1.12.2.2. L'innovation et
sa diffusion selon Rogers Everett (1962)
La théorie de la diffusion et de l'innovation a
pour but d'expliquer comment une innovation, une nouvelle idée
évolue du stade d'invention à celui de l'utilisation
élargie.
a)- Les étapes de
l'adoption d'une innovation
Selon Rogers (1995), cinq
éléments déterminent l'adoption ou la diffusion d'une
innovation:
L'avantage relatif : c'est le
degré selon lequel une innovation est perçue comme étant
meilleure que celles qui existent déjà. Il n'est pas
nécessaire que cette innovation possède plus d'avantages que
d'autres. Ce qui importe, c'est la perception avantageuse que l'individu ou le
groupe a de cette technologie nouvelle.
La compatibilité : C'est la
mesure du degré selon lequel, une innovation est dite conciliante avec
les valeurs existantes, les expériences passées, les pratiques
sociales et les normes des utilisateurs. Une idée qui serait
incompatible avec les valeurs et normes actuelles prendrait plus de temps
à être adoptée qu'une innovation compatible. De même,
dans certains cas, l'adoption d'une innovation compatible nécessite
l'adoption, au préalable, d'un nouveau système de valeur ;
ce qui peut prendre un temps considérable.
La complexité : C'est la mesure
du degré selon lequel une innovation est dite difficile à
comprendre et à utiliser. Les nouvelles idées faciles à
comprendre vont être adoptées plus rapidement que celles qui
nécessitent le développement de nouvelles compétences
nécessaire à leur compréhension.
La testabilité : Elle consiste en
la possibilité de tester une innovation et de la modifier avant de
s'engager à l'utiliser. L'opportunité de tester une innovation va
permettre aux éventuels utilisateurs d'avoirs plus de
confiance en ce produit car, ils auront eu la possibilité d'apprendre
à l'utiliser.
L'observabilité : C'est le
degré auquel les résultats et bénéfices d'une
innovation sont clairs. Plus les résultats de l'adoption de
l'innovation seront clairs, plus les individus l'adopteront facilement.
Testabilité
Complexité
Compatibilité
Avantage relatif
Observabilité
Rejet
Acceptation
Source : Everett Rogers,
1995
Figure 4 :Les
étapes de l'adoption ou de la diffusion d'une innovation selon
Rogers
Chacune de ces caractéristiques prises
seule n'est pas suffisante pour prédire l'adoption d'une innovation,
mais les études ont démontrés que la combinaison de ces
caractéristiques ouvre la voie à de grandes chances d'adoption de
l'innovation (Rogers, 1995).
Par ailleurs, Tornatzky et Kleim (1982) ont
réalisé une méta-analyse de la littérature portant
sur la théorie de la diffusion et de l'innovation et ont
démontrés que trois de ces cinq caractéristiques
influencent davantage l'adoption ou non d'une innovation. En effet, la
compatibilité et les avantages relatifs seraient positivement
liés à l'adoption tandis que la complexité y serait
négativement liée.
% relatif
Majorité précoce majorité tardive
Adoptants précoces
(Conservateurs)
(Visionnaires)
(Pragmatistes)
Populations favorables Populations
pragmatiques et Conservateurs
Sans condition à l'innovation
Source : Everett Rogers,
1995
Figure 5 :Courbe de
la diffusion d'une innovation selon Rogers
Le principal challenge de la diffusion d'une
innovation se situe à un jalon très important appelé
the chasm (l'abîme). Il est situé entre les
adoptants précoces et la majorité tardive. En effet, l'abime
représente le passage d'un marché de
« niche » à un marché
de « masse » et les attentes des
consommateurs sont très différentes entre ces deux mondes comme
le montre la Figure5. Les innovateurs et les consommateurs précoces sont
des consommateurs faciles à convaincre. A l'inverse, les consommateurs
de la majorité tardive sont des pragmatiques. Ils attendent de voir et
veulent des références clairement établies avant d'adopter
l'innovation.
b)- Application de la théorie à notre
étude
Étant donné que notre sujet de recherche porte
sur l'émergence de l'activité maraîchère dans
l'arrondissement de Dschang, plus spécifiquement de l'émergence
de la culture de la tomate, les deux théories susmentionnées nous
permettront de comprendre comment un ancien bassin caféier
(arrondissement de Dschang), qui ne produisait pas la tomate avant la crise,
contrairement à son voisin du département du Noun, en a fait sa
nouvelle spécialité. Elles nous permettront d'appréhender
le mode et les étapes d'adoption de l'innovation en provenance du
département du Noun par les paysans de l'arrondissement de Dschang.
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