II.5.2 Gisement secondaire
Le gisement secondaire constitue le chapeau de fer,
c'est-à-dire la partie altérée et oxydée. Des
méthodes de datation plus récentes ont été
effectuées dans la zone altérée par Decrée et al.
(2010). Les échantillons ont été datés par la
méthode radiométrique 40Ar/39Ar. La
datation faite sur des cryptomélanes donne un âge Pliocène.
Les âges obtenus pour les échantillons KIS 1-58, RG 1769 et RG
13200 (voir ci-après) furent respectivement de 3,54 +/- 0,27Ma ; 3,66
+/- 0,13Ma et 2,30 +/- 0,17 Ma.
III. ECHANTILLONNAGE
Plusieurs forages carottés ont été
réalisés à Kisenge durant la période 1953 - 1959
par la société Bécéka-Manganèse, dans le
cadre de l'exploration du gisement. Ces sondages ont montré que le
niveau le plus important du degré d'altération atteint 30
mètres suivant la verticale. Le contact minerai oxydé - minerai
carbonaté se trouve généralement vers 1030 - 1020
mètres d'altitude.
Des échantillons provenant de ces sondages sont
conservés au Musée Royal de l'Afrique Centrale (MRAC).
Le présent travail s'effectue sur sept échantillons
provenant de ces sondages. Parmi ceux-ci, deux échantillons proviennent
de la zone saine et cinq échantillons proviennent de la zone
altérée. Deux des cinq échantillons altérés
proviennent d'un sondage nommé Kis 1, l'abréviation Kis
désignant un sondage implanté à Kisenge. Ce sont les
échantillons Kis 1-30 et Kis 1-58. Les trois autres échantillons
altérés (Kis 1769 RG, Kis 13200 RG et Kis 13201 RG) proviennent
de la carrière en surface, dans une tranchée située
vraisemblablement au niveau 1100-1115 m. Les deux échantillons non
altérées (nommés K 55 et K 67) proviennent d'un sondage
effectué à Kamata, et dénommé Ka 72.
III.1 Description des sondages
Le sondage Kis 1 a été réalisé dans
la partie sud du gisement de Kisenge. Il est incliné de 60° par
rapport à l'horizontale, et n'a recoupé que la partie
altérée. Il part de la surface à une altitude proche de
1090 mètres, et descend à une profondeur de 161 mètres et
une altitude proche de 950 mètres (figure III.1.1).
Les échantillons Kis 1-30 et Kis 1-58 qui font partie de
ce sondage proviennent respectivement d'une altitude 1050 et 1040m, et une
profondeur située entre 46,10 et 47,10m pour le premier et de 55,75m
pour le second (figure III.1.1).
|
Figure III.1.1 : Coupe du sondage Kis 1 avec localisation des
échantillons Kis 1-30 et Kis 1-58 (d'après Doyen, 1974).
|
12
Le sondage Ka 72 a été effectué à la
verticale, et réalisé dans la partie est du gisement de Kamata.
Il débute à la côte altimétrique 1065m, et recoupe
différentes lithologie (figure III.1.2).
Figure III.1.2 : Coupe du sondage Ka 72 avec localisation des
échantillons K 55 et K 67 (d'après Doyen, 1974).
13
Sondages
|
Echantillons
|
Profondeur (mètres)
|
Côte altimétrique (mètres)
|
Kis 1
|
Kis 1-30
|
46,10 - 47,10
|
1050
|
|
Kis 1-58
|
55,75
|
1040
|
Sans sondage
|
Kis 1769 RG
|
0
|
1100-1115
|
|
Kis 13200 RG
|
0
|
1100-1115
|
|
Kis 13201 RG
|
0
|
1100-1115
|
Ka 72
|
K 55
|
55,40 - 55,65
|
1000
|
|
K 67
|
63,00 - 64,10
|
1005-1010
|
Tableau III.1.1 : Contexte des échantillons
utilisés dans le présent travail. III.2 Description
macroscopique des échantillons
K 55 et K67 : roche cohérente, gris
claire montrant des filons millimétriques rosâtres de carbonates
(annexes 2 et 3).
Kis 1-30 : roche cohérente, noire
foncée, montrant des minéralisations rougeâtres et
jaunâtres, de diamètre inférieur à deux
centimètres (annexe 4).
Kis 1-58, Kis 1769 RG, Kis 13200 RG et Kis 13201 RG
: roche à aspect botryoïdal, entièrement noire
foncée (annexes 5 et 6).
14
IV. PREPARATION DES ECHANTILLONS ET METHODES
D'ANALYSE
Les sept échantillons ont été
préparés en vue d'analyses microscopiques,
diffractométriques, calcimétriques et géochimiques.
IV.1 Microscope polarisant
Le microscope polarisant utilisé dans notre cas est un
microscope de type LEICA, qui, comme tout microscope polarisant ou
microscope polariseur analyseur est un microscope optique dont la technique
repose sur l'utilisation d'un faisceau de lumière polarisée,
c'est à dire des ondes vibrant dans un seul plan. Pour assurer la
polarisation de la lumière, un polariseur est placé après
la source de lumière, avant l'échantillon. Le deuxième
polarisateur, appelé analyseur, est placé perpendiculairement au
premier et ne peut donc pas laisser passer la lumière
premièrement polarisée.
Par contre, un échantillon de roche coupé en un fin
bloc, collé sur une lame de verre, aminci par polissage jusqu'à
une épaisseur de 30 micromètres environ, et placé entre
les deux polarisateurs, perturbe le faisceau lumineux qui va adopter des
nouvelles vibrations dont certaines vont pouvoir traverser l'analyseur. Suivant
la particularité de la lumière reçue, il est possible de
déterminer les phases minérales de l'échantillon
observé.
Si un minéral ne dévie pas le plan d'ondulation de
la lumière, il sera "éteint" en lumière analysée.
C'est le cas des minéraux du système cubique tel que la
spessartine. Certains minéraux ne laissent jamais passer la
lumière, même en lumière polarisée et
analysée, ils sont alors dits opaques. Ce sont les oxydes. Ces
minéraux ne peuvent donc pas être identifiés par ce
microscope. Dès lors, les échantillons altérés,
constitués d'oxydes, ne seront pas analysés par ce microscope.
IV.2 Diffraction des rayons X (DRX)
Préparation des échantillons
La diffraction des rayons X s'est faite suivant la méthode
de poudre. Pour chaque échantillon on a pris environ 50 gr qu'on a
concassés à l'aide d'un marteau et d'une enclume, en morceaux
inférieurs à 1 cm, puis laissés sécher pendant plus
de 24 heures. Ces morceaux ont ensuite été placés dans un
bol en acier de 500 ml avec 4 billes de 4 cm de diamètre
également en acier et mis dans un broyeur RETSCH (PM 100) au
sein du laboratoire de géologie de l'Université de Namur.
L'appareil a été réglé pour tous les broyages
à 650 tours/secondes et 5 minutes. Après broyage des
échantillons altérés un broyage au sable était
nécessaire car le simple lavage à l'eau des bols et des billes
d'acier n'était pas satisfaisant.
Les poudres ainsi obtenues ont été emmenées
au département de chimie de l'Université de Namur pour subir des
DRX.
15
Méthode d'analyse
L'échantillon de poudre placé sur lame de verre est
bombardé par des rayons X obtenus en bombardant une anode de cuivre par
un faisceau d'électrons accélérés dans le vide. Ces
rayons X au contact avec la poudre sont réfléchis par chaque
cristallite de la poudre selon une orientation dans l'espace. Les rayons X
réfléchis interfèrent entre eux avec diverses
intensités. On enregistre l'intensité détectée en
fonction de l'angle de déviation 20 (deux-thêta) du faisceau. La
courbe obtenue s'appelle diffractogramme ou spectre DRX. En analysant les
spectres DRX obtenus, il est possible de déterminer les phases
minérales qui constituent la poudre. En effet, pour certains angles de
déviation 20 du faisceau, on détecte des rayons X, ce sont les
pics du diffractogramme. Ces angles de déviation sont
caractéristiques de l'organisation des atomes dans la maille
cristalline. Dans les autres directions, on ne détecte pas de rayon X,
c'est la ligne de fond du signal. Si l'on calcule les directions dans
lesquelles on a du signal, on s'aperçoit que l'on obtient une loi
très simple :
2.d.sin(è) = n.ë
Où 0 est la moitié de l'angle de déviation,
n est un nombre entier appelé «ordre de diffraction», ë
est la longueur d'onde des rayons X et d la distance entre les plans
d'alignement des atomes ou distance interréticulaire. C'est la loi de
Bragg.
Un pic est donc présent en 20 et représente une
distance d. En introduisant les données de 20 et de d dans le logiciel
ICDD view on sait retrouver les phases minérales.
ICDD view étant un logiciel qui contient plus de 70.000
données minéralogiques, il est nécessaire d'avoir une
idée sur les minéraux dont on est susceptible de retrouver dans
chacun de nos échantillons. Ainsi on réduit fortement les
possibilités.
IV.3 Calcimétrie
Le calcimètre est un appareil destiné à la
détermination de la teneur en carbonates RCO3 (R peut être du Ca,
Mg, Sr, Mn, etc.) des échantillons. L'analyse est basée sur la
mesure du volume de gaz carbonique dégagé par une quantité
connue d'échantillon, sous forme de poudre dans notre cas, avec de
l'acide chlorhydrique (dans notre cas, de l'HCl 35%), à une certaine
température et pression. Le gaz dégagé lors de la
réaction exerce une pression sur le liquide contenue dans une burette
graduée. Le liquide passe alors d'un volume initial V1 à un
volume final V2. L'équation de la réaction produite à
l'intérieur de la burette est la suivante :
RCO3 + 2HCl RCl2 + H2O + CO2
Et le pourcentage de carbonate peut être calculé de
la sorte : Masse RCO3 = 1,219 * [ÄVCO2/T°]
%RCO3=[masseRCO3/M]*100
16
?v : différence entre le volume initiale (V1) et le volume
final (V2) (en ml) T° : température (en Kelvin)
M : masse en g de l'échantillon en poudre pesé
IV.4 Microscopie électronique à balayage
(MEB)
Préparation des échantillons
Afin de pouvoir observer les échantillons au MEB il a
fallu d'abord prendre une section sur chacun des sept échantillons, la
scier, l'enrober dans une résine, polir au papier de verre la surface
qui sera analysée et enfin enduire cette surface au carbone. Seuls les
échantillons Ka 55, Kis 1-30 et Kis 1769 RG seront analysés par
cette méthode.
Méthode d'analyse
Un faisceau d'électrons produits par chauffage d'un
filament de tungstène, est accéléré par une
différence de potentiel qui règne entre un filament
polarisé négativement, et une anode reliée à la
masse. Ce faisceau à haute vitesse est dévié par une
série des lentilles jusqu'à l'échantillon. Sous l'impact
du faisceau d'électrons accélérés il y a
émission, par l'échantillon, des électrons primaires ou
rétrodiffusés, des électrons secondaires et des rayons X.
Ces trois rayonnements sont recueillis sélectivement par des
détecteurs qui transmettent un signal à un écran
cathodique dont le balayage est synchronisé avec le balayage de
l'échantillon.
Les électrons rétrodiffusés renseignent sur
le numéro atomique des éléments ; en effet plus la phase
minérale qui est bombardé par les électrons aura un
numéro atomique élevé, plus il y aura d'électrons
rétrodiffusés, et plus la phase minérale apparaîtra
claire.
Les électrons secondaires permettent d'obtenir des
renseignements sur la topographie de l'échantillon et peu d'informations
sur le contraste des phases. Car, étant donné qu'ils proviennent
des couches superficielles, les électrons secondaires sont très
sensibles aux variations de la surface de l'échantillon. La moindre
variation va modifier la quantité d'électrons
collectés.
Les rayons X possèdent une énergie
caractéristique propre à chaque élément qui les a
émis. Ces rayons sont recueillis et classés suivant leurs
énergies ou leurs longueurs d'onde pour donner des informations sur la
composition chimique de l'échantillon lorsqu'on fait une cartographie
d'éléments à partir de la sonde EDS (Energy Dispersibe
Spectroscopy) du MEB.
17
IV.5 Analyses chimiques
Les analyses géochimiques en éléments
majeurs, mineurs et traces ont été faites par le laboratoire de
la société canadienne Actlabs basée à
Ontario.
La teneur en éléments majeurs a été
déterminée par FUS-ICP (Fusion Inductively Coupled Plasma) et par
ICP-OES (Inductively Coupled Plasma Optical Emissions Spectroscopy), et celle
en éléments mineurs et traces a été
déterminée par FUS-ICP ou par FUS-MS (Fusion Mass Spectometry).
Ce sont des méthodes d'analyse chimiques permettant de doser la
quasi-totalité des éléments du tableau périodique
simultanément et à des limites de détection
extrêmement faibles.
Les annexes 7 à 10 donnent les résultats des
analyses chimiques pour les terres rares et les éléments en
traces des différents échantillons, mais uniquement pour les
éléments qui interviendront sur les divers graphiques. Les
résultats des analyses chimiques des éléments majeurs sont
présentés au point V.1 Résultats des analyses.
Le pourcentage total des éléments majeurs, la perte
au feu4 comprise, des échantillons, bouclait entre 80,22% et
92,41%, ce qui est loin de l'idéal. Il a donc fallu faire un dosage du
carbone organique total (COT) et du souffre total des échantillons, ce
que les premières analyses n'avaient pas permis.
Le COT ou TOC (Total Organic Carbon) en anglais, est une
technique de recherche, dans un échantillon donné, du carbone
ayant une origine organique (y compris donc le carbone des os, des tests ou des
coquilles). L'analyse dans notre cas s'est faite sur un échantillon
broyé en poudre, d'environ 0,120 gr que l'on a placé dans un bol
en céramique d'environ 10 ml, et auquel on a ajouté comme
accélérateur de la réaction, 0,12gr de fer et 1,2gr de
tungstène ; ensuite on a placé le tout pendant 30 secondes dans
un appareil prévu pour, dans notre cas de type LECO CS-244
(mesures réalisées au laboratoire du département de
géologie de l'Université de Namur). Les résultats de cette
analyse sont présentés au point V.1 Résultats des
analyses.
4 La perte au feu ou LOI en anglais (Loss On Ignition)
est la perte de poids de l'échantillon par processus de
déshydratation (élimination de l'eau de constitution des
minéraux, élimination de l'humidité résiduelle,...)
et la disparition des matières organiques.
18
V. RESULTATS ET DISCUSSIONS
V.1 Résultats des analyses
Oxydes
|
K55
|
K67
|
SiO2
|
3,44
|
3,93
|
Al2O3
|
1,79
|
2,15
|
Fe2O3
|
0,91
|
1,46
|
MnO
|
40,35
|
40,05
|
MgO
|
0,60
|
0,58
|
CaO
|
0,70
|
1,06
|
Na2O
|
0,00
|
0,01
|
K2O
|
0,00
|
0,00
|
TiO2
|
0,05
|
0,05
|
P2O5
|
0,00
|
0,00
|
LOI
|
32,37
|
31,49
|
C organique
|
12,10
|
11,40
|
TOTAL
|
92,32
|
92,18
|
Tableau V.1.2 : Pourcentage des éléments majeurs
des échantillons sains.
Oxydes
|
KIS 1-30
|
KIS 1-58
|
KIS 1769 RG
|
KIS 13200 RG
|
KIS 13201 RG
|
SiO2
|
5,46
|
0,31
|
0,56
|
0,26
|
2,15
|
Al2O3
|
2,91
|
0,61
|
1,06
|
0,27
|
0,63
|
Fe2O3
|
5,56
|
< 0.01
|
0,94
|
< 0.01
|
< 0.01
|
MnO
|
75,1
|
86,32
|
76,19
|
85,11
|
83,4
|
MgO
|
0,03
|
0,02
|
0,02
|
0,03
|
0,02
|
CaO
|
0,14
|
0,09
|
0,11
|
0,13
|
0,08
|
Na2O
|
0,08
|
0,11
|
0,09
|
0,07
|
0,18
|
K2O
|
2,06
|
2,82
|
1,27
|
2,14
|
3,44
|
TiO2
|
0,41
|
0,016
|
0,027
|
< 0.001
|
0,002
|
P2O5
|
0,66
|
0,08
|
0,14
|
0,06
|
0,09
|
LOI
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
C organique
|
0,284
|
0,0618
|
0,023
|
0,0755
|
0,0529
|
TOTAL
|
92,694
|
90,4378
|
80,43
|
88,1455
|
90,0449
|
Tableau V.1.3 : Pourcentage des éléments majeurs
des échantillons altérés.
19
Echantillons
|
Poids (gr)
|
Poids Fe (gr)
|
Poids W (gr)
|
%C
|
%S
|
K 55
|
0,137
|
0,122
|
1,244
|
12,1
|
0,00932
|
K 67
|
0,120
|
0,140
|
1,145
|
11,4
|
0,0107
|
Kis 1-30
|
0,112
|
0,136
|
1,184
|
0,284
|
0,0265
|
Kis 1-58
|
0,120
|
0,122
|
1,193
|
0,0618
|
0,0115
|
Kis 1769 RG
|
0,122
|
0,110
|
1,235
|
0,023
|
0,00563
|
Kis 13200 RG
|
0,127
|
0,127
|
1,158
|
0,0755
|
0,0574
|
Kis 13201 RG
|
0,121
|
0,132
|
1,207
|
0,0529
|
0,00933
|
Photo 1 : Vue de la lame de l'échantillon K 55 montrant le
minerai carbonaté en cristaux de petite taille, et une abondance de
ponctuations noires de braunite et de matière graphiteuse. Le grenat
spessartine y est visible sous forme de cristaux de grande taille
divisés en secteurs séparés par des résidus
carbonatés.
Photo 2 : Même vue que sur la photo 1, mais en
lumière analysée. On voit l'extinction des différents
secteurs du grenat spessartine.
Tableau V.1.1 : Résultats du TOC.
V.2 Microscope polarisant
Pour la raison évoquée au point IV.1, seule les
échantillons K 55 et K 67 ont été observé au
microscope polarisant. Différentes phases y ont été
observées comme on peut le voir sur ces photos ci-dessous.
Observations
20
Photo 3 (lame K 67) : Grenat spessartine bien
développé au sein d'une masse riche en matière
graphiteuse.
Photo 5 (lame K67) : Cristaux de spessartine (en clair) avec une
éponte de rhodocrosite.
Photo 4 : Même zone que sur la photo 3. On peut voir ici
des résidus microcristallins de rhodocrosite au sein des cristaux du
grenat spessartine.
21
Photo 6 : Même vue que sur la photo 5. On peut voir
l'extinction des grenats spessartine.
Photo 7 (lame K55) : mise en évidence d'une fissure au
sein de laquelle cristallise le carbonate
Photo 8 : photo 7 en lumière analysée
22
Discussion
La spessartine comme on l'a vu, est postérieure au
carbonate. Sa cristallisation s'est faite au sein de la masse
carbonatée. Mais comme on le remarque sur ces photos de lame, en
cristallisant, la spessartine peut contenir des résidus microcristallins
de carbonate.
V.3 Analyse des diffractogrammes
La diffraction des rayons X sur un échantillon de poudre
est une technique qui permet de détecter les phases minérales
présentes dans celui-ci. Chaque pic correspond à une phase
minérale particulière qui sera déterminée sans
ambiguïté, sauf pour les pics situés en dessous de 13°
20 qu'on observera sur tous les diffractogrammes. Ces pics correspondent
à des phases argileuses dont la détermination
nécessiterait une méthode d'analyse différente.
V.3.1 Echantillons sains
Echantillon K 55
Le diffractogramme de l'échantillon K 55 (annexe 11)
montre trois phases minérales : la rhodocrosite, la spessartine et la
braunite. D'après Doyen (1974), dans ce gisement, la braunite est en
très faible proportion et habituellement associée à la
matière graphiteuse et se présente en petits grains de teinte
gris-brun. Elle est en partie d'origine sédimentaire.
Echantillon K67
Le diffractogramme de l'échantillon K 67 (annexe 12)
montre les mêmes phases minérales que l'échantillon K 55
(la rodochrosite, la spessartine et la braunite).
V.3.2 Echantillons altérés
Echantillon Kis 1-30
Le difractogramme du Kis 1-30 (annexe 13) montre cinq phases
minérales : la pyrolusite, la cryptomélane, la lithiophorite, la
braunite, et l'hématite.
Echantillon Kis 1-58
Le diffractogramme de cet échantillon (annexe 14) n'a
montré qu'une seule phase minérale : la cryptomélane. Sur
ce diffractogramme on peut voir un pic à 38,895° 20. Ce pic est
probablement une crasse qui s'est introduite dans l'échantillon, car il
n'a rien donné comme information.
23
Echantillon Kis 1769 RG
En tout, trois phases minérales ont été
observées dans cet échantillon : la pyrolusite, la
cryptomélane et la lithiophorite (voir annexe 15).
Echantillon Kis 13200 RG
Le diffractogramme de cet échantillon (annexe 16) montre
trois phases : la cryptomélane, la romanèchite et la
hollandite.
Echantillon Kis 13201 RG
Sur les neuf pics retenus (voir annexe 17), cinq sont des pics de
la cryptomélane, deux sont des pics de la pyrolusite, un pic est
attribué à la romanèchite, et un autre à la
hollandite. Sur ce diffractogramme on peut voir un pic à 23,290°
2è. Ce pic est probablement une crasse qui s'est introduit dans
l'échantillon, car il n'a rien donné comme information.
Echantillons
|
Phases minérales
|
Formules de base
|
K 55
|
Rhodocrosite
|
MnCO3
|
Spessartine
|
Mn3Al2(SiO4)3
|
Braunite
|
Mn2+Mn3 6 +SiO12
|
K 67
|
Rhodocrosite
|
MnCO3
|
Spessartine
|
Mn3Al2(SiO4)3
|
Braunite
|
Mn2+Mn3 6 +SiO12
|
Kis 1-30
|
Pyrolusite
|
MnO2
|
Cryptomélane
|
Kx(Mn4+, Mn3+)8O16
|
Lithiophorite
|
LiAl2(Mn24+Mn3+)O6(OH)6
|
Hématite
|
Fe2O3
|
Braunite
|
Mn2+Mn3 6 +SiO12
|
Kis 1-58
|
Cryptomélane
|
Kx(Mn4+, Mn3+)8O16
|
Kis 1769 RG
|
Pyrolusite
|
MnO2
|
Cryptomélane
|
Kx(Mn2+, Mn3+)8O16
|
Lithiophorite
|
LiAl2(Mn24+Mn3+)O6(OH)6
|
Kis 13200 RG
|
Cryptomélane
|
Kx(Mn4+, Mn3+)8O16
|
Romanéchite
|
Ba2(Mn4+,Mn3+)5O102H2O
|
Hollandite
|
Bax(Mn4+,Mn3+)8O16
|
Kis 13201 RG
|
Cryptomélane
|
Kx(Mn4+, Mn3+)8O16
|
Pyrolusite
|
MnO2
|
Romanèchite
|
Ba2(Mn4+,Mn3+)5O102H2O
|
Hollandite
|
Bax(Mn4+,Mn3+)8O16
|
Tableau V.3.1 : Phases minérales présentes dans les
différents échantillons
Discussion
I1 s'avère que, les roches les plus évoluées
(les plus "terminales"), soient les plus pauvres en pyrolusite et soient
constituées principalement de cryptomélane. Ceci s'explique par
le fait que la pyrolusite est considérée comme le bioxyde de
manganèse le plus stable en milieu oxydant à 25°C, 1 atm.,
et à pH moins acide (Giovanoli et al., 1975). Par ailleurs, la
cryptomélane est la phase la plus stable dans les milieux riches en
potassium. Les schistes
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sériciteux, encaissant des formations
manganésifères, représentent un tel milieu (Doyen, 1974).
Les autres oxydes de manganèse (la romanèchite et la hollandite
dans notre cas, la lithiophorite sera évoquée plus tard) sont
associés à des milieux acides (Giovanoli et al., 1975). Ça
serait la situation à plus faible profondeur dans ce gisement lorsque
l'altération se met en place.
Ainsi s'expliquerait l'importance de la pyrolusite dans les
minerais oxydés profonds issus de l'altération directe des
dépôts primaires carbonatés qui retardent l'acidification
du milieu (l'échantillon Kis 1-30 illustre bien ce cas), et l'aspect
dominant de la cryptomélane et des autres oxydes de manganèse
dans les minerais superficiels (les échantillons Kis 13200 et Kis 13201
illustrent bien ce cas). La pyrolusite reste donc une phase décrite
comme relativement instable en fonction de l'acidité et la richesse en
potassium du milieu, et pour nombreux auteurs il s'agit donc d'une phase de
transition.
L'échantillon Kis 1-58 qui pourtant provient à
environ 8 mètres sous l'échantillon Kis 1-30 ne contient que de
la cryptomélane. Ceci s'expliquerait par le fait que le potassium issu
du lessivage des schistes supérieurs se concentre dans cette zone.
D'où la pyrolusite disparait au profit de la cryptomélane.
L'échantillon Kis 1769 qui est supposé provenir du
même environnement que les échantillons Kis 13200 et Kis 13201
montre pourtant un rapprochement avec l'échantillon Kis 1-30. Ceci pose
des questions sur sa provenance exacte.
V.4 Calcimétrie
Échantillons
|
Masse de l'échantillon
|
T° (K)
|
Volume de CO2
|
Masse de MnCO3
|
%MnCO3
|
K 55
|
0,286
|
289,6
|
35,0
|
0,14755
|
51,59
|
K 67
|
0,292
|
289,6
|
44,5
|
0,1876
|
64,24
|
Kis 1-30
|
0,478
|
289,6
|
2,00
|
0,00843
|
1,76
|
Kis 1-58
|
0,478
|
289,6
|
5,50
|
0,02319
|
4,85
|
Kis 13201 RG
|
0,490
|
289,6
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
Kis 13200 RG
|
0,489
|
289,6
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
Kis 1769 RG
|
0,499
|
289,6
|
1,50
|
0,00633
|
1,27
|
Tableau V.4.1 : Résultats de la calcimétrie
Les résultats de la calcimétrie sont
présentés dans le tableau ci-dessus. Ces données sont
intéressantes car elles nous permettent de voir que le pourcentage en
carbonate MnCO3 diminue lorsque l'on se rapproche de la surface. Ce qui
confirme que plus l'échantillon est proche de la surface, plus il est
altéré.
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|
|