WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Minéralogie et géochimie du gisement de manganèse de Kisenge (République Démocratique du Congo)

( Télécharger le fichier original )
par Arsène Mango
Facultés Universitaires Notre Dame de la Paix - Baccalauréat 2013
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Abstract

The deposit of Kisenge is a deposit of manganese to the elaboration of which the meteoric change contributed in an essential way. The first accumulation of sedimentary origin is in the form of a rock rich in detrital rhodocrosite deposited in a reducing environment, and constitute the hypogene part. The effect of subsequent metamorphism suffered by the rock was limited to the recrystallization of rhodochrosite and, in some areas, the formation of garnet spessartine without changing in Mn content of the rock. At this stage, the rock has a content of about 35% of manganese. The later weathering causes the oxidation of the rhodocrosite in manganese oxides (pyrolusite, cryptomelane, romanechite, hollandite); while the spessartine is oxidized in pyrolusite, cryptomelane but also lithioprhorite.

This supergene process increases the content in Mn and allows to reach the economic limit of exploitability, and causes leaching of other chemical elements which are then concentrated or absent in newly formed phases.

I. INTRODUCTION

I.1 Localisation

Le gisement de manganèse de Kisenge est situé en République Démocratique du Congo, dans la province du Katanga - district du Lualaba - territoire de Dilolo (figure I.1.1), entre les méridiens 23°10'E et 23°20'E et de part et d'autre du parallèle 10°40'S ; d'une part, et d'autre part entre la rivière Lukoshi au nord et Luashi au sud ; région occupée par une vaste pénéplaine d'altitude généralement supérieure à 1000 mètres.

Figure I.1.1 : Carte administrative de la RD Congo avec localisation du gisement de Kisenge (d'après l'Encyclopédie

Kisenge

6

Le gisement constitue une succession de collines allongées parallèlement à la direction des couches, de dimensions variables, et alignées en direction approximativement Est-Ouest. Le minerai constitué par des oxydes de manganèse se présente en bancs de pendage sud de 45° à 70° (Marchandise, 1958), (figure I.1.2).

Figure I.1.2 : Coupe N-S dans la colline de Kisenge (d'après Marchandise, 1958)

7

Le gisement de Kisenge est associé à deux autres gisements de même type et relativement proches. Il s'agit des gisements de Kamata et Kapolo.

Découvert en 1926, et exploité à partir de 1951, le gisement de Kisenge présente une importance appréciée tant au niveau national que mondial. Ceci emmène à constater qu'en 1960, le Congo belge était 8ème producteur de manganèse dans le monde et qu'en 1970, le Zaïre occupait encore la 11ème place dans la production de cet élément essentiellement utilisé pour la préparation d'alliages, avec 300.000 tonnes de minerais par an. Mais le gisement dont les droits d'exploitation appartiennent désormais à l'entreprise publique EMK-MN

(Entreprise Minière Kisenge Manganèse) est à l'arrêt depuis 1993 à cause notamment de la fermeture du chemin de fer de Benguela en Angola, suite à la guerre civile dans ce pays, mais surtout à cause du manque de financements. Néanmoins le gisement présente encore d'importantes réserves, dont 5.348.227 tonnes de pyrolusite à 50% de manganèse et 6.000.000 tonnes de carbonate à 35% de manganèse (Ministère congolais des mines).

I.2 Objectifs du travail

Les accumulations primaires de manganèse de Kisenge ont été soumises à des fluides d'origine météorique responsables des enrichissements que l'on peut retrouver actuellement dans le supergène. Différents échantillons de roche ont été prélevés à divers endroits et diverses profondeurs afin de mettre en évidence le degré d'altération et les transformations/néoformations associées.

Les échantillons seront caractérisés de manière minéralogique par cinq méthodes analytiques : Microscope optique, Diffraction aux rayons X, calcimétrie, Microscope Électronique à Balayage (MEB), et analyses chimiques en éléments majeurs, mineurs et traces ; afin de faire une comparaison entre la minéralogie de la partie altérée (minerais oxydé) et celle de la partie saine (minerai primaire) du gisement.

II. CONTEXTE GEOLOGIQUE

II.1 Géologie régionale

La région est caractérisée par un socle constitué en plus grande partie par le complexe de la Lukoshi, formation antékibarienne1 (plus ancienne que 1300 Ma), dont l'âge est plus ancien que 2.100Ma (Ledent et al., 1962). Cet ensemble fortement plissé comprend des roches magmatiques (granites, gabbros, pyroxénites) et des roches métamorphiques. Ces dernières

1 Voir l'échelle des temps géologiques des différentes périodes géologiques mentionnées dans ce travail (annexe 1).

sont principalement localisées entre la Lukoshi et la Luashi et il s'agit principalement de phyllades, micaschistes, gneiss, schistes amphiboliques et quartzites (Doyen, 1974).

Une couverture composée des formations plus récentes recouvre le complexe à l'ouest et au sud. Cette couverture est constituée principalement des latérites mais également des sables, des grès, des quartzites récents et des alluvions (figure II.1.1).

 

Figure II.1.1 : Extrait de la carte géologique et minière de la République Démocratique du Congo (MRAC, 2013)

8

Les gisements de Kisenge, Kamata et Kapolo se situent dans les micaschistes à proximité des schistes amphiboliques (figure II.1.2).

Figure II.1.2 : Carte géologique du polygone d'exploitation du Bécéka-Manganèse. Projection conforme de Gauss, C.S.K.I. (Schuiling, 1956 in Doyen, 1974).

9

II.2. Présentation générale du gisement

D'après les observations faites par Doyen (1974), le gisement est constitué des concentrations minérales stratiformes formées d'une succession de quatre horizons, comprenant de la base au sommet des :

> schistes noirs, légèrement manganésifères,

> gondites2 à spessartine et à ciment de rhodochrosite,

> carbonate de manganèse (rhodocrosite) stratifié, à matière graphiteuse et à cristaux de

sperssartine,

> schistes de teinte claire et stériles (séricito-schistes3).

Le minerai qui est exploité en carrière constitue le « chapeau de fer » du gisement. Ses parties riches proviennent de l'oxydation des couches formées essentiellement de rhodochrosite (horizon 3), tandis que le minerai pauvre provient de l'oxydation des gondites (horizon 2), (Doyen, 1974). L'ensemble de la série est intercalé dans le complexe de la Lukoshi.

II.3 Origine du manganèse primaire de Kisenge

Nous entendons par minerai primaire, le minerai profond non oxydé et non altéré, c'est-à-dire le minerai principalement carbonaté métamorphisé (horizons 2 et 3), constitué en majorité de rhodocrosite.

La rhodocrosite peut avoir trois origines génétiques :

> se former par circulation hydrothermale dans les fissures ;

> se substituer à une phase minérale préexistante, calcaire ou dolomitique ;

> se former par précipitation chimique en milieu aqueux réducteur (processus sédimentaire).

Doyen (1974) approuve l'hypothèse sédimentaire par précipitation pour évoquer l'origine du manganèse de Kisenge grâce à ses observations dont notamment le fait que le minerai carbonaté de manganèse soit interstratifié, la présence des structures sédimentaires (plan de stratification, fente de dessication,...), la présence de structures algaires,... et propose le schéma sédimentaire suivant :

> Un continent formé principalement des roches magmatiques (granites) et de peu de roches volcaniques ou métamorphiques dont l'érosion apporte dans un bassin

2Le terme gondite fut défini par Fermor en 1909 pour désigner des roches métamorphiques à silicates manganésifères composées principalement de spessartine [Mn3Al2(SiO4)3] et de rhodonite [Mn2(SiO3)2].

3 Le terme séricito-schiste désigne un schiste du métamorphisme général avec abondance de séricite (petits cristaux de micas blancs) donnant un aspect soyeux en surface.

10

sédimentaire des éléments sous forme solides (fractions détritiques) et des constituants des roches magmatiques (Si, Al, Ca, Mg, K, Fe, Mn,...) en solution.

? Dans le bassin, les fractions détritiques se déposent, alors que les éléments en solution se concentrent dans un endroit confiné. Ce bassin semi fermé et limité en extension, est considéré comme faisant partie d'une série de bassins de ce type, observés tout au long de ce que devait être la côte de l'époque.

? L'échange réduit avec la mer libre et une évaporation intense favorisent la concentration des éléments en solution. Certains de ceux-ci accentuent le développement rapide de la principale flore de l'époque : les algues. Leur abondance devient telle qu'il s'en suit un « désastre ». Il se dépose alors des boues noires, riches en matières organiques, qui par diagenèse et métamorphisme donneront des schistes noirs graphiteux.

? Sous l'influence conjointe de l'évaporation et des algues (les algues sont principalement liées à la zone de battements des vagues), les conditions physico-chimiques des eaux du bassin vont favoriser la sédimentation chimique. Celle-ci débute par la précipitation du fer puis celle du manganèse, dans des conditions réductrices. Ces précipitations s'effectuent sous forme de carbonate. A ce moment-là l'apport terrigène est presque nul.

Signalons que les gisements de manganèse sédimentaires représentent environ 90% des gisements de manganèse mondiaux.

La série carbonatée décrite ci-dessus est actuellement disposée en série renversée à pendage sud. Ce qui témoigne d'une activité tectonique dont la direction générale était Ouest - Est. Une partie au moins du gisement a subi un métamorphisme mézosonal à staurotide - disthène -andalousite - biotite - almandin, qui a permis la cristallisation de la spessartine. Mais ce métamorphisme se marque également sur le terrain par des amphiboles et des phyllites qui traversent, soit le minerai primaire carbonaté, soit les gondites (Doyen, 1974).

II.4 Processus d'altération météorique

L'altération météorique a pour effet de dissocier les silicates (ainsi que de dissoudre les carbonates), d'éliminer la silice par dissolution, laissant ainsi un résidu (appelé « latérite »). Ce résidu s'accumule pour autant que l'érosion ne soit pas trop forte. Les éléments de ce résidu vont finir par se dissocier et se rassembler pour former des nouvelles phases minérales. Le manganèse contenu dans la spessartine et dans la rhodocrosite par exemple, est libéré. Dans des conditions oxydantes, les oxydes de manganèse se rassemblent en concrétions et forment des masses importantes et massives, qui peuvent être très riches en manganèse, par suite de remaniements successifs.

Le constituant principal de ces oxydes de manganèse dans le cas du gisement de Kisenge est la cryptomélane, mais également de la pyrolusite en faible proportion, et un autre minéral plus rare encore, la lithiophorite (Marchandise, 1958).

11

II.5 Datation du gisement II.5.1 Gisement primaire

Deux datations ont été effectuées par Ledent et al. (1962) sur une muscovite provenant d'une pegmatite qui recoupe les différents horizons, dans la région de Musenge (figure II.1.2) et ont donné un âge de 1845 Ma, ce qui correspond à l'âge de l'orogenèse qui a affecté le complexe de la Lukoshi, ou bien constitue une limite jeune pour cette orogenèse. L'horizon 3 est

recoupé par ces pegmatites. Ce qui indique que le minerai primaire est plus ancien que

1845Ma (Doyen, 1974).

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon