UNIVERSITE PARIS-DAUPHINE
1
Mémoire de recherche
Comment les communautés de marque peuvent-elles
influencer la marque par le biais de la co-création ?
Analyse des effets de la co-création des
communautés
de marque sur la marque
Sous la direction de :
Denis Darpy
Ichraf Dimassi
07/09/2012
2
Introduction 7
La partie théorique : Vers une
compréhension du concept de co-création & le rôle
des
communautés de marque dans la co-création
de valeur pour la marque 12
Chapitre 1: Développement théorique et conceptuel.
13
I. Une approche historique : Genèse du concept de
Co-création 13
I.1. Focus sur la « participation » et émergence
de « la co-cération » 14
a) Participation et marketing participatif 14
b) Emergence de la notion de "co-création" 15
I.2. Evolution du cadre théorique : la montée du
concept de co-création 16
a) De la logique dominante de produits à une logique
dominante de service 16
b) Vers une nouvelle logique des marques dans une perspective de
SDL 19
II. Vers une clarification du concept de co-création 22
II.1. Définitions du concept 22
II.2. Co-création et concepts voisins 23
a) Co-création & marketing participatif 24
b) Co-création & crowdsourcing 24
c) Co-création & consumer made 25
d) Co-création et UGC : le contenu
généré par les utilisateurs 26
III. Les formes de participation 27
III.1 Les formes de participation du consommateur 27
III.2 Les formes managériales du consumer made 29
III.3 Les formes de co-création 32
VI. Le rôle de la communauté de marque dans la
création de valeur pour la marque 35
VI.1. Définitions de communauté de marque 35
VI.2. La communauté de marque comme contexte de
co-création 36
a) Identification à la communauté de marque 36
b) Les pratiques de la communauté 37
3
La partie empirique : Méthodologie de la recherche
et résultats de l'étude. 39
Chapitre 2 : Une étude exploratoire des effets de la
co-création sur les marques 40
Introduction 40
Section 1 : Analyse qualitative des entretiens auprès des
experts 41
I. Méthodologie de l'étude exploratoire qualitative
41
I.1. Présentation des entreprises et des
interviewés 41
I.2. Le guide d'entretien 43
II. Analyse & résultats de la recherche 44
II.1. La méthode d'analyse : Unité d'analyse,
démarche générale et grille des
thèmes 44
II.2. L'analyse verticale des entretiens 46
a) Les objectifs et les apports de la co-création 46
b) le profil du consommateur créatif 48
c) Les effets de participation sur les marques 49
d) Le marketing relationnel 55
Section 2 : Analyse qualitative des entretiens auprès des
consommateurs 58
I. Méthodologie de l'étude exploratoire qualitative
58
I.1. Présentation des interviewés 58
I.2. Le guide d'entretien 59
II. Analyse & résultats de la recherche 60
II.1. La grille finale des thèmes 60
II.2. L'analyse verticale des entretiens 61
a) Appartenance à la communauté de marque 61
b) Les motivations à la participation 61
c) Les effets de la participation 63
d) Le marketing relationnel 64
4
Chapitre 3 : Une illustration nétnographique des apports
de la communauté de la marque
"AXE" par la co-création 67
Introduction 67
I. Méthodologie de l'étude netnographique 68
I.1. Justification du choix de la méthodologie 68
I.2. Démarche netnographique et collecte de données
69
a) L'entrée : Choix des communautés pertinentes
pour les questions de
recherche 69
b) Collecte et analyse des données 70
c) Fournir des interprétations fiables 70
d) Vérification par les membres 70
I.3. Justification du choix de la marque 71
II. Etude netnographique de la communauté "d'Axe" 72
I.1. Une rapide présentation de la marque 72
I.2. Description des événements participatifs 72
a) "Axe Dark Temptation" : concours de séduction 73
b) "Axe boat" 10ème édition 75
I.3. Interprétation et analyse des données 77
a) Ancrage dans un univers de séduction à travers
le prisme d'identité de la
marque 77
b) Interprétation des événements &
co-création 81
c) Typologie de co-création : 82
III. Les effets négatifs et positifs de la
co-création de la communauté de la marque
"Axe" 87
III.1. L'influence positive de la communauté " Axe" sur la
marque 87
a) Extension de marque: la co-innovation 87
b) Amélioration de l'image de marque 88
c) Une communication intensive : Une co-promotion en faveur de
la marque 89
5
d) Développement de la relation avec la marque 91
III.2. L'influence négative de la communauté sur la
marque 94
a) Une communication en défaveur de la marque 94
b) Des freins à la participation aux
événements 95
Synthèse des principaux résultats de l'étude
qualitative : 96
Conclusion Générale 100
Bibliographie 103
Webographie 108
Table des tableaux 109
Annexes : Les entretiens avec les experts 110
Entretien Yannig. Durée : 46 min 111
Entretien Nicolas. Durée : 31 min 119
Tableaux d'analyse verticale : Entretiens experts 123
Entretien Yannig 124
Entretien Nicolas 130
Les entretiens avec les consommateurs 133
Entretien Asma. Durée : 25 min 134
Entretien Yadh. Durée : 23 min 138
Tableaux d'analyse verticale : Entretiens consommateurs 141
Entretien Asma 142
Entretien Yadh 146
6
Remerciements
Je tiens à remercier aujourd'hui, tous ceux qui m'ont
accompagnée et qui m'ont soutenue tout au long de l'année
universitaire.
Je tiens à remercier chaleureusement, mon directeur de
mémoire Monsieur Denis Darpy de m'avoir aidée à mener
à bien mon mémoire de recherche et de m'avoir accompagnée
et encouragée durant le déroulement de ce travail en me
prodiguant de nombreux conseils. Je remercie Monsieur Denis Guiot , qui m'a
offert l'occasion de poursuivre mes études à l'Université
Paris-Dauphine et insufflé le courage et l'envie de continuer le
master.
Je remercie également Madame Hèla Ben Milled
Cherif qui, par ses conversations constructives et son soutien moral durant
l'année m'a permis d'avancer. Je la remercie également de m'avoir
introduite auprès de Monsieur Yannig Roth pour mener mon étude
empirique.
Je tiens à remercier Monsieur Yannig Roth, doctorant en
Marketing à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et un
professionnel dans le domaine de la co-création, avec qui j'ai pu
échanger des discussions passionnantes et une documentation qui m'ont
été d'une grande utilité.
Mes pensées vont également à tout le
corps professoral du Master de Recherche en Marketing & Stratégie
à l'Université Paris-Dauphine de m'avoir apportée les
outils académiques nécessaires à la recherche. Je remercie
également mes camarades avec qui j'ai passé des moments
agréables tout au long de l'année.
Un grand merci à mes parents : ma mère et mon
père qui m'ont apporté le soutien moral et l'aide
financière nécessaire et m'ont permis de poursuivre mes
études à l'étranger. Merci aussi à mon frère
et mon fiancé de m'avoir encouragée durant ce parcours.
Enfin, merci à toutes les personnes qui, chacun
à sa façon, ont contribué à ce mémoire en
m'apportant leur support tout au long des mois de recherche et de travail.
7
Introduction
Force est de constater ces dernières années, la
participation de plus en plus active des consommateurs dans
l'élaboration de nouveaux produits et services, des consommateurs
sollicités plus que jamais par les marques. Ces dernières se
rendent compte du potentiel du client quant à la création de
valeur.
« La co-création » un des
thèmes-phares du marketing à l'aube du XXIème
siècle : un phénomène relativement récent qui a
émergé suite à la globalisation, l'évolution rapide
des technologies de la communication et l'avènement du web 2. La
démocratisation des outils numériques a permis aux internautes de
s'exprimer, de donner leurs opinions, de soumettre leurs idées, de
discuter, de voter pour un produit ou encore pour une affiche publicitaire
(etc.) : diverses pratiques et actions, qui relèvent du "marketing
participatif" (Fanny Reniou, 2009).
Le web 2 a contribué également à la
formation de communautés de marque en ligne. Des individus partageant la
même passion pour un produit ou pour une marque, sont souvent porteurs de
nouveauté et d'innovation. Des communautés de marque
impliquées activement, les membres ne subissent plus, au contraire, ils
agissent. Un groupement d'individus informés, connectés et
engagés dans des dialogues explicites avec les marques dans le seul but
de faire entendre leur voix.
Tout ceci a troublé les rôles des consommateurs
et a fait évoluer la logique centrée sur la consommation vers une
logique plus participative où l'on considère que le client peut
éventuellement participer au développement des produits et
services via l'interaction entre eux et les marques sur les plateformes ou
encore les réseaux sociaux des marques.
Les exemples se multiplient à ce sujet, les marques
conscientes de telles opportunités n'hésitent plus à
créer des plateformes et des pages entières sur les
réseaux sociaux dédiées à la conception des
nouvelles offres, aux nouvelles idées et au feedback. D'autres
plateformes de co-création prennent naissance et tentent de remplacer
les agences et les freelances classiques en impliquant activement les
consommateurs à l'élaboration de la politique de communication. A
ce niveau, une petite distinction doit être élaborée : il
existe d'une part, des plateformes de marque (par exemple : My Starbucks idea
ou encore Share your ideas Nokia etc.) rassemblant des communautés de
marque qui partagent les mêmes valeurs et la même
passion envers la marque et d'autre part, des plateformes
dédiées à la co-création rassemblant des
communautés d'individus qui participent aux concours des marques par
exemple e-Yeka.
« Je pense qu'il est honnête de dire que eYeka
n'est pas réellement une communauté de marque au sens strict du
terme (« des individus partageant des valeurs, des normes et des
représentations, issues de pratiques de consommation similaires, de la
réception collective de messages publicitaires et de la
fréquentation de magasins analogues » (Amine & Sitz,
2007). En fait, eYeka est une communauté d'individus qui agissent en
tant que créateurs/créatifs en créant du contenu dans le
cadre de concours. Ils n'échangent pas réellement sur les
marques, leurs produits, leurs valeurs etc. »1
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Quelques chiffres révèlent l'importance de la
co-création dans un monde d'Aujourd'hui
220382 créateurs dans 146 pays 65 348
idées soumises dans 444 concours 2 000 000
euros de prix distribués My Starbucks idea
http://mystarbucksidea.com/
75.000 idées proposées en 1 an, 750.000 votes
e-Yeka http://fr.eyeka.com/
Plate-forme lancée en 2008
8
1 Cité par Yannig Roth lors d'une conversation et un
échange sur le sujet.
9
Parallèlement aux pratiques opérationnelles des
entreprises, les recherches académiques sur le marketing participatif en
général et sur la co-création en particulier se sont
beaucoup développées ces dernières années. Le
concept de co-création a été introduit par (Prahalad et
Ramaswamy, 2000) dans leur article du Harvard Business Review, «Co-opting
Customer Competence». Ces auteurs ont par la suite attiré
l'attention sur le fait que la co-création est une extension de
l'idée développée par les chercheurs
intéressés par l'innovation de produits axée sur les (les
user-driven) ou encore les consommateurs leaders (Les leader users : les
recherches de Von Hippel). Aujourd'hui, les entreprises doivent créer un
environnement favorable à la création d'expériences, dans
lequel les consommateurs peuvent dialoguer de manière active et
co-construire des expériences personnalisées. (Rafael
Valencia-García, 2012).
Les recherches qui traitent des effets de la
co-création des communautés de marque sur les marques restent
cependant peu développées, ce qui nous amène à nous
poser beaucoup de questions :
Problématique:
Comment les communautés de marque peuvent-elles
influencer la marque par le biais de la co-création ?
Analyse des effets de la co-création des
communautés de marque sur la marque
Les questions de recherche :
? Comment et pourquoi les communautés de marque
participent-t-elles aux différents concours des marques ?
? Qui participe ? A quels moments, la communauté de
marque participe-t-elles aux différents événements des
marques ?
? La participation des communautés de marque ont-elles
des effets positifs et/ou négatifs sur les marques ?
? Les communautés de marque ont-elles un réel
pouvoir de co-création sur les marques ?
? Quel est l'impact de la communauté de marque sur la
marque par le biais de la co-création ?
10
Annonce du plan et objectifs :
Comme tout mémoire de recherche, deux parties composent ce
mémoire :
La partie théorique : Vers une compréhension du
concept de co-création et le rôle des communautés de marque
dans la co-création de valeur pour la marque.
La partie empirique : Méthodologie de la recherche et
résultats de l'étude.
La première partie de ce mémoire concerne le
développement théorique et conceptuel de la notion de
co-création. Dans cette partie, nous essayons d'aborder tous les aspects
du concept. A travers une rapide revue de la littérature, nous mettons
en évidence la genèse du concept de co-création.
L'objectif est donc de comprendre comment le concept a émergé,
comment il a évolué et dans quel courant théorique il
s'inscrit (l'objet du premier paragraphe). Dans un deuxième temps, nous
approfondissons la compréhension du concept en exposant les
différentes définitions issues de la littérature et nous
essayons d'apporter une clarification du concept en le distinguant d'autres
notions voisines (L'objet du deuxième paragraphe). Nous
présentons ensuite les différentes formes de participation
(l'objet du troisième paragraphe). Enfin, nous abordons le rôle
des communautés de marque dans la création de valeur pour la
marque (l'objet du dernier paragraphe). Le dernier paragraphe de la
première partie constitue une ébauche de la partie empirique.
Cette dernière, détaille l'influence que pourrait avoir la
communauté de marque sur la marque par le biais de la
co-création.
La deuxième partie se compose de deux chapitres. Le
premier chapitre est relatif à l'étude qualitative des entretiens
menés auprès des experts et auprès des consommateurs. Il
apporte des éléments de réponse clairs à nos
questions de recherche : Qu'est ce que la co-création pour les experts ?
Quels sont les effets de la co-création sur les marques ? Les
communautés de marque aujourd'hui ont-elles un réel pouvoir sur
les marques et qu'en pensent les managers ? Pourquoi les membres de
communauté de marque participent-t-ils aux concours des marques ?
Etc.
Le deuxième chapitre est une étude
netnographique de la communauté de la marque "Axe" et constitue une
bonne illustration de la technique managériale de co-création et
du pouvoir de co-création que peuvent avoir les communautés de
marque sur la marque. Cette méthode est la plus adéquate et
appropriée à l'analyse des effets de la co-création des
communautés de marque en ligne sur la marque. Elle a permis de
comprendre le comportement des communautés et de discuter des actions et
de l'interaction qui existe au sein des communautés de marque.
11
Les contributions :
Le mémoire apporte une vue d'ensemble et une
compréhension de la notion de co-création. La distinction
élaborée entre le concept et les notions voisines a permis
d'ôter le flou et l'ambigüité qui existaient et qui existent
encore. Néanmoins, quelques nuances de sens persistent encore.
La nétnographie et l'observation du comportement des
communautés a également permis de dégager une nouvelle
typologie de co-création : la co-création mineure et la
co-création majeure. C'est le degré d'interaction entre les
membres d'une communauté et la marque qui détermine le type de la
co-création. Cette typologie pourrait être appliquée
à d'autres exemples afin de percevoir l'impact plus ou au moins fort de
la co-création sur les marques, selon le degré d'interaction et
selon le degré d'implication des communautés de marque.
L'application de cette typologie pourrait servir donc la
théorie du marketing participatif en explicitant que l'impact de la
co-création sur les marques n'est pas le même lorsqu'il s'agit
d'une faible ou d'une forte interaction.
D'un point de vue méthodologique, le mémoire
adopte une méthode qualitative. L'analyse des entretiens des experts et
des consommateurs est complétée par une étude
nétnogrphique, qui illustre à travers un exemple concret de la
marque "Axe", les effets négatifs et positifs de la co-création
des communautés de marque sur la marque. La démarche est purement
inductive. Nous sommes partis du terrain, nous avons observé le
comportement des communautés et analysé les discussions sur la
page Facebook de la marque "Axe" afin de dégager des
éléments d'analyse et des propositions de recherche.
Enfin d'un point de vue managérial et sociétal,
les résultats de la recherche montrent que les communautés de
marque ont un réel pouvoir sur la marque. L'impact est aussi bien
positif que négatif. Les liens qui existent entre les différents
membres de la communauté favorisent le développement des
idées, l'innovation, la communication etc. Cependant, le risque n'est
pas négligeable. Trop impliquer le consommateur peut s'avérer
dangereux. La co-création peut freiner l'évolution de la marque
et peut détériorer l'image de marque... Le challenge,
aujourd'hui, pour les marques est de maîtriser leur présence sur
Internet pour mieux contrôler leur image. Il est important de savoir dans
quelles conditions le recours à la co-création est favorable au
développement de la marque.
12
La partie théorique : Vers
une
compréhension du concept de
co-création
& le rôle des communautés de
marque
dans la co-création de valeur pour
la
marque
13
Chapitre 1: Développement
théorique et conceptuel.
Le concept de co-crétaion s'est développé
au début des années 2000 avec les travaux de « Prahalad et
Ramaswamy ». Les auteurs se sont intéressés aux
consommateurs en tant qu'acteurs qui participent à la création,
qui échangent les informations et qui s'engagent dans des dialogues
explicites avec les entreprises (Prahalad et Ramaswamy 2000). Ces
dernières ne
se contentent plus d'une relation unilatérale
(entreprise client). Aujourd'hui et de plus en plus, les interactions entre
les consommateurs et les entreprises ou encore les interactions des
communautés des marques avec les marques sont au coeur des pratiques et
font l'objet de nombreux travaux de recherche.
Dans le cadre de ce premier chapitre, nous avons essayé
de passer en revue les différents aspects du concept de
co-création. Dans un premier temps, nous sommes remontés un peu
dans le temps pour mieux comprendre l'histoire du concept de son
émergence. Dans un second temps, nous avons tenté d'expliquer la
co-création et de la distinguer des notions qui lui sont proches.
Ensuite, nous avons traité les fromes de la co-création. Enfin,
nous discutons du rôle des communautés de marque dans la
création de valeur pour la marque.
I. Une approche historique : Genèse du concept de
Co-création
Le courant de recherche sur la participation paraît si
récent, et pourtant, le phénomène est beaucoup plus
ancien. Il remonte aux années 30 avec l'apparition du libre service. La
littérature sur le libre service est initiée dans les
années 50 avec les travaux de (Teitelman, 1951) « le terme
"participation" n'est alors pas mobilisé en tant que concept.»
(Florence Benoit-Moreau, Audrey Bonnemaizon, Sandrine Cadenat, Valérie
Renaudin, 2011).
Deux courants de recherche ont vu le jour. Le premier est
celui du libre service des années 50 qui a ensuite évolué
et a repris de l'intérêt dans les années 2000 avec le
développement des technologies de libre service "TSS : Technologies of
self-service". Le deuxième courant s'attache directement au concept de
"participation" et il a pris un essor important vers la fin des années
80 (Audrey Bonnemaizon, Florence Moreau, Sandrine Cadenat, Valérie
Renaudin, 2011) : ce sera l'objet de notre premier paragraphe. Suite à
cela, le courant de recherche sur la
14
logique dominante des services de Vargo et Lush, (2004) et
dans lequel s'inscrit le concept de co-création a émergé
(ce sera l'objet du second paragraphe)
I.1. Focus sur la « participation » et
émergence de « la co-cération »
Afin de mieux cerner « la co-création », il
s'est révélé pertinent de se pencher sur la notion de
« participation » au sens large du terme, qui a paru bien avant dans
les travaux de recherche et dans la littérature.
a) Participation et marketing participatif
La participation désigne « l'action de participer
à quelque chose, une part prise à quelque chose » Larousse.
Il faut signaler également que les termes collaboration,
coopération et contribution sont des synonymes et sont employés
indistinctement, donc le marketing participatif ou encore le marketing
collaboratif a pour principe « de faire participer les consommateurs de
façon active à l'élaboration de la communication d'un
produit, au développement de nouveaux services ou encore à la
promotion de l'actualité d'une marque ». La participation prend
aussi deux formes : la participation comportementale ou physique par exemple
l'engagement dans une activité (Harris, Harris et Baron,
2001)2 et la participation mentale tel que le partage des
connaissances.
Vers la fin des années 70 et le début des
années 80, les chercheurs se sont penchés sur la notion de «
la participation ». Les premières recherches s'articulent autour de
la participation du client à la production du service ou encore la
co-production qui n'est qu'une forme de co-création. En effet, le client
ou le consommateur peut être considéré comme une partie
intégrante dans le processus de production de l'entreprise; c'est un
employé partiel dans les services de l'organisation et son rôle
participatif constitue un atout majeur pour l'entreprise (Peter K.Mills et
James H. Morris, 1986).
Les travaux de Von Hippel (1986) se sont concentrés sur
la participation des clients à la conception des produits «
co-conception ». Les travaux s'intéressent aux « leader users
» définis comme les utilisateurs actuels et pionniers qui expriment
des besoins assez forts, ces mêmes besoins peuvent se
généraliser sur le marché dans les mois ou les
années qui suivent. Les « leader users » peuvent donc aider
les managers dans la conception des produits. Leur
2 Audrey Bonnemaizon, Florence Moreau, Sandrine Cadenat,
Valérie Renaudin (2011) ; « "Au boulot, cher client !" Une approche
interprétative de la participation ordinaire du consommateur. »
15
perception et leur préférence sont fort
importantes puisqu'elles permettent d'identifier les futurs besoins et donc
contribuer à l'émergence de nouveaux produits, processus ou
encore services (Von Hippel, 1986).
Les recherches de Von Hippel (1986, 1999, 2005) ont
souligné l'importance de ces « utilisateurs leaders » dans les
processus d'innovation et la définition des nouvelles offres. « La
démarche dite ainsi d'innovation collaborative consiste à
définir a priori les caractéristiques des utilisateurs leaders,
à sélectionner les individus sur la base de ces
caractéristiques et à les solliciter pour faire émerger de
nouveaux concepts de produits. »3
b) Emergence de la notion de
"co-création"
Vers la fin des années 90 et le début des
années 2000, les travaux de Ramaswamy et Prahalad, introduisent la
notion de co-création et tentent d'exposer l'importance d'une telle
technique, qui permet de créer de la valeur conjointement entre
l'entreprise et le consommateur. Ainsi, ils remettent en cause la dissociation
des rôles respectifs du client "consommateur" et de l'entreprise
"productrice". Jusqu'alors, le consommateur restait en dehors de l'entreprise.
Aujourd'hui, le client est considéré en tant qu'un membre actif,
capable de s'impliquer dans le processus de conception, de production,
d'innovation et de contribuer à la création de la valeur. Le
rôle du consommateur est en mutation et nombreux termes ont
été utilisés pour saisir les nouveaux consommateurs:
prosumers (producteur-consommateur), protagoniste, post-consommation ou encore
consom-acteurs. Tous ces termes convergent pour décrire des
consommateurs plus actifs et constructifs, ainsi que leurs expériences
sur le marché et les relations qu'ils entretiennent avec les
entreprises. (Cova, B et Dalli, D. 2009)
Le marché est vu comme un forum de co-création
d'expériences, il transforme la nature même de la relation
consommateur-entreprise. En effet, l'interaction est devenue source de
création de valeur, elle ne se fait plus uniquement à
l'intérieur de l'entreprise, elle se fait via des dialogues continus
entre les consommateurs et les entreprises. (Prahalad et Ramaswamy, 2004).
Armés de nouveaux outils (le web 2 et internet), parfois
mécontents de choix disponibles sur le marché, les consommateurs
ont aujourd'hui les moyens d'interagir avec les entreprises et de participer
à la co-création de valeur (Prahalad & Ramaswamy, 2004)
3 Bernard Cova ; Pascale Ezan (2008) ; « Le
consommateur-collaborateur : activités, attentes et impacts. Le cas du
passionné de Warhammer » ; Source : 13èmes Journées
de Recherche.
16
Cette nouvelle vision du consommateur actif dont le rôle
va au-delà de la simple consommation des produits, s'inscrit dans le
paradigme de la logique dominante de service de Vargo et Lush. Une logique
basée sur les ressources intangibles, sur la co-création de
valeur ; une logique de service selon laquelle la prestation de services est
fondamentale pour les échanges économiques.
I.2. Evolution du cadre théorique : la montée
du concept de co-création
Nous avons traité cette partie de façon
chronologique en se basant essentiellement sur les articles de Vargo et Lush
initiateurs du courant sur la logique dominante de service. Le premier
paragraphe met l'accent sur l'évolution de la logique dominante de
produits à une logique dominante de service. Le second paragraphe
s'intéresse à l'évolution de la logique des marques : dans
une perspective de SDL.
a) De la logique dominante de produits à une
logique dominante de service
Le marketing a hérité d'un modèle
classique basé sur une logique dominante d'échange de produits ou
des unités de production. La valeur est créée lors du
processus de production et ces unités produites constituent les
composantes essentielles de l'échange. Une approche dite normative
puisqu'elle sépare la production de la consommation des produits sans
faire participer les consommateurs : les clients sont donc exogènes et
restent en dehors du processus de fabrication (Vargo et Lush, 2004). Les
produits fabriqués sont standardisés, périssables et
parfois mêmes réfractaires aux évolutions des besoins des
consommateurs souvent insatisfaits de la qualité ni souhaitable et ni
valable des produits proposés. Vargo et Lush ont initié une
nouvelle logique plus collaborative où le consommateur est partenaire de
l'entreprise SDL : la logique dominante de service.
? Vers un modèle de SDL :
La logique dominante de service considère que le
consommateur est coproducteur et que les produits doivent être
personnalisés afin de mieux s'adapter aux besoins des clients. Les
auteurs remettent en cause le marketing dont la fonction est principalement
commerciale où le producteur est créateur de valeur et où
le consommateur est utilisateur, et ils suggèrent une approche
processuelle ("to market to" à "to market with") qui
tient compte des compétences des consommateurs. Ainsi, les entreprises
doivent apprendre à être à la fois concurrentielle et
collaborative, autrement dit, elles doivent apprendre à gérer les
relations avec leurs clients. (Vargo et Lush, 2004)
17
L'objectif de la logique dominante de service n'est pas donc
de fabriquer et de vendre des unités de production « des biens
» mais plutôt d'offrir des services personnalisés aux clients
et autres organisations. Cette logique implique la combinaison et la
coordination des ressources opérantes des consommateurs de telle
manière à fournir des avantages, et des bénéfices
aux clients. Ces derniers sont endogènes à la création de
valeur. « Plus précisément, le S.D.L. suggère que la
création de valeur est la résultante de l'effet conjugué
de ressources opérantes (operant resources), définies
comme un ensemble de savoirs (knowledge), savoir-faire
(skills), expertise (expertise), capacité
(capacity), activées par chacune des parties prenantes (Vargo
et Lusch, 2008b), l'entreprise et le consommateur ». La participation du
consommateur dans le processus de production voire de spécialisation
constitue une clé d'obtention d'un avantage concurrentiel. (Vargo et
Lush, 2004)
? Service et servuction :
Il faut souligner également que le terme service dans
la S.D.L "Service doimant Logic" n'est pas restrictif au sens
littéral ce qui veut dire des biens immatériels. En ce sens, la
logique dominante de produit G.D.L "Good domiant Logic" ne serait pas
différente de la S.D.L puisque les services sont des produits
intangibles. Le terme service (au singulier) est utilisé pour signifier
le processus de faire quelque chose (Vargo et Lush, 2006). La définition
de service selon Vargo et Lush prend en compte l'application des
compétences spécialisées des clients à travers des
actes, des processus et des performances en faveur d'une autre entité ou
l'entité elle-même.
Grönroos définit le service comme « des
procédés consistant en une série d'activités,
où certaines ressources sont utilisées dans une interaction
directe avec le client, de sorte qu'une solution sera trouvée
répondant au problème du client »4. Le service
renvoie au processus de faire quelque chose pour et surtout avec quelqu'un (le
market with prend le pas sur le market to) (Ezan et Cova,
2008)
On parle aussi de servuction qui se définit comme suit
: « C'est l'organisation systématique et cohérente de tous
les éléments physiques et humains de l'interface
client-entreprise
4 Cité par Vargo et Lush (2006) Lusch R.F.
et Vargo S.L. (2006), « Service-Dominant Logic: Reactions, Reflections and
Refinements », Marketing Theory, 6, 3, pp. 281-288.
« Service-dominant logic: reactions, reflections and
refinements » Grönroos (2000: 48) defines services as processes
consisting of a series of activities where number of different types of
resources are used in direct interaction with a customer, so that a solution is
found to a customer's problem'»
18
nécessaires à la réalisation d'une
prestation de service dont les caractéristiques commerciales et les
niveaux de qualité ont été déterminés.
» Ce néologisme désigne à la fois le système
de production et de distribution de service. (Benoît Meyronin, Charles
Ditandy, 2011)
Du point de vue de prestation de service, les auteurs mettent
l'accent sur le rôle des clients actuels et/ou les clients potentiels :
les consommateurs cherchent à domestiquer et apprivoiser le
marché en nouant des liens avec les organisations. Ceci facilitera aux
entreprises l'acquisition des solutions de service sur mesure et de
manière efficace par le biais des clients impliqués dans le
processus de création de valeur.
Pour conclure, nous dirons que la différence majeure
entre S.D.L et G.D.L serait donc dans le traitement de tous les clients, les
employés et les organisations opérants en tant que ressources
dans le processus de création de valeur et dans le processus
d'échange. (Vargo et Lush, 2006)
Tableau 1 : Transitions conceptuelles
Concepts de GD logic
|
Concepts de transition
|
Concepts de GS logic
|
Biens
|
Services
|
Service
|
Produits
|
Des offres
|
Des expériences
|
Des attributs ou des
fonctionnalités
|
Des prestations ou des bénéfices
|
Des solutions
|
Valeur ajoutée
|
Co-production
|
Co-création de valeur
|
Max profit
|
Ingénierie financière
|
Apprentissage/Rétroaction financière
|
Prix
|
Création de valeur
|
Proposition de valeur
|
Système équilibré
|
Système dynamique
|
Système complexe adaptatif
|
Chaîne d'approvisionnement
|
Chaîne de valeur
|
Création de valeur réseau/
constellation
|
Promotion
|
Intégration de la communication
Marketing
|
Dialogue
|
Pour commercialiser to market
|
Commercialiser à (to market to)
|
Commercialiser avec (to market with)
|
Orientation produit
|
Orientation marché
|
Orientation service
|
Source: Robert F. Lusch and Stephen L. Vargo
(2006) Service-dominant logic: reactions, reflections and refinements»
19
b) Vers une nouvelle logique des marques dans une
perspective de SDL
Les entreprises reconnaissent de plus en plus que les marques
sont des actifs précieux pour les entreprises et que le rôle
essentiel des marketers est d'intensifier les ressources qui contribuent
à la construction des marques (Madden, et al. 2006 ; Simon et
Sullivan,1993)5. Il se révèle donc pertinent
d'intégrer les parties prenantes dont les consommateurs ou encore les
communautés de marque dans le processus de création de valeur
pour la marque (Vargo et Lush, 2009).
De ce fait, les chercheurs ont repensé la logique de
marque et d'image de marque où l'on considère que la
conceptualisation de la marque est la propriété de l'entreprise
vers une logique plus collaborative où la création de valeur pour
la marque se fait en interaction avec les parties prenantes et les entreprises.
Les consommateurs considèrent de plus en plus les marques comme des
biens culturels partagés qui appartiennent à tout le monde,
plutôt que comme une propriété intellectuelle privée
de l'entreprise (Cova et Dalli, 2009).
L'évolution de la littérature sur les marques
est à l'origine de la logique dominante de service, en d'autres termes
l'évolution de la logique des marques n'est que le reflet de la logique
dominante de service (Vargo et Lush, 2009).
? La co-création de la marque
(Vargo et Lush, 2009), ont donné un aperçu
historique de la marque. Ainsi, ils identifient 4 ères de la
littérature sur les marques :
- La première ère (1900-1930) :
L'ère des biens individuels "individual goods- Focus Brand
Era"
Les marques en tant que indicateurs (Copeland, 1923 ; Low et
Fullerton, 1994 ; Strasser, 1989). Selon Low et Fullerton (1994) : « les
produits fabriqués avaient des identités distinctes et claires.
Leur emballage distinctif les rend clairement identifiable visuellement».
La marque est là, pour que les consommateurs puissent reconnaître
les différents produits. La valeur de la marque est encastrée
dans les produits physiques et créé lorsque les marchandises sont
vendues (valeur d'échange). Enfin, Les consommateurs sont passifs dans
le processus de création de valeur.
5 Merz, Michael A., Yi He, and Stephen L. Vargo (2009) ;"The
evolving brand logic: a service-dominant logic perspective" Journal of the
Academy of Marketing Science»;Vol. 37, No. 3, pp. 328-344.
20
- La deuxième ère : (1930-1990) :
L'ère de la valeur "Value- Focus Brand Era" On
distingue une valeur fonctionnelle et une valeur symbolique pour la marque :
Les bénéfices fonctionnels de la marque
(Functional Value-Focus Branding : Brown 1950; Jacoby et al, 1971 ; Park et al.
1986) : Les bénéfices fonctionnels répondent aux besoins
physiologiques et de sécurité. Les consommateurs choisissent les
marques pour satisfaire leurs besoins en consommation (des besoins qui sont de
nature externes). Les clients sont passifs dans le processus de création
de valeur.
Les bénéfices symboliques (Symbolic Value-Focus
Branding : Gardner et Levy, 1955; Goffman, 1959; Levy, 1959) Les marchandises
sont considérées comme de plus en plus similaires en termes
d'attributs utilitaires. Les marques sont donc choisies en vue de satisfaire
les besoins internes. En ce sens, les bénéfices symboliques
répondent à des besoins d'expression personnelle et d'approbation
sociale. « La marque en tant que concept symbolique désigne
l'identification des individus à un groupe désiré,
à un rôle ou encore à une image de soi » « A
brand with a symbolic concept is one designed to associate the individual with
a desired group, role, or self-image » Park, Jaworski & MacInnis
(1986).
La valeur de la marque est créée lorsque les
marchandises sont vendues (Valeur d'échange). Les clients restent
passifs dans le processus de création de valeur de la marque.
- Troisième ère (1990-2000) :
L'ère des relations " Relationship-Focus Brand Era"
La Relation Client-Entreprise : (Customer-Firm Relationship
Focus : Aaker, 1991; Blattberg et Deighton, 1996; Kapferer, 1992; Keller,
1993). Les clients constituent des ressources opérantes et donc des
actifs co-créateurs de valeur pour la marque. Les auteurs ont
également souligné que la perception de valeur réside dans
la valeur d'usage de la marque par les clients.
La relation Client-Marque : (Customer-Brand Relationship Focus
Aaker, 1997; Fournier, 1998 ; Gobe, 2001). La marque a une personnalité,
qui fait que le client forme une relation dyadique avec elle. Le processus de
co-création de valeur se base sur la relation du client avec la
marque.
La relation Enterprise-Marque: (Firm-Brand Relationship Focus:
Berry, 2000; de Chernatony 1999; Gilly et Wolfinbarger, 1998; King, 1991). Les
consommateurs en interne qui ne sont
21
que les employés des entreprises sont des ressources
opérantes et participent au processus de co-création de valeur
pour la marque.
- La quatrième ère (2000 et ...) :
l'ère des parties prenantes "Stakeholder-Focus Brand Era
»
La marque comme processus dynamique et social : (McAlexander
et al. 2002 ; Muniz et al. 2001 ; Muniz et al. 2005 ; Ballantyne et Aitken,
2007 ; Ind et Bjerke, 2007 ; Jones 2005). Les auteurs ont souligné que
non seulement les clients pris individuellement, mais aussi les
communautés de marque et toutes les parties prenantes constituent des
ressources opérantes. Ainsi, le processus de co-création de
valeur pour la marque est un processus continu, social, dynamique et en
perpétuel interaction entre l'entreprise, la marque et toutes les
parties prenantes.
Conclusion :
Le premier paragraphe a mis en exergue la genèse du
concept de co-création et le courant de recherche dans lequel il
s'inscrit. Ce courant de recherche a connu une évolution (2): de la
logique dominante de produit à une logique dominante de service (a). La
marque a suivi ce cheminement, et elle a aussi évolué dans une
même perspective de SDL (b). Ainsi, elle a connu quatre périodes
déterminantes. Le deuxième paragraphe qui suit, est centré
sur la définition du concept de co-création et des
définitions des notions voisines.
22
II. Vers une clarification du concept de
co-création
La co-création comme son nom l'indique, c'est le fait
de créer ensemble. Le préfixe CO exprime l'adjonction, la
réunion, le parallélisme etc. Il s'agit pour l'entreprise de
faire participer les consommateurs à la création, c'est une
façon d'interagir avec ses clients et de travailler en collaboration.
Plusieurs définitions ont été
relevées dans la littérature, nous exposons ci-dessous quelques
unes d'entre elles afin de mieux appréhender le concept et le distinguer
des autres notions.
II.1. Définitions du concept
Le terme co-création est utilisé pour
désigner la création commune de la valeur entre l'entreprise et
ses clients (Kambil, Friesen et Sundaram, 1999; Prahalad et Ramaswamy,
2004)6.
Prahalad et Ramaswamy, (2004) définissent la
co-création comme suit : «La co-création est un
processus actif, créatif et social, basé sur la
collaboration entre les producteurs et les utilisateurs, initié par
l'entreprise pour générer de la valeur pour les clients.
»7 Ou bien encore « une nouvelle technique de management,
dans laquelle les consommateurs et producteurs se joignent pour créer
des produits et des expériences » (Prahalad et Ramaswamy, 2000)
Pour définir ce même concept, Leroy (2008) prend
en compte à la fois le processus et le résultat de la
co-crération. En tant que processus, « la co-création
d'expérience est le processus par lequel le consommateur et l'entreprise
participent ensemble à toutes les étapes à la fois de
production et de consommation ». En tant que résultat, « la
co-création de valeur est la création conjointe de valeur par le
consommateur et l'entreprise. Elle se situe au moment de l'usage du produit,
mais aussi au moment de la production et de la conception de l'offre ». 8
Les différentes définitions citées ci-dessus
évoquent des notions communes à savoir : le processus, la
création de valeur, le producteur et le consommateur et enfin les
expériences.
6 Cité par "Ahlem Abidi-Barthe", MSC ;
"Souheila Kaabachi", PhD (2010) ; « La co-création
d'expériences de consommation par le Web2.0 » ; Journal of Internet
Banking and Commerce ; Août 2010, vol. 15, no.2 (p4)
7 Prahalad C.K. et Ramaswamy V. (2004), Co-creation
experiences the next practice in value creation
8 Cité par "Ahlem Abidi-Barthe", MSC ;
"Souheila Kaabachi", PhD (2010) ; « La co-création
d'expériences de consommation par le Web2.0 » ; Journal of Internet
Banking and Commerce ; Août 2010, vol. 15, no.2 (p4)
23
Ainsi, nous pouvons conclure que la co-création est un
processus de création d'expériences et de produits conjointement
entre le consommateur et le producteur dans le but de générer de
la valeur pour le client.
Tableau 2 : Clarification du concept de
co-création (Prahalad C.K. et Ramaswamy V. 2004)
Ce que la co-création est
|
Ce que la co-création n'est
pas
|
La co-création est une création de
valeur conjointement entre le consommateur et l'entreprise. Ce n'est pas
l'entreprise qui tente de faire plaisir au client.
|
Orientation client.
Le client est roi.
Le client a toujours raison.
|
Permettre au client de co-construire le
service d'expérience afin qu'il puisse répondre au
contexte.
|
Offrir à la clientèle un bon service ou faire
dorloter le client avec des somptueux services clients.
|
Création d'une expérience environnementale
dans laquelle le consommateur peut avoir un dialogue actif et
co-construire des expériences personnalisées.
Les produits peuvent être les mêmes, mais
les clients peuvent construire différentes expériences.
|
Transfert des activités de l'entreprise au
client comme le libre service.
|
Des expériences propres à chacun. Dialogue
continu. Co-construire des expériences personnalisées. Des
expériences innovantes dans des environnements différents
(co-créer des nouvelles expériences)
|
Une étude minutieuse du marché. Valorisation
des expériences. Demandes axées sur l'innovation des produits
et services.
|
Source: Prahalad C.K. et Ramaswamy V. (2004), Co-creation
experiences the next practice in value creation
II.2. Co-création et concepts voisins
La co-création, Marketing participatif, le
crowdsourcing, le consumer made, le contenu généré par les
utilisateurs (UGC)... Plusieurs expressions employées pour faire
référence à la participation du consommateur. Une
clarification est nécessaire dans ce cadre d'analyse pour éviter
toute sorte de confusion. Quelle différence ou/et quel lien existe entre
ces différents concepts ?
a) 24
Co-création & marketing
participatif
Selon Fanny Reniou, (2009) : « les concepts de
co-création et de marketing participatif peuvent s'employer
indifféremment. Le premier concept "co-création" est plus
académique « la co-création est une nouvelle technique de
management, dans laquelle les consommateurs et producteurs se joignent pour
créer des produits et des expériences » (Prahalad et
Ramaswamy, 2000) et le second, plus managérial, est défini comme
« le fait de faire participer les consommateurs à
l'élaboration de la politique produit ou de la politique de
communication ».
Cependant, une distinction entre les deux définitions
est à faire. En effet, le marketing participatif ne suppose pas
forcément un exercice de création. Certaines opérations de
participation tel que la publication d'un spot publicitaire sur un blog ou
encore voter pour un produit ou pour une affiche publicitaire ne relève
pas de la co-création.
Exemple : De nombreuses marques mettent en oeuvre des
dispositifs d'élection. La marque « Danette » propose chaque
année une édition limitée de la crème dessert et
demande aux consommateurs de voter pour un parfum « Vote Danette »
Cette approche peut impliquer un nombre important de consommateurs. Pourtant,
il ne s'agit pas à proprement parler de co-création : le produit,
la campagne publicitaire, le catalogue ont été conçus par
l'entreprise. L'intervention du consommateur consiste juste à
orienter le choix entre plusieurs options, en
organisant un test produit ou publicitaire à grande échelle.
b) Co-création &
crowdsourcing
Le terme de crowdsourcing ou l'externalisation ouverte a
été inventé par Jeff Howe et Mark Robinson (2006) pour
décrire la capacité des entreprises à utiliser les
nouvelles technologies digitales et d'internet afin d'obtenir les opinions des
consommateurs sur les marques et de profiter de la connaissance
combinée, de la créativité, de l'intelligence et du
savoir-faire d'un grand nombre d'individus à moindre coût (Fanny
Reniou, 2009).
Le néologisme de crowdsourcing est donc inspiré de
la notion d'outsourcing
« Externalisation vers la foule ». Selon Howe : Le
crowdsourcing est un « acte par lequel une entreprise ou une institution
externalise une fonction préalablement assumée par des
salariés vers un réseau indéfini (et
généralement large) à des personnes sous la forme d'un
appel ouvert. »9 En ce sens, le crowdsourcing consiste en une
stratégie d'externalisation d'idées déployée par
l'entreprise ; elle propose une tâche réalisable en interne
(exemple :
9 Ronan Divard (2010) « Le marketing participatif
», éd. Dunod, les topos+
25
auprès des agences de publicités) à ses
clients (population d'internautes) en offrant une contrepartie
(rémunération), dans le but de consolider la co-création
de valeur entre le consommateur et l'entreprise (Divard, 2010). La
co-création et/ou le marketing participatif suppose alors le recours au
crowdsourcing.
Communitysourcing est une expression
dérivée du crowdsourcing, elle est employée pour
désigner le fait que l'entreprise fait appel à une
communauté de marque supposée avoir une implication, une
expertise ou un talent particulier pour la réalisation d'une tâche
donnée.
c) Co-création & consumer made
Cova (2008) définit « le Consumer made
comme le résultat de la mise en jeu des compétences d'un ou
de certains consommateurs afin de modifier ou d'améliorer l'offre des
entreprises et d'arriver ainsi à une création originale.
»10. C'est un désir de création individuelle ou
partagée.
Une autre définition a été
proposée par le cabinet de tendances trendwatching (
http://
www.trendwatching.com/briefing/ ) : « le phénomène
de création par les entreprises de produits, de services ou
d'expériences en collaboration étroite avec des consommateurs
créatifs et expérimentés, en exploitant leur capital
intellectuel, et en leur donnant en échange la possibilité de
donner leur avis (tout en les récompensant pour cela sur ce qui devrait
être conçu, produit, développé, mis en service ou
transformé par l'entreprise. » 11 Si l'on reprend la
première définition du consumer made avancée par Cova
(2008) et la définition de la co-création en tant que
résultat selon Leroy (2008), la finalité des deux concepts serait
la même " la création de valeur". Toutefois, le consumer made peut
être spontanément mis en oeuvre par le consommateur en dehors de
tout contexte de coopération avec l'entreprise. Divard (2010) cite les
exemples de parodies de publicités spontanément produites par les
internautes comme les publicités des marques de Coca-cola et de
Microsoft : les internautes donc en l'absence de toute coopération des
entreprises, ont pris seuls l'initiative de produire des parodies de
publicités et de les poster sur les réseaux sociaux.
10 Cova B. (2008), « Consumer
Made : Quand le consommateur devient producteur », Décisions.
Marketing, n°50, avril-juin, 19-27
11 Cova B. (2008), « Consumer
Made : Quand le consommateur devient producteur », Décisions.
Marketing, °50, avril-juin, 19-27
La community made englobe un ensemble
d'individus générant de nouvelles idées, une
créativité collective donnée par les regroupements
communautaires des consommateurs (Cova, 2008)
d) Co-création et UGC : le contenu
généré par les utilisateurs
L'UGC désigne les contenus créés par les
utilisateurs. L'UGC peut prendre plusieurs formes : un texte, un fichier, une
vidéo ou encore une photographie etc.
L'OCDE définit l'UGC comme suit : « Le contenu
généré par les utilisateurs : Contenu rendu publiquement
disponible en ligne qui reflète un certain effort créatif de la
part des utilisateurs, et qui crée en dehors de la pratique
professionnelle. » 12
Le contenu généré par les utilisateurs
n'est pas inhérent à l'internet. Bien avant l'ère du web,
les entreprises ont eu recours aux contenus générés par
leurs clients (boîte à idées, courriers adressés au
service « consommateurs » de l'entreprise...).
Les contenus générés par les internautes
ne sont pas forcément des contenus relatifs au marketing participatif.
Le contraire est vrai, le marketing participatif ne nécessite pas
impérativement le recours à l'UGC. C'est ainsi que les
opérations de simple vote pour départager un produit, ou encore
les enchères en ligne, ne supposent aucunement la
génération d'un quelconque contenu. (Divard, 2010)
Ainsi, nous avons tenté de clarifier les
définitions des concepts proches de la notion de co-création.
Cependant la distinction entre ces différents concepts reste encore
ambigüe et peu claire. Les subtilités sont parfois peu
perceptibles. Dans la littérature et dans le langage courant, on a
souvent tendance à confondre les concepts de crowdsourcing, de consumer
made, de marketing participatif, et de co-cération.
26
12 Ronan Divard (2010) « Le marketing
participatif », éd. Dunod, les topos+
27
III. Les formes de participation
La littérature nous permet de recenser plusieurs formes
de participation. Chaque auteur propose une typologie des formes. Divard (2010)
identifie quatre formes de participation du consommateur ; objet du premier
paragraphe, Cova (2008) propose les formes managériales de consumer made
; objet du second paragraphe et enfin Reniou (2009), dans sa thèse
présente une approche de trois formes de co-création, tout en
déterminant une quatrième forme et ce en se
référant à des exemples concrets et à d'autres
typologies, les classant ainsi sous le nom des Opérations Participatives
: objet du troisième paragraphe.
III.1 Les formes de participation du consommateur
Selon Divard (2010), si l'on se réfère à
la participation du consommateur à la production, il est possible
d'identifier quatre grandes formes :

L'expérience créative sous contrainte
La coproduction de service avec relation
Les formes de particpation du consommateur
L'autoproduction
dirigée
Le marketing particpatif
- L'expérience créative sous contrainte :
Comme son nom l'indique, l'expérience créative
sous contrainte fait référence à une quête
d'expérience créative. A titre d'exemple, nous pouvons citer les
guides de cuisine, les guides d'utilisation, les guides d'assemblage etc. A ce
niveau, le consommateur se trouve contraint de suivre un processus de
création et les instructions, afin qu'il aboutisse à son produit
fini. Il est donc guidé avec précision pour parvenir à un
résultat satisfaisant.
- La co-production de service avec relation :
Dans cette forme de participation, la prestation de service
est co-produite dans une relation. Par exemple dans la consultation
médicale, le patient contribue par la description de ses symptômes
au diagnostic de sa maladie et donc à la définition du traitement
nécessaire pour son remède... La co-production de services
concerne également les services où la relation avec les autres
clients ou usagers conditionnent les résultats (Divard, 2010). Il s'agit
de co-
28
productions expérientielles. A titre d'illustration,
nous pouvons citer les concerts et les voyages organisés où
chaque participant contribue activement à coproduire le service en
question.
- L'autoproduction dirigée
Dans cette forme de participation, l'entreprise fait appel et
externalise certaines tâches standardisées et
répétitives auprès du consommateur pour
bénéficier de gain de productivité, de réduction de
coût de production etc. Deux formes d'autoproduction peuvent être
identifiées :
? L'externalisation de la finition des tâches : le
consommateur devient temporairement producteur et employé. Sa
participation est obligatoire pour la finition du produit. Sa participation
peut être considérée comme rémunérée
puisque le consommateur bénéficie des prix attractifs. Cette
forme de participation comprend deux considérations : Economiques
(liées aux avantages pour le client : prix attractifs et pour
l'entreprise : économie des coûts de production) et
expérientielles, susceptible de l'apparenter à une
expérience créative sous contrainte.
? Le self service : il est souvent lié à
l'automatisation des tâches, « le self service impose au
consommateur la prise en charge d'un grand nombre de tâches dont il n'a
pas toujours clairement conscience. » Exemple : le self services dans une
station de service pour les automobiles. Aujourd'hui, ce
phénomène s'étend au domicile du consommateur grâce
aux technologies d'internet.
- Le marketing participatif :
Différence entre le marketing participatif et
l'autoproduction dirigée
Marketing participatif
|
Autoproduction dirigée
|
Le consommateur participe à la définition de
l'offre de l'entreprise
|
Offre de l'entreprise imposée.
|
Participation volontaire et facultative
|
Participation obligatoire
|
29
III.2 Les formes managériales du consumer made
Cova, (2008) souligne deux critères de distinction,
pour catégoriser 4 formes de consumer made :
- L'objet de la co-création (Axe 1) : il s'agit de
distinguer la co-création de l'offre de la co-création de
l'expérience. La co-création de l'offre implique le consommateur
dans la définition des produits (en amont du processus de production).
La co-création de l'expérience implique le consommateur dans
l'intervention de son vécu avec l'offre de l'entreprise (en aval du
processus de production).
- Le sujet de la co-création (Axe 2) : il s'agit du
niveau d'expertise du consommateur créatif (consommateurs
créatifs : leaders users ou consommateurs ordinaires)
Figure 1: Cova (2008) Consumer made: Quand le
consommateur devient producteur

30
Les 4 formes du consumer made proposées par COVA sont
donc:

La co-promotion
La co- production
Les formes managériales de consumer made
La co- détermination
La co-innovation
La co-promotion : C'est la production des campagnes
publicitaires conjointement entre l'entreprise et le consommateur :
l'entreprise implique un ensemble large des consommateurs par des concours,
pour qu'ils produisent des films ou des visuels. Le bouche à oreille
constitue un autre média de communication et donc de co-promotion.
La co-production : L'intervention du consommateur se situe au
moment de la réalisation de son expérience de consommation.
L'entreprise met à disposition les moyens nécessaires permettant
au consommateur de réaliser son expérience. Le groupe de musique
Radiohead qui invite ses consommateurs à remixer son single, en est un
bon exemple. Il suffit de télécharger les souches sonores et
ensuite de remixer le single et de le soumettre au vote du public. (Cova,
2008)
La co-détermination : Il s'agit pour l'entreprise de
favoriser le développement d'identification croisée des besoins
de l'entreprise et les consommateurs créatifs. L'entreprise met à
disposition les moyens nécessaires de dialogue, afin que le consommateur
puisse faire part de ses désirs et de ce qu'il aimerait voir se
développer. Il ne faut pas confondre co-détermination et
co-innovation. Dans le cas de co-détermination, les consommateurs
sollicités n'agissent pas directement sur l'offre, ils font état
de leurs besoins et désirs. L'entreprise s'intéresse aux
finalités des consommateurs plutôt qu'aux solutions qu'ils
proposent.
La co-innovation : L'entreprise implique les consommateurs
dans le processus de création de nouveaux produits ou services. Ce type
de participation peut aller du simple fait de voter pour un produit nouveau
à des propositions avancées par les consommateurs. A ce titre,
plusieurs plateformes ont vu le jour, notamment MyStarbucksIdea ou encore share
your ideas Nokia.
Slim et Matiew (2010) ont essayé d'associer chaque
forme ou encore phase de co-création avec le type de consommateur le
plus adéquat et en cohérence avec les activités à
effecteur durant chaque phase.
31
Tableau 3: Les phases de collaboration et types de
consommateur leur correspondant

Source: Slim & Mathieu, 2010
Les consommateurs leaders (Von Hippel, 1978) sont les
utilisateurs leaders comme des usagers experts de l'avant-garde d'un domaine
ayant intérêt à ce que celui-ci évolue pour
répondre aux besoins des clients. Le développement des
communautés de leader-users est en lien avec les moyens de communication
sur internet (Fûller et al, 2007 ; Sawhney et al, 2005 ; Prandelli et al,
2006).
Le consommateur expert (Fishler, 2002) : le consommateur est
dans une perspective expérientielle, il n'est pas un acteur passif qui
réagit à des stimuli mais un acteur et un producteur de ses
propres expériences de consommation. Les entreprises ont cependant
cherché à faciliter l'immersion des consommateurs dans ces
expériences.
Le consommateur de pouvoir : (Shanaker et al, 2006) montrent
qu'il s'agit d'une nouvelle forme de lutte de classes entre ceux qui
possèdent les moyens de création et de diffusion de
l'information, et les usagers anciennement passifs. Ainsi, le concept de
consommateur empowerment a été introduit : ce qui
correspond à la mise à disposition des amateurs d'outils
professionnels.
Le consommateur travailleur : Ici le consommateur devient un
producteur et encourt le risque d'être exploité deux fois par
l'entreprise. (Cova et Dalli, 2007 ; Zwick et al, 2008) 13
13 Cité par Slim & Mathieu (2010). "A la
découverte des capacités anticipatives du client pour une
meilleure maitrise des risques de l'entreprise"...
32
III.3 Les formes de co-création
Reniou (2009), propose trois fromes de co-création
issues de la littérature et détermine une quatrième frome
"les opérations participatives". Un tableau synthétique des
quatre fromes est présenté ci-dessous :
Tableau 4: Récapitulatif des formes et outils de
co-création (Fanny Reniou, 2009, p57)
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33
Les opérations participatives sont un ensemble de
techniques de marketing participatif, mises en place à l'initiative de
l'entreprise, permettant un mécanisme public d'échange
d'information et d'engagement créatif de la part de tous les
consommateurs et ce dans un objectif de communication et de construction d'une
relation.
Open source : est à la fois une
logique de travail et une philosophie appliqués au domaine informatique.
Chacun peut accéder librement au code source du programme, mener des
travaux dérivés et redistribuer à sa guise le produit,
gratuitement ou non. (Divard 2010)
L'expression open source vient du monde informatique.
L'exemple le plus fréquemment cité est le logiciel open source
(Linux, Apache...).
Aujourd'hui, grâce au monde digital, le progrès
est plus facilement atteignable en partageant la propriété
intellectuelle et en permettant à une large communauté
d'individus de développer des applications. (Fanny Reniou 2009)
Open innovation : L'innovation ouverte
(open innovation) correspond à une forme d'innovation suivant les
principes de développement open source (Piller, 2005). Dans cette
stratégie, l'individu est intégré lors de la phase de
pré-conception du produit et le produit issu de l'innovation ouverte est
par la suite commercialisé sur le marché de masse de
manière classique (production et distribution de masse) (Fanny Reniou
2009)
Chesbrough et Appleyard, (2007) définissent l'open
innovation comme « la mise en commun des connaissances à des fins
novatrices où les contributeurs ont accès aux contenus des autres
et ne peuvent exercer les droits exclusifs sur l'innovation qui en
résulte »
«defined as the pooling of knowledge for innovative
purposes where the contributors have access to the inputs of others and cannot
exert exclusive rights over the resultant innovation«
Open content : désigne la mise
en commun de contenus que chacun peut améliorer ou compléter
selon un schéma collaboratif. Le monde le plus souple d'écriture
collaborative est le wiki, un logiciel de gestion de contenu de site web qui
rend les pages modifiables à volonté par les visiteurs
autorisés. (Divard 2010)
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La pré- conception
La co- conception
Les formes de co-création
La co- production
Les
opréations participatives
Quelques définitions de notions
34
Synthèse critique:
Bien que la définition du concept de co-création
fasse l'unanimité, à savoir une création de valeur en
collabortaion entre consommateurs et entrerpises, la notion se prête
à quelques confusions pour le lecteur lorsqu'il s'agit de
l'opérationnaliser et de la distinguer d'autres concepts : consumer made
ou encore marketing particpatif. Cette confusion est aussi perçue dans
la catégorisation des formes de participation.
Divard (2010) identifie quatre formes de participation du
consommateur : L'expérience créative sous contrainte, la
co-production de service avec relation, l'autoproduction dirigée et
enfin le marketing participatif. La co-création suppose un exercice de
créativité qu'on ne retrouve pas dans l'ensemble des
opérations du marketing participatif. L'exercice de
créativité est totalement absent dans certaines opérations
du marketing participatif, par exemple : la publication par un consommateur
d'une bannière publicitaire sur son blog (il n y a donc ni
création, ni créativité). Dans ce cas là, la
co-création peut-elle être considérée comme une
cinquième forme de participation ou une sous catégorie du
marketing participatif ?
Cova (2008) propose les formes managériales de consumer
made à savoir co-promotion, coproduction, co-détrmination et
co-innovation. La principale distinction entre la co-création et le
consumer made soulevée dans la littérature est que le consumer
made peut être spontanément mis en oeuvre par le consommateur en
dehors de tout contexte de coopération avec l'entreprise. Cependant les
préfixes co des quatre formes proposées par Cova (2008), indique
qu'il s'agit bien d'une coopération. Y-a-il une véritable
distinction entre ces deux notions ? Peut-on employer indistinctement consumer
made et co-création ? Si oui, Peut-on parler de 4 formes de consumer
made ou de quatre formes de co-création ? Les formes de consumer made
proposées par Cova (2008) et les formes de co-création
évoquées par Reniou (2009) pré-conception, co-conception,
co-production et opérations participatives) sont dans ce cas
différentes. Les auteurs doivent se mettre d'accord sur une typologie
des formes.
35
VI. Le rôle de la communauté de marque dans
la création de valeur pour la marque
Ce quatrième paragraphe est en lien direct avec notre
problématique et constitue une ébauche de la partie empirique qui
va suivre. Nous allons, d'abord, définir la communauté de marque.
Ensuite, nous mettons en évidence que la communauté de marque est
un contexte favorable à la création de valeur de par leur forte
identification à la marque et de par leurs pratiques communautaires.
VI.1. Définitions de communauté de marque
Les marketers s'intéressent de plus au plus au sujet se
rattachant à la communauté de marque (McAlexander, Schouten, et
Koenig, 2002) qui est fondée sur un ensemble structuré de
relations avec les admirateurs et autres membres (Muniz and O'Guinn,
2001).14 Schouten et McAlexander ont ainsi parlé de
sous-culture de consommation (1995), Cova de tribu postmoderne (1995) et Muniz
et O'Guinn de communauté de marque (2001).
La communauté de marque, est davantage un concept
présent dans la littérature permettant de comprendre la
consommation commune des individus. Sitz et Amine (2004), la définissent
de la façon suivante : « un groupe non géographiquement
délimité de consommateurs qui partagent certaines valeurs, normes
et représentations et se reconnaissent des liens fort d'appartenance, de
chacun avec chacun et de chacun avec le tout communautaire sur la base d'un
attachement commun à une marque particulière ». De
même Muniz et O'Guinn (2001) appliquent ce concept de communauté
de marque autour de l'attachement à la marque particulière. Ils
définissent donc la communauté de marque de la façon
suivante : «a brand community is a specialized, non-geographically
bound community, based on a structured set of social relationships among
admirer of a brand ». Ces deux définitions prennent en compte
deux éléments l'attachement et l'espace: d'une part les relations
inter-clients prennent une place importante dans les composantes de
fidélité et d'attachement. D'autre part, la définition
permet de considérer la communauté de marque comme un groupe
pouvant être international, puisque les rencontres peuvent être
aussi bien réelles que virtuelles, mais toujours basées sur une
même admiration à la marque.
14 Cité par Algesheimer R., Dholakia U.M et
Herrmenn A. (2005), the social influence of brand community : Evidence from
Euroên car clubs, Journal of Marketing, 96, 3, 19-34
36
Cova, offre une autre définition : « la
communauté de marque est un regroupement de consommateurs partageant la
même passion ou le même culte pour une activité, une
personne ou une marque (voir Cova, 2006, pour une synthèse
actualisée).15De ce partage naissent des mythes, des rites et
toute une production symbolique qui constituent une sous-culture
spécifique (Cova, Kozinets et Shankar, 2007).
VI.2. La communauté de marque comme contexte de
co-création
La communauté de marque est un contexte favorable
à la co-création (Marie Jo Hatch et Majken Schltz (2010). En
effet, l'expérience avec la marque est satisfaisante grâce aux
interactions sociales des différents membres. Ces interactions sociales
permettent de fournir non seulement, un soutien utilitaire sous la forme de
conseils mais aussi un soutien social et intellectuel à travers des
expériences d'apprentissage, d'activités sociales et de
fraternité. (Algesheimer, Dholakia et herrmann, 2005). Les membres
créent des liens forts entre eux et s'identifient fortement à la
marque (a). Ceci, se traduit par des pratiques communautaires favorables
à la co-création (b).
a) Identification à la communauté de
marque
La communauté de marque telle qu'elle est
définie par (Algesheimer, Dholakia, & Herrmann 2005) est un groupe
de valeur qui implique des composantes cognitives et affectives
La composante cognitive : l'identification à la
communauté de la marque implique des processus de catégorisation,
par lesquels le consommateur prend une conscience de soi en tant qu'un membre
de la communauté.
(S'il fait partie de cette communauté, il existe donc
des similitudes avec les membres de la communauté et des
différences avec les non-membres.)
La composante affective : L'identification implique un
sens d'implication émotionnelle avec le groupe, « engagement
affectif » et un sentiment de parenté entre les membres. Le
consommateur doit partager les normes de la communauté, les traditions
et les rituels qui favorisent son bien être au sein de la
communauté et qui fait qu`il soit accepté.
15 Cova. B., Ezan P. (2008), Le consommateur-collaborateur :
activités, attentes et impacts. Le cas du passionné de Warhammer
- Source : 13èmes Journées de Recherche (2008).
37
? Les conséquences de l'identification à la
communauté de marque :
Les études précédentes se sont
concentrées sur les conséquences positives liées à
l'identification : MacAlexander, Schouten et Koenig (2002) constatent que la
participation à l'événement « Jeep Brand »
augmente l'attachement des consommateurs envers leurs véhicules et
envers la marque. Muniz et O'Guinn (2001) signalent que les membres de la
communauté Macintosh les aide à partager les informations sur la
façon d améliorer les ordinateurs.
Les influences positives se traduisent par les motivations
intrinsèques du consommateur d'interagir et de coopérer avec les
membres. L'engagement communautaire suggère que les membres sont
intéressés en aidant les autres membres à participer
à des activités conjointes.
b) Les pratiques de la communauté
Muniz et O'Guinn (2001) ont analysé les relations
sociales qui constituent la communauté de marque et ont trouvé
que ces relations sont basées sur le partage des rituels et des
traditions et que les membres sont dotés de sens de morale et de
responsabilité inouïs envers la marque. Ils ont également
identifié plusieurs fonctions que les communautés de marque
peuvent effectuer :
Le partage de l'information : constitue un
des principaux rôles des membres de la communauté, une fonction
dont l'objectif est de faire circuler l'information à grande
échelle et donc magnifier toute transparence à l'égard de
la marque ou la société derrière elle. Pour Muniz et
O'Guinn la communauté « fournit une structure sociale pour la
relation entre les marketers et les consommateurs » "Communities
provide social structure to the relationship between marketer and consumer".
Cette structure sociale peut prendre la forme de plaque tournante (un
centre ou encore un noyau), de groupements et de réseaux (Fournier et
Lee) permettant ainsi de fournir l'accès aux différents membres
et d'instaurer un dialogue entre eux et la marque.
Schau, Muniz et Arnould, (" How Brand Community Pratices
Create Value "Ç Journal of Marketing (2009))
étendent la réflexion de Muniz et O'Guinn et ajoutent d'autres
pratiques de la communauté de marque en les classant en quatre
catégories :
L'engagement communautaire : concerne les
pratiques qui renforcent l'engagement communautaire.
38
Le réseautage social : regroupe les
pratiques qui permettent le maintien et le renforcement des liens entre les
membres. Ces pratiques évoluent au delà des frontières de
la communauté, par exemple, les membres de la communauté
finissent par développer de réelles amitiés qui
dépassent les simples frontières de la marque.
La gestion de l'impression : concerne les
pratiques permettant de créer des impressions favorables à la
marque, d'engendrer des avis enthousiastes, par exemple, les membres d'une
communauté vont agir comme des ambassadeurs de la marque et justifient
ainsi leur appartenance à la communauté.
Et enfin l'utilisation de la marque :
ensemble de pratiques liées à l'amélioration et
au renforcement de l'utilisation de la marque.
Toutes ces pratiques, créent un capital culturel fort
pour la marque et pour les membres de la communauté de la marque.
Certains auteurs se sont même posés la question : Qui a le pouvoir
sur la marque ? Est-ce le consommateur ou l'entreprise ?
Conclusion :
Les membres de communautés de marque partagent des
valeurs communes. De ces valeurs naissent des mythes, des rites et des
pratiques propres à eux : le partage de l'information, l'engagement
communautaire, le réseautage social, la gestion de l'impression et
l'utilisation de la marque. Les membres développent ainsi un fort
sentiment de partage lié à une forte identification à la
marque.
« La possibilité de communiquer avec d'autres
passionnés, ayant les mêmes intérêts et venant du
monde entier, fait que les communautés den ligne deviennent le lieu de
rencontres préféré des consommateurs créatifs et
innovants. Les membres des communautés en ligne modifient des
produits existants et génèrent des idées pour des projets
entièrement nouveaux. Ils partagent leur idées avec d'autres
membres de la communauté qui, à leur tour, discutent
et évaluent les projets et proposent des améliorations. De
cette manière, tous les membres contribuent à l'avancement des
idées. »16
16 Ronan Divard (2010) « Le marketing
participatif », éd. Dunod, les topos+
39
La partie empirique : Méthodologie de la
recherche et résultats de
l'étude.
40
Chapitre 2 : Une étude exploratoire
des effets de la co-création sur les
marques
Introduction
Ce chapitre a pour but de présenter l'étude
qualitative exploratoire menée auprès de quatre personnes : deux
experts en communication marketing et deux consommateurs appartenant à
des communautés de marque en ligne.
La section 1 de ce chapitre s'intéresse à
l'analyse des entretiens menés auprès des experts. L'objectif de
cette première section est de mieux appréhender le
phénomène de co-création dans sa globalité. Qu'est
ce que la co-création pour les experts ? Quels sont les effets de la
co-création sur les marques ? Les communautés de marque
aujourd'hui ont-elles un réel pouvoir sur les marques et qu'en pensent
les managers ?... L'analyse des entretiens tente d'apporter des réponses
claires à ces questions. L'étude avait donc quatre principaux
objectifs qui correspondent aux quatre thèmes du guide d'entretien :
- Définir la co-création.
- Déterminer les profils des consommateurs les plus aptes
à co-créer.
- Analyser les effets positifs et négatifs de la
co-création.
- Déterminer la nature de la relation qui existe entre les
consommateurs co-créateurs et
la marque.
La deuxième section de ce chapitre concerne l'analyse
des entretiens des consommateurs. L'objectif de la deuxième section est
d'analyser les motivations qui poussent les membres d'une communauté de
marque à co-créer avec la marque. Pourquoi les membres
participent-t-ils aux concours des marques ? Quel est l'impact de la
participation sur les marques ?... L'étude avait également quatre
objectifs :
- Définir la communauté de marque du point de vue
des consommateurs. - Analyser les motivations de la participation aux
concours.
- Analyser les effets positifs et négatifs de la
co-création.
- Définir la nature de la relation qui existe entre les
membres et la marque.
41
Section 1 : Analyse qualitative des
entretiens auprès des experts
I. Méthodologie de l'étude exploratoire
qualitative
I.1. Présentation des entreprises et des
interviewés
Nous sommes encore dans la phase exploratoire et le fait de
prendre différents exemples sur plusieurs marques peut nous aider
à mieux définir les objectifs et les apports de la
co-création. C'est la raison pour laquelle, nous nous sommes
intéressés à des entreprises qui regroupent plusieurs
marques à la fois. Les agences de publicité ou les plateformes de
co-création ne se focalisent pas sur une seule et unique marque. Ces
entreprises ont pour mission de mettre en place la stratégie de
communication de différentes marques (clientes). Lors des entretiens,
les experts ont évoqué plusieurs exemples de marques ayant
déjà eu recours à la co-création.
La première entreprise "e-Yeka est
spécialisée dans la co-création sur internet. Elle
rassemble des communautés d'individus impliqués de façon
active dans l'élaboration de la politique de communication pour les
marques.
Le choix de la deuxième entreprise Memac Ogilvy
Label est aussi intéressant, car nous avons appris grâce
à une veille internet, qu'elle a eu déjà recours au
crowdsourcing et fait participer les consommateurs à
l'élaboration de quelques concepts publicitaires.
Deux entreprises plus ou moins concurrentes (Aujourd'hui les
plateformes de co-création sur internet présentent une
réelle menace pour les agences de publicité et les freelances :
Les marques ont de plus en plus recours à l'opinion et la
créativité des consommateurs) ayant des points communs et des
différences, il s'est avéré judicieux de prendre des avis
à la fois similaires et contradictoires permettant d'analyser les
avantages et les inconvénients de la co-création et l'impact
d'une telle technique sur les marques.
42
Tableau 5: Points communs et différences entre les
deux entreprises qui ont fait l'objet de l'étude qualitative
Les points communs
|
Les points différents
|
Deux agences dont la principale activité est la
communication, plus précisément l'élaboration des concepts
de publicité.
|
La méthode :
La plateforme e-Yeka fait toujours appel à
la créativité des consommateurs
Memac Ogily Label a un personnel créatif
qui s'occupe de l'élaboration des concepts publicitaires. Elle a donc
rarement recours à la co-création.
|
Tableau 6: Profil des répondants
experts
L'entreprise
|
Description
|
Poste du répondant
|
Durée
|
e-Yeka
|
Une entreprise dont les
concours de co-création est le coeur du métier.
Une plate-forme où se
rencontrent les créateurs et les marques.
|
Yannig Roth :
Chargé de recherche sur la plateforme d'e-Yeka.
Doctorant en Marketing à l'Université Paris 1
Panthéon-Sorbonne
|
46 min
|
Memac Ogilvy Label
|
Agence de communication
|
Nicolas...
Directeur création au sein d'Ogilvy
|
31 min
|
Les deux entretiens ont été réalisés
sur la base d'un guide d'entretien semi-directif. Ce guide contient quatre
thèmes principaux :
- Les apports et les objectifs de la co-création. - Le
profil du consommateur créatif.
- Les effets de la co-création sur la marque. - Le
marketing relationnel.
43
I.2. Le guide d'entretien
Tableau 7: Guide d'entretien des experts
Guide d'entretien sur la Co-création des
marques: Experts
1) Questions générales
Pouvez-vous décrire une récente
opération de co-création : une idée qui a
été retenue et a gagné un concours par exemple ?
Pourquoi, vous avez privilégié (choisi) cette
idée plutôt qu'une autre ?
2) Profil du consommateur
Quel est pour vous le profil idéal du consommateur
créatif ?
En général qui participe à ces
opérations de co-création et y a-t-i l un profil
spécifique recherché par la marque ?
Pensez-vous qu'il soit important que le consommateur
appartient à une communauté de marque et pourquoi ?
3) Les effets de la participation sur la
marque
Pensez-vous qu'il soit important que le consommateur fasse
part de ses avis et de ses commentaires à la marque? Pourquoi ?
Avez-vous des exemples ?
Avez des exemples d'une marque qui a évolué
grâce aux idées de la communauté de consommateurs ou qui a
souffert de la participation de sa communauté? (Le contraire)
Pensez vous que la participation de la communauté peut
avoir un impact sur la marque ? La communauté peut-elle influencer une
marque ? Comment ?
Conseilliez-vous aux différentes marques d'adopter la
co-création pour développer ses produits et ses services ?
Pourquoi ?
Une marque devra-t-elle prendre en considération tous
les avis des consommateurs plus spécifiquement tous les avis de sa
communauté ? Pourriez-vous citer des exemples ?
4) Marketing relationnel
Pensez-vous que la participation ou l'interaction permettrait
à la communauté de la marque de renforcer le lien entre eux et
avec la marque ? Pourquoi ?
Pensez-vous que la communauté de marque pourrait avoir
plus confiance en la marque grâce à la participation et
l'interaction ?
5) Profil de l'interviewée :
Présentez vous rapidement ? Le poste occupé, la
fonction, le cursus universitaire etc.
44
II. Analyse & résultats de la recherche
Cette partie traite l'analyse des entretiens qualitatifs
menés auprès des experts. Dans un premier temps, nous mettons en
évidence la méthode qui a été retenue pour analyser
les deux entretiens. Ensuite, nous exposons les résultats de l'analyse.
Enfin, une conclusion des résultats issus des deux entretiens est
présentée.
II.1. La méthode d'analyse : Unité d'analyse,
démarche générale et grille des thèmes
V' L'unité d'analyse
Le verbatim : Nous nous sommes appuyés sur le verbatim
en tant qu'unité d'analyse pour effectuer notre analyse de contenu. Dans
la cadre de cette recherche le verbatim constitue la plus petite unité
d'information qui fait sens en elle-même, c'est-à-dire qui peut
être interprétable en dehors du contexte de l'entretien.
V' Démarche de
l'analyse
La démarche d'analyse s'articule autour de trois phases
: le découpage des textes, la catégorisation en des thèmes
et des sous-thèmes et enfin l'analyse verticale et horizontale.
Nous avons effectué une analyse de contenu dites
semi-formatée. En effet quelques thèmes ont été
définis au préalable, certains autres ont découlé
de notre analyse de l'entretien et aucun sous-thème n'a
été prédéfini.
Nous avons aussi réalisé une analyse de contenu
cumulative. Nous avons relu le premier entretien, nous avons ensuite
dégagé les verbatim en essayant de les classer en des
thèmes généraux identifiés au préalable
ainsi qu'à des sous-thèmes plus précis issus de
l'entretien. Ceci nous a permis d'aboutir à une première grille
des thèmes. A la lumière de cette première grille des
thèmes et des sous-thèmes, nous avons procédé au
découpage du deuxième entretien et de classer les verbatim dans
les catégories prédéfinis.
Pour chacun des deux entretiens, nous avons
réalisé un tableau d'analyse verticale (voir les annexes p
123-130) qui présente la catégorisation des verbatim dans la
grille finale obtenue.
45
? La grille finale des
thèmes
Tableau 8: Grille finale des thèmes : les
entretiens avec les experts
Thème 1- Les objectifs et les apports de la
co-création
|
|
|
|
|
Les sous-thèmes
|
·
|
L'interaction avec la marque
|
|
|
|
|
|
·
|
Génération du contenu
|
|
|
|
|
|
·
|
Innovation / Créativité /
|
originalité
|
du
|
concept
|
publicitaire
|
|
|
(Fraîcheur)
|
|
|
|
|
Thème 1- Profil des consommateurs créatifs
recherchés par les marques
|
Les sous-thèmes
|
· Absence de profil type :
- En terme de métiers
- En terme d'appartenance à des communautés de
marque
|
|
Thème 3- Les effets de la co-création sur les
marques
|
Les sous-thèmes
|
?
|
Les effets positifs :
|
|
|
· L'effet miroir
|
|
|
· L'innovation
|
|
|
· Repositionnement de la marque
|
|
?
|
Les effets négatifs :
|
|
|
· Risque d'échec
|
|
|
· Freins à l'évolution de la marque
|
|
|
- Résistance des consommateurs
|
|
|
- Résistance des agences de publicité.
|
|
Thème 4- Le marketing relationnel
|
|
|
|
|
|
Les sous-thèmes
|
· Développement de (confiance et
proximité)
|
la
|
relation
|
avec
|
les
|
consommateurs
|
|
46
II.2. L'analyse verticale des entretiens
a) Les objectifs et les apports de la
co-création
Les deux premières questions issues de l'entretien
auprès des experts, nous ont permis de connaître les objectifs de
l'opération de co-création. Les deux questions posées
d'une manière indirecte : (Pouvez-vous décrire une
récente opération de co-création : une idée qui a
été retenue et a gagné un concours par exemple ? Pourquoi
l'idée a-t-elle été retenue ?) avaient pour objectif
de répondre à d'autres questions de type : (Pourquoi les
marques ont recours de plus en plus à la co-création ? Que
cherchent-elles en ayant recours à la co-création ? Quel est
l'intérêt de la co-création ?) Les réponses des
experts ont fait émerger quelques sous-thèmes :
? Solliciter l'interaction avec les
consommateurs
Thème
|
Occurrence du verbatim
|
Thème : Interaction
Verbatim : Discussion, parlé, interaction, retours,
feedback...
|
1er entretien =15
|
2ème entretien = 11 Total= 26
|
NB : Un même thème peut être abordé
plusieurs fois par la même personne
Les verbatim « interaction », « parler »,
« discuter », « réunion », « retours »...
ont été évoqués à plusieurs reprises. Pour
le premier expert qui travaille chez e-Yeka une plateforme dédiée
à la co-création, le but de la co-création est de faire
interagir le consommateur. Pour lui
« s'il n y a pas d'interaction c'est moins de la
co-création » ou encore « c'est l'un
des meilleurs exemples de co-création, dans le sens où il y a
eu une interaction quoi.... ».
Dans le cadre des concours et des jeux initiés par
l'entreprise pour solliciter la créativité des consommateurs, la
discussion entre les créatifs et la marque se passe en
général en aval de l'opération. La marque fait appel au
consommateur après le concours pour comprendre ce que le consommateur a
voulu transmettre comme message, pourquoi il a choisi ce concept publicitaire
plutôt qu'un autre et comment il a eu cette idée etc. La
discussion des consommateurs avec la marque constitue le premier facteur
clé pour mener à bien une opération de
co-création.
« La fin du concours les gagnants ou le gagnant,
finnnn deux des gagnants ont été invités par la marque
pour faire un workshop enfin, une réunion et discuter des idées
»
47
« ils ont été invités par Danone
bennnh à assister avec deux ou trois personnes d'e-Yeka à faire
un workshop dans les locaux de Danone en Turkie et ils ont discuté de
leur concept, il y avait leur agence de pub etc. Et du coup, ils ont
parlé entre consommateurs donc créatifs donc eux (les gagnants),
puis la marque et l'agence de pub. Ils ont un peu parlé de pourquoi ils
avaient cette idée là ... »
? Solliciter la créativité des
consommateurs dans le monde entier
Thème
|
|
Occurrence du verbatim
|
Thème : créativité
Verbatim : fraîcheur, originalité, des
nouvelles, des idées différentes, fun...
|
idées
|
1er entretien =12
|
2ème entretien = 3 Total= 15
|
Les marques font appel aux consommateurs pour créer
avec elle. Le recours à la co-création s'explique par le simple
fait que les entreprises veulent avoir des idées nouvelles, qui plaisent
à un large public. Pour eux, la solution réside en la
créativité des consommateurs « ... La
co-création, dans le sens de solliciter les idées des
consommateurs dans le monde entier ». En ce qui concerne la
conception publicitaire ou encore la co-promotion ; une des formes de la
co-création, les marques ne contentent plus des concepts publicitaires
des agences classiques. Les marques cherchent de l'originalité ou encore
de "la fraîcheur" des idées. Elles vont voir directement les
consommateurs. « Le principe même d'e-Yeka, c'est ce que je
disais tout à l'heure, la fraîcheur et la créativité
des idées. » «...Mais, quand ils cherchent des idées
vraiment nouvelles ou un peu différentes ou parce qu'ils sont à
court d'idées, parce que c'est le principe à la limite de voir
e-Yeka. ». Les marques veulent se différencier les unes des
autres et veulent innover « Et du coup, ce qu'apprécie la
marque dans deux ou trois créations là....c'est que tout
simplement c'était différent, c'était une approche
complètement différente de l'approche de leur agence pour voir
leur produit »
« Mais ils avaient beaucoup aimé le message,
le ton et la fraîcheur du message... Au fait ce qu'ils aiment beaucoup
beaucoup les clients qui viennent chez E-yeka c'est la fraîcheur.
»
« et ça se trouve dans quasiment tous les
projets, ce que nous, on appelle ça la fraîcheur. »
48
? Générer du contenu
Thème
|
|
|
|
Occurrence du verbatim
|
Thème : Générer du contenu
Verbatim : Générer des
nouvelles,...
|
vidéos,
|
des
|
idées
|
1er entretien = 2
|
2ème entretien = 2 Total= 4
|
La génération du contenu, un sous-thème
qui a était évoqué par les deux répondants experts.
La co-création suppose impérativement qu'il y ait
génération de contenu. S'il n y a pas de génération
de contenu, il n y a pas de co-création. L'inverse est vrai. «
Les marques demandent aux consommateurs de participer, de créer du
contenu... »
« Mais, au bout de je sais pas combien de temps, un
ou deux mois, parce que c'était un concours de contenus, de
génération de contenus, d'idées, de vidéos etc.
.... »
« il y a eu énormément de vidéos
qui ont été générés pour gagner un voyage
à Las Vegas ou Los Angeles et il y avait des choses assez
rigolotes
b) le profil du consommateur créatif
Thème
|
Occurrence du verbatim
|
Thème : Absence de profil type
Verbatim : hétérogène, des gens
différents, pas de profil type, tout le monde crée....
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1er entretien = 7
|
2ème entretien = 1 Total= 8
|
? Absence de profil type en termes de
métiers
Les deux entretiens avec les experts ont souligné qu'il
n y a absolument pas de profil type d'un consommateur créatif
«il n y pas du tout de profil idéal ou de profil type. C'est
très hétérogène. ». Les personnes qui
participent aux concours de co-création pour les marques ont des profils
très hétérogènes en termes d'âge, de
métiers, de centre d'intérêts etc. « ils y avaient
des gens très différents, en termes de centre
d'intérêts, de boulots, d'activités professionnelles et
puis en termes d'activités sur e-Yeka » Les opérations
de co-création sont donc ouvertes à tout le monde «
...nous, on segmente pas, on voit tout le monde. » « Donc, on ne
va pas demander qu'à une seule partie de créer, c'est tout le
monde qui créée »
49
? Absence de profil type en termes d'appartenance
à une communauté de marque
De même la plateforme d'e-Yeka fait appel à tout
genre de consommateur créateur: ceux qui appartiennent à des
communautés de marques et ceux qui ne sont pas concernés par les
communautés de marque. Tout le monde peut y participer. « Il
n'y a pas de profil type en terme de marque ou d'appartenance à une
communauté de marque ... »
c) Les effets de participation sur les
marques
L'analyse qualitative des entretiens avec les experts a permis
de dégager certains effets de la co-création des
communautés de marque. L'impact de la co-création est à la
fois négatif et positif. La liste des effets de la co-création
n'est pas exhaustive. Nous verrons plus tard, dans la section qui suit qu'il
existe d'autres effets liés à la co-création et nous
illustrons ceci par une étude netnographique de la marque "Axe".
? Les effets positifs de la co-création sur les
marques
? Effet miroir
Thème
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Occurrence du verbatim
|
Thème : Effet miroir
Verbatim : Retours, perceptions, feedback...
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1er entretien = 7
|
2ème entretien = 1 Total= 8
|
L'effet miroir est un sous-thème récurent dans
les deux entretiens. Le premier entretien a évoqué de
façon claire, l'existence d'interaction profitable à la
marque.
Les communautés en ligne se chargent, par le biais de
la co-création, de réinterpréter le message émis
par la marque et lui renvoient un feedback. Les retours des consommateurs
constituent la projection de ce que la marque envoie à la
communauté. L'interviewée cite l'exemple du concours de Coca-Cola
:
« on va demander au monde entier, à la
communauté e-Yeka de livrer leur propre interprétation de ce
message avec les vidéos, les prints etc ... »
« ...ça permet de manière rapide et
globale d'avoir en fait, énormément de retours sur
la perception que les gens ont de ta marque en fait,
Coca-Cola en l'occurrence. »
50
« Ils vont interpréter ce que tout le monde,
enfin, ce que véhicule déjà la marque, ils vont pas
réinventer des trucs nouveaux, c'est réinterpréter ce que
fait déjà la marque »
« ... plein gens qui te le disent de manière
visuelle, voilà comment je perçois ta marque. »

Marque
Feedback/ retours/ Perception de la communauté/
Envoie un message
Effet miroir
La communauté de marque interprète
le message
Les retours des consommateurs ont un impact
bénéfique pour la marque. Cette dernière profite
pleinement de la créativité du consommateur et de l'interaction
qui existe entre eux pour se nourrir et se réinventer. « C'est
un bon moyen pour eux de se réinventer plus facilement et puis
rapidement »
La marque se perçoit donc à travers le regard de
sa communauté : « le résultat est dans la perception
qu'a eu Coca-Cola de ce concours, c'est qu'il se sont rendus compte que la
technique de crowdsourcing, donc faire appel à une masse de gens comme
ça, où la co-création, dans le sens de solliciter les
idées des consommateurs dans le monde entier, quelque soit le nom qu'on
lui donne...... que ça a eu un effet très important sur
l'organisation elle-même, dans le sens où ils se sont dits, que
c'est une chose qu'on va faire de manière plus systématique pour
avoir des retours authentiques de la part des consommateurs du monde entier....
»
La co-création constitue alors un bon moyen pour les
marques pour se remettre en question, de prendre un peu de recul et de
s'interroger sur l'image de marque reçue par les consommateurs. L'image
de marque perçue est-elle conforme à l'image voulue par la marque
? En d'autres termes l'identité de la marque émise
correspond-t-elle à l'image de marque reçue ?
? Repositionnement de la marque
51
Thème
|
Occurrence du verbatim
|
Thème : Repositionnement
Verbatim : repositionner la marque, aller dans un autre sens,
un sens différent...
|
1er entretien = 6
|
2ème entretien = 0 Total= 6
|

Co-création Repositionnement
Ce thème était présent seulement dans le
premier entretien. Pour le premier expert, l'effet miroir peut aboutir à
quelques décisions radicales comme par exemple le repositionnement de la
marque. En effet, lorsque la marque se perçoit dans le regard des
autres, plus précisément de sa communauté, elle se remet
en question et peut modifier son orientation.
Une marque en quête d'amélioration,
d'évolution ne se contentera pas de recevoir les critiques et les
opinions des autres, elle fera en sorte que les critiques soient constructives.
Le repositionnement d'une marque peut être dans certains cas une des
conséquences de l'interaction consommateurs-marques : « Je sais
que Coca-cola a utilisé le contenu ou en tout cas, tout ce qu'ils ont
perçu ou tout ce qu'ils ont reçu, retenu comme contenu pour en
fait repositionner un petit peu différemment la marque dans le monde.
Ils n'ont pas repositionné la marque grâce à e-Yeka. Mais,
ils se sont dit, nous si on veut surprendre en tant qu'une marque, c'est leur
objectif, c'est leur crédo. Il faut qu'on aille un peu dans l'autre sens
et dans un sens différent de ce que tout le monde nous dit, voir de
coca-cola ...... »
« ... ça nous aide aussi de repositionner
notre marque, pour qu'on soit toujours plus frais, plus surprenant pour les
consommateurs.. »
« ...ce concours, les a aidés à
repositionner leur marque de manière toujours plus fraîche
».
« ...pour innover ou pour trouver une nouvelle
idée de produit ou pour rafraîchir la marque ou repositionner un
produit etc.... »
52
? L'innovation
Thème
|
Occurrence du verbatim
|
Thème : L'innovation
Verbatim : idées nouvelles, innover ...
|
1er entretien = 1
|
2ème entretien = 2 Total= 3
|
La co-création ouvre aux marques un horizon nouveau
d'innovations ! Aujourd'hui le marché est terriblement saturé. Il
faut donc imaginer et créer des choses nouvelles sans arrêt. La
co-création permet d'orienter les marques vers des sous-marchés
ou sous-segments auxquels elle n'avait pas spontanément pensé. Un
exemple a été cité lors des entretiens avec les deux
experts : celui de la Compagnie Aérienne Néerlandaise KLM
où il y a eu une création d'un nouveau service (innovation de
service) pour les adeptes de football afin qu'ils puissent se déplacer
et voir les matchs.
« Euuuuuuuuh, il y a eu des exemples comme ça,
euuh oui je trouve que c'est bien, fiiin, à partir du moment que c'est
spontané il y a eu, c'est KLM par exemple la Compagnie Aérienne
Néerlandaise, je sais plus je crois que c'était un type qui a
twitté un moment, "ah, si seulement KLM pouvait faire un vol direct
jusqu'à je ne sais quel pays pour, pour voir tel cancer ou tel
match".... il a twitté un truc comme ça, quelque chose comme
ça et KLM a répondu : bennnh, c'est une très bonne
idée ; si vous arrivez à réun ir tant de personnes pour
remplir un avion, pour aller voir ce cancer, on vous y amène tous....
»
« Red bull, elle a une communauté
extraordinaire, ils cherchent toujours, ils produisent de nouvelles choses
»
? Les effets négatifs de la participation :
? Le risque d'échec
Thème
|
Occurrence du verbatim
|
Thème : Le risque d'échec
Verbatim : des petits fiascos, échec...
|
1er entretien = 2
|
2ème entretien = 0 Total= 2
|
53
La co-création présente un réel facteur
risque pour les marques. Lorsque les marques font appel à la
créativité des consommateurs, quelques dérives sont
envisageables. « il y a eu des petits fiascos : Dell, je crois que
c'était une histoire de batterie, qui prenait feu et Starbuks
c'était le côté exploitateur de leur production de
café etc. » Ces échecs peuvent être
préjudiciables à l'évolution de la marque.
Dans le monde d'aujourd'hui où la communauté de
marque a un réel pouvoir sur les marques, les managers sont conscients
du fait qu'ils prennent de plus en plus des risques lorsqu'ils incitent les
communautés de marque à échanger avec eux, à
discuter et à créer. En effet, la création, les avis, les
critiques et les messages des communautés de marque touchent directement
à la marque et peuvent s'avérer négatifs et conduisent
à des pertes matérielles dans certains cas. Certaines marques ont
plus de moyens que d'autres, elles peuvent être moins touchées par
la prise de risque.
« ....Danone c'est notre plus gros client, y'en a
d'autres ou encore des grosses marque comme ça, qui n'ont pas peur de
prendre le risque, parce que bon ils ont le budget, ils ont les moyens. Mais,
ils ont peut être un plus de courage que d'autres, qu'ils fassent
systématiquement appel à la créativité des
consommateurs... »
Nous illustrons ceci par des exemples concrets dans la partie
nétnographique relative à l'étude de la marque "Axe" (Le
bouche à oreille négatif : une communication en défaveur
de la marque)
? Freins à l'évolution de la marque
:
- Résistance des consommateurs (1er
entretien)
Thème
|
|
Occurrence du verbatim
|
Thème : Frein à l'évolution
Verbatim : frein au changement,
consommateurs pas propices au changement...
|
des
|
1er entretien = 8
|
2ème entretien = 0 Total= 8
|
Nous avons pu déduire de l'entretien mené
auprès du premier expert chez e-Yeka, que les consommateurs sont
réfractaires au changement. La co-création peut être un
frein à l'évolution de la marque. Aujourd'hui, les consommateurs
ont leur mot à dire; ils peuvent
54
donner des avis négatifs sur des produits innovants ou
ils peuvent manifester de la résistance face à un quelconque
changement initié par la marque « Donc moi, j'aurais
plutôt... tendance à dire, que le consommateur qui n'est pas
forcément trop proactif et qui n'est pas forcément propice aux
changements, c'est logique au fait »... « Je pense pas, que
l'implication du consommateur, ou leur prise de pouvoir seront plus propice
à l'évolution de la marque. »
Les exemples de multiplient à ce sujet et les managers
se posent de plus en plus de questions :
« ..."Est-ce que Porshe aurait fait aujourd'hui
où le consommateur, il peut faire, comment dire, faire un buzzz
méditatif assez impressionnant, juste parce qu'il n'est pas content d'un
choix" ? Et du coup bennnh freiner l'évolution de la marque. Il est
aussi vrai que d'avoir de nombreux fidèles de marque peut être un
frein à l'innovation, au changement, à la réinvention
nécessaire de toute marque. En effet, les fidèles sont par
définition fidèles à ce qui est, mais pas forcément
à ce qui sera (surtout lorsque cette évolution est radicale).
»
D'autres exemples :
« Gap il ont retiré leur logo après que
les consommateurs aient manifesté entre guillemet. »
« Tropicana, c'est pareil aux USA, ils ont
lancé un nouveau packaging beaucoup plus épurés et tout.
Mais, ils (les consommateurs) adoraient juste leur grosse orange et leur
Tropicana sur le packaging. Ils ont donc retiré le packaging
»
- Résistance des agences de publicité
(2ème entretien)
Thème
|
Occurrence du verbatim
|
Thème : Résistance des agences de
publicité
Verbatim : n' pas à être créatif, c'est
pas son métier
|
1er entretien = 0
|
2ème entretien = 7 Total= 7
|
Le point de vue sur la co-création du premier
répondant diffère complètement du point de vue du
deuxième répondant. En effet, le premier interviewée est
pour la co-création dont les apports, les bénéfices sont
multiples pour la marque (Voir ci-dessus). Le deuxième répondant
quant à lui, il exprime une résistance absolue envers la
co-création en disant que le consommateur n'a pas à être
créatif, ce n'est pas son travail d'être créatif et qu'il
est de nature passif et non actif« Je pense que le consommateur n'a
pas à être créatif, c'est pas son rôle, c'est
à nous d'être créatif pour pouvoir le toucher, c'est pas,
c'est pas à nous de lui demander de faire notre métier. »
A travers son discours, nous déduisons qu'il exprime une
réelle
55
crainte du pouvoir ou encore du potentiel du consommateur
quant à la création. Aujourd'hui, les consommateurs s'engagent
à s'exprimer, à innover et à créer, voulant laisser
leur propre empreinte sur la marque. Les consommateurs menacent donc les
agences de publicité dans le domaine de création des concepts
publicitaires. Les consommateurs et les agences de publicité deviennent
alors des concurrents.
« La co-création.... c'est une solution de
facilité pour les agences de pub de faire ça, parce que, au
contraire, je pense que c'est aux agences d'euuuh .... Je pense que les
consommateurs n'ont pas à faire ça, ont à faire le moins
possible, nous on est des publicitaires,.... je pense qu'on doit leur demander
un minimum d'efforts, je pense que c'est à nous de faire le maximum du
travail pour pouvoir les toucher et les convaincre, mais en leur demandant le
moins. »
Ici se pose la question de savoir si la qualité des
propositions des internautes, des consommateurs et des membres de
communauté de marque vaut la qualité de service
émanée des agences de publicité. Dans le domaine de la
création publicitaire ou le rôle de l'idée est reine, il
n'y a pas de raison de penser que Les consommateurs ne puissent par faire mieux
que l'équipe réduite d'une agence. (Fanny Reniou 2009)
d) Le marketing relationnel
? Développement de la relation avec les
consommateurs
Pour les deux experts, l'interaction renforce la relation
entre les membres d'une communauté de marque et la marque « Oui,
c'est un bon moyen de renforcer le lien entre ces consommateurs et une marque.
» « Certainement, si la marque est transparente et partage des
informations qu'on n'a pas l'habitude de voir (ex : des photos de l'usine
d'assemblage de ses produits, des invitations à des
événements spéciaux, des invitations à participer
à des communautés d'initiés etc.). » « Donc oui,
s'il y a transparence et confiance mutuelle. » La relation entre les
membres d'une communauté de marque et la marque est basée sur la
confiance (transparence) et la proximité puisqu'elle échange et
d'une manière directe avec ses consommateurs.
56
Tableau 9: Etude comparative : Accès à la
créativité et aux avis des consommateurs
|
Avant : le passé
|
Après : le présent
|
La méthode Comment ?
|
Etude de marché
Focus group Brains torming
« C'est important que l'entreprise demande son avis
au consommateur, bien sûr ça a toujours existé ça,
on va pas appeler ça co-création, c'est pas nouveau, et puis il y
a les études de marché, des focus group et des brain storming
»
|
Appel direct à la co-création
|
Les personnes Qui ?
|
Les agences Les freelances
« c'était toujours fait systématiquement
par les
professionnels : les agences, les freelances etc
»
|
Les communautés en ligne qui constituent les
intermédiaires entre la marque et le consommateur
final.
« Ce qui est assez nouveau, c'est maintenant,
c'est
qu'on demande à une communauté,
un intermédiaire .... c'est un intermédiaire, mais, que
derrière, en fait, y a plein des gens complètement
indéfinis et ils se trouvent que se soient souvent des consommateurs...
»
Des consommateurs de plus en plus impliqués
« .. aujourd'hui si on parle de co-création de
la
marque, ils savent...que c'est impliquer
le consommateur »
|
Les moyens
|
Moyens limités
|
Disponibilité des moyens grâce à Internet
|
Les avantages Pourquoi ?
|
Des informations précises et profondes avec des
techniques de recherche qualitatives
« c'est pas plus précis que des focus group ou
ce genre de chose, c'est pas plus profond non plus, que des entretiens ou de
l'observations en profondeur des consommateurs... »
|
Accès rapide à la créativité et
à l'information Accès global à l'information
« mais ça permet de manière rapide et
globale
d'avoir en fait, énormément de retours sur
la
perception que les gens ont de ta marque en fait,
Coca-Cola en l'occurrence. »
« Aujourd'hui, grâce à internet et des
communautés comme e-Yeka, y en a d'autres. Aujourd'hui, on y a
accès. Donc, les marques en profitent de plus en plus... »
Accès peu cher :
« du coup, on y a accès de manière
rapide, globale et relativement peu chère »
|
57
Conclusion :
Co-création OUI !! Mais attention !!!
La co-création présente de nombreux avantages
pour les marques. Les consommateurs influencent positivement les marques : le
repositionnement et l'innovation sont à l'ordre du jour. Les marques
apprennent des réactions, des discours et des critiques constructives de
leurs clients. Mais l'influence des communautés peut s'avérer
dangereuse dans certains cas. Elle présente un véritable risque
d'échec, par exemple : des échecs d'innovations proposées
par les consommateurs en général ou les membres d'une
communauté de marque en particulier. Le contraire est aussi vrai,
certaines marques innovent, créent de nouvelles gammes de produits,
proposent des nouvelles conceptions de publicité, changent de packaging
etc, mais, elles subissent une résistance de la part des consommateurs
réfractaires au changement. Ces derniers trouvent le moyen de critiquer
au point de dévaloriser l'image de marque. On voit ainsi des mouvements
de contestation se développer sur Internet. Les slogans de la marque
sont détournés et constituent une forme de résistance
collective pour dénoncer la marque. Les consommateurs sont
fidèles à ce qui est et non pas à ce qui sera.
D'autres freins à l'évolution de la marque ont
été constatés : les agences de publicité sont
aujourd'hui menacées par la participation et par le potentiel de
création des consommateurs. Un potentiel que nous remettons en question
: Est-ce vraiment sage d'impliquer et de faire participer les consommateurs ?
En effet, le message le plus apprécié (en termes de vote) n'est
pas forcément celui qui favorise le plus la mémorisation de la
marque ou du message que l'on souhaite transmettre. En ce sens, un slogan ou un
spot élu par les internautes n'est pas forcément la
création publicitaire la plus efficace.
58
Section 2 : Analyse qualitative des
entretiens auprès des consommateurs
I. Méthodologie de l'étude exploratoire
qualitative I.1. Présentation des interviewés
Pour la composition de notre échantillon, nous avons
cherché avant tout des personnes qui appartiennent à des
communautés de marque en ligne. En effet, nous étudions l'impact
de la participation des communautés de marque aux différents
concours, jeux ou autres sur les marques et nous en analysons les effets. Il
faut donc interroger des personnes ayant déjà participé,
interagi et soumis des critiques ou des commentaires sur les marques.
Le choix des personnes se base sur deux critères :
- L'appartenance à des communautés de marque.
- Le fait d'avoir participé (par les commentaires, par
les votes, les jeux...) au moins une fois en faveur de la marque.
Tenant compte de ces deux critères, nous avons
interrogé la première personne « Asma » car nous avons
pris connaissance qu'elle avait déjà participé au concours
de la marque "Axe" (La marque fera l'objet de l'étude netnographique).
Nous avons donc voulu connaître les motivations qui l'ont poussé
à faire partie pendant un laps de temps de la communauté de
marque "Axe" sur la page Facebook et à participer au concours d' "Axe
Dark Tempation"». Nous avons également interrogé « Yadh
» car nous savons au préalable qu'il appartient à diverses
communautés de marque notamment : Macintosh et Starbucks, et il
interagit fortement avec les membres de ses communautés.
Tableau 10: Profil des répondants : les membres
des communautés de marque
Echantillon
|
Profil
|
Age
|
Sexe
|
Durée de l'entretien
|
Asma
|
Etudiante à l'école nationale d'architecture et
d'urbanisme à Sidi Boussaid (Tunis- Tunisie)
|
24 ans
|
Féminin
|
25 min
|
Yadh
|
Etudiant à Supinfo (France)
|
25 ans
|
Masculin
|
23 min
|
59
I.2. Le guide d'entretien
Tableau 11: Guide d'entretien des membres des
communautés de marque
Guide d'entretien sur la co-création des
marques: consommateurs
1) Appartenance à la communauté et
participation
Qu'est ce que, pour vous, une communauté de marque ?
Donnez-moi un exemple
Êtes-vous fan d'une marque sur facebook ou twitter ?
Diriez-vous que vous appartenez à une communauté de marque sur
les réseaux sociaux ou autres plateformes ou sites ?
Pouvez-vous me parler de votre dernière participation
?
Qu'est ce qu'elle-t- a apporté la participation ?
Est-ce que vous participez d'habitude aux différents
concours proposés par la marque ? 2) Les effets de la
participation sur la marque
Après avoir participer à ce concours, est ce que
vous avez changé d'avis sur la marque ? Percez-vous la marque
différemment ? Donnez-moi votre opinion sur la marque avant le concours
et après ?
Pensez-vous qu'il est important de faire part à ces
marques de vos avis et commentaires sur les réseaux sociaux? Pourquoi
?
Une marque devra-t-elle prendre en considération tous
les avis des consommateurs plus spécifiquement tous les avis de sa
communauté ?
Pensez vous que votre participation peut avoir un impact sur
la marque ? Une communauté de marque peut-elle influencer une marque ?
et Comment ?
3) Le marketing expérientiel
Referiez-vous une expérience de participation de ce
genre ? Pourquoi ?
Les expériences de participation passées
ont-elles renforcé votre relation avec la marque ? 4) Marketing
relationnel
Pensez-vous qu'il est possible d'avoir un échange avec
les marques sur internet via leurs pages par exemple sur les réseaux
sociaux?
Pensez-vous que la participation ou l'interaction vous permet
d'avoir plus confiance dans ces marques et pourquoi ?
5) Profil : âge, statut, situation
professionnelle etc
60
II. Analyse & résultats de la recherche
Pour effectuer l'analyse des entretiens des consommateurs,
nous avons procédé de la même manière que la
première analyse (entretiens avec les experts). Et pour éviter la
répétition, nous présentons directement la grille de
thèmes finale et nous exposons ensuite les résultats de l'analyse
verticale et la conclusion de cette partie.
II.1. La grille finale des thèmes
Tableau 12: Grille finale des thèmes : les
entretiens avec les membres des communautés de marque
Thème 1- Appartenance à la communauté de
marque et participation
|
Les sous-thèmes
|
?
|
Appartenance à la communauté de marque
|
|
|
- Expression de soi Forte identification à la marque
|
|
|
- Forte identification aux membres de la communauté
|
|
?
|
Les motivations à la participation
|
|
|
- Les motivations intrinsèques : (le divertissement)
|
|
|
- Les motivations extrinsèques : (Motivation
pécuniaire,
L'exercice d'une influence et le renforcement
et l'extension de liens sociaux.)
|
Thème 2- Les effets de la participation, de l'interaction
sur la marque
|
Les sous-thèmes
|
?
|
Les effets positifs de la co-création
|
|
|
- Une communication en faveur de la marque
|
|
|
- Le feedback et l'amélioration de la marque
|
|
?
|
Les effets négatifs de la co-création
|
|
|
- Une communication en défaveur de la marque
|
|
|
- La prise du risque et l'échec
|
Thème 3- Le marketing relationnel
|
|
|
|
Les sous-thèmes
|
? Développement de la relation
(confiance, fidélité et proximité)
|
avec
|
les
|
consommateurs
|
61
II.2. L'analyse verticale des entretiens
a) Appartenance à la communauté de
marque
Le premier thème s'attache à définir la
communauté de marque de point de vue des consommateurs. Deux
critères ont été retenus:
V' Une forte identification à la marque :
Les deux entretiens ont mis évidence
l'intérêt que les membres de la communauté accordent
à la marque. La deuxième personne interrogée, se
considère faisant partie de la communauté de Macintosh.
« Pour moi, une
communauté de marque regroupe des individus ayant un certain
intérêt envers une marque. Je citerai par exemple les macusers
(utilisateurs de macs) ou les clubs de Harley Davidson. » « Oui je
suis fan d'Apple. J'aime bien les produits Apple .... Pour moi, c'est
important, je dois avoir toujours le dernier modèle d'iphone ou du pc
c'est la raison pour laquelle je m'informe toujours des dernières
nouveautés et des modèles qui sont sur le marché
»
V' Une forte identification à la
communauté :
Ce critère était présent seulement dans
le premier entretien. La personne interrogée s'identifie encore plus au
groupe d'amis auquel elle appartient, plutôt qu'à la marque en
soi.
« Moi je suis fan de Cartier c'est ma
préférée. Je suis fan de la marque sur Facebook, c'est
vrai, j'ai des amis qui sont aussi fans de la marque comme moi. » «
Quand j'ai vu mes amis participer, j ai voulu faire comme eux et du coup j'ai
essayé. Il fallait tout simplement poser pour une photo avec un
garçon et pourquoi pas aussi d'autres filles... »
b) Les motivations à la participation
Les motivations ont été évoquées
implicitement dans le premier entretien. La personne interrogée a
participé à l'un des concours de la marque "Axe". Nous avons pu
identifier deux types de motivations : Les motivations intrinsèques et
les motivations extrinsèques17.
17 Cité par Ronan Divard (2010) "Le
marketing participatif". Cette distinction a été initialement
proposée dans le cadre de la théorie de
l'autodétermination, formulée en 1985 par deux chercheurs
américains, Deci et Ryan.
62
V' Les motivations intrinsèques :
Selon Divard (2010) les opérations participatives
peuvent être une source de distraction pour les internautes...
L'interviewée a participé au concours de la marque « Axe
» principalement pour se divertir.
« sympa comme jeu, on s'est bien amusé et on a
beaucoup rigolé. Et, effectivement J'ai participé essentiellement
à ce concours pour m'amuser, euuuuh j'ai aussi trouvé
l'idée et l'ambiance trop sympas, et puis pourquoi pas gagner de
l'argent avec un truc aussi rigolo ? »
« Franchement, rien du tout, à part le fait
qu'on a beaucoup rigolé, je garde des souvenirs agréables de
cette expérience »
« J'ai juste participé pour le plaisir et elle
ça lui a permis de faire de la pub auprès des étudiants.
»
V' Les motivations extrinsèques :
Nous retrouvons ici : 1) Les récompenses
monétaires ou matérielles « et puis pourquoi pas gagner
de l'argent avec un truc aussi rigolo ? », 2) L'exercice d'une
influence (« Le consommateur qui participe ou vote par exemple pour un
produit, exprime un avis etc... peut retirer une certaine satisfaction du
rôle d'influenceur actif qu'il joue »). La personne
interrogée est à la fois influencée par les autres
« Quand j'ai vu mes amis participer, j ai voulu faire comme eux et du
coup j'ai essayé... » et veut exercer certaine influence sur
eux « Oui, parce que mon avis et mes commentaires peuvent changer
l'avis du consommateur, je pense que je pourrai influencer les autres, genre :
ce produit je l ai essayé, je trouve qu'il n'est pas bien tu vois...
» 3) Et enfin, le renforcement des liens sociaux (« Le
consommateur peut retirer des bénéfices sociaux de sa
participation, lorsqu'elle se fait dans un cadre structuré et
socialisé qui lui permet de confronter des liens existants et
d'étoffer son réseau de relations, ....Le participation peut
renforcer le sentiment d'appartenance à une communauté,
réelle ou fantasmée... ») « Et en plus, j ai fait
ça avec mes amis, euuuh entre amis quoi et nous sommes toujours en
contact bien sur... » « dans le sens ou c'est une expérience
avec des gens que tu connais pas et que tu connais c'est-à-dire tu peux
faire des nouvelles rencontres etc. » « La seule chose qui a peut
être changé c'était ma confiance en moi et mon
expérience personnelle. Ça forge en quelque sorte la
personnalité,»
63
c) Les effets de la participation
Nous avons retrouvé les mêmes sous-thèmes
que ceux issus de l'analyse des entretiens des experts. A titre de rappel :
? Les effets positifs de la co-création
(participation et interaction) sur les marques
? Une communication en faveur de la marque :
Elle correspond généralement aux bonnes
impressions des membres de communauté lorsqu'ils soumettent des avis
positifs sur la marque « dans le cas contraire, il exprime sa
satisfaction par rapport à la marque et l'entreprise. »
? Les retours et l'amélioration de la marque
:
Précédemment appelé « Effet miroir
» (la partie relative à l'analyse qualitative des entretiens des
experts) et qui correspond au feedback que reçoit la marque de ses
consommateurs ou membres de sa communauté. Ces commentaires peuvent lui
servir de critiques constructives, dont elle doit prendre en
considération afin de répondre aux besoins et attentes de ses
clients et afin d'apporter les améliorations nécessaires à
son image de marque ou sa gamme de produit etc. Ces critiques donc, qu'elles
soient positives ou négatives sont reçues favorablement par la
marque. L'objectif ici, est d'apporter des renseignements précieux aux
managers de l'entreprise pour améliorer concrètement les produits
(Cova et Ezan 2008). « Ces marques sont conscientes de l'importance de
l'avis du client.... C'est important que la marque sache ce que ses
consommateurs pensent d'elle, c'est comme elle prend en considération ce
qu'il se dit sur elle et elle essaiera d'y remédier aux critiques qui
lui sont adressés. » « Je pense que la marque peut
évoluer si elle sait exploiter les données qu'elle recueille
à travers les jeux...»
(L'étude de Cova et Ezan (2008) sur la
communauté de Warhammer18 a souligné que les parties
de jeu entre amis, les tournois ou les événements
dédiés à la marque sont des occasions récurrentes
permettant au consommateur de Warhammer de détecter les failles du
concept. Il perçoit notamment des trous dans la gamme et fait remonter
l'information auprès du « staff ». Grâce à ce
reporting organisé, de nouvelles figurines sont lancées chaque
année et correspondent bien évidemment aux attentes des
passionnés.)
18 (Le concept de Warhammer commercialisé
par Games Workshop se définit comme un jeu de stratégie
conçu à partir de figurines à peindre et à
collectionner.)
64
? Les effets négatifs de la co-création
sur les marques ? La prise de risque et échec :
Pour le répondant, le consommateur n'a pas toujours
raison et peut se tromper lorsqu'il soumet son avis ou lorsqu'il vote pour un
produit... « Non le consommateur peut se tromper. Plusieurs produits
ont déjà été sous-estimés et ont eu grand
succès. Sur le net il y a des trolls et des avis qui manquent
d'objectivité. Donc, je pense que la marque doit filtrer les avis des
consommateurs. Comme je l'ai dit, les consommateurs sous-estiment souvent les
nouveaux produits ou les nouvelles innovations qui s'avèrent ensuite de
véritable succès. Le contraire est aussi vrai. Certaines marques
prennent le risque de lancer un produit suite à la demande des
consommateurs, qui ensuite ne se vendent pas suffisamment et connaissent un
échec total.»
? Communication en défaveur de la marque
:
Ce sont les critiques adressées la marque et qui
peuvent toucher directement à sa réputation et à son image
de marque « ce produit je l ai essayé, je trouve qu'il n'est
pas bien tu vois. Et les autres quand ils voient mon commentaire sur le marque,
ils peuvent prendre en compte mon avis sur le produit. »
d) Le marketing relationnel
La création de lien est un thème
récurrent dans les deux entretiens. Le discours des consommateurs
comporte des termes comme « la confiance », « les liens »,
« des messages personnalisés», « relation plus intime
», « relation personnelle » etc. La participation des
consommateurs aux différents concours et l'interaction qui existe entre
eux et la marque peut éventuellement renforcer cette relation. La nature
de celle-ci est fondée sur trois traits :
- Relation de confiance
Les consommateurs se sentent plus en confiance lorsqu'ils
interagissent directement avec la marque « On a effectivement plus
confiance, on t'explique directement les choses, si tu n'es pas satisfait, y a
quelqu'un pour répondre à ça. »
65
- Relation de proximité
Il n'existe plus de frontières entre la marque et le
consommateur. Ce dernier se rapproche de la marque « Il y a pas de
barrière entre le client et l'entreprise ; la barrière disparait
» et communique directement avec elle : « développer
une relation plus intime disons directe avec la marque; tu sens que t'es proche
de ces marques parce que tu trouves des réponses à tes questions,
il y a un lien direct » L'administrateur de la page « marque
» est disponible pour répondre à ses suggestions «
je sais, y a des personnes chargées spécialement pour
répondre aux personnes, que ce soit les consommateurs entre eux ou entre
le consommateur et la marque... ». Le consommateur sera plus
satisfait à cet égard, il connaît mieux la marque et la
relation s'intensifie. La marque se dévoile et devient transparente.
Elle lui adresse même des messages personnalisés «
adresser des trucs personnalisés....des messages personnels à la
limite intime dans les occasions par exemple : Joyeux Noël, Bonne
Année ». L'approche est dite « One to one »
contrairement à l'approche traditionnelle « One to many »
- Relation de fidélité
La marque se doit d'écouter les avis des membres de sa
communauté si elle veut les satisfaire et les fidéliser.
L'interaction permet d'attirer de nouveaux clients et de les garder «
Oui bien sur, puisqu'une marque cherche à attirer toute personne qui
pourra utiliser le produit....C'est important qu'elle recrute des consommateurs
fidèles et qu'elle les garde. » «Pour le consommateur, c'est
important car ça lui permet d'établir un lien, et mieux
connaître la marque, et ça intensifie même la
fidélité avec le consommateur. » Les marques ne
s'adressent plus au grand public, elles s'adressent à chacun
indépendamment les uns des autres à travers les messages de voeux
personnalisés et à travers le feedback en réponse aux
diverses questions des membres de sa communauté. Ceci permet de
fidéliser les clients.
66
Conclusion :
La co-création est l'aboutissement direct de la
participation motivée par le gain, le divertissement, l'expression de
soi, l'exercice d'une influence et le renforcement des liens sociaux... Elle se
fait au niveau de la conception, de la communication et de la production des
produits.
Les marques prennent de plus en plus en considération
les suggestions des consommateurs. Celles-ci sont aujourd'hui capables de
répondre efficacement aux attentes des clients et de connaître les
moindres désirs des membres de communautés de marque «
... La marque va y gagner car elle prend en compte les avis des consommateurs,
et leurs remarques, ça lui permet de s'améliorer .... »
« Oui, oui c'est évident pour moi, il y a une construction dans le
sens où la marque va y gagner car elle prend en compte les avis de ses
consommateurs et leurs remarques et ça lui permet de
s'améliorer... »
Les aspects négatifs de la collaboration existent
aussi. L'idée de myopie est développée par Levitt 1960 qui
précise que la collaboration avec les clients est inutile voire
dangereuse et surtout, il faut prendre conscience que le consommateur est vu
comme un individu myope car il ne peut pas se projeter dans le futur. En
conséquence, les idées ou les propositions d'innovation des
consommateurs peuvent être infructueuses et aboutir à des
échecs.
Les critiques destructrices et les opinions négatives
des membres des communautés de marques influencent négativement
les avis d'autres consommateurs au point de dévaloriser l'image de
marque véhiculée par l'entreprise « mon avis et mes
commentaires peuvent changer l'avis du consommateur, je pense que je pourrai
influencer les autres, genre : ce produit je l ai essayé, je trouve
qu'il n'est pas bien tu vois... ».
Enfin, le dialogue continu entre les membres des
communautés de marque et la marque renforce la relation entre eux. Une
relation fondée sur le partage, la proximité, la
fidélité et l'attachement. Tout ceci joue en faveur de la
marque.
67
Chapitre 3 : Une illustration
nétnographique des apports de la
communauté de la marque "AXE" par
la co-création
Introduction
Ce chapitre illustre par une étude netnographique de la
marque "AXE" d'Unilever comment les communautés de marque influencent la
marque par le biais de la co-création.
Dans un premier temps, nous mettrons en évidence la
méthodologie de travail adoptée pour mener notre étude
netnographique. Nous nous sommes appuyés sur la démarche de
(Kozinets, 2002) où il étend dans son article la méthode
de l'ethnographie et démontre comment elle peut être
réalisée efficacement sur internet en étudiant les
communautés de marque en ligne.
Dans un second temps, nous présenterons la marque qui a
fait l'objet d'analyse, ainsi que les événements participatifs
sur lesquels nous nous sommes concentrés pour illustrer le
phénomène participatif et le phénomène de
co-création.
L'observation des événements participatifs a
permis de dégager quelques éléments de réponse
à notre problématique. Ces résultats seront
présentés dans le troisième paragraphe. Enfin, le
quatrième paragraphe apportera une vue d'ensemble des effets
négatifs et positifs de la co-création. D'une part, nous avons
abouti aux mêmes résultats que ceux du troisième chapitre.
Nous avons retrouvé quelques effets déjà constatés
suite à l'analyse qualitative exploratoire. D'autre part, l'étude
netnographique a permis de compléter l'analyse et de dégager
d'autres effets de co-création. Tout ceci sera démontré
par l'analyse des discussions en ligne, et prouvera que les communautés
de marque, aujourd'hui, prennent de plus en plus de pouvoir sur les marques,
que les membres s'influencent réciproquement et par conséquent,
ils influencent les marques. Une discussion sur l'ensemble de la phase
qualitative terminera ce chapitre.
68
I. Méthodologie de l'étude netnographique
Cette partie s'intéresse à la
méthodologie adoptée pour mener notre recherche. Tout d'abord,
nous justifions les raisons du choix de la méthodologie netnographique.
Nous exposerons, ensuite les étapes de la démarche
méthodologique de la netnographie telle qu'elle est
présentée dans l'article de (Kozinets, 2002) à savoir : a)
l'entrée, b) la collecte et l'analyse des données c) les
interprétations fiables d) la vérification par les membres.
Enfin, nous justifions le choix de la marque qui a fait l'objet de
l'étude.
I.1. Justification du choix de la méthodologie
La netnographie est une méthode d'étude des
communautés virtuelles inspirée de l'ethnographie. Cette
méthode est rapide et simple. Elle est aussi moins coûteuse que
l'ethnographie. Les chercheurs ont recours, de plus en plus, à cette
technique, puisqu'elle est plus discrète que les focus groups ou les
entrevues (Kozinets, 2002). Elle a la même finalité que
l'ethnographie. Elle permet de fournir des informations, des significations et
de décrire les modes de consommation de groupes de consommateurs en
ligne. Elle suppose alors l'immersion dans la communauté en ligne
suffisamment longtemps pour pouvoir se familiariser avec sa culture : valeurs,
normes, langage, rituels... Kozinets définit la netnographie comme
« une nouvelle méthode de recherche qualitative qui adapte les
techniques de la recherche ethnographique à l'étude de cultures
et de communautés émergeant au travers des communications
électroniques. » (Kozinets, 2002). « C'est une combinaison de
règles rigoureuses et d'intuitions (...) fidèle à la
tradition méthodologique de l'ethnographie » (2002).
Cette méthode est la plus adéquate et
appropriée à l'analyse des effets de la co-création des
communautés en ligne sur les marques. Les forums des discussions, les
réseaux sociaux et les plateformes, sont des lieux où l'on trouve
le plus de l'interaction et de la créativité de la part des
consommateurs. Il semble donc important de faire une étude
netnographique pour comprendre le comportement des communautés, et
discuter des actions et de l'interaction qui existent au sein des
communautés des internautes.
69
I.2. Démarche netnographique et collecte de
données
Dans le cadre de notre analyse netnographique, nous avons
choisi d'adopter la démarche proposée par Kozinets 2002 dans son
article "The Field Behind the Screen: Using Netnography For Marketing
Research in Online Communities". Elle s'appuie sur six phases :
a) L'entrée : Choix des communautés
pertinentes pour les questions de recherche
Cette phase comprend deux étapes initiales à
l'analyse et qui seront utiles pour la suite de la recherche.
Premièrement : il faut déterminer les questions de recherche et
il faut identifier les forums, les plateformes qui sont appropriés
à ces questions de recherche. Les questions de recherche, ainsi
évoquées dans la partie introduction, tournent autour de la
participation ou encore de la co-création des consommateurs appartenant
à des communautés en ligne et de l'influence qu'ils ont sur les
marques. En outre, nous avons choisi de traiter marque "Axe" (Le choix de la
marque sera justifié plus tard). Notre étude netnogrpahique
s'intéresse donc aux communautés de marque en ligne sur les
réseaux sociaux Facebook et autres plateformes de la marque "Axe".
Deuxièment : il faut apprendre autant que possible sur
les forums et tous les participants individuels ou les groupes qu'on cherche
à comprendre. L'auteur propose aussi cinq critères pour la
sélection des communautés en ligne :
- Un meilleur choix du segment, du sujet ou du groupe à
étudier pour une recherche
mieux ciblée.
- Un haut trafic de « posteurs différents ».
- Un nombre important de messages postés.
- Des données plus riches et plus
détaillées.
- Plus d'interactions entre des membres du type requis par la
question de recherche.
En tenant compte de ces critères, les communautés
les plus importantes ont été retenues à
savoir la communauté de la page "Effet Axe" sur Facebook
et la communauté de la page
"Axe Dark Temptation" en Tunisie.
b) 70
Collecte et analyse des données
Dans cette phase, deux éléments doivent être
pris en considération :
- Les données directement issues des messages
communautés en ligne.
- Les données que les chercheurs enregistrent
concernant leurs observations des communautés, des interactions et des
significations.
Les données ont été recueillies sur les
sites suivants :
https://www.facebook.com/axefan?ref=ts
http://www.facebook.com/AxeDarkTemptationTunisie?ref=ts;
http://www.advergame.fr/axe-dark-temptation-une-campagne-subtile/.
Dans notre recherche, nous n'avons pas pris de notes concernant l'observation
des communautés, des interactions et des significations. Nous nous
sommes contentés des données issues des messages sur les
différents sites visités. Kozinets 2002 indique que «
contrairement à l'ethnographie traditionnelle, la netnographie peut
être conduite en utilisant exclusivement les observations et les
relevés de messages, sans que le chercheur ne soit amené à
écrire une seule note de terrain. »
c) Fournir des interprétations
fiables
Nous avons tenu à analyser les messages postés
ainsi que toutes les données recueillies sur les sites concernés
de façon fiable et pertinente. Cependant, quelques limites
(évoquées dans la partie....) ont été
signalées. Contrairement à l'ethnographie, la netnographie
basée seulement sur l'observation du discours textuel peut induire en
erreur le chercheur et donc les résultats de la recherche. En effet, sur
internet, l'image de soi est étudiée et contrôlée,
la conversation des membres est médiatisée, publique, textuelle
ce qui rend l'identité de l'internaute difficile à discerner. Il
existe donc un réel risque de déformation en ligne.
d) Vérification par les membres
Il est nécessaire de soumettre les résultats de
la recherche aux différents membres qui ont fait l'objet de
l'étude, afin de solliciter leurs commentaires, et ce pour trois
principales raisons:
- Obtention d'informations plus spécifiques sur la
signification des discours des consommateurs.
- Amélioration des contentieux éthiques.
- Etablissement d'un échange d'information continu
entre les chercheurs et les consommateurs.
71
Quand bien même la mise en oeuvre de la procédure
de vérification par les membres est simple, pratique et peu
coûteuse, grâce au support internet, nous n'avons pas pu finaliser
cette étape faute de temps. Cependant, les résultats de
l'étude exploratoire qualitative ont permis de confirmer ceux de la
netnographie.
I.3. Justification du choix de la marque
L'analyse netnogrpahique relative au quatrième chapitre
de ce mémoire s'appuie sur l'exemple de la marque de déodorant
"Axe".
Pourquoi ce choix ?
Le choix de cette marque n'était pas fortuit. Au
contraire, l'étude de la communauté en ligne de la marque "Axe"
s'est avérée très intéressante. Notre choix s'est
porté sur les événements participatifs initiés par
la marque qui ont beaucoup séduit les jeunes d'aujourd'hui. Les pages
sur lesquelles, nous nous sommes rendus au cours de la recherche, ont
montré qu'il y avait beaucoup d'éléments à analyser
en termes d'interaction inter-membres d'une même communauté de
marque et entre la communauté de marque et la marque. Le trafic des
posteurs ou encore des internautes est considérable.
Lors de l'analyse qualitative exploratoire, l'exemple de la
marque "Axe" a été évoqué. Une marque fun, qui
attire les jeunes séducteurs et séductrices. Ces derniers,
s'identifient fortement à la marque.
Tout ceci, nous a permis de collecter des informations riches
et détaillées et de faire une analyse sur deux
événements participatifs dans deux pays différents et de
les comparer.
Enfin, la marque n'a pas été traitée dans
des travaux de recherche antérieurs. Du moins, nous n'avons pas
repéré la marque au cours de nos lectures. Plusieurs marques sont
connues dans la recherche sur la co-création notamment "Nike" et
"Starbucks". Nous avons donc voulu apporter une touche nouvelle à la
recherche en étudiant la marque "Axe" d'Unilever.
72
II. Etude netnographique de la communauté
"d'Axe"
Cette partie s'intéresse à l'exploration et
l'analyse de deux événements participatifs de la marque "Axe".
Dans un premier temps, nous présentons rapidement la marque "Axe". Dans
un second temps, nous décrivons les événements
participatifs sur lesquels nous allons nous focaliser dans notre étude.
Une analyse approfondie et une interprétation des données fera,
enfin, l'objet du troisième paragraphe.
I.1. Une rapide présentation de la
marque
"Axe" est une marque de la compagnie Unilever. La marque a vu
le jour en France en

1983. Elle est leader sur le marché mondial sur le
marché du déodorant avec une part de 31%. "Axe" est initialement
le nom d'un déodorant pour homme. Aujourd'hui, la marque étend sa
cible en offrant une nouvelle gamme de déodorant destinée aux
femmes « Axe Anarchy for Her ».
Logo : / Slogan de la marque : Plus t'en mets plus t'en as
I.2. Description des événements
participatifs
Au cours de notre recherche, nous nous sommes rendus sur
plusieurs sites de la marque "Axe", et nous nous sommes inscrits sur les sites
suivants :
-
http://www.facebook.com/axefan?ref=ts
(France)
-
http://www.facebook.com/AxeDarkTemptationTunisie
(Tunisie)
Tableau 13: Données sur les deux
événements participatifs
|
"Axe Dark Temptation" Tunisie
|
"Effet AXE" France
|
Membres qui aiment la page
|
32 422 J'aime
|
954 248 J'aime
|
Discussions
|
21 personnes qui en parlent
|
21 066 personnes qui en parlent
|
Pour comprendre le phénomène de participation
des communautés de marque en ligne aux différents concours de
co-création initiés par la marque, nous avons opté pour
quelques événements participatifs de la marque en Tunisie et en
France. L'objectif était donc de comprendre comment et pourquoi les
communautés en ligne participent aux différents
73
concours de marque ? Qui participe ? A quels moments, les
communautés en ligne participent-t-elles ? La participation des
communautés en ligne a-elle des effets positifs et/ou négatifs
sur les marques ? Etc.
Le choix du premier événement "Axe Dark
Tempation" Tunisie est dicté par l'énorme buzz médiatique.
Quelques chiffres révèlent l'ampleur de
l'événement
- 62597 étudiants touchés pendant la tournée
dans les facultés,
- Testing du produit réalisé sur plus de 9200
étudiants.
- 29 229 fans sur la page Facebook "Axe Dark Temptation"
depuis le lancement de la page fan en 30 jours.
- 106 photos signées "Axe Dark Temptation" sur le web
et un Buzz circulant sur la toile entre les jeunes dans toute la Tunisie 19
Le deuxième événement "Axe Boat" sur la
page Facebook "Effet Axe" en France est un événement attendu
impatiemment par toute la communauté de la marque "Axe" :20
- En 2012, le "Axe Boat" fête ses 10 ans.
- En dix ans d'"Axe Boat", environ 30 000 personnes seront
montées sur le bateau
depuis sa création.
- 132 soirées auront lieu sur le "Axe Boat" depuis 2003
- Plus de 50 villes du littoral Atlantique et
Méditerranéen sillonnés.
a) "Axe Dark Temptation" : concours de
séduction
Le but de ce concours était de concrétiser la
promesse initiée par la marque : "une forte réaction
d'attractivité de la part de la gent féminine en utilisant sa
gamme de produits". Une tournée évènementielle de grande
ampleur, déployant un dispositif très important, a
été organisée pour devenir l'opération de
séduction de l'année.
19
http://www.tuniscope.com/index.php/article/6207/actualites/courses-alimentation/axe-065511
20
http://www.french-riviera-tendances.org/index.php?option=com_content&view=article&id=1324:la-tournee-axe-boat-celebre-ses-10-ans-du-30-juillet-au-7-aout-2012-lancement-soiree-le-30-juillet-a-cannes&catid=110:clin-doeil-soirees&Itemid=268
74
Comment participer ?
Le concept était simple : placer un studio "Axe" dans
les halls des facultés pour faire une séance photo. Le principe
est que chaque garçon doit séduire le maximum de filles et les
convaincre de prendre une pose photo Axe tout en faisant preuve d'imagination
et de créativité. Ensuite, chaque photo "Axe Dark Temptation"
sera postée sur Facebook, afin de voter la meilleure photo. La photo
gagnante est recomposée de la somme de 5000dt (2500 €) à
partager entre les gagnants.

75
b) "Axe boat" 10ème édition
Le deuxième événement de l'étude
netnographique est "Axe Boat" en France. Chaque année, "Axe" organise
l'événement "Axe Boat". Du 30 Juillet au 7 Août 2012, et
pour 10ème édition de sa tournée
d'été, "Axe Boat" invite les "clubbers" « les membres du
club ou encore la communauté de marque » à venir
s'éclater à bord d'un yacht d'exception. A bord, ils organisent
des soirées où se mélangent séduction, fun et
ambiance ultra VIP.
Le programme de la 10ème édition
intéresse la communauté : « faire des Axe fans des vrais
jetsetters avec pas moins de six escales prévues dans le bassin
méditerranéen dont une date de lancement exceptionnelle dans
l'une des villes les plus glamour de la Côte d'Azur. Cette 10e
édition sera l'occasion de proposer aux "Axe fans" de nombreuses
surprises et exclusivités pendant la tournée mais aussi sur la
page fan "Effet Axe" (
facebook.com/axefan). En
exclusivité pour les 10 ans, "Axe Boat" tour se terminera en
apothéose, le 7 août, avec une "Full Moon Party" qui
réunira des stars françaises et internationales autour d'un
concert événement... Cette 10e saison "Collector" est à ne
pas manquer ! »
Comment participer ?
Pour participer, gagner des places sur "Axe Boat" et faire la
tournée de l'été, il fallait tout simplement s'inscrire
à l'application « Anarchy Run » sur Facebook et battre les
scores des autres joueurs.

« AXE Fans, vous pouvez toujours gagner vos places pour
l'évènement de l'été : la tournée du AXE
Boat ! Alors c'est le moment ou jamais de faire exploser les scores sur
l'application "Anarchy Run" ! »
« Chaque jour, le joueur ayant réalisé le
meilleur score, remportera un pass VIP pour 2 personnes pour assister à
une soirée sur l'Axe Boat ! Ce n'est pas tout : le joueur qui obtiendra
le meilleur score à la fin du jeu, vivra une soirée inoubliable
sur l'Axe Boat en mode Ulta VIP grâce au Golden Ticket !!! »
« Demain à 17h, il y aura parmi vous un nouveau
chanceux qui repartira avec une place VIP pour le AXE Boat ! Alors, qui se sent
capable de battre tous les scores du jeu "Anarchy Run" ? »

« The Anarchy Run », voici un jeu qui va
certainement faire parler de lui d'ici peu de temps. Lancer par la marque de
déodorant Axe, cet advergame est
destiné à tous ses fans Facebook ! »
76
Le principe de ce jeu est simple : voler le dernier pass VIP
qui permet à son possesseur d'accéder à une soirée
sur l'Axe Boat. Mais, le problème c'est que l'alarme se
déclenche... "Tel Tom Cruise dans Mission Impossible", il faut donc
déjouer les pièges et rendre inoffensifs les différents
gardes qui vous poursuivent. Pour cela il faut utiliser les tous derniers
déodorants de la marque, « For Him » et « For Her »
dans le but de semer le chaos et vous échapper !

77
I.3. Interprétation et analyse des
données
a) Ancrage dans un univers de séduction
à travers le prisme d'identité de la marque
Nous avons choisi d'utiliser le prisme identitaire de la
marque "Axe" défini par Kapferer, (1991), car nous avons pu relever les
6 facettes qui composent son identité. On trouve d'une part le physique,
la relation et le reflet tel qu'ils sont présentés sur le
côté gauche du schéma, ce sont les caractéristiques
externes de l'identité, et d'autre part la personnalité, la
culture, et la mentalisation présentés sur le côté
droit du schéma, qui reflètent les caractéristiques
internes de la marque.

Le physique : ce sont les caractéristiques tangibles de
la marque, ce qui se perçoit à l'extérieur. Par exemple :
l'esthétique du produit, la mise en avant, l'emballage etc.
La relation : elle traduit le lien entre la marque et le
consommateur : échange ou transaction (Kapferer, 1998)
Le reflet : c'est la cible du produit et de la marque.
La personnalité : les traits de personnalité de
la marque, c'est ce qu'elle véhicule à travers son image. La
personnalité se compose de 5 facteurs, et présente le
modèle (OCEAN) : Ouverture (Openness), Caractère
consciencieux (Conscioustness), Extraversion (Extraversion),
Agréabilité (Agreableness) et enfin Stabilité
émotionnelle (Neurotiscm).
La culture : ce sont les valeurs morales de la marque qui
s'acquièrent dès le départ et au fil du temps.
La mentalisation : c'est ce que le consommateur cherche et
trouve à la marque, c'est l'idéal qu'il aimerait atteindre en
devenant consommateur de la marque.
78
? La personnalité :

Les membres de la communauté s'approprient la
personnalité de la marque "Axe" : 1) l'ouverture à savoir la
sensibilité à l'esthétique. 2) L'extraversion à
savoir le caractère sociable et la recherche de la compagnie des autres
(qui se perçoit à travers la participation collective des membres
aux différents événements de la marque et à travers
les photos de groupe prises lors de la campagne "Axe Dark Temptation" ou encore
les photos de la tournée en bateau "Axe Boat"), et enfin la
volonté de s'amuser (qui se perçoit à travers la
participation à la tournée d' "Axe Boat" et au jeu « Anarchy
Run » pour se divertir), 3) l'agréabilité à savoir le
caractère du bon vivant (les membres aiment faire la fête) la
bonne humeur et la séduction.
Ces trois traits sont les caractéristiques
intrinsèques d'une marque, "sexy", "fun" et "cool", et deviennent de ce
fait celles de ses membres.
? La culture :

"Axe" s'inscrit dans une culture de séduction dans un
univers de parfum. La marque développe des parfums aux senteurs
variées qui révèlent et renforcent le pouvoir de
séduction des hommes. Les membres de la communauté Axe
s'identifient fortement à la culture, et partagent les mêmes
valeurs et normes.
79
? La mentalisation :
Les membres de la communauté idéalisent la
marque et s'identifient à ses attributs : la beauté, la
séduction « Plus t'en mets, plus t'en as ». Les hommes
deviennent alors encore plus beaux, plus attirants, plus séducteurs par
la simple utilisation de la marque.
? Le physique :

Toute une gamme de produits déodorants avec des
senteurs différents, l'emballage est de forme ronde, le slogan est
« plus t'en mets, plus t'en as », le logo est de couleur noire ou
blanche.
? La relation :
La marque permet aux hommes d'être plus attirants
auprès des femmes et leur apporte la confiance
nécessaire dans le jeu de séduction. Les membres de la
communauté de marque communiquent directement avec la marque. Par
conséquent, la relation entre la marque et les consommateurs peut
être qualifiée de relation de proximité et de
convivialité.
? Le reflet :
Des jeunes séducteurs et séductrices, provocateurs
et dynamiques (ils font la fête et dansent.) ? Prisme
d'identité
Le prisme d'identité est élaboré à
partir des spots publicitaires télévisés, de l'observation
des photos et des vidéos partagées par les membres et de
l'analyse des commentaires sur les différentes pages visitées sur
les réseaux sociaux.

Reflet : Les jeunes séducteurs et
séductrices, provocateurs et
Relation : Confiance en soi,
as
convivialité, intimité, proximité
Physique : Variété de
produits Forme d'emballage ronde
Mentalisation : se sentir beau, attirant,
séducteur
Personnalité : extravertie :
dynamisme agréabilité : bonne humeur
Culture : Séduction
80
Conclusion :
L'élaboration du prisme identitaire avait pour objectif
de déterminer les caractéristiques externes et internes de la
marque et de comparer l'identité idéale voulue par la marque avec
l'image perçue par la communauté. Nous concluons qu'il n'y' a pas
d'écart important entre le positionnement voulu par la marque et le
positionnement perçu par la communauté. L'identité est
donc conforme à l'image reçue. De même, il existe une
très forte identification à la marque. Les membres de la
communauté en deviennent les ambassadeurs. Ils veulent transmettre un
véritable mode de vie "Axe". Les valeurs, les normes et la culture de la
marque deviennent les leurs et ils vont les défendre envers et contre
tous. L'identité de la marque devient l'identité de la
communauté. Les événements, les jeux, les concours
organisés par "Axe" sont des évènements qui la concerne
directement et crée une solidarité entre les membres. Ces
derniers vont participer activement et vont faire en sorte de recruter d'autres
membres. L'identification à la communauté de marque est aussi
forte ; elle a des conséquences positives et
négatives,21 l''influence inter-membres est importante,
« La communauté des marques pourraient influencer les perceptions
des membres et leurs actions » (Algesheimer R., Dholakia U.M. et Herrmann
A. 2005) et les effets de la co-création sont multiples.
21 (Algesheimer R ;, Dholakia U.M (2005) décrivent dans
leur article comment l'identification à une marque communautaire aurait
des conséquences positives comme l'engagement communautaire et aussi des
conséquences négatives.
81
b) Interprétation des événements
& co-création
Le premier événement "Axe Dark Temptation" est
un bon exemple de co-création telle qu'elle est définie par
Prahalad et Ramaswamy 2000 : « La co-création est une nouvelle
technique de management, dans laquelle les consommateurs et producteurs se
joignent pour créer des produits et des expériences ». Le
concours "Axe Dark Temptation" : Tunisie " initié par la marque, fait
intervenir dans l'élaboration de la politique de communication, des
membres passifs (qui participent par un simple vote) et des membres actifs (qui
participent directement à l'événement en étant
acteurs des photos qu'ils proposent). Les membres actifs créent du
contenu : ils doivent faire preuve de créativité dans la pose
photo prise. Il y a donc une création de concept publicitaire et une
création d'expériences partagées par les participants.
Le deuxième événement n'est pas en soi un
exemple de co-création d'offre. En effet, les marques font appel
à la communauté sur Facebook pour participer au jeu et à
la tournée en bateau et non pas pour créer une offre ou un
produit. Cependant, il y a d'une part une véritable création
d'expériences au niveau de l'advergame qui implique une participation et
une identification active des membres à la marque. Et d'autre part, la
participation à la tournée d' "Axe Boat" fait vivre des
expériences uniques aux participants. Les membres de la
communauté, créent des expériences propres à chacun
d'eux.
Par ailleurs, l'immersion dans la communauté de marque
sur internet ainsi que l'exploration de la page "Axe Boat", nous a permis de
remarquer que les membres de la communauté interagissent encore plus
lorsqu'il s'agit d'un événement en particulier. Les commentaires
ne se concernent pas uniquement l'événement, d'autres
idées de création sont présentes sur la page Facebook.
L'interaction entre les membres continue en dehors de l'événement
organisé par la marque. La marque a indirectement incité les
membres de la communauté à interagir, à créer,
à commenter et à faire part de leur avis. Elle a donc
imaginé des systèmes adaptés comme les jeux et les
concours pour rendre les opérations de co-création plus
attractives. Les jeux et les événements impliquent une
participation active des membres avec une véritable interaction et une
identification à la marque. Les advergames constituent un support
idéal à la co-création.

82
Satisfaction globale de la communauté de marque AXE
Les membres de la communauté AXE ont été
très satisfaits par leur participation à
l'événement « c'etais trop bien !!! :D » / «
C"était excellent j'étais devant devant en VIP :) » / «
Soirée de fou hier que du pure bonheur merci à toute
l'équipe du axe boat vous êtes formidable et trop au tooooooop
» /. La marque a réussi à tenir sa promesse. Les membres
sont rentrés dans l'univers de la marque, qui les a faits
rêvés et les a séduits. On assiste à une
réelle identification à la marque.
c) Typologie de co-création :
Inspiré du modèle de Cova de consumer made
(2008), ce schéma intègre deux critères : l'interaction
(forte et faible) et la durée (de court terme, ponctuelle limitée
à l'événement et de long terme, qui continue au
delà de l'événement).
Quatre types de co-création sont identifiés: la
co-création majeure avec une interaction forte sur le long terme, la
co-création majeure avec une interaction forte sur le court terme, la
co-création mineure avec une interaction faible sur le long terme et la
co-création mineure avec une interaction faible sur le court terme.
C'est le degré d'interaction qui définie le type
de co-création. En cas de forte interaction la co-création est
qualifiée de majeure. En revanche, en cas de faible interaction la
co-création est dite mineure. Cette distinction basée sur
l'intuition s'est avérée confortée par l'étude
qualitative exploratoire avec le premier expert chez e-Yeka une plateforme
dédiée à la co-création « Je
préfère te donner ça parce que à la fin du
concours, s'il n y a pas d'interaction c'est moins de la co-création
pour moi. Donc, du coup, je vais te donner celui là... c'est l'un des
meilleurs exemples de co-création, dans le sens où il y a une
interaction quoi. »
83
L'observation des deux communautés : sur les pages
"Effet Axe" France et "Axe Dark Temptation" Tunisie lors de l'étude
netnographique (nous expliciterons les exemples ci-dessous) a confirmé
l'utilité d'une telle distinction.
Figure 2 : Une nouvelle typologie de
co-création
Forte interaction
Courte durée
|
|
|
|
Longue durée
|

Co-création mineure de court terme
Co-création mineure de long terme

Co-création majeure de court terme
Co-création majeure de long terme
Faible interaction
La co-création majeure de long
terme: fait référence à la forte
interaction qui existe entre les membres d'une même communauté et
entre la communauté et la marque. Cette interaction s'inscrit dans le
temps et continue en dehors de l'événement participatif.
L'événement "Axe Boat" sur la page "Effet Axe" est un exemple de
co-création d'expériences partagées entre les membres. La
même page "Effet Axe" illustre qu'au-delà de la co-création
d'expériences partagées, la co-création prend forme en
dehors de l'événement "Axe Boat". En effet, l'interaction
débute et continue avant et après l'événement. La
communauté ne se contente pas de partager les photos de la
tournée en bateau ou de commenter l'événement. Au
contraire, elle donne des avis sur le produit, sur la marque et offre de
nouvelles idées à la marque etc. L'influence sur les marques est
d'autant plus importante que l'interaction qui existe entre les membres de la
communauté. « La contribution créative peut se faire au
moment où le participant est le mieux à même d'y
travailler, en toute flexibilité, et pas seulement lors des sessions
créatives fixées à une heure donnée, »
Les membres partagent les mêmes valeurs :
séduction et drague, sont très actifs : participent de
manière active au jeu « Anarchy Run » et aux
événements "Axe Boat", et ne ratent pas
84
l'occasion de s'exprimer, de donner leurs avis et de
participer à tous les événements de la marque. Les
motivations de participation sont principalement intrinsèques : le
divertissement, et l'idéalisme (Divard 2010).
Le divertissement est une source de distraction pour les
membres de la communauté : ils participent principalement au jeu et
à l'événement pour se divertir.
L'idéalisme : les personnes qui s'engagent dans une
action de marketing participatif peuvent le faire parce qu'elles jugent de
telles actions conformes à leurs valeurs. C'est le cas de la
communauté "Effet Axe".
La co-création mineure de court terme
: Fait référence à l'exemple de la campagne
d'"Axe Dark Temptation" Tunisie où l'on assiste à une
participation des consommateurs appartenant généralement à
des communautés en ligne (par exemple Facebook ou twitter, sites de
forums etc.), mais, qui ne partagent pas ou peu de valeurs avec la marque. La
participation se fait sur une courte durée ou une période
temporaire, qui correspond généralement à la durée
de l'opération ou de l'événement participatif. Les membres
de la communauté interagissent peu durant l'événement (par
exemple : ils commentent les photos et les vidéos). D'ailleurs, une
remarque est relevée sur la page concernée d' "Axe Dark
Temptation" : les réactions et le feedback des membres ne prennent pas
suite à la fin du concours. Depuis le 22/12/2010, les internautes se
détachent complètement de la page, ils ne réagissent plus
et ils sont dans l'attente d'un nouvel événement. Ce point de vue
a été évoqué lors de l'entretien avec Nicolas
directeur de création chez Memac Label Ogilvy :
« Au fait, ils sont actifs pendant la durée
des campagnes, ce qu'on n'arrive pas à faire, c'est de convaincre les
clients qu'au-delà d'une opération ponctuelle, il y a un dialogue
à établir tout au long de l'année.. »
Ce constat, peut aboutir à la conclusion que la
participation au concours d' "Axe Dark Temptation" est principalement
motivée par le gain, par l'exercice d'une influence.
Témoignage d'un participant au concours
« Et, effectivement J'ai participé
essentiellement à ce concours pour m'amuser, j'ai vu mes amis participer
et j'ai voulu faire comme eux !!! J'ai aussi trouvé l'idée et
l'ambiance trop sympas, et puis pourquoi pas gagner de l'argent avec un truc
aussi rigolo ? »
85
Tableau 14: Illustration de la typologie de
co-création par les deux événements participatifs de la
marque "Axe"
|
AXE BOAT
|
AXE DARK TEMPATION
|
Les participants aux événements
|
Co-création majeure (substantielle)
|
Co-création mineure (relative)
|
Les non participants aux événements
|
Aucun effet de co-création
|
La co-création majeure de court terme
: Nous pouvons reprendre l'exemple donné lors de
l'entretien avec l'expert chez e-Yeka : Danone a invité la
communauté e-Yeka à créer une campagne publicitaire pour
le lancement de son nouveau produit. Les internautes ont donc participé
à l'élaboration de nouveaux concepts de publicité et
à la génération des vidéos faisant l'objet du
concours. La durée du concours est temporaire, de courte durée et
limitée à l'événement participatif. L'interaction
est forte, puisque les gagnants ont été invités par la
marque et les agences de publicité pour discuter du concept publicitaire
créée par le gagnant de ce concours.
« ils ont été invités par Danone
à assister avec deux ou trois personnes d'e-Yeka à faire un
workshop dans les locaux de Danone en Turkie et ils ont discuté de leur
concept, il y avait leur agence de pub etc. Et du coup, ils ont parlé
entre consommateurs donc créatifs donc eux (les gagnants), puis la
marque et l'agence de pub. Ils ont un peu parlé de pourquoi ils avaient
cette idée là ... Mais en tout cas, pour moi,
dernièrement, c'est l'un des meilleurs exemples de co-création,
dans le sens où il y a une interaction quoi... »
La co-création mineure de long terme :
Dans ce cas, une faible interaction existe entre les membres d'une
communauté et entre la communauté et la marque et elle se fait
sur le long terme. Nous pouvons illustrer ces faits par l'exemple de la
boîte à idée en ligne de Starbucks, "MyStarbucksIdea".
Cette boîte a généré plus de 75000 idées,
mais, uniquement quelques dizaines ont été retenues et
appliquées. Dans la plupart des cas, ils s'agissaient d'une simple
amélioration de l'offre existante. Les membres soumettent leurs
idées sur la plateforme à l'entreprise et aux autres membres sans
qu'il y ait une réelle interaction entre les membres et la marque. La
boîte à idée reste ouverte en permanence, elle est donc
réutilisable sur la durée, à long terme. Un autre exemple
est celui de Carrefour utilisant un panel de testeurs pour ses
86
produits sur "Facebook" : il s'agit également de
boîte à idées permettant de recueillir les suggestions de
plus de 10000 fans.
Aucun effets de co-création :
Il n'existe aucun effet de co-création des marques, lorsque, les membres
des communautés de marque en ligne n'interagissent pas avec les marques,
ne participent pas aux événements et aux concours et ne font pas
part aux marques de leurs avis et commentaires etc. Ils restent inactifs
vis-à-vis de la marque. Sous contrainte de temps, nous n'avons pas pu
explorer les raisons de la non participation de la communauté des
internautes. Ceci pourrait être fait par le recours à des
techniques projectives.
Tableau 15: Tableau de synthèse: Etude comparative
des deux événements participatifs
Evénement et page FB
|
Page : Axe Dark Tempation : concours de
séduction (Tunisie)
|
Page : Axe Boat (France)
|
Motivations (le pourquoi ?)
|
Motivations extrinsèques (pécuniaire...)
|
Motivations intrinsèques :
Divertissement : Partager des expériences
collectives, vivre des expériences individuelles.
Idéalisme : conformité des valeurs de la marque
avec celles de la communauté
|
Les participants (Qui ?)
|
la participation est ouverte à tous les
étudiants dans les facultés.
Des participants passifs : simple vote Des participants actifs :
acteurs dans la pose photo
|
Les membres de la communauté de marque
Des participants actifs : participent de manière active
aux jeux et aux événements
|
Durée de participation (A
quels moments?) (Quand ?)
|
Temporaire qui se limite à la durée de
l'événement.
|
Chaque année
Echange continu tout au long de l'année, en dehors des
événements participatifs.
|
Interaction participants/ Marque
|
Une faible interaction
|
Une forte interaction qui s'inscrit dans la durée
|
Effet de co- création
|
Co-création mineure :
Co-création d'une seule offre temporaire. (dans notre cas
c'est le concept publicitaire). L'interaction n'est
pas très importante entre les participants et la
marque, elle se limite à la durée de
l'événement.
Co-création majeure :
Co-création d'expériences pour les
différents participants à l'événement.
Co-création de nouvelles offres en
dehors des événements participatifs. Dans ce
cas, l'interaction est fort importante.
87
III. Les effets négatifs et positifs de la
co-création de la communauté de la marque "Axe"
L'étude netnographique de la communauté «
Axe » sur la page Facebook d'"Effet Axe", nous a permis de dégager
quelques effets positifs et négatifs de la co-création. En
premier lieu, nous mettons en évidence l'influence positive de la
communauté de la marque "Axe". En deuxième lieu, nous aborderons
l'influence négative de la communauté sur la marque.
III.1. L'influence positive de la communauté " Axe"
sur la marque
a) Extension de marque: la co-innovation
Sur les pages web aujourd'hui, les communautés de
marque sur internet ont pris l'habitude de donner leurs avis, de dialoguer et
de commenter les informations qu'elles reçoivent sur les produits et
services proposés. Qui connait mieux la marque que les membres d'une
communauté de marque? N'y-a-t-il mieux que ces membres pour faire des
suggestions et des recommandations ?
Les membres d'une communauté expriment indirectement
des besoins latents et font part de leurs idées nouvelles. Ces personnes
ont besoin d'être écoutés par les marques. Ces
dernières profitent de leurs commentaires et de leurs idées pour
décupler une puissance d'innovation.
Nous avons pu relever lors de notre étude netnographique
une idée d'extension de marque.
88
Juliien ****
« Oh j'ai eu un tilt pourquoi AXE nous sortirai pas
une mousse a raser??? ;) tant qu'a faire avoir le top complet quoi! :)
»

Effet Axe Merci pour l'idée
Juliien, on la garde sous le coude !
Les différents commentaires de la communauté de
marque contribuent donc à la conception de nouvelles offres à
l'amélioration des produits anciens et au lancement de nouveaux
produits. Les propositions d'innovations de ce type se font en amont du
processus de production.
b) Amélioration de l'image de marque
« Kezller, (1993) définit l'image de marque comme
étant «les perceptions portant sur une marque
reflétées par les associations à la marque détenues
dans la mémoire du consommateur» Aaker (1991), par exemple, avance
que l'image crée de la valeur de multiples manières, en aidant
les consommateurs à traiter de l'information, en différenciant la
marque, en générant des raisons de l'acheter, en créant
des sentiments favorables, et en fournissant une base pour des extensions. Sa
définition de l'image de marque comme « les perceptions portant sur
une marque reflétées par les associations à la marque
détenues dans la mémoire du consommateur » une
définition plus simple pourrait être proposée « tout
ce qu'un consommateur peut associer à une marque donnée »
»22
Faire appel aux consommateurs, plus spécifiquement aux
communautés de marque pour valoriser l'image de marque, c'est tout
l'intérêt de la co-création. Mais pour réussir, il
faut trouver un système bien adapté à sa marque qui donne
envie aux internautes de s'impliquer davantage auprès de la marque. Les
campagnes publicitaires d' "Axe" en Tunisie et en France ont compris qu'il
fallait intéresser les communautés de marque et les inciter
à interagir. L'événement "Axe Boat" a suscité
l'intérêt des jeunes et a renforcé l'image
véhiculée par la marque. L'événement "Axe Dark
Temptation" en Tunisie a concrétisé la promesse émise par
la marque :
« D'un coté la marque demandait un minimum
d'effort, et au même temps, elle réalisait sa promesse de marque,
parce qu'elle mettait en relation les garçons et les filles. Axe,
permettait
22 Michaël Korchia
(2000). Une nouvelle typologie de l'image de marque Actes du
16ème congrès international de l'Association
Française du Marketing. Montréal, Canada. Mai 2000.
89
aux garçons de se retrouver au milieu de plein de
filles dans la réalité. Or, c'est ce que euuuh, c'est la promesse
de la marque. Axe promettait, que toutes les filles allaient tomber. Nous, on
l'a concrétisée...» (Nicolas directeur de
création chez Memac Ogilvy Label Tunisie)
Aujourd'hui, les communautés ont de plus en plus envie
de s'impliquer dans la vie d'une marque qui les fait rêver. La marque
"Axe" tâche de réaliser les rêves de sa communauté et
de concrétiser sa promesse.
La promesse de la marque : « Plus t'en mets plus
t'en as »
Youc Zeroo **** « Aujourd'hui j'ai mis
du Axe et 8 filles m ont dragué » 3 personnes aiment
ça.
|
Romain *****
« Effectivement les déo Axe attire les
femelles... Et oui les femelles moustiques :/ »
c) Une communication intensive : Une co-promotion en
faveur de la marque - Un effet réseau de communication : Le
bouche à oreille (BAO)
La communauté en ligne a un effet réseau sur la
circulation des publicités de la marque qualifié de bouche
à oreille. La marque ne se contente plus de véhiculer un message
de façon unilatérale, émise par elle auprès du
consommateur. A l'inverse, les idées et la conception de la
publicité sont initiées aujourd'hui par les consommateurs ou les
groupes de consommateurs. Ils créent eux-mêmes les
évènements, conçoivent les publicités, discutent
entre eux et se chargent de faire circuler les informations sur la marque
à grande échelle. En effet, les réseaux sociaux permettent
de nouer des contacts et permettent plus d'interaction entre les membres d'une
même communauté et entre la communauté et la marque. La
création de profils actifs et l'animation de ces communautés
paraît aujourd'hui comme un élément incontestable
d'interaction, de co-création, qui privilégient la promotion de
la marque.
Etienne *****
« Bonjour, je suis Etienne, étudiant à
l'école des Ponts et Chaussées, une école
d'ingénieur française. A la rentrée, en septembre, se
déroulera le WEI (Week-End d'Intégration). Pour ce faire, nous,
les deuxièmes années créons des groupes d'environ 5 ou 6
étudiants qui accueilleront les futurs étudiants de 1ere
année. Avec des amis, nous voulions créer le groupe
appelé les Muchas MarWEIcas, en
référence à l'une de vos campagnes publicitaires que nous
trouvons particulièrement drôle. J'aurais donc voulu savoir si
possiblement, vous aviez des objets publicitaires AXE qui nous permettraient
à la fois de réaliser une belle animation durant ces 4 jours de
fête mais aussi de faire la promotion de votre marque. Merci d'avance.
»
Tableau 16: Communication unilatérale vs
communication multilatérale
Communication unilatérale
|
Communication réseau
|
Memb 2 Memb 1
|
Marque Consommateur
|
Etc.
Memb 3
Marque
|
Memb 4 Memb n
|
|
|
Médias : Télévision, radio, Affiche...
Qui crée ? La marque
|
Médias : Internet (les réseaux sociaux, les
forums,
les plateformes de co-création etc.)
Qui crée ? La marque et les communautés en
ligne.
Co-création
|
Description de l'effet réseau : la marque inspire les
jeunes : « nous voulions créer le groupe appelé les
Muchas MarWEIcas, en référence à l'une de vos campagnes
publicitaires », des idées nouvelles émergent
« J'aurais donc voulu savoir si possiblement, vous aviez des objets
publicitaires AXE qui nous permettraient à la fois de réaliser
une belle animation durant ces 4 jours de fête mais aussi de faire la
promotion de votre marque. ». Les consommateurs font la
promotion de la marque. Il est possible d'illustrer ces propose par le
schéma suivant :

Consommateurs
Marque qui
o cités :
qui créent
inspire
Co-création
Promotion de la marque
90
91
La communauté d'"Axe" sur les réseaux sociaux
s'engage de plus en plus activement dans la politique de promotion de la
marque. Les commentaires et les discussions sur la page concernée
montrent une réelle volonté de participation aux spots de
publicité télévisés et aux affiches de
publicité de la marque "Axe". Ceci est expliqué par
l'identification forte des membres à la marque et par l'ancrage culturel
dans l'esprit de la communauté.
David ****
|
« Axe boy a dit: Si vous rechercher un
scénariste pour vos pub Axe contacté moi par mp. P.S. J'ai de
scénario terminé. »
J'aime · · 28 mai, 12:17 Effet Axe aime ça.
|
|
Gerald *****
|
« j ai envie faire des pubs pour axe »
J'aime · · 27 juin, 18:37
|
Effet Axe Tu sais qu'on a récemment
permis à 8 de nos fans de participer à des films
|
publicitaires ?
|
Raphael *****
|
« Je veux être dans une pub pour AXE et aussi
aller sur le AXE Boat =D .. love AXE V » J'aime · · 3
juillet, 12:49, à proximité de Chalon-sur-Saône,
Bourgogne
|
Effet Axe « Pour le AXE Boat, ça
devrait pouvoir s'arranger d'ici quelques jours... ;) »
|
Severine *****
|
« trop bien la video j aimerai beaucoup faire une pub
axe ausi sa serai super pour moi » 20 juillet, 13:42 · J'aime
· 2
|
|
d) Développement de la relation avec la
marque
Les communautés de marque échangent et
interagissent sur les réseaux sociaux. Une vraie relation
d'intimité se crée ; une relation de d'attachement et de
fidélité, une relation basée sur le partage de souvenirs
communs etc.
92
Une fidélité et un attachement
très fort envers la marque :
La marque donne l'opportunité à la
communauté en ligne de créer. Les membres de la communauté
"Axe", ne ratent pas l'occasion de créer leur propre collection de toute
la gamme de produits déodorant de la marque "Axe" et de l'exposer
à tout le monde. Ceci témoigne de l'attachement de certains
membres à la marque. Ces derniers vouent d'une véritable passion.
Les membres sont aussi fidèles et rachètent les produits «
Merci ont essaye de faire mieux l'année prochaine :P »

Ambroise***** petite pile de AX avec Teddy*****
;)
Paul **** Rentable
;)
Agnès ***** Quel
projet pour tes aisselles? Effet Axe Sacrée
collection !
Teddy ***** Merci ont
essaye de faire mieu l'année prochaine :P
18 personnes aiment ça.
Coleen Bouisset Oui j'ai
galéré à le trouver V Coleen
Bouisset Elle à trouvée ou elle ?
Effet Axe Je vois que
certaines n'hésitent pas à faire des réserves...
;)
6 personnes aiment ça.
Coleen ***** ENFIN ! J'ai pas fais les choses
à moitié ! J'en ai pris TROIS ! V C'est bon ça !
:D
« La valeur d'une entreprise se mesure principalement
à l'importance de la clientèle. f...] L'aménité, la
sincérité, la probité commerciale, le respect des
engagements valent à qui les pratique une considération, une
réputation génératrices de confiance et favorable au
succès. f...] Se créer une clientèle, la garder,
l'accroître, la reconquérir est une tâche difficile. »
Source : Larousse commercial (1930)
93
Un partage de souvenirs :
La co-création renforce les liens entre les membres
d'une même communauté. Les jeunes aujourd'hui peuvent construire
des communautés autour de la marque grâce notamment aux jeux et
aux concours présents sur les réseaux sociaux, ils se rapprochent
et nouent des relations plus intimes. Ils partagent la même passion
envers la marque et partagent des souvenirs communs comme témoigne un
des membres de la communauté "Axe".
Frédéric *****
: « Et dire que cette idée est
née dans un tout petit bureau à nation, entre deux pizzas et qq
verres de coca... 10 ans déjà... Une bise à ceux qui se
reconnaîtront (ils sont terribles !) » 5 personnes aiment
ça.
Jerome **** « terrible
le axe boat j y été y a 4 ans que de souvenir
»
La co-création renforce prodigieusement les liens de la
marque avec sa communauté. Les co-créateurs deviennent des
ambassadeurs de la marque. Ainsi, "Axe" établit un lien assez
exceptionnel avec la marque. La nouvelle relation entre les marques et le
consommateur se fonde donc sur une forte proximité liée à
un véritable dialogue.
Conclusion :
Les effets positifs de la communauté de marque par le
biais de la co-création sont donc multiples. Ces effets vont de la
simple communication basée sur le bouche à oreille jusqu'à
l'amélioration de l'image de marque et le développement des
relations non seulement inter-membres mais aussi entre les membres de la
communauté et la marque. Des effets qui témoignent de
l'importance de cette nouvelle technique de co-création et de l'impact
direct qu'elle peut avoir sur les marques et sur l'entreprise. En effet,
d'autres bénéfices matériels sont au rendez-vous par
exemple l'obtention d'un avantage concurrentiel grâce à la
co-innovation ou encore la publicité gratuite faite par la
communauté de marque. Toutefois, la co-création peut avoir des
effets négatifs qui seront présentés ci-dessous.
94
III.2. L'influence négative de la communauté
sur la marque
a) Une communication en défaveur de la
marque

« Pourquoi y as pas de femme qui me cavale
derrière pourtant je met tjr Axe bande de mytho publicité
mensongère »
Justine**** «
mdrrrrr c vraiie on suit pas un homme a sn parfum ;) » 15 juillet,
12:12 · J'aime · 1
Youc Zeroo ******
« T'as vu Justine il me vole »
Publicité mensongère : Youc
Zeroo *******
Insatisfaction : Sevap *****
« C'est censé être anti-transpirant
et anti-odeur ? Sa ne fait aucun effet sur moi !!! »
Effet Axe « Salut
Sevap, qu'est-ce que tu entends par "ça ne fait aucun effet" ?
»
Sevap **** «
Bah sur certains déodorant que j'achète, il y'a marqué
"anti-transpirant" et "anti-odeur", pourtant dès que je m'en mets
dessus, sa ne fais pas grands effets, peut être qu'on sens l'odeur du
déo mais après une bonne heure, sa sens et sa transpire beaucoup
en dessous, mêmes si j'ai les esselles rasées ;). Alors ? une
réponse à sà ? »
21 mai, 16:14 · J'aime
Les membres de la communauté de marque constituent un
média puissant et prennent de plus en plus le pouvoir. Un pouvoir qui se
traduit essentiellement par la communication réseau, le bouche à
oreille négatif, et qui est devenu aujourd'hui une source
d'inquiétude pour les marques. Les messages des membres de la
communauté portent parfois préjudice à la marque, en
dénonçant par exemple les publicités mensongères de
la marque sur les réseaux sociaux ou bien encore en exprimant
l'insatisfaction de quelques uns vis-à-vis du produit.

Jennifer ****
Effet Axe
« Bonjour Jennifer, Nous regrettons ta
décision.
Sache que la disqualification de Frédéric est
due à une infraction au règlement
avérée....
J'aime · · 27 mai, 08:20
July ***** aime ça.
« bonjour franchement pas cool savoir disqualifier frederic
vermotte qui a fait sont max pour demande des votes a tous ces amis. donc moi
je me désabonne. »
95
b) Des freins à la participation aux
événements
Il existe des freins pouvant empêcher les membres de la
communauté à participer aux différents concours
initiés par la marque et donc à co-créer :
? Frein par solidarité aux amis
disqualifiés
Certaines personnes se désabonnement
complètement de la page "Effet AXE" par solidarité à leurs
amis. Ceci constitue un inconvénient pour les marques qui misent
beaucoup sur la créativité de sa communauté pour se
développer.
? Frein relatif au niveau élevé
des participants au jeu d'« Anarchy Run » :
La co-création d'expériences dans l'exemple d'
"Axe Boat" est limitée aux membres qui arrivent à battre les
meilleurs scores du jeu « Anarchy Run ». D'autres membres se trouvent
donc marginalisés, oubliés et ne participent pas à
l'événement, malgré l'attachement qu'ils éprouvent
envers la marque. Cette sélection préalable peut aboutir à
une certaine insatisfaction et peut nuire à l'image de marque. Les
événements de participation doivent être ouverts à
tous, du moins à la cible de la marque.
96
Synthèse des principaux résultats de
l'étude qualitative :
Les effets de la co-création des
communautés de marque
Les résultats de l'analyse netnographique confirment et
complètent ceux de l'analyse qualitative exploratoire. Les
communautés de marque par le biais de la co-création influencent
les marques. Cette influence peut être aussi bien positive que
négative.
1- La co-promotion et l'image de marque
La co-promotion, une des formes de co-création
joue en faveur de la marque. On assiste à une véritable
communication en réseau sous forme de bouche à oreille, les
membres échangent, transmettent les informations sur la marque à
grande échelle et participent activement à l'élaboration
des campagnes publicitaire. De ce fait, ils contribuent à
l'amélioration de l'image de marque. Shaun, Muniz et Arnould (2009)
parlent des pratiques de gestion d'impression qui se définit ainsi
« La gestion de l'impression concerne les pratiques
permettant de créer des impressions favorables à la marque,
d'engendrer des avis enthousiastes, par exemple, les membres d'une
communauté vont agir comme des ambassadeurs de la marque et justifient
ainsi leur appartenance à la communauté. » Les clients
deviennent messagers de la marque par la diffusion de messages positifs et
pratique du bouche à oreille auprès de leurs pairs (Mc Alexander,
Schouten. J et koenig (2002))
Cependant, les effets de la communication sont parfois
négatifs : tout est commenté très rapidement et cette
vitesse et ampleur de circulation représente une véritable source
d'inquiétude. (Cova et Carreère, 2002) à travers
l'étude de l'exemple de la communauté de Star wars souligne que
les communautés sont loin de n'être que de regroupements de fans
béats à s'émerveiller de toutes les nouvelles
productions... Bien au contraire, Certaines d'ente elles sont
constituées d'experts critiques et créatifs capables de s'opposer
aux idées et même de proposer des productions alternatives. Ces
mêmes auteurs avancent qu'une partie de la gestion de l'image de marque
leur échappe, au profit de ces regroupements des
97
consommateurs et que sur le Net, l'image est toujours
susceptible d'être transformée, manipulée (Weill, 2000) par
les actions des communautés de fanatiques de la marque.
Fanny Reniou (2009) met en avant qu'il peut être
dangereux d'inciter, voire d'aider les consommateurs à créer des
éléments de communication. En effet, des opposants à la
marque risquent de profiter de l'occasion pour créer des messages
dénonçant ce qu'ils considèrent comme les travers ou
mauvaises actions de la marque. Sur le marché américain une
marque de 4X4 ayant proposé aux internautes de créer leurs
propres spots publicitaires a vu fleurir sur le réseau des spots
dénonçant le caractère polluant de leurs véhicules.
Cette dérive peut être d'autant plus préjudiciable que les
plates-formes d'échanges de vidéos du type YouTube ou Dailymotion
peuvent être des relais médiatiques très puissants des
vidéos ainsi créées. Dans la mesure où le
consommateur « touche » à la marque, il n'est donc pas
impossible de voir des effets négatifs pour l'image de la marque (Fanny
Renniou, 2009)
2- La co-innovation et la prise du risque
La co-innovation est une autre forme de
co-création, a aussi des effets positifs pour les marques (exemple :
extension de gamme ou encore extension de marque), et contribue ainsi à
l'obtention des avantages concurrentiels. Les communautés de marque
constituent un puissant marché pour les extensions de marque. (Mc
Alexander, Schouten. J et koenig (2002)
Leroy (2008), souligne que les clients sont eux mêmes
ingénieurs dans les entreprises. Ils proposent en tant que clients, des
nouvelles caractéristiques de produit et les développent
eux-mêmes, les mettent en ligne tout comme ils gèrent la
chaîne de production.
L'étude de Cova et Ezan (2008) sur la communauté
de Warhmmaer montre qu'en avançant dans sa propre expertise, le
consommateur de Warhammer ne va plus se contenter des produits
commercialisés par la marque. Il est alors amené à revoir
les produits lancés sur le marché et à créer de
nouveaux produits. Il détecte même les incohérences des
stratégies proposées et il essaie d'y remédier. La
richesse et la diversité des richesses des connaissances de ces experts
sont des atouts majeurs du groupe de travail lorsque l'objectif est
d'intégrer les usages utlisateurs liés à la conception.
Cette catégorie de clients représente une variété
qui s'avère être un atout supplémentaire au niveau de la
créativité du groupe. La synergie des communautés de
marque avec la marque permet en effet de dégager les meilleures
idées. (Slim et Mathieu, 2010)
98
Toutefois, la co-innovation n'est pas à l'abri
d'échec. Il ne faut pas oublier le facteur risque que les marques
doivent prendre en considération lorsqu'elles font appel aux
communautés pour créer avec elles. Levitt (1960) considère
que le consommateur est myope et ne peut pas se projeter dans le futur. La
collaboration avec le consommateur est inutile et aboutit même à
des échecs d'innovation. Gallouj (1991) a également
précisé que cette forme d'innovation peut s'avérer
inopérante en raison de l'incompétence du consommateur. Ulwick
(2002) a confirmé ce point de vue en affirmant que les informations
provenant du client ne sont pas fiables, car la plupart du temps, le contexte
dans lequel se trouve l'utilisateur lors de sa contribution conditionne la
fiabilité de l'information donnée par le client. Marc et al
(2008) estiment que certains clients sont complètement improductifs
quand d'autres sont profitables à l'entreprise. 23
Cova et Carrère (2002) avancent que les consommateurs
sont de plus en plus nombreux à adhérer à internet et aux
communautés en ligne. Ils utilisent ce média à leur
façon pour organiser une forme de résistance. Les auteurs parlent
de pouvoir et contre-pouvoir ou contreproposition des communautés qui,
aujourd'hui, veulent s'accaparer le pouvoir sur les marques.
3- L'effet miroir et les conséquences
L'effet miroir n'est que le reflet de la perception qu'on les
consommateurs sur la marque. La rétroaction, le feedback permet à
l'entreprise de prendre en considération les opinions des sa
communauté, afin qu'elle réponde plus efficacement à leurs
attentes.
Pour Cova et Ezan (2008) « les nombreux contacts
entretenus avec d'autres passionnés incitent très largement le
consommateur à donner son avis dès que sortent les
nouveautés. Il le fait auprès de son groupe d'amis mais
également en discutant avec les vendeurs du magasin qu'il a l'habitude
de fréquenter. Les plus passionnés d'entre eux se rendent
volontiers sur des forums pour donner leur avis sur une nouvelle figurine ou
une nouvelle maquette. Ces critiques, qu'elles soient positives ou
négatives sont reçues favorablement par la marque. L'objectif
ici, n'est pas tant de faire évoluer l'expertise collective de la
communauté mais
23 Cité par Hekma Slim & Jean Pierre
Mathieu (2010). "A la découverte des capacités anticipatives du
client pour une meilleure maitrise des risques de l'entreprise"
99
d'apporter des renseignements précieux aux managers de
l'entreprise pour améliorer concrètement les produits. » Ils
donnent l'exemple de la communauté de Warhammer :
« De même, les parties entre amis, les tournois ou
les événements dédiés à la marque sont des
occasions récurrentes permettant au consommateur de Warhammer de
détecter les failles du concept. Il perçoit notamment des trous
dans la gamme et fait remonter l'information auprès du « staff
». Grâce à ce reporting organisé par G.W., de
nouvelles figurines sont lancées chaque année et correspondent
bien évidemment aux attentes des passionnés. »
4- Développement de la relation avec la marque
Cova et Carrere (2002) soulignent que contrairement aux
idées reçues, les consommateurs agissent plus par passion envers
la marque que par intérêt économique. Mais, cela fait
basculer la relation des consommateurs avec la marque de la défense
d'intérêts quasi-corporatistes à la guerre de religion. Il
faut certes, établir un dialogue entre la marque et ses consommateurs,
mais, l'interaction doit être constructive te non défensive.
Grâce aux nouvelles technologies, la relation devient
encore plus proche ; elle est basée sur l'attachement, la
fidélité et le partage. Cependant, la marque doit veiller
à ce qu'elle ne disparaisse pas dans une posture axée sur la
proximité. Elle doit rester aspi rationnelle.
La relation doit se fonder sur « la distance proche
» un oxymore qui fait référence à une relation de
proximité liée à un véritable dialogue et
échange continu avec la marque, tout en gardant la distance d'une marque
forte. (Thierry Maillet, 2009). Il est donc évident que la marque noue
de bonnes relations avec sa communauté lorsqu'il s'agit de
co-créer avec elle. Celle-ci est à l'écoute des besoins de
ses consommateurs et essaie d'y répondre.
100
Conclusion Générale
Aujourd'hui les membres des communautés de marque
participent davantage et de manière active à la stratégie
publicitaire de la marque, à l'amélioration de l'image de marque,
à la conception de nouvelles offres pour la marque etc. Tout au long de
ce travail de recherche, nous avons voulu apporter des réponses à
la problématique suivante : Comment les communautés de marques
peuvent-elles influencer la marque par le biais de la co-création ?
Nous avons effectué un rapide état de l'art de
la littérature en s'appuyant sur les articles fondateurs de Vargo et
Lush qui ont initié le courant de recherche de la logique dominante de
service, dans lequel s'inscrit le concept de co-création. Nous avons
donc suivi l'évolution (de façon chronologique) du courant de
recherche afin de comprendre comment le concept de co-création a
émergé, comment le statut du client est passé d'un statut
de consommateur à un statut de producteur et comment l'expérience
client contribue à la création de valeur pour la marque etc. De
plus, nous avons voulu clarifier le concept de co-création qui se
prêtait à quelques confusions avec d'autres notions voisines comme
le crowdsourcing, le marketing participatif ou encore le consumer made. Cette
distinction a permis d'ôter toute sorte de confusion. Mais, les nuances
de sens restent encore perceptibles. Nous avons également recensé
les formes de co-création et traité le rôle des
communautés de marque dans la création de valeur pour la
marque.
Le chapitre 1 de l'analyse qualitative a mis l'accent sur les
motivations à la participation : Des motivations non seulement d'ordre
intrinsèques : nous avons retrouvé notamment le divertissement,
mais aussi d'ordre extrinsèques comme le gain, l'exercice d'une
influence et l'expression de soi etc.
Outre la participation, l'interaction entre inter-membres et
entre les membres et la marque constitue un élément
déterminant et incontournable qui permet de créer de la valeur
pour la marque. A partir de cette interaction et de ce dialogue naissent les
meilleures idées d'innovation, de conception de nouveaux produits. Les
pratiques des membres de la communauté ont un impact direct sur la
marque et les effets sont multiples : L'innovation et/ou les échecs
d'innovation, la communication en faveur et/ou en défaveur de la marque,
l'amélioration et/ou la détérioration de l'image de
marque, la résistance des communautés de
101
marque face au changement qui constitue un frein à
l'évolution de la marque, le repositionnement de la marque...
Les recherches nétnographiques en général
mettent en évidence que les consommateurs, sur le Net apparaissent plus
actifs, plus participatifs, plus résistants, plus activistes, plus
ludiques, plus sociaux et plus communautaires qu'ils ne l'ont jamais
été auparavant. (Cova et Carrere, 2002). C'est la raison pour
laquelle, nous avons consacré le chapitre 3 du mémoire à
une étude netnographique du cas de la marque "Axe".
Ce chapitre avait pour objectif d'illustrer et de confirmer
à partir d'un exemple concret les résultats de l'étude
qualitative des entretiens. Nous avons donc retrouvé les mêmes
effets de co-création sur les marques, notamment : l'innovation,
l'amélioration de l'image de marque, la communication à grande
échelle, la résistance de certains consommateurs à la
participation aux concours des marques etc.
L'étude netnographique a également permis de
dégager une nouvelle typologie de co-création à savoir :
la co-création mineure et la co-création majeure. Cette typologie
se base sur deux critères le temps (le long et le court terme) et le
degré d'interaction (faible ou forte interaction).
? Les limites de la recherche :
La première partie de ce mémoire présente
des lacunes au niveau du développement théorique du concept des
communautés de marque. La recherche s'est focalisée plus sur le
concept de co-création au détriment du concept de
communauté de marque. Nous aurions du creuser davantage dans la
littérature des communautés de marque afin de dégager
d'autres éléments d'analyse nécessaires à la
recherche.
La principale limite de la partie empirique est la
généralisation des résultats. Les recherches sur internet
présentent en général quelques limites. En effet,
l'interprétation de l'information doit être fiable. Or, sur
Internet, le chercheur peut être confronté à une
déformation des informations en ligne et la généralisation
des résultats pose problème.
L'étude exploratoire des entretiens avec les experts et
avec les consommateurs est limitée en termes de nombre de
répondants. L'étude netnographique s'est contentée d'un
seul exemple illustratif de la communauté de la marque « Axe
». Pour que les résultats soient généralisables, il
faut illustrer par un deuxième exemple d'une autre marque.
Néanmoins,
102
nous avons pu recourir au problème de
généralisation car les deux analyses ont aboutit à des
résultats similaires. Les résultats de l'étude
netnographique ont confirmé ceux de l'analyse qualitative des
entretiens.
? Implication managériale et voies de
recherche :
Avec l'apparition du consommateur collaborateur, les
entreprises sollicitent plus que jamais les idées des consommateurs
créatifs pour innover ou concevoir de nouvelles offres et de nouveaux
produits.
A travers, ce mémoire nous affirmons que la
co-création a de multiples avantages pour les marques et que celle-ci
bénéficie d'un véritable atout. En effet, grâce aux
nouvelles technologies, les entreprises ont un accès facile, rapide et
peu coûteux à la connaissance détenue par le consommateur.
Un consommateur appartenant à des communautés de marque, un
consommateur expert en la matière, un consommateur engagé plus
que jamais dans la vie d'une marque, voulant ainsi contrôler son image.
En acceptant le dialogue et l'interaction, les entreprises se rapprochent des
préoccupations des membres de sa communauté, mais encourent le
risque de perte de contrôle sur les marques. Les membres des
communautés en deviennent les ambassadeurs et gèrent
l'identité de la marque.
Les managers doivent ainsi limiter les risques de
contrôle et de dérives qu'ont les consommateurs sur les marques.
Ils doivent savoir quand est-ce que le recours à la co-création
est favorable à la marque et ils doivent savoir
rééquilibrer le pouvoir et le contre pouvoir des consommateurs et
initier une démarche de co-pouvoir. Ici se pose alors de nombreuses
questions : Quel est le niveau de contrôle sur les marques, dont doit
bénéficier les membres d'une communauté de marque? Et
comment fixer des limites aux membres d'une communauté de marque?
103
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109
Table des tableaux
Tableau 1 : Transitions conceptuelles 18
Tableau 2 : Clarification du concept de co-création
23
Tableau 3: Les phases de collaboration et types de
consommateur leur correspondant 31
Tableau 4: Récapitulatif des formes et outils de
co-création 32
Tableau 5: Points communs et différences entre les deux
entreprises qui ont fait l'objet de
l'étude qualitative 42
Tableau 6: Profil des répondants : les experts 42
Tableau 7: Guide d'entretien des experts 43
Tableau 8: Grille finale des thèmes : les entretiens
avec les experts 45
Tableau 9: Etude comparative : Accès à la
créativité et aux avis des consommateurs 56
Tableau 10: Profil des répondants : les membres des
communautés de marque 58
Tableau 11: Guide d'entretien des membres des
communautés de marque 59
Tableau 12: Grille finale des thèmes : les entretiens
avec les membres des communautés de
marque 60
Tableau 13: Données sur les deux
événements participatifs 72
Tableau 14: Illustration de la typologie de co-création
par les deux événements participatifs de
la marque "Axe" 85
Tableau 15: Tableau de synthèse: Etude comparative des
deux événements participatifs 86
Tableau 16: Communication unilatérale vs communication
multilatérale 90
110
Annexes : Les entretiens avec les experts
111
Entretien Yannig. Durée : 46 min
Je vous remercie de bien vouloir répondre
à cet entretien qui s'intègre dans un travail de recherche dans
le cadre d'un Master de recherche effectué au sein du master recherche
Marketing et Stratégie à Paris Dauphine. Il permettra d'illustrer
une étude théorique sur la question. Merci de votre
collaboration.
1) Questions générales
Pouvez-vous me décrire une récente
opération de co-création, une idée qui a été
retenue et a gagné un concours par exemple, la plus récente ou la
plus intéressante ?
Euuuuh la plus intéressante, la dernière,
à laquelle je pense. Euuuh parce que tu me demandes un exemple de
co-création, c'est un exemple dans lequel à la fin du concours
les gagnants ou le gagnant, finnnn deux des gagnants ont été
invités par la marque pour faire un workshop enfin, une réunion
et discuter des idées. C'est pas le dernier du tout, ça c'est
ça eu lieu y a quelques mois, mais, pour moi si tu me demandes un
exemple de co-création, je préfère te donner ça
parce que à la fin du concours, s'il n y a pas d'interaction c'est moins
de la co-création pour moi. Donc, du coup, je vais te donner celui
là.
C'était pour Danone, qui en Turkie voulait relancer sa
marque de yaourt qui s'appelle tigvechry,.. ;c'est un yaourt un peu crusted
avec une croûte..., je l'ai pas goûté. En tout cas, ils
voulaient relancer cette marque là en Turkie.......Ils ont fait un
concours sur e-Yeka pour benh voilà, je vous décris le yaourt, le
produit etc, je vous dis a peu prêt comment je veux le positionner, et
puis faites nous, proposez nous une publicité pour ce yaourt quoi. Ce
concours là a été caché sur la plateforme d'e-Yeka,
c'est-à-dire qu'il n'était pas visible sur e-Yeka pour des
raisons de confidentialité de la marque, qui voulait pas que ses
concurrents sachent que ce yaourt allait être lancé etc. Mais, au
bout de je sais pas combien de temps, un ou deux mois, parce que c'était
un concours de contenus, fin de génération de contenus,
d'idées, de vidéos etc. Y a deux gagnants qui ont
été choisis, y en un qui était Espagnol et l'autre
Portugais ou quelques chose comme ça ou Italien et Portugais, je ne me
rappelle plus trop. En tout cas, ils viennent pas de Turkie, euuuh, ils ont
été invités par Danone bennnh à assister avec deux
ou trois personnes d'e-Yeka à faire un workshop dans les locaux de
Danone en Turkie et ils ont discuté de leur concept, il y avait leur
agence de pub etc. Et du coup, ils ont parlé entre consommateurs donc
créatifs donc eux (les gagnants), puis la marque et l'agence de pub. Ils
ont un peu parlé de pourquoi ils avaient cette idée là :
c'était une chaussette qui parle comme ça dans la pub, une
idée toute simple, mais ça a plu à la marque et donc
voilà.... Et ensuite, euuuh ça plus grand chose avoir avec la
communauté, et ensuite ces concepts là, donc le concept de la
communauté et puis deux ou trois autres concepts de l'agence de pub et
puis des internautes. Les idées de pub ont été
testées auprès du panel représentatif de leur cible etc.
Et, je ne connais pas exactement le résultat de ce test là. Mais
en tout cas, pour moi, dernièrement, c'est l'un des meilleurs exemples
de co-création, dans le sens où il y a une interaction quoi. Il y
en a eu d'autres ahhh, il y en a eu d autres, où les créateurs
ont été invités chez e-Yeka aux pays bas etc. ... bien
sûr il y a eu plein de concours depuis. Mais, c'est le dernier auquel je
peux penser.
112
Pourquoi la marque a choisi cette idée et pas
une autre? Qu'est ce qu'il a apporté de plus ce consommateur
créatif ?
Ce gars là, ce qu'il a apporté, j'ai bien vu la
vidéo, c'était une animation, c'était pas du vrai, des
vrais acteurs etc. C'était plutôt de l'animation avec des petites
formes qui se baladent... C'était pas très élaboré.
Mais ils avariant beaucoup aimé le message, le ton et la fraîcheur
du message... Au fait ce qu'ils aiment beaucoup beaucoup les clients qui
viennent chez E-yeka c'est la fraîcheur.
Ce que nous on appelle la fraîcheur c'est tout
simplement, que ils ont des agences, surtout les grosses boîtes ont des
agences de pub ou d'innovation, avec lesquelles ils travaillent très
souvent, avec lesquelles ça se passent souvent très bien, parce
qu'ils se connaissent etc. Mais, quand ils cherchent des idées vraiment
nouvelles ou un peu différentes ou parce qu'ils sont à court
d'idées, parce que c'est le principe à la limite de voir e-Yeka.
Ils vont voir une communauté comme ça qui ne connaît pas
tellement la marque, pas tellement le produit, et qui va complètement se
lâcher. Et du coup, ce qu'apprécie la marque dans deux ou trois
créations là, je pense qu'il y en avait deux, c'est que tout
simplement c'était différent, c'était une approche
complètement différente de l'approche de leur agence pour voir
leur produit yaourt. Donc, c'est ça souvent ce qu'ils apprécient
chez e-Yeka, et ça se trouve dans quasiment tous les projets, ce que
nous, on appelle ça la fraîcheur.
2) Profil du consommateur
Et pour le profil du consommateur, qui participe
à ces opérations de co-création ? Est-ce qu'il y a un
profil idéal pour vous, je sais pas par exemple, des consommateurs qui
appartiennent à une communauté de marque qui sont plus
engagés envers la marque par exemple... ?
Euuuh, pour e-Yeka, il n y pas du tout de profil idéal
ou de profil type. C'est très hétérogène. Rien que
la semaine dernière, on avait un petit déjeuner avec des
créateurs français de Paris. Avec les moyens du bord, on avait
invité que des gens de Paris euuuh. Déjà, rien que
là, dans les quatre ou cinq personnes qu'on avait, ils y avaient des
gens très différents, en termes de centre
d'intérêts, de boulots, d'activités professionnelles et
puis en termes d'activités sur e-Yeka. Donc, il y avait une dame qui
n'était pas du tout dans les métiers créatifs, mais qui
était euuh, qui aimait bien participé, le week end, elle aimait
bien faire ça. Il y avait un petit collectif de trois jeunes qui
faisaient que des vidéos et qui aimaient bien s'éclater
là-dessus. Et y avait un gras qui était quasiment pro très
pro et qui vivait pas par e-Yeka bien sûr mais qu'il faisait ça
quand il avait le temps (des concours).
Déjà à ce niveau là, il n'y avait
pas vraiment de profil type, à l'échelle de toute la
communauté encore moins, il n y'a pas du tout de profil type. Euuuh,
à la limite ceux auxquels je pense, ça serait peut être les
gens qui viennent le plus, mais bon, c'est pas un profil type, c'est juste une
segmentation par CSP pas par CSP, fiin, par âge ou par profil ; c'est des
étudiants qui sont dans des écoles de design, des
étudiants dans des écoles de d'activités créatives.
Donc des étudiants qui font ça pour s'exercer. Euuuuuh, il y'a
aussi des professionnels de la création, qui font ça quand ils
ont du temps. Parfois c'est des pro aussi, mais c'est pas leur activité
principale. Y a des gens, qui font ça, qui ne sont pas du tout dans les
industries créatives et qui font ça parce que ça les
éclate. Y en a qui gagnent et d'ailleurs à la limite, c'est
souvent des gens qui rendent pas forcément des trucs super ...etc. Mais
qui aiment bien se creuser la tête sur un sujet précis, n'importe
quel sujet mais qui aiment bien se creuser la tête.
113
Il n y a pas de profils type en termes de marque, ou
d'appartenance à une communauté de marque. C'est pareil y a pas
de...En fait, on n'a pas du tout ça dans le profil des participants
entre guillemet. On demande pas ça, on demande pas s'ils font partie
à d'autres communautés ou quelque chose comme ça. Parfois,
y a des clients qui disent : "j'aimerais bien que seuls des consommateurs de ma
marque participent au concours, que seuls des femmes de tel âge à
tel âge, parce que c'est leur cible". Et à chaque fois, ce qu'on
leur dit : "C'est pas le principe, s'ils veulent le faire et avoir quelque
chose de très ciblé, ils vont voir une agence ou voir un designer
seul, que lui pourra leur faire quelque chose pour cette cible là.
Le principe même d'e-Yeka, c'est ce que je disais tout
à l'heure, la fraîcheur et la créativité des
idées. Quand une marque demande un profil particulier de participants
etc, nous, on segmente pas, on voit tout le monde.
Le dernier truc que je voulais dire, ah si voilà, c'est
par contre, ce qu'on leur propose quand ils veulent faire ça, c'est
qu'on leur propose de faire le concours sur e-Yeka au début, c'est
forcément très exploratoire, il y a de tout. Et puis ensuite,
d'aller discuter ces idées là avec leur communauté de
marque à eux. Ils sont peut être une page Facebook, ils ont peut
être une communauté de marque sur une plateforme
dédiée, je sais moi, je sais qu'il y a Danone communities, qui
est très très, un peu, euh euh, c'est une organisation de
charité, tout ça, de Danone. Donc à la limite, si
quelqu'un faisait un concours pour quelque chose comme ça, ils
pourraient aller voir cette communauté et discuter avec eux.
Pour moi, entre la création, et avoir des idées
en général, le principe c'est qu'ils soient explosés, et
le fait de discuter et de cibler, c'est pas une chose dont on peut
séparer, donc on va pas demander qu'à une seule partie de
créer, c'est tout le monde qui créée. C'est une
différence avec la communauté de marque comme je te l'avais
dit.
3) Les effets de la participation sur la marque
Et pensez vous qu'il soit important que le
consommateur fasse part de ses idées nouvelles pour faire
développer une marque ou pour faire évoluer une marque
?
C'est important que l'entreprise demande son avis au
consommateur, bien sûr ça a toujours existé ça, on
va pas appeler ça co-création, c'est pas nouveau, et puis il y a
les études de
marché, des focus group et des brain storming etc Par
contre, ce qui est nouveau : c'est que les marques le fassent de plus en
plus le fait, par exemple, Danone c'est notre plus gros client, y'en a d'autres
ou encore des grosses marque comme ça, qui n'ont pas peur de prendre le
risque, parce que bon ils ont le budget, ils ont les moyens. Mais, ils ont peut
être un plus de courage que d'autres, qu'ils fassent
systématiquement appel à la créativité des
consommateurs pour des problématiques comme celle que tu vois sur
e-Yeka, pour innover ou pour trouver une nouvelle idée de produit ou
pour rafraîchir la marque ou repositionner un produit etc. Avant,
ça typiquement, c'était toujours fait systématiquement par
les professionnels : les agences, les freelances etc. Ce qui est assez nouveau,
c'est maintenant, c'est qu'on demande à une communauté, un
intermédiaire défini comme e-Yeka finalement c'est un
intermédiaire, mais, que derrière, en fait, y a plein des gens
complètement indéfinis et ils se trouvent que se soient souvent
des consommateurs, et donc, ça c'est nouveau et aujourd'hui si on parle
de co-création de la marque, ils savent ce que c'est, fiiin, ils savent
que c'est impliquer le consommateur. Aujourd'hui ce qu'il faut savoir c'est que
e-Yeka c'est de la co-création dans le sens où il y a de
l'interaction régulière, c'est pas des focus group en ligne ou
quelques chose comme ça, c'est plutôt de la co-création
dans le sens nous, on est là
114
pour proposer aux entreprises une manière simple
d'être créatifs et surtout de solliciter les consommateurs
Donc voilà, pour moi, c'est une évolution
logique, dans le sens où aujourd'hui, on a les moyens d'impliquer le
consommateur dans la génération d'idées créatives,
dans la génération des concepts créatifs pour la pub, tout
ce qui est créatif. Avant la créativité des consommateurs
ou des gens dans le monde entier, on n y avait pas accès. Aujourd'hui,
grâce à internet et des communautés comme e-Yeka, y en a
d'autres ennnh, aujourd'hui, on y a accès. Donc, les marques en
profitent de plus en plus, pas toutes encore, maiiis, c'est peut être pas
le but que tout le monde le fasse, mais voilà ça se fait de plus
en plus.
Avez un exemple d'une marque qui a
évolué grâce aux idées des consommateurs, plus
précisément la communauté des consommateurs ?
Mmm, ça c'est une bonne question ça... euuuh je
sais que le le, alors, ça serait prétentieux de dire que Coca
Cola a évolué grâce à e-Yeka, pas du tout. Mais, je
sais que, Coca-cola quand ils ont fait le concours l'année
dernière en Asie et dans le monde entier d'ailleurs, pour demander
à la communauté de .... Alors c'était "Energizing
rafraichissement" c'était un peu leur slogan de marque, leur
crédo de marque etc. Ils se disaient, bennh au lieu de ... Ils se
disaient, on va demander au monde entier, à la communauté e-Yeka
de livrer leur propre interprétation de ce message avec les
vidéos, les prints etc ..... Et donc, au moment, où ils l'ont
fait, je sais pas ce qu'ils attendaient.... Mais, je sais que à la fin,
dans le... le résultat est dans la perception qu'a eu Coca-Cola de ce
concours, c'est qu'il se sont rendus compte que la technique de crowdsourcing,
donc faire appel à une masse de gens comme ça, où la
co-création, dans le sens de solliciter les idées des
consommateurs dans le monde entier, quelque soit le nom qu'on lui donne...que
ça a eu un effet très important sur l'organisation
elle-même, dans le sens où ils se sont dits, que c'est une chose
qu'on va faire de manière plus systématique pour avoir des
retours authentiques de la part des consommateurs du monde entier.... C'est pas
forcément quelque chose, qui qui, c'est pas plus précis que des
focus group ou ce genre de chose, c'est pas plus profond non plus, que des
entretiens ou de l'observations en profondeur des consommateurs... mais
ça permet de manière rapide et globale d'avoir en fait,
énormément de retours sur la perception que les gens ont de ta
marque en fait, Coca-Cola en l'occurrence.
Je sais que Coca-cola a utilisé le contenu ou en tout
cas, tout ce qu'ils ont perçu ou tout ce qu'ils ont reçu, retenu
comme contenu pour en fait repositionner un petit peu différemment la
marque dans le monde. Ils n'ont pas repositionné la marque grâce
à e-Yeka. Mais, ils se sont dit, nous si on veut surprendre en tant
qu'une marque, c'est leur objectif, c'est leur crédo. Ils faut qu'on
aille un peu dans l'autre sens et dans un sens différent de ce que tout
le monde
nous dit, voir de coca-cola
Pour eux au fait, avoir ce gros appel à la
créativité, ils ont beaucoup apprécié et ils se
sont dits bennnh genre pouvoir le réutiliser, mais surtout, ça
nous aide aussi de repositionner notre marque, pour qu'on soit toujours plus
frais, plus surprenant pour les consommateurs.
Un nouveau regard, ils veulent véhiculer un
nouveau regard sur la marque auprès des consommateurs.
Voilà, voilà, c'est finalement une foule de gens
comme ça, c'est très réactifs, ils vont interpréter
ce que tout le monde, fin ce que véhicule déjà la marque,
ils vont pas réinventer des trucs nouveaux, fiiinnn fiiin, c'est
réinterpréter ce que fait déjà la marque et du
coup, on y a accès de manière rapide, globale et relativement peu
chère en plus à plein gens qui te le disent de manière
visuelle, voilà comment je perçois ta marque. C'est un bon moyen
pour eux
115
de se réinventer plus facilement et puis rapidement.
J'irai pas jusqu'à dire qu'ils ont évolué en tant
qu'entreprise. Mais je sais que cet appel à la création, ce
concours, les a aidé à positionner leur marque de manière
toujours plus fraîche.
Et, j'ai eu une question comme ça : Est-ce
c'est important que les concours soient gratifiants, ou encore de
rémunérer les consommateurs qui gagent... Je pense qu'il y a des
gens qui participent sans retour, c'est-à-dire sans éprouver le
besoin d'avoir une contre partie
Déjà, statistiquement dans un concours, fiiinn
statistiquement ou mathématiquement quelque soit le cas, il y a plus de
perdants que des gagnants, parce que c'est un concours où ils y a peu de
prix. Finalement, le fait que les gens participent pas pour l'argent c'est
vrai. Voilà. Mais Sauf qu'on peut pas dire que les gens, ce qui ne veut
pas dire que les gens participeraient s'il n'y avait pas d'argent en fait. On a
fait deux, trois, quatre concours sans récompense pour des trucs, des
sujets vraiment facile d'accès, rigolos etc. L'année
dernière, c'est genre la fête des mères ou je sais plus
quoi, juste en France, et ça n'a pas marché. Donc, Je pense que
même les gens qui ne participent pas pour l'argent, premièrement
pour l'argent, ils ne participent pas ou peu, ou très peu de gens
participent s'il n'y a aucun prix. Je pense pas que ça avoir avec
l'argent, le fait de gagner de l'argent, je pense que c'est juste le fait
d'être pris au sérieux, d'envoyer le signal "je prends au
sérieux votre effort, votre créativité ce que vous allez
nous rendre ". Ce dont on se rend compte aussi, c'est que pour des concours
comme les concours vidéos, que nous on appelle ça, fiiin, les
concours, c'est très discriminants, c'est-à-dire qu'au lieu
d'offrir 10000 euros (10 fois 1000 euros) ça marche beaucoup mieux
d'avoir 5000, 3000 et 2000 donc c'est juste trois prix, moins de prix, plus
élevé plutôt que d'avoir plus de prix mais un peu la
même chose.
C'est un peu pareil, c'est finalement, les gens ont moins de
chance de gagner mais, ils participent quand même davantage.
Donc, c'est absolument indispensable de
rémunérer les gens qui participent mais pas dans le sens de
rémunération individuelle, dans le sens proposer un prix
décent quoi, et encore une fois ça motive exactement.
Les gens, quand on leur demande : ils vont dire je participe
pour gagner de l'argent, quasiment jamais. D'ailleurs, mais si on leur offre un
prix, déjà la motivation elle, est là, et du coup, si on
organise un concours sans argent, désolée pour l'expression mais
"c'est un peu prendre les gens pour des cons". On peut pas faire ça,
parce que même si les gens participent pas pour l'argent et qu'il y a
plein de gens qui n'ont jamais gagné et qui continuent et qui adorent
faire ça, faire un concours sans rémunération ou sans
récompense je préfère dire ça c'est envoyer un
mauvais signal c'est pour ça que ça marche pas,
Après peut être que c'est différent dans
d'autres communautés, peut être que leur motivation est plus
portée vers le bien social ou l'altruisme etc. Mais, il se trouve
qu'e-Yeka c'est une certaine communauté avec une histoire et des
concours, avec une historique de concours etc. Ce qui fait, qu'aujourd'hui, on
ne peut pas proposer à la communauté e-Yeka des concours sans
rémunération, comme je disais, entre guillemet "c'est prendre les
gens pour des cons", ça se fait pas et on sait que ça marche
pas.
Conseillerez-vous à toutes les marques
d'adopter la co-création pour évoluer et se développer
?
Je pense pas qu'une marque qui soit peu connue, et qui soit,
dont les produits soient peu intéressants, peu intéressants pour
le grand public c'est ce que je veux dire, qu'il y a intérêt de
faire un concours, en tant que tel sur e-Yeka Il y a des marques qui ont fait
des concours
116
sur e-Yeka euuuh ....Il y avait, ché pa moi. Chez
Macdo, par exemple, ils font des puces pour les cartes de crédit ce
genre de chose des choses à priori pas forcément très
amusantes. Mais dans ce cas là, ce qu'il faut faire, c'est essayer de
reformuler le brief de manière rigolote ou créative. Donc, euuuh,
ou alors il y avait une entreprise qui fait euuh, c'était même pas
une entreprise qui faisait de la distribution, c'était une entreprise
qui vendait des solutions de distribution à de grands groupes comme
Carrefour etc, ils ont fait un concours sur e-Yeka et en tant que tel
franchement ça intéresse pas grand monde fiiiin à priori,
et du coup, ce qu'il faut faire c'est qu'il faut essayer de reformuler le
problème. Nous ce qu'on avait fait, c'est qu'on avait inventé une
histoire, c'est votre assistant shopping, qu'est ce qu'il peut faire pour vous,
tu vois !! On avait utilisé donc une technique de projection, et du
coup, ça a motivé pas mal de gens à participer à
imaginer comment la relation client pourrait être grâce à
Nestor. La marque a beaucoup aimé, elle a bien vu, fiiin elle a
accepté l'entreprise plutôt, elle a accepté qu'on lui mette
cet intermédiaire là, cette technique et quand ils avaient vu le
résultat .... Ils ne voyaient plus que Nestor Nestor, parce que les
créatifs avaient imaginé Nestor et voyait bien ce qu'il y avait
derrière et ce qu'il pouvait faire.
Donc même pour les entreprises dont le secteur
d'activité est un petit peu difficile ou pas évident pour le
consommateur c'est possible. Après, est ce que je conseillerai, je suis
pas sure, je pense que, ça dépend de ce qu'on veut au fait, si on
veut innover ça va être difficile de demander aux gens d'inventer
quelque chose de super technique, si on veut peut être dans le marketing
faire faire participer les gens au marketing de sa marque ou faire des pubs
c'est pareil ça marche.
J'ai pas vraiment de... finn, déjà je dirai non,
je pense pas que ça soit bon pour toutes les marques, mais j'ai pas
vraiment de justification pour ça, c'est juste que je pense que c'est,
au fait on sait que les concours marchent bien pour les marques qui sont
connues, quand c'est des marques de grand public qui parlent à tout le
monde Coca-Cola et après on a très bien réussi à
faire des concours pour des marques complètement inconnues... Mais, je
pense que ça suppose une certaine ouverture, une certaine culture
d'entreprise propice à l'ouverture et à la
créativité, aux idées des autres etc.
Je ne me suis jamais posée la question pour être
honnête, mais à priori, je dirai non, mais peut être parce
qu'on aurait beaucoup plus de boulot si tout le monde venait nous voir, je sais
pas (rire)
Est-ce qu'une communauté en ligne peut-elle
influencer une marque ?
Oui, je pense que oui, d'autant plus qu'on a internet, depuis
on a crée des communautés, crever, animer des communautés
facilement. Il y a beaucoup d'exemples la dessus, y a, je sais pas moi ce qui
me vient spontanément en tête pour les communautés de
marque très connue, c'est LEGO tous les fans de LEGO, qui adorent faire
de Lego...
Faire évoluer les marques grâce aux
idées des consommateurs ?
Ça c'est intéressant, d'un côté il
y a faire évoluer une marque, parce que là je pense à Dell
ou Starbucks qu'ils ont fait leur communauté là. Mais est ce
qu'ils ont vraiment fait évoluer la marque, non, je suis pas sûr,
je pense que c'est l'entreprise qui a pris la décision de faire
évoluer sa marque. Après, il y a eu des petits fiascos : Dell, je
crois que c'était une histoire de batterie, qui prenait feu et Starbuks
c'était le côté exploitateur de leur production de
café etc. Donc.... ils ont pris une claque entre guillemet ils se sont
dit nous même on va faire évoluer la marque de manière
très participative et du coup maintenant, ils sont ce qu'ils sont avec
leur plateforme participative et tout.
117
Il y a un autre exemple, qui est dans un livre, qui vient de
sortir sur la co-cération, « Brand together » il s'appelle le
livre. Mais, c'est pas un livre académique, c'est juste un livre euuuh.
Une entreprise qui a sorti ça sur ses exemples, enfiiiin, c'est quand
même très bien fait.
En fait, eux, ils citent un exemple, un docteur qui parlait
dans ce livre et qui citait un exemple très intéressant : est-ce
que Porshe aurait lancer sa Cayenne le 4*4 et la Panaméra ; la grosse
voiture là, dans un monde d'aujourd'hui où tous les consommateurs
ont un pouvoir de contestation, en fait? C'est-à-dire qu'il y a deux ou
trois ans voire plus d'ailleurs y a quasiment 10 ans quand ils ont lancé
la Cayenne, ils ont pris la décision de la lancer. Il y avait peut
être des mécontents, mais bon, ça n'a pas fait grand bruit.
Donc, ils ont pris la décision de la lancer.
Aujourd'hui c'est quasiment leurs deux meilleurs produits qui
se vendent le mieux et donc Ferrari et Bentley vendent des voitures comme
ça : Bentley a sorti un 4*4 et Ferrari a, euuuh, je ne sais plus comment
on appelle ça "Sedan".
Et du coup, ce docteur se demandait dans le livre "Est-ce que
Porshe aurait fait aujourd'hui où le consommateur, il peut faire,
comment dire, faire un buzzz méditatif assez impressionnant, juste parce
qu'il n'est pas content d'un choix" ? Et du coup bennnh freiner
l'évolution de la marque. Donc moi, j'aurais plutôt... tendance
à dire, que le consommateur qui n'est pas forcément trop proactif
et qui n'est pas forcément propice aux changements, c'est logique au
fait. Mais, quand même, je serai plutôt tendance à dire que,
ça me euuuuh, je dirai plutôt que la création en tout cas,
que l'implication du consommateur, ça freinerai le changement et
l'évolution de la marque plutôt que l'accès à
elle.
Donc, je suis pas très sûr, Gap il ont
retiré leur logo après que les consommateurs aient
manifesté entre guillemet. Tropicana, c'est pareil aux USA, ils ont
lancé un nouveau packaging beaucoup plus épurés et tout.
Mais, ils (les consommateurs) adoraient juste leur grosse orange et leur
Tropicana sur le packaging. Ils ont donc retiré le packaging
Je pense pas, que l'implication du consommateur, ou leur prise
de pouvoir seront plus propice à l'évolution de la marque.
Pensez vous que la participation de la
communauté peut avoir un impact sur la marque ? La communauté
peut-elle influencer une marque ? Comment ?
Je pense que la participation d'une communauté, surtout
lorsqu'il s'agit d'une communauté de fans convaincus et
passionnés, a un impact très fort sur une marque. Plus une marque
a de fans (pas dans le sens facebook du terme, mais dans le sens de
l'attachement), plus elle prouve qu'elle a de la force et qu'elle a de
l'importance pour les gens. Par contre, il est aussi vrai que d'avoir de
nombreux fidèles de marque peut être un frein à
l'innovation, au changement, à la réinvention nécessaire
de toute marque. En effet, les fidèles sont par définition
fidèles à ce qui est, mais pas forcément à
ce qui sera (surtout lorsque cette évolution est radicale).
L'exemple de Porsche dont parle Brand Together est un exemple, mais il y en a
d'autres (
http://news.eyeka.net/2012/06/our-review-of-the-book-brand-together/).
En fait, c'est l'ADN d'une marque qui détermine un peu la valeur d'une
communauté de fidèles. Pour une marque comme Apple, chez qui
l'innovation et l'invention de nouveaux produits/services est inscrit dans son
ADN de marque, la communauté de fans est certainement bien plus propice
au changement que pour des marques moins novatrices.
4) 118
Marketing relationnel
Pensez-vous que la participation ou l'interaction
permettrait à la communauté de la marque de renforcer le lien
entre eux et avec la marque ? Pourquoi ?
Oui, c'est un bon moyen de renforcer le lien entre ces
consommateurs et une marque. Par contre, c'est forcément limité
dans le sens ou la marque parle à un public déjà acquis et
a priori déjà consommateur, voir fort consommateur, des produits
de la marque. Si l'entreprise cherche à croître en étendant
son marché, ce ne sera pas bien utile...
Pensez-vous que la communauté de marque
pourrait avoir plus confiance en la marque grâce à la
participation et l'interaction ?
Certainement, si la marque est transparente et partage des
informations qu'on n'a pas l'habitude de voir (ex : des photos de l'usine
d'assemblage de ses produits, des invitations à des
événements spéciaux, des invitations à participer
à des communautés d'initiées etc.). Si la marque parle
à n'importe quelle communauté de fidèles comme elle
parlerait au grand public, je crains que l'impact soit nul voire même
négatif, car ces fidèles s'attendent à une contre partie
pour leur passion, leur engagement. Donc oui, s'il y a transparence et
confiance mutuelle.
5) Profil de l'interviewée :
Présentez vous rapidement ? Le poste
occupé, la fonction, le cursus universitaire etc.
Je m'appelle Yannig Roth, j'ai un Master 2 Webmarketing
à l'ESSCA et suis aujourd'hui doctorant en Marketing à
l'Université Paris1 Panthéon-Sorbonne. Je travaille chez eYeka,
une société dont les concours de co-création est le coeur
de métier, et je m'occupe chez eux de la communication d'entreprise et
de la coordination des efforts de recherche qu'il est possible d'initier
grâce à l'activité quotidienne de la plateforme. Le poste
se nomme « Chargé de Recherche ».
119
Entretien Nicolas. Durée : 31 min
Je vous remercie de bien vouloir répondre
à cet entretien qui s'intègre dans un travail de recherche dans
le cadre d'un Master de recherche effectué au sein du master recherche
Marketing et Stratégie à Paris Dauphine. Il permettra d'illustrer
une étude théorique sur la question. Merci de votre
collaboration.
Je me présente : je m'appelle Ichraf Dimassi,
je suis étudiante à l'université Paris-Dauphine et je fais
un master 2 de recherche en Marketing & Stratégie. Et je suis
là dans le cadre de mon mémoire qui porte sur la
co-création
1) Questions générales
Je sais pas si vous avez une petite idée sur ce
qu'est la co-création en fait ?
J'imagine, j'essaie d'euuuh : co c'est à plusieurs
création c'est la création. Donc créer à plusieurs,
donc j'imagine venant d'univers différents, de spécialités
différentes. Au fait, la co-création, c'est un nouveau concept,
qui fait référence à la création par collaboration
entre consommateur et entreprise... Aujourd'hui, il y a de plus en plus de
plateformes spécialisées, qui font appel aux consommateurs pour
créer.
Pouvez-vous me décrire une récente
opération de co-création, une idée qui a été
retenue et a gagné un concours par exemple, la plus récente ou la
plus intéressante ?
Oui, il y a toutes les campagnes de crowdsourcing avec les
...où les marques demandent aux consommateurs de participer, de
créer du contenu, de créer du contenu... Par exemple, il y avait
une compagne assez rigolote en Suède pour une marque de chocolat et il y
avait un voyage à gagner pour rencontrer média fox à Los
Angeles ou je ne sais où. Et, on demandait aux internautes de faire
quelque chose de fou pour convaincre média fox que c'était cette
personne qu'il fallait choisir. Donc il y a eu énormément de
vidéos qui ont été générés pour
gagner un voyage à Las Vegas ou Los Angeles et il y avait des choses
assez rigolotes. Mais, y en a, y en a plein, y en a encore y en a le coc
Zéro à Paris qui a été fait, dans une campagne
mondiale, y en a plein, nous, on avait fait pour Axe ... ou dan up à
l'époque. Oui, oui je vois très bien, après je pense que
c'est. Moi, mon avis sur la question, c'est qu'euuuh, c'est que c'est une
solution de facilité pour les agences de pub de faire ça, parce
que, au contraire, je pense que c'est aux agences d'euuuh .... Je pense que les
consommateurs n'ont pas à faire ça, ont à faire le moins
possible, nous on est des publicitaires,.... Les personnes non invitées
à la fête peuvent en parler, je pense qu'on doit leur demander un
minimum d'efforts, je pense que c'est à nous de faire le maximum du
travail pour pouvoir les toucher et les convaincre, mais on leur demandant le
moins. Je pense que les compagnes les plus réussies sont celles
où justement, le consommateur a juste à cliquer sur un bouton ou
à décrocher un téléphone, ou qu'il en ait le moins
à faire pour pouvoir être touché par la marque et à
partir du moment où on lui demande de trouver des idées, de faire
de vidéos ça devient un truc un petit peu complexe. Et c'est pas
véritablement notre rôle de faire ça. Mais c'est vrai,
qu'il y a eu beaucoup de campagnes comme ça.
120
Est-ce que vous connaissez un consommateur a
gagné un concours grâce à une idée, une idée
qui a été retenue par la marque. Et pourquoi ils ont choisi cette
idée là plutôt qu'une autre ?
Euuuuuuuuh, est ce que je sais ça en tête j'en
sais rien, là ça me vient pas immédiatement..... Mais
généralement les idées sont choisies par les
internautes.
Je pense que la décision finale revient quand
même à la marque !!!
Ça dépend, ça dépend de
l'organisation, il y en a où la marque choisit et d'autres où,
c'est pas elle qui choisit.
2) Profil du consommateur
Quel est pour vous le profil idéal du
consommateur créatif ?
Je pense que le consommateur n'a pas à être
créatif, c'est pas son rôle, c'est à nous d'être
créatif pour pouvoir le toucher, c'est pas, c'est pas à nous de
lui demander de faire notre métier.
3) Les effets de la participation sur la marque
Conseillerez-vous aux différentes marques
d'adopter la co-création pour développer ses produits
?
Bennnh non, j'ai répondu déjà à
cette question... Parce qu'on pense toujours que le consommateur c'est le gras
qu'on voit souvent dans les réunions, le consommateur c'est le mec actif
qui s'occupe de ses enfants, qui va au bureau patati patata. En
réalité, le consommateur c'est juste un gras qui, qui a juste
envie de faire d'euuuuh, qui est paresseux comme tout le monde et qui a envie
d'en faire le moins possible et donc pour le toucher c'est, c'est aux agences,
il n'a pas à être créatif, il a juste à être
diverti, ému en faisant le moins d'effort possible. C'est pas euuuuh.
Nous, on est là, on est là pour le séduire, on n'est pas
là pour le faire travailler.
Pensez-vous qu'il soit important que le consommateur
fasse part de ses avis et de ses commentaires à la marque? Pourquoi ?
Avez-vous des exemples ?
Ah, si ça c'est important, ça c'est important
parce que c'est du feedback, c'est bien s'il y en a, la marque a lancé
une discussion avec le consommateur. A partir du moment où elle a
lancé la discussion, c'est qu'à priori elle a lancé un
sujet qui l'intéresse. Donc elle a réussi à
l'intéresser. C'est qui est le plus dure à faire, c'est de faire
bouger un consommateur, c'est de lui faire faire quelque chose. Donc, c'est
très intéressant et au contraire les marques se nourrissent de
ça et ont raison de le faire.
On va revenir au marketing interactif plus tard, ainsi
que le marketing relationnel, parce que je pense que la marque peut
développer une certaine relation avec les consommateurs l'interaction :
relation de confiance par exemple entre la marque et le
121
consommateur. On va revenir à ça plus
tard. Mais d'abord je vais vous poser une autre question :
Est-ce qu'une communauté de consommateurs
peut-elle agir ou influencer une marque, justement en faisant part de ses
commentaires et ses idées créatives?
Euuuuuuuuh, il y a eu des exemples comme ça, euuh oui
je trouve que c'est bien, fiiin, à partir du moment que c'est
spontané il y a eu, c'est KLM par exemple la Compagnie Aérienne
Néerlandaise, je sais plus je crois que c'était un type qui a
twitté un moment, "ah, si seulement KLM pouvait faire un vol direct
jusqu'à je ne sais quel pays pour, pour voir tel cancer ou tel match",
je ne sais quoi, il a twitté un truc comme ça, quelque chose
comme ça et KLM a répondu : bennnh, c'est une très bonne
idée. Si vous arrivez à réunir tant de personnes pour
remplir un avion, pour aller voir ce cancer, on vous y amène tous.
Voilà, il y a eu une réponse. Mais, c'est juste, c'est juste une
marque qui est attentive à ce que raconte les uns et les autres sur
internet. Et, fiiinn fiiin, ils ont trouvé une réponse
créative. Mais, c'est la marque qui trouve la réponse
créative, c'est elle qui trouve la solution. Le consommateur, il est
juste en fantasme "ah ça serait bien si..."
Mais c'est ça, en fait la co-création
c'est-à-dire que le consommateur fasse part de ses idées et que
la marque prenne en considération ses idées là pour
développer ses produits. Moi, mon travail porte sur les
communautés de marque sur internet, les consommateurs, en fait, se
réunissent sur internet et grâce à leurs idées, ils
suggèrent des améliorations aux marques. Mais, il y a un auteur
qui a fait une étude sur Alpha Roméo, "l'article n'est pas encore
sorti" et il a démontré que les communautés de marque ont
aussi une influence négative sur la marque. C'est-à-dire que
l'influence peut être négative ou positive.
Voilà.
Donc avez-vous des exemples d'une marque qui a
évolué grâce aux idées des consommateurs ou au
contraire qui a souffert de la participation de sa communauté
?
Silence non, j ai pas d'exemples en tête là.
4) Marketing relationnel
Pensez-vous que la participation ou l'interaction
permettrait à la communauté de la marque de renforcer le lien
entre eux et avec la marque ? Pourquoi ?
Bennnh, parce qu'à partir du moment où il y a un
échange, il y a une connexion émotionnelle qui se fait entre lui
et la marque. C'est positif : c'est ce qu'on cherche à faire, c'est
établir cette connexion. Toujours, je répète ce que je
disais toujours, on essaie d'établir cette connexion en faisant en sorte
que le consommateur ait le moins d'effort à faire.
MMM d'accord, on va revenir un peu à la
communauté : est-il important que le consommateur appartienne à
une communauté de marque en ligne ?
C'est quoi une communauté de marque ?
C'est-à-dire que lorsque un consommateur
appartienne à une communauté c'est-à-dire qu'il
s'identifie fortement à la marque, échange avec les membres d'une
même communauté, partage les mêmes valeurs, et ils portent
de l'intérêt et de la passion envers la marque. Par exemple : la
marque de motos Hardely Davidson les motards,
122
vous voyez !! Ils achètent la même marque
de moto, ils portent les mêmes vêtements de la marque... Il y a
aussi la communauté d'Apple, les individus constituent une
communauté entre eux, échangent aussi sur les réseaux
sociaux etc. Je pense qu'il n'existe pas beaucoup de communautés en
Tunisie, on trouve ça en France par exemple, mais en Tunisie les gens ne
portent pas autant d'importance aux marques.
Après, je pense que ça commence à
se développer. Lors de mon stage, l'année dernière chez
vous, j'ai remarqué que vous faites des pages sur FB par exemple Danone.
Mais, je sais pas, si les consommateurs fans de la marque, sont actifs et s'ils
constituent vraiment une communauté de marque proprement dite, ou c'est
juste des communautés en ligne...
Au fait, ils sont actifs pendant la durée des
campagnes, ce qu'on n'arrive pas à faire, c'est de convaincre les
clients qu'au-delà d'une opération ponctuelle, qu'il y a un
dialogue à établir tout au long de l'année. C'est que eux,
ils sont toujours dans le 360. Le 360, c'est : on fait un petit peu de radio,
un petit peu de web, un petit peu d de tous les médias possibles. ils
ont pas encore saisi, le fait qu'aujourd'hui, c'est pas le 360 c'est 365 jours
par an, de communication, de dialogue avec non pas le consommateur, mais, avec
un public, des gens, voilà, il faut plus les considérer comme des
consommateurs, mais comme des gens qui vont partager certaines valeurs de la
marque et...
Je pense que c'est important pour les marques d'avoir des
communautés qui les suit... Je pense euuuh. Voilà. Et pour
ça, il faut produire du bon contenu, il faut les intéresser
euuuh... comme Red Bull. Red bull, elle a une communauté extraordinaire,
ils cherchent toujours, ils produisent de nouvelles choses, ils sont
très actifs...
Pouvez-vous me parler des jeux sur FB ou Twitter, j ai
vu quelques uns, je ne sais pas si c'est votre agence ou pas mais je me
rappelle avoir vu Axe qui a fait un jeu. Axe pour le déo, ils ont fait
un concours : des photos de personnes, et il fallait voter pour
l'élection de la meilleure photo.
Oui, tout à fait, c'est ce que je disais ça
faisait partie des campagnes que j'avais cité tout à l'heure. Et
encore, ils avaient pas grand-chose à faire, ils avaient juste à
faire ce que la marque leur demande. C'es à dire trouver un maximum de
filles et tout était organisé, ils n'avaient pas à aller
chercher un appareil photo machin, ils avaient euuuh, tout était
prêt, la marque avait tout organisé, pour que les garçons
aient juste à convaincre quelques filles de venir poser avec eux sur la
photo. Ensuite, la meilleure photo et ensuite, eux, ils se
débrouillaient pour généraliser la photo pour avoir le
plus de likes possibles pour pouvoir être la photo gagnante.
D'un coté la marque demandait un minimum d'effort, et
au même temps, elle réalisait sa promesse de marque, parce qu'elle
mettait en relation les garçons et les filles. Axe, permettait aux
garçons de se retrouver au milieu de plein de filles dans la
réalité. Or, c'est ce que euuuh, c'est la promesse de la marque.
Axe promettait, que toutes les filles allaient tomber. Nous, on l'a
concrétisée...
6) Profil de l'interviewée
Nicolas.... Directeur création chez Memac Label Ogilvy
Tunisie.
123
Tableaux d'analyse verticale :
Entretiens
experts
124
Entretien Yannig
Thèmes
|
Les unités d'analyse : le verbatim
|
I- Les objectifs et les apports de la
co- création
|
V' Interagir avec la marque
|
« La fin du concours les gagnants ou le gagnant, finnnn deux
des gagnants ont été
|
invités par la marque pour faire un workshop enfin, une
réunion et discuter des idées »
|
« je préfère te donner ça parce que
à la fin du concours, s'il n y a pas d'interaction c'est
|
moins de la co-création pour moi.... »
« ....Ils ont fait un concours sur e-Yeka pour benh
voilà, je vous décris le yaourt, le produit etc, je vous dis a
peu prêt comment je veux le positionner, et puis faites nous,
|
proposez nous une publicité pour ce yaourt quoi. »
|
« ils ont été invités par Danone bennnh
à assister avec deux ou trois personnes d'e-
|
Yeka à faire un workshop dans les locaux de Danone en
Turkie et ils ont discuté de
|
leur concept, il y avait leur agence de pub etc. Et du coup, ils
ont parlé entre
|
consommateurs donc créatifs donc eux (les gagnants),
puis la marque et l'agence de pub. Ils ont un peu parlé de
pourquoi ils avaient cette idée là ... »
|
« c'est l'un des meilleurs exemples de co-création,
dans le sens où il y a une
|
interaction quoi.... »
|
« c'est de la co-création dans le sens où il y
a de l'interaction régulière, c'est pas des
|
focus group en ligne ou quelques chose comme ça...
» « ...une foule de gens comme ça, c'est très
réactifs... »
|
V' Créativité /
Fraîcheur/fun
|
« Mais ils avariant beaucoup aimé le message, le ton
et la fraîcheur du message... Au
|
fait ce qu'ils aiment beaucoup beaucoup les clients qui
viennent chez E-yeka c'est la fraîcheur. »
|
« Mais, quand ils cherchent des idées vraiment
nouvelles ou un peu différentes ou
|
parce qu'ils sont à court d'idées, parce que c'est
le principe à la limite de voir e-
|
Yeka. »
« Et du coup, ce qu'apprécie la marque dans deux
ou trois créations là, je pense qu'il y en avait deux, c'est que
tout simplement c'était différent, c'était une approche
|
complètement différente de l'approche de leur
agence pour voir leur produit.. »
|
|
125
« ..et ça se trouve dans quasiment tous les
projets, ce que nous, on appelle ça la fraîcheur. »
« Le principe même d'e-Yeka, c'est ce que je disais
tout à l'heure, la fraîcheur et la créativité des
idées. »
« c'est plutôt de la co-création dans le
sens nous, on est là pour proposer aux entreprises une manière
simple d'être créatifs et surtout de solliciter les
consommateurs »
« ...donc faire appel à une masse de gens comme
ça, où la co-création, dans le sens de solliciter les
idées des consommateurs dans le monde entier, ... »
« ...d'impliquer le consommateur dans la
génération d'idées créatives, dans la
génération des concepts créatifs pour la pub, tout
ce qui est créatif. Avant la créativité des
consommateurs ou des gens dans le monde entier, on n y avait pas accès.
Aujourd'hui, grâce à internet et des communautés comme
e-Yeka, y en a d'autres ennnh, aujourd'hui, on y a accès. »
« ...Pour eux au fait, avoir ce gros appel à la
créativité, ils ont beaucoup apprécié et ils se
sont dits bennnh genre pouvoir le réutiliser... »
« ...ce concours, les a aidés à
repositionner leur marque de manière toujours plus fraîche...
»
« ...Mais, je pense que ça suppose une certaine
ouverture, une certaine culture d'entreprise propice à l'ouverture et
à la créativité, aux idées des autres etc...
»
? Générer du contenu
« Mais, au bout de je sais pas combien de temps, un ou
deux mois, parce que c'était un concours de contenus, fin de
génération de contenus, d'idées, de vidéos etc.
.... »
« ...d'impliquer le consommateur dans la
génération d'idées créatives, dans la
génération des concepts créatifs pour la pub, tout ce
qui est créatif »
II- Profil du consommateur co-créatif
|
III- Les effets de la participation sur
les marques
|
III- Les effets de la participation sur
les marques
|
129
IV- Le marketing relationnel
|
? Développement de la relation avec les
consommateurs
« Oui, c'est un bon moyen de renforcer le lien entre ces
consommateurs et une marque. »
- La confiance
|
« Certainement, si la marque est transparente et partage
des informations qu'on n'a pas l'habitude de voir (ex : des photos de l'usine
d'assemblage de ses produits, des invitations à des
événements spéciaux, des invitations à participer
à des communautés d'initiées etc.). »
« Donc oui, s'il y a transparence et confiance mutuelle.
»
|
Entretien Nicolas
Les unités d'analyse : le verbatim
V' Générer du
contenu
« Oui, il y a toutes les campagnes de crowdsourcing avec
les ...où les marques demandent aux consommateurs de participer, de
créer du contenu, de créer du contenu... »
« Donc il y a eu énormément de
vidéos qui ont été générés pour
gagner un voyage à Las Vegas ou Los Angeles et il y avait des choses
assez rigolotes »
V' Interagir avec la marque
« Ah, si ça c'est important, ça c'est
important parce que c'est du feedback, c'est bien s'il y en a, la marque
a lancé une discussion avec le consommateur. »
« Les personnes non invitées à la
fête peuvent en parler »
« Bennnh, parce qu'à partir du moment où il
y a un échange, il y a une connexion émotionnelle
qui se fait entre lui et la marque, c'est positif : c'est ce qu'on cherche
à faire, c'est établir cette connexion. »
« convaincre les clients qu'au-delà d'une
opération ponctuelle, qu'il y a un dialogue à
établir tout au long de l'année....Ils ont pas encore saisi, le
fait qu'aujourd'hui, c'est pas le 360 c'est 365 jours par an, de
communication, de dialogue avec non pas le consommateur, mais, avec un
public, des gens, voilà, il faut plus les considérer comme des
consommateurs, mais comme des gens qui vont partager certaines valeurs de la
marque et... »
V' Créativité/
Fun...
« Donc il y a eu énormément de
vidéos qui ont été générés pour
gagner un voyage à Las Vegas ou Los Angeles et il y avait des choses
assez rigolotes »
« Mais, c'est juste, c'est juste une marque qui est
attentive à ce que raconte les uns et les autres sur internet. Et,
fiiinn fiiin, ils ont trouvé une réponse créative.
Mais, c'est la marque qui trouve la réponse créative,
c'est elle qui trouve la solution. Le consommateur, il est juste en fantasme
"ah ça serait bien si..."
130
Thème
I- Les objectifs et les apports de la
co-création
|
131
Profil du consommateur co-créatif
V' Absence de profil type du consommateur
créatif
|
|
|
|
|
III- Les effets de la participation sur les
marques
|
V' Les effets positifs de la
co-création
|
|
- L'effet miroir
« A partir du moment où elle a lancé la
discussion c'est qu'à priori elle a lancé un sujet qui
l'intéresse. Donc elle a réussi à l'intéresser.
C'est qui est le plus dure à faire, c'est de faire bouger un
consommateur, c'est de lui faire faire quelque chose. Donc, c'est très
intéressant et au contraire les marques se nourrissent de ça et
ont raison de le
|
faire. »
|
- L'innovation
« Euuuuuuuuh, il y a eu des exemples comme ça,
euuh oui je trouve que c'est bien, fiiin, à partir du moment que c'est
spontané il y a eu, c'est KLM par exemple la Campagnie Aérienne
Néerlandaise, je sais plus je crois que c'était un type qui a
twitté un moment, "ah, si seulement KLM pouvait faire un vol direct
jusqu'à je ne sais quel pays pour, pour voir tel cancer ou tel match",
je ne sais quoi, il a twitté un truc comme ça, quelque chose
comme ça et KLM a répondu : bennnh, c'est une très bonne
idée. Si
|
vous arrivez à réunir tant de personnes pour
remplir un avion, pour aller voir ce cancer,
|
on vous y amène tous. Voilà, il y a eu une
réponse. »
|
« Je pense que c'est important pour les marques d'avoir des
communautés qui les
suit... comme Red Bull. Red bull, elle a une communauté
extraordinaire, ils
|
cherchent toujours, ils produisent de nouvelles choses »
|
V' Les effets négatifs
|
- freins à l'évolution des marques :
Réticence des agences de publicité pour la
co-création
« La co-création.... c'est une solution de
facilité pour les agences de pub de faire ça, parce que, au
contraire, je pense que c'est aux agences d'euuuh .... Je pense que les
consommateurs n'ont pas à faire ça, ont à faire le moins
possible, nous on est des publicitaires,.... je pense qu'on doit leur demander
un minimum d'efforts, je pense que c'est à nous de faire le maximum du
travail pour pouvoir les toucher et les convaincre, mais en leur demandant le
moins. »
|
132
« Je pense que le consommateur n'a pas à
être créatif, c'est pas son rôle, c'est à nous
d'être créatif pour pouvoir le toucher, c'est pas, c'est pas
à nous de lui demander de faire notre métier. »
« Bennnh non, j'ai répondu déjà
à cette question... Parce qu'on pense toujours que le consommateur c'est
le gras qu'on voit souvent dans les réunions, le consommateur c'est le
mec actif qui s'occupe de ses enfants, qui va au bureau patati patata. En
réalité, le consommateur c'est juste un gras qui, qui a juste
envie de faire d'euuuuh, qui est paresseux comme tout le monde et qui a envie
d'en faire le moins possible et donc pour le toucher c'est, c'est aux
agences, il n'a pas à être créatif, il a juste
à être diverti, ému en faisant le moins d'effort possible.
C'est pas euuuuh. Nous, on est là, on est là pour le
séduire, on n'est pas là pour le faire travailler. »
133
Les entretiens avec les
consommateurs
134
Entretien Asma. Durée : 25 min
Je vous remercie de bien vouloir répondre
à cet entretien qui s'intègre dans un travail de recherche dans
le cadre d'un Master de recherche effectué au sein du master recherche
Marketing et Stratégie à Paris Dauphine. Il permettra d'illustrer
une étude théorique sur la question. Merci de votre
collaboration.
1) Appartenance à la communauté et participation
Qu'est ce que pour vous une communauté de marque ?
Donnez-moi un exemple
Franchement, je sais pas de quoi il s'agit. Mais j'imagine que
ce sont des gens, euuuh comment dire, qui sont fans de la marque et qui
l'aiment trop. Je sais pas moi, peut être que ce sont des personnes qui
s'intéressent fortement à la marque, qui portent les mêmes
vêtements, toujours la même marque, ils n'achètent que
ça quoi ! Je sais pas trop ce que c'est.
Êtes-vous fan d'une marque sur facebook ou
twitter ? Diriez-vous que vous appartenez à une communauté de
marque sur les réseaux sociaux ou autres plateformes ou sites
?
Oui, tout le monde a une marque préférée,
moi je suis fan de Cartier c'est ma préférée. Je suis fan
de la marque sur Facebook, c'est vrai, j'ai des amis qui sont aussi fans de la
marque comme moi. Mais ça s'arrête là quoi, je regarde les
bijoux, les photos pas plus. Je mets quelques commentaires genre : c'est joli,
combien ça coûte, des choses comme ça tu vois !!
Pouvez-vous me parler de votre participation au concours
d'Axe sur Facebook ?
Ah oui, là je peux te parler du concours Axe, j ai
participé à ça l'année dernière comment j'ai
pu oublier ça. Aaahh oui voilà. C'était dans mon
école je me souviens l'année dernière. En fait, Axe a fait
le tour des facultés et lorsqu'elle était chez nous à la
fac d'architecture, je ne savais pas qu'il y avait ce concours là, je
l'ai su au moment où Axe a installé les équipements pour
la pose photo à la faculté. Quand j'ai vu mes amis participer, j
ai voulu faire comme eux et du coup j'ai essayé. Il fallait tout
simplement poser pour une photo avec un garçon et pourquoi pas aussi
d'autres filles, Au fait le but du jeu est que le garçon
réussisse à convaincre un maximum de filles à venir poser
avec lui, tu vois !!! C'était sympa comme jeu, on s'est bien
amusé et on a beaucoup rigolé. Et, effectivement J'ai
participé essentiellement à ce concours pour m'amuser, euuuuh
j'ai aussi trouvé l'idée et l'ambiance trop sympas, et puis
pourquoi pas gagner de l'argent avec un truc aussi rigolo ? Et en plus, j ai
fait ça avec mes amis, euuuh entre amis quoi et nous sommes toujours en
contact bien sur...
Qu'est ce qu'elle t'as apporté la participation
?
Franchement, rien du tout, à part le fait qu'on a
beaucoup rigolé, je garde des souvenirs agréables de cette
expérience. Pour moi, je pense que c'est seulement une manière de
faire une publicité et ça pas vraiment d'objectif à part
de faire la publicité d'une façon originale.
Est-ce que vous participez d'habitude aux
différents concours proposés par la marque Axe sur les
réseaux sociaux (facebook ou twitter) ou c'était seulement
à titre exceptionnel?
Non j'ai jamais participé à des concours pareil et
d'ailleurs je le ferai plus.
135
Pourquoi ?
Parce que j ai essayé une seule fois et ça
suffit, c'était juste pour l'expérience que je l'ai fait. C'est
une question d'envie et j ai pas envie de refaire une expérience que
j'ai déjà faite. On passe à autre chose.
2) Les effets de la participation sur la marque
Après avoir participer à ce concours,
est ce que vous avez changé d'avis sur la marque ? Percez-vous la marque
différemment ? Donnez-moi votre opinion sur la marque avant le concours
et après ? si tu portes plus d intérêt, (tu vois les
nouveaux parfums ou les nouvelles gammes et tout) si tu achètes plus la
marque ? Qu'est ce qui a changé après cette
participation?
Booof, après avoir participé à ce
concours, dans ma tête rien n'a changé, mon avis sur la marque est
resté toujours le même ainsi que mes intérêts. La
seule chose qui a peut être changé c'était ma confiance en
moi et mon expérience personnelle. Ça forge en quelque sorte la
personnalité, dans le sens ou c'est une expérience avec des gens
que tu connais pas et que tu connais c'est-à-dire tu peux faire des
nouvelles rencontres etc.
Pensez-vous qu'il est important de faire part aux
marques de vos avis et commentaires ? Pourquoi ?
Oui, parce que mon avis et mes commentaires peuvent changer
l'avis du consommateur, je pense que je pourrai influencer les autres, genre :
ce produit je l ai essayé, je trouve qu'il n'est pas bien tu vois. Et
les autres quand ils voient mon commentaire sur le marque, ils peuvent prendre
en compte mon avis sur le produit. C'est bien de connaître les
différents avis des gens sur la marque ou le produit, ils peuvent nous
orienter dans nos choix et nos goûts. Pour le consommateur ça lui
permet de s'exprimer et s'extérioriser, s'il a une critique à
faire ; il critique, dans le cas contraire il exprime sa satisfaction par
rapport à la marque et l'entreprise. Pour la marque ça lui permet
d'avoir un feedback da la part du consommateur que ce soit négatif ou
positif ; on dirait un brainstorming sauf que ça se passe directement
sur FB et sans faire des efforts préalables.
Une marque devra-t-elle prendre en
considération tous les avis des consommateurs plus spécifiquement
tous les avis de sa communauté ?
Oui bien sur, puisqu'une marque cherche à attirer toute
personne qui pourra utiliser le produit. Donc, oui je pense qu'elle doit
prendre en considération les avis des consommateurs pour évoluer,
proposer des nouvelles choses par exemple ou améliorer le produit. C'est
important qu'elle recrute des consommateurs fidèles et qu'elle les
garde.
Pensez vous que votre participation peut avoir un
impact sur la marque ? Une communauté de marque peut-elle influencer une
marque ? et Comment ?
Non je ne pense pas que ma participation était aussi
importante pour qu'elle puisse avoir un impact sur la marque. J'ai juste
participé pour le plaisir et elle ça lui a permis de faire de la
pub auprès des étudiants.
3) 136
Le marketing expérientiel
Referiez-vous une expérience de participation de
ce genre ? Pourquoi ?
Non je pense pas refaire une expérience de ce genre, j
ai essayé une fois et ça me suffit, nn j'ai pas envie de refaire
une expérience de ce genre et je ne veux pas c'est que c'est une
mauvaise expérience mais c'est juste c'est une expérience d'une
fois pas plus
Les expériences de participation
passées ont-elles renforcé votre relation avec la marque
?
Je n'ai eu qu'une seule expérience de participation.
Donc, ça peut pas être le cas tout simplement. Comme je l avais
dit tout à l'heure je l'ai fait pour moi, pour avoir un peu plus
confiance en moi et parce que j ai vu mes amis participer je me suis dite
pourquoi pas moi. J'ai voulu essayé comme eux, ils l'ont fait, je l'ai
fait. C'était une agréable expérience.
4) Marketing relationnel
Pensez-vous qu'il est possible d'avoir un
échange avec les marques sur internet via leurs pages par exemple sur
les réseaux sociaux?
Oui, oui, oui c'est évident pour moi, il y a une
construction ; dans le sens ou la marque va y gagner car elle prend en compte
les avis des consommateurs, et leurs remarques ça lui permet de
s'améliorer...
Interruption
- Est-ce que tu peux me rappeler la question déjà
?
- Oui bien sur Pensez vous qu'il est possible d'avoir un
échange avec les marques sur les réseaux sociaux via leurs pages
sur les réseaux sociaux?
Oui, bien sur, la marque peut adresser des trucs
personnalisés aux consommateurs, elles envoient des messages
personnelles à la limite intime dans les occasions par exemple : Joyeux
Noël, Bonne Année et cela permet encore plus de créer un
lien avec elle.
Est-ce important ? Pourquoi ?
Sur Fb on commente, et en plus d'après ce que je sais,
y a des personnes chargées spécialement pour répondre aux
personnes, que ce soit les consommateurs entre eux ou entre le consommateur et
la marque....
Oui !! C'est très important parce que l'entreprise
pourrait avoir des avis différents pour s'améliorer et aussi
développer des relations plus personnelles, Pour le consommateur, c'est
important car ça lui permet d'établir un lien, et mieux
connaître la marque, et ça intensifie même la
fidélité avec le consommateur.
137
Pensez-vous que cette interaction vous permet d'avoir
plus confiance dans ces marques ?
Oui, parce qu'on a un vis-à-vis direct !! C'est bien
!!!! Il y a pas de barrière entre le client et l'entreprise ; la
barrière disparait, on a effectivement plus confiance, on t'explique
directement les choses, si tu n'es pas satisfait, y a quelqu'un pour
répondre à ça. Déjà les liens sur FB
permettent de développer les relations !!! Y a forcément plus de
confiance
5) Profil : âge, statut, situation professionnelle etc Asma
Bach-Tobji, 24 ans, Célibataire, Etudiante
138
Entretien Yadh. Durée : 23 min
Je vous remercie de bien vouloir répondre
à cet entretien qui s'intègre dans un travail de recherche dans
le cadre d'un Master de recherche effectué au sein du master recherche
Marketing et Stratégie à Paris Dauphine. Il permettra d'illustrer
une étude théorique sur la question. Merci de votre
collaboration.
1) Appartenance à la communauté et participation
Qu'est ce que pour vous une communauté de marque ?
Donnez-moi un exemple
Pour moi, une communauté de marque regroupe des
individus ayant un certain intérêt envers une marque. Je citerai
par exemple les macusers (utilisateurs de macs) ou les clubs de Harley
Davidson.
Êtes-vous fan d'une marque sur facebook ou twitter
?
Oui je suis fan d'Apple. J'aime bien les produits Apple et je
suis les nouveautés de cette marque depuis quelques années sur
les pages facebook et les forums spécialisés. Je donne mon
opinion sur les produits, les nouveautés. Je consulte
régulièrement le site au minimum 1 fois par jour. Pour moi, c'est
important, je dois avoir toujours le dernier modèle d'iphone ou du pc
c'est la raison pour laquelle je m'informe toujours des dernières
nouveautés et des modèles qui sont sur le marché.
Diriez-vous que vous appartenez à une
communauté de marque sur les réseaux sociaux ou autres
plateformes ou sites ?
Oui, j'ai un compte sur macgeneration (forum Apple). Ça
me permet de connaître toutes les nouveautés et toutes les
rumeurs. Ce forum permet aux fans de partager leurs avis et leurs
expériences avec les différents produits.
Est-ce que vous participez d'habitude aux
différents concours proposés par la marque sur les réseaux
sociaux (facebook ou twitter), est ce que vous interagissez avec la marque en
soumettant des commentaires ou autres ?
Par contre pour ça, la réponse est
négative, je ne participe. Peut être que je n ai pas le temps, ou
que ça m'intéresse pas forcément ou peut être que je
n'ai pas eu l'occasion. Je ne sais pas trop pourquoi ? Je sais que je ne
participe pas mais je n'ai pas de justification. Par contre, pour ce qui est
des commentaires, oui je soumets toujours des commentaires à la marque
et aux membres du forum sur lequel je me suis inscrit. La discussion avec les
membres me permet de me tenir au courant de tous les news sur Apple. Les
procès en justice, le décès de Steve Jobs Absolument
tout.
139
2) Les effets de la participation sur la marque
Que pensez-vous des marques qui interagissent avec sa
communauté et qui sollicitent leurs opinions et leurs avis ?
Ces marques sont conscientes de l'importance de l'avis du
client. Ce dernier peut s'exprimer librement, donner son avis. C'est important
que la marque sache ce que ses consommateurs pensent d'elle, c'est comme elle
prend en considération ce qu'il se dit sur elle et elle essaiera d'y
remédier aux critiques qui lui sont adressés.
Pensez-vous qu'il est important de faire part à
ces marques de vos avis et commentaires sur les réseaux sociaux?
Pourquoi ?
Oui ce commentaire, s'il est bien formulé et bien
argumenté, pourrait être lu par des gens compétents qui le
prendront en considération et je pense que j ai déjà
répondu à cette question et comme je l'avais dit c'est important
parce que ça permet à la marque de s'améliorer, connaitre
les moindres désirs de ses fans, avoir de nouvelles idées, avoir
de l'interaction, ça pourrait être très intéressant
parce que ça permet aussi de s'appuyer sur ces commentaires afin de
construire et d'avoir des nouvelles idées et du coup améliorer la
marque.
Une marque devra-t-elle prendre en
considération tous les avis des consommateurs plus spécifiquement
tous les avis de sa communauté ?
Non le consommateur peut se tromper. Plusieurs produits ont
déjà été sous-estimés et ont eu grand
succès. Sur le net il y a des trolls et des avis qui manquent
d'objectivité. Donc, je pense que la marque doit filtrer les avis des
consommateurs. Certes, elle doit en tenir compte et doit garder toujours un
oeil sur ce que l'on dit à son propos. Mais, c'est à elle de
filtrer, de .... Et c'est elle qui prend enfin de compte la décision
finale. Comme je l'ai dit, les consommateurs sous-estiment souvent les nouveaux
produits ou les nouvelles innovations qui s'avèrent ensuite de
véritable succès. Le contraire est aussi vrai. Certaines marques
prennent le risque de lancer un produit suite à la demande des
consommateurs, qui ensuite ne se vendent pas suffisamment et connaissent un
échec total. Elle doit faire attention à ça.
Pensez vous que votre participation peut avoir un
impact sur la marque ? Une communauté de marque peut-elle influencer une
marque ? et Comment ?
Oui elle peut avoir un impact sur la marque à travers
les blogs, les forums et les groupes spécialisés.
Pensez vous qu'une marque peut évoluer ou non
par vos idées et votre participation ? Qu'est ce vous apportez à
la marque en participant aux concours et aux jeux ?
Je pense que la marque peut évoluer si elle sait
exploiter les données qu'elle recueille à travers les jeux
concours...
3) 140
Marketing relationnel
Pensez-vous qu'il est possible d'avoir un
échange avec les marques sur internet via leurs pages sur les
réseaux sociaux?
Oui, évidement si c'est une page officielle, les
marques ont pris conscience que les réseaux sociaux sont importants,
beaucoup de marques ont leur pages officielles sur FB ! Ça devient de
plus en plus courant.
Pourquoi ?
Parce que tout simplement on peut leur envoyer des messages
via les commentaires, on peut poser des questions et l'administrateur de cette
page répond, eux aussi ils ont un feedback direct, ils peuvent voir
l'article ou la pub plait vraiment aux consommateurs ou pas, on peut interagir
pas forcément sur internent. Par exemple le problème avec Nike
celui du scandale sur le travail des enfants, ou encore le scandale des freins
de Renault ; d'ailleurs ils ont retiré la voiture du
marché....
Sur Facebook ; on peut contester, on peut parler, on peut
donner une voix ou encore notre avis, on peut apporter soutien ; tout
dépend de l'actualité, enfin, on peut interagir par rapport
à l'actualité via FB.
Est-ce important ? Pourquoi ?
Oui, c'est important parce que ça permet de nous
exprimer, d'avoir un avis et surtout de communiquer notre avis et eux aussi ont
un avantage : ils ont un feedback. Du coup, ils peuvent améliorer la
marque, répondre aux besoins, savoir ce que veut le public,
répondre aux attentes, et dans certains cas ils peuvent avoir le soutien
des consommateurs et défendre la marque.
Pensez-vous que cette interaction vous permet
d'avoir plus confiance dans ces marques et pourquoi ?
Non, plus confiance non. La marque ne va pas changer
radicalement, il ne faut pas oublier la communauté des internautes, ils*
ne sont pas nombreux par rapport à tous les consommateurs.
Les décisions stratégiques de la marque ne
peuvent pas changer radicalement pour des commentaires sur le net ou autres. On
peut tout de même crier scandale pendant plusieurs mois sans pour autant
changer d'une manière radicale les marques avec des décennies
d'existence. Si on n'a pas confiance c'est qu'on n'a pas confiance, c'est
à dire on l'a ou on ne l'a pas ; mais les degrés de confiance
varient.
Pensez-vous que cette interaction vous permet de
créer un lien avec ces marques ? Pourquoi ?
Oui, je pense que oui parce qu'on se tient toujours
informé !! On se tient toujours informé des nouveautés,
des articles, l'information vient à toi, on la cherche pas.
4) Profil : âge, statut, situation professionnelle etc.
Yadh Krandel, j'ai 24 ans et je suis étudiant à.....
Tableaux d'analyse verticale :
Entretiens
141
consommateurs
Entretien Asma
Les unités d'analyse : le verbatim
V' Appartenance à la
communauté
- Une forte identification à la marque
peut être que ce sont des personnes qui
s'intéressent fortement à la marque, qui portent les mêmes
vêtements, toujours la même marque, ils n'achètent que
ça quoi
- Une forte identification aux membres d'une même
communauté
Moi je suis fan de Cartier c'est ma
préférée. Je suis fan de la marque sur Facebook, c'est
vrai, j'ai des amis qui sont aussi fans de la marque comme moi.
V' Les motivations :
- Motivation pécuniaire :
« et puis pourquoi pas gagner de l'argent avec un truc aussi
rigolo ? »
- Le divertissement
« sympa comme jeu, on s'est bien amusé et on a
beaucoup rigolé. Et, effectivement J'ai participé essentiellement
à ce concours pour m'amuser, euuuuh j'ai aussi trouvé
l'idée et l'ambiance trop sympas, et puis pourquoi pas gagner de
l'argent avec un truc aussi rigolo ? »
« Franchement, rien du tout, à part le fait qu'on
a beaucoup rigolé, je garde des souvenirs agréables de cette
expérience »
« J'ai juste participé pour le plaisir et elle
ça lui a permis de faire de la pub auprès des étudiants.
»
- Extension des liens sociaux
« Quand j'ai vu mes amis participer, j ai voulu faire
comme eux et du coup j'ai essayé. Il fallait tout simplement poser pour
une photo avec un garçon et pourquoi pas aussi d'autres filles »
142
Thèmes
I- Appartenance à
la communauté et participation
|
V' Les effets négatifs de la
participation
- Communication en défaveur de la marque
« Oui, parce que mon avis et mes commentaires peuvent
changer l'avis du consommateur, je pense que je pourrai influencer les autres,
genre : ce produit je l ai essayé, je trouve qu'il n'est pas bien tu
vois. Et les autres quand ils voient mon commentaire sur le marque, ils peuvent
prendre en compte mon avis sur le produit. »
« Pour le consommateur ça lui permet de s'exprimer
et s'extérioriser, s'il a une critique à faire ; il critique,..
»
V' Les effets positifs
- Communication en faveur de la marque
« dans le cas contraire il exprime sa satisfaction par
rapport à la marque et l'entreprise. »
143
« Et en plus, j ai fait ça avec mes amis, euuuh entre
amis quoi et nous sommes toujours en contact bien sur... »
« dans le sens ou c'est une expérience avec des gens
que tu connais pas et que tu connais c'est-à-dire tu peux faire des
nouvelles rencontres etc.
« La seule chose qui a peut être changé
c'était ma confiance en moi et mon expérience personnelle.
Ça forge en quelque sorte la personnalité,»
- L'exercice d'influence
« Quand j'ai vu mes amis participer, j ai voulu faire
comme eux et du coup j'ai essayé. Il fallait tout simplement poser pour
une photo avec un garçon et pourquoi pas aussi d'autres filles...
»
« Oui, parce que mon avis et mes commentaires peuvent
changer l'avis du consommateur, je pense que je pourrai influencer les autres,
genre : ce produit je l ai essayé, je trouve qu'il n'est pas bien tu
vois... »
III- Les effets
de la
participation
sur la
marque
|
- Effet miroir et amélioration de la marque
« Pour la marque ça lui permet d'avoir un feedback da
la part du consommateur que ce soit négatif ou positif ; on dirait un
brainstorming sauf que ça se passe directement sur FB et sans faire des
efforts préalables. »
« c'est évident pour moi, il y a une construction
...la marque va y gagner car elle prend en compte les avis des consommateurs,
et leurs remarques ça lui permet de s'améliorer... »
« l'entreprise pourrait avoir des avis différents
pour s'améliorer et aussi développer des relations plus
personnelles »
|
IV- Le marketing relationnel
|
145
questions, il y a un lien direct »
« l'entreprise pourrait avoir des avis différents
pour s'améliorer et aussi développer des relations plus
personnelles »
« Oui, bien sur, la marque peut adresser des trucs
personnalisés aux consommateurs, elles envoient des messages
personnelles à la limite intime dans les occasions par exemple : Joyeux
Noël, Bonne Année et cela permet encore plus de créer un
lien avec elle. »
146
Entretien Yadh
Thèmes
|
Les unités d'analyse : le verbatim
|
I- Appartenance à
la communauté et participation
|
? Appartenance à la communauté
|
- Une forte identification à la marque
« Pour moi, une communauté de marque
regroupe des individus ayant un
|
certain intérêt envers une marque. Je citerai par
exemple les macusers
|
(utilisateurs de macs) ou les clubs de Harley Davidson. »
« Oui je suis fan d'Apple. J'aime bien les produits Apple
et je suis les nouveautés de cette marque depuis quelques années
sur les pages facebook et les forums spécialisés. ...Pour moi,
c'est important, je dois avoir toujours le dernier modèle d'iphone ou du
pc c'est la raison pour laquelle je m'informe toujours des dernières
nouveautés et des modèles qui sont sur le marché »
« Oui, j'ai un compte sur macgeneration (forum Apple).
Ça me permet de
|
connaître toutes les nouveautés et toutes les
rumeurs. Ce forum permet aux fans de partager leurs avis et leurs
expériences avec les différents produits ».
|
II- les effets de la participation sur
la marque
|
? Les effets positifs
|
- Les retours et l'amélioration de la marque :
« Ces marques sont conscientes de l'importance de l'avis
du client.... C'est important que la marque sache ce que ses consommateurs
pensent d'elle, c'est comme elle prend en considération ce qu'il se dit
sur elle et elle essaiera d'y remédier aux critiques qui lui sont
adressés. »
« c'est important parce que ça permet à la
marque de s'améliorer, connaitre les moindres désirs de ses fans,
avoir de nouvelles idées, avoir de l'interaction, ça pourrait
être très intéressant parce que ça permet aussi de
s'appuyer sur ces commentaires afin de construire et d'avoir des nouvelles
idées et du coup améliorer la marque. »
« Je pense que la marque peut évoluer si elle sait
exploiter les données qu'elle recueille à travers les jeux
concours... »
|
« Oui, c'est important parce que ça permet de nous
exprimer, d'avoir un avis et surtout de communiquer notre avis et eux aussi ont
un avantage : ils ont un feedback »
« eux aussi ils ont un feedback direct, ils peuvent voir
l'article ou la pub plait vraiment aux consommateurs ou pas, on peut interagir
pas forcément sur internent. »
« Du coup, ils peuvent améliorer la marque,
répondre aux besoins, savoir ce que veut le public, répondre aux
attentes, et dans certains cas ils peuvent avoir le soutien des consommateurs
et défendre la marque. »
? Les effets négatifs
- Prise de risque et échec
« Non le consommateur peut se tromper. Plusieurs produits
ont déjà été sous-estimés et ont eu grand
succès. Sur le net il y a des trolls et des avis qui manquent
d'objectivité. Donc, je pense que la marque doit filtrer les avis des
consommateurs. Comme je l'ai dit, les consommateurs sous-estiment souvent les
nouveaux produits ou les nouvelles innovations qui s'avèrent ensuite de
véritable succès. Le contraire est aussi vrai. Certaines marques
prennent le risque de lancer un produit suite à la demande des
consommateurs, qui ensuite ne se vendent pas suffisamment et connaissent un
échec total.»
|
147
III- Le marketing relationnel
|
- Proximité
« Parce que tout simplement on peut leur envoyer des
messages via les commentaires, on peut poser des questions et l'administrateur
de cette page répond... »
- Fidélité
|
« dans certains cas ils peuvent avoir le soutien des
consommateurs et défendre la marque. »
- Confiance
« Non, plus confiance non. La marque ne va pas changer
radicalement, » « Les décisions ...ne peuvent pas changer...
pour des commentaires.. » « Si on n'a pas confiance c'est qu'on n'a
pas confiance, c'est à dire on l'a ou on ne l'a pas »
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148
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