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Minéralogie et géochimie du gisement de manganèse de Kisenge (République Démocratique du Congo)

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par Arsène Mango
Facultés Universitaires Notre Dame de la Paix - Baccalauréat 2013
  

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II.5.2 Gisement secondaire

Le gisement secondaire constitue le chapeau de fer, c'est-à-dire la partie altérée et oxydée. Des méthodes de datation plus récentes ont été effectuées dans la zone altérée par Decrée et al. (2010). Les échantillons ont été datés par la méthode radiométrique 40Ar/39Ar. La datation faite sur des cryptomélanes donne un âge Pliocène. Les âges obtenus pour les échantillons KIS 1-58, RG 1769 et RG 13200 (voir ci-après) furent respectivement de 3,54 +/- 0,27Ma ; 3,66 +/- 0,13Ma et 2,30 +/- 0,17 Ma.

III. ECHANTILLONNAGE

Plusieurs forages carottés ont été réalisés à Kisenge durant la période 1953 - 1959 par la société Bécéka-Manganèse, dans le cadre de l'exploration du gisement. Ces sondages ont montré que le niveau le plus important du degré d'altération atteint 30 mètres suivant la verticale. Le contact minerai oxydé - minerai carbonaté se trouve généralement vers 1030 - 1020 mètres d'altitude.

Des échantillons provenant de ces sondages sont conservés au Musée Royal de l'Afrique Centrale (MRAC).

Le présent travail s'effectue sur sept échantillons provenant de ces sondages. Parmi ceux-ci, deux échantillons proviennent de la zone saine et cinq échantillons proviennent de la zone altérée. Deux des cinq échantillons altérés proviennent d'un sondage nommé Kis 1, l'abréviation Kis désignant un sondage implanté à Kisenge. Ce sont les échantillons Kis 1-30 et Kis 1-58. Les trois autres échantillons altérés (Kis 1769 RG, Kis 13200 RG et Kis 13201 RG) proviennent de la carrière en surface, dans une tranchée située vraisemblablement au niveau 1100-1115 m. Les deux échantillons non altérées (nommés K 55 et K 67) proviennent d'un sondage effectué à Kamata, et dénommé Ka 72.

III.1 Description des sondages

Le sondage Kis 1 a été réalisé dans la partie sud du gisement de Kisenge. Il est incliné de 60° par rapport à l'horizontale, et n'a recoupé que la partie altérée. Il part de la surface à une altitude proche de 1090 mètres, et descend à une profondeur de 161 mètres et une altitude proche de 950 mètres (figure III.1.1).

Les échantillons Kis 1-30 et Kis 1-58 qui font partie de ce sondage proviennent respectivement d'une altitude 1050 et 1040m, et une profondeur située entre 46,10 et 47,10m pour le premier et de 55,75m pour le second (figure III.1.1).

 

Figure III.1.1 : Coupe du sondage Kis 1 avec localisation des échantillons Kis 1-30 et Kis 1-58 (d'après Doyen, 1974).

12

Le sondage Ka 72 a été effectué à la verticale, et réalisé dans la partie est du gisement de Kamata. Il débute à la côte altimétrique 1065m, et recoupe différentes lithologie (figure III.1.2).

Figure III.1.2 : Coupe du sondage Ka 72 avec localisation des échantillons K 55 et K 67 (d'après Doyen, 1974).

13

Sondages

 

Echantillons

Profondeur (mètres)

Côte altimétrique (mètres)

Kis 1

Kis 1-30

46,10 - 47,10

1050

 

Kis 1-58

55,75

1040

Sans sondage

Kis 1769 RG

0

1100-1115

 

Kis 13200 RG

0

1100-1115

 

Kis 13201 RG

0

1100-1115

Ka 72

K 55

55,40 - 55,65

1000

 

K 67

63,00 - 64,10

1005-1010

Tableau III.1.1 : Contexte des échantillons utilisés dans le présent travail. III.2 Description macroscopique des échantillons

K 55 et K67 : roche cohérente, gris claire montrant des filons millimétriques rosâtres de carbonates (annexes 2 et 3).

Kis 1-30 : roche cohérente, noire foncée, montrant des minéralisations rougeâtres et jaunâtres, de diamètre inférieur à deux centimètres (annexe 4).

Kis 1-58, Kis 1769 RG, Kis 13200 RG et Kis 13201 RG : roche à aspect botryoïdal, entièrement noire foncée (annexes 5 et 6).

14

IV. PREPARATION DES ECHANTILLONS ET METHODES D'ANALYSE

Les sept échantillons ont été préparés en vue d'analyses microscopiques, diffractométriques, calcimétriques et géochimiques.

IV.1 Microscope polarisant

Le microscope polarisant utilisé dans notre cas est un microscope de type LEICA, qui, comme tout microscope polarisant ou microscope polariseur analyseur est un microscope optique dont la technique repose sur l'utilisation d'un faisceau de lumière polarisée, c'est à dire des ondes vibrant dans un seul plan. Pour assurer la polarisation de la lumière, un polariseur est placé après la source de lumière, avant l'échantillon. Le deuxième polarisateur, appelé analyseur, est placé perpendiculairement au premier et ne peut donc pas laisser passer la lumière premièrement polarisée.

Par contre, un échantillon de roche coupé en un fin bloc, collé sur une lame de verre, aminci par polissage jusqu'à une épaisseur de 30 micromètres environ, et placé entre les deux polarisateurs, perturbe le faisceau lumineux qui va adopter des nouvelles vibrations dont certaines vont pouvoir traverser l'analyseur. Suivant la particularité de la lumière reçue, il est possible de déterminer les phases minérales de l'échantillon observé.

Si un minéral ne dévie pas le plan d'ondulation de la lumière, il sera "éteint" en lumière analysée. C'est le cas des minéraux du système cubique tel que la spessartine. Certains minéraux ne laissent jamais passer la lumière, même en lumière polarisée et analysée, ils sont alors dits opaques. Ce sont les oxydes. Ces minéraux ne peuvent donc pas être identifiés par ce microscope. Dès lors, les échantillons altérés, constitués d'oxydes, ne seront pas analysés par ce microscope.

IV.2 Diffraction des rayons X (DRX)

Préparation des échantillons

La diffraction des rayons X s'est faite suivant la méthode de poudre. Pour chaque échantillon on a pris environ 50 gr qu'on a concassés à l'aide d'un marteau et d'une enclume, en morceaux inférieurs à 1 cm, puis laissés sécher pendant plus de 24 heures. Ces morceaux ont ensuite été placés dans un bol en acier de 500 ml avec 4 billes de 4 cm de diamètre également en acier et mis dans un broyeur RETSCH (PM 100) au sein du laboratoire de géologie de l'Université de Namur. L'appareil a été réglé pour tous les broyages à 650 tours/secondes et 5 minutes. Après broyage des échantillons altérés un broyage au sable était nécessaire car le simple lavage à l'eau des bols et des billes d'acier n'était pas satisfaisant.

Les poudres ainsi obtenues ont été emmenées au département de chimie de l'Université de Namur pour subir des DRX.

15

Méthode d'analyse

L'échantillon de poudre placé sur lame de verre est bombardé par des rayons X obtenus en bombardant une anode de cuivre par un faisceau d'électrons accélérés dans le vide. Ces rayons X au contact avec la poudre sont réfléchis par chaque cristallite de la poudre selon une orientation dans l'espace. Les rayons X réfléchis interfèrent entre eux avec diverses intensités. On enregistre l'intensité détectée en fonction de l'angle de déviation 20 (deux-thêta) du faisceau. La courbe obtenue s'appelle diffractogramme ou spectre DRX. En analysant les spectres DRX obtenus, il est possible de déterminer les phases minérales qui constituent la poudre. En effet, pour certains angles de déviation 20 du faisceau, on détecte des rayons X, ce sont les pics du diffractogramme. Ces angles de déviation sont caractéristiques de l'organisation des atomes dans la maille cristalline. Dans les autres directions, on ne détecte pas de rayon X, c'est la ligne de fond du signal. Si l'on calcule les directions dans lesquelles on a du signal, on s'aperçoit que l'on obtient une loi très simple :

2.d.sin(è) = n.ë

Où 0 est la moitié de l'angle de déviation, n est un nombre entier appelé «ordre de diffraction», ë est la longueur d'onde des rayons X et d la distance entre les plans d'alignement des atomes ou distance interréticulaire. C'est la loi de Bragg.

Un pic est donc présent en 20 et représente une distance d. En introduisant les données de 20 et de d dans le logiciel ICDD view on sait retrouver les phases minérales.

ICDD view étant un logiciel qui contient plus de 70.000 données minéralogiques, il est nécessaire d'avoir une idée sur les minéraux dont on est susceptible de retrouver dans chacun de nos échantillons. Ainsi on réduit fortement les possibilités.

IV.3 Calcimétrie

Le calcimètre est un appareil destiné à la détermination de la teneur en carbonates RCO3 (R peut être du Ca, Mg, Sr, Mn, etc.) des échantillons. L'analyse est basée sur la mesure du volume de gaz carbonique dégagé par une quantité connue d'échantillon, sous forme de poudre dans notre cas, avec de l'acide chlorhydrique (dans notre cas, de l'HCl 35%), à une certaine température et pression. Le gaz dégagé lors de la réaction exerce une pression sur le liquide contenue dans une burette graduée. Le liquide passe alors d'un volume initial V1 à un volume final V2. L'équation de la réaction produite à l'intérieur de la burette est la suivante :

RCO3 + 2HCl RCl2 + H2O + CO2

Et le pourcentage de carbonate peut être calculé de la sorte : Masse RCO3 = 1,219 * [ÄVCO2/T°]

%RCO3=[masseRCO3/M]*100

16

?v : différence entre le volume initiale (V1) et le volume final (V2) (en ml) T° : température (en Kelvin)

M : masse en g de l'échantillon en poudre pesé

IV.4 Microscopie électronique à balayage (MEB)

Préparation des échantillons

Afin de pouvoir observer les échantillons au MEB il a fallu d'abord prendre une section sur chacun des sept échantillons, la scier, l'enrober dans une résine, polir au papier de verre la surface qui sera analysée et enfin enduire cette surface au carbone. Seuls les échantillons Ka 55, Kis 1-30 et Kis 1769 RG seront analysés par cette méthode.

Méthode d'analyse

Un faisceau d'électrons produits par chauffage d'un filament de tungstène, est accéléré par une différence de potentiel qui règne entre un filament polarisé négativement, et une anode reliée à la masse. Ce faisceau à haute vitesse est dévié par une série des lentilles jusqu'à l'échantillon. Sous l'impact du faisceau d'électrons accélérés il y a émission, par l'échantillon, des électrons primaires ou rétrodiffusés, des électrons secondaires et des rayons X. Ces trois rayonnements sont recueillis sélectivement par des détecteurs qui transmettent un signal à un écran cathodique dont le balayage est synchronisé avec le balayage de l'échantillon.

Les électrons rétrodiffusés renseignent sur le numéro atomique des éléments ; en effet plus la phase minérale qui est bombardé par les électrons aura un numéro atomique élevé, plus il y aura d'électrons rétrodiffusés, et plus la phase minérale apparaîtra claire.

Les électrons secondaires permettent d'obtenir des renseignements sur la topographie de l'échantillon et peu d'informations sur le contraste des phases. Car, étant donné qu'ils proviennent des couches superficielles, les électrons secondaires sont très sensibles aux variations de la surface de l'échantillon. La moindre variation va modifier la quantité d'électrons collectés.

Les rayons X possèdent une énergie caractéristique propre à chaque élément qui les a émis. Ces rayons sont recueillis et classés suivant leurs énergies ou leurs longueurs d'onde pour donner des informations sur la composition chimique de l'échantillon lorsqu'on fait une cartographie d'éléments à partir de la sonde EDS (Energy Dispersibe Spectroscopy) du MEB.

17

IV.5 Analyses chimiques

Les analyses géochimiques en éléments majeurs, mineurs et traces ont été faites par le laboratoire de la société canadienne Actlabs basée à Ontario.

La teneur en éléments majeurs a été déterminée par FUS-ICP (Fusion Inductively Coupled Plasma) et par ICP-OES (Inductively Coupled Plasma Optical Emissions Spectroscopy), et celle en éléments mineurs et traces a été déterminée par FUS-ICP ou par FUS-MS (Fusion Mass Spectometry). Ce sont des méthodes d'analyse chimiques permettant de doser la quasi-totalité des éléments du tableau périodique simultanément et à des limites de détection extrêmement faibles.

Les annexes 7 à 10 donnent les résultats des analyses chimiques pour les terres rares et les éléments en traces des différents échantillons, mais uniquement pour les éléments qui interviendront sur les divers graphiques. Les résultats des analyses chimiques des éléments majeurs sont présentés au point V.1 Résultats des analyses.

Le pourcentage total des éléments majeurs, la perte au feu4 comprise, des échantillons, bouclait entre 80,22% et 92,41%, ce qui est loin de l'idéal. Il a donc fallu faire un dosage du carbone organique total (COT) et du souffre total des échantillons, ce que les premières analyses n'avaient pas permis.

Le COT ou TOC (Total Organic Carbon) en anglais, est une technique de recherche, dans un échantillon donné, du carbone ayant une origine organique (y compris donc le carbone des os, des tests ou des coquilles). L'analyse dans notre cas s'est faite sur un échantillon broyé en poudre, d'environ 0,120 gr que l'on a placé dans un bol en céramique d'environ 10 ml, et auquel on a ajouté comme accélérateur de la réaction, 0,12gr de fer et 1,2gr de tungstène ; ensuite on a placé le tout pendant 30 secondes dans un appareil prévu pour, dans notre cas de type LECO CS-244 (mesures réalisées au laboratoire du département de géologie de l'Université de Namur). Les résultats de cette analyse sont présentés au point V.1 Résultats des analyses.

4 La perte au feu ou LOI en anglais (Loss On Ignition) est la perte de poids de l'échantillon par processus de déshydratation (élimination de l'eau de constitution des minéraux, élimination de l'humidité résiduelle,...) et la disparition des matières organiques.

18

V. RESULTATS ET DISCUSSIONS

V.1 Résultats des analyses

Oxydes

K55

K67

SiO2

3,44

3,93

Al2O3

1,79

2,15

Fe2O3

0,91

1,46

MnO

40,35

40,05

MgO

0,60

0,58

CaO

0,70

1,06

Na2O

0,00

0,01

K2O

0,00

0,00

TiO2

0,05

0,05

P2O5

0,00

0,00

LOI

32,37

31,49

C organique

12,10

11,40

TOTAL

92,32

92,18

Tableau V.1.2 : Pourcentage des éléments majeurs des échantillons sains.

Oxydes

KIS 1-30

KIS 1-58

KIS 1769 RG

KIS 13200 RG

KIS 13201 RG

SiO2

5,46

0,31

0,56

0,26

2,15

Al2O3

2,91

0,61

1,06

0,27

0,63

Fe2O3

5,56

< 0.01

0,94

< 0.01

< 0.01

MnO

75,1

86,32

76,19

85,11

83,4

MgO

0,03

0,02

0,02

0,03

0,02

CaO

0,14

0,09

0,11

0,13

0,08

Na2O

0,08

0,11

0,09

0,07

0,18

K2O

2,06

2,82

1,27

2,14

3,44

TiO2

0,41

0,016

0,027

< 0.001

0,002

P2O5

0,66

0,08

0,14

0,06

0,09

LOI

0

0

0

0

0

C organique

0,284

0,0618

0,023

0,0755

0,0529

TOTAL

92,694

90,4378

80,43

88,1455

90,0449

Tableau V.1.3 : Pourcentage des éléments majeurs des échantillons altérés.

19

Echantillons

 

Poids (gr)

Poids Fe (gr)

Poids W (gr)

%C

%S

K 55

0,137

0,122

1,244

12,1

0,00932

K 67

0,120

0,140

1,145

11,4

0,0107

Kis 1-30

0,112

0,136

1,184

0,284

0,0265

Kis 1-58

0,120

0,122

1,193

0,0618

0,0115

Kis 1769 RG

0,122

0,110

1,235

0,023

0,00563

Kis 13200 RG

0,127

0,127

1,158

0,0755

0,0574

Kis 13201 RG

0,121

0,132

1,207

0,0529

0,00933

Photo 1 : Vue de la lame de l'échantillon K 55 montrant le minerai carbonaté en cristaux de petite taille, et une abondance de ponctuations noires de braunite et de matière graphiteuse. Le grenat spessartine y est visible sous forme de cristaux de grande taille divisés en secteurs séparés par des résidus carbonatés.

Photo 2 : Même vue que sur la photo 1, mais en lumière analysée. On voit l'extinction des différents secteurs du grenat spessartine.

Tableau V.1.1 : Résultats du TOC.

V.2 Microscope polarisant

Pour la raison évoquée au point IV.1, seule les échantillons K 55 et K 67 ont été observé au microscope polarisant. Différentes phases y ont été observées comme on peut le voir sur ces photos ci-dessous.

Observations

20

Photo 3 (lame K 67) : Grenat spessartine bien développé au sein d'une masse riche en matière graphiteuse.

Photo 5 (lame K67) : Cristaux de spessartine (en clair) avec une éponte de rhodocrosite.

Photo 4 : Même zone que sur la photo 3. On peut voir ici des résidus microcristallins de rhodocrosite au sein des cristaux du grenat spessartine.

21

Photo 6 : Même vue que sur la photo 5. On peut voir l'extinction des grenats spessartine.

Photo 7 (lame K55) : mise en évidence d'une fissure au sein de laquelle cristallise le carbonate

Photo 8 : photo 7 en lumière analysée

22

Discussion

La spessartine comme on l'a vu, est postérieure au carbonate. Sa cristallisation s'est faite au sein de la masse carbonatée. Mais comme on le remarque sur ces photos de lame, en cristallisant, la spessartine peut contenir des résidus microcristallins de carbonate.

V.3 Analyse des diffractogrammes

La diffraction des rayons X sur un échantillon de poudre est une technique qui permet de détecter les phases minérales présentes dans celui-ci. Chaque pic correspond à une phase minérale particulière qui sera déterminée sans ambiguïté, sauf pour les pics situés en dessous de 13° 20 qu'on observera sur tous les diffractogrammes. Ces pics correspondent à des phases argileuses dont la détermination nécessiterait une méthode d'analyse différente.

V.3.1 Echantillons sains

Echantillon K 55

Le diffractogramme de l'échantillon K 55 (annexe 11) montre trois phases minérales : la rhodocrosite, la spessartine et la braunite. D'après Doyen (1974), dans ce gisement, la braunite est en très faible proportion et habituellement associée à la matière graphiteuse et se présente en petits grains de teinte gris-brun. Elle est en partie d'origine sédimentaire.

Echantillon K67

Le diffractogramme de l'échantillon K 67 (annexe 12) montre les mêmes phases minérales que l'échantillon K 55 (la rodochrosite, la spessartine et la braunite).

V.3.2 Echantillons altérés Echantillon Kis 1-30

Le difractogramme du Kis 1-30 (annexe 13) montre cinq phases minérales : la pyrolusite, la cryptomélane, la lithiophorite, la braunite, et l'hématite.

Echantillon Kis 1-58

Le diffractogramme de cet échantillon (annexe 14) n'a montré qu'une seule phase minérale : la cryptomélane. Sur ce diffractogramme on peut voir un pic à 38,895° 20. Ce pic est probablement une crasse qui s'est introduite dans l'échantillon, car il n'a rien donné comme information.

23

Echantillon Kis 1769 RG

En tout, trois phases minérales ont été observées dans cet échantillon : la pyrolusite, la cryptomélane et la lithiophorite (voir annexe 15).

Echantillon Kis 13200 RG

Le diffractogramme de cet échantillon (annexe 16) montre trois phases : la cryptomélane, la romanèchite et la hollandite.

Echantillon Kis 13201 RG

Sur les neuf pics retenus (voir annexe 17), cinq sont des pics de la cryptomélane, deux sont des pics de la pyrolusite, un pic est attribué à la romanèchite, et un autre à la hollandite. Sur ce diffractogramme on peut voir un pic à 23,290° 2è. Ce pic est probablement une crasse qui s'est introduit dans l'échantillon, car il n'a rien donné comme information.

Echantillons

Phases minérales

Formules de base

K 55

Rhodocrosite

MnCO3

Spessartine

Mn3Al2(SiO4)3

Braunite

Mn2+Mn3 6 +SiO12

K 67

Rhodocrosite

MnCO3

Spessartine

Mn3Al2(SiO4)3

Braunite

Mn2+Mn3 6 +SiO12

Kis 1-30

Pyrolusite

MnO2

Cryptomélane

Kx(Mn4+, Mn3+)8O16

Lithiophorite

LiAl2(Mn24+Mn3+)O6(OH)6

Hématite

Fe2O3

Braunite

Mn2+Mn3 6 +SiO12

Kis 1-58

Cryptomélane

Kx(Mn4+, Mn3+)8O16

Kis 1769 RG

Pyrolusite

MnO2

Cryptomélane

Kx(Mn2+, Mn3+)8O16

Lithiophorite

LiAl2(Mn24+Mn3+)O6(OH)6

Kis 13200 RG

Cryptomélane

Kx(Mn4+, Mn3+)8O16

Romanéchite

Ba2(Mn4+,Mn3+)5O102H2O

Hollandite

Bax(Mn4+,Mn3+)8O16

Kis 13201 RG

Cryptomélane

Kx(Mn4+, Mn3+)8O16

Pyrolusite

MnO2

Romanèchite

Ba2(Mn4+,Mn3+)5O102H2O

Hollandite

Bax(Mn4+,Mn3+)8O16

Tableau V.3.1 : Phases minérales présentes dans les différents échantillons

Discussion

I1 s'avère que, les roches les plus évoluées (les plus "terminales"), soient les plus pauvres en pyrolusite et soient constituées principalement de cryptomélane. Ceci s'explique par le fait que la pyrolusite est considérée comme le bioxyde de manganèse le plus stable en milieu oxydant à 25°C, 1 atm., et à pH moins acide (Giovanoli et al., 1975). Par ailleurs, la cryptomélane est la phase la plus stable dans les milieux riches en potassium. Les schistes

24

sériciteux, encaissant des formations manganésifères, représentent un tel milieu (Doyen, 1974). Les autres oxydes de manganèse (la romanèchite et la hollandite dans notre cas, la lithiophorite sera évoquée plus tard) sont associés à des milieux acides (Giovanoli et al., 1975). Ça serait la situation à plus faible profondeur dans ce gisement lorsque l'altération se met en place.

Ainsi s'expliquerait l'importance de la pyrolusite dans les minerais oxydés profonds issus de l'altération directe des dépôts primaires carbonatés qui retardent l'acidification du milieu (l'échantillon Kis 1-30 illustre bien ce cas), et l'aspect dominant de la cryptomélane et des autres oxydes de manganèse dans les minerais superficiels (les échantillons Kis 13200 et Kis 13201 illustrent bien ce cas). La pyrolusite reste donc une phase décrite comme relativement instable en fonction de l'acidité et la richesse en potassium du milieu, et pour nombreux auteurs il s'agit donc d'une phase de transition.

L'échantillon Kis 1-58 qui pourtant provient à environ 8 mètres sous l'échantillon Kis 1-30 ne contient que de la cryptomélane. Ceci s'expliquerait par le fait que le potassium issu du lessivage des schistes supérieurs se concentre dans cette zone. D'où la pyrolusite disparait au profit de la cryptomélane.

L'échantillon Kis 1769 qui est supposé provenir du même environnement que les échantillons Kis 13200 et Kis 13201 montre pourtant un rapprochement avec l'échantillon Kis 1-30. Ceci pose des questions sur sa provenance exacte.

V.4 Calcimétrie

Échantillons

Masse de l'échantillon

T° (K)

Volume de CO2

Masse de MnCO3

%MnCO3

K 55

0,286

289,6

35,0

0,14755

51,59

K 67

0,292

289,6

44,5

0,1876

64,24

Kis 1-30

0,478

289,6

2,00

0,00843

1,76

Kis 1-58

0,478

289,6

5,50

0,02319

4,85

Kis 13201 RG

0,490

289,6

0,00

0,00

0,00

Kis 13200 RG

0,489

289,6

0,00

0,00

0,00

Kis 1769 RG

0,499

289,6

1,50

0,00633

1,27

Tableau V.4.1 : Résultats de la calcimétrie

Les résultats de la calcimétrie sont présentés dans le tableau ci-dessus. Ces données sont intéressantes car elles nous permettent de voir que le pourcentage en carbonate MnCO3 diminue lorsque l'on se rapproche de la surface. Ce qui confirme que plus l'échantillon est proche de la surface, plus il est altéré.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams