à l'apprentissage ponctuel des ressources
(savoir, savoir faire et savoir être) même par le biais de
méthodes traditionnelles vont être entrecoupées par
quelques semaines d'intégration. Durant ces dernières,
34
l'enseignant propose des situations complexes afin que les
élèves utilisent ce qu'ils ont appris.
Perrenoud, dans un entretien sur « la construction des
compétences » met en évidence l'importance d'accorder du
temps à des mises en situation afin de développer des
compétences. On ne peut prétendre développer des
compétences sans accorder du temps à des mises en situations. Il
ne suffit pas d'ajouter une « situation de transfert » à la
fin de chaque chapitre d'un cours conventionnel ».
Dans ce sens, nous nous demandons jusqu'à quel
degré peut-on parler d'un apprentissage de ressources après les
premières semaines ? Aussi l'adoption de cette approche par
compétences de base consiste-t-elle seulement en une application de
certaines règles et stratégies ou nécessite-t-elle en plus
un changement de conceptions et de représentations des acteurs
éducatifs vis-à-vis de l'apprentissage et de l'enseignement?
Quel que soit la conception de l'APC adoptée, les
rapports des enseignants à leur travail sont sujets aux changements. Ces
rapports sont en relation avec leurs représentations vis-à-vis du
savoir et du comment apprendre et aussi vis-à-vis du concept de
compétence. Quelles représentations à propos de
l'apprentissage transmet l'approche par compétences ? Quelles
représentations concernant le terme de compétences
développent ces acteurs ?
2) Fondements théoriques de l'APC :
Recherches en psychologie cognitive
Depuis l'antiquité jusqu'à nos jours,
différentes conceptions d'apprentissage ont été
adoptées et développées par des théories
d'apprentissage qui ont évolué en fonction du temps et en
fonction des courants socio-économiques prédominants.
Différents modèles11 d'apprentissage, avec des points
de vue particuliers et des méthodes d'investigation spécifiques,
ont été développés. Des modèles qui
expliquent l'apprentissage par l'influence des facteurs externes issus
principalement du milieu environnant et d'autres qui l'expliquent par le biais
de facteurs internes à l'individu avec ou sans l'influence de
l'environnement.
11 « En sciences humaines, la connaissance que l'on a des
phénomènes n'a pas la valeur universelle qui caractérise
les sciences exactes. Tout fait même démontré à
travers des méthodes d'investigation rigoureuse n'a de sens qu'à
travers l'interprétation qu'il recevra à l'intérieur d'un
système structuré de connaissances que l'on désigne
habituellement par le terme modèle »
http://ute.umh.ac.be/dutice/uv6a/module6a-i.htm
.
35
Selon Boutin (2004), même si le courant de l'approche
par compétences, est issu à son origine du Taylorisme et de
l'organisation du travail, en se basant sur une école d'inspiration
comportementaliste, il a établi des liens très étroits,
surtout dans le domaine de l'école, avec le constructivisme et le
socioconstructivisme qui se réfèrent à une école
fondée sur le développement cognitif de l'individu.
Nous présenterons, dans ce qui suit un aperçu
sur les principaux modèles de cette dernière école qui
encadrent les pratiques pédagogiques au sein de la classe.
a) Modèle Piagétien -
Constructivisme
Le noyau du modèle Piagétien correspond à
l'interaction du sujet avec son environnement. L'enfant agit sur
l'environnement et réagit aux stimulations de l'environnement.
C'est cette réaction qui permet son développement.
Le développement cognitif du sujet est un processus
par bonds successifs qui réalise l'équilibre entre l'assimilation
(intégration des stimuli nouveaux aux schèmes existants) et
l'accommodation (émergence de nouveaux schèmes face à la
difficulté d'utiliser à bon escient ou économiquement les
schèmes existants). (Roegiers & De Ketele (col) 2000 ; p.36) Le
modèle Piagétien est un modèle de construction
individuelle et interne des connaissances grâce à l'action de
l'individu sur les objets et à ses interactions avec le milieu. Ces
interactions sont la source d'un déséquilibre de la
pensée, quand il n'y a pas d'explication disponible. Une construction de
nouveaux schèmes permet ainsi de parvenir à une
rééquilibration majorante. Toutefois cette construction
ne peut intervenir que s'il y a un certain niveau de développement
correspondant à la situation à laquelle le sujet est
confronté. Pour Piaget, l'apprentissage est le « fruit »
du développement, conçu sur le mode biologique d'une maturation
progressive des structures cognitives. (Asensio & Astolfi
& Develay, p.106)
La conception de l'enseignement se résume en une
facilitation du processus de la construction du savoir par chaque enfant, tout
en tenant compte de son niveau de développement.
b) 36
Modèle néo-constructiviste12
:
Ce modèle se base sur les principes de base du
constructivisme tout en proposant le concept de conflit sociocognitif comme
base du développement et de l'apprentissage au lieu du seul conflit
cognitif interne à l'individu (quand les schèmes existants
rentrent en conflits avec le milieu et des schèmes alternatifs rentrent
en compétition). Il met en évidence l'importance de la
confrontation avec des pairs dans la construction de la connaissance. La
théorie du conflit sociocognitif repose sur l'idée que l'effet
structurant du conflit cognitif s'accroît s'il s'accompagne d'un conflit
social. (Roegiers & De Ketele (col.), 2000, p. 37)
c) Modèle de Vygotsky
Ce modèle se base sur les deux
précédents. En outre, il met en avant, le rôle de l'adulte
dans l'apprentissage et le développement de l'enfant, plus
précisément l'action de l'enseignant pour stimuler le
développement intellectuel de l'élève. Pour Vygotsky,
c'est en provoquant l'apprentissage de façon sociale
(l'école), qu'on stimule le mieux un développement qui n'a rien
de naturel ni de spontané. (Asensio & Astolfi &
Develay, p.106).
L'idée de son modèle consiste au fait que
les processus de développement interne du sujet ne sont, à
certains moments, accessibles à l'enfant que dans le cadre d'une
communication avec l'adulte ou avec les pairs. (Rogiers & De Ketele
(col.), 2000, p. 38). Deux moments clés dans le processus
d'apprentissage existent :
- phase de médiation : l'adulte intervient pour
enclencher un processus que l'élève ne peut faire seul, mais dans
les limites de la zone proximale de développement (ZPD)13.
Cette activité de médiation de l'adulte permet à l'enfant
de fonctionner, dans un cadre collectif, au-delà de ce qu'il serait
capable de produire seul. C'est ce que Vygotsky appelle la fonction
inter-psychique.
- phase d'intériorisation : l'élève en
fonctionnant seul avec ses apprentissages, il intériorise ses acquis et
permet ainsi la stabilisation de ce qu'il a réussi en collaboration.
C'est, selon Vygotsky la fonction intra-psychique.
12 Perret-Clement, 1980 , Doise et Mugny (1981)
13 ZPD correspond à la différence entre
ce que peut faire et réussir l'enfant seul (la réussite
solitaire) et sa plus grande capacité qu'il montre en coopération
avec les autres (la réussite collaborative) (Astolfi p.92).
37
d) Modèles
cognitivistes14:
Les recherches de psychologie cognitive ont
évolué. Elles se sont intéressées au début
aux problèmes de la mémoire en faisant la distinction entre
mémoire courte ou mémoire de travail et mémoire longue ou
mémoire de stockage. La cognition correspond à
l'activité de mémorisation en terme de processus de codage de
l'information et de récupération de l'information codée en
mémoire (Rogiers & De Ketele (col.), 2000, p.39). Par la suite,
l'étude de l'apprentissage a été conçue comme
des activités de traitement de l'information (prise
d'information, interprétation, inférence, prise de
décision, résolution de problème, prise de conscience des
démarches, contrôle et régulation (métacognition)
et non pas comme des associations entre des stimuli présentés
et des réponses observables. Cependant les apports de cette
démarche ne sont pas encore unifiés à cause de la
polysémie des concepts utilisés (plusieurs concepts sont
utilisés pour désigner des phénomènes semblables),
et de la diversité des approches adoptées (expérimentale,
qualitative difficilement contrôlables).
Les dernières recherches en psychologie cognitive
montrent que les processus métacognitifs peuvent avoir un impact
positif dans les premières phases de l'apprentissage, mais qui se
réduisent cependant progressivement avec la stabilisation des
connaissances et leur automatisation (Roegiers & De Ketele (col.),
2000). Ces processus métacognitifs semblent être actuellement des
éléments intéressants et même des
éléments clés dans les processus de l'enseignement et de
l'apprentissage.
Conclusion :
L'analyse des fondements de l'approche par compétence
montre que la conception d'apprentissage véhiculée par cette
approche est le résultat de l'évolution des recherches
scientifiques en relation avec les théories d'apprentissage, sous les
contraintes et opportunités du contexte liées au
développement socioéconomique.
La conception d'apprentissage ainsi véhiculée
appartient aux courants constructivistes, socioconstructivistes qui sont en
étroite relation avec le courant cognitiviste. Elle consiste à un
processus d'acquisition de connaissances qui prend en considération
l'activité de l'apprenant. Celui-ci devient le responsable de la
construction de ses connaissances et acteur dans son apprentissage,
contrairement aux anciennes approches
14 Les modèles de Piaget et de Vygotsky peuvent
être considérés aussi comme des modèles
cognitivistes.
38
(approches par contenus ou l'approche par objectifs) où
l'apprentissage est considéré comme le résultat de
l'enseignement.
39
Chapitre III
Changement et approche par
compétences
L'adoption et le travail dans le cadre de l'approche par
compétences nécessitent des changements au niveau de la
conception de l'apprentissage et de l'enseignement, mais aussi des changements
dans la conception du métier d'enseignant. Dans ce qui suit nous allons
essayer de développer les paradigmes d'enseignement et d'apprentissage
qui sous-tendent l'APC.
Nous présenterons en premier, le paradigme. En second,
la nécessité de changer le métier d'enseignant en
profession d'enseignant, étant donné le changement que doit
connaître l'exercice du métier d'enseignant.
I/ Paradigme d'enseignement vs paradigme
d'apprentissage : Nécessité de changements dans les
représentations d'apprentissage et d'enseignement chez les
enseignants
La conception de l'apprentissage véhiculée par
l'APC, nécessite des changements dans la conception qu'ont l'apprenant
et l'enseignant du savoir. Selon Barth (2005), la conception que l'on a sur le
savoir guide l'acte pédagogique. On ne peut dissocier la
compétence du savoir. Leur relation est importante. Les concepts
constituant le savoir sont à considérer comme des outils de
pensée qu'on doit rendre fonctionnels et utiles dans des contextes
différents et non des entités à transmettre comme telles.
De ce fait la façon dont on apprend devient aussi utile que ce qu'on
apprend.
L'enseignement dans ce cas, s'occuperait plus de la
création de conditions favorables permettant à l'apprenant de
construire et de développer ses connaissances. Alors que le savoir
codé correspondant au contenu des programmes mis à la disposition
du développement de compétences chez les apprenants, devient une
ressource pour l'apprentissage.
Dans ce sens, Perrenoud parle d'un changement du rapport de
l'enseignant au savoir et à l'apprenant. On ne peut aller dans le
sens des compétences, sans travailler sur des situations complexes. Le
professeur est invité à perdre un peu de son aisance à
exposer des
40
connaissances, pour s'aventurer dans un domaine où
il devient plus formateur qu'enseignant, plus organisateur de situations que
dispensateurde savoirs (Perrenoud, 1999).
Ce changement de conceptions que ce soit de l'apprentissage ou
vis-à-vis du savoir, doit être vu, d'après Tardif (2001)
dans le cadre d'un changement de paradigme. Il s'agit de passer d'un paradigme
d'enseignement à celui d'apprentissage.
Qu'est ce qu'on entend par paradigme ? Quelles
différences y a-t-il entre paradigme d'enseignement et celui
d'apprentissage ? Et quels modèles de référence du
métier d'enseignant et de l'activité pédagogique encadre
chaque paradigme ? Nous allons essayer d'approcher ces questions afin de mieux
comprendre le changement préconisé par la réforme.
A/ Paradigme
Un paradigme, selon le dictionnaire actuel de
l'éducation (Legendre, 1993), correspond à un ensemble
d'énoncés ayant fonction de prémisses, présentant
une vision globale d'un domaine, facilitant la communication et
l'évolution, situant l'étude des phénomènes
concernés, guidant l'élaboration des théories et
suggérant les pratiques appropriées. Pour Tardif (2001), le
paradigme, non seulement suggère des pratiques mais il fournit aussi
une grille de lecture et de compréhension. De plus il favorise des
questions et des réponses différentiées étant
donné qu'il constitue un filtre conceptuel. Il oriente voire
façonne les représentations.
Un changement de paradigme réclame une mutation dans
les pensées, les perceptions et les valeurs (Legendre 1993). Toutefois,
il ne nie pas nécessairement toutes les composantes
privilégiées par un autre paradigme. Les mêmes composantes
sont souvent reprises mais dans l'optique d'autres théories et d'autres
modèles. C'est le cas des deux paradigmes d'enseignement et
d'apprentissage qui encadrent l'approche par contenus, par objectifs ou par
compétences tout en s'intéressant à l'enseignement et
à l'apprentissage.
B/ Différences entre paradigme d'enseignement et
celui d'apprentissage :
1) Différences au niveau des concepts
:
Le paradigme traditionnel appelé aussi d'enseignement
utilise selon Astolfi (2003), des termes qui fonctionnent sur le mode de
l'évidence et qui sont utilisés par évidence du
bon sens que ce soit par les acteurs éducatifs ou par autres
personnes, pour décrire et
41
expliquer ce qui se passe à l'école et à
la classe. Pour ces mêmes objectifs (décrire et expliquer ce qui
se passe à l'école et en classe...), le paradigme d'apprentissage
exploite autres concepts qui correspondent au vocabulaire actuel des
sciences de l'éducation, qui est plus conforme aux données de la
psychologie cognitive, de la didactique et de l'épistémologie.
Ces différents concepts sont résumés dans le tableau
suivant :
|
Paradigme d'enseignement
|
Paradigme d'apprentissage
|
|
Transmission
|
Construction
|
|
Instruction
|
Formation
|
|
Maître
|
Médiateur
|
|
Elève
|
Apprenant
|
Termes / concepts adoptés
|
Programme
|
Curriculum
|
|
Leçon
|
Dispositif
|
|
Notion
|
Concept
|
|
Mémoire
|
Cognition
|
|
Connaissance
|
Compétence
|
|
Contrôle
|
Évaluation
|
Les concepts du paradigme d'apprentissage, sont plus
utilisés actuellement dans le langage scolaire pour remplacer ceux du
paradigme traditionnel. Cependant, comme Astolfi l'a démontré
dans son article « le métier d'enseignant entre deux figures
professionnelles », l'utilisation de ces nouveaux concepts, ne correspond
pas seulement à un changement lexical superficiel mais à un
renouvellement des conceptions de l'apprendre, dégagé par les
recherches en éducation, mais qui n'est pas encore en phase avec les
représentations que se font les acteurs (p. 24). Ces nouveaux
concepts, les « nouveaux mots de l'apprendre »,
reflètent surtout une mutation professionnelle qui se cherche encore
(Astolfi, 2003).
2) Différences au niveau du processus
d'apprentissage et de l'enseignement :
Le paradigme traditionnel, appelé d'enseignement est
basé sur des conceptions d'apprentissage et d'enseignement
différentes de celle du paradigme d'apprentissage. Le tableau ci-dessous
présente une comparaison entre les conceptions de chaque paradigme sur
la base de différents travaux de Tardif.
42
Critères de comparaison
|
Paradigme d'enseignement
|
Paradigme
d'apprentissage
|
Conception de l'apprentissage
|
Savoir = connaissances
Accumulation des connaissances et associations les unes aux
autres Mémorisation
|
Savoir vs. Connaissances
Transformations de l'information et du savoir en connaissances
Construction des connaissances et leur intégration dans un schéma
cognitif
|
Conception de l'enseignement
|
Activités élaborées à partir du
savoir
Activités sous forme d'exercices Enseignement et
transmission des connaissances d'une façon cumulative
Relation «enseignant-apprenant» verticale
Évaluation de la quantité d'informations mises en
tête et rarement de la quantité de connaissances acquises
Statut de l'erreur : c'est une faute à laquelle on
remédie par la répétition et par la sanction
|
Activités élaborées à partir des
besoins des apprenants
Activités sous forme de situations problèmes, de
projets, de recherches...
Enseignement de relations et des liens de la structuration des
connaissances
Relation d'interactivité entre enseignant apprenant et
entre apprenants entre aux
Évaluation de la trajectoire du développement de
compétences et de leur transférabilité dans d'autres
contextes
Statut de l'erreur : constructive qu'on remédie par le
travail contre les obstacles
|
Conception du rôle de l'enseignant
|
Transmetteur de connaissances Expert du savoir
Se préoccupe de l'acquisition des connaissances
(responsable de cette acquisition)
Développe une culture d'autonomie individuelle
|
Médiateur du savoir, créateur de situations de
construction de connaissances Se préoccupe du développement de
compétences Développe une culture d'interdépendance
professionnelle
|
Conception du rôle de l'apprenant
|
Réception de la connaissance Passif dans son
apprentissage
|
Apprenant au centre de l'action éducative
Construction de sa connaissance Actif et acteur dans son
apprentissage
|
Ces différentes conceptions, que ce soit de
l'enseignement, de l'apprentissage ou du rôle de l'enseignant ou de
l'apprenant, sont dépendantes entre elles. Elles sont soutenues et
expliquées dans le cadre de paradigme accepté socialement. Elles
peuvent même refléter des modèles sur la fonction de
l'enseignant et sur les pratiques d'enseignement et d'apprentissage.
43
3) Différences au niveau des modèles
d'enseignement :
Les différences enregistrées entre paradigme
d'enseignement et celui d'apprentissage, concernant les conceptions de ce que
c'est apprendre et comment apprendre, peuvent être
présentées au sein de modèles didactiques. Ces
modèles permettront de structurer et d'expliciter les conceptions
précitées.
a) Modèle transmissif :
Pour ce modèle, le savoir est acquis par simple
transmission de la connaissance. La capacité d'apprendre est
considérée comme simple mécanique d'enregistrement par un
cerveau « vierge », disponible à enregistrer. Cette conception
d'apprentissage se réfère à la théorie des
empiristes. Ces derniers pensent que la connaissance humaine est le fruit
direct ou indirect de l'expérience et que le cerveau est « une
tabula rasa » (tableau vierge). Il suffit de bien présenter et
exposer le savoir pour qu'il soit acquis par l'apprenant. Ceci suppose que le
message présenté par celui qui détient le savoir est
attendu par l'apprenant. Aussi l'apprenant et l'enseignant, ont-ils le
même type de questions, le même cadre de référence et
la même façon de raisonner (Giordan in Asensio & Astolfi &
Develay, 2002).
Ce modèle, selon Giordan, a obtenu un
quasi-monopole à l'école, à l'université et dans
toutes les formes de médiation. Il est adopté sous forme de
méthodes « magistrales », « frontales », afin de
faire passer le maximum d'information en peu de temps.
Dans ce modèle la relation enseignant - apprenant est
unidirectionnelle. Le savoir est transmis de celui qui le détient vers
celui qui l'ignore. Celui-ci est appelé à assimiler le savoir
transmis. Toute erreur correspond à une « faute », qu'il faut
éliminer. La sanction est utilisée parce que l'apprenant est
considéré comme le seul responsable de cette erreur.
b) Modèle béhavioriste
Pour ce modèle, le savoir est acquis à l'aide de
stimuli répétés poursuivis d'un renforcement positif
(récompenses) ou négatif (punitions). L'apprentissage est
considéré comme le résultat d'un conditionnement
permettant le développement de comportement adéquat.
Ce modèle se base sur la psychologie
béhavioriste qui se réfère à la théorie des
empiristes. Le béhaviorisme considère le cerveau comme une «
boîte noire », à laquelle on
44
ne peut accéder. Cependant, elle peut être
influencée de l'extérieur par des stimuli, qui engendrent des
réponses sous forme de comportements observables. L'apprentissage
correspond donc à un processus de type stimulus-réponse et il est
le résultat de l'influence de l'environnement.
Ce modèle a été adopté au niveau
de l'école depuis les années cinquante. Toutefois, on lui
reproche de ne pas prendre en considération les états internes de
l'apprenant, ses croyances, ses intentions, ses conceptions... L'apprenant,
même s'il est le centre de l'action éducatif, est
considéré passif comme pour le cas du premier modèle.
La relation enseignant-apprenant est toujours
unidirectionnelle. Sauf dans ce cas, le savoir est morcelé en
éléments simples et en séquences courtes observables dans
le but de réduire la complexité des objets à
étudier.
Le statut de l'erreur pour ce modèle est
différent du premier. Celle-ci est expliquée par l'absence d'un
prérequis qu'il faut introduire ou par la présence d'une
situation plus complexe qu'il faut fractionner afin de la simplifier. L'erreur
conduit en général à un réexamen de la progression
d'enseignement. (Asensio & Astolfi & Develay, 2002)
c) Modèle constructiviste
Contrairement aux deux autres modèles, celui-ci
consacre un rôle important au « sujet » dans le
développement de la connaissance. Il se base sur les besoins
spontanés et intérêts naturels de l'individu en relation
avec son environnement. L'importance est donnée à l'autonomie de
l'apprenant dans l'acte d'apprendre. Celui-ci ne se contente plus de recevoir
des données brutes, il les sélectionne et les assimile afin de
construire sa propre connaissance et de pouvoir les transférer dans de
nouveaux contextes. De ce fait les connaissances de l'individu constituent le
facteur déterminant de l'acte d'apprendre.
Dans ce modèle, la relation enseignant apprenant
change. L'apprenant détient lui aussi une connaissance. L'enseignant est
appelé à travailler sur cette connaissance dans le but de
permettre à l'apprenant de construire une autre connaissance en
exploitant le savoir mis à sa disposition. Pour ce modèle, les
erreurs sont constructives. Elles ne sont considérées ni
comme déficience à charges de l'élève, ni
défaut du programme et de progression à charge de l'enseignant,
elles se présentent comme des symptômes intéressants des
modes de pensée
45
des élèves. Elles permettent de
caractériser leur « état des lieux » cognitif, ainsi
que les obstacles auxquels la tâche les affronte. (Asensio, Astolfi,
Develay)15
L'action de l'apprenant comme étant un facteur
important influençant la situation de l'enseignement apprentissage,
n'est pas prise en considération dans les deux premiers modèles
(transmissif et béhavioriste) contrairement au modèle
constructiviste. Celui-ci reflète une subordination de l'enseignement
à l'apprentissage et une implication de l'apprenant, en tant qu'acteur,
dans son propre apprentissage. On peut avancer que ce modèle peut se
développer dans le cadre du paradigme d'apprentissage.
Alors que le modèle transmissif et le modèle
béhavioriste, reflètent une vision de l'apprentissage
subordonnée à l'enseignement. Pour que l'apprentissage se
réalise chez l'apprenant, il faut bien lui transmettre un savoir ou
d'adopter des stimulus-réponses pour lui faire apprendre un savoir. Ces
modèles pourraient être classés dans le cadre du paradigme
d'enseignement.
II/ Changement de l'exercice du métier d'enseignant
A/ Métier vs profession :
L'adoption de l'approche par compétences ne
nécessite pas seulement un changement de paradigme concernant le
processus d'apprentissage et d'enseignement, elle nécessite aussi un
changement dans la conception de l'exercice du métier d'enseignant.
Actuellement, on parle plus d'une professionnalité que d'un
métier. Astolfi (2003), définit « le métier »,
par le fait qu'il se caractérise par :
- la maîtrise d'un savoir faire
stabilisé,
- l'application d'une gamme de routines disponibles, de
gestes reproductibles.
- la recherche de réponses invariantes, dont les
acteurs attendent qu'elles marchent,
- l'absence d'une analyse singulière de chaque
situation,
- un investissement personnel limité.
Alors que la profession selon toujours le même auteur,
suppose que dans certaines circonstances, l'exercice des tâches
requises corresponde à une situation de résolution de
problème. Même si le professionnel dispose de
références théoriques et pratiques, il est appelé,
sans cesse, à en reconstruire l'usage, du moment que les
situations rencontrées
15 ibid
46
changent et sont souvent inédites. C'est dans cette
articulation singulière du connu et de l'inconnu, avec ce que cela
suppose d'investissement personnel et d'originalité dans la
réponse apportée que se manifeste leur professionnalité.
(p.39). Le professionnel possède, selon Rouiller (2005) une
connaissance approfondie des savoirs théoriques et pratiques liés
à son métier. Aussi est-il capable d'agir en situation complexe
dans l'exercice professionnel. Il peut rendre compte de son action, la
décrivant et l'explicitant grâce à une démarche
d'analyse compréhensive. Il construit son savoir professionnel par
l'action et la réflexion dans et sur l'action.
Selon Chatel (2002) in Astolfi (p.39), l'enseignement est
à penser comme une action située. Ce qui donne un sens
positif à l'incertitude. Même si l'enseignant est clair sur
ses objectifs et sur le dispositif qu'il va installer, la façon dont les
élèves s'en empareront pour travailler reste incertaine.
Selon cette auteure, la situation pédagogique n'est pas
extérieure à l'enseignant, elle n'est pas le résultat d'un
calcul froid. Elle reste inséparable de son être agissant
car elle articule connaissance et expérience.
L'adoption de l'approche par compétence,
nécessite de l'enseignant des créations dans ses pratiques
pédagogiques. Créer des conditions et des situations afin de
permettre à l'élève d'apprendre et de construire ses
connaissances demande à l'enseignant un engagement dans un processus
incertain selon une pédagogie d'incertitude. Cet engagement ne serait
possible que si l'enseignant pense son métier en tant que profession,
que si l'enseignant se considère comme un professionnel
cherchant et développant des procédures d'analyse et de
résolutions de problèmes et non comme un exécutant
d'un métier, appliquant des routines et des démarches
invariables.
Des obstacles à la professionnalité des
enseignants peuvent s'expliquer par un manque d'autonomie laissé aux
enseignants. Ils peuvent être expliqués aussi par l'usage de sens
commun que fait l'enseignant de certaines idées pédagogiques et
du vocabulaire qui leur est associé (Astolfi, 2003). La pensée
commune s'analyse depuis Bachelard comme le jeu d'obstacles
épistémologique qui fonctionnent d'abord en termes de
facilité et d'économie mentale (Fabre, 1995 in Astolfi ; 2003
p.40). Dans ce sens, il deviendrait plus facile pour certains, et
mentalement plus pratique :
47
- D'envisager l'acte d'apprendre en termes
réceptifs, plutôt que sur le mode d'un processus actif ;
- De pratiquer l'acte d'enseigner comme une explication
transmissive, plutôt qu'en termes de médiation ;
- D'analyser les erreurs comme des
défectuosités de l'élève, plutôt qu'en
cherchant à en comprendre la logique sous jacente ;
- De se représenter la motivation comme une
attitude exigible à l'entrée plutôt que résultant de
reprises et d'éclairages multiples ;
- De penser des leçons qui se referment sur les
notions à mémoriser, plutôt qu'ouvrant à la
nouveauté intellectuelle ...
Cette commodité et cette facilité de
raisonnement constitueraient des obstacles à l'acceptation et à
l'engagement dans un changement et dans une innovation dans les pratiques des
enseignants.
Cette conception sur l'exercice de métier semblerait
donc avoir une relation avec la conception de l'apprentissage. Si cette
dernière appartient au paradigme d'apprentissage, l'enseignant concevra
son métier autrement et se considérera beaucoup plus comme un
professionnel qu'un exécutant des programmes scolaires.
B/ Modèles de références:
Les modèles de références qui structurent
en partie les représentations des enseignants sur leur fonction et sur
leur métier évoluent selon les conceptions de l'enseignement et
de l'apprentissage du paradigme régnant. Ainsi le modèle du
« magister » qui est basé sur la connaissance à
transmettre a évolué vers le modèle du «
pédagogue » où l'attention est portée sur le
processus d'apprentissage de la connaissance (Lang 1999). D'autres
modèles appelés « modèles de professionnalités
» sont développés à partir de l'analyse des
pratiques, des attitudes et des compétences qui sont attendues et
jugées nécessaires à l'exercice de la profession
enseignante (Maroy, 2005). Ces modèles, selon Paquay (2006),
correspondent à des conceptions du métier et de la formation. Ils
étaient, au début, qualifiés de paradigmes en
référence aux travaux de Zeichner, afin de bien marquer leur
caractère d'évidence première et fondatrice. Ces
modèles ont été construits à partir de la
littérature scientifique et experte, et aussi à partir des points
de vue de certains
48
formateurs d'enseignants. Ils reflètent bien l'existence
de différentes conceptions du métier d'enseignant chez les
formateurs et donc chez les enseignants.
Les différents modèles de
professionnalités selon Paquay (Paquay, 1994, 2006) :
La conception de l'apprentissage peut être déduite
de la conception de l'enseignant reflétée par les modèles
de professionnalités. Elle peut correspondre pour chaque
modèle
au :
* Modèle du « maître
instruit» : l'enseignant, dans ce modèle, vise
surtout le savoir à enseigner et il est le transmetteur de ce savoir. Il
maîtrise avant tout les savoirs disciplinaires et travaille
individuellement, mène une pédagogie de type « monolithique
» et « transmissive » en se référant aux
prescriptions formelles provenant des autorités scolaires (Maroy
2005, p.9). Il maîtrise aussi des savoirs en didactiques et en
pédagogie, dont il devrait faire usage. La théorie est apprise
avant la pratique (Paquay, 2006). La conception de l'apprentissage ainsi
véhiculée correspondrait à l'apprentissage d'un
modèle cognitif théorique.
* Modèle du « praticien artisan )) :
correspond plus à un apprentissage de l'enseignement sur le tas.
L'enseignant sait comment faire grâce à l'expérience sur le
terrain. Celui-ci développe son modèle opératif à
partir de l'exercice de l'activité, en même temps que le
modèle cognitif (Pastré, 2006 ). Sauf que dans ce cas, le
modèle cognitif est de nature empirique. Il reste insuffisant pour le
justifier. Seule la performance de l'action (sa réussite) qui
devient le critère de la pertinence du modèle cognitif
empirique. (Pastré, p. 116).
Ces deux modèles, d'après Paquay et Dezutter
(2003), sont considérés comme les modèles les plus
classiques du métier de l'enseignant.
* Modèle de « l'enseignant technicien )) :
celui-ci est considéré comme un applicateur de techniques.
L'essentiel consiste dans des savoir faire techniques. Il possède et
applique un répertoire de techniques pédagogiques et savoir faire
procéduraux précis et efficaces, dérivés
d'études scientifiques (Maroy 2005, p.9).
49
L'enseignant, selon ce modèle, est appelé
à maîtriser les techniques les plus modernes d'enseignement pour
pouvoir réaliser son travail convenablement (Paquay et Dezutter ;
2003).
* Modèle du « praticien réflexif
» : correspond à la conception que l'enseignant construit, à
partir de l'analyse et de la réflexion sur ses pratiques, « un
savoir d'expérience » systématique et communicable plus au
moins théorisé. L'enseignant est capable d'analyser, de
réfléchir sur ses pratiques, de chercher, d'apprendre et
d'innover. Sa connaissance pratique résulte d'une construction
justifiée et théorisée. Il utilise ses connaissances
théoriques comme ressources et grilles de lectures pour analyser et
réfléchir sur sa pratique, avant, pendant et après son
action. Son modèle opératif est soutenu par un modèle
cognitif de nature scientifique. Paquay parle d'un développement d'un
savoir d'expérience théorisé qui permet d'analyser des
situations et de s'analyser en situation ; d'évaluer des dispositifs et
de créer des outils innovants (Paquay et coll ; 1996).
* Modèle de « l'acteur social » :
correspond à l'enseignant qui est engagé socialement dans son
travail. Celui qui perçoit les enjeux sociétaux de ce qu'il fait
dans sa classe (évaluation, démocratie...). Celui qui essaie par
différents travaux et interventions de transformer et faire
évoluer l'école et la société. L'apprentissage dans
ce cas se fait à l'aide d'un engagement dans des projets collectifs et
dans des innovations (Paquay et coll ; 1996).
* Modèle de « l'enseignant personne »
: cette conception met l'accent sur l'importance des savoir être et
savoir devenir, plus précisément sur le développement de
« la personne » de l'apprenant. Le développement du soi
professionnel et la prise en conscience de son propre style professionnel
constituent les objectifs pédagogiques privilégiés de ce
modèle. (Paquay et coll, 1996)
Ces trois derniers modèles sont les plus
valorisés actuellement (Paquay et Dezutter ; 2003) dans la formation au
métier/ profession d'enseignant. Ils permettent aux enseignants, dans le
cadre de leur professionnalité d'aborder la complexité des
situations éducatives, et de pouvoir identifier et résoudre les
problèmes rencontrés.
50
Ces différents modèles constituent les
différentes facettes d'un métier complexe qui est celui de
l'enseignant (Paquay, 2006). Selon la formation initiale des acteurs
éducatifs, selon leur histoire socioculturelle et expérimentale,
selon leur expérience dans l'enseignement, il arrive que ces acteurs
défendent et adoptent des modèles au dépends d'autres.
Ainsi les conceptions des enseignants sur leur métier et sur leur
rôle pourraient correspondre à l'un des modèles de
professionnalité développé ci-dessus.
C'est dans le sens de l'existence de différentes
conceptions sur le métier d'enseignant chez les acteurs éducatifs
et surtout, c'est dans le sens de la relation entre ces modèles et la
conception qu'ont les acteurs éducatifs sur la construction du savoir en
général et les connaissances en particulier, que nous voulons
analyser les représentations des enseignants que ce soit sur
l'apprentissage et sur l'enseignement, ou sur leur exercice du métier
d'enseignant.
Conclusion :
L'approche par compétences nécessite plus qu'une
application de stratégies, elle nécessite un changement dans les
représentations des enseignants concernant l'apprendre et le comment
apprendre. Le rôle du savoir, de l'apprenant et de l'enseignant sont
à changer et à faire évoluer chez tous les acteurs
éducatifs. Elle nécessite aussi un changement dans la conception
qu'ont les acteurs éducatifs de l'exercice de leur métier.
Ceux-ci doivent se considérer comme des professionnels pour arriver
à changer et innover leurs pratiques pédagogiques selon les
situations rencontrées.
Qu'en est-il des enseignants pratiquants marocains? Quelles
représentations ont-ils sur les rôles de ces différents
éléments ? Avec quels modèles travaillent-ils et
comprennent-ils l'approche par compétences adoptée par la
réforme curriculaire ? ...
Avant de n'approcher ces questions, il serait plus judicieux
de s'arrêter sur le concept de représentation, définir ce
qu'on entend par représentations et chercher comment peut-on les mettre
en évidence et les cerner.
51
Chapitre IV
Représentations
Etudier les représentations, selon Donnay et Charlier
(1991), c'est s'interroger sur un mode de connaissances, c'est poser des
problèmes relatifs aux apports de l'individu à la connaissance et
au réel. C'est aussi considérer la connaissance comme une
construction d'un individu ou d'un groupe inséré dans un contexte
social et culturel. C'est bien dans ce sens que nous nous interrogeons,
dans le cadre de notre travail, sur les modèles construits par les
enseignants concernant leur fonction, plus précisément concernant
l'acte de l'apprentissage et de l'enseignement d'un savoir dans le cadre de la
nouvelle approche pédagogique adoptée par la réforme
curriculaire de notre système éducatif. Les
représentations des enseignants sur leur rôle, leur fonction et
même sur leur pratiques pédagogiques, peuvent être
considérées comme des représentations sociales du fait
qu'elles dépendent en plus de la formation initiale et de l'histoire
biographique de la personne, du milieu social auquel appartient l'enseignant et
l'apprenant.
Dans ce qui suit, nous allons essayer de chercher comment
peut-on cerner et analyser les représentations des enseignants. Mais
avant, nous allons préciser ce qu'on entend par représentation
tout en présentant un aperçu sur la perception et la
conception.
I/ Perception - Conception - Représentation(s)
* La perception correspond, dans le
dictionnaire Foulqué, à une opération mentale de celui
qui perçoit, c'est-à-dire, celui qui reçoit dans son
esprit ou atteint par son esprit l'objet de connaissance ; de celui qui prend
connaissance principalement des faits extérieurs, par les sens
(p.252).
La perception varie d'un individu à un autre. Elle
dépend du cadre de référence de la personne qui
perçoit, et des représentations préconstruites sur l'objet
de la perception. Selon Bergson, il est incontestable que le fond
d'intuition réelle, et pour ainsi dire instantanée, sur lequel
s'épanouit notre perception du monde extérieur, est peu de chose
en comparaison de tout ce que notre mémoire y ajoute (...). Il faut
tenir compte de ce que percevoir finit par n'être qu'une occasion de se
souvenir. (dic. Foulqué, p. 526)
52
* La conception est définie comme un
acte de pensée qui s'applique à un objet existant. Pour Abric
(1994), la conception compose un modèle mental composé
d'entités insécables -- des îlots de connaissances
mobilisables pour l'action --, alors que la représentation constitue le
processus et le produit d'une activité de construction, existant dans le
rapport à une culture (Rouiller 2005). La conception correspond
à une manière de se représenter quelque chose, de
concevoir et d'en juger. Alors que la représentation est c'est ce par
quoi un objet est présent dans notre esprit.
* La représentation,
étymologiquement, correspond à l'action de présenter ou de
rendre présent de nouveau, au sens ou à l'esprit, les objets de
pensée (dictionnaire Foulqué). Elle correspond aussi à
l'idée qu'un individu se fait d'une réalité complexe,
à partir d'éléments relevant de l'expérience, de la
transaction sociale, de ses propres souvenirs... (dictionnaire de
pédagogie, 2000, P.244).
Selon Jodelet (1989), elle constitue une forme de
connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une
visée pratique et concourant à la construction d'une
réalité commune à un ensemble social. Egalement
désignée comme « savoir de sens commun » ou encore
« savoir naïf », « naturel », cette forme de
connaissance est distinguée, entre autres, de la connaissance
scientifique.
Dans le domaine de l'éducation, la
représentation peut être considérée comme un des
moyens à partir desquels se structurent les comportements d'enseignement
et d'apprentissage. Elle constitue selon Donnay et Charlier (1991), un
instrument de perceptions de la réalité, orienteur des conduites.
Cette réalité, d'après Abric (1997), est
appropriée par l'individu ou le groupe, reconstruite dans son
système cognitif, intégrée dans son système de
valeurs dépendant de son histoire et du contexte social et
idéologique qui l'environne. La représentation constitue
donc le produit et le processus d'une activité mentale par laquelle
un individu ou un groupe reconstitue le réel auquel il est
confronté et lui attribue une signification spécifique (Abric,
1994). Elle présente de ce fait, un aspect dynamique relatif au
processus d'élaboration et un autre statique correspondant au
résultat de cette élaboration. Celle-ci fait intervenir un cadre
de référence, des modèles
pré-élaborés pour comprendre la réalité.
C'est d'ailleurs ce qui permet à l'individu ou au groupe de
donner
53
un sens à ses conduites et de comprendre la
réalité, à travers son propre système de
références, donc de s'y adapter, de s'y définir une place
(Abric, 1997).
Les individus constituent, d'après Donnay et Charlier
(1991), des théories personnelles à partir de différentes
relations (cause, but, conséquence...) qu'ils établissent entre
leurs représentations. Pour un même objet, l'individu peut
présenter des représentations complémentaires permettant
l'explication de ses conduites et de ses réflexions. Ce réseau de
représentations constitue alors des théories personnelles qui
peuvent devenir collectives si elles sont partagées par un groupe social
(p. 99).
Ces représentations et ces théories sont
influencées par différents facteurs. Elles varient en fonction
:
- de l'objet de la personne ou du groupe qui en est porteur ;
- du cadre de référence des individus ;
- de la situation de référence ;
- du projet dans lequel elles s'inscrivent ;
- du moment auquel elles sont formulées.
Ainsi selon Donnay et Charlier, nous n'appréhendons
jamais qu'une partie de la représentation, le sujet ne livre jamais
qu'un aspect fragmentaire de ses représentations, il exprime ce qui lui
parait pouvoir ou devoir être dit dans la situation qu'il perçoit
(...) différentes facettes de ces représentations peuvent
apparaître en fonction du projet de l'individu et de la situation du
recueil du moment (p. 100).
L'existence de ces différents facteurs nous conduit
à chercher comment nous pouvons cerner ces représentations, mais
avant nous allons présenter leurs fonctions puis développer
comment elles se construisent.
II/ Fonctions des représentations
Les représentations selon Abric (1997 ; 2001), ont
différentes fonctions : fonctions cognitives ; fonctions
d'interprétations et de construction de la réalité ;
fonctions identitaires ; fonctions d'orientation des conduites et des
comportements et fonctions justificatrices des pratiques. Par le biais de ces
fonctions, elles permettent :
- D'intégrer de nouvelles données au cadre de
pensées des individus ;
- De comprendre et d'expliquer la réalité et la vie
quotidienne ;
54
- De définir le cadre de référence commun
qui permet l'échange entre les individus, la transmission et la
diffusion du savoir.
- De définir l'identité et la sauvegarde du
groupe tout en guidant les comportements et les pratiques.
- De justifier les prises de position, des attitudes et des
comportements une fois réalisés.
Dans notre recherche, les représentations seront
considérées selon leurs fonctions d'interprétation et de
construction de la réalité, mais aussi selon leurs fonctions
d'orientation des conduites et des comportements ainsi que celles de
justification de pratiques. Les enseignants seront appelés à
mobiliser leur représentations pour interpréter le changement
prescrit par la réforme, mais aussi pour expliquer leur points de vue
ainsi que leur pratiques et le comportement d'autres enseignants.
III/ Construction des représentations
Moscovisci (1961) distingue quatre phases dans la construction
et l'élaboration d'une représentation :
- Phase de décontextualisation de l'objet
et élaboration d'un « modèle figuratif
» : Celui-ci peut se décrire comme une «
structure imageante », constituée de « notions clés
» mises en relation les unes avec les autres (Jodelet 1984). Cette
phase correspond, d'après Jodelet, à une étape de «
schématisation structurante » de la représentation.
- Phase de catégorisation où le
modèle figuratif prend le statut de l'évidence. Le sujet va s'en
servir pour catégoriser et interpréter la
réalité.
- Phase du modèle actif : le
modèle qui va orienter les conduites et les relations, appelée
aussi phase d'ancrage ou d'activation du noyau de la représentation.
- Phase de constitution de la
représentation. Celle-ci se consolide et génère
des attentes et anticipations spécifiques.
La première phase est considérée par
Moscovisci comme la plus importante des phases de construction de la
représentation. Celle-ci peut devenir un « cadre cognitif
stable » par le biais du modèle figuratif
élaboré.
La construction de la représentation peut être
représentée par deux phases :
- phase d'élaboration du modèle figuratif ;
55
- phase d'utilisation et d'exploitation de ce modèle
dans l'analyse et la compréhension de la réalité et aussi
dans l'explication et la justification de cette réalité.
Dans le cadre de notre travail, étant donné que
les enseignants n'ont pas eu de formation continue en relation avec les
changements prescrits par la réforme, et qu'ils ont travaillé
depuis des années dans le cadre de cette réforme, tout en
utilisant les nouveaux manuels scolaires et en appliquant quelques instructions
officielles, une mise en évidence des « modèles
figuratifs » mobilisés et exploités par ces
enseignants afin d'analyser et de comprendre les prescrits de la
réforme, plus précisément l'approche par
compétences, et d'expliquer ainsi que de justifier leurs pratiques
pédagogiques, s'avère indispensable.
IV/ Cerner les représentations
Trois couples de concepts16 sont avancés par
Donnay et Charlier (1991) dans le but de cerner les représentations.
- le social et l'idiosyncrasique (la
spécificité individuelle) :
Les représentations ont une facette individuelle et une
autre sociale, selon le nombre d'individu qui les partage. Leur contenu
dépend de l'histoire de l'individu et de son expérience avec les
objets dans un environnement spécifique. Au sein d'un groupe, elles
assurent la communication et participent à l'édification des
rapports sociaux en développant des modèles de conduites propres
à chaque groupe. C'est ce qu'on appelle aussi la culture du groupe.
- un processus et un produit :
Pour Moscovisci, les représentations sont des processus
de médiations entre les concepts (à dominante cognitive) et des
perceptions du monde (à dominante sensorielle). Elles sont des filtres
de la réalité qui permettent aux individus de prédire les
événements et d'organiser une action en fonction d'anticipation.
Elles peuvent être appréhendées comme des processus en
tant que mode de construction et de structuration des connaissances. Leur
analyse portera sur les mécanismes de stockage, d'intégration
et de recouvrement de
16 D'autres couples de concepts
caractérisent la définition des représentations:
dynamique-équilibre ; sujet-objet ; contenu-fonction ; cognitif-affectif
et psychomoteur ; vrai-faux ; (Charlier 1989).
56
l'information (Charlier 1989). Elles peuvent
être étudiées aussi, comme des produits. Dans ce cas, leur
contenu, leur modalité, leur structure et leur organisation seront
analysés.
- supports et produits de l'apprentissage
Pour les constructivistes et les cognitivistes en
général, les apprentissages se structurent sur la base des
représentations. Apprendre, c'est construire de nouveaux réseaux
sémantiques à partir des représentations et des
théories existantes, déjà stockées en
mémoire (supports) (p.101). Le produit de cet apprentissage consiste en
une nouvelle organisation représentationnelle (Charlier,
1989).
Tous les enseignants ont des théories de leur
professionnalité et des représentations sur lesquelles ils
articulent l'apprentissage de nouvelles pratiques éducatives. Ignorer
ces théories et ces représentations lors de l'introduction d'un
changement pourrait contribuer au développement de deux systèmes
de réponses parallèles utilisés en fonction des
situations.
Dans le cadre de notre travail, qui a pour objectif de
comprendre les causes du non engagement des enseignants dans le changement
imposé par la réforme curriculaire, nous allons essayer de cerner
les représentations en tant que processus et produit et en tant que
social et idiosyncrasique. Il nous serait difficile de les cerner en tant que
supports et produits d'apprentissage, car dans notre cas, l'apprentissage est
plus en relation avec l'expérience et l'autoformation qu'avec un
programme de formation possible à analyser.
V/ Analyser les représentations
Le modèle figuratif de Moscovisci,
développé ci-dessus, constitue pour Abric, l'embryon du noyau
central de la représentation (Moliner, Mastor, 2005). Pour celui-ci,
toute représentation sociale stabilisée s'organise autour d'un
noyau central. Ce noyau remplit deux fonctions :
· une fonction génératrice
correspondant à sa capacité de déterminer la
signification des autres éléments de la représentation,
les éléments périphériques ;
· une fonction organisatrice
correspondant à sa capacité de déterminer la
nature des liens qui unissent les éléments de la
représentation.
57
Il a pour fonction donc de générer le
sens17 et l'organisation de la représentation.
Le noyau central est entouré par des
éléments périphériques qui sont marqués par
l'expérience et par l'historique de l'individu. Ils fonctionnent comme
des grilles de décryptage de la réalité. Ils ont pour
fonction de protéger le noyau central, d'indiquer ce qui convient de
faire ou de dire selon les situations (fonction prescriptive), de
réguler et d'adapter la représentation aux évolutions du
contexte. Ils évoluent, se transforment et s'adaptent. Ils constituent
ainsi l'interface entre le noyau et la situation concrète dans laquelle
s'élabore ou fonctionne la représentation.
Dans un groupe, ces éléments sont
généralement hétérogènes, plus sensibles aux
effets du contexte. Ils permettent l'intégration dans la
représentation des variations individuelles liées à
l'histoire de l'individu. Par contre, le noyau correspond aux
éléments cognitifs (opinions, croyances, informations...) qui
font l'objet d'un consensus dans le groupe porteur de la représentation.
Il est marqué par la mémoire collective du groupe mais aussi
marqué par le système de normes auquel il se réfère
(Catanas, 2003). Son contenu est constitué des éléments
qui donnent sens à la représentation. Ces éléments
sont :
- la nature de l'objet représenté.
- La relation de cet objet avec le sujet ou le groupe
- Le système de valeurs ou de normes
Généralement il est stable et résiste au
changement. Son repérage et son dépassement deviennent
primordiaux dans le cadre d'une implantation d'un changement imposé.
Etant donné que le changement est récent et
qu'il n'y a pas eu de formation continue dans ce sens, nous supposons que les
éléments de la réforme seront plus
interprétés ou critiqués sur la base des normes auxquelles
se référent les acteurs éducatifs.
17 Contrairement à Abric, pour Bataille
(2002), les éléments centraux sont polysémiques et leur
signification est précisée par les éléments
périphériques. Ces derniers sont concrets et
contextualisés. Ils sont modulateurs de sens aux éléments
centraux (Moliner, mastor, 2005)
58
Questions de recherche et Hypothèses de
réflexion
Dans une perspective constructiviste, l'interprétation
attribuée aux éléments du changement par les acteurs
pédagogiques tels les enseignants, est à prendre en
considération dans l'implantation d'une réforme curriculaire.
Cette interprétation est influencée par les
représentations que peuvent avoir les enseignants sur les
éléments du changement. Ces représentations sont parfois
à considérer comme des obstacles à la compréhension
des finalités de la réforme, comme des causes des
résistances au changement au sein d'un système
éducatif.
Dans le cadre de ce travail, le changement
préconisé par la réforme (celui de l'adoption de
l'approche par compétences) consiste en un changement dans la conception
d'apprentissage et d'enseignement d'un côté et dans celle de
l'exercice du métier d'un autre côté. Un tel changement a
pour conséquence un changement dans le rôle de l'enseignant et de
l'apprenant dans l'acte d'apprentissage.
Des changements de tel ordre ne peuvent être seulement
décrétés, mais ils doivent passer par une évolution
des représentations, des identités, des compétences, des
gestes professionnelles et de l'organisation du travail (Perrenoud, 1999).
Dans cette recherche, nous allons nous contenter d'une mise
en évidence des représentations des enseignants concernant :
Les éléments constituant les fondements d'un
changement de pédagogie : l'apprentissage, l'enseignement, le
rôle de l'enseignant et celui de l'apprenant dans l'apprentissage. Tout
en supposant que les conceptions des enseignants sur l'enseignement, sur le
rôle de l'enseignant et sur celui de l'apprenant sont dépendant de
leur conception sur l'apprentissage ;
L'exercice de leur métier d'enseignant. Nous
supposons qu'il y a une relation entre la compréhension et l'adoption de
l'APC et les représentations qu'ont les enseignants sur l'exercice de
leur métier.
De ce fait, dans le cadre de ce travail, nous allons approcher
les questions suivantes :
* Quelles sont les représentations des
enseignants face à l'exercice de leur métier ?
59
* Quelles sont les représentations des
enseignants face à leurs pratiques pédagogiques, en rapport avec
leurs représentations sur l'apprentissage et l'enseignement, ainsi que
celles de leur rôle et de celui des élèves dans leur
apprentissage ?
Pour cela, nous tenterons de mettre en évidence les
représentations des enseignants afin de les analyser en
différenciant les éléments périphériques de
ceux du noyau. Nous essayerons de déterminer le ou les modèles
figuratifs qui sont mobilisés comme modèles de
références pour expliquer l'apprentissage et l'enseignement et
pour comprendre la réalité actuelle du changement.
Nos hypothèses de réflexion :
À partir de notre cadre de référence,
nous pensons que, du fait que les enseignants n'ont pas eu de formation
continue, ni un accompagnement au cours de l'implantation de la réforme
curriculaire :
· les enseignants se considèreraient comme des
exécutants de programmes officiels et non comme des professionnels
d'enseignement (hypothèse 1).
· les modèles de références,
auxquels ils se référent dans leurs pratiques, appartiendraient
au paradigme d'enseignement (hypothèse 2) et non
à celui d'apprentissage.
Nous pensons aussi que ces représentations pourraient
avoir des conséquences sur la compréhension du changement et sur
l'engagement des enseignants dans leur apprentissage. Hypothèse que nous
n'allons pas vérifier dans ce travail, toutefois, nous utiliserons la
façon avec laquelle les enseignants pensent le changement comme une
situation permettant la mise en évidence des représentations
mobilisées pour expliquer ou argumenter leurs idées et leurs
pratiques.
60
Partie II
Méthodologie
61
I/ Démarche méthodologique
A/ Type de recherche :
Notre recherche est de type recherche descriptive à
perspective socioconstructiviste. Elle cherche à décrire les
représentations des enseignants vis à vis de l'exercice de leur
métier, de l'apprentissage et de l'enseignement et de leur rôle
ainsi que celui de l'élève dans l'apprentissage.
Cette description aura pour but de mieux comprendre les
acteurs influençant l'implantation d'une réforme curriculaire.
Elle tentera de soulever les difficultés et/ou les obstacles qui
pourraient influencer la compréhension, l'engagement et l'implication
dans un changement d'approche pédagogique dans le cadre d'une
réforme curriculaire. Ces obstacles pourraient même être les
causes d'une résistance d'engagement dans le cas d'un changement
imposé (réforme).
B/ Recueil des représentations :
Les représentations ne sont pas directement
observables. Elles peuvent être mises en évidence par le biais de
comportement, d'attitudes, d'explications, de justifications... leur
étude, d'après Abric (2001) pose deux problèmes
méthodologiques redoutables : celui du recueil des
représentations et celui de l'analyse des données obtenues
(p. 59).
Le recueil de leur contenu peut se faire d'après Abric
(1997), par le biais de méthodes interrogatives (entretien,
questionnaire, méthodes figuratives et graphiques) et associatives
(l'association libre, la carte associative...).
D'autres méthodes, selon toujours Abric, permettent le
repérage de l'organisation et de la structure interne de la
représentation ainsi que le repérage des liens entre les
éléments de la représentation. Ces méthodes se
basent surtout sur la comparaison et l'association entre les
éléments (sous forme de mots ou des items...) que ce soit d'une
façon libre ou dirigée.
La vérification de la centralité du noyau, dans
le cas de représentations sociales est faite par différentes
méthodes telles que, les techniques de mise en cause du noyau,
méthodes d'induction par scénario ambigu, méthodes des
schèmes cognitifs...
62
Dans les méthodes interrogatives, l'entretien semi
directif semble être le plus adapté au recueil du contenu de la
représentation (information, attitudes et opinions). Il est à
l'heure actuelle, une méthode indispensable à toute
étude sur les représentations (Abric, 2001).Toutefois,
certains inconvénients sont à enregistrer :
- L'influence de la relation entre l'interviewé et
l'intervieweur sur les données de l'entretien ;
- L'analyse du contenu des données de l'entretien peut
être influencée par l'interprétation subjective du
chercheur.
- L'accès à la structure et à
l'organisation des éléments de la représentation reste
parfois difficile
C'est pour cela, que l'entretien doit être
complété par d'autres techniques visant à contrôler
et à approfondir les éléments recueillis.
C/ Démarche méthodologique
Afin de mieux approcher les représentations des
enseignants dans cette recherche, nous avons diversifié les situations
de leur recueil tout en adoptant différents outils qualitatifs, des
entretiens en groupe et individuel et des analyses en groupe de séances
de cours enregistrées. Ces outils seront décrits dans le chapitre
suivant.
Nous avons opté pour un entretien non directif et un
autre semi directif pour mettre en évidence le contenu des
représentations. Le premier nous a permis de mieux introduire et
orienter les questions du deuxième.
Pour repérer l'organisation et la structure des
éléments de la représentation, nous avons opté pour
une analyse de séances enregistrées sur vidéo. Des
associations entre certains éléments ont été
recherchées. Une grille a été proposée dans le but
de repérer des liens entre des éléments tout en mettant en
évidence le noyau significatif de la représentation.
Du fait que les situations d'enseignement apprentissage sont
variables, nous pensons que l'analyse de séances enregistrées
permettrait aux enseignants de discuter sur les mêmes activités et
de présenter plus d'arguments sur leurs pensées.
Selon Perrenoud (2005), dans une analyse de situations il
y a toujours une dérive normative. La tentation de juger, de normaliser,
de donner des conseils renait constamment
63
chez chacun dans un groupe d'analyse. Cette
dérive normative favoriserait une mise en évidence de certains
liens et associations entre des éléments des
représentations.
Cette analyse, à notre avis, clarifierait mieux les
représentations des enseignants sur leurs pratiques pédagogiques
tout en présentant comment ils conçoivent l'exercice de leur
métier, ainsi que l'apprentissage, l'enseignement, leur rôle et
celui de l'élève dans l'acte d'apprentissage.
Pour résumer, nous pensons que ces différents
outils, l'entretien collectif, l'entretien individuel semi directif, l'analyse
de séances enregistrées, nous permettraient de :
- recueillir les éléments composant la
représentation ;
- comprendre l'organisation de ces éléments ;
- identifier, même sous forme de supposition, le noyau
structurant (le modèle) de chaque représentation.
Le travail par groupe a été encouragé
dans ces recueils, en référence aux fonctions de justification
des représentations. En groupe, nous pensons que les enseignants vont
essayer de justifier leurs pensées durant la discussion entre pairs.
Toutefois, nous tenons à signaler, que nous sommes
conscient que les outils utilisés restent incomplets et que les
résultats auxquels nous arriverons, restent limités aux
enseignants de notre échantillon.
D/ Population - Echantillon
Notre recherche s'intéresse aux acteurs
éducatifs, pratiquants sur le terrain et dans la classe qui sont les
enseignants. Plus précisément, les enseignants du secondaire
collégial et du secondaire qualifiant, de l'enseignement
général urbain qui ont différents profils de formation
initial avec une ancienneté variant de 1976 jusqu'à 2006.
Nous supposant que le contexte a un effet sur les
représentations des enseignants, surtout sur les éléments
périphériques de leurs représentations. D'où le
choix d'un échantillon composé d'enseignants pratiquants au
lycée collégial et de ceux pratiquants aux lycées
qualifiants (voir annexe 1)
Les différences se résument aux points suivants
:
- Le changement s'est instauré en lycée
collégial avant le lycée qualifiant.
64
- L'importance donnée au savoir est plus importante au
secondaire qualifiant qu'au secondaire collégial. (Le but de
l'enseignement au lycée qualifiant consiste plus à un
approfondissement des concepts abordés dans les niveaux primaires et
collégiaux et en un développement de compétences
spécifiques).
Ces enseignants, dont la majorité était
formée à travailler avec une pédagogie par contenu ou par
objectifs, n'ont pas reçu de formation continue en relation avec
l'approche par compétences. Ceux du lycée collégial
travaillent depuis l'année scolaire 2003-2004 sur des programmes et des
manuels scolaires élaborés dans le sens de l'approche par
compétences. Ceux du lycée qualifiant sont à leur
deuxième année de réforme curriculaire. Ces enseignants
appartiennent au même environnement, ils habitent en ville, et pour la
majorité l'accès à l'information surtout par le biais de
l'Internet, est à leur portée (cybers,
bibliothèques...).
Nous nous contenterons des enseignants des sciences,
enseignants avec qui nous avons plus de contact, et chez qui nous avons pu
déterminer une difficulté dans l'engagement dans le
changement.
II/ Présentation des outils
Nous présenterons dans ce chapitre les
différents outils employés pour mettre en évidence des
éléments des représentations des enseignants sur
l'apprentissage, l'enseignement, le rôle de l'enseignant et de
l'apprenant dans l'apprentissage ainsi que leurs représentations sur
l'exercice de leur métier. Cette présentation se fera selon les
objectifs de chaque outil et les liens qui existent entre eux. Ainsi nous
commencerons par l'entretien collectif puis l'entretien individuel semi
directif, pour terminer par l'analyse de séances enregistrées.
A/ L'entretien collectif :
L'entretien a été réalisé en
langue arabe (langue parlée du pays) et enregistré par un
caméscope, avec un groupe de 10 professeurs du lycée qualifiant,
en février 2007et un groupe de 13 professeurs du lycée
collégial en mars 2007. Ces entretiens ont été faits dans
le but de repérer des indicateurs concernant les représentations
des enseignants sur :
- L'exercice de leur métier
- L'apprentissage, l'enseignement
- Le rôle de l'enseignant et celui de l'apprenant dans
l'apprentissage
Deux questions ouvertes ont été posées :
Pourquoi, à votre avis, a-t-on réformé notre approche
pédagogique ? Que doit changer l'enseignant dans ses pratiques
pédagogiques ? (annexe 2). Nous nous sommes basés sur le fait que
les représentations sont mobilisées comme des grilles de lectures
de la réalité. La manière dont les enseignants comprennent
le changement pourrait nous permettre de recueillir quelques
éléments des représentations sur les questions qui nous
intéressent.
Au début, nous avons fait un tour de table, chacun
prenait la parole pour donner son point de vue. Après avoir
demandé leur avis sur ce qui a été avancé, la
discussion a été entamée librement. La durée de
chaque entretien était dans les environs de deux heures.
Le contenu de ces entretiens nous a permis de soulever
d'autres questions que nous avons exploitées dans l'entretien
individuel.
65
B/ L'entretien individuel semi directif :
66
Il a été réalisé avec quatre
professeurs, durant le mois de juin 2007 : deux du lycée qualifiant et
deux du lycée collégial. Les personnes n'ont pas
été choisies. Elles étaient bénévoles et
appartenaient aux deux groupes interviewés collectivement. La
durée des entretiens a varié d'une heure à deux heures,
selon la discussion entamée avec ces enseignants. Parfois, il fallait
recadrer la discussion pour ne pas s'éloigner des objectifs
recherchés.
Une fiche d'aide (voir annexe3) a été
élaborée sur la base du cadre théorique et de l'entretien
de groupe. Elle reflète les objectifs recherchés. Les questions
proposées ont pour but la mise en évidence des
représentations des enseignants sur l'apprentissage, sur l'enseignement
et sur le rôle de l'enseignant et de l'élève dans
l'apprentissage. Celles concernant le changement nous permettraient de
recueillir les connaissances mobilisées pour analyser le changement et
pour s'engager dans leur propre apprentissage.
A travers les différentes questions posées nous
cherchons à répondre aux questions suivantes :
- Quelle relation a l'enseignant avec le savoir ?
- Comment conçoit-il l'apprentissage et l'enseignement
?
- À quoi attribue-t-il de l'importance dans
l'élaboration de son cours ?
- À quel modèle d'enseignement se
réfère-t-il ?
- Quel rôle attribue-t-il à l'élève
et à lui même dans l'acte d'apprentissage ?
Durant l'entretien, avant de passer d'une question à
une autre, nous reformulions en un ensemble de points ce qui a
été dit. Cette reformulation avait pour but de confirmer ce qui a
été avancé par l'interviewé. Aussi, l'ordre des
questions changeait parfois selon les réponses des interviewés.
Parfois des explications sont présentées pour mieux orienter la
discussion sur les objectifs recherchés. Nous avons essayé de
donner la forme de discussion à l'entretien pour le rendre plus
naturel.
C/ Analyse de séances enregistrées :
Deux séances de début de cours de la
première année collégial, présentées en
langue arabe, ont été enregistrées, au cours de
l'année scolaire, sans aucune préparation préalable. Ces
séances correspondent à deux situations problèmes
concernant un cours sur les équilibres écologiques naturelle et
un autre cours sur l'alimentation selon les nouveaux
67
programmes. Les enseignantes qui les pilotaient étaient
bénévoles et ce sont elles qui ont fait le choix de ces
séances. Elles appartenaient au groupe du lycée collégial
qui a participé à l'entretien collectif et à l'analyse de
ces séances. Cette analyse s'est déroulée à la fin
du mois de mai 2007 en présence de ces enseignantes.
La technique utilisée dans cette analyse, consiste
à remplir individuellement, une grille (voir annexe 4) proposée
en langue arabe et à la discuter en groupe. Les enseignants ont
été appelés à présenter leur accords ou
désaccords avec ce qui est observé, en référence
aux éléments de la grille, et à présenter leur
jugement sur des situations communes.
Cette grille a pour but de proposer des éléments
pour diriger et orienter l'analyse et en même temps pour savoir comment
les enseignants comprennent certains concepts didactiques les plus
utilisés dans les instructions officielles : situation problème,
erreur... Cette compréhension a une relation avec la manière dont
ils conçoivent leurs pratiques pédagogiques. Aussi, a-t-elle pour
objectif de mettre en évidence les indicateurs employés par les
enseignants pour juger l'apprentissage des élèves et le
rôle de l'enseignant et de l'élève dans cet
apprentissage.
Nous cherchons à travers cette grille à
répondre aux questions suivantes :
- Comment l'enseignant pense-t-il son enseignement ?
- Quels objectifs attribue-t-il aux activités de son
cours ?
- Comment conçoit-il l'apprentissage des
élèves et comment le juge-t-il ?
- Quel rôle attribue-t-il à l'élève
et à lui même dans l'apprentissage ?
- Comment remédie-t-il aux erreurs des
élèves ?
- À quel(s) modèle(s) didactique se
réfère-t-il ?
L'analyse de ces séances a été
précédée par une étape de mise en évidence
des décisions prises par les enseignants au cours de la
préparation de leur cours. Selon Charlier (1989), c'est durant la phase
de préparation que les enseignants prennent des décisions
concernant le projet de leur enseignement. Ces décisions peuvent se
référer soit :
· À l'élève, à ses
pré-requis, à ses représentations, à ses
attentes...
· Au savoir, au contenu à enseigner :
précisément au problème de présentation du cours
afin de traiter le programme scolaire ;
· Au savoir à enseigner en relation avec
l'élève, aux difficultés que peut rencontrer
l'élève, aux obstacles épistémologiques pour
certains concepts scientifiques...
68
Durant cette étape, les enseignants ont
été appelés à noter et à discuter les
objectifs auxquels ils se référent généralement,
dans leur préparation. Cela, dans le but de mettre en évidence la
place qu'ils attribuent à l'apprenant dans leur enseignement. Nous
pensons qu'une telle discussion permettrait de soulever certains
éléments de leur représentation sur l'apprentissage et
l'enseignement sans qu'ils soient influencés par les séances
enregistrées.
En résumé, l'analyse des séances et la
mise en évidence des décisions prises au cours de la
préparation des cours, ont pour but de permettre aux enseignants de
discuter sur des éléments précis, tout en avançant
des indicateurs et des arguments pour mieux expliciter leurs pensées
concernant leurs pratiques pédagogiques, en relation avec
l'apprentissage des élèves. Les comparaisons qu'ils pouvaient
faire avec leur manière d'approcher les leçons
enregistrées sont à considérer comme des arguments
concernant leurs représentations sur les pratiques pédagogiques
de la classe. Ainsi des relations et des liens entre des expressions, des
jugements avancés et justifiés peuvent être soulevés
et/ou déduits de la discussion.
Le travail individuel a été utilisé afin
de leur permettre de réfléchir sur ce qu'ils vont discuter en
mobilisant leurs propres connaissances. En groupe, les enseignants sont
appelés à présenter, justifier et confirmer les propos
individuels tout en donnant leur avis sur les séances par comparaison
à ce qu'ils font quand ils enseignent ces leçons. Le contenu de
la discussion est l'objectif principal de cette analyse. Des questions ont
été posées pour mieux orienter la discussion vers
l'objectif recherché. Un recueil des commentaires a été
réalisé.
D/ Critères de scientificité :
Afin de juger de la scientificité de
l'instrumentation, nous allons discuter en premier de l'effet-chercheur.
Ensuite nous discuterons de certains éléments touchant la
validité et la fidélité de nos outils.
Concernant les entretiens réalisés, nous avons
rencontré des difficultés pour convaincre des enseignants
à faire l'entretien individuel et à l'enregistrer. Notre
fonction18 semble être en cause. Certains de ceux que nous
avons interviewés, nous ont demandé notre point de vue sur leur
profil (s'ils sont de bons professeurs ?). D'autres nous ont
18 L»inspection de l'enseignement secondaire
69
expliqué le refus des autres professeurs par le fait
qu'ils ne peuvent s'empêcher de parler sans l'idée d'être
jugés et évalués. Nous pensons qu'il aurait
été préférable de réaliser cet entretien par
le biais d'autres enseignants ou des personnes qui ne travaillent pas dans
l'enseignement. Dans ce cas, nous aurons pu avoir un échantillon plus
élevé que celui que nous avons maintenant. Aussi nous aurions pu
recueillir ce qu'ils pensent exactement sur les points étudiés.
Par exemple, pour les questions en relation avec l'enseignement, certains
enseignants parlaient plus des conditions de travail que de leurs propres
activités. Afin de remédier à cela, nous avons
essayé de reposer les questions autrement en leur demandant de nous
expliquer comment se comporteraient-ils si les conditions étaient
convenables (nombre d'élèves réduit, présence de
matériel...). Nous allons essayer de tenir compte de cela dans nos
interprétations.
Les questions proposées, dans ces entretiens, n'ont
pas été validées par des acteurs éducatifs. Nous ne
l'avons pas jugé nécessaire, étant donné que
c'était nous-même qui posait les questions. Des clarifications et
des modifications ont été présentées en cas de
besoin, afin d'orienter la discussion selon les objectifs recherchés.
Cependant, nous avons essayé de vérifier la
validité et la fidélité de la grille d'analyse des
séances enregistrées. Cela en la proposant à quatre
enseignants bénévoles du secondaire qualifiant. Ces derniers ont
été appelés à remplir la grille à partir de
l'observation des séances. La synthèse de leurs réponses
est présentée en annexe 4. Nous n'avons pas enregistré des
difficultés dans sa compréhension. Ces enseignants ont
trouvé que les séances sont « normales » et que la
majorité des cours se réalisent de la même façon que
ceux enregistrés.
L'analyse de ces séances par ces enseignants a
été employée aussi afin de donner une idée sur les
séances. Une présentation non influencée par notre
subjectivité ni par celles des enseignants qui ont déjà
enseigné de tels cours était le but recherché.
Par ailleurs, dans le choix de notre échantillon, nous
avons pris en considération le fait que le milieu a des influences sur
les éléments périphériques des
représentations. C'est pour cela que notre échantillon se
divisait en deux groupes, ceux du secondaire qualifiant et ceux du secondaire
collégial. Les entretiens ont été faits avec les deux
groupes. Par contre, pour les analyses des séances, nous avons
rencontré des difficultés dans l'enregistrement
70
des séances du secondaire qualifiant. Des enseignants
bénévoles se sont désistés à la
dernière minute.
Aussi n'avons-nous pas jugé nécessaire de leur
proposer les séances du secondaire collégial, car d'un
côté, parmi les enseignants de notre échantillon, il y a
ceux qui n'ont pas encore travaillé avec les nouveaux programmes. D'un
autre côté, nous avons pensé que leur analyse sera faite en
référence aux objectifs du secondaire qualifiant.
71
Partie III
Traitement et
Interprétation des données
72
Dans cette partie, les données recueillies des
différents outils utilisés vont être traitées en vue
de décrire (paradigme descriptif) les éléments des
représentations des enseignants de notre échantillon ainsi que
les modèles auxquels se réfèrent-ils. Nous allons
présenter en premier ces données19, puis nous allons
essayer de les interpréter et de faire ressortir des
éléments de représentations ainsi que des liens existant
entre eux en référence aux modèles didactiques et
professionnels développés dans la partie théorique.
I/ Présentation des données :
A/ L'entretien collectif :
Pour introduire la discussion et pour soulever certains
éléments concernant les représentations des enseignants
à propos de l'exercice de leur métier, une première
question concernant les raisons et les causes d'un changement d'approche
pédagogique et d'une réforme curriculaire a été
avancée. Les réponses ainsi que la discussion engagée
peuvent être résumées dans les points
ci-dessous20 :
*/ Certains enseignants disent qu'ils sont au courant des
prescrits de la réforme mais n'y adhèrent pas car pour eux, elle
ne répond pas aux vrais besoins actuels du système
éducatif.
D'autres attendent qu'on les informe et qu'on les forme pour
y adhérer. Ils pensent que du moment que les responsables ont
adoptés ce changement, cela veut dire qu'il est bien et qu'il faut
seulement leur montrer comment faire pour changer leurs pratiques.
*/ Pour certains enseignants, avec une majorité du
secondaire collégial, le problème de l'enseignement a pour cause
:
- les conditions du travail : effectif élevé,
programme chargé, absence d'une évaluation externe au brevet,
niveau faible des élèves...
- l'éducation des élèves : ils pensent
que les élèves ne sont plus éduqués du fait qu'ils
ne respectent plus personnes et qu'actuellement l'école leur donne
beaucoup de droits. Il est primordial de chercher comment les éduquer
afin qu'ils commencent à respecter l'école.
19 Nous avons traduits ces données de l'arabe en
français tout en essayant de refléter les expressions
utilisées.
20 Dans les groupes interviewés, il y avait des
enseignants qui avançaient leurs points de vue et d'autres qui se sont
contentés
de présenter leurs accords avec l'un ou l'autre
enseignant sans apporter d'autres arguments.
73
«Même certains parents ne savent plus quoi
faire et ils nous demandent de faire notre travail, celui de les éduquer
» dit une enseignante du secondaire collégien.
*/ Pour d'autres, la PPO, fait travailler beaucoup les
enseignants, par le biais des fiches de préparations et la recherche des
objectifs opérationnels. Ils sont pour un changement d'approche
pédagogiques mais en parallèle d'un changement dans les
conditions de travail. Toutefois, ils pensent que tant qu'on ne s'occupe pas de
l'éducation des élèves, aucune démarche
pédagogique ne fonctionnera correctement.
Des différences sont à enregistrer pour cette
première question, entre les enseignants du secondaire qualifiant et
ceux du collégial. Elles résident dans l'importance
accordée à « l'éducation» des
élèves par ceux du lycée collégial et par la «
charge » du programme pour ceux du secondaire qualifiant.
Pour la deuxième question, concernant ce que
l'enseignant doit changer dans ses pratiques selon la réforme, les
réponses n'ont pas été très claires dans les
expressions des enseignants. Toutefois, nous pouvons enregistrer les
éléments suivants :
- Certains enseignants ont commencé à changer
leurs pratiques et à s'intéresser aux élèves. Cela
en travaillant plus par groupe et en leur donnant le plus souvent la parole en
classe, aussi, en leur laissant le temps pour écrire leur analyse et
leur conclusion sur des brouillons avant de noter les réponses correctes
sur les cahiers.
- D'autres enseignants ont dit qu'il n'y a rien à
changer actuellement dans leurs pratiques. Ils travaillent bien et font leurs
cours correctement. Ils consacrent du temps pour expliquer et répondre
aux questions des élèves.
« J'explique le cours plusieurs fois tout en posant
des questions pour voir s'ils ont compris. Il y en a des élèves
qui donnent de bon résultat, qui sont excellents et qui arrivent
à communiquer avec toi, mais pour un groupe, c'est la catastrophe... Je
ne suis pas responsable des élèves qui ne veulent pas travailler
ou qui sont faibles et qui ont beaucoup de lacunes(...) Il faut revoir ce qui
se passe au niveau primaire et secondaire collégien. Moi, j'ai un
programme à faire et à terminer avant l'examen du bac.»
(Enseignant du secondaire qualifiant).
74
« Je leur donne le document, je le fais lire par deux
ou trois élèves avant de ne le lire moi-même, j'explique
les mots difficiles, j'explique les questions, je laisse le temps pour les
faire. J'explique les réponses correctes, je leur dicte le
résumé, car ils ne savent pas faire des phrases correctes. Quand
je demande s'ils ont compris, tous disent oui (...) Au contrôle continu,
certains ont des vingt, ce qui montre qu'ils ont bien compris et bien appris,
d'autres arrivent à peine à la moyenne, sans parler de ceux qui
méritent des zéros. Vraiment c'est décevant, car tu fais
tout ton possible et ce n'est qu'une minorité qui communique avec toi.
Je ne sais en quoi je dois changer mes pratiques. Ce sont les
élèves qui ne veulent rien faire, certains n'apportent même
pas le cahier, ou n'écrivent même pas leur cours. Que faire dans
ce cas ? Et en plus on nous demande de ne pas les punir, et de ne pas les
priver des cours (en les faisant sortir de la classe)... Actuellement, du fait
qu'on n'a plus l'examen à la fin de l'année, les
élèves ne s'intéressent plus à la matière.
Vraiment il ne reste plus rien à faire dans ce travail ».
(Enseignant du secondaire collégien)
- Certains enseignants du secondaire collégien qui
sont satisfaits de leurs pratiques, se réfèrent à
l'éducation qu'ils ont reçue que ce soit dans le cadre de leur
famille ou à l'école comme référence. Ils sont pour
un retour à la sanction des élèves. Ils pensent que
l'élève n'a plus « peur » de l'enseignant et ne le
respecte plus. Sans examen final, sans sanction, l'enseignant ne trouve
aucun moyen pour faire travailler les élèves dit une
enseignante. L'absence de cette éducation selon une majorité est
l'une des causes principales de l'échec scolaire.
- Seule une enseignante du lycée qualifiant a
expliqué le changement de ses pratiques par le fait qu'elle
s'intéresse maintenant plus à l'élève et à
faire le rapport entre ce qui est enseigné et la vie courante. Elle sent
que ses élèves, plus spécialement les filles, du fait
qu'elles ne ratent aucun cours, qu'elles ont commencé à aimer sa
matière. Cependant, ce changement a eu des répercussions sur la
réalisation du programme et elle n'arrive pas à le terminer.
Cet entretien collectif, reste incomplet. Il ne nous permet
pas de clarifier certains points sur l'apprentissage de l'élève.
Il reflète plus la vision de l'enseignant sur l'exercice de son
métier et sur son enseignement. En outre, une majorité des
enseignants a parlé de l'importance que l'enseignant doit donner
à l'élève, tout en s'occupant de lui et en le
plaçant
75
au coeur de l'action éducative. Cependant, les constats
et les explications avancées sur leurs pratiques soulèvent
certaines questions. C'est quoi pour eux placer l'enseignant au coeur de
l'action éducative ? C'est quoi s'occuper plus de l'apprenant ? Des
questions que nous avons essayé de mieux approcher dans l'entretien
individuel semi-directif.
Ce dernier devrait nous permettre de mettre en
évidence d'autres éléments concernant les
représentations recherchées dans le cadre de ce travail.
B/ L'entretien individuel semi-directif :
Les enseignants interviewés ont une expérience
professionnelle de plusieurs années (de plus de 14 ans). Selon Huberman
(1989), pour construire un discours appuyé sur sa pratique, il faut
une maîtrise professionnelle et une expérience (in Rouiller,
2005). Nous pouvons considérer alors, le discours des enseignants
interviewés, comme un discours appuyé qui peut être objet
d'analyse.
Ces enseignants n'ont reçu aucune formation continue
depuis leur formation initiale dans les centres de formation (école
normale supérieure des professeurs pour le lycée qualifiant et
centre pédagogique régional pour le lycée
collégial). Durant cette formation, ils ont eu des cours
théoriques, ils ont fait des observations de classe et ils ont
essayé de donner des cours sous l'encadrement d'enseignants experts,
à qui ils assistaient. Toutefois, ils avancent que c'est le travail sur
le terrain qui leur a permis de mieux « apprendre » leur
métier.
Ces renseignements ont été demandés dans
l'intention d'entamer la discussion et de mieux connaître les
enseignants. Ils nous ont permis aussi, de relever quelques informations sur
leur formation initiale. Une formation que nous pouvons supposer faite selon
les modèles les plus classiques du métier de l'enseignant (Paquay
& Dezutter, 2003).
L'analyse des entretiens avec chacun de ces quatre
enseignants est présentée ci-dessous, selon la succession des
questions posées durant l'entretien :
* Les quatre personnes interviewées ont exprimé
leur besoin au changement dans le système éducatif, mais pas
forcément au niveau de l'approche pédagogique. Sauf pour une
enseignante du lycée qualifiant qui pense que la pédagogie par
objectif a échoué car elle ne s'intéresse pas à
l'élève : « l'élève était hors de
l'action éducative ». Aussi fait-elle travailler beaucoup les
enseignants par le biais des objectifs opérationnels à
élaborer dans les fiches
76
de préparations de leçons. C'était
fatiguant pour les professeurs. Maintenant on est plus libre et on peut
s'intéresser à l'élève et s'occuper de lui.
»
Pour les quatre, les conditions de travail (effectif
élevé -40 élèves par classe-, programme
chargé) nuisent au rendement de l'enseignement de l'enseignant. Un
changement de ces conditions est primordial, avant de changer la
pédagogie. Un enseignant du secondaire qualifiant a ajouté :
« certains trouvent encore des difficultés avec la PPO alors
qu'on leur demande actuellement une autre nouvelle approche. Il fallait
travailler d'abord par la PPO avant de passer à l'APC ».
Les enseignants du lycée qualifiant (P1 et P2) ont
ajouté que le changement s'impose surtout pour les adolescents. Ces
derniers, vu que l'école ne conduit pas directement à un travail,
comme avant, vu qu'ils observent qu'il y a beaucoup de chômeurs
diplômés, il faut chercher à leur donner un sens à
l'école. « Maintenant, j'essaie plus de faire le lien entre ce
qu'ils étudient et leur vie actuelle » explique l'enseignante
P1. L'autre enseignant P2, pense qu'actuellement, avec la mondialisation et la
globalisation, des changements dans notre enseignement doivent s'amorcer, entre
autre, les objectifs de l'école.
Pour ceux du lycée collégial, ils ne voient pas
exactement en quoi ce changement peut être bénéfique pour
les élèves, si ce n'est de leur attribuer plus de droits qu'ils
n'en ont.
À partir des réponses des quatre enseignants,
nous pouvons avancer l'hypothèse suivante : l'élève
n'était pas au centre de l'action éducative et ce n'est qu'avec
la réforme actuelle qu'on commence à s'intéresser à
lui. Une question s'impose d'elle-même, l'ancienne réforme
curriculaire avec l'approche pédagogique par objectifs a-t-elle atteint
ses finalités ou non ? Avec quelle approche pédagogique
travaillent les enseignants actuellement ?
*Pour les quatre enseignants, les préparations de
cours se font à partir du contenu des manuels scolaire certifiés
par le ministère de l'éducation. Ceux du secondaire qualifiant,
ont recours aussi à des livres spécialisées. «
C'est le programme et on doit le faire. Parfois on a recours à
d'autres livres dans le but de simplifier ou d'expliquer un document
présent dans le manuel » répond l'enseignant P2.
Pour P1, elle a dit : « il m'arrive de ne pas
comprendre facilement certains documents du manuel. Alors je cherche dans
d'autres livres universitaires pour pouvoir l'expliquer aux
77
élèves. Comment voulez vous donner un
document aux élèves si moi je ne le comprends pas ? Il faut
arriver à simplifier les documents compliqués et difficiles
».
Aucun de ces enseignants n'a fait référence
à une préparation du cours sur la base de concepts scientifiques
à construire ou en référence aux difficultés des
élèves ou à des obstacles à l'apprentissage de
certains concepts. Les élèves doivent apprendre ce qui est
programmé dans les manuels et les instructions officiels. L'enseignant
essaie de comprendre ce qui existe dans le manuel dans le but de pouvoir
l'expliquer et le simplifier à l'élève.
* Les quatre enseignants jugent l'apprentissage des
élèves sur la base de leurs notes au contrôle continu d'un
côté et d'un autre côté, sur la base de leur
participation en classe ou s'ils arrivent à faire les tâches
demandées.
* La majorité des erreurs commises, d'après ces
enseignants, sont dues à un manque de savoir, de savoir faire,
d'attention, de travail, de motivation et de révision par les
élèves.
Ils ne sont plus motivés et ne font plus d'efforts
ni de recherches. Sur les copies, les élèves ne consacrent pas de
temps à la lecture de la consigne même si je leur fais rappeler
cela à chaque fois. En classe, on travaille l'analyse et en
contrôle, je ne comprends pas pourquoi ils n'arrivent pas à faire
de l'analyse même sur des documents vus en cours. Je vous parle de la
majorité, car seule une minorité fait des efforts pour suivre les
cours. (selon P3)
En génétique, j'explique bien, je leur
montre comment traiter les exercices, je fais passer certains
élèves au tableau pour noter leurs réponses, je les
corrige tout en insistant sur les erreurs à éviter le jour de
l'examen et tout en leur montrant quelques astuces pour s'en sortir en examen,
tu sens qu'ils ont compris, certains même te le disent et te le
confirment, mais une fois une interrogation est faite, c'est la catastrophe
pour un bon nombre d'élèves. Ils ne travaillent pas assez chez
eux. Ils ne donnent pas de l'importance à la matière. Ils
travaillent plus les maths et les physiques. Ils pensent qu'il suffit
d'apprendre par coeur pour répondre en sciences. Mais « ils verront
» le jour de l'examen que les SVT ce n'est pas quelque chose de facile.
(selon P2)
* À la question, à quel type de problème
répond votre contenu ? La réponse semblait évidente pour
les enseignants, c'était aux problèmes figurant sur le manuel. P1
et P4 ont
78
ajouté, que parfois ce sont les élèves
qui les posent à partir de documents qu'ils leur proposent. Il arrive
pour P3 que les élèves posent des questions pour tester les
compétences de leur enseignant.
*La majorité des activités, selon P1, sont
réalisées dans le but de faire apprendre aux élèves
un savoir scientifique et de développer chez eux des compétences.
Pour P2 et P3, c'est pour faire le programme et pour les préparer
à l'examen du bac (P2). Pour P4, c'est pour développer certaines
capacités chez eux afin qu'ils commencent à bien raisonner. Mais
aussi pour leur transmettre des connaissances, qu'ils pourront utiliser dans
d'autres niveaux.
* Permettre un apprentissage, selon les quatre enseignants,
consiste en une bonne explication du cours avec une vérification de sa
compréhension par les élèves. Aussi, l'enseignant est
appelé à simplifier la connaissance pour qu'elle soit au niveau
des élèves, à contrôler fréquemment,
même oralement, au début de chaque séance les connaissances
des élèves et à faire travailler les élèves
en classe et chez eux. Cela dans le but de les pousser à réviser
leur cours et de les engager dans leur formation (selon P3 et P4). Il est
appelé, selon P1, à être proche et ami avec les
élèves et à répondre aux différentes
questions qu'ils se posent, même si elles sont banales « je leur
demande de poser toutes les questions qu'ils veulent. Quand quelqu'un me dit
qu'il n'a pas compris, je lui parle gentiment en lui demandant ce qu'il n'a pas
compris. Et je reprends le cours même s'il le faut du début. Ou
parfois je demande aux élèves de lui expliquer s'il s'agit de
quelque chose de facile. »
*Concernant l'explication de la finalité -placer
l'élève au coeur de l'action éducative-, à des
enseignants débutants, les enseignants du lycée qualifiant ont
parlé d'un changement dans le rôle de l'enseignant. Celui-ci est
devenu « lourd », l'enseignant étant appelé
actuellement à mieux s'occuper de l'élève, à donner
de l'importance à ce qu'il dit, à l'écouter, à lui
donner des sujets qui sont en relation avec lui, avec son entourage, des sujets
qui le touchent, qui le concernent. Selon P1, l'enseignant ne doit plus
être considéré comme le seul expert du savoir. Les
élèves savent aussi beaucoup de choses. Il faut discuter avec eux
et développer leur confiance en eux-mêmes.
Pour les enseignants du lycée collégial, ils
pensent plus faire travailler les élèves, en les laissant faire,
individuellement ou en groupe, les activités programmées,
écrire le contenu
79
du cours, mais il faudrait d'abord maîtriser la classe
et bien contrôler les élèves, sinon le travail deviendra
difficile et parfois même impossible.
* Concernant, les objectifs des activités, leurs
préparations, leurs exploitations ainsi que leurs évaluations,
les conseils avancés reflètent ce que les enseignants ont dit sur
leurs pratiques. Toujours, il y a une référence au contenu du
manuel, au programme à réaliser et aux tâches que les
élèves doivent exécuter. L'importance attribuée
à l'élève se fait à travers le savoir à
transmettre et les connaissances à acquérir.
* Pour les conseils en relation avec les erreurs, les quatre
ont avancé qu'il faut leur donner de l'importance et les corriger en
classe. Selon le type d'erreur et le temps qu'ils ont, le cours peut être
réexpliqué ou d'autres exercices peuvent être
donnés. Une enseignante du lycée collégien a ajouté
« il m'arrive de demander aux bons élèves de faire le
cours aux autres, surtout quand il s'agit d'un cours facile. J'ai
constaté que dans ce cas, ils comprennent mieux et donnent de
l'importance aux concepts. Et dans ce cas, ils se trompent moins en
écrit ».
*À la question comment les élèves
apprennent et quels conseils peut-on leur attribuer pour orienter leurs
apprentissages, les enseignants du secondaire qualifiant ont parlé d'un
travail continu sur la base du cours donné en classe, en premier, et sur
la base du contenu des manuels tout en faisant des exercices et des
problèmes à partir des livres spécialisés. Un
travail individuel est encouragé et reste indispensable à
l'apprentissage de l'élève. Ce qui est donné dans le cours
reste insuffisant pour réussir au lycée selon l'avis de P1.
Pour ceux du lycée collégien. Ils pensent qu'il
suffit de bien travailler le cours donné, de bien le comprendre et de
bien mémoriser les résumés et les définitions pour
apprendre les SVT et pour réussir aux examens.
* Un bon enseignant selon les interviewés, est celui
qui maîtrise en premier sa discipline. C'est aussi celui qui sait se
respecter et qui contrôle ses élèves. Celui qui ne fait pas
appel aux autres pour résoudre ses problèmes. C'est celui aussi
qui sait comment parler avec les élèves, comment les motiver,
comment les pousser à travailler et à évoluer.
80
* Un bon élève est un élève qui
est avant tout discipliné, qui assiste à ses cours et s'applique
dans son travail, en réalisant les tâches qui lui sont
attribuées. C'est aussi celui qui travaille chez lui, qui fait des
recherches, qui pose des questions et participe en classe. De tels
élèves sont souvent les premiers de leur classe et
réussissent sans aucune difficulté, selon le point de vue des
enseignants.
C/ Analyse des séances enregistrées :
Avant d'analyser des séances, les enseignants ont
été appelés à présenter les objectifs
auxquels ils se référent dans la préparation de leur
cours. Autrement dit, les questions qu'ils se posent généralement
pour prendre des décisions concernant le projet de leur enseignement
(Charlier, 1989). Ces questions pourraient nous révéler quelques
éléments de leurs représentations sur l'apprentissage et
l'enseignement.
Les différentes questions que nous avons pu recueillir
se réfèrent aux savoirs à enseigner selon le manuel
scolaire et à comment l'enseigner. Elles ne s'intéressent pas
à ce que l'apprenant doit maîtriser (Rogiers, 2004).
Deux enseignants ont posé des questions au niveau de
leur travail individuel, sur les pré-acquis des élèves, en
relation avec le contenu à enseigner. Toutefois ces questions n'ont pas
été poursuivies par des questions sur la manière
d'exploiter ces pré-acquis, ni sur la manière d'y remédier
s'il y a des lacunes ou des obstacles.
Dans les explications avancées, ces enseignants ont
ajouté que malgré les nombreuses lacunes enregistrées chez
leurs élèves, ils ne leur consacrent pas de temps pour les «
combler », étant donné la charge du programme. Ils se
contentent souvent d'expliquer ou de présenter les définitions
des concepts dont ils auront besoin.
Concernant l'analyse des séances enregistrées,
la grille utilisée peut être subdivisée en deux volets. Un
volet qui reflète comment l'enseignant pense son enseignement: ses
objectifs, ses activités...ainsi que son rôle dans l'apprentissage
des élèves. Cela à partir de l'analyse et de la critique
des séances enregistrées. Un second reflétera comment il
pense l'apprentissage de l'élève et le rôle de celui-ci
dans cet apprentissage.
À partir des réponses enregistrées sur
la grille et à partir des discussions entamées, nous pouvons
noter les points suivants :
·
81
Volet 1 :
Pour le premier point de la grille, concernant les objectifs
de la leçon, aucun enseignant n'a fait référence aux
capacités et aux apprentissages des élèves. Tout ce qui a
été enregistré (seulement par quatre enseignants, les
autres n'ont rien écrit), concerne des objectifs de contenu, plus
précisément les titres des parties de la leçon à
traiter existant dans les manuels scolaires.
Durant la discussion, nous avons reposé la question des
objectifs aux enseignantes filmées. Elles ont avancé les
mêmes objectifs. Une enseignante, nous a dit : « c'est comme
dans le manuel scolaire ». Se référer au manuel, semble
être la norme pour cette enseignante et aussi pour d'autres.
Ces objectifs ne diffèrent pas de ceux qui ont
été notés et discutés avant la visualisation et
l'analyse des séances enregistrées.
Concernant les activités réalisées ainsi
que leur but, tous les enseignants étaient pour le fait de poser des
questions aux élèves pour soulever le problème de la
leçon. L'adoption des exercices permettrait de le résoudre et
d'arriver au contenu recherché. Un enseignant a insisté sur
l'importance de poser des questions fermées afin de guider les
réflexions des élèves. Ceci évitera une perte de
temps dans des questions qui ne seront pas traitées.
Certains enseignants ont proposé les démarches
qu'ils adoptent dans leur cours :
En ce qui me concerne, pour ces mêmes leçons,
je procède autrement. Après avoir enregistré les questions
posées par les élèves, sur le tableau, je leur donne des
documents avec des questions et je les laisse travailler en groupe.
Après, on lit les réponses et on note sur le cahier, une parmi
celles qui sont correctes. Mais ce sont les élèves qui dictent
aux autres leurs réponses. Ce n'est pas moi. Moi je ne fais que corriger
la formulation des phrases. Parfois, une fois qu'on écoute les
différentes réponses et qu'on les corrige oralement, je leur
demande de noter seuls la bonne réponse. Ceci les pousse à mieux
suivre ce qu'on dit en classe.
Telle démarche, selon certains enseignants, permet de
faire travailler l'élève, surtout celui qui veut travailler (le
bon élève) et de le faire participer à
l'élaboration du cours. Les élèves qui sont faibles
attendent toujours qu'on leur dicte ce qu'ils doivent écrire. Une
enseignante a ajouté : ce qu'on dit maintenant, concerne surtout
notre travail avec les bons
82
élèves et même les moyens. Mais, pour
les faibles, il n'y a rien à faire. On fait notre possible seulement
pour les faire taire et les garder en classe. Ils perturbent notre
travail.
De cela, nous pouvons demander ce qu'est un bon
élève ? Quel rôle doit-il adopter dans son apprentissage ?
Comment conçoit l'enseignant l'apprentissage des élèves
?
Volet 2
Le deuxième volet de l'analyse nous permet d'approcher
ces questions. Ainsi, les séances enregistrées montrent que
certains élèves font ce que les enseignantes leur demandent. Ils
répondent aux questions et analysent collectivement les documents
étudiés. Ils arrivent même à formuler le
résumé à noter sur le cahier. Il existe d'autres
élèves qui ne font rien à part noter ce qui doit
être noté. Durant la discussion, aucun enseignant ne s'est
préoccupé de ces derniers élèves. Pour la
majorité, le cours est réussi et les élèves ont
bien travaillé. Ils sont attentifs et presque tous les
élèves lèvent le doigt pour répondre aux questions
de l'enseignant.
À partir de la discussion entamée sur les
activités réalisées par les élèves, sur les
types de réponses avancées, sur son comportement avec les autres,
sur les erreurs des élèves et sur l'évaluation des
apprentissages, nous pouvons noter les points suivants :
- Les élèves apprennent quand ils participent en
classe en répondant aux questions des exercices ou celles posées
par l'enseignant ;
- Les réponses « fausses » avancées
par les élèves sont souvent rejetées. Parfois elles sont
reprises par l'enseignant et reposées aux élèves dans le
but de vérifier le degré de leur compréhension et du suivi
du cours ;
- Les erreurs ont pour causes : la non-révision des
cours précédents, l'inattention et le non suivi du cours
entamé, la non-compréhension de ce qui est avancé, le
faible niveau des élèves (des élèves qui ne savent
même pas formuler et rédiger des phrases correctes...) ;
- Les objectifs de la leçon sont atteints quand les
élèves arrivent à faire les activités
programmées.
Un enseignant, dans le cadre de ce deuxième volet, a
refusé le fait de généraliser par les autres enseignants,
que le niveau des élèves est bas et qu'ils ne veulent plus
travailler. Il
a responsabilisé le comportement de l'enseignant ainsi
que sa démarche d'enseignement. Il a exposé ce qu'il constate
dans ses classes.
Moi, ça dépend des leçons. Parfois,
nous passons presque toute la séance en discutant sur le thème
qu'on va étudier. Ils posent trop de questions. Ils veulent savoir
beaucoup de choses. Surtout quand il s'agit du cours sur la reproduction. Je me
demande parfois, ce que je vais ajouter à ces élèves ?
Certains ont des connaissances poussées. Je ne vois pas pourquoi on dit
que le niveau des élèves est bas !! Ce sont les
élèves qui te poussent à chercher à
améliorer ton enseignement.
Cet enseignant a eu une réplique de la part des autres.
Ils lui ont dit que même si les élèves semblent avoir des
connaissances, le jour du contrôle, ils ne font rien.
Ceci nous pousse à se poser les questions sur le
rôle de l'enseignant dans son enseignement. Quel rôle lui attribue
ces enseignants ? Est-il, seulement un transmetteur de connaissances ou aussi
un créateur de conditions pour faire apprendre aux élèves,
comment mobiliser leurs connaissances et comment les exploiter pour soulever ou
aborder des problèmes scientifiques ?
Ces enseignants semblent être dans l'embarras de
décisions. Ils sont conscients de la non-efficacité de leur
démarche, mais étant donné qu'ils n'ont pas de
modèles à suivre21, ils se trouvent perplexes. Le seul
qu'ils ont c'est celui avec lequel ils ont étudié et appris.
83
21 Une enseignante dans l'entretien collectif a dit : «
nous avons assisté à des exposés sur les
compétences. Nous savons théoriquement ce que c'est une
compétence. Mais nous ne savons pas comment elle doit être
développée. Nous n'avons jamais assisté à un cours
où on nous montre le développement de compétences
».
84
II/ Interprétation des données
L'analyse de ce qui a été avancé par les
enseignants peut mettre en évidence certains éléments des
représentations sur l'exercice du métier et sur l'apprentissage,
l'enseignement, le rôle de l'enseignant et de l'apprenant dans
l'apprentissage. Ces éléments peuvent être
résumés dans les points ci dessous :
- Certains enseignants, du fait qu'ils attendent qu'on leur
montre comment faire, qu'on leur crée les conditions pour travailler, et
du fait qu'ils ne se remettent pas en question et ne responsabilisent que les
autres (responsables, élèves...) de l'état de
l'enseignement, laissent penser qu'ils sont des personnes passives dans
l'exercice de leur métier. Ils semblent aussi, qu'ils manquent
d'autonomie dans leur action et ne se considèrent pas comme des acteurs
ni comme des responsables pouvant intervenir (positivement ou
négativement) sur leurs pratiques ou sur leurs conditions de leur
travail. Ce qui est fort lien de la pratique d'un professionnel.
Ce manque d'autonomie et cette passivité pourraient
être considérés comme des obstacles à la
professionnalité (Astolfi, 2003).
- Les réflexions sur l'implantation de la
réforme reflètent aussi la conception qu'ils ont sur leur
rôle en tant qu'enseignant. Ils semblent qu'ils se considèrent
plus comme des exécutants des instructions officielles. Mais de quelles
instructions officielles s'agit-il ? Comment interprètent-ils et comment
comprennent-ils ces instructions ?
- S'occuper de l'apprenant, selon certains enseignants, est
plus utilisé dans le sens affectif que dans le sens de l'apprentissage.
Les enseignants parlent surtout de leurs relations avec les
élèves. Même ceux qui ont parlé du travail en
groupe, ils ne l'utilisent pas dans le but de créer des conditions de
conflits cognitifs mais plutôt dans le but de pouvoir diviser le nombre
des élèves en petits groupes et arriver ainsi à mieux
expliquer son cours et mieux répondre aux questions du plus grand nombre
d'élèves. Selon un enseignant, le travail en groupe ne fait
travailler que les bons élèves. Ceux-ci répondent aux
activités alors que les faibles ne font aucun effort, ils attendent
qu'on leur « dicte » les réponses correctes.
85
- L'enseignement correspond plus à une explication du
cours et à une vérification de sa compréhension par le
biais d'un questionnement posé à l'élève par
l'enseignant que ce soit dans le cours et au contrôle continu.
- L'enseignant est satisfait de ses stratégies et c'est
à l'élève de faire l'effort pour comprendre ce qui a
été avancé dans le cours.
- Pour certains enseignants, un examen en fin d'année
ainsi qu'un retour à la punition permettraient aux élèves
de s'intéresser aux cours et de s'engager dans leur travail.
- Les enseignants s'intéressent surtout aux
élèves qui veulent travailler.
- À partir des réponses des enseignants, nous
pouvons supposer que ces enseignants ne se posent pas le problème d'un
manque ou d'une mauvaise compréhension ou même d'une absence de
compréhension due à des obstacles existant chez les
élèves ou à l'utilisation de démarches ne leur
convenant pas. Toujours, c'est la non-motivation et le refus de s'engager dans
leur propre formation que les enseignants reprochent aux
élèves.
- Les enseignants interviewés donnent de l'importance
en premier, au savoir programmé à transmettre. En second, ils
pensent aux conditions nécessaires pour cette transmission, que ce soit
au niveau de l'enseignement de l'enseignant ou de son rôle dans la classe
ou que soit de l'apprentissage de l'élève, de son comportement ou
de son travail en classe ou chez lui. Ces enseignants s'intéressent
à la manière de transmettre le savoir programmé et non
à ce que doit maîtriser l'élève ni à comment
l'aider à construire ses connaissances.
- Pour ces enseignants, les élèves sont encore
en état d'apprentissage, spécialement ceux du lycée
collégial. Il faut leur montrer surtout quoi faire.
- Dans la phase de préparation de cours, qui est une
phase décisive pour le déroulement du cours,
l'élève n'est pris en considération que dans un but de
contrôle que ce soit au début ou à la fin. L'importance est
donnée au savoir à présenter et parfois au contrôle
de compréhension de ce savoir par les élèves. L'enseignant
s'intéresse à ce qui doit être transmis et à comment
le transmettre et non à ce qui doit être construit par l'apprenant
ni à comment permettre sa construction.
86
- Les pré-acquis semblent ne pas être
considérés comme des éléments sur lesquels on peut
construire d'autres connaissances. Ils semblent être
considérés comme des connaissances auxquelles on ajoute, au
dessus, d'autres connaissances.
De ces différents éléments, nous pouvons
supposer que l'enseignement correspond à une transmission d'un savoir
pré élaboré de la part de l'enseignant à
l'élève. L'activité de l'enseignant consiste plus en
l'explication et la vérification de la compréhension du cours.
L'élève dans ce cas, est appelé à comprendre et
à travailler selon les attentes de l'enseignant et de l'examen. Son
apprentissage consiste en une mémorisation du cours et un savoir faire
pour traiter des exercices et des problèmes. Utiliser le brouillon ou
laisser le temps aux élèves pour faire des activités, ou
les faire travailler en groupe, semblent être utilisés comme des
routines, sans une réflexion sur le pourquoi ni leur
intérêt dans l'apprentissage de l'élève.
Conclusion : Éléments de
Représentations recueillis :
Les différents éléments recueillis
à partir de notre enquête peuvent être résumés
dans le tableau ci-dessous. Ainsi, la majorité des enseignants de notre
échantillon, sans noter une grande différence entre ceux du
lycée qualifiant et ceux du lycée collégien, pensent que
:
|
Éléments de
représentations
|
|
* ils comprennent « le cours » après explication
de
|
|
l'enseignant ;
|
|
* ils arrivent à répondre aux questions
posées par
|
Les élèves apprennent quand :
|
l'enseignant que ce soit dans le cours ou au contrôle
continu ;
|
|
* ils arrivent à faire les tâches scolaires
demandées.
|
|
* l'enseignant simplifie et explique bien son cours ;
|
|
* les élèves mémorisent et révisent
leur cours chez eux
|
|
*ils terminent le programme ;
|
|
*ils expliquent de différentes façons leurs cours
;
|
|
* ils simplifient et réduisent la complexité du
contenu
|
Les enseignants enseignent
|
étudié
|
correctement quand :
|
*ils font souvent des contrôles pour « pousser
» l'élève à réviser son cours ;
|
|
*ils aident l'élève à construire sa
connaissance par le biais de plusieurs questions ;
|
87
|
*ils leur laissent le temps pour réfléchir sur
les activités, pour utiliser le brouillon ou pour écrire le
résumé du cours ;
*ils donnent des astuces et des conseils à
l'élève.
|
Le rôle de l'enseignant est :
|
* de faire le programme ;
* d'être à l'écoute des élèves
et d'être proche d'eux ;
* de corriger les erreurs des élèves
* de les contrôler
* de les éduquer
|
Le rôle de l'élève est
:
|
* d'être assidu ;
* de faire les tâches demandées, en cours ou hors
cours ;
*de réviser, de comprendre et d'apprendre ses cours ;
* de faire de la recherche chez lui ;
* d'arriver à synthétiser ses cours ;
*de s'enrichir par le travail individuel.
|
L'exercice du métier d'enseignant consiste en
:
|
* une application des instructions officielles * une
exécution des tâches programmées * une dépendance et
une absence d'autonomie * une passivité dans l'exécution du
métier
|
88
III/ Vers la recherche de modèles de
références
Les représentations sont à rechercher dans ce
qui existe derrière ce qui est dit, dans les interstices du
déclaré. Car ce que déclare un enseignant ne correspond
pas à un fait mais à sa conviction en références
à certaines situations (Rouiller, 2005).
Dans cette partie, nous cherchons à supposer
l'organisation des éléments de représentations
déduits des différentes discussions avec les enseignants de notre
échantillon, plus précisément, à partir des
discussions résultant de l'analyse des séances
enregistrées. Cela, dans le but de déterminer le ou les
modèles auxquels se réfèrent les enseignants et ainsi
déterminer le noyau central de leurs représentations. Même
si nous sommes consciente que les outils utilisés dans cette recherche
restent incomplets pour repérer et faire émerger les
éléments de représentations, pour étudier les
relations entre eux et déterminer ainsi la signification centrale (le
noyau).
L'entretien collectif, l'entretien individuel et l'analyse des
séances, nous ont permis de déduire les propositions ci-dessous
:
- L'apprentissage est la conséquence d'une
compréhension d'un savoir simplifié et bien expliqué et
présenté.
- Apprendre c'est connaître. Il est le résultat
d'une compréhension et d'un enregistrement d'une connaissance non connu
auparavant.
- L'apprentissage nécessite la réalisation de
plusieurs exercices, ainsi que la maîtrise de certaines astuces,
- Le savoir exposé par l'enseignant n'est pas attendu
par la majorité des élèves. Ces derniers ne veulent pas
travailler. Ils ne sont ni motivés, ni bien éduqués.
- Les erreurs commises par les élèves sont des
fautes causées par un manque de travail, d'attention, de
révision, de pré-requis. L'élève est responsable en
grande partie de ses erreurs. Une reprise du cours et une ré-explication
de ce qui n'a pas été compris permettent de les corriger.
- L'élève est responsable de son apprentissage,
dans le sens de l'accumulation des connaissances et non dans le sens d'une
construction de la connaissance. Les représentations, les
intérêts ainsi que les besoins des élèves ne sont
pas pris en considération dans la préparation et la
réalisation du cours.
89
- L'enseignant ne s'occupe pas à faire apprendre
à l'élève comment apprendre, ni comment construire ses
connaissances, ni comment les mobiliser dans différentes situations.
- Il ne travaille pas à partir des pré-acquis
des élèves. Il ne prépare pas son cours dans l'intention
de créer les conditions pour permettre à l'élève de
construire ses connaissances.
- L'autorité, la maîtrise des
élèves et leur contrôle sont des critères indicatifs
d'un bon enseignant, surtout en secondaire collégial. Sans cela,
l'enseignant ne pourrait transmettre le savoir programmé et le faire
apprendre à l'élève.
Des différents éléments soulevés
ci-dessus, nous pouvons avancer que l'apprentissage, selon ces enseignants, est
subordonné à l'enseignement. Sans l'enseignement d'un savoir, il
ne peut y avoir l'apprentissage. Une telle conception de l'apprentissage est
reflétée par les modèles du paradigme d'enseignement
(Tardif, 2001), le modèle transmissif et le modèle
béhavioriste.
L'importance donnée à l'explication et à
la simplification du savoir enseigné par une majorité des
enseignants de notre échantillon laisse penser que l'acquisition du
savoir se fait par une transmission de la connaissance de celui qui
connaît vers celui qui ne connaît pas. Toutefois, dans le discours
de ces enseignants, c'est le savoir programmé dans le manuel qui
constitue la principale référence. L'enseignant dans ce cas, est
le seul apte à comprendre son contenu, à le simplifier et
à l'expliquer à l'élève pour pouvoir
l'acquérir. Ces propos s'accordent plus avec l'idée de
l'apprentissage présente dans le modèle transmissif (Giordan in
Asensio, Astolfi, Develay, 2002) ainsi, qu'avec l'idée d'un
métier et d'une exécution des tâches par l'enseignant
(Astolfi, 2003).
En outre, les erreurs sont considérées comme des
fautes et comme des déficiences que ce soit chez l'élève
ou dans la démarche de certains enseignants. Elles ne sont pas
considérées comme des symptômes des modes de pensées
des élèves ou comme des éléments permettant de
caractériser des états des lieux cognitifs. Le modèle
constructiviste qui prend en compte les erreurs des élèves en les
utilisant comme révélateurs des obstacles semble
éloigné du modèle utilisé par ces enseignants. Il
ne nous est pas apparu de possibilité de construction d'apprentissage
par résolution de problèmes soulevés par les
élèves. Les enseignants proposent des activités qui sont
prédéterminées et qui n'offrent pas des
90
possibilités aux élèves pour s'impliquer
dans l'action ou pour s'inscrire dans un projet. Il leur reste seulement de les
exécuter dans un temps précis, sans qu'ils puissent s'approprier
les enjeux de l'apprentissage.
Dans tous les cas, le rôle de l'enseignant reste celui
du maître enseignant transmetteur du savoir (Paquay, 1994, 2006), qui
enseigne tout en se basant sur des activités qui correspondent à
des tâches à accomplir par l'élève en tant qu'un
exécutant. Ceci nous pousse à supposer que l'activité de
l'enseignant est loin de permettre un apprentissage par l'action et une
réflexion sur l'action.
Cette subordination de l'apprentissage à l'enseignement
est enregistrée aussi, dans le discours des enseignants sur leur propre
apprentissage. Certains enseignants attendent que des formateurs les forment et
leur apprennent des modèles théoriques afin qu'ils arrivent
à changer leurs pratiques selon les prescrits de la réforme.
L'initiative, la création, l'innovation, sont des termes absents dans le
discours de ces enseignants. Aussi la réflexion sur les
stratégies adoptées ou sur les jugements avancés, semble
ne pas être le point fort du discours de la majorité des
enseignants de notre échantillon. Cette réflexion sur l'action
qui permet généralement, une distanciation, une mise en
conscience des processus cognitifs sous jacents et une construction
justifiée des connaissances sur les pratiques, semble être
influencée par le modèle didactique transmissif d'un
côté et par celui du maître « instruit », «
artisan » d'un autre côté.
Certains enseignants, même s'ils sont conscients de
l'importance du développement de la personne dans l'apprentissage et
l'importance de donner du sens à l'apprentissage, ils n'arrivent pas
à innover et à travailler dans ce sens. Les
représentations qu'ils ont sur comment apprendre et sur le rôle de
l'enseignant constitueraient des obstacles aux changements de leurs pratiques.
Aussi, l'absence d'une formation permettant une réflexion sur l'action
et une conceptualisation résultant de la confrontation à des
grilles de lectures théoriques (Paquay, in Pastré, 2006) ne leur
permet pas de faire évoluer et de développer des
compétences professionnelles.
Les enseignants de notre échantillon, ne peuvent
être considérés comme des professionnels, si on ne se base
que sur leur discours. Un professionnel, d'après Perrenoud (2001) «
est censé réunir les compétences du concepteur et
celles de l'exécutant : il identifie
91
le problème, le pose, imagine et met en oeuvre une
solution, assure le suivi ». Nos enseignants identifient le
problème et mettent en oeuvre des solutions selon leur cadre de
référence et selon leurs répertoires cognitifs mais dans
le cadre d'un paradigme d'enseignement et non celui de l'apprentissage. Les
représentations qu'ils ont sur leur rôle en tant
qu'exécutant semblent être des obstacles à un
investissement personnel et réfléchie dans des situations
complexes.
Nos hypothèses de recherche semblent être
confirmées pour les enseignants de notre échantillon. Ces
derniers se réfèrent dans leurs pratiques aux modèles
appartenant au paradigme d'enseignement. Aussi se considèrent-ils comme
des exécutants des tâches de leur métier. De tels
modèles pourraient avoir des conséquences sur leur
compréhension des prescrits de la réforme. Aussi pourraient-ils
être des obstacles à leur engagement dans le changement et
même dans leur propre apprentissage.
CONCLUSION
Pour qu'un mouvement se produise, il faut qu'il soit proche
de mouvements sismiques parfois imperceptibles, mais dont la conjugaison
produit à terme une onde de choc. Encore faut-il provoquer le changement
avec suffisamment d'énergie pour qu'il commence, et suffisamment de
respect pour qu'il se poursuive en continu ! Jean-Michel
Steinmann22
92
22 ROUILLER (2005)
93
CONCLUSION
La prise en compte des représentations des principaux
acteurs dans un changement s'avère une action importante sinon
indispensable dans l'implantation d'une réforme. Ces
représentations peuvent être des obstacles aux changements
prescrits et induire ainsi des résistances à l'implantation de la
réforme.
Dans notre étude, le changement auquel nous nous
intéressons consiste en un changement de pédagogique et
l'adoption de l'approche par compétences. Celle-ci nécessite un
changement de paradigme, et le passage du paradigme d'enseignement à
celui d'apprentissage. Pour cela, la conception de l'apprentissage, de
l'enseignement, du rôle de l'enseignant et de l'apprenant sont
appelées à changer et à être construits selon le
paradigme d'apprentissage.
En outre, un changement dans la conception de l'exercice du
métier de l'enseignant, s'avère aussi nécessaire.
L'enseignant est appelé à évoluer vers un professionnel,
plutôt que d'être un exécutant de tâches
précises d'autant plus que l'approche par compétences
nécessite des innovations et des créations dans les
démarches d'enseignement et d'apprentissage.
Il semble que les représentations que peuvent avoir les
enseignants sur ces éléments influenceraient leur engagement et
leur implication dans ces changements.
C'est dans ce sens, que notre étude s'est
proposée de mettre en évidence les représentations des
enseignants, en adoptant une méthodologie qualitative que ce soit pour
recueillir certains éléments des représentations
recherchées ou pour mettre en évidence des liens et des relations
entre ces éléments.
Il ressort ainsi, de l'analyse des résultats de notre
enquête - entretiens collectifs, individuels semi-directifs, analyse des
séances enregistrées - que les enseignants de notre
échantillon se considèrent comme des exécutants des
tâches précises de leur métier, appliquant des routines ou
recherchant des démarches et des modèles invariables,
plutôt que comme des acteurs intervenants sur les conditions de leur
travail et dans l'apprentissage de leurs élèves ou comme des
professionnels cherchant et développant des procédures d'analyse
et de résolutions de problèmes.
94
Ces représentations sur l'exercice de leur
métier semblent être en relation avec celles qu'ils ont sur
l'apprentissage, l'enseignement, le rôle de l'enseignant et de
l'apprenant dans l'acte de l'apprentissage. Les enseignants de notre
échantillon se considèrent comme les transmetteurs d'un savoir
programmé (dans les manuels scolaires) qui doit être appris par
les élèves. Ils se considèrent aussi comme des
contrôleurs des apprentissages et parfois comme des éducateurs
dans le secondaire collégial. Les élèves tout en
étant passifs en classe et actifs chez eux, sont appelés à
apprendre et à construire leurs connaissances, individuellement. Ils
sont, d'après la majorité, les responsables principaux de leur
échec. Pour quelques-uns, la démarche d'enseignement peut
être considérée aussi comme cause de cet échec.
Les informations ainsi recueillis et déduits vont dans
le sens de nos hypothèses de réflexion. Les enseignants se
considèrent comme des exécutants de leur métier et pensent
l'apprentissage, l'enseignement dans le cadre du paradigme d'enseignement.
Dans ce sens, les représentations de ces enseignants
peuvent avoir une influence sur leur compréhension et leur engagement
dans le changement d'approche pédagogique. Nous pouvons les
considérer comme des obstacles qui relèvent de la facilité
et des évidences qui s'imposent à eux bien plus que des
difficultés ou des blocages. Elles correspondent plus au
résultat d'un mode de fonctionnement intellectuel commode, bien
installé chez le sujet et satisfaisant pour lui (Astolfi 1999). Une
recherche future dans ce sens serait souhaitable. Elle permettrait de
vérifier l'existence ou l'absence d'une relation entre ces
représentations et la compréhension des changements prescrits par
la réforme.
Compte tenu des limites de cette étude, nous sommes
conscients que ces conclusions ne peuvent être
généralisables à cause de :
- notre échantillon dont l'effectif était
réduit et ne comportait que les enseignants d'une seule discipline. Nous
pensons qu'un nombre élevé d'enseignants, de différentes
disciplines permettrait sans doute d'étayer nos hypothèses.
Aussi, la prise en compte du discours d'autres acteurs pédagogiques tels
que les inspecteurs, les administrateurs, les élèves, pourrait
compléter nos résultats et engager une réflexion sur
comment former ces acteurs et comment les accompagner dans la mise en place de
la réforme. Cependant, notre échantillon présente un large
spectre quant au degré d'ancienneté et au profil de la formation
initiale des enseignants.
95
- Notre démarche méthodologique dont les actions
étaient limitées. Un entretien avec les responsables des
séances filmées et une confrontation entre ce qu'ils disent et
leurs pratiques auraient enrichi nos résultats. Egalement une
présentation des résultats aux enseignants interviewés
nous aurait permis de les discuter et de les travailler afin d'accroître
leur validité, mais surtout afin de vérifier la centralité
des modèles déduits.
Tenons compte de nos résultats qui sont loin de
refléter ce que devraient être les éléments de la
réforme, nous soulevons les questions suivantes :
Comment peut-on espérer développer des
compétences chez l'apprenant avec des acteurs pédagogiques se
considérant davantage comme des exécutants que comme des
professionnels ?
Comment intervenir pour permettre à ces enseignants de
faire évoluer leurs représentations dans le cadre de cette
réforme ? D'autant plus que ces représentations peuvent
être les causes des résistances au changement et à
l'implication et l'engagement des enseignants dans leur apprentissage et dans
leur formation.
Quelle formation continue et quel accompagnement peut-on
programmer ?
Enfin, que devrait-on mettre en oeuvre pour s'assurer du
succès de cette réforme ?
96
BIBLIOGRAPHIE
SITOGRAPHIE
97
Bibliographie commentée
ASTOLFI, J.P. (2003). Le
métier d'enseignant entre deux figures professionnelles. In
J.P. Astolfi (dir.), Education et formation : nouvelles
questions, nouveaux métiers, Collection Pédagogie, ESF
éditeur, Issy-les-Moulineaux, p. 23-52
Cet ouvrage correspond à un ensemble des travaux de
différents auteurs du laboratoire CIVIIC de sciences de
l'éducation de l'université de Rouen, coordonnés par J.P.
ASTOLFI. Il présente les évolutions récentes des
métiers de l'éducation et de la formation face aux changements
qui les accompagnent. Il pose la question de l'identité de l'enseignant
et du formateur et celle des compétences nécessaires à
l'exercice d'un métier.
Le chapitre auquel nous nous sommes référé
examine l'évolution actuelle du vocabulaire pédagogique et montre
la relation entre le développement des pratiques et la
professionnalisation des métiers de l'enseignement et de la
formation.
CHARLIER, E. (1989).
Planifier un cours, c'est prendre des décisions.
Pédagogies en développement, Nouvelles pratiques de formation, De
Boeck, Bruxelles
L'ouvrage propose des outils pour analyser les pratiques de
formation dans le but de permettre aux professeurs de gérer avec
efficacité leurs actions professionnels. Une analyse des
décisions prises durant la planification du cours semblent être
prédictives au déroulement de l'action éducative. Il
présente les modèles qui décrivent l'enseignement comme un
processus de traitement de l'information et de décisions et s'interroge
sur la place à accorder aux représentations dans l'analyse des
processus d'enseignement et d'apprentissage. Il conclue par une proposition
d'hypothèses interprétatives aux pratiques de formation et aux
stratégies d'innovation.
DONNAY, J. & CHARLIER,
E. (1991). Comprendre des situations de formation.
Formation de formateurs à l'analyse. Pédagogies en
développement, Nouvelles pratiques de formation, De Boeck, Bruxelles
Former est un travail de professionnel qui nécessite des
compétences spécifiques. Le formateur est appelé à
avoir l'intelligence de son fonctionnement et de son environnement, à
mieux comprendre ses actes professionnels, leur origine et les autres
possibilités de conduite. C'est dans ce sens que cet ouvrage propose des
pistes méthodologiques pour développer
98
l'adaptabilité du formateur à son environnement -
analyser sa pratique ; adapter ses conduites aux apprentissages visées ;
intégrer des innovations éventuelles sans se sentir
menacé...- . Aussi il attribue une importance aux représentations
et aux théories personnelles dans le sens où l'exploitation de
leur rôle dans le fonctionnement du système éducatif
aiderait les formateurs à gérer de façon plus efficace
l'environnement éducatif.
ROEGIERS, X. DE KETELE, J. M.
(col.) (2000). Une pédagogie de l'intégration,
Compétences et intégration des acquis dans l'enseignement. De
Boeck & Larcier, Bruxelles
Cet ouvrage développe les différents aspects de
l'intégration des savoirs et savoirs faire dans l'enseignement,
particulièrement, le développement des compétences de
l'apprenant et la mobilisation des ses acquis en situations. Il essaie de
répondre aux questions suivantes : Pourquoi développer des
compétences dans l'enseignement ? Que développer à
l'école en dehors des compétences ? Quelles sont les autres
formes d'intégration des acquis ? Comment développe-t-on les
compétences ?
Il se compose de deux parties. La première tend à
dresser le cadre conceptuel pour penser l'intégration des acquis. La
deuxième met en oeuvre la pédagogie de l'intégration dans
l'enseignement primaire, secondaire et supérieur.
99
Bibliographie
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104
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105
ANNEXES
106
Annexe 1
Profil de l'échantillon des enseignants qui ont
participé aux entretiens et aux analyses des séances
enregistrées.
Profil des enseignants du lycée qualifiant
:
Professeurs
|
Sexe
|
Ancienneté
|
Formation initiale
|
E1
|
F
|
1978
|
Bac + cycle spécial
|
E2
|
F
|
1983
|
ENS
|
E3
|
M
|
1983
|
ENS
|
E4
|
F
|
1985
|
ENS
|
E5
|
M
|
1986
|
DEUG + cycle spécial
|
E6
|
M
|
1987
|
ENS
|
E7
|
M
|
1989
|
Licence
|
E8
|
F
|
1993
|
Licence+ 1 année ENS
|
E9
|
F
|
1997
|
Licence + 1 année ENS
|
E10
|
F
|
2006
|
Licence + DEUSA
|
Profil des enseignants du lycée collégial
:
Enseignants
|
Sexe
|
Ancienneté
|
Formation initiale
|
E1
|
M
|
1976
|
Bac + cycle spécial
|
E2
|
M
|
1979
|
Bac + cycle spécial
|
E3
|
F
|
1980
|
Bac + CPR
|
E4
|
F
|
1981
|
Bac + CPR
|
E5
|
F
|
1983
|
DEUG + Cycle spécial
|
E6
|
F
|
1984
|
DEUG
|
E7
|
M
|
1985
|
Bac+ Cycle spécial
|
E8
|
F
|
1985
|
Bac + CPR
|
E9
|
F
|
1988
|
DEUG + CPR
|
E10
|
M
|
1989
|
Licence + CPR
|
E11
|
F
|
1990
|
Licence + CPR
|
E12
|
F
|
1999
|
Licence
|
E13
|
M
|
2000
|
Licence
|
Profil des enseignants de l'entretien individuel
:
Enseignants
|
Sexe
|
Ancienneté
|
Formation initiale
|
P1=E8 qualifiant
|
F
|
1993
|
Licence + une année ENS
|
P2=E4 qualifiant
|
F
|
1985
|
ENS
|
P3=E4 collégial
|
F
|
1981
|
Bac + CPR
|
P4=E10 collégial
|
M
|
1989
|
Licence + CPR
|
107
Bac = Baccalauréat
DEUG = Diplôme des études universitaires
générales
Licence correspond à quatre ans à
l'université, après le baccalauréat
DESA = diplôme des études supérieur
approfondit
ENS= Ecole normale supérieure des enseignants (quatre
années après le baccalauréat ou une
année après la licence)
CPR = Centre pédagogique régional (deux ans de
formation professionnelle)
Cycle spéciale : deux ans de formation professionnelle
des enseignants du secondaire
collégial
108
Annexe 2
Entretien collectif
Questions
|
Attentes
|
Q1/ Pourquoi, à votre avis, a-t-on
réformé
l'approche pédagogique et a-t-on
adopté l'approche par compétences à la place de la
pédagogie par objectifs ?
|
Savoir si les enseignants ont des
connaissances sur la réforme curriculaire et s'ils
adhèrent aux causes de l'adoption de l'approche par compétences.
Ceci pourrait nous renseigner aussi sur les représentations
qu'ils ont à propos de l'exercice de
leur métier.
|
Q2/ Que doit changer l'enseignant dans ses
pratiques pédagogiques?
|
Déterminer à partir de ce que l'enseignant
doit changer dans ses pratiques, les éléments
des représentations qu'ils ont sur
l'apprentissage, l'enseignement, leur rôle
ainsi que celui de l'élève
dans l'apprentissage.
|
Q3/ Quel est votre point de vue sur ce qui a
été avancé ?
|
Discussion
Chercher des indicateurs et des arguments
reflétant leurs représentations sur
l'apprentissage... et sur l'exercice de
leur métier
|
109
Annexe 3
Entretien individuel semi directif
Questions
|
Attentes
|
Partie I : renseignements personnels
|
Introduire une discussion Détendre le climat Faire
connaissance
|
Le système scolaire marocain connaît depuis des
années une réforme curriculaire.
Q1/ Qu'est ce que vous connaissez de cette
réforme ? Pourquoi, à votre avis a-t-on réformé
notre démarche pédagogique ? Pourquoi a-t-on adopté
l'approche par compétences ?
|
Rechercher si l'enseignant est au courant du changement
préconisé par la réforme Déduire
l'intérêt qu'il lui attribue.
Possibilité de déduire même son point de
vue sur ce changement, par la façon avec laquelle il parlera de la
réforme
|
Q2/ Avez-vous senti le besoin de modifier
votre démarche et méthode pédagogique ? Si oui, à
quoi cela est -il dû ?
|
Déterminer si le besoin du changement est senti et s'il
critique ses approches et ses pratiques ou s'il attribue les raisons à
des
facteurs externes (niveau des
élèves, programme...)
|
Q3/ Sur la base de quoi vous juger
l'apprentissage des élèves ?
|
Comment conçoit-il l'apprentissage ? S'agit-il d'une
construction par l'élève ou d'une transmission par le professeur?
À qui attribue-t-il les causes des erreurs ?
|
Q4/ Pourriez-vous nous dire les causes des
difficultés rencontrées chez les élèves, en cours
ou sur les copies du contrôle continu ?
|
Q5/ Sur quoi vous vous basez pour
élaborer vos activités ?
|
Déterminer l'importance donnée au savoir et
à l'élève dans l'élaboration du cours
Déterminer comment il conçoit le rôle du savoir dans son
enseignement
|
Q6/ Le contenu de votre cours permet-il de
répondre à quel type de problèmes ? Problèmes du
manuel ou des élèves ?
|
Q7/ A votre avis, que doit faire un
enseignant
pour permettre un apprentissage chez
les élèves ?
|
Déterminer le modèle d'enseignement
auquel il se réfère
|
Q8/ Quel est le but principal de la
majorité des activités d'enseignement que vous réalisez
?
|
Q9/ Quelles explications et conseils
donneriez- vous à un enseignant débutant (qui n'a reçu
aucune formation initiale), à propos de :
La finalité : placer l'élève au coeur de
l'action éducative ;
Objectifs des activités à préparer ;
La préparation des activités du cours ;
L'exploitation des activités du manuel scolaire ; L'évaluation
des apprentissages réalisés ;
|
Vérifier et appuyer les réponses
enregistrées aux questions ci-dessus au sujet des
conceptions sur l'apprentissage, l'enseignement, le rôle de l'enseignant
et de l'apprenant. Aussi concernant l'exercice de son métier.
(En parlant de conseils pour un autre enseignant
débutant, nous pensons qu'il essaierait de synthétiser ses
idées)
|
110
Le but de l'utilisation de l'évaluation diagnostic,
formative et sommative ;
Comment remédier aux erreurs des élèves
enregistrées durant le cours ou sur les copies du contrôle continu
?
Rôle de l'enseignant et celui de l'élève dans
l'apprentissage.
|
|
Q10/À votre avis comment les
élèves
apprennent-ils ? Quels conseils peut-on leur donner pour
améliorer leur apprentissage ?
|
apprentissage
|
Q11/Selon vous, quel est le but de
l'enseignement de votre matière ?
|
enseignement
|
Q12/Selon vous, quel est le profil d'un bon
enseignant
|
Rôle de l'enseignant
|
Q13/Selon vous, quel est le profil d'un bon
élève ?
|
Rôle de l'apprenant
|
111
Annexe 4
Grille d'analyse
Thème de la leçon
|
La synthèse de l'analyse des séances
observées témoin
|
Intentions de la discussion en groupe
|
Objectifs de la leçon (à
déduire à partir de l'observation)
|
Les séances présentées ont pour
objectif primordial :
1) transmission d'un savoir scientifique
2) évaluation de la capacité des
élèves à analyser des documents présentés
sur le manuel scolaire
|
Expliciter en quoi consiste pour eux
transmettre un savoir ou développer des
capacités...
À quoi se réfèrent-ils eux dans leur
cours ?
|
Origines du Contenu
(manuel, professeur, élève...) :
|
Manuel scolaire
|
Vérifier si les professeurs sont
d'accords sur l'origine du contenu du cours qui est le manuel
scolaire. Comment conçoivent-ils cela ?
|
Activités proposées
(exercices, problèmes,
questions directives...) :
|
Activités sous forme d'exercices
avec des questions directes et des questions d'analyse
|
Comment comprennent-ils le
concept de problème vs exercice, de
résolution de problème ?
Quels buts primordiaux attribuent-ils aux activités ?
|
But des activités
(poser un problème,
formuler des hypothèses, tester une
hypothèse, illustrer
une connaissance,
résoudre un
problème...)
|
Poser un problème existant sur le manuel scolaire
|
Type de questions
posées (fermées ;
ouvertes ; directives...)
aussi (de
connaissances ;
de méthode ; de compréhension ;
d'application ; de synthèse ;
d'évaluation...) :
|
Questions fermées concernant le
contenu des documents Questions de compréhension
|
Comment conçoivent-ils les
questions posées aux élèves ?
Que font-ils ? pourquoi ? dans quel but ?...
|
Type de réponses
avancées (directes, indirectes, sous
formes
|
Souvent pour corriger ou pour
encourager
|
Leur avis sur les réponses avancées par le
professeur.
Doit-il répondre ou pas ?
|
112
de questions...) :
|
|
comment est l'encouragement ?
donne de l'importance aux réponses des
élèves ?...
|
Son comportement
avec les
élèves (autoritaire ;
absent ; importance
donnée aux
productions des élèves,
à leur manière de répondre...) :
|
S'occupe du savoir
Ne se préoccupe que du travail des élèves
qui participent au cours
Vérifie si les réponses sont justes ou pas
Félicite ceux qui répondent correctement aux
questions
|
Quelle relation doit-on avoir avec l'élève ?
De quoi doit-il s'occuper le plus ?
Comment peut-il faire participer une majorité des
élèves ?
Comment arriverait-il à les faire travailler ?...
|
Les activités réalisées par
l'élève :
|
Certains répondent aux questions du professeur et de
l'activité
Analysent les documents présentés Rédigent
le résumé du cours
|
Comment les enseignent arrivent à
juger le travail des élèves, leur apprentissage,
leurs difficultés ?
Peuvent-ils s'annoncer sur
l'atteinte des objectifs ?
comment ?
Comment préfèrent-ils les élèves ?
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les types de questions posées :
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Questions pour clarifier certains
mots ou certaines expressions
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les types de réponses avancées
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Réponses directes en relation avec les questions
Parfois les réponses sont avancées
avec des questions pour mieux comprendre
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son comportement
avec les collègues et avec l'enseignant
(il
fait ce qu'on lui demande, il critique les
réponses avancées, il
critique l'information présentée, il
écoute ses
collègues quand ils parlent...)
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L'élève exécute ce qu'on lui
demande, sans critiquer le contenu ni les réponses des
collègues.
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Comment l'enseignant
remédie-t-il aux erreurs des
élèves?
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Seul le professeur est apte à corriger les «
fautes » commises par certains.
La correction se fait par une répétition de
ce qui a été présenté
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Comment l'enseignant doit
remédier aux erreurs des élèves ? pourquoi
?
Quelles peuvent être les causes de ces erreurs?...
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Comment évalue-t-il
les apprentissages
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Par le biais des réponses avancées
par les élèves aux questions du professeur
Seule la compréhension est évaluée
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Comment savoir s'il y a eu un
apprentissage ? de quel apprentissage s'agit-il ?...
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