1.12.2. Cadre théorique
1.12.2.1. La théorie
de la diffusion de l'innovation ou diffusionnisme de Hagesrtrand
La présente étude, dans la perspective de
compréhension des facteurs à l'origine de la croissance de la
productivité dans l'arrondissement de Dschang, s'appuie sur
le modèle de diffusion du développement
ruraldeTorsten Hagesrtrand. Ce
modèle théorique explicatif encore appelé
diffusionnismeet qui a été mis en
oeuvre dans sa thèse de doctorat en 1953, décrit la façon
dont l'innovation et par là même le développement, se
distribue dans l'espace rural.
Tout d'abord, il faut noter que la diffusion renvoie à
la propagation de quelque chose dans le temps et dans l'espace, telle qu'une
épidémie, la croissance d'un centre urbain ou une technologie. Un
exemple intéressant de diffusion est la propagation d'un parfum dans une
pièce : l'odeur étant forte à proximité de la
source, progressivement, le parfum se répand jusqu'aux quatre coins de
la pièce pour finalement occuper la totalité de l'espace
disponible. La diffusion étant donc achevée.
Il convient de relever ici que cette propagation
répond à une logique spatio-temporelle (Daudé,
2002).De ce fait,il existe deux types de diffusions: (Cliff et
al., 1981)
· La diffusion par
extension, qui correspond à la propagation d'un
phénomène ou d'une innovation dans une étendue plus large
sans que son intensité diminue par rapport à celle de la source.
C'est le cas par exemple de la croissance urbaine de la ville de
Yaoundé.
· La diffusion par
relocalisation, qui renvoie à une propagation par bonds
successifs, par migration. C'est le cas par exemple de la diffusion via la
relocalisation des bassins industriels.
Selon le modèle théorique de Torsten
Hagesrtrand, l'innovation ou le développementa priori se
propage du centre vers la périphérie c'est-à-dire des plus
proches de l'innovation ou de la technologie vers les plus
éloignés. Mais au regard de ce prémisse, il importe
également de préciser que dans la pratique, les plus
éloignés du développement peuvent être les premiers
à en bénéficier, dépendant du degré de
cohésion sociale, des rapports de voisinage et des relations entre les
agents-diffuseurs qui sont souvent proches de l'innovation.
Schématiquement on a :
T3 T2 T1 T1 T2 T3
Développement
Espaces adoptants l'innovation
Point de départ de l'innovation
T= Temps
Sens de diffusion
Source : Adapté par l'auteur à
partir de T. Hägerstrand (1962)
Figure 3 : Diffusion
spatio-temporelle du développement ou de l'innovation
La figure 3 nous présente le processus
d'évolution de l'innovation selon Hagesrtrand. Il en ressort que plus on
est proche du foyer de l'innovation plus on l'adopte rapidement. De plus on
remarque qu'en fonction du paramètre temporel, la concentration de
l'innovation diminue. On s'aperçoit qu'au stade T1 de
part et d'autre du foyer de l'innovation (développement), l'innovation
est plus dense et plus concentrée. En mesure qu'on va vers T2
et T3, l'innovation commence à se dissiper et
sa densité réduit également. Ceci nous permet de conclure
que la diffusion d'une innovation varie en fonction de plusieurs
paramètres géographiques tels que la distance métrique
entre le point de départ de l'innovation et les lieux adoptants
celle-ci ; le facteur temps qui induit une dissipation progressive de
l'innovation.
Hägerstrand
distingue quatre phases de diffusion d'une innovation :
v La première phase est la phase de diffusion
de l'innovation en fonction de la distance géographique (distance
métrique ou non métrique)
v La seconde phase est celle où il y a
dispersion de l'innovation dans les zones de plus en plus
éloignées
v Une phase où les disparités entre les
lieux sont de moins en moins affirmées.
v La dernière phase est celle où
l'adoption de l'innovation est complète, c'est-à-dire l'espace
est saturé au maximum.
De toute évidence, dans ce modèle de
diffusion de l'innovation, la notion d'échelle spatio-temporelle est une
variable centrale à prendre en compte ainsi que celle de voisinage, qui
peut favorisée ou empêchée la diffusion de l'innovation.
Cependant, cette théorie connait quelques limites liées à
l'apparition des zones de discontinuités qui peuvent être dans la
perspective de notre étude, socio-spatiales.
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