Paragraphe I : L'insuffisance Des Moyens Techniques
Les moyens techniques sont importants dans le processus
d'application des instruments juridiques internationaux de lutte contre les
changements climatiques, dans la phase opérationnelle. Cependant, les
pays comme le Cameroun font face à une carence de tels moyens.
Conviendra-t-il de ce fait d'étudier les limites portant sur
l'observation du climat (A), en sus l'on abordera les insuffisances dans
l'atténuation et l'adaptation (B).
A. Les moyens limités d'observation de
l'évolution du climat
Pour une bonne application des instruments juridiques
internationaux de lutte contre les changements climatiques, le Cameroun doit
maîtriser les données météorologiques, lesquelles
permettent le suivi de l'évolution du climat. Pour la maîtrise de
ces données, le Cameroun s'est doté d'un service
météorologique. Ce service est logé au Ministère
des Transports, certainement à cause de l'importance qu'il joue dans la
navigation aérienne. Pour compléter l'action du service
météo, l'Observatoire National des Changements Climatiques
(ci-après : «ONACC ») a été
créé en 2009 par décret présidentiel. Cet organisme
autonome recueille et stocke les données du climat. Si l'observation du
climat s'enrichit de nouveaux outils, il convient néanmoins de rappeler
par exemple que ces moyens demeurent insuffisants. Ainsi, l'on pourrait
rappeler par exemple que la couverture du territoire camerounais par les
stations météo est un leurre. En plus, lorsqu'elles existent, le
matériel utilisé n'est toujours pas de pointe. En effet, selon
les responsables du Service météo de la région du
Littoral, la crise économique qui a sévi au Cameroun dans les
années 1980 et 1990 n'a pas épargné le service
météo. En réalité, d'après leurs dires, la
Région du Littoral compte seulement quatre (04) stations
météo, à raison d'une station par département. En
plus de cette insuffisance quantitative, il convient de rappeler, selon leurs
termes, que ces stations sont devenues obsolètes. Certaines stations,
comme celle d'Edéa ont été mises en arrêt à
cause des pannes entre de 2012 à 2014. Néanmoins, des efforts
sont faits pour remédier à cette situation. Ainsi, de nombreuses
stations ont été réhabilitées. De plus, les
stations manuelles sont soit remplacées, soit appuyées par les
stations automatiques. Actuellement, on dénombre vingt (20) stations
automatiques dans tout le Cameroun. Cependant ces efforts demeurent
insuffisants.
Pour ce qui est de l'aspect des ressources humaines, il y a un
véritable problème. En effet, à cause de la crise
économique, les recrutements avaient été suspendus dans
bien des secteurs, y compris dans le secteur de la météorologie.
Selon les responsables du service météorologique du Littoral,
depuis 1985 des recrutements n'ont pas eu lieu, ce jusque dans les
années 2010 où le recrutement des ingénieurs et agents de
météorologique a été effectué. Avant cette
période, même les agents retraités n'auraient pas
été remplacés. Cette insuffisance
d'effectif pourrait être corrigée par la
présence de stations automatiques dont le nombre demeure jusqu'ici
insignifiant. De plus, il y a un souci de qualification des personnels
météo. Cet handicap est de nature à mettre à mal la
volonté du Cameroun à appliquer les instruments juridiques
internationaux de lutte contre les changements climatiques. Car pour atteindre
ses objectifs de réduction des émissions de GES, le Cameroun doit
pouvoir observer ses données météorologiques. Les moyens
d'observation étant limités, ce qui compromet les actions
d'atténuation des émissions ou encore les actions d'adaptation.
Par ailleurs, lorsque bien même les données
météorologiques sont relevées, leur conservation pose
d'énormes problèmes. En fait, selon les responsables du service
météo du Littoral, il y a un véritable problème
d'archivage. Les données météo continuent d'être
conservées en support physique, ce qui rend difficile leur exploitation.
Il serait judicieux que l'on procède à leur
numérisation.
Si les moyens d'observation sont insuffisants, il en va de
même des moyens d'atténuation des émissions de GES et
d'adaptation aux effets des changements climatiques.
B. Les moyens limités d'atténuation des
émissions de GES et d'adaptation aux effets des
changements climatiques
Le Cameroun est un pays pauvre. Ce qui veut dire en
réalité qu'il ne dispose pas d'infrastructures pour faire face de
manière adéquate aux conséquences des changements
climatiques. En effet, au rang des engagements pris par les Etats dans les
instruments internationaux de lutte contre les changements climatiques,
figurent en bonne place l'atténuation des émissions de GES et
l'adaptation aux effets des changements climatiques. L'atténuation vise
la réduction des émissions des GES, tandis que
l'adaptabilité porte sur la capacité de résilience de
l'homme et son écosystème aux effets des changements climatiques.
Pour y parvenir, le Cameroun, dans l'application des instruments juridiques
internationaux, devrait mettre en place un dispositif infrastructurel
adéquat comportant des normes, des institutions, des plans d'actions,
des programmes, des projets, etc. A l'observation, le Cameroun ne dispose pas
suffisamment de ces infrastructures. Ainsi, si l'on prend l'exemple des
inondations qui font partie des conséquences des changements
climatiques, il convient de relever que les villes camerounaises ne disposent
pas toujours des infrastructures adéquates (drains par exemple,
lesquelles sont pratiquement inexistants). Quant à la zone
menacée par la désertification, le Cameroun y a engagé un
projet de verdissement, couvrant la partie septentrionale. Ce projet vise la
construction d'une ceinture d'arbres dans l'optique de stopper l'avancée
du désert. Malgré l'envergure de ce projet, les moyens pour sa
réalisation restent insuffisants.
Le processus d'application des instruments juridiques
internationaux bute à l'insuffisance des moyens techniques, mais
également des moyens technologiques.
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