Conclusion du chapitre
Dans ce chapitre, nous avons procédé à la
description de notre séjour la direction du commerce extérieur.
En effet, cette direction est celle qui nous a accueillis durant notre stage
à la Direction Générale du Commerce. Notre séjour
à la direction du Commerce Intérieur nous a conduits tour
à tour dans les différents services à savoir le service de
la Règlementation et des Enquêtes Economiques, ensuite, au service
des Relations Economiques Internationale. De ce séjour, nous n'avons pas
eu de difficulté majeure, la seule était celle des statistiques
qui devaient servir à réaliser notre travail. Pour les
acquérir, il fallait une série de protocoles sans fin qui devait
nous conduire aux services des douanes. Nous avons dû nous rendre au
Cameroun pour obtenir nos statistiques. En outre, notre séjour à
la Direction du Commerce Extérieur était riche d'enseignements,
nous avons appris par exemple les fondamentaux en matière de Commerce
Extérieur au Gabon et sur le plan international.
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29
Conclusion de la première partie
Dans cette partie, il a été question pour nous
de présenter succinctement la structure qui nous a accueillis durant
notre stage et de décrire notre séjour à la direction du
commerce extérieur. De ce fait, il ressort de cette première
partie que la direction du commerce extérieur est chargée de
l'étude et l'application de la politique du gouvernement en
matière de commerce extérieur. En plus de cette mission, elle est
également chargée de la délivrance des autorisations
d'importations et d'exportations des marchandises.
Outre, les tâches administratives auxquelles elle
s'attèle au quotidien, la direction du commerce extérieur est
aujourd'hui au centre de nombreux projets ambitieux. A l'actif desquels, nous
comptons, les activités liées à l'exportation des
rébus ferreux. En effet, longtemps exercées dans l'informel, ces
activités bénéficient à nos jours d'un cadre formel
permettant aussi bien à l'Etat d'exercer un contrôle sur cette
activités, de générer une plus-value à
l'économie nationale mais aussi, de permettre aux opérateurs
économiques d'exercer librement leur activité. Plusieurs
chantiers de ce genre sont à venir, des activités telles que
l'exportation des résidus de verre couramment appelé «
tesson de bouteille » vers les usines de
recyclage au Cameroun, l'exportation des matières plastiques
utilisées dans la fabrication des sachets plastiques
biodégradables, des boites en aluminium ou cannettes
, est à inscrire au titre des projets avenir. Toutefois,
des contraintes d'ordres juridiques et opérationnelles limitent encore
l'action de cette direction ajoutées à cela, les lenteurs
administratives.
S'agissant des contraintes juridiques, il faut relever la
vétusté des textes et les problèmes liés à
l'harmonisation de celles-ci dans l'attribution des missions.
Quant aux contraintes opérationnelles, elles
constituent l'un des principaux problèmes auxquels cette direction est
la plus marquée. La maîtrise des flux commerciaux en provenance
des pays de la sous-région et du reste du monde, puis ceux sortant du
territoire gabonais, est indispensable dans les prévisions et la mise en
oeuvre de la politique du gouvernement en matière de commerce
extérieur. Par conséquent, une synergie entre les services
affectés aux frontières (douane, phytosanitaire, police,
gendarmerie) s'avère nécessaire pour une gestion plus efficace et
efficiente des flux commerciaux.
C'est à l'analyse de ces prérogatives que nous
nous sommes intéressé aux questions relatives au renforcement du
commerce intra-africain, un accent particulier sera mis sur le commerce entre
le Cameroun et le Gabon en Afrique centrale.
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30
DEUXIEME PARTIE : ENJEUX ET DEFIS DU RENFORCEMENT DU
COMMERCE INTRA- AFRICAIN EN AFRIQUE CENTRALE : ANALYSE DU
COMMERCE ENTRE LE CAMEROUN ET LE GABON
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31
La chute du mur de Berlin consécutive à la fin
de l'affrontement des blocs, a conduit à l'implantation du
libéralisme comme nouveau système devant régir les
relations de coopération économiques et commerciales entre pays
situés aux quatre coins du monde. Construit autour d'un centre mondial,
cette organisation vise l'unification des économies nationales à
un système global. De plus, elle recherche également de quelle
manière faire participer les Etats les moins avancés dans ce
système économique mondial.
Ignorant de ce système ayant pris naissance en
occident, les Etats africains se sont engagés sans mesurer les effets
pervers d'un tel processus. En effet, quelques années après
l'avoir adopté, les résultats escomptés sont
médiocres pour la quasi-totalité des pays africains. Toutefois,
en marge de cette dynamique globale se développe des tentatives
d'intégration régionale. Aujourd'hui regroupés en
plusieurs zones d'intégration tels qu'établi par le plan de Lagos
au Nigéria au début des années 1980, cette tendance
à se regrouper dans des ensembles et sous-ensembles régionaux,
est pertinente tant elle permet aux Etats de forger des modèles de
développement originaux, ressort de stabilisation et expression des
petites économies en quête de légitimité.
L'Afrique centrale faisant partie de ces grands ensembles
régionaux, est dotée d'un potentiel économique
énorme. De même, elle compte deux institutions à savoir :
la Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale CEEAC, et la
Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale CEMAC.
La question sur la libéralisation des échanges
est au coeur des préoccupations des nombreux pays en Afrique centrale,
le Cameroun et le Gabon étant membre des deux communautés,
s'attèlent à trouver un cadre devant permettre la faciliter des
échanges non seulement entre les deux Etats, mais également dans
la sous-région et la région toute entière.
Aussi, la dynamique des échanges qui s'observe aux
frontières nord du Gabon et dans le sud Cameroun, et bien d'autres,
suscite à ce que nous puissions étudier le cadre formel qui
régit ces échanges (chapitre III).
L'intérêt que suscite aujourd'hui le commerce entre le Cameroun et
le Gabon en ce que, pour certains spécialistes les freins aux
échanges commerciaux entre le Cameroun et le Gabon ont un effet
négatif sur le commerce régional. C'est pourquoi nous serons
amenés à faire une analyse du commerce entre ces deux pays
(chapitre IV).
CHAPITRE III : CADRE NORMATIF DES ECHANGES COMMERCIAUX EN
AFRIQUE CENTRALE
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32
L'étude du cadre normatif des échanges
commerciaux en Afrique centrale, va nous conduire à analyser deux
aspects. D'une part, le cadre réglementaire du commerce en Afrique
centrale, il s'agit de voir les garanties juridiques au commerce
définies par les deux institutions que compte la région Afrique
centrale CEEAC/CEMAC (section1). D'autre part, nous allons
parler de la coopération en Afrique centrale, un accent particulier sera
mis sur la coopération bilatérale entre le Gabon et le Cameroun.
De fait, ce travail à la primauté d'analyser les perspectives de
coopération économique et commerciale entre ces deux Etats afin
d'affirmer le rôle de leader dans la sous-région
(section2).
SECTION 1 : LA REGLEMENTATION DES ECHANGES COMMERCIAUX EN
AFRIQUE CENTRALE
Pour mieux analyser les effets du commerce entre le Gabon et
le Cameroun en Afrique centrale, il nous faut voir le cadre formel de ces
échanges. Ainsi, la priorité dans cette section nous amène
à présenter d'abord le cadre institutionnel et
réglementation des échanges commerciaux en Afrique centrale
(Paragraphe A), avant d'évoquer les instruments de politique commerciale
en Afrique centrale (paragraphe B).
Paragraphe A : Cadre institutionnel et
réglementaire des échanges commerciaux CEMAC et CEEAC
Ce paragraphe sera organisé en deux points, le premier
sous point sera consacré au cadre supra-communautaire (a), et le
deuxième point au cadre intracommunautaire (b)
a) Cadre supra communautaire
Etabli sur la base de normes internationales en matière
de commerce, le cadre institutionnel et réglementaire du commerce en
Afrique centrale n'échappe pas aux principes définis par le GATT,
puis de l'OMC. En effet, c'est au sortir de la seconde guerre mondiale, en 1947
qu'est signé par 23 pays, le traité sur l'harmonisation des
politiques douanières. Cet accord de libre-échange était
destiné à faire baisser les prix pour les consommateurs, mieux
utiliser les facteurs de production et favoriser l'emploi dans les secteurs
où chaque pays
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33
détient un avantage comparatif. Les objectifs
primordiaux du GATT étaient d'assurer le respect des principes
permettant une concurrence loyale entre les nations et mettre en oeuvre un
processus continu de libéralisation des échanges internationaux.
De fait dès sa création, le GATT s'attela à promouvoir la
levée des barrières tarifaires, et quelque temps plus tard,
à celle des barrières non tarifaires 22 . De
même, cet accord procède aux négociations commerciales
multilatérales guidées par trois principes fondamentaux à
savoir, la suppression des discriminations entre pays, la suppression des
discriminations entre produit importés locaux, la
réciprocité des actes23. Au cours des derniers cycles
de négociation (1986-1994), on aboutit à Marrakech à la
signature du traité portant création de l'Organisation Mondiale
du Commerce. Instance supranationale, cette institution, régit
aujourd'hui toutes les normes en matière de coopération
commerciale bilatérale et multilatérale. C'est en
référence au chapitre XXIV sur la libéralisation des
échanges, que de nombreux pays africains se sont lancés dans la
diversification de leur partenaire économique. Vu la
détérioration de la valeur de change des produits Africains sur
le marché mondial, l'approche communautaire semblait être une
alternative au développement du commerce en Afrique. Pour y parvenir,
les Etats engagés dans ce processus doivent se doter d'institutions et
instruments communautaires solides.
Les pays de la CEEAC et de la CEMAC sont pour la plupart,
membre de l'Organisation Mondiale du commerce. Par ailleurs, l'application des
principes de l'OMC est aussi valable pour les Etats non signataires du
traité car, ils appartiennent aux ensembles sous régionaux qui
sont tributaires des règles de l'OMC. Toutefois, dans le but
d'accéder aux nombreux avantages qu'offrent ces accords, les pays de
l'Afrique centrale ont mis en place des instruments propres visant à
faciliter les échanges commerciaux dans la région.
b) Le cadre intracommunautaire
L'Afrique centrale est marquée par l'existence de deux
processus d'intégration régionale24. Dès leur
mise en place, la CEEAC et la CEMAC se sont dotées des institutions
propres devant faciliter les échanges commerciaux dans la région.
Au niveau sous régional, l'UDEAC succédée par la CEMAC
créée par le traité de Ndjamena en 1994 se munie de quatre
institutions qui sont ; l'Union Economique de l'Afrique centrale (UEAC),
l'Union
22Robert NKENDA, « le commerce
transfrontalier informel [...] implication sur la
sécurité
alimentaire sous régionale »,
université de Douala, ICBE-RF Researche report N°.O7/12, Dakar
Avril 2012 p.15.
23, ibidem.p.15
24 « Afrique centrale enjeux liés au commerce
agricole », in http//www.agritrade.cta, 2011, 2, consulté le
dimanche 1er février 2015.
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34
monétaire de l'Afrique Centrale (UMAC), la Cour de
Justice et le Parlement communautaire. S'agissant des dispositions en faveur
des échanges commerciaux, la CEMAC en tant qu'union douanière
détient un ensemble de disposition permettant de soutenir les
échanges au sein de la sous- région. L'Union Economique et
l'Union Monétaire jouent un rôle central dans l'édification
de la zone de libre-échange. Elles assurent à la fois
l'harmonisation des politiques économiques, et de la stabilité
monétaire. C'est en référence à l'article 2 (c) de
l'UEAC que nous sommes amenés à décliner le processus de
mise en oeuvre progressive d'un marché commun. Cet accord prévoit
un déroulement en cinq étapes à savoir :
- L'élimination des droits de douanes
intérieurs, des restrictions quantitatives à l'entrée et
à la sortie des marchandises des taxes d'effet équivalent et de
toute autre mesure d'effet équivalent susceptible d'affecter les
transitions entre pays membres ;
- L'établissement d'une politique commune vers les pays
tiers ;
- L'institution des règles communes de concurrence
applicables aux entreprises et aux
aides des Etats ;
- La mise en oeuvre du principe de la libre circulation des
travailleurs, de la liberté de prestation des services, de la
liberté d'investissement et des mouvements des capitaux ;
- L'harmonisation et la reconnaissance mutuelle des normes
techniques ainsi que la procédure d'homologation des certificats.
La CEEAC quant à elle, a été
créée par le traité de Libreville au Gabon le 18 octobre
1983. Elle a pour membres les pays ci-après : Burundi, Cameroun, Congo,
Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine,
République démocratique du Congo, le Rwanda (qui a quitté
la Communauté en 2007) et Sao Tomé- et-Principe. L'Angola avait
le statut d'observateur, mais il est devenu membre à part entière
en 1999. Le Burundi et le Rwanda sont également membres du Marché
commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA). Le Gabon est le
dépositaire du Traité. Le Préambule de la Convention fait
expressément référence à la Charte de l'OUA,
à la Déclaration de 1973 sur la Coopération et le
Développement, à la Déclaration de Monrovia et au Plan
d'Action et Acte final de Lagos25. C'est en référence
au Chapitre IV sur la Libéralisation des échanges, notamment en
ces articles 27 et suivant, dont l'objectif consistait à mettre en place
une Union douanière regroupant les États de la Communauté,
en trois étapes principales.
25 Jean Grosdidier Matons, « les instruments
juridiques internationaux de facilitation du transport et du commerce en
Afrique, programme de politique de transport en Afrique », deuxième
édition, 2014, p. 138.
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35
- Première étape. Gel des
catégories et des droits de douane, et examen conjoint des questions
douanières par le Secrétariat de la CEEAC.
- Deuxième étape. Réduction
progressive et élimination des droits de douane, des contingentements,
des restrictions et autres obstacles au commerce inter Etats ;
- Troisième étape, Adoption d'un tarif
extérieur commun, établissement d'une nomenclature
douanière et de procédures et réglementations communes.
En outre, équité des échanges
extérieurs (Articles 32 et suivants). Les États membres
s'engagent à ne pas appliquer des taxes différentes (par exemple,
une taxe sur la valeur ajoutée TVA) aux marchandises originaires des
autres États membres de l'Union de celles qui frappent des produits
nationaux similaires. Aucune discrimination, directe ou indirecte, ne peut
être acceptée. Toutefois, si, par suite de dumping ou pour toute
autre raison, il se produisait un grave déséquilibre commercial
entre un État et un autre, le Conseil des Ministres de la
Communauté est informé et propose des mesures correctrices
à la Conférence des Chefs d'État. Si, des problèmes
de balance des paiements surviennent bien que l'État membre
éprouvant lesdits problèmes ait pris toutes les mesures
correctrices nécessaires, des restrictions quantitatives peuvent
être imposées ; un rapport est alors soumis dans les meilleurs
délais au Conseil des Ministres. Les réglementations et les
procédures douanières doivent être harmonisées.
De plus, en clause de la nation la plus favorisée
(Article 35). Les États membres s'accordent, en ce qui concerne le
commerce intra-communautaire, le traitement de la nation la plus
favorisée. En aucun cas, les concessions tarifaires consenties à
un État extérieur à la Communauté ne peuvent
être plus favorables que celles qui sont appliquées en vertu de
l'application du Traité de la CEEAC.
Paragraphe B : Les instruments de politique commerciale
en Afrique centrale
En dépit de l'existence de deux unions
douanières, l'Afrique centrale ne dispose pas à nos jours de
politique commune en matière de commerce. S'agissant de la circulation
des marchandises, les pays de la Communauté Economique des Etats de
l'Afrique centrale se réfèrent au code des douanes et du
règlement des changes 02/00/CEMAC/UMAC/CM du 29 avril 2000. La CEEAC
dont la zone de libre-échange tarde à se mettre en place, dispose
du tarif préférentiel auquel les Etats de la CEMAC font
très souvent recours au regard du caractère très
restrictif des normes de la CEMAC sur les règles d'origines.
a) La CEMAC en tant que zone de Libre
échange
En 1998, est mise officiellement en place une zone de
libre-échange au sein de la CEMAC. Cette zone a évoluée
vers une union douanière entre 1994 et 2000, avec la mise en place d'un
tarif extérieur commun (TEC). Le tarif extérieur commun a
été adopté par l'acte n°16/96-UDEAC-556-CD-57 du
1er juillet 1996 portant adoption du Tarif Extérieur Commun
de la CEMAC. De fait, les taux du droit de douane applicable aux produits des
pays tiers importés dans la CEMAC sont fixés comme suit :
? catégorie I pour les biens de première
nécessité 5 % ;
? catégorie II pour les matières
premières et les biens d'équipement 10 % ; ? catégorie III
pour les biens intermédiaires 20 % ;
? catégorie IV pour les biens de consommation courante 30
%.
En outre, s'agissant du commerce intracommunautaire, plusieurs
produits parmi lesquels les produits issus de l'agriculture et autres biens
industriels qui constituent l'essentiel des échanges dans la
sous-région n'intègrent pas facilement cette
catégorisation. Toutefois, dans l'optique de promouvoir une industrie
naissance et partant, des échanges commerciaux dans la
sous-région, la CEMAC a mise en place le Tarif
Préférentiel Généralisé introduisant ainsi
la notion de « produit CEMAC » qui emporte une nouvelle philosophie
du traitement fiscal et douanière des produits reconnus comme originaire
dans la communauté.
Le Tarif Préférentiel
Généralisé a été instauré par Acte
n° 7/93-UDEAC-556-CD-SE1 du 21 juin1993. Le TPG remplace la Taxe Unique
(TU) qui, initialement instaurée pour favoriser le développement
industriel de la sous-région, n'a pas atteint les résultats
escomptés en dépit des innombrables exonérations
consenties par les Etats membres aux entreprises qui en étaient
bénéficiaires. En effet, il a été constaté
que les avantages accordés au titre de ce régime variaient d'une
façon importante d'une entreprise à une autre, créant des
distorsions majeures dans la concurrence, des discriminations dans la taxation
des produits originaires fabriqués par des entreprises non
agréées au régime de la Taxe Unique. De plus, la
différenciation des taux de la Taxe Unique d'un pays à un autre
contribuait du reste à l'aggravation des barrières tarifaires
entre les Etats membres. Enfin, le fait qu'elle soit appliquée aux
produits consommés dans l'Etat de fabrication n'encourageait pas les
échanges. L'avènement du Tarif Préférentiel
Généralisé traduit la volonté des Etats membres de
promouvoir les échanges intra-communautaires, face à la
préférence sur les prix des produits industriels de la
sous-région par rapport à ceux des pays tiers26. Ainsi
donc, contrairement au
26Modalités d'application du tarif
préférentiel généralisé circulaire
N°471/SG/DUD
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37
régime de la taxe unique, les produits CEMAC
consommés dans le territoire de fabrication ne sont soumis qu'à
la TVA27.
b) instruments de politique commerciale en zone
CEEAC
Les pays membres de la CEEAC ont adopté un
système de réduction tarifaire pour le commerce
intra-communautaire, connu sous le nom de Tarif préférentiel
CEEAC, qui aurait dû en principe prendre effet entre 2004 et 2007. En
2007, il a été proposé que le TEC CEEAC inclue trois
bandes tarifaires (à 5 %, 10 % et 20 %). Cependant, selon l'OMC, «
la réduction tarifaire n'a pas véritablement été
mise en oeuvre ».
La présence en Afrique centrale de deux Unions
Douanières accentue les conflits de leadership institutionnel,
ajouté à cela, les égoïsmes nationaux qui freinent de
manière significative l'intégration sous régionale en zone
CEMAC, mais aussi l'établissement de la zone de libre-échange
régionale. Au regard des missions de maintien de la paix auxquelles la
CEEAC est le plus impliquée, crédit est donné aujourd'hui
à la CEMAC qui, fonctionne en véritable Union douanière.
La difficulté d'applications des règles de politique commerciale
entre la CEMAC et la CEEAC sur les règles d'origines, du TPG et du TEC
est l'un des grands chantiers avenir de la communauté. En effet,
l'harmonisation de tous ces instruments, est une issu vers la
libéralisation des échanges commerciaux, et le renforcement du
commerce intra-régional. Encore faut- il y inclure la volonté
politique.
SECTION 2 : LA COOPERATION ECONOMIQUE ET COMMERCIALE EN
AFRIQUE CENTRALE
« La coopération et l'intégration
régionales en Afrique centrale sont une idée ancienne qui remonte
à l'aube des indépendances »28, Elle s'est
matérialisée depuis grâce à la mise en place de
trois communautés économiques régionales. La
première remonte à 1964 lors de la création de l'UDEAC
remplaçant l'UDE, devenue la CEMAC en 1994 par le traité de
NDJAMENA, puis de la CEEAC par le traité de Libreville en 1983. Cette
coopération s'affirme en plus par les séries d'accord
bilatérales et multilatérales entre Etats en Afrique centrale
dans les domaines tels que la sécurité et la défense, cas
de l'accord tripartite entre le
27Taxe sur la Valeur Ajoutée : la taxe sur
la Valeur Ajoutée est une taxe à caractère fiscal qui
frappe à égalité au même taux les produits, qu'ils
soient importé ou fabriqués localement.
28 Hakim Ben Hammaouda, l'intégration
régionale en Afrique centrale Bilan et perspectives, France, 2003,
KARTHALA, p.59.
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38
Cameroun, le Tchad et la RCA, du commerce actuellement l'objet
des commissions mixtes entre le Gabon et le Cameroun.
Dans cette partie, il ne sera pas question pour nous de faire
une étude exhaustive des accords de coopération en Afrique
centrale, mais notre analyse sera arbitrairement focalisée autour de la
coopération entre le Cameroun et le Gabon. Le choix de cette analyse
viendra en appuie à la vision prospective que nous avons des
échanges commerciaux et au développement économique
conjoint tant souhaité par les deux Etats leaders de la
sous-région mais aussi et surtout, dans le cadre du renforcement du
commerce intra- communautaire.
Paragraphe A : La coopération Cameroun-Gabon,
naissance d'un couple en Afrique centrale
Pour Côme Damier Georges Awoumou, il
réfère la notion de couple Cameroun-Gabon au couple
franco-allemand. Si pour certains, il convient de renoncer à ce terme
qui aurait fini par être une vision stéréotypée
conduisant à des métaphores faciles sur le divorce ou les
disputes ou les dissensions au sein du couple29. En revanche, pour
Marc Louis Ropivia, à travers la notion de couple Cameroun- Gabon, elle
cristallise les liens affectifs des relations qui lient les deux Etats en
Afrique centrale30. Quant à Joseph Vincent NTUDA EBODE, il
pense que «l'ancienneté du couple, l'expérience
accumulée, de sa consistance économique, sociologique et
politique lui semble mieux à même de conduire l'intégration
sous régionale31».
a) Fondements de la coopération Cameroun-Gabon :
aperçu historique
Les relations entre le Gabon et le Cameroun ne font pas
l'apanage des relations diplomatiques en Afrique centrale. Signataire du pacte
de non-agression en 2004, les Etats de la CEEAC on pour principe d'entretenir
les rapports de bon voisinage. Au même titre que le Gabon entretien des
relations d'amitié avec le Cameroun, ils se doivent de faire de
même avec l'ensemble des Etats de la sous-région. Toutefois, la
particularité des relations Cameroun-Gabon nait à la fois de la
proximité géographique, mais aussi et surtout des forts liens
historiques.
29 Côme Damien Georges Awoumou, le couple
Cameroun-Gabon au sein de la CEMAC, Paris, 2008, l'Harmattan, p.29.
30 Ibid. p.13.
31 Ibid. p.20.
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39
Nous pouvons classer les relations entre le Cameroun et le
Gabon en trois phases, nous avons la période postcoloniale, ensuite
celle des indépendances, et enfin celle allant de 1990 (date de
l'adoption de la démocratie comme nouveau modèle de gouvernance
en Afrique centrale), à nos jours.
La période coloniale reste une étape
charnière dans les relations entre le Gabon et le Cameroun avant
l'éclatement de l'AEF32. En effet, la politique camerounaise
et gabonaise est officiellement conçue et menée par la puissance
colonisatrice et pendent longtemps, la France s'est servie du Cameroun comme
porte océan du Nord-Gabon. Les rapports entre le Gabon et le Cameroun
durant cette période sont également axés sur
l'appartenance à un même territoire. Le sud du Cameroun et le
Nord-Gabon formaient jusqu'en 191133, le territoire appelé le
« Cameroun nouveau ». En allemand, ce territoire s'appelait
« Neu-Kamerun »34. Après l'entrée
du Cameroun dans le giron français, suite à la convention
franco-allemande de 1911, de nombreux liens vont lui permettre d'éclore
parmi les Etats de l'AEF. Ces liens vont de l'appartenance à une monnaie
commune, à celui d'un territoire économique commun facilitant
ainsi, les mouvements des marchandises et des capitaux. Par conséquent,
le premier bénéficiaire de ce rapprochement du Cameroun à
l'AEF était le Gabon notamment en commençant dans sa partie Nord.
Aussi, l'existence d'une « zone de contact » aux confins de ces deux
pays dont la composante humaine est homogène35 : l'ethnie
fang localisée au Cameroun puis au Nord Gabon constitue l'un des
facteurs clés de ce rapprochement. Dès l'accession du Cameroun
à la souveraineté internationale, le Gabon va militer pour
l'entrée du Cameroun à l'UDE puis à UDEAC en
196436. Depuis lors, les relations entre les deux pays ce sont
renforcées et ont abouti à la mise en place de la première
commission mixte en 1968.
a) La grande commission mixte
Cameroun-Gabon.
Une commission mixte peut se définir comme étant
un comité technique composé d'experts, chargés d'instaurer
un meilleur suivi des relations de coopération entre deux Etats. Les
bases de la coopération Cameroun-Gabon ont été
établies grâce à la mise en place de la
32 AEF comprenait tous les territoires en Afrique
centrale placés sous l'autorité de la France, elle comprenait les
territoires tels le Gabon, une partie du Cameroun Allemand, le Congo, le Tchad,
et l'Oubangui Chari actuel RCA et avait pour capitale Brazzaville au Congo.
33 Le 4 novembre 1911, est signée la
convention Franco-allemande, les allemands laissent un territoire de
750.000Km2 à la France.
34Côme Damien George Awoumou, op.cit. p.48.
35Cf. Marc Louis Ropivia, Géopolitique de
l'intégration en Afrique noire, Paris, L'Harmattan, 1994, pp.185-204.
36 Pierre-François Gonidec, l'Etat africain
: évolution, fédéralisme, centralisation et
décentralisation, panafricanisme, Paris, LGDJ, 1970, p.362.
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40
grande commission mixte Cameroun-Gabon créée en
mars 196837 à N'Gaoundéré, suite à la
visite du président Omar Bongo, au président Ahmadou AHIDJO.
Cette commission a pour objectifs de « maintenir, d'améliorer, et
de renforcer les liens fraternels, l'esprit d'entente et de coopération
entre les deux Etats dans tous les domaines d'intérêt commun.
»38 Les séances de travail de cette commission mixte
sont tenues au moins une fois par année en intermittence dans chacun des
deux pays. L'organisation de ces commissions mixtes a bien connu des
périodes de léthargie dus à la concurrence, au leadership
et surtout à l'arrivée au pouvoir du président Paul BIYA.
En 2013, s'est tenu à Libreville la 13ème
édition des commissions mixtes entre les deux Etats. Dans le souci de
renforcer leur lien d'amitiés tissées depuis les
indépendances le Gabon et le Cameroun se sont engagés à
faire aboutir dans les brefs délais à la signature d'un certain
nombre d'accords dans plusieurs domaines. Parmi ces accords nous avons
énuméré quatre(4), il s'agit des accords dans les domaines
de la sécurité des frontières, de la coopération
économique et commerciale, des petites et moyennes entreprises et des
télécommunications39. L'objectif de ces d'accords est
le renforcement de la coopération entre le deux Etats et surtout le
rapprochement de l'axe Libreville/Yaoundé à travers le
renforcement des échanges commerciaux, de la connexion entre les deux
villes par la fibre optique et la sécurisation de leur frontière
commune.
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