SECTION 2ème GENERALITE DE
LA DOLLARISATION DE L'ECONOMIE
Pour parler de la généralité d'une
économie, nous devons nous référer à
l'époque coloniale.
Les décolonisations pendant le
XIX ème siècle (Amérique latine) et
le XX ème siècle (Asie et Afrique) ont vu
l'émergence de presque autant de nouvelles monnaies nationales. Ces
dernières constituant à la fois un instrument et un symbole
destinés à construire des destins nationaux propres. Après
la seconde guerre mondiale, le système de change fixe de Bretton woods,
en favorisant une relative stabilité monétaire, a permis à
la plupart des monnaies nationales de garder la confiance de leurs
résidents respectifs.
En 1973, l'abandon du système de Bretton woods ouvre
une période d'inflation relativement élevé [la fin de ce
cycle inflationniste mondial prend fin à partir des années 1990.
Dans les pays en développement ou en voie de développement, cet
environnement inflationniste, combiné à une forte hausse de
liquidités libellées en dollars en circulation dans le monde
(à la suite des deux chocs pétroliers), se traduit par une
concurrence accrue des monnaies nationales par des devises suscitant une
confiance plus forte, typiquement le dollar des Etats - unis. Aujourd'hui,
cette concurrence de monnaies « faibles » tend à perdre une
dimension supplémentaire à travers la suppression de monnaie
nationale au profit du dollar, comme récemment en Equateur et au
Salvador. Ces mesures de dollarisation intégrale (auxquelles s'ajoute le
regain d'intérêt pour les unions monétaires) traduisent un
mouvement de destruction des monnaies nationales qui pourrait alors, si cette
tendance se confirme, inverse le processus, engagé au moment des
décolonisations, de multiplication des monnaies nationales (selon les
termes de Ricardo Hausmann, « les monnaies faibles sont condamnés
à disparaître ».
De ce fait, le néologisme dollarisation décrit
le choix pour un pays d'abandonner sa monnaie nationale pour adopter une
monnaie étrangère ; qui n'est pas nécessairement le dollar
américain ou lier le cours de sa monnaie à celui d'une autre.
La dollarisation peut aussi être un
phénomène économique spontané dû à
l'utilisation croissante d'une monnaie dans une économie. On parle alors
de dollarisation partielle.
Cette évolution a des conséquences profondes
pour l'économie du pays qui adopte cette politique, puisque l'Etat perd
toute capacité à ajuster les fluctuations de l'économie
par la politique monétaire et de taux de change. Il ne peut plus jouer
de la planche à billet afin de réguler son endettement par les
mécanismes d'inflation et de déflation ; il perd la
capacité à dévaluer ou réévaluer sa monnaie
et c'est aussi une perte économique pour la perception des droits de
seigneuriage inhérent à la création de monnaie par une
banque centrale.
1.2.1 La caractérisation d'une
économie dollarisée
La dollarisation d'une économie dans un pays se traduit
par la substitution monétaire d'une devise ou des devises
étrangères (Dollar, Euro, Rand, ...) au détriment d'une
monnaie nationale (par exemple le Franc Congolais actuel). La devise
étrangère (principalement le dollar américain) devient par
excellence l'étalon c'est - à - dire, le numéraire dans
toutes les transactions commerciales, financières et monétaires.
Ainsi, toute l'économie formelle est régie par des fluctuations
du cours du dollar américain. D'où le processus connu sous le nom
de dollarisation.
Disons aussi que, une économie dollarisée est
caractérisée par la perte de confiance à la monnaie
nationale, la thésaurisation de l'épargne, la fragilisation du
système bancaire, l'inflation galopante et permanente, la balance
commerciale déficitaire, fuite des capitaux vers l'occident, fraude
généralisée, l'émergence de l'économie
informelle,
Ainsi sans prétention d'exhaustivité, nous nous
contenterons d'évoquer ceux qui sont plus pertinents ou significatifs du
point de vue économique : la dollarisation aggrave les effets
inflationnistes d'un déficit budgétaire public. Elle compromet
l'efficacité d'une politique monétaire par ce que les pouvoirs
publics (gouvernement et la banque centrale) ne peuvent contrôler la part
(quantité) de devises (principalement le dollar) dans la masse
monétaire totale, ce qui explique que le taux de change officiel ou
parallèle, serve souvent de point d'ancrage nominale dans une
économie fortement dollarisée.
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