Enjeux et defis du renforcement du commerce intra-africain en afrique centrale : analyse du commerce entre le Cameroun et le Gabon( Télécharger le fichier original )par Claude Armel MOUSSADJI MAPANGOU Université de Yaoundé 2 Soa - Master 2014 |
ABSTRACTThe strengthening of intra-African trade is at the heart of the concerns of states and governments of the continent because of its primary role it can play in economic growth and development. However, the implementation of the continental free trade area remains dependent on the situation of trade carried out within regional groupings. Intra-regional trade in Central Africa is the least integrated of Africa, given the low levels of trade, it seems necessary to boost trade and strengthen the regional integration process. The present work proposes a study on the strengthening of intra-African trade in Central Africa; therefore, we focused our analysis on trade between Cameroon and Gabon. The choice of Gabon and Cameroon is justified on three levels, the first level is their place in the institutions of the subregion CEMAC / ECCAS, the second level is that of their geographical position at the crossroads of two RECs namely ECCAS and ECOWAS, and the third level is related to the fact that the free movement of people and goods still stalled between the two countries in Central Africa. We believe that trade facilitation between Gabon and Cameroon and joint development opportunities in both countries will be the regional integration process in Central Africa up. For this, many challenges must be met, which are mainly socio-political order, economic, commercial and demographic who continue to feed the skepticism of being invaded by the most populous states in the image of Cameroon. For this we recommend the two states to strengthen the economic partnership through the concept of co-prosperity zone and make every effort to allow the free movement of persons and property in order to assert itself as a leader in the integration process Regional and engine building trade in Central Africa. INTRODUCTION GENERALE Moussadji Mapangou Claude Armel Master II Dynamique Gestion et sécurité des espaces transfrontaliers 1 Moussadji Mapangou Claude Armel Master II Dynamique Gestion et sécurité des espaces transfrontaliers 2 Le commerce est la voie par excellence pour la croissance économique et le développement des Etats, il parvient ainsi à créer des emplois et à réduire la pauvreté. Alors que le marché mondial est très animé par les pays développés qui l'orientent et fixent les prix du marché, l'Afrique, très peu visible dans le commerce international, subit davantage les effets négatifs du marché mondial dont la détérioration de la valeur de change ne parvient pas à encourager la production. Du point de vue de certains experts aguerris, l'Afrique représente le deuxième marché en importance après celui de la Chine1. Pourtant les échanges à l'intérieur du continent ne dépassent pas les 11% en 2011, compte tenu de son stade de développement et de ses dotations en facteurs de production. « L'Afrique devrait commercer avec l'Afrique pour assurer la croissance future2». C'est pour stimuler le commerce en Afrique que les chefs d'Etats du continent se sont réunis lors de la 18ème session ordinaire de l'Union Africaine sur le renforcement du commerce intra-africain en janvier 2012 à Addis abeba, afin de mettre en place les bases à la création d'une zone de libre- échange continentale d'ici à l'horizon 2017. Toutefois, la mise en place de la zone de libre-échange continentale doit tenir compte de la situation actuelle du commerce intra- régional en Afrique centrale. L'objectif que nous recherchons dans ce travail consiste à démontrer que le renforcement du commerce en Afrique centrale notamment de celui organisé entre le Gabon et le Cameroun pourra tirer vers le haut, le commerce intra régional et par la même occasion, stimuler le commerce intra-africain. I- CONTEXTE DE L'ETUDE Marqué par le fait que les échanges commerciaux entre pays en Afrique centrale est moins importants que ceux développés dans la zone CEDEAO, et du COMESA, il importe d'appréhender les raisons d'une telle situation. Cela revient donc à comprendre l'environnement politique et socio-économique qui prévaut en Afrique centrale et particulièrement entre le Gabon et le Cameroun. Les éléments développés dans la réalisation de ce travail, serviront certainement de base solide à notre analyse. 1 KOUNOU Michel, le panafricanisme : de la crise à la renaissance une stratégie globale de reconstruction effective pour le troisième millénaire, Yaoundé, les grandes éditions, 2007, p.541. 2 Discours du directeur Général adjoint de l'organisation mondiale du commerce à l'université de Witwatersrand à Johannesburg Afrique du sud, le 12 avril 2012. Moussadji Mapangou Claude Armel Master II Dynamique Gestion et sécurité des espaces transfrontaliers 3 a- Le contexte politique En Afrique centrale, le contexte politique vacille entre zones quasi-stables et instables. Dans le premier cas, nous observons des Etats marqués par l'existence d'une paix relative et dont le climat qui y prévaut attire de nombreux investisseurs étrangers, et c'est également la zone qui connaît le taux de croissance le plus élevé de la région. Cette zone comprend les pays tels que le Cameroun, le Gabon, la Guinée Equatoriale et dans une moindre mesure l'Angola. Cependant, sur le plan de l'intégration régionale, la majorité de ces Etats compris dans le « triangle de la prospérité3 » sont réfractaires à l'idée d'une libre circulation totale des personnes et des biens, cependant, acceptent qu'elle soit possible uniquement les jours de marché, le cas du Gabon, du Cameroun et de la Guinée Equatoriale. En outre, les relations entre le Cameroun et le Gabon figurent parmi les plus vieilles en Afrique centrale, ces Etats abritent les principaux sièges des institutions (CEMAC/CEEAC) de la région et jouent un rôle déterminant dans les missions de maintien de la paix et des crises en Afrique centrale (cas de la crise en République Centrafricaine et de la crise en RDC en 1997). Malgré leur rayonnement international sur le plan régional, le Cameroun et le Gabon n'arrivent pas à s'imposer en tant que leaders de l'intégration régionale en Afrique centrale, du fait que les problèmes liés au leadership régional sont encore très présents dans les rapports entre Etats. Dans un deuxième cas, on a des Etats en conflit ou en post-conflit (RCA, Tchad, RDC, Congo) paradoxalement, ces Etats qualifiés de « triangle de la mort 4» (Cameroun, Tchad et R.C.A), pratiquent la libre circulation. Aujourd'hui encore, la situation de conflit en RCA et à l'Est de la RDC n'envisage pas un environnement stable et une paix durable, ce qui pourrait compromettre l'aboutissement à terme, d'une zone de libre-échange régionale. Cette situation bien que chaotique, pourrait tourner à l'avantage du Cameroun et du Gabon afin de s'imposer en tant que matrice autour de laquelle pourrait se cristalliser les rapports entre Etats en Afrique centrale. 3 J.V NTUDA Ebodé, « la gestion coopérative des ressources transfrontalières en Afrique centrale : quelques leçons pour l'intégration régionale », Yaoundé, Friedrich Ebert Stiftung, 2011, p.17. 4 Ibidem p. 17. Moussadji Mapangou Claude Armel Master II Dynamique Gestion et sécurité des espaces transfrontaliers 4 a- Contexte socio-économique L'Afrique centrale dans sa configuration CEEAC, compte une population estimée à plus de 140 millions d'habitants pour une superficie d'environ 6.640.000 km2. Avec un PIB sensiblement égal à $210 millions en 2011, elle compte parmi les régions les plus dynamiques en Afrique5. Cependant, comparativement aux autres régions du continent, elle est marquée par la faiblesse des échanges intra-régionaux, 1% est le poids du volume des échanges en 20096. Le Cameroun domine les exportations en Afrique centrale avec un volume d'échanges des produits agricoles avoisinant les 85%7 et contribue à près de 45% du PIB largement devant son partenaire économique et commercial le Gabon qui, dépend à plus de 60% des importations dont 30% en provenance du Cameroun. Pour autant, malgré ses performances commerciales, le Cameroun n'arrive pas à résoudre le problème de la pauvreté et du chômage qui touchent plus de 50% de la population active. Par ailleurs, le Gabon bien que muni d'un fort pouvoir d'achat, n'arrive pas à atteindre l'autosuffisance alimentaire, 5% est le pourcentage des personnes mourant de malnutrition8. A l'heure où nous évoquons les questions relatives au renforcement du commerce intra-africain, une étude sur la situation du commerce en Afrique centrale nous paraît nécessaire, tant les défis à relever sont énormes. Si nous nous inscrivons dans cette vague d'études, le présent travail n'a pas l'ambition de proposer un examen exhaustif du commerce en Afrique centrale. Plus simplement, il s'agit d'analyser le commerce dans une partie de la région, arbitrairement focalisée entre le Cameroun et le Gabon. II- INTERET DE L'ETUDEL'intérêt est l'importance que nous accordons à un fait ou un objet, qui attire notre attention vis-à-vis de lui, de l'étudier, ou avoir un regard particulier. Le choix du Cameroun et du Gabon comme zone d'étude, a été orienté par la position stratégique qu'ils occupent en Afrique centrale. En effet, ces deux pays abritent les principaux sièges des institutions de la région. En plus de cela, leur position géographique 5 Centre du Commerce International, Annulaire statistique du commerce des Etats de l'Afrique centrale, centre du commerce international, Yaoundé, les grandes éditions, 2013, p.14. 6 Ibidem. p.14. 7« Afrique centrale : les enjeux liés au commerce agricole en Afrique centrale » in http://agritrade.cta.int/fr/ consulté le mardi 20 janvier 2015 à 15h25 min. 8 Ibid. Moussadji Mapangou Claude Armel Master II Dynamique Gestion et sécurité des espaces transfrontaliers 5 leur confère le statut de zone de transit pour les Etats interlands, un atout indispensable dans le cadre du renforcement du commerce régional et intra-africain. De ce fait, notre travail revêt un double intérêt scientifique et pratique. a- Au plan scientifique Au plan scientifique, ce travail s'inscrit dans le cadre des études stratégiques en matière de commerce en Afrique Centrale. Aussi, il est une modeste contribution aux nombreuses réflexions sur la situation des échanges commerciaux en Afrique centrale en général et entre le Gabon et le Cameroun en particulier. En effet, cette analyse critique et prospective pose en filigrane la nécessité pour le Gabon et le Cameroun de libéraliser les échanges dans la perspective à terme de la mise en place d'une zone de libre-échange régionale, et du renforcement du commerce intra-africain. a- Au plan pratique Au plan pratique, ce travail à la volonté de montrer l'apport économique du renforcement du commerce en Afrique centrale en général et entre le Gabon et le Cameroun en particulier. Tant les deux Etats connaissent une importante croissance démographique et une urbanisation galopante. En plus de cela, ils enregistrent des taux de chômage très élevés. Aussi, le développement des échanges commerciaux entre ces deux pays leaders va booster le commerce sous régional et valoriser davantage le commerce intra-africain. Par ailleurs, il attire l'attention des autorités camerounaises et gabonaises sur la nécessité de renforcer leur coopération économique et commerciale ceci dans le but d'impulser le commerce entre ces deux pays. Il vient par la même occasion, inciter ces autorités à créer un cadre formel pour le commerce transfrontalier informel qui représente plus de la moitié des échanges commerciaux et constitue des pertes importantes pour les Etats. De plus, ce travail vient également réaffirmer la volonté du Cameroun et du Gabon de matérialiser le concept de zone de coprospérité tant prônée par les deux pays pour devenir les véritables leaders de l'intégration régionale en Afrique centrale. Moussadji Mapangou Claude Armel Master II Dynamique Gestion et sécurité des espaces transfrontaliers 6 |
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