MÉMOIRE DE RECHERCHE
Présenté et soutenu en juin 2016 par
SYLVAIN CHADENAS
LES ADBLOCKERS SONT-ILS UNE CHANCE OU UN DANGER POUR LA
PUBLICITE EN LIGNE ?
Sous la direction de
JEAN MARC RAGGI
PROGRAMME ESCEM GRANDE ECOLE
RESUME
L'objectif de ce présent
mémoire est de mesurer l'impact des bloqueurs de publicité sur
les différents acteurs de la publicité sur Internet, à
savoir les annonceurs, les éditeurs de sites ainsi que les
intermédiaires tels que les régies ou les agences afin de trouver
d'éventuelles solutions viables sur le court, moyen et long terme,
à travers la problématique suivante : « les
adblockers sont-ils une chance ou un danger pour les acteurs de la
publicité en ligne ? ».
Nous avons réalisé une étude qualitative
à partir de 6 entretiens semi-directifs auprès d'acteurs
représentatifs de la publicité sur Internet. Leurs
témoignages ont montré un réel impact économique et
stratégique des adblockers sur leur activité et la
nécessité de faire de la publicité autrement sur Internet,
que ce soit par de nouveaux formats, de nouvelles technologies, de nouveaux
supports ou de nouvelles stratégies en fonction des
spécificités et des capacités de chacun.
Nous proposons ainsi plusieurs alternatives à des sites
ou des annonceurs désireux de faire face aux conséquences
engendrées par les adblockers.
Mots-clés :adblocking, publicité,
internet, digital, web
REMERCIEMENTS
Je tiens tout d'abord à remercier Jean Marc Raggi, mon
tuteur de mémoire, pour sa disponibilité, sa
réactivité et ses précieux conseils.
Je tiens à remercier toutes les personnes d'Adthink
s'étant impliquées de près ou de loin dans ce
mémoire.
Je remercie tout particulièrement mon maître de
stage, Sébastien Balestas, ainsi que Thibaut Cavet et Emilie
Jacquemoud-Collet qui m'ont donné la chance d'être en immersion
dans l'univers de la publicité en ligne.
Je remercie également Sébastien Balestas, Guewen
Gabillet, Bertrand Malet, Jérémy Abitan, ChaoukiNamri et Jean
pour leurs précieux témoignages.
Mes remerciements vont enfin à Carmen Velez,
AnastasiyaMarchenko et David Calleri qui m'ont fait profiter de leur
réseau.
SOMMAIRE
RESUME
3
REMERCIEMENTS
4
SOMMAIRE
5
INTRODUCTION
6
A. REVUE DE
LITTERATURE
8
I. Internet et le
web
8
II. Web 1.0, 2.0 et
3.0 : de quoi s'agit-il ?
10
III. Le marketing
à l'heure du web
13
IV.
L'évolution de la publicité sur Internet
21
V. Les bloqueurs de
publicité
28
VI. Conclusion
32
B. ETUDES
34
I.
Problématique
34
II. Pistes de
recherche
34
III. Methodologie
de recherche
35
IV. Design de
recherche
37
V. Collecte et
analyse des données
40
VI.
Déroulement des entretiens
41
C. RESULTATS DES
ETUDES
43
I. Collecte des
données et codage de 1er niveau
43
II. Restructuration
et rapprochement avec la revue de littérature
53
D. RECOMMANDATIONS
MANAGERIALES
58
E. CONCLUSION
65
F.
BIBLIOGRAPHIE
67
G. ANNEXES
71
H. TABLE DES
MATIERES
74
INTRODUCTION
200 millions d'internautes ont utilisé un bloqueur de
publicité en 2015, ce qui représente autant de clients perdus par
les marques investissant en masse dans de la publicité sur Internet et
autant d'espaces publicitaires ne rapportant rien aux sites Internet. Les
possibilités qu'offrent le web 2 voire 3.0 permettent pourtant aux
marques et aux sites d'avoir une infinité de solutions pour toucher
leurs cibles ou se rémunérer. Mais les internautes 2.0, de mieux
en mieux informés et de plus en plus actifs, ont également une
infinité de solutions pour se protéger et notamment se
protéger de la publicité en ligne.
Le adblocking impacte ainsi l'ensemble de
l'écosystème du web et nécessite une remise en question de
la publicité sur Internet telle qu'elle est aujourd'hui. Le adblocking
étant un phénomène relativement récent, il est
compliqué pour les différents acteurs d'avoir le recul
nécessaire pour aborder cette problématique.Nous chercherons
alors à cerner en détail les impacts des adblockers au niveau
stratégique, financier et marketing pour les éditeurs, les
annonceurs et les différents intermédiaires, à travers la
problématique suivante : « Les bloqueurs de
publicité sont-ils une chance ou un danger pour la publicité en
ligne ? ». Il s'agira d'interroger plusieurs acteurs par le
biais d'entretiens semi-directifs afin de pouvoir proposer des solutions et des
alternatives.
Nous n'étudierons pas de façon approfondie les
raisons qui poussent les internautes à utiliser des adblockers, les
études réalisées à ce jour étant suffisantes
et pertinentes. Nous ne nous focaliserons pas sur les aspects trop techniques
du adblocking.
Dans un 1er temps, nous présenterons une
revue de littérature afin de remettre le phénomène du
adblocking dans le contexte actuel du web et des stratégies marketing
sur ce canal. Il s'agira également de définir les termes
indispensables à la compréhension de la publicité en ligne
et de présenter un panorama complet du adblocking.
Dans un 2èmetemps, nous présenterons
l'approche méthodologique que nous avons retenue.
Dans un 3èmetemps, nous présenterons
et analyserons les principaux enseignements tirés des entretiens.
Dans un 4èmetemps, nous formulerons des
recommandations aux différents acteurs.
Enfin, nous finirons sur une conclusion générale
et ferons un point sur les limites et les perspectives de développement
du mémoire.
A. REVUE DE LITTERATURE
L'essor des bloqueurs de publicité sur Internet depuis
plusieurs années ne peut pas être appréhendé sans
comprendre l'évolution d'Internet et des stratégies marketing sur
ce canal. Il s'agit ainsi avant toute chose de bien définir ce qu'est
Internet et de comprendre les différentes évolutions du web. Il
faut également comprendre comment l'internaute s'est accaparé le
web au cours de ces évolutions et expliquer comment les marques ont
adapté leurs stratégies et leurs formats publicitaires. Enfin,
il s'agira de faire un panorama des bloqueurs de publicité et d'en
expliquer les enjeux à la lumière des éléments
identifiés au préalable.
I. INTERNET ET LE WEB
1. INTERNET
Charles Hofacker définit Internet comme
« l'ensemble des devices interconnectés utilisant le protocole
Internet (IP) ».
Le protocole Internet, communément appelé IP,
est simplement un ensemble d'accords ou de conventions techniques
spécifiant des règles afin de créer des services.
On retrouve parmi les services l'email, le chat, Usenet et le
web.
Le navigateur Internet est un client qui permet d'utiliser un
protocole permettant d'accéder à un service. Par exemple, le
navigateur Google Chrome permet de faire une requête
www.?.com et le service est
« afficher une page ». Parmi les navigateurs les plus
utilisés, on retrouve Google Chrome, Firefox, Safari ou encore Internet
Explorer.
La création d'Internet remonte à 1969 au
Pentagone. Le projet Arpanet lancé cette année-là par le
Pentagone a effectivement donné naissance aux protocoles Internet dans
les années 1970.
Dans les années 1970 et 1980, plusieurs
universités majoritairement américaines adoptent Internet.
Le milieu des années 1990 marque l'invention du
protocole HTTP, du World Wide Web, du concept d'URL et du langage HTML. Le
protocole HTTP permet la communication entre internautes et serveurs du Web,
pour la consultation de pages web et le transfert de documents1(*). L'URL correspond à
l'adresse d'une page web que l'on écrit dans la barre de recherches d'un
navigateur. Le langage HTML est le code utilisé pour créer la
structure et le texte des pages web.
C'est à partir de 1993 qu'Internet peut être
utilisé sans connaissance technique. Cette année-là,
Mosaic, un des 1ers clients world wide web utilisant un graphicaluser interface
(GUI) a simplifié la façon dont Internet peut être
utilisé. Ils ont généralisé le principe de souris
et de clic.
Internet est un réseau ouvert (open network), ce qui
signifie que chacun peut ajouter ce qu'il veut au réseau.
2. LE WEB
Le web est l'abréviation de l'anglais World Wide Web
(WWW), signifiant toile d'araignée en anglais.
Le World Wide Web correspond à un
« système hypermédia permettant d'accéder aux
ressources du réseau Internet », c'est-à-dire
« une technique ou un système permettant, dans un
système documentaire multimédia, de passer d'un document à
un autre selon des chemins préétablis ou élaborés
lors de la consultation. ».2(*)
Bien que le web représente la plus grande partie
d'Internet, il n'est pas correct d'utiliser indifféremment les deux
termes comme le font certains médias ou journaux. Par exemple, un
ordinateur se connecte au web mais appartient au réseau Internet.
Le web a beaucoup évolué depuis ses origines et
on distingue deux grandes époques : le web 1.0 et le web 2.0.
Certains spécialistes parlent même de web 3.0. Quelles sont ces
évolutions ?
II. WEB 1.0, 2.0 ET
3.0 : DE QUOI S'AGIT-IL ?
1. LE WEB 1.0
Comme nous l'avons vu précédemment, le web est
apparu au milieu des années 1990. Dans sa forme originelle, le web
correspond à un ensemble de pages liées entre elles par des
liens.
Les sites à l'ère du web 1.0 sont statiques et
ne permettent pas à l'internaute d'interagir avec d'autres
internautes ni de créer des contenus.
Les marques ont saisi l'opportunité d'être
présentes sur le web en créant des sites qui sont la plupart du
temps des copies de leurs plaquettes commerciales. Il n'est pas possible
d'acheter en ligne mais il est possible pour les marques de faire de la
publicité même si ce sont des cas plutôt rares.Le premier
format de publicité en ligne est en fait le site web en
lui-même.
Jusqu'au milieu des années 2000, il n'est pas
indispensable pour les marques d'être présentes sur Internet. Il y
avait en effet uniquement 150 millions d'internautes en 19993(*) contre 2,27 milliards en
20124(*).On évoque
aujourd'hui un nombre de 4 milliards d'internautes dans le monde.
A partir du début des années 2000, le web se
démocratise de plus en plus et de nouvelles évolutions vont
modifier en profondeur le comportement des internautes et l'approche des
marques. On parle de web 2.0.
2. LE WEB 2.0
Le concept de web 2.0 a été créé
par Tim O'Reilly en 2004. Il comprend 3 grandes dimensions : une dimension
technique, une dimension sociale et le fait que les données soient
accessibles quel que soit le lieu de connexion.
Le web 2.0 se caractérise par sa capacité
d'interaction et ses nouvelles formes de diffusion de l'information. Les pages
ne sont plus statiques, les contenus sont mis à jour
régulièrement, tous les sites sont dynamiques. C'est un
système d'information visible partout dans le monde et dans lequel
n'importe quel internaute peut être actif (Van der Vlist, 2006).
L'apparition de nouveaux langages de programmation comme le RSS, le CSS ou le
XHTML permettent un meilleur confort de navigation.
Ainsi, les interfaces sont simples à utiliser et les
internautes peuvent interagir sur le contenu mais également avec
d'autres internautes. Le Web social est donc une des composantes essentielles
du web 2.0. On est au-delà du simple partage d'informations, c'est un
véritable outil social. « Le Web 2.0, c'est le moment où les
gens réalisent que ce n'est pas le logiciel qui fait le web, mais les
services ! » (Kevin Kelly). Les utilisateurs sont
fédérés en communautés, ils échangent et
partagent des contenus et des expériences (Govekar, 2006). L'internaute
n'est plus passif mais actif, c'est lui qui créé le contenu et
plus le service. On parle d'UGC (User Generated Content).
Un des symboles de l'aspect social du web 2.0 est
l'émergence des réseaux sociaux dans les années 2000.
On entend par réseaux sociaux « un ensemble
d'individus ou d'organisations sociales reliés entre eux par des liens
plus ou moins forts et permettant un certain nombre d'interactions
sociales » (Mayol, 2011). Le terme réseau social a
été inventé par John Barnes en 1954 mais le web a permis
de décupler la puissance de ces réseaux.
Il existe différents réseaux sociaux :
professionnels, partage de photos, de goûts et de loisirs,
rencontres...
On peut noter la naissance de Facebook en 2004, de Twitter en
2006 ou encore de Viadeo en 2004.
On parle désormais de médias sociaux sur
lesquels les individus créent du contenu ensemble, font des
commentaires... Ce sont des « groupes d'applications en ligne qui se
fondent sur l'idéologie et la technologie du Web 2.0 et permettent la
création et l'échange du contenu généré par
les utilisateurs » (Kaplan et Michael Haenlein).
Enfin, la démocratisation du web et l'émergence
de nouveaux supports ayant accès à Internet permettent aux
internautes de pouvoir être connectés à tout moment et de
partout.
Ainsi, les internautes français sont connectés
en moyenne 13h par semaine. 93% consultent Internet sur ordinateur fixe ou
portable, 38% sur smartphone (+4 points en 6 mois), 9% sur tablette et 8% sur
smart TV.5(*)
L'Internet sur mobile se développe également de
façon exponentielle. Ainsi, 40% des français possèdent un
smartphone (ARCEP 2012).
Alors que la plupart des spécialistes s'accorde sur le
fait que nous sommes toujours dans la période du web 2.0, certains
parlent désormais de web 3.0.
3. LE WEB 3.0
Alors que l'individu peut se connecter sur de nombreux devices
différents comme nous venons de le voir, certains spécialistes
pensent qu'Internet sera présent partout à tout moment et
connecté à notre quotidien grâce à des capteurs
miniaturisés et omniprésents. On parle d'Internet des
objets : l'informatique sera omniprésente même dans des
objets quotidiens afin d'avoir accès aux informations dont on a besoin
partout et à tout moment. Il peut s'agir par exemple d'un
réfrigérateur intelligent qui passe des commandes automatiquement
s'il constate un besoin de ravitaillement.
L'autre approche dominante du web 3.0 s'appuie sur la notion
de web sémantique pouvant permettre de répondre à des
questions très précises (Tim Berners-Lee6(*)).
Eric Schmidt, PDG de Google, définit le web 3.0
comme« le web conçu de la même façon qu'une
grille de calcul universelle remplaçant le système d'exploitation
et le disque du PC ».
Mayol distingue 7 composantes principales du web 3.0 : la
consolidation de différentes applications, la mobilité permettant
de tout faire à partir d'applications mobiles, la personnalisation
permettant à l'utilisateur de décider du design, de
l'organisation et de l'assemblage des applis, le partage de données issu
de la communication entre les applications et les objets, la recherche
sémantique, le marketing en réseau et la hausse du prix des
applications.
A l'aube du web 3.0, on peut constater que l'internaute est au
coeur des différentes mutations du web. Les marques ont également
dû s'adapter à ces différentes évolutions. Faisons
le point sur les attentes des consommateurs à l'ère du web 2.0 et
sur les nouvelles approches marketing associées.
III. LE MARKETING À L'HEURE DU WEB
1. LE MARKETING AVANT L'ESSOR
D'INTERNET
Sous l'influence de penseurs tels que Ford, Taylor, Fayol et
Mindzberg, l'objectif pour les managers avant le 20ème
siècle est de « produire plus, mieux et plus vite ». La
fonction production est alors au centre de l'entreprise. Le taylorisme dans les
années 1880 a ensuite permis de produire toujours plus et, par
conséquent, il a fallu réfléchir à des solutions
pour vendre. Le marketing est donc apparu. Il s'agit donc dès lors
d'identifier les besoins des consommateurs pour pouvoir s'y adapter (Mayol,
2009). A l'image du toyotisme, le consommateur est au début de la
chaîne de production et le marketing devient la fonction centrale de
l'entreprise. Pour Drucker, il vaut mieux fabriquer ce que l'on peut vendre
plutôt que vendre ce que l'on peut fabriquer.
On entre ensuite dans ce que JK Galbraith appelle
« l'Ere de l'opulence ». Avec son concept de filière
inversée, il affirme le passage d'une phase 1 lors de laquelle le
consommateur commande le rythme de la productionpar ses besoins et ses
dépenses à une phase 2 où l'appareil productif orchestre
le désir de consommation pour écouler la production et maximiser
la consommation.
Le consommateur a dès lors une relation
différente avec le produit et les marques, moins utilitaire et davantage
sociale. Pour Barthes, le consommateur n'achète pas seulement un produit
pour ses caractéristiques intrinsèques mais pour les signes
qu'ils renvoient aux autres. René Girard parle de désir
mimétique : on désire ce que l'autre a et que l'on n'a
pas.
Pour Baudrillard, le consommateur s'achète une
identité par les produits qu'il consomme.
Le web 2.0 et l'émergence des réseaux sociaux
n'a pas modifié en profondeur cette relation sociale et identitaire
liée aux produits. Ainsi, « c'est par la consommation que l'on
bâtit et que l'on conforte son identité, qui est de plus en plus
mise à mal par le chômage, le divorce, l'éclatement de la
famille, la mobilité... » (Bernard et Véronique Cova)
Cependant, il y a eu une crise en France au début des
années 1980 marquant un changement des mentalités et des modes de
consommation. Pour la première fois, les français montrent la
volonté et le désir de réduire leurs dépenses de
communication. (Mermet, 2009)
Le consommateur achetant pour afficher son identité et
son bonheur dans une société d'abondance semble donc être
en partie dépassé. On parle désormais de «
consommateur citoyen », de « consommateur responsable » ou
encore de « consomm'acteur ».
Avant de voir la réaction des marques à ces
bouleversements, étudions d'abord plus en détail le comportement
des consommateurs sur Internet.
2. LES ATTENTES ET LE COMPORTEMENT DES
INTERNAUTES À L'HEURE DU WEB 2.0
Judy Strauss a distingué plusieurs courants culturels
et sociaux dans les pays développés qu'il convient de comprendre
afin d'établir une stratégie marketing. Il évoque
notamment la surcharge d'informations, les frontières de plus en plus
floues entre vie professionnelle et vie privée, la volonté
d'avoir ce qu'on veut dans l'immédiat et de manière gratuite
ainsi que le fait d'être connecté en permanence et de vouloir
faire les choses soi-même (do ityourself). Il insiste également
sur l'aspect multitâche. En effet, 102 millions d'américains
utilisent Internet en regardant la TV.7(*) Enfin, l'internaute accorde une grande importance
à la sécurité sur Internet et au respect de nos
données. Seuls 13% des consommateurs se disent prêts à
échanger toutes leurs données en ligne pour avoir accès
à des contenus gratuits sur Internet.8(*)
Judy Strauss distingue alors 5 objectifs majeurs
répondant aux principales activités online : se connecter,
créer, s'amuser, apprendre et échanger. Chacun de ces objectifs
sont des opportunités marketing à saisir pour les marques.
- Se connecter : il le fait grâce à l'e-mail
utilisé par 89% des internautes, par les réseaux sociaux, les
forums, Skype... Les internautes utilisent beaucoup de temps et
d'énergie pour être en relation avec leurs proches mais
également avec des marques.
- Créer : comme nous l'avons vu
précédemment, les internautes se créent des profils,
téléchargent des images et des vidéos puis partagent les
contenus avec leurs amis et collègues. Les utilisateurs créent et
postent des commentaires sur des blogs, des réseaux sociaux ou des
plateformes de diffusion de vidéos.
- S'amuser : 72% des internautes naviguent sur Internet pour
se divertir. 62% regardent des vidéos en ligne. 37%
téléchargent de la musique.
- Apprendre : de nombreux internautes utilisent Internet pour
s'informer sur l'actualité, rechercher des informations pour voyager,
pour s'informer sur la météo, les résultats sportifs,
chercher un job... 72% affirment qu'Internet leur a permis d'avoir davantage de
ressources et 46% affirment qu'Internet les a rendu plus intelligents.9(*) L'émergence de
l'encyclopédie libre Wikipedia en est un parfait exemple.
- Acheter : 81% des internautes utilisent Internet pour
rechercher des informations avant d'acheter et 75% achètent en
ligne.10(*)
L'émergence d'Internet et son appropriation par les
internautes ont permis aux marques de saisir l'importance d'avoir une
stratégie spécifique sur ce canal. Voyons désormais la
progression des approches marketing au gré des mutations du web.
3. LE MARKETING À L'HEURE DU WEB
2.0
Les individus consomment et apprennent de façon
totalement différente depuis plusieurs années, ce qui oblige les
équipes marketing à s'adapter pour survivre (Brian Halligan
&Dharmesh Shah). En effet, l'évolution rapide des technologies
liées au web 2.0 afait en sorte qu'aujourd'hui, « le
comportement des consommateurs implique bien plus de technologies
comparé à 10 années en arrière » (Scott
Schroeder11(*)).
L'entreprise a donc évolué au rythme où
la technologie, et notamment, la révolution numérique, lui a
donné de nouveaux champs de progrès (Mermet, 2009).
Mayol traduit ce revirement de la stratégie marketing
par le concept de marketing 2.0. Voyons quelles sont ses implications.
LA PRISE DE POUVOIR DU CONSOMMATEUR
Comme nous l'avons vu précédemment, le
consommateur aujourd'hui veut savoir la vérité sur les produits
qu'on lui propose. Avec l'émergence du web 2.0, il est un acteur de
l'entreprise et peut être ambassadeur d'une marque. Il peut
également fonder des communautés sur Internet et détruire
l'image d'une marque avec la force des réseaux sociaux.
Le rapport de force entre entreprises et consommateurs s'est
donc rééquilibré en faveur des derniers (Mermet,
2009) : le consommateur a le pouvoir. Le marketing 2.0, c'est finalement
considérer l'acheteur potentiel comme individu et non comme
consommateur. L'individu n'est plus une cible mais un relai potentiel de
communication. Il veut être associé à la création
des produits (crowdfunding...).
LA FIN DE L'INFORMATION VERTICALE
Le marketing 2.0 implique la fin de l'information verticale
sur les médias traditionnels (presse, TV, radio...). Ainsi, faire
connaître une marque ou des produits via de la publicité
traditionnelle que le consommateur « subit » ne suffit
plus. Le consommateur 2.0 se méfie énormément des marques
et des offres commerciales, Ainsi, 76% des consommateurs pensent que les
entreprises ne disent pas la vérité.
« Les consommateurs sont devenus des
expérimentateurs » (Mermet, 2009). Le web 2.0 leur permet de
comparer, de consulter l'avis d'autres consommateurs, de vérifier les
informations de manière très précise. 57% des internautes
disent rechercher l'avis des autres consommateurs avant d'acheter, en
consultant des blogs ou des forums de discussion (Mermet, 2009). En effet, un
européen sur 5 a déjà changé d'avis sur un produit
ou un service après avoir lu une critique sur un blog12(*), 62% des internautes sont
prêts à acheter un produit ou un service s'ils lisent un
commentaire positif déposé par un internaute. 35% des internautes
français font davantage confiance aux blogs et aux forums dans la
décision d'achat qu'aux sites web reconnus (31% de confiance),
qu'à la presse (30%) ou à la pub TV (17%).
Le consommateur veut donc être rassuré et demande
de la transparence, il veut s'approprier une marque ou un produit en
étant un véritable acteur. Les consommateurs sont donc moins
fidèles et n'hésitent pas à faire jouer la concurrence.
DU MULTICANAL À L'OMNICANAL
Les marques doivent être irréprochables mais
également présentes partout de manière subtile afin de
communiquer efficacement auprès de leurs consommateurs potentiels.
L'objectif pour les marques à l'ère du web 2.0 est donc de
multiplier les points de contact avec eux. Ceci a impliqué la
généralisation du « click &mortar »,
à savoir des marques présentes à la fois physiquement et
en ligne. Cependant, certaines minorités ne sont pas présentes
sur Internet (revenus faibles, âge élevé...). Il n'est donc
pas nécessairement utile d'investir sur Internet pour atteindre ces
cibles-là.
Il ne s'agit pas seulement d'être présents de
partout mais également d'assurer une continuité entre les
différents canaux. Nous avons vu que les frontières entre le
virtuel et la réalité sont de plus en plus faibles. Il s'agit
donc de faire en sorte de fluidifier le parcours du client. Un client peut donc
connaître un produit grâce à une recherche Google, le tester
en magasin puis l'acheter en ligne plus tard.
Nous attendons également des marques une
continuité et une cohérence entre les différents
écrans. Le Atawad (anytime, anywhere, anydevice) multiplie justement les
points de contact.
UNE PROFONDE REMISE EN CAUSE DES 5 FORCES DE PORTER
A l'ère du web 2.0, la position des forces des clients
est l'élément le plus important car comme nous l'avons vu, le
consommateur détient tous les pouvoirs. C'est ce qui a provoqué
l'accroissement de la concurrence entre des entreprises qui ne maitrisent pas
totalement leur stratégie marketing. Le client introduit parfois
lui-même de nouveaux concurrents directs ou indirects en allant chercher
des produits de substitution. Les barrières d'entrée d'un nouveau
concurrent sont faibles étant donné la liberté d'Internet.
Seul le pouvoir des fournisseurs n'est pas impacté par le marketing 2.0.
Ainsi, ne pas prendre en compte le marketing 2.0 dans sa
stratégie d'entreprise paraît suicidaire.
L'ÈRE DE LA PUBLICITÉ MASSIVE SEMBLE
RÉVOLUE
Le grand changement est donc la place de la publicité
traditionnelle dans la stratégie marketing. Effectivement, il ne s'agit
pas d'être présent partout en dépensant
énormément en publicité mais d'être là
où le consommateur espère et s'attends à voir la
marque.
Les techniques traditionnelles du marketing ne suffisent plus.
L'entreprise doit impérativement faire preuve d'originalité et de
créativité pour réussir à créer une
véritable relation entre sa marque et ses clients. L'objectif est de
donner une véritable valeur ajoutée à la relation et
d'entrer dans un cercle vertueux gagnant-gagnant.
Ainsi, les budgets publicitaires, autrefois destinés
à des spots publicitaires diffusés à la
télévision, à la radio ou à des pages de
publicité dans la presse écrite, accordent une part de plus en
plus importante au marketing viral sur le web (Mayol, 2009).
DE NOUVELLES TECHNIQUES MARKETING
Le marketing appliqué au web a donné naissance
au webmarketingqui est une démarche commerciale et communicative
unidirectionnelle. Le webmarketer utilise ainsi toute une panoplie d'outils
afin d'être présent auprès de consommateurs
potentiels : mailings, newsletters, bannières publicitaires
statiques, pop up, affiliation, échange de liens, mini sites, liens
sponsorisés (SEO, SEA)... Mais ces solutions sont uniquement
l'adaptation des techniques marketing traditionnelles au web.
De nouvelles techniques propres à Internet sont ainsi
apparues. Ce peut être du marketing social auprès de fans d'une
page Facebook, du marketing d'engagement (crowdfunding), du marketing
personnalisé (en fonction des intérêts des utilisateurs...)
et du marketing d'attention (message adapté en fonction de ce qu'on a
pu observer de l'utilisateur).
LES PROBLÉMATIQUES DE E-REPUTATION
D'après Judy Strauss, la réputation fait
partiedes 3 éléments fondamentaux pour attirer des consommateurs
online avec l'engagement et la pertinence.
Edouard Fillas définit la e-reputation comme la
première monnaie d'échange de toute transaction virtuelle. Elle
est le garant du lien de confiance entre les internautes et les marques.
Dans le e-commerce, deux critères pèsent sur le
succès d'un site : la réputation du site et la puissance de la
communauté. Tout ce qui est écrit est retenu par les moteurs de
recherche, ce qui donne une valeur durable à chaque critique. Le pouvoir
d'influence donné au consommateur se substitue au pouvoir traditionnel
de la publicité.
La e-reputation est devenue un capital très
précieux pour la marque.Or, pour la conserver, faire de la
publicité ou acheter de l'audience ne suffit plus.
Mayol a résumé les différences
fondamentales entre marketing 1.0 et marketing 2.0 dans le tableau
suivant :
Marketing 1.0
|
Marketing 2.0
|
Les marques ont le pouvoir
|
Les consommateurs ont le pouvoir
|
Les entreprises imposent leurs stratégies
|
Les consommateurs suivent leurs stratégies
|
Message créé et contrôlé par les
marques
|
Message détourné par les utilisateurs
|
Message transmis par les publicitaires
|
Message transmis par des
« évangélisateurs »
|
Diffusion de message unilatéral
|
Conversation multipartite
|
Celui qui dépense le plus gagne
Un produit pour tous
|
Celui qui écoute le mieux gagne
Chacun son produit (personnalisation)
|
Promesses non tenues
|
Authenticité et transparence
|
Le mieux, c'est une pub à la TV
|
Le mieux, c'est le bouche-à-oreille efficace
|
14% des gens ont confiance en la pub
|
78% des gens ont confiance dans les recommandations d'autres
consommateurs
|
Tableau 1 : La marketing 1.0 et 2.0 selon
Mayol
Alors que le web 2.0 a induit d'énormes changements
marketing, les évolutions liées au web 3.0 devraient encore
modifier en profondeur la stratégie des entreprises.
4. LES PERSPECTIVES DU MARKETING 3.0
Le marketing devra évoluer pour s'adapter aux nouvelles
tendances liées au web 3.0 dont on a décrit les
caractéristiques plus haut. Le web 3.0 a 3 grandes implications sur les
stratégies marketing (Julia, 2007) :
· La fin de la dichotomie online vs offline. Chaque
individu est connecté en permanence. La déclinaison d'une
campagne de communication sur Internet sera inévitable. Les marques
disposeront d'un panel d'outils important pour communiquer (email, messagerie
instantanée, réseaux sociaux, mondes virtuels...).
· Les annonceurs auront une connaissance totale de leurs
consommateurs (identité, comportement, rêves...). Microsoft peut
par exemple prédire notre propension à consommer en fonction du
site ou du mot recherché. Nous reviendrons plus loin sur les impacts
marketing de ce que l'on appelle le big data.
· Les blogs experts seront assimilés aux
médias traditionnels. « L'arrivée de la pub sur les
blogs induira le tassement de la confiance dont ils bénéficient
jusqu'à présent. ». Nous ferons de plus en plus
confiance à des machines qui décideront pour nous (voiture sans
chauffeur, réfrigérateur qui fera des commandes à notre
place...).
Les marques devront s'adapter au fait qu'on soit passé
du triomphe de l'image au 20eme siècle avec l'apogée de la
télévision au triomphe du texte au 21ème
siècle avec entre autres l'hégémonie de Google. Ceci
implique une remise en cause complète de la stratégie de
publicité en ligne à adopter.
Les 4 grands problèmes auxquels seront et sont
déjà confrontées les marques dans l'optique du marketing
3.0 sont la sécurité, la confidentialité, lagouvernance et
l'éthique (Tran, 2009 B).
Les questions de diffusion, de circulation et d'utilisation
d'informations personnelles ou professionnelles via les réseaux sociaux
sont par exemple au centre de tous les débats liés au
développement des outils Web 2.0 puis Web 3.0.
Afin de s'adapter aux évolutions du web et de ses
technologies, aux évolutions des attentes des internautes /
consommateurs et aux nouvelles stratégies marketing, les marques ont
développé différents formats publicitaires sur
Internet.
IV. L'ÉVOLUTION
DE LA PUBLICITÉ SUR INTERNET
1. LES DIFFÉRENTS FORMATS DE
PUBLICITÉ EN LIGNE
LES SITES WEB
Le premier format de publicité en ligne a
été le site web lui-même. Au début des années
2000, il s'agissait essentiellement d'une simple brochure commerciale (site
vitrine).
Ensuite, les marques ont mis de plus en plus d'informations
sur les produits dont d'éventuels acheteurs auraient besoin.
Mais la multiplication des sites web a
généré le fait que le site ne suffisait plus pour
atteindre ses consommateurs.
L'E-MAILING
Le mail est l'application la plus utilisée dans le
monde.
On distingue la newsletter qui est un format de mail
publicitaire plus fin car seules les personnes ayant souscrits y ont
accès (soit les personnes intéressées).
Les bloqueurs de publicité ne bloquent pas les
campagnes de mailing.
LA PUBLICITÉ SOUS FORME DE
BANNIÈRES : LE DISPLAY
Les bannières sont des graphiques rectangulaires
prenant place sur une partie d'un site web. Il existe plusieurs formats
différents. La majeure partie des dépenses publicitaires online
concernent les bannières.
Tous les formats bannières peuvent être
bloqués par des ad-blockers.
On distingue 3 catégories principales :
ü Les bannières statiques, c'est-à-dire des
images fixes. Il s'agit des toutes premières bannières de
l'histoire. Elles ont l'avantage d'être faciles à créer et
d'être acceptées par tous les formats de sites. Elles sont
cependant parfois ennuyantes et manquent de visibilité. Elles
génèrent moins de clics en moyenne qu'une bannière
interactive ou animée.
ü Les bannières animées : ce sont des
bannières qui bougent, souvent au format GIF. Elles ont
l'avantage de pouvoir inclure plus d'informations, d'avoir un meilleur
impact visuel, et de ne pas être chères à produire.
ü Les bannières interactives : ce sont des
bannières appelant l'internaute à l'action. Ce peut être un
petit jeu, une information à entrer ou répondre à une
question. Il est également possible de mettre des vidéos en
publicité bannières. L'usage de ces différentes
technologies était appelé rich media mais le terme est
désormais obsolète.
Le display est un levier de moins en moins utilisé. Les
principaux leviers utilisés restent l'e-mail (60%) car c'est une
technique désormais très bien rodée, le SEO (48%), le SEM
(39%) et les réseaux sociaux (38%) dans l'optique de la gestion de la
visibilité et de la réputation indispensable avec le web 2.0.
Viennent ensuite l'affiliation (28%), le brand content (23%) puis le display
(22%).13(*)
LES BOUTONS
Ce sont des petites publicités en mode bannières
qui peuvent être placées partout sur une page. Elles peuvent
permettre de télécharger un fichier ou un document d'une marque
en un clic sans avoir à visiter le site de la marque en question.
Ce format est bloqué par les ad-blockers.
LES LIENS TEXTE
Ce sont simplement des liens hypertextes amenant vers le
contenu de l'annonceur. Ce peut être un produit. Par exemple :
« Amazon : « Books about
Superman » ».
C'est un des formats les moins intrusifs et les plus efficaces
mais est bloqué par la majorité des ad-blockers.
LES PARTENARIATS
Il s'agit le plus souvent de partenariats entre
différents sites qui diffusent l'un l'autre les bannières du
partenaire. De nos jours, la plupart des adbanners sont gérés par
des ad-exchanges comme nous le verrons plus tard. Mais il y a encore de
nombreux partenariats dans le cadre de private deals. Ceci permet de choisir
certains partenaires afin d'être sûr que la publicité sur un
site soit adaptée aux caractéristiques des visiteurs. Les
visiteurs font généralement plus confiance à ce genre de
publicités en sachant que c'est un partenariat.
LES ÉDITORIAUX
Les partenariats peuvent déboucher sur des
publicités de typeéditorial. Il s'agit pour une marque de pouvoir
écrire un article sur un site tiers afin de promouvoir sa marque ou son
produit. Il faut cependant veiller à rester cohérent et à
avertir les utilisateurs que c'est un contenu sponsorisé. Il faut que
l'article apporte un réel avantage à l'internaute qui visite le
site et non pas être une simple publicité. Il en va de la
réputation à la fois du site et de la marque.
Plus récemment, le native advertising est apparu afin
que les publicités de ce type soient confondues avec les autres contenus
d'un site. Les avantages du native advertising sont qu'il
n'altèrepas le confort de l'utilisateur et permet un bon ciblage.
Cependant, il faut veiller à ce que l'utilisateur ne se sentepas
berné car à l'heure du web 2.0, les internautes sont vigilants
à ce genre de pratiques.
LES POP UPS
Ce type de publicité se rapproche de la
télévision et s'impose à l'internaute qui ne voit que ceci
à l'écran ou sur une partie de l'écran. Les pop ups
peuvent être statiques ou animés. L'utilisateur peut en
général les fermer assez facilement mais il est par exemple
parfois difficile de le faire sur des sites de streaming par exemple.
Via les pop ups, les annonceurs sont sûrs que leurs
publicités seront vues et les pop ups permettent de faire des
publicités plus travaillées (plus d'images, full-motion...).
Les internautes peuvent cependant voir ces publicités
comme intrusives. L'utilisation des bloqueurs de publicité peut se poser
dans ce cas.
2. L'INTRUSIVITÉ DE LA
PUBLICITÉ EN QUESTION
« Les modèles économiques viables en
2000 ont dû être remplacés par de nouveaux modèles
économiques basés sur la gratuité de service, la
publicité ciblée, la collaboration des internautes et de tout ce
qui peut potentiellement aider les internautes à se rencontrer, à
échanger, à dialoguer, à vendre/acheter. »
(ZieFomekong, 2010)
Avec toutes les technologies de ciblage qui existe, le
consommateur 2.0 souhaite être soumis à un message publicitaire
pour le bon produit et au bon moment. La gratuité et
l'intrusivité sont donc deux composantes à prendre en compte dans
l'élaboration d'une campagne publicitaire sur Internet. Or,
« la résistance des consommateurs aux mécaniques
marketing et une impression forte de saturation face à l'envahissement
des messages publicitaires sont des phénomènes qui s'amplifient
depuis quelques années » (Mermet, 2009). Par exemple, la
pétition « Facebook, stop invadingmyprivacy ! » traduit le
fait que la majorité des membres des réseaux sociaux refusent la
publicité personnalisée.
Edouard Fillias et Alexandre Villeneuve ont identifié
le « dirtyten » des formats publicitaires
détestés par les internautes : les bannières
en-dessous des en-têtes des sites, les publicités
« déguisées » (native advertising,
sponsorings...), les publicités qui « dansent », les
publicités qui s'étendent automatiquement sur une demie-page, les
bannières à côté des logos, les panneaux tout en
haut à droite, les liens texte Google qui interrompent le contenu, les
publicités avec des boutons de fermeture cachés, les
publicités interstitielles, les publicités pleine page
Il faut donc faire attention à l'intrusivité de
la communication (mailing affectif, e-mailing réactif, SMS
intrusif...).Il est important que les consommateurs aient confiance envers le
site, c'est-à-dire que le partage d'informations soit consenti.
Afin de se défendre contre cette intrusivité, il
existe de nombreux outils à la disposition des internautes. On assiste
à une augmentation de la notoriété de la fonction stop
chez les possesseurs de téléphone mobile entre 2008 et 2009 pour
bloquer l'envoi de messages publicitaires sur mobile.14(*)
Le marketer doit donc s'interroger sur le caractère
intrusif de son approche du consommateur et trouver un juste équilibre
stratégique (Mayol, 2009). Or, l'explosion des bloqueurs de
publicité pourrait traduire un relatif échec des
stratégies publicitaires sur Internet à l'heure du web 2.0.
3. LE CIBLAGE AU CoeUR DE LA
PUBLICITÉ EN LIGNE
D'après Robin Zeff et Brad Aronson, la publicité
en ligne a, comme toute publicité, pour objectif de diffuser de
l'information afin d'initier un processus d'achat. Mais la particularité
du web est que le consommateur peut interagir avec la publicité pour
avoir plus d'informations ou passer directement au processus d'achat en
cliquant sur la bannière. Le web permet de cibler qui verra les
bannières de manière beaucoup plus fine qu'avec les médias
traditionnels type presse ou TV.
Ils distinguent 4 grands avantages de la publicité en
ligne. Tout d'abord, elle permet une finesse de ciblage sans commune mesure
avec les autres leviers publicitaires. Ce peut être du ciblage
géographique, selon le sexe, le navigateur, le device, les centres
d'intérêt...La publicité en ligne permet également
de faire des analyses très fines : on peut mesurer de façon
très précise comment interagissent les internautes avec la
publicité (nombre de clics, nombre de leads ou d'achats
générés, quelle partie de la publicité a
été la plus cliquée...), ce qui est beaucoup plus
délicat avec les publicités TV, le print ou encore l'affichage.
La publicité en ligne est également très flexible : une
campagne online peut être lancée, modifiée et
stoppée à tout moment et à moindre coût. On peut
facilement s'adapter à une baisse de trafic. Annuler une campagne TV ou
dans la presse peut au contraire entraîner des frais très
importants. Enfin, la publicité en ligne permet une grande
interactivité. Elle permet à l'utilisateur d'accéder
immédiatement à toutes les informations sur un produit, à
savoir où il peut le tester ou l'acheter voire l'acheter directement en
ligne. Aucun autre moyen publicitaire ne peut permettre au consommateur de
passer de la connaissance du produit à son achat aussi rapidement et
facilement.
Voici les principaux outils de ciblage utilisés dans la
publicité en ligne :
ü Le contenu et le texte : il est possible de
choisir d'apparaître sur certaines pages d'un site plutôt que
d'autres en fonction des thématiques abordées. C'est plus
délicat à mettre en oeuvre dans la presse classique par
exemple.
ü Les informations sur les personnes inscrites :
ceci permet de cibler uniquement un certain type de personnes
enregistrées sur un site. Un fabricant de nourriture pour animaux peut
par exemple cibler les personnes s'étant inscrite pour un jeu concours
lié aux animaux de compagnie sur un site de ce type.
ü Les cookies : dans les transmissions entre
serveurs et navigateurs, des cookies peuvent être échangés
et ils sont très utilisés dans les stratégies de
targeting. Les cookies peuvent traquer ce que font les visiteurs sur un
site. Par exemple, un visiteur qui va dans une section sport d'un site de
nombreuses fois peut être identifié par les cookies puis
ciblé par un annonceur d'une marque de sport par exemple. Les cookies
permettent d'étudier le parcours d'un utilisateur sur un site et de
pouvoir le catégoriser en fonction de son comportement.
ü Le datamining : les méthodes basées
sur la data sont de plus en plus utilisées et permettent de cibler
encore plus finement qu'avec les cookies ou les informations liées aux
inscriptions.
ü Les recommandations : les données fournies
par les utilisateurs ou obtenues grâce aux cookies et aux méthodes
de datamining permettent aux sites d'établir des recommandations
(articles, liens sponsorisés...). Par exemple, sur Youtube, des
vidéos sont conseillées. Des marques peuvent en profiter pour
promouvoir leurs publicités.
ü La personnalisation : à partir des
données obtenues sur l'utilisateur, les annonceurs peuvent personnaliser
leur message. Si quelqu'un a ajouté puis supprimé un item dans un
panier sur un site e-commerce, un annonceur peut lui offrir une
réduction sur ce produit à sa prochaine commande.
La donnée est donc au coeur de la publicité en
ligne. Se pose aujourd'hui la question de leur utilisation dans le cadre de ce
que l'on appelle le big data.
4. LE BIG DATA AU CoeUR DES DÉBATS
SUR LA PUBLICITÉ EN LIGNE
Le big data permet le stockage d'immenses
quantités de données, composées des bases d'informations
de l'entreprise (CRM notamment), de son activité générale
(documentation, finance) mais aussi des données produites sur les
réseaux sociaux, l'activité mobile et Internet en
général. Ces données sont susceptibles d'être
croisées et analysées grâce à de puissantes machines
et algorithmes, afin d'en extraire une information utile (datamining).
Frédéric Grelier (Axciom) a distingué 3
grandes périodes dans l'histoire de la publicité en ligne. Les
années 1990 ont vu l'apogée du datamining. Le stockage des
données a permis aux marketeurs de prendre réellement conscience
des capacités de ciblage et de personnalisation des messages. Dans les
années 2000, Internet est devenu un véritable canal d'achat. Les
annonceurs ont investi 2 milliards d'euros sur le web en 2010. Le display
ciblé commence à apparaître mais les technologies de
ciblage ne sont pas assez poussées. Les années 2010 ont vu
l'avènement du retargeting, technique consistant à recibler via
une bannière publicitaire les visiteurs d'un site ou d'un produit. Nous
entrons dès lors dans l'ère du big data. Les volumes de
données générées par les consommateurs via les
mobiles, la navigation sur Internet et les réseaux sociaux explosent. Le
cloud permet de faire des liens entre réseaux sociaux, navigateurs web
et bases CRM. Le marché mondial de la publicité pèse
aujourd'hui 500 milliards de dollars.15(*)La donnée consommateur et le datamining
connaissent une nouvelle vie. Le display se transforme pas à pas en
vidéo, et la TV en TV connectée.
De nouveaux acteurs apparaissant dès lors dans
l'écosystème de la publicité en ligne. De plus en plus
nombreuses, les données sont structurées et accessibles aux
acheteurs grâce aux plateformes technologiques nommées data
exchanges. Les annonceurs disposent ainsi de technologies leur permettant
d'adapter leur campagne display : choix d'espaces, achat d'espaces aux
enchères, ciblage des internautes en fonction des critères
retenus, diffusion des campagnes, analyse des inventaires et des ciblages
efficaces... Les data management platform (DMP) permettent aux annonceurs de
pouvoir avoir une gestion très fine de leur audience.
Cependant, comme nous l'avons vu, l'utilisation des
données personnelles est délicate et de nombreux internautes
prennent leurs dispositions afin de délivrer le moins d'informations
possibles. C'est ce qui pourrait expliquer l'utilisation croissante des
bloqueurs de publicité.
V. LES BLOQUEURS DE PUBLICITÉ
1. QU'EST-CE QU'UN BLOQUEUR DE
PUBLICITÉ ?
Un bloqueur de publicité est un plug-in à
installer sur un navigateur Internet. L'installation d'un adblocker est
très rapide et ne nécessite aucune connaissance technique. Le
plug-in agit comme un mur entre le navigateur et les serveurs des sites que
l'internaute visite. Les bloqueurs de publicité sont capables de bloquer
la majorité des formes de publicité en ligne (display,
vidéo...) sur quasiment 100% des sites Internet. Il est possible de
configurer certains bloqueurs afin qu'ils ne bloquent que certains sites
Internet, ce qui laisse une marge de liberté à l'utilisateur.
Le ad-bloking existe depuis la naissance de la
publicité sur Internet. Les 1ers ad-blockers qu'on peut citer sont
JunkBuster, Atguarder ou encore Webwiper. Mais au début des
années 2000, ils étaient encore méconnus et la plupart des
utilisateurs ne voyaient pas l'intérêt de les
télécharger alors que les publicités sur Internet
n'étaient pas autant critiquées qu'aujourd'hui.
Les deux principaux adblockersaujourd'hui sont AdBlock Plus
(100 millions d'utilisateurs actifs) et AdBlock. Il existe cependant de
nombreux autres adblockers ayant des business models plus ou moins
différents.
PRÈS DE 200 MILLIONS D'UTILISATEURS
Le nombre d'utilisateurs d'adblockers a augmenté de 41%
entre 2014 et 2015 dans le monde. 16% des internautes aux Etats-Unis en
utilisent, soit 45 millions d'utilisateurs. On comptait en juin 2015 77
millions d'utilisateurs en Europe et 198 millions dans le monde.
Les utilisateurs principaux sont actuellement des personnes
plutôt à l'aise avec les nouvelles technologies et l'univers du
web. Ainsi, 26.5% des visiteurs de sites de jeux en ligne utilisent des
ad-blockers. Viennent ensuite les réseaux sociaux avec 19.1% et les
sites Tech/Internet avec 17%. Les visiteurs de sites liés à la
santé ou à la politique sont moins concernés par
l'utilisation de adblockers.
LE NAVIGATEUR GOOGLE CHROME EN TÊTE DU
MARCHÉ DES AD-BLOCKERS
L'utilisation d'adblockers a augmenté de 51% entre 2014
et 2015 sur le navigateur Google Chrome, représentant aujourd'hui 126
millions d'utilisateurs actifs. Vient ensuite Firefox avec 48 millions
d'utilisateurs actifs.
Chrome est en-tête grâce à son
déploiement très important ces dernières années
mais aussi car c'est le navigateur sur lequel il est le plus simple d'installer
des adblockers. Il est surprenant de constater que Chrome est le navigateur le
plus à-même d'utiliser des bloqueurs de publicité alors que
Google tire la plupart de ses revenus de la publicité en ligne.
A noter également que le navigateur Edge, disponible
uniquement sur Windows 10, vient d'intégrer les extensions AdBlock et
AdBlock Plus.
LES BLOQUEURS DE PUBLICITÉ DE PLUS EN PLUS
PRÉSENTS SUR MOBILE
Alors que, comme nous l'avons vu précédemment,
l'utilisation d'Internet sur mobile est en pleine explosion, les bloqueurs de
publicité sont encore peu présents sur ce device. En juin 2015,
les adblockers mobiles représentaient seulement 2% du marché
global alors que 38% de la navigation sur Internet se fait sur mobile et que
12.4% des investissements mondiaux en 2016 concerneront la publicité sur
smartphone.
Les navigateurs Chrome et Firefox représentent 93% du
marché des adblockers sur mobile.
Apple a également proposé récemment une
extension filtrant les contenus sur IOS 9 fonctionnant avec le navigateur
Safari. Il ne s'agit cependant pas d'un bloqueur de publicités à
proprement parler.
2. UN IMPACTÉNORMESUR LES REVENUS
PUBLICITAIRES
On estime à 21,8 milliards de dollars les pertes
liées aux bloqueurs de publicité pour les sites Internet.
Aux Etats-Unis, on déplore 5,8 milliards de dollars de
perte en 2014 alors qu'on estime à 10,7 milliards les pertes en 2015 et
20,3 milliards en 2016. Mondialement, les pertes pourraient atteindre 41,4
milliards d'euros en 2016.
De nombreux éditeurs de sites, notamment en France, ont
déjà porté plainte contre des adblockerscar ils se sentent
« extorqués » mais pour le moment sans
succès. Le Geste, réunissant plusieurs éditeurs et
annonceurs français, a déposé une plainte car la survie de
la majorité des sites Internet est liée aux revenus
publicitaires.
Plus de 50% des campagnes publicitaires sur Internet font
perdre de l'argent aux annonceurs16(*), la plupart des publicités n'étant
jamais vue. Ce qui est d'autant plus inquiétant que 20% des
dépenses publicitaires totales sont consacrées à la
publicité en ligne.
3. LES ADBLOCKERS COMME SOLUTION AU
CARACTÈRE INTRUSIF DES PUBLICITÉS MAIS PAS SEULEMENT
Comme nous l'avons vu en troisième partie, l'internaute
2.0 veut avoir un accès à une information gratuite et sans
publicité sur Internet. Il ne souhaite pas voir de contenus
sponsorisés.
Le confort de navigation est aujourd'hui une des principales
causes d'utilisation des adblockers.
Plus de ¾ des internautes rejettent la publicité
ciblée sur leur page Facebook.17(*)
Parmi les internautes n'utilisant pas encore de adblockers,
51% d'entre eux affirment qu'ils en installeraient un s'ils estiment leurs
données personnelles en danger, 41% si le nombre de publicités en
ligne augmente encore.
Le recours de plus en plus important à l'option
« do not track » des navigateurs (navigation privée)
traduit également cette volonté des internautes de ne pas
être tracé pour conserver leurs données personnelles.
73% des internautes utilisent des bloqueurs de
publicité car les publicités interrompent leurs activités,
55% car les formats sont gênants (couleurs, pops up...), 54% car elles
ralentissent leur navigation, 46% car elles ne sont pas pertinentes et 31% par
souci de conserver leurs données personnelles.18(*)
4. DES SOLUTIONS PLUS OU MOINS VIABLES
ET PÉRENNES
Il est possible pour les sites Internet de demander à
leurs internautes de désactiver leurs bloqueurs de publicité en
leur expliquant les conséquences d'une telle utilisation. Mais rien ne
peut contraindre les utilisateurs à le faire.
Des sites Internet comme The Guardian ou Bild proposent aux
internautes de payer une somme d'argent (2.99€ / mois pour Bild) afin
d'avoir un site dépollué des publicités les plus
intrusives.
Plusieurs manipulations peuvent permettre de contourner les
bloqueurs, comme l'a fait TF1 pour la dernière coupe du monde de
rugby.
Il est possible pour des sites Internet d'intégrer une
liste blanche sous réserve de respecter une charte de
« publicité acceptable ». Mais le coût peut
être très élevé même si Eyeo, la
société éditrice du logiciel AdBlock Plus, assure que
« 90 % des personnes de la liste blanche ne paient rien et que le
critère est le même pour tous ».Ad Block Plus a par ailleurs
lancé un comité indépendant afin de redéfinir les
conditions de cette charte de « publicité
acceptable ». Des experts de la publicité et du marketing
participeront à ce comité tout comme le concurrent Ad Block.
Google essaie de trouver des solutions alternatives et a
notamment lancé une plateforme de financement participatif, Google
Contributor, sur laquelle les internautes peuvent payer Google pour pouvoir
naviguer sans publicité. Google reverse ensuite cet argent aux sites
partenaires.
De nombreux annonceurs se tournent vers d'autres formats
publicitaires sur Internet que les bloqueurs de publicité ne peuvent
pour l'instant pas bloquer. Il s'agit par exemple du native advertising, un
format de plus en plus plébiscité car les native ads se fondent
dans l'habillage des sites Internet et n'influencent en rien le confort de
navigation des internautes. Cependant, ces publicités pourraient
être considérées comme déguisées et
destinées à « tromper » l'internaute, ce qui
ne permettrait pas d'améliorer la confiance des internautes à
l'égard des publicités sur Internet. De plus, les bloqueurs
travaillent actuellement afin de trouver des solutions pour bloquer ce type de
publicité.
L'objectif pour AdBlock Plus via sa charte de publicité
acceptable est d'inciter les annonceurs à faire des publicités de
qualité conformes aux nouvelles attentes des internautes. Proposer des
publicités plus originales et moins intrusives semble ainsi être
la solution la plus efficace aux problèmes et pourrait satisfaire toutes
les parties-prenantes. Le Syndicat des Régies Internet (SRI) va
d'ailleurs travailler en ce sens dans les prochaines semaines afin d'enrichir
sa charte de bonnes pratiques.
Comme nous l'avons vu, plusieurs agences média et
régies publicitaires travaillent actuellement sur de nouveaux
systèmes de diffusion de publicité. La régie Teads a par
ailleurs lancé un « manifeste pour une publicité
durable ».
CONCLUSION
Internet s'est développé de façon
exponentielle lors de ces 20 dernières années. Il est donc
indispensable pour la grande majorité des marques d'être
présente sur ce canal. Le web a beaucoup évolué et les
internautes à l'aube du web 3.0 n'ont plus les mêmes attentes
qu'aux origines d'Internet. Les marques et les sites ont donc dû
s'adapter en adoptant des stratégies spécifiques au marketing 2.0
et en proposant des formats publicitaires différents. L'émergence
des bloqueurs publicitaires pourrait cependant traduire une inadéquation
entre les attentes des internautes, des sites et des annonceurs.
L'utilisation massive et de plus en plus importante des
bloqueurs de publicité symbolise la défiance croissante des
consommateurs envers la publicité. Elle symbolise également le
désintérêt des internautes pour la publicité, ce qui
peut traduire un manque d'attractivité des publicités. A l'heure
des réseaux sociaux et d'un accès illimité à toutes
les informations sur les produits, quel rôle doit jouer la
publicité sur Internet ? A l'heure du consomm'acteur qui a plus
confiance en les témoignages de ses amis ou sur Internet qu'à la
publicité, peut-on encore considérer que la publicité soit
le lien principal entre les marques et les clients ? Les bloqueurs de
publicité vont-ils permettre d'inciter les marques à communiquer
autrement sur Internet ?
Des solutions face à l'explosion des bloqueurs de
publicité sont en train d'émerger mais elles sont pour l'instant
des pansements masquant un problème bien plus large et
stratégique. L'Internet de demain risque de devenir un système
à deux vitesses, avec d'un côté ceux qui peuvent payer puis
les autres. L'Internet gratuit tel qu'il est aujourd'hui est financé par
la publicité et par la récolte des données des
utilisateurs. L'émergence des moyens de luttescontre la publicité
et la transmission de données personnelles à l'image des
bloqueurs de publicité pourrait bien mettre en péril tout
l'écosystème du web.
Il est donc difficile de trouver le bon équilibre entre
les intérêts des annonceurs, des sites Internet et des
internautes. Ce sera tout l'objet de ce présent mémoire.
B. ETUDES
I. PROBLÉMATIQUE
La revue de littérature nous a permis de constater que
l'expansion des bloqueurs de publicité sur Internet est un symbole de la
mutation de la publicité sur Internet. A l'heure du web 2.0, des
réseaux sociaux et du big data, la plupart des marques doivent ainsi
adapter leur communication aux nouvelles attentes des internautes. La
publicité display « classique » est ainsi de plus en
plus mal perçue par de nombreux internautes, ce qui explique le recours
de plus en plus grand aux adblockers. La publicité reste cependant un
levier très utilisé par les marques et permet à des
millions de sites Internet de pouvoir survivre. Les adblockers font alors
perdre énormément d'argent à la fois aux annonceurs et aux
éditeurs de sites et impactent ainsi l'ensemble de
l'écosystème du web. Les adblockers incitent donc certaines
marques à utiliser d'autres leviers pour toucher leurs cibles. Est-ce
l'opportunité pour les marques d'avoir une communication moins agressive
et plus qualitative ?
Au final, les études que nous allons entreprendre dans
la suite du mémoire viseront à apporter des
éléments de réponse à cette question : les
ad-blockers sont-ils un danger ou une chance pour la publicité sur
Internet ?
Avant de vous exposer plus en détails la
méthodologie de recherche envisagée, il est indispensable de vous
présenter l'ensemble des hypothèses de recherche découlant
de la revue de littérature. Elles permettront de donner les grandes
orientations des études que nous allons entreprendre.
II. PISTES DE RECHERCHE
La revue de littérature a mis en exergue 3 grandes
pistes.
I. P1 : Les adblockers ont un impact
négatif sur la publicité en ligne
Les adblockers mettent en péril tout
l'écosystème du web et est une atteinte à la
liberté des marques de pouvoir diffuser leurs publicités.
a) La plupart des sites Internet ne peuvent plus
monétiser leur audience et financer leur développement.
b) Les annonceurs sont injustement lésés et
perdent une partie importante de leur budget publicitaire.
c) Les adblockers sont à la limite de la
légalité et portent atteinte à la liberté sur
Internet.
II. P2 : Les adblockers ont un impact positif sur
la publicité en ligne ; il faut les garder tels qu'ils
sont
a) Les publicités sont intrusives et portent atteinte
au confort de navigation des internautes.
b) Via les publicités, les marques cherchent à
récolter des données sur les internautes de manière plus
ou moins légale, ce qui porte atteinte à leur liberté et
à la confidentialité de leurs données.
c) Le ciblage des internautes grâce notamment aux
nouvelles technologies liées au big data est inefficace.
III. P3 : Les ad-blockers ont un impact
négatif sur la publicité en ligne mais il faut les
développer pour que chaque partie-prenante y trouve son
compte
a) Il est important de travailler sur le caractère
intrusif des publicités en bloquant celles qui ne respectent pas un
certain nombre de critères
b) Il est important pour les marques de travailler sur des
publicités plus qualitatives pour ne pas inciter à l'utilisation
de bloqueurs.
c) Les ad-blockers incitent les marques à se focaliser
sur d'autres leviers digitaux, prisés davantage par les utilisateurs.
d) Les annonceurs ne doivent pas être
lésés si une publicité est bloquée. Il faut trouver
de nouveaux modèles de rémunération alternatifs.
III. METHODOLOGIE
DE RECHERCHE
Ce présent mémoire se base sur un ensemble
d'éléments factuels et théoriques mais le sujet des
bloqueurs de publicité est relativement récent et n'a pas fait
l'objet de nombreuses études.
Le but du mémoire sera ainsi d'explorer et comprendre
la complexité des enjeux liés aux bloqueurs de publicité,
peu étudiés jusqu'alors. Il s'agira de dégager les
tendances et les solutions face aux différentes implications des
adblockers sur les acteurs de la publicité sur Internet. Les recherches
théoriques ont permis d'élaborer plusieurs pistes de
réflexion à propos de l'avenir des bloqueurs de publicité.
Mais à l'heure actuelle, nous n'avons pas d'idée claire et
établie des résultats que nous souhaitons obtenir. Notre objectif
est simplement de confronter ces pistes à plusieurs acteurs pouvant
être concernés par les adblockers afin de dégager des
pistes de réflexion managériales.
Cet objectif appelle donc plutôt une méthodologie
qualitative.
Les résultats tirés des différentes
études ne permettront donc pas de valider ou invalider le bien
fondé des bloqueurs de publicité. Ils permettront seulement de
dégager plusieurs tendances, ce qui pourra être utile pour des
entreprises désireuses de faire face aux conséquences des
adblockers.
Nous sommes dans une démarche abductive car il y aura
de nombreux aller-retour entre l'ensemble des théories
dégagées dans la revue de littérature et les
résultats obtenus sur le terrain. Il s'agira de dégager les
théories les plus ancrées dans les comportements des managers
à l'égard des bloqueurs de publicité et plus
généralement de la publicité en ligne afin de
dégager des pistes de réflexion réalistes.
La collecte de données se fera par le biais
d'entretiens et par une méthode d'analyse de données
inspirée de celle de Miles et Huberman.
A l'inverse des études quantitatives, les
résultats issus d'études qualitatives sont subjectifs car ils
dépendent de l'implication du chercheur sur le terrain mais surtout car
les résultats sont interprétés lors de l'analyse des
données. Il faudra donc veiller à utiliser une grille de
décodage permettant de cadrer au maximum l'interprétation.
Les résultats que nous obtiendrons présenteront
une certaine souplesse car les questions posées lors des entretiens
peuvent varier en fonction des personnes interrogées. Il sera toujours
possible de modifier le recueil des données en cours de route.
L'objectif ne sera pas de valider ou invalider l'ensemble des
pistes de réflexion de façon formelle. Il s'agira de
dégager les pistes les plus cohérentes et les plus à
même d'expliquer les impacts des bloqueurs de publicité et de voir
ce qu'ils peuvent changer à l'avenir. Les pistes sont plutôt
ouvertes et relativement générales afin de laisser une totale
liberté aux acteurs qui seront interrogés.
La problématique telle qu'exprimée est une
question fermée dans la formulation mais n'appelle pas
nécessairement une étude quantitative. Les termes
« danger » et « chance » sont
plutôt généraux et cette problématique a surtout
pour objectif d'expliquer ce en quoi les bloqueurs de publicité sont
plutôt une bonne ou une mauvaise chose sans rejeter l'une ou l'autre des
pistes mais en les confrontant afin de dégager des pistes de
réflexion managériales. Aucune démarche autre que
qualitative ne pourrait permettre de répondre à un tel
objectif.
IV. DESIGN DE RECHERCHE
Le design de la recherche consiste à définir les
moyens nécessaires pour répondre à la
problématique : méthodes d'analyse, types, sources et
techniques de recueil des données, composition et taille de
l'échantillon.19(*)
Nous avons donc choisi une méthodologie qualitative
appelant une démarche en trois temps : choix du terrain et
constitution de l'échantillon, collecte des données puis analyse
des données.
1. LE CHOIX DU TERRAIN
Avec un sujet tel que les bloqueurs de publicité,
plusieurs possibilités s'offrent à nous. Il aurait pu être
possible d'avoir une approche quantitative auprès des internautes afin
de valider ou invalider leurs motivations à utiliser ou non un bloqueur
de publicité. Mais il y a déjà eu plusieurs études
complémentaires à ce propos et notre mémoire aurait perdu
en intérêt et notamment dans son intérêt
managérial. Une autre solution aurait pu être de distribuer des
questionnaires à plusieurs entreprises et plusieurs sites Internet afin
de confirmer ou non l'impact des adblockers. Il aurait été
possible de recueillir leur manque à gagner, leur volonté ou non
que les adblockers disparaissent, etc. Ces données auraient pu avoir une
validité statistique mais ce type d'études n'aurait pas permis de
recenser les opinions et propositions de chacun. Comme nous l'avons vu dans la
revue de littérature, le phénomène des adblockers va
au-delà de simples considérations financières et implique
une remise en cause des stratégies d'entreprises. De plus, le monde de
la publicité en ligne étant plutôt complexe, une
étude quantitative de ce type pourrait aboutir à des
considérations trop techniques, ce qui ne serait pas en phase avec la
nature marketing de ce présent mémoire. Il est donc primordial
que nos études permettent aux différents acteurs d'exprimer leurs
opinions et leurs suggestions, ce qui est délicat avec des
méthodes quantitatives.
Nous avons donc décidé d'utiliser une approche
qualitative sur le terrain des entreprises. Comme nous l'avons vu dans la revue
de littérature, les adblockers impactent l'ensemble de
l'écosystème du web, à savoir les annonceurs, les
éditeurs de sites et les différents intermédiaires tels
que les régies publicitaires. Evoluant au sein dans une régie
publicitaire, nous sommes à la fois en contact avec des annonceurs et
des éditeurs de sites Internet, ce qui nous permet de constater au
quotidien les différents impacts qu'ont les adblockers sur ces acteurs
et les divergences de points de vue à leur égard.
Nous avons donc pour objectif d'interroger des annonceurs, des
éditeurs et d'avoir le point de vue d'une régie qui est au centre
de la publicité sur Internet.
2. LA CONSTITUTION DE
L'ÉCHANTILLON
Les critères de sélection de
l'échantillon retenus sont :
· La taille de l'entreprise ou du site
· Le secteur d'activité
· Le degré d'impact des bloqueurs de
publicité sur leur stratégie publicitaire et globale
· La diversité de leurs leviers de communication
digitale
Afin d'obtenir un maximum de données pouvant permettre
d'établir des recommandations managériales cohérentes et
réalistes, nous allons interroger des structures impactées par
les adblockers. Interroger un annonceur ou un site qui ne souffre pas des
bloqueurs de publicité ne revêt que peu d'intérêt
à moins qu'il en ait souffert dans le passé et qu'il ait
réussi à trouver des solutions ou alternatives.
Au niveau des annonceurs, il est préférable
d'interroger des structures assez importantes, qui ont déjà une
stratégie digitale ou qui sont en train d'en mettre une en place. Ce
type de structure est donc déjà sensibilisé à
l'importance du digital et a la possibilité de réagir et
d'exprimer des pistes d'amélioration plus intéressantes qu'un
annonceur de plus petit calibre encore peu digitalisé et peu au fait de
ces différentes problématiques.
Au niveau des sites Internet, il est plus intéressant
d'interroger des sites à fort trafic qui pourraient avoir des
recommandations pouvant servir à des sites de plus petite taille.
Enfin, évoluant au sein de la régie Adthink au
coeur de la publicité sur Internet, il est envisagé de les
interroger afin de profiter de leur vision globale de la publicité en
ligne.
Les personnes interrogées seront de
préférence des Directeur Marketing / Communication Digitale /
Publicité ou des personnes de leur direction, des Chefs de Projets Web /
Marketing / Digital ou encore des Traffic Managers.
Nous utiliserons le réseau d'annonceurs et de sites du
groupe Adthink. La régie ne travaille pas avec des annonceurs et des
sites venant de secteurs particuliers, ce qui laisse un large éventail
de choix.
3. LA TAILLE DE L'ÉCHANTILLON
La taille de l'échantillon ne peut être
strictement définie au préalable car elle dépend des
résultats des premiers entretiens. Ils nous permettront d'enrichir au
fur et à mesure notre guide d'entretien avec des éléments
que nous n'avons pas pris en considération au moment de la revue de
littérature. Au moment où nous avons l'impression qu'un entretien
n'apporte pas d'idées nouvelles, nous pourrons alors
décréter l'état de saturation et l'arrêt des
études.
L'objectif est de pouvoir réaliser un entretien
auprès d'au moins un annonceur, un éditeur de site et avec
Adthink Media. Si le temps le permet et si cela s'avère
nécessaire, nous envisagerons des entretiens supplémentaires. Il
peut également être intéressant d'utiliser des entretiens
déjà existants afin d'étayer nos propres études.
4. LE TYPE D'ÉTUDES
ENVISAGÉ
Notre choix s'est porté sur des entretiens individuels
permettant à chacun d'exprimer sa propre approche. Un entretien
collectif aurait cependant pu permettre de les confronter et d'aboutir à
des pistes de réflexion que des entretiens individuels n'auront pas
générées. Notre rôle sera alors de croiser ces
différents points de vue afin d'élaborer des pistes
répondant aux attentes de tous les acteurs.
L'entretien doit être dirigé afin que les
interlocuteurs ne s'éparpillent pas et pour que nous puissions comparer
leurs réponses à partir d'une base commune. Mais l'idée
n'est pas de définir strictement les questions à l'avance afin de
laisser une liberté à nos interlocuteurs dans leurs
réponses. Cette base pourra alors évoluer au fur et à
mesure des entretiens, ce qui permettra d'obtenir des données toujours
plus riches.
Nous avons donc choisi de mener des entretiens semi-directifs
afin de connaître la position de nos interlocuteurs par rapport au sujet
des bloqueurs de publicité et plus globalement de la publicité en
ligne. Cette méthode a l'avantage de cumuler flexibilité,
richesse d'information et d'analyse.
Nous avons finalement interviewé 6 acteurs
différents : Jean et ChaoukiNamri, webmasters de plusieurs sites,
Sébastien Balestas, directeur du trading desk d'Adthink, directeur
technique d'Adthink, Guewen Gabillet, directeur du pôle média
d'Adthink et Jérémy Abitan, responsable de Soonweb
(soonnight.com).
V. COLLECTE ET ANALYSE DES DONNÉES
Les entretiens peuvent être physiques, par
téléphone ou par Skype mais il est également possible de
communiquer par mail le cas échéant. Dans tous les cas, les
entretiens sont enregistrés afin de pouvoir retranscrire de façon
précise ce qui a été avancé. C'est indispensable
afin de pouvoir en faire des synthèses et pour pouvoir croiser les
entretiens entre eux.
L'objectif de l'analyse des données est de leur donner
du sens, de les comparer entre elles, de les réduire et de les classer
et enfin de donner une traçabilité aux résultats.
Nous allons utiliser une méthode adaptée de
l'analyse de contenu thématique de Miles &Huberman. Elle consiste
à déstructurer puis restructurer les données recueillies
sur le terrain.
La collecte se déroule en 3 étapes. Vous
retrouverez plus de détails dans le calendrier prévisionnel
présenté en annexe 2.
1. LA COLLECTE DES DONNÉES BRUTES
LORS DES ENTRETIENS
2. LA DÉSTRUCTURATION :
CODAGE DE 1ER NIVEAU
Il s'agit de lire les premiers entretiens et de commencer
à rattacher plusieurs éléments à des codes communs.
Il s'agira de retirer les codes n'apportant rien au mémoire afin de
réadapter notre guide d'entretien.
Nous allons faire le codage de 1er niveau
dès la récolte de 3 entretiens. Nous pourrons donc voir si des
codes communs se détachent afin de réadapter notre approche et
notre questionnaire pour les prochains entretiens.
3. LA RESTRUCTURATION : CODAGE DE
2ÈME NIVEAU
Il s'agit de hiérarchiser les codes afin de
dégager entre 2 à 5 méta-codes principaux. Ils nous
permettront de diriger notre analyse des résultats et de pouvoir la
mettre en lien avec notre revue de littérature.
VI.
DÉROULEMENT DES ENTRETIENS
Les entretiens se déroulent selon 3 phases. Vous
retrouverez la trame complète des entretiens semi-directifs en annexe
1.
1. PHASE D'ENTAME
Cette phase est cruciale pour établir un climat de
confiance. Par souci de cohérence et de neutralité, la trame sera
la même d'un entretien à un autre.
2. PHASE DE CENTRAGE
Il s'agit d'élaborer la trame de l'entretien en
identifiant les grands thèmes et questions sous-jacentes à
aborder. Cette trame pourra être optimisée au fur et à
mesure des entretiens. L'idée n'est pas d'aborder absolument toute les
questions. Elles doivent simplement permettre de cadrer l'entretien et de
pouvoir relancer le débat de manière habile et constructive.
Certaines questions n'auront pas d'utilité en fonction des
réponses précédemment données par
l'interlocuteur.
Conformément à la méthode d'analyse de
Miles et Huberman, nous avons choisi d'élaborer notre grille de codage
à partir de 5 grands codes selon les tendances se dégageant de la
revue de littérature. Ces codes constituent les grands thèmes qui
seront abordés lors des entretiens.
Voici donc les thèmes qui cadreront les entretiens et
des suggestions de questions pouvant alimenter la discussion : l'impact
des adblockers, l'intrusivité, l'utilisation des données, la
qualité de communication et la relation avec l'internaute.
3. PHASE DE CONCLUSION
Il s'agira de faire un résumé
général de l'entretien et des idées énoncées
afin d'être certains d'avoir bien compris les propos de l'interlocuteur.
Afin de mener efficacement l'entretien, il s'agira de
s'abstenir de tout jugement, de rester neutre et de faire preuve d'empathie. Il
faudra également rester maître de l'échange en donnant le
rythme tout en s'adaptant à des interlocuteurs peu bavards ou prolixes.
Il ne faudra pas hésiter à relancer et à creuser pour
pouvoir obtenir certaines données.
C. RESULTATS DES ETUDES
A partir de la méthodologie établie et
présentée précédemment, cette partie a pour
vocation de présenter les résultats des études
qualitatives qui ont été menées. La première
étape a consisté à collecter les données
auprès de cibles respectant nos critères de sélection. 6
entretiens semi-directifs ont finalement eu lieu après de 3 personnes de
la régie Adthink et de 3 sites Internet afin de récolter les avis
des différents acteurs impactés par l'adblocking. Vous
retrouverez plus de détails sur les 6 personnes interrogées ainsi
que sur les entreprises pour lesquelles ils travaillent avec
l'intégralité des entretiens retranscrits en annexe 3.
I. COLLECTE DES DONNÉES ET CODAGE
DE 1ER NIVEAU
Afin de rapprocher les différentes interviews et d'en
dégager les codes communs et les différences selon la
méthode que nous avons choisi d'appliquer, voici un tableau comparatif
résumant les propos des personnes interrogées. Vous trouverez
ci-dessous 5 tableaux à partir des 5 grands thèmes abordés
lors des différents entretiens reprenant les idées principales
qui ont été retenues.
Le résumé des propos implique
nécessairement une interprétation du chercheur mais l'entretien a
été mené de sorte à ce que le chercheur et les
personnes interviewées se comprennent bien, comme vous pourrez le
constater en annexe. Le nombre d'entretiens relativement important permet
également de dégager des tendances outrepassant de simples
interprétations.
1. L'IMPACT DES ADBLOCKERS
M. Balestas : régie ROI
|
L'adblocking est un vrai risque marché. Il
représente un danger pour tout l'écosystème du web. Les
annonceurs s'éloignent souvent du problème en confiant la partie
publicité à des tiers. Ce sont les éditeurs qui
régulent le marché publicitaire et ce sont eux qui fixent leurs
règles. Du fait des adblockers, on propose de plus en plus de formats
peu ou pas adblockés comme le native, la vidéo ou la
publicité sur mobile. Le mailing reste également un levier
important depuis la naissance du web ! Mais il y aura un réveil du
marché avant.
« Le adblocking correspond ni plus ni moins à
un racket caché des marques. »
|
M. Gabillet : régie
média
|
La partie média d'Adthink est touchée surtout
sur ses sites entertainment et technologiques (30-40%) car les cibles sont
jeunes et technophiles et donc connaissent mieux les adblockers que d'autres
cibles. Elle est moins touchée sur les sites famille (15-20% d'adblock).
Il n'y a pas eu pour le moment de mesure spécifique aux adblockers mise
en place. Il travaille cependant avec des partenaires whitelistés par la
plupart des adblockers comme Criteo. Il contourne le problème en se
tournant vers d'autres activités comme les jeux concours ou sur du
native où il n'est pas adblocké, ce qui représente
également un argument commercial pour Adthink.
|
M. Malet : régie technique
|
Adthink est passé en l'espace de 2-3 ans de 10-15%
à 30% d'adblockers aujourd'hui selon ses estimations, soit des pertes de
CA à hauteur de 30%. Les adblockers n'ont pas vraiment eu d'impact sur
la stratégie d'Adthink. Ceci a impacté les négociations
côté média où le taux d'adblock toléré
est devenu une condition commerciale. Des réflexions ont
été menées de son côté mais n'ont pas
forcément abouti. Il existe aujourd'hui des solutions pour contourner
les adblockers, par exemple en fondant les publicités dans le site, ce
qui est le cas du native. Et si les adblockers bloquent le native, il y aura
encore d'autres solutions... Le problème des adblockers rejoint celui du
téléchargement illégal ou du streaming. Ont-ils tué
le cinéma et la télévision ? Non...
« Au final, c'est cette même logique du jeu du
chat et de la souris. Quelqu'un met quelque chose en place pour bloquer,
l'autre va répondre, etc. »
|
M. Namri : éditeur
|
Les adblockers lui font perdre 86$ par jour, soit 2600$ par
mois ou 31.200$ par an. Ceci représente environ 40% de pertes
financières. Il a eu l'occasion de travailler avec des solutions
bloquant les adblockers. Les adblockers peuvent bloquer certains tags mais une
bannière intégrée en dur dans un site ne peut être
bloquée.
|
M. Abitan : éditeur
|
Il est fortement impacté par les adblockers, à
raison de 15% des visiteurs web, soit des pertes de CA à hauteur de 4000
à 5000 euros par mois. Il a envisagé de bloquer les utilisateurs
d'adblockers mais a refusé pour ne pas perdre de visiteurs et en
notoriété. Il focalise ses efforts sur le mobile où sa
cible (les jeunes) est très présente et car les adblockers sont
encore peu présents sur ce device. Les adblockers ne lui font pas peur
car les solutions pour les contourner sont nombreuses.
|
Jean : éditeur
|
Pertes financières représentant entre 15 et 25%
du CA. Il a envisagé à terme de trouver une solution pour bloquer
les adblockers sur son site mais pour le moment, il n'a pas adapté de
stratégie spécifique, c'est juste une perte de CA.
« Lorsque le % d'utilisateurs passera le cap des
50%, il est fort possible que j'arrête mon
activité. »
|
Tableau 2 : Tableau récapitulatif des entretiens
(1/5)
L'ensemble des personnes interrogées se dit
impacté négativement par les adblockers dont 3 personnes
travaillant dans une régie auprès de milliers d'acteurs. On peut
facilement imaginer que si une régie est impactée, la
majorité des sites et annonceurs travaillant avec le sont
également. Le préjudice en matière de pertes de visiteurs
et de CA va de 15 à 40%. L'ensemble des sites travaille sur des
solutions pour contourner techniquement les adblockers ou bloquer leur
accès aux utilisateurs d'adblockers. Les régies et les
annonceurs, quant à eux, utilisent le native, le mobile et d'autres
formats non adblockés comme alternatives. La possibilité
d'être whitelisté est également envisagée. La
crainte liée aux adblockers est bien réelle mais n'a pas encore
de réel impact stratégique.
Nous pouvons retenir les codes suivants : impact
financier important, nouvelles opportunités, contournement technique.
2. L'INTRUSIVITÉ DE LA
PUBLICITÉ
M. Balestas : régie ROI
|
Il ne trouve pas justifié que des internautes utilisent
des adblockers à cause de l'intrusivité même si elle est
bien réelle, ce serait faux de le nier. De nombreux sites ont
été trop gourmands et on le paie aujourd'hui. Cependant, le
adblocking reste un racket des marques et il n'est pas normal que ça
puisse continuer. Il faudrait penser à des solutions alternatives comme
un système de reversement aux lignes éditoriales auxquelles il y
a un manque ou de faire payer le service aux utilisateurs. Les revendications
des utilisateurs sont justifiées mais il y a des associations de
consommateurs ou des dispositifs tels que l'IAB qui sont plus légitimes
pour répondre à leurs interrogations.
|
M. Gabillet : régie
média
|
Il y a 2 types de publicités intrusives. Il y a les
« péages publicitaires » comme le préroll ou
les pop ups et les publicités intrusives en matière de
qualité de bannière et de ciblage. Une publicité
pornographique sur un site pour enfants ou une publicité pour une couche
sur un site de sport, ce n'est pas adapté. Il utilise les péages
publicitaires car ils sont indispensables dans le web tel qu'il existe
aujourd'hui. Ils sont dans l'intérêt des éditeurs qui
gagnent de l'argent, des annonceurs qui sont sûrs d'être visibles
et des internautes qui ne paient pas pour accéder aux contenus.
|
M. Malet : régie technique
|
Les publicités intrusives sont étonnamment
celles qui convertissent le mieux, sans doute car les internautes se laissent
consciemment ou non porter par le discours publicitaire engagé contre
leur gré, à l'image de la publicité TV. Cependant, les
grandes marques proposent des formats de moins en moins intrusifs tels que
l'habillage qui répond le mieux au challenge de trouver des formats qui
soient le juste milieu entre quelque chose qui soit visible et quand même
un peu qualitatif. Il faut surtout que les sites reprennent le contrôle
sur ce qu'ils diffusent en travaillant sur des processus de contrôle plus
précis qu'aujourd'hui. Si un site arrive à avoir la confiance de
l'internaute, ce dernier sachant qu'il n'y aura pas de publicité
intrusive, peut-être qu'il n'utilisera pas de adblocker.
Ces derniers n'ont en tout cas aucune légitimité
dans ce rôle de gendarme du web à partir du moment où on
peut les payer pour outrepasser le blocage. La multiplication des acteurs
promettant de bloquer toujours mieux que les autres a transformé le
adblocking en un véritable business.
« Etrangement, plus les créas sont quali,
plus c'est joli, moins ça marche. »
|
M. Namri : éditeur
|
Il utilise le format pop considéré comme
intrusif. Mais il filtre ce qui peut passer dessus afin de respecter ses
visiteurs. Ils sont conscients que son site ne peut fonctionner sans
publicité et acceptent cette situation ; il n'a encore jamais
reçu de plaintes de leur part à ce propos. Ce serait bien que les
adblockers ne bloquent que les publicités intrusives ou puissent
whitelister des sites de manière plus transparente et à
coût attractif.
|
M. Abitan : éditeur
|
Il considère comme intrusifs des formats gênant
la navigation (son, interstitiel...). Il n'utilise pas ce type de format et
considère que les adblockers devraient se focaliser sur ces
formats-là plutôt que de léser des sites comme le sien qui
font des efforts pour avoir de la publicité plus propre via de
l'habillage ou du native. Ils ne sont d'ailleurs pas légitime pour juger
de la qualité des publicités, ils sont uniquement là pour
faire de l'argent.
|
Jean : éditeur
|
Il est conscient de l'intrusivité de certains formats
et il utilise d'ailleurs lui-même un adblocker. Il aimerait que les
adblockers ne bloquent que les publicités intrusives mais c'est
impossible selon lui.
« Les adblockers n'ont aucune
légitimité, 90% des sociétés d'adblockers sont
là pour faire des profits... »
|
Tableau 3 : Tableau récapitulatif des entretiens
(2/5)
L'ensemble des personnes interrogées s'accorde à
dire que de nombreuses publicités sont intrusives et ils comprennent
globalement que les internautes se défendent en se tournant de plus en
plus vers des adblockers. Ils considèrent tous également que les
adblockers ne sont pas légitimes pour juger de ce qu'est une
publicité intrusive ou non et proposent d'autres acteurs dans ce
rôle. Le adblocking reste un business comme un autre. Ils ne s'accordent
d'ailleurs pas sur une définition commune de ce qu'est une
publicité intrusive. La possibilité de ne bloquer que les
publicités intrusives (selon leur propre définition) semble
intéressante mais ils n'y croient pas trop.
Nous pouvons retenir les codes suivants :
intrusivité, business, absence de légitimité.
3. L'UTILISATION DES DONNÉES
M. Balestas : régie ROI
|
Les datas peuvent être anonymes et le fait d'être
retargeté ou ciblé par cookie fait partie du jeu d'Internet.
Cependant, au vu du business des adblockers autorisant certains acteurs
à outrepasser leurs règles, il ne pense pas qu'ils
protègent les données des utilisateurs, bien au contraire...
« C'est plus compliqué quand il y a des tags
qui prennent des informations trop personnelles et je comprends les craintes
des utilisateurs à ce sujet. »
|
M. Gabillet : régie
média
|
La France est relativement secure par rapport à
d'autres pays. Cependant, en aucun cas un adblocker ne peut empêcher la
récolte de données par des outils tels que Google Analytics ou
d'autres outils. Cependant, il est vrai que les adblockers peuvent permettre de
limiter le retargeting.
|
M. Malet : régie technique
|
L'utilisation et la vente de données n'est possible que
pour de très gros acteurs comme Google. La récolte par la
publicité est très faible, ce sont la plupart du temps les
internautes qui donnent les datas eux-mêmes. Concernant le retargeting,
les chiffres montrent que ça fonctionne bien. Même si ce n'est pas
vraiment un adblocker, un outil comme Ghostery20(*) revend les données de ses utilisateurs donc il
ne pense pas qu'un adblocker permette une meilleure protection des
données.
|
M. Namri : éditeur
|
Il a codé son site en utilisant le cache et les cookies
de façon à ce que ses visiteurs soient respectés
malgré la publicité. Selon lui, les internautes manquent encore
trop d'éducation à propos de l'utilisation des données
qu'ils donnent eux-mêmes sans s'en rendre compte. Les adblockers ne sont
en tout cas pas légitimes dans ce rôle de protecteur, c'est juste
un business.
|
M. Abitan : éditeur
|
L'utilisation des données n'a rien à voir avec
les problématiques liées aux adblockers. Il est normal que les
internautes soient de plus en plus méfiants mais un adblocker ne les
dispense pas de déposer des cookies et de voir leurs données
utilisées par certains sites notamment marchands.
|
Jean : éditeur
|
Il n'utilise pas d'outils spécifiques à la data
pour sa publicité. Il considère la publicité ciblée
comme utile pour les internautes mais craint qu'elle ne permette de les pister
et de les surveiller. Les adblockers peuvent éventuellement permettre de
se sentir moins "surveillé".
|
Tableau 4 : Tableau récapitulatif des entretiens
(3/5)
Le lien entre adblockers et données n'est pas
évident. Tous s'accordent à dire qu'un adblocker ne peut
permettre une meilleure protection des données qu'au niveau du
retargeting dans une moindre mesure. Un adblocker n'empêche pas le
dépôt de cookies ou l'utilisation de différents outils de
récolte des données par les sites. Les adblockers sont donc loin
d'être garants de la confidentialité et de la
sécurité des données sur Internet. La data est en tout cas
un sujet qui intéresse l'ensemble des acteurs interrogées mais
pas vraiment au niveau du adblocking.
Nous pouvons retenir les codes suivants : protection des
données, absence de légitimité, manque
d'éducation.
4. LA QUALITÉ DE
COMMUNICATION
M. Balestas : régie ROI
|
La publicité en ligne est un thème très
large : ce peut être du SEO, du SEA, du social network avec Facebook,
Twitter, LinkedIn pour une entreprise. De là à dire qu'une
solution est plus qualitative qu'une autre, il ne le pense pas. Il faut savoir
être présent sur ces différents leviers en fonction du
contexte et de ses moyens.
|
M. Gabillet : régie
média
|
La qualité de communication dépend du contexte.
Tout dépend de la qualité de ciblage et de la qualité des
bannières. Il s'agit de diffuser la bonne publicité au bon
endroit au bon moment. Le contexte publicitaire est la clef pour proposer de la
publicité qualitative et impactante.
« Par rapport à l'intrusivité
qualitative, on tient vraiment compte du contexte publicitaire. »
|
M. Malet : régie technique
|
La publicité est moins qualitative que ce qui peut se
faire sur les réseaux sociaux ou les autres nouveaux canaux. Mais seuls
les gros annonceurs peuvent vraiment utiliser les réseaux sociaux de
façon stratégique. Qui réussit sur les réseaux
sociaux ? Une marque sur 20 ? Tous les petits annonceurs pas connus
ou qui cherchent à se faire connaître n'ont pas vraiment d'autres
choix que de passer par de la publicité classique au début. La
rentabilité est plus simple à contrôler sur de la
publicité classique qu'avec les réseaux sociaux ou les nouveaux
formats. C'est donc moins risqué. Le native par exemple est très
intéressant au niveau de la qualité de la communication mais ce
sont de gros sites qui le proposent. Ils s'adressent donc à des gros
annonceurs. C'est la même chose pour le placement de produit.
|
M. Namri : éditeur
|
La publicité est un levier qualitatif car elle a une
qualité de ciblage incomparable, ce n'est pas pour rien que des marques
dépensent autant en publicité.
|
M. Abitan : éditeur
|
La publicité n'est pas qualitative car elle n'apporte
pas de plus-value à un site. La tendance est désormais de
mélanger contenu et publicité avec du native ou du placement de
produit. C'est plus valorisant pour la marque, moins gênant pour
l'internaute et donc plus qualitatif.
« On rentre dans une ère de guerre de contenu
aujourd'hui. »
|
Jean : éditeur
|
La publicité reste une pollution visuelle et ne pourra
jamais être qualitative. Même les nouveaux formats native restent
intrusifs et agaçants. La publicité sert seulement à
gagner de l'argent.
« Je n'ai encore jamais vu une publicité qui
apporte un "plus" à un site web ; les publicités, c'est juste de
la "pollution visuelle". »
|
Tableau 5 : Tableau récapitulatif des entretiens
(4/5)
Tous les acteurs interrogés n'ont pas la même
approche de l'aspect qualitatif de la publicité. Certains
considèrent que du moment qu'elle rapporte, elle est un levier
qualitatif alors que d'autres estiment que la publicité ne pourra jamais
être qualitative. Cependant, en matière de contenu, la plupart
considère qu'il y a moyen de développer des publicités
plus qualitatives notamment avec l'habillage bien que pas nécessairement
plus rémunératrices. Le mélange du contenu et de la
publicité via notamment le native advertising a également
été avancé comme levier qualitatif. Au-delà de
l'aspect intrusif, la qualité de communication peut également
dépendre du contexte publicitaire : une publicité bien
ciblée peut être qualitative. L'idée d'un web à deux
vitesses avec les gros annonceurs et sites d'un côté et les petits
de l'autre a également été évoquée et peut
justifier l'utilisation de publicités plus ou moins qualitatives selon
le contexte.
Nous pouvons retenir les codes suivants : contexte
publicitaire, ciblage efficace, mélange contenu-publicité.
5. LA RELATION AVEC L'INTERNAUTE
M. Gabillet : régie
média
|
Avant toute chose, il faut savoir que pour un annonceur, le
référencement est la priorité, la publicité vient
après. Les réseaux sociaux sont également un passage
obligé aujourd'hui pour toucher ses cibles. Il y a donc une remise en
cause de la stratégie des annonceurs mais également des sites
pour assurer leur rentabilité dans le respect des internautes.
|
M. Malet : régie technique
|
La publicité en ligne peut être un bon levier
pour interagir avec les internautes selon ce qu'on veut faire. La
publicité revêt deux intérêts : acquérir
des clients ou faire parler de sa marque. Une grande marque comme Meetic fait
des publicités plutôt qualitatives pour faire passer un message
publicitaire sur des gros sites et utilise la publicité classique sur
l'ensemble des sites pour faire remplir des formulaires et acquérir de
nouveaux clients. Tout dépend du contexte. A partir du moment où
il y a une confiance mutuelle entre les éditeurs, les annonceurs et les
internautes, il n'y a pas lieu d'utiliser de adblockers.
« Si l'objectif est vraiment d'acquérir des
clients et avoir de l'inscrit, la publicité reste le meilleur moyen.
Après, si je suis une marque et que je veux établir une vraie
relation avec mes clients, non ce ne sera pas le meilleur moyen, c'est
sûr. »
« Si un site arrive à avoir la confiance de
l'internaute, ce dernier sachant qu'il n'y aura pas de publicité
intrusive, peut-être qu'il n'utilisera pas de adblocker. »
|
M. Namri : éditeur
|
Il est très important de respecter les visiteurs et
ça passe par beaucoup de transparence. Il n'a reçu aucune plainte
de la part de ses internautes car ils comprennent que c'est grâce
à la publicité qu'ils ont accès au contenu gratuitement.
Il a même refusé des dons de leur part car il veut que son site
reste gratuit et financé par la publicité pour plus de profit.
|
M. Abitan : éditeur
|
Les réseaux sociaux sont, pour soonnight, le meilleur
moyen de communiquer avec ses visiteurs, via le partage de contenus. La
publicité est acceptable pour ses internautes s'ils comprennent que
c'est indispensable pour la survie du site.
|
Jean : éditeur
|
En tant qu'éditeur, la publicité a comme unique
objectif de dégager des profits, rien de plus. Il utilise les
réseaux sociaux et le référencement pour être plus
visible mais pas pour avoir une meilleure relation avec ses visiteurs.
|
Tableau 6 : Tableau récapitulatif des entretiens
(5/5)
Tous s'accordent à dire qu'il est indispensable de
prendre en compte l'internaute dans les stratégies publicitaires, que ce
soit de la part des éditeurs, des annonceurs ou des régies. Il
faut être cohérent dans son approche. Il faut instaurer une
relation de confiance entre chacune des parties pour inciter l'internaute
à ne pas utiliser de adblockers. Cependant, il apparaît pour
certains que pour établir un véritable dialogue avec ses cibles
potentielles, il est plus judicieux d'utiliser les réseaux sociaux ou de
la publicité qualitative avec des formats spéciaux comme
l'habillage ou la vidéo plutôt que la publicité display
classique. Mais encore une fois, tout dépend de l'objectif de
l'annonceur ou du site.
Nous pouvons retenir les codes suivants : contexte
publicitaire, confiance, respect, transparence.
CONCLUSION
L'ensemble des entretiens qui ont été
menés ont permis de dégager des mots-clefs, des idées
communes mais également les divergences de points de vue parmi plusieurs
acteurs représentatifs de la publicité sur Internet. Voici donc
une liste de codes ayant été obtenue après analyse des
différentes interviews.
Voici les codes ayant servi de cadre aux entretiens :
impact important, intrusivité, utilisation des données,
qualité de la communication, relation avec l'internaute.
Voici les codes obtenus après entretiens : impact
financier important, nouvelles opportunités, contournement technique,
intrusivité, business, absence de légitimité, protection
des données, absence de légitimité, manque
d'éducation, contexte publicitaire, ciblage efficace, mélange
contenu-publicité, contexte publicitaire, confiance, respect,
transparence.
A partir de cette liste de codes, il s'agit de rentrer dans la
deuxième phase d'analyse des données : la restructuration ou
codage de 2ème niveau.
II. RESTRUCTURATION
ET RAPPROCHEMENT AVEC LA REVUE DE LITTÉRATURE
1. HIÉRARCHISATION DES CODES
A partir des codes obtenus grâce aux différents
entretiens, il s'agit désormais de les hiérarchiser de
façon à créer une dynamique permettant d'avoir une analyse
des résultats pertinente.
Les entretiens ont permis de constater que le lien entre
données et adblockers n'est pas très pertinent et n'apporterait
pas une plus-value au mémoire, il a donc été choisi de ne
pas prendre en compte le code « protection des
données ». L'ensemble des autres codes est pertinent et
servira ainsi de base à l'analyse des résultats.
Voici donc la hiérarchisation des différents
codes :
1. Impact financier important
- Contournement technique
- Nouvelles opportunités
- Mélange contenu-publicité
2. Absence de légitimité
- Business
3. L'importance du contexte publicitaire
- Intrusivité
- Ciblage efficace
4. Respect de l'internaute
- Manque d'éducation
- Confiance
- Respect
- Transparence
A partir de ce codage de second niveau, il s'agit de proposer
une analyse des résultats étayée à l'aide des
éléments qui avaient été identifiés au
préalable dans la revue de littérature présentée
précédemment.
2. SYNTHÈSE DES
RÉSULTATS
LES ADBLOCKERS REPRÉSENTENT DES PERTES
FINANCIÈRES POUR L'ENSEMBLE DES ACTEURS DE LA PUBLICITÉ EN LIGNE
MAIS DES SOLUTIONS EXISTENT.
Les entretiens ont permis de confirmer que le adblocking fait
effectivement perdre de l'argent aux différents acteurs du web, que ce
soit les annonceurs, les éditeurs ou les intermédiaires tels que
les agences ou les régies. La lutte contre les conséquences du
adblocking est ainsi une réalité mais prend une forme
différente selon les motivations des acteurs.
Le véritable apport des différents entretiens a
été de cerner le problème du adblocking selon la place des
acteurs dans l'écosystème du web. Il y a ainsi d'un
côté une minorité de sites et d'annonceurs cherchant
à lutter contre le adblocking en proposant des formats nouveaux comme le
native ou en se tournant vers d'autres leviers digitaux tels que les
réseaux sociaux. Puis il y a de l'autre côté la majeure
partie des sites web ayant un contenu moins qualitatif et un trafic moindre et
des annonceurs n'ayant pas d'énormes budgets publicitaires. C'est en
fait cette dernière partie qui est la plus impactée et qui
cherche à contourner les adblockers. En effet, alors que les sites
à forte notoriété, à fort trafic et ayant un
contenu plutôt qualitatif testent de plus en plus de formats non
adblockés tels que le native advertising, des sites moins qualitatifs et
moins connus essaient de contourner techniquement les adblockers. Au niveau des
annonceurs, des grandes marques telles que Nike ou Meetic ayant de gros budgets
publicitaires diversifient de plus en plus leur budget entre le
référencement, la publicité en ligne ou encore les
réseaux sociaux. Ceci rejoint le passage d'une stratégie
multicanale à une stratégie omnicanale telle que nous l'avons vu
dans la revue de littérature.
En ce qui concerne la publicité en ligne, ces
annonceurs vont être ouverts à de nouveaux formats tels que
l'habillage ou le native car moins adblockés. Mais des petits annonceurs
n'ayant pas la notoriété pour se lancer sur les réseaux
sociaux ou pour proposer à des sites des publicités innovantes
n'ont d'autres choix que de se focaliser sur de la publicité display
classique mais également sur l'e-mailing car ce sont les deux leviers
digitaux dont les retombées sont le plus facilement mesurables.
Nous parlions également beaucoup des formats native
comme alternatives dans la revue de littérature. C'est une
réalité mais ces formats sont surtout adaptés à de
gros sites ayant les moyens de relayer des campagnes d'annonceurs ayant des
budgets publicitaires plutôt importants. En tout cas, cet essor du native
s'inscrit bien dans cette tendance à mélanger contenu et
publicité. Nous parlions dans la revue de littérature du retrait
de l'image et du triomphe du texte au 21ème siècle
avec l'hégémonie de Google. Les publicitaires l'ont bien compris
et le adblocking a accéléré cette transition de la
publicité de l'image vers le texte avec l'émergence de nouveaux
formats se fondant directement dans le contenu des sites.
Quid du rôle des différents intermédiaires
tels que les régies dans ce contexte ? Leur objectif sera alors de
proposer des solutions adéquates selon les moyens et la stratégie
des sites ou des annonceurs. Ainsi, des régies tels qu'Adthink scindent
leur activité selon les deux typologies d'acteurs afin d'offrir des
solutions adaptées à chacun.
Au final, le adblocking a permis d'accélérer
certaines prises de décision mais on ne peut pas affirmer que le simple
phénomène de adblocking a amené certains acteurs à
repenser en profondeur leur stratégie. On peut objectivement penser que
ces nouvelles stratégies auraient été mises en place un
jour ou l'autre.
LE ADBLOCKING EST DEVENU UN BUSINESS ET LES ADBLOCKERS
NE SONT PAS LÉGITIMES AUX YEUX DES DIFFÉRENTS ACTEURS DE LA
PUBLICITÉ EN LIGNE
Nous abordions brièvement dans la revue de
littérature les adblockers principaux que sont Adblock Plus et Adblock
ainsi que la hausse de leur utilisation. Les différents entretiens ont
permis de saisir l'importance du business du adblocking aujourd'hui. Les
adblockers génèrent des revenus considérables et il ne
faut pas les considérer comme de simples outils limitant la diffusion
publicitaire et impactant les revenus des différents acteurs.
Comme nous l'avons vu dans la revue de littérature avec
l'exemple de Google Contributor, de nouveaux adblockers apparaissent chaque
jour sur le marché et il s'agit de se démarquer des autres. En
voulant asseoir ses positions face aux concurrents, des décisions plus
ou moins éthiques d'un point de vue internaute sont prises, ce qui remet
en cause le statut de gendarme du web que l'on pourrait conférer
volontiers aux adblockers. En effet, en permettant à certains
d'outrepasser le blocage contre rémunération, le discours d'un
adblocker comme Adblock Plus auprès des internautes n'est pas
cohérent avec ses pratiques.
Ainsi, l'intégralité des personnes que nous
avons interrogées ne considère pas les adblockers
crédibles et légitimes dans ce rôle de
« gendarme ». Les adblockers sont seulement des acteurs du
marché qu'il faut prendre en compte dans sa stratégie, soit en
collaborant, en se faisant whitelister par exemple, soit en les contournant
techniquement ou via de nouveaux formats.
LA CLÉ AFIN DE RENDRE LA PUBLICITÉ EN
LIGNE MIEUX ACCEPTÉE EST DE TRAVAILLER SUR SA COHÉRENCE À
PARTIR DU CONTEXTE PUBLICITAIRE ET DU CIBLAGE
Malgré cette place difficile à définir
des adblockers dans l'écosystème de la publicité en ligne,
les différents entretiens menés ont permis de mieux comprendre
comment fonder une stratégie publicitaire efficace sur le web
aujourd'hui et plus en phase avec le adblocking et ses conséquences.
Nous avons vu dans la revue de littérature qu'Internet, à la
différence d'autres supports publicitaires, a une capacité de
ciblage inégalée. Il faut ainsi utiliser cette force dans sa
stratégie.
Mais il est surtout nécessaire d'être
cohérent dans sa stratégie. Nous avons évoqué
à de multiples reprises le caractère intrusif de la
publicité en ligne. Mais ce n'est pas en proposant uniquement des
publicités non intrusives que la stratégie est cohérente.
Des campagnes publicitaires basées uniquement sur de la publicité
intrusive peuvent être très rentables malgré les pertes
liées aux adblockers. Tout dépend du contexte publicitaire et de
l'objectif visé. Si le but est d'être visible et de faire passer
un message, du native sous forme d'articles publirédactionnels ou des
formats spéciaux comme l'habillage sont adaptés. Si l'objectif
est uniquement de faire de l'inscrit, diffuser de la publicité intrusive
en masse peut être un excellent moyen de le faire malgré les
pertes liées aux adblockers. Pour les marques souhaitant cibler un
public particulier, diffuser uniquement sur des sites où leurs cibles
peuvent être présentes peut être une bonne solution.
Du côté des sites, il n'est pas pertinent pour un
site ne proposant pas d'articles de vouloir faire du native alors que de la
publicité intrusive sur un site de streaming est totalement
cohérente. Libre aux sites utilisant de la publicité intrusive de
mettre en place des solutions techniques afin de minimiser l'impact des
adblockers.
Nous reviendrons plus tard et plus en détails sur nos
recommandations auprès des différents acteurs.
IL FAUT TRAVAILLER DANS UNE RELATION DE CONFIANCE
ENTRE LES DIFFÉRENTS ACTEURS ET NOTAMMENT AUPRÈS DES INTERNAUTES
AFIN DE NE PAS INCITER À L'USAGE DE ADBLOCKERS
S'il est nécessaire d'être cohérent dans
sa stratégie, il ne faut pas oublier que le premier acteur sur le web
est l'internaute, ce que de nombreux sites et annonceurs ont eu tendance
à oublier. La hausse d'utilisation d'adblockers a cependant eu le
mérite de faire prendre conscience à de nombreux acteurs de
l'urgence de replacer l'internaute au centre. Ceci rejoint la prise du pouvoir
du consommateur sur Internet que nous avons expliqué dans la revue de
littérature, notamment avec le concept de consomm'acteur.
Il est donc primordial qu'un site Internet soit en phase avec
ses internautes dans sa stratégie publicitaire. C'est ce qui se passe de
plus en plus avec les sites demandant aux internautes de désactiver leur
bloqueur publicitaire car les revenus publicitaires leur permettent de
survivre.
Ainsi, le site de M. Namrise rémunère uniquement
avec des popups sans que cela ne pose de problème car la relation
gagnant-gagnant a été instaurée avec les
internautes. En étant transparent auprès des visiteurs sur
les types de publicité utilisés et les raisons pour lesquelles
ces choix ont été faits et en les rassurant, on diminue la
propension des internautes à installer un adblocker.
Il y a donc tout un travail d'éducation à faire
auprès d'internautes se tournant de plus en plus vers les adblockers. Si
leurs raisons sont légitimes et ont permis à certains sites de se
remettre en cause, ils ne doivent cependant pas oublier que la gratuité
de la plupart des sites web dépend de la publicité. La relation
de confiance doit aller à la fois du site à l'internaute mais
également de l'internaute au site.
D. RECOMMANDATIONS MANAGERIALES
I. VALIDATION OU INFIRMATION DES PISTES
DE RECHERCHE
A partir des conclusions de nos études empiriques,
reprenons les pistes de recherche que nous avions établies à
l'issue de la revue de littérature. Ceci nous permettra de trouver une
solution constructive à notre problématique, afin de faire des
recommandations managériales cohérentes et pertinentes.
1. P1 : LES ADBLOCKERS ONT UN
IMPACT NÉGATIF SUR LA PUBLICITÉ EN LIGNE
Comme nous l'avions établi avant nos études, il
s'avère que les différents entretiens ont confirmé le fait
que les adblockers mettent en péril tout l'écosystème du
web et soit une atteinte à la liberté des marques de pouvoir
diffuser leurs publicités.
En effet, les publicités bloquées peuvent
représenter un manque à gagner de 15 à 40% du chiffre
d'affaires des sites, le taux d'adblock dépendant de la cible
visée. En ce qui concerne les annonceurs, ils sont effectivement
impactés par la non diffusion de certaines de leurs publicités.
Certains spécialistes parlent même de « racket
caché » des marques par les adblockers. Cela les incite
à se tourner vers d'autres leviers digitaux comme le
référencement ou les réseaux sociaux comme nous l'avons
constaté au cours de nos interviews. Mais cela les incite
également à se tourner vers d'autres formats non
adblockés, souvent plus qualitatifs et moins intrusifs, ce qui est un
bon point.
LA PLUPART DES SITES INTERNET NE PEUVENT PLUS
MONÉTISER LEUR AUDIENCE ET FINANCER LEUR DÉVELOPPEMENT.
Cette piste est en partie validée étant
donné les pertes considérables dues aux adblockers. Un webmaster
nous a même affirmé songer à cesser son activité si
le taux d'adblock continue d'augmenter sur le même rythme que ces
derniers mois. En ce sens, l'interdiction des adblockers serait une bonne
chose. Cependant, la plupart des sites utilise des solutions pour les
contourner ou envisage de le faire, à l'image des 3 sites que nous avons
interrogés. D'autres testent des formats non adblockés à
l'image du native, cité par l'ensemble des interviewés. La
publicité reste actuellement le meilleur moyen de monétiser un
site mais il est possible de le faire différemment et ce, malgré
la présence de adblockers. En adaptant leur stratégie
publicitaire et en reprenant la main sur les publicités qu'ils
diffusent, les sites ont toutes les clés en main pour contrer les
adblockers. Mais encore une fois, tout dépend du contexte.
LES ANNONCEURS SONT INJUSTEMENT LÉSÉS ET
PERDENT UNE PARTIE IMPORTANTE DE LEUR BUDGET PUBLICITAIRE.
Les chiffres avancés par les différents acteurs
de la régie Adthink sont sensiblement les mêmes que les autres
régies et on peut confirmer sans risque que les annonceurs perdent de
l'argent à cause des adblockers. Par exemple, la mise en place d'un taux
d'adblock toléré est une condition faisant partie
intégrante des contrats passés entre annonceurs et régies,
ce qui montre bien que les adblockers sont pris en compte dans les budgets
publicitaires des annonceurs.
LES ADBLOCKERS SONT À LA LIMITE DE LA
LÉGALITÉ ET PORTENT ATTEINTE À LA LIBERTÉ SUR
INTERNET.
Les interviews ne nous ont pas permis d'en apprendre plus sur
la légalité ou non des adblockers. Cependant, le ressenti de
certains acteurs évoquant un racket caché des marques ou une
absence totale de légitimité des adblockers montrent une
défiance des sites et des annonceurs face aux adblockers. Les
différends judiciaires évoqués dans la revue de
littérature le caractérisent bien. A ce jour, la justice n'a pas
établi le adblocking comme illégal donc on ne peut pas affirmer
qu'ils agissent dans l'illégalité.
Concernant la liberté sur Internet, les interviews ont
confirmé cette sensation des marques et des annonceurs de ne pas
être libre dans leurs choix de formats publicitaires. Ils doivent prendre
en compte la possibilité d'être adblocké, ce qui fait des
adblockers une contrainte dans le développement des sites et des
marques.
Cependant, du point de vue internaute, les adblockers
permettent une navigation plus fluide et libéré des
publicités, ce qui ne permet pas de confirmer que les adblockers portent
atteinte à la liberté de l'ensemble des acteurs du web.
2. P2 : LES ADBLOCKERS ONT UN
IMPACT POSITIF SUR LA PUBLICITÉ EN LIGNE ; IL FAUT LES GARDER TELS
QU'ILS SONT
Le principal impact positif des adblockers a été
de replacer l'internaute au centre des stratégies publicitaires des
marques et des sites. En prenant conscience des pertes ou des manques à
gagner liés aux adblockers, ils ont incité de nombreux acteurs
à remettre en question leur approche publicitaire. Certains sites
souhaitent reprendre la main sur ce qu'ils diffusent pour éviter les
excès ayant provoqué la recrudescence du taux d'utilisation
d'adblockers. En tout cas, si certains n'ont pas modifié en profondeur
leur stratégie globale, il y a néanmoins une réflexion
autour des adblockers et des solutions à mettre en place pour minimiser
leur impact.
LES PUBLICITÉS SONT INTRUSIVES ET PORTENT
ATTEINTE AU CONFORT DE NAVIGATION DES INTERNAUTES.
Chacun des acteurs est conscient de l'intrusivité des
publicités et ils comprennent globalement l'utilisation d'adblockers
dans des cas où le confort de navigation des internautes est
impacté.
Cependant, chacun a sa propre conception de la notion
d'intrusivité. Une publicité intrusive pour un site peut ne pas
être considérée comme telle par un autre. Certains
dissocient également l'intrusivité du format et du message.
On ne peut, en tout cas, pas affirmer que toutes les
publicités sont intrusives et qu'il soit normal que toutes les
publicités soient bloqués.
Si les adblockers arrivaient à bloquer absolument tous
les formats publicitaires, il est fort probable que la majorité des
sites doivent fermer ou faire payer l'accès aux contenus. La
gratuité du web passe par la publicité. Et comme les
différents entretiens l'ont montré, la publicité intrusive
reste aujourd'hui un des moyens les plus simples et efficaces pour que la
majorité des sites puisse survivre.
Sans cela, il faut s'attendre à ce que les sites
fassent payer l'accès aux contenus, ce qui est déjà de
plus en plus le cas dans la presse sur Internet. L'écosystème du
web s'en trouverait alors totalement bouleversé.
VIA LES PUBLICITÉS, LES MARQUES CHERCHENT
À RÉCOLTER DES DONNÉES SUR LES INTERNAUTES DE
MANIÈRE PLUS OU MOINS LÉGALE, CE QUI PORTE ATTEINTE À LEUR
LIBERTÉ ET À LA CONFIDENTIALITÉ DE LEURS
DONNÉES.
Les entretiens nous ont permis de constater que les
adblockersn'avaient qu'un impact limité sur la récolte des
données des internautes. La plupart des internautes donne ces
données eux-mêmes, par exemple via des sites comme Facebook. Un
internaute ayant un ou plusieurs adblockers ne sera pas plus en
sécurité sur Internet. Il existe même certains outils
destinés à les protéger qui revendent leurs
données. Le respect de la confidentialité des données est
plus ou moins bien garanti par la loi, notamment française.
LE CIBLAGE DES INTERNAUTES GRÂCE NOTAMMENT AUX
NOUVELLES TECHNOLOGIES LIÉES AU BIG DATA EST INEFFICACE.
Les différents entretiens ne nous permettent pas de
dire que le ciblage publicitaire soit inefficace. Le retargeting permettant de
proposer des publicités via l'historique des sites visités est en
plein essor et est plutôt une réussite. Cela permet de voir des
publicités plus susceptibles d'intéresser les internautes, ce qui
peut être considérer comme qualitatif. Mais d'autres personnes que
nous avons interrogés se montrent prudentes et ne sont pas adeptes du
retargeting pouvant permettre de diffuser n'importe quelle publicité sur
n'importe quel site.
Les publicités issues du retargeting sont en tout cas
autant adblockés que les autres, ce qui permet d'affirmer que les
adblockers permettent d'éviter le retargeting mais pas la récolte
de données des sites par les cookies ou d'autres moyens.
3. P3 : LES AD-BLOCKERS ONT UN
IMPACT NÉGATIF SUR LA PUBLICITÉ EN LIGNE MAIS IL FAUT LES
DÉVELOPPER POUR QUE CHAQUE PARTIE-PRENANTE Y TROUVE SON COMPTE
Le véritable impact négatif des adblockers pour
les sites, les annonceurs et les différents intermédiaires est
finalement une perte de revenus. Travailler pour les rendre plus
« propres » ne paraît cependant pas être la
meilleure solution. Pour preuve, les différentes plaintes n'ont jamais
abouties jusqu'à maintenant. S'il est possible de travailler avec eux
(whitelist...), la meilleure solution paraît être de trouver des
moyens pour minimiser leur impact, soit en les contournant, soit en proposant
une publicité différente et plus qualitative.
IL EST IMPORTANT DE TRAVAILLER SUR LE CARACTÈRE
INTRUSIF DES PUBLICITÉS EN BLOQUANT CELLES QUI NE RESPECTENT PAS UN
CERTAIN NOMBRE DE CRITÈRES
Cette solution a été avancée par certains
acteurs que nous avons interrogés mais il s'agit de s'entendre sur ce
qu'est une publicité intrusive. Adblock Plus a sa propre charte de
publicité acceptable mais elle ne peut pas se généraliser
à l'ensemble des acteurs. Il serait plus juste que ce soit des
organismes ou des associations de consommateurs neutres comme l'IAB qui fixent
les règles et non des adblockers qui répondent à des
exigences de rentabilité et dont la légitimité et la
neutralité peuvent facilement être remises en cause.
IL EST IMPORTANT POUR LES MARQUES DE TRAVAILLER SUR
DES PUBLICITÉS PLUS QUALITATIVES POUR NE PAS INCITER À
L'UTILISATION DE BLOQUEURS.
Comme les témoignages et notamment d'acteurs
travaillant en régie l'ont montré, la plupart des grandes marques
ou des annonceurs ayant des budgets publicitaires assez importants font plus
d'efforts dans l'élaboration de publicités plus qualitatives,
à la fois impactanteset moins intrusives afin d'être moins
adblockés. Il s'agit des formats native se fondant directement dans le
site via des articles sponsorisés ou des formats spéciaux comme
l'habillage.
Mais pour les petits annonceurs représentant la
majorité de la publicité sur Internet, ce type de
publicité n'est pas dans leurs moyens et la publicité display
classique reste le moyen le plus sûr de ne pas perdre d'argent,
malgré le taux d'adblock. De même, un site à faible
portée ne peut pas attirer de gros annonceurs, ce qui ne leur permet pas
de proposer des formats publicitaires spéciaux et innovants.
Qu'adviendra-t-il de ces annonceurs et de ces sites si le taux d'adblock
continue d'augmenter sur le même rythme qu'aujourd'hui ? Les
contourner est aujourd'hui la seule solution.
LES AD-BLOCKERS INCITENT LES MARQUES À SE
FOCALISER SUR D'AUTRES LEVIERS DIGITAUX, PRISÉS DAVANTAGE PAR LES
UTILISATEURS.
Le déversement des budgets publicitaires dans d'autres
leviers tels que les réseaux sociaux, que nous avons mis en exergue dans
la revue de littérature, est une réalité bien palpable.
Pour preuve, à l'image du témoignage de Guewen
Gabillet, de nombreux intermédiaires tels que les régies
proposent de plus en plus d'autres moyens de communiquer tels que des jeux
concours ou des opérations spéciales. Ceci rentre davantage dans
les attentes des internautes qui veulent être actifs et non passifs tout
en évitant d'être adblockés.
Mais encore une fois, ces façons de communiquer ne sont
pas à la portée de tous les acteurs.
LES ANNONCEURS NE DOIVENT PAS ÊTRE
LÉSÉS SI UNE PUBLICITÉ EST BLOQUÉE. IL FAUT TROUVER
DE NOUVEAUX MODÈLES DE RÉMUNÉRATION ALTERNATIFS.
Les entretiens ont montré que malgré les
différents modèles de rémunération possibles, il
est difficile aujourd'hui de trouver un meilleur modèle que la
rémunération par la publicité. Certains sites premium
peuvent se permettre de faire payer un accès à certains contenus
mais pour la majorité des sites, ce n'est pas possible.
Pour ce qui est des annonceurs, il s'agit de prévoir
les pertes liées aux adblockers pour éviter des dépenses
publicitaires excessives. Ceci peut éventuellement leur permettre de
dépenser sur d'autres leviers non adblockés s'ils en ont les
moyens.
CONCLUSION
Afin de répondre aux différentes
problématiques liées aux adblockers soulevés par ce
présent mémoire, voici un résumé des nombreuses
recommandations issues de nos recherches et des différents entretiens
ayant été menés.
Pour les sites, il est primordial de communiquer auprès
des internautes sur le fait que la publicité est indispensable pour leur
survie. Mais il faut également rassurer les visiteurs en étant
transparent autour des types de publicité auxquels ils doivent
s'attendre, qu'elles soient intrusives ou non. Il est également
important de reprendre le contrôle sur la diffusion afin d'éviter
les aberrations ayant participé à la hausse d'utilisation
d'adblockers.
Si le site a du contenu de qualité et si sa
réputation le permet, il peut être pertinent de proposer de
nouveaux formats notamment native comme l'habillage ou de reprendre le
contrôle sur la diffusion. Faire payer l'accès à certains
contenus peut également être pertinent si le contenu est
très qualitatif. Enfin, travailler sur une sélection plus fine
des annonceurs pouvant diffuser leurs publicités peut permettre une
publicité plus qualitative.
Pour des sites à moindre trafic et avec un contenu pas
forcément qualitatif, il s'agit de faire une veille sur les nombreux
moyens techniques qui existent pour contourner les adblockers.
Pour les annonceurs, il s'agit de bien définir
l'objectif visé de la publicité afin de définir les
formats les plus adéquats. Le type de publicité sera
différent si l'objectif est de faire un maximum de vente ou s'il s'agit
simplement de soigner son image de marque. Le taux d'adblock en sera
également différent.
En tout cas, il est important de prévoir les pertes
liées aux adblockers dans l'établissement de son budget
publicitaire afin d'éviter de mauvaises surprises.
Enfin, il faut intégrer la publicité en ligne
comme un levier parmi d'autres tout aussi important tels que l'e-mailing, le
référencement ou les réseaux sociaux selon les moyens et
le niveau de développement de la marque.
Pour les différents intermédiaires tels que les
régies, il s'agit de proposer un maximum de solutions publicitaires aux
différents acteurs selon leurs capacités et ne pas
considérer la publicité en ligne comme un tout. Scinder
l'activité selon les objectifs de chacun peut être une alternative
intéressante et ceci a été le choix de certaines
régies.
Finalement, l'essentiel est d'être transparent et
cohérent dans sa stratégie publicitaire afin d'instaurer une
relation gagnant-gagnant entre les différents acteurs.
CONCLUSION
I. LIMITES ET PERSPECTIVES
Les différentes conclusions et recommandations
managériales de notre mémoire sont issus en grande partie des 6
entretiens qui ont été menés auprès de 3 sites
ayant travaillé ou travaillant encore avec la régie Adthink ainsi
que 3 personnes de la régie Adthink.
Le point de vue annonceur mériterait d'être
développé car il a été abordé
essentiellement par des personnes évoluant en régie et par des
sites qui sont également annonceurs.
Interroger des acteurs hors d'Adthink et des annonceurs en
direct permettrait d'enrichir davantage le mémoire.
Il peut également être intéressant de
diffuser massivement un questionnaire auprès d'un maximum d'acteurs afin
de compléter l'étude qualitative qui a été notre
choix tout au long de ce mémoire et de pouvoir généraliser
plus objectivement les tendances et les solutions soulevées au cours de
nos différents entretiens.
Enfin, interroger des adblockers permettrait d'avoir davantage
de certitudes par rapport à leurs motivations et à leurs
stratégies.
CONCLUSION
Plus qu'une chance ou un danger pour les différents
acteurs de la publicité en ligne, ce mémoire a permis de
constater que les adblockers sont aujourd'hui des acteurs à part
entière dans l'écosystème du web. Il est difficile
d'imaginer leur disparition et on peut s'attendre à ce que le taux
d'utilisation d'adblockers continue de croître dans les mois et les
années à venir.
Les annonceurs, les sites, les régies, les agences
n'ont d'autres choix que de composer avec la présence des adblockers. Au
vu de l'infinité des capacités qu'offre le web et le marketing,
nos travaux ont permis de dégager plusieurs tendances afin de
transformer ce qui représente un danger en une chance pour le business
des différents acteurs impactés par les adblockers.
Chacun des acteurs doit alors développer des solutions
selon leurs moyens et leurs capacités, en prenant toujours en compte que
l'internaute a pris le pouvoir sur Internet.
Finalement, il ne s'agit pas de bloquer les publicités
mais de les rendre acceptables en instaurant une relation de confiance entre
les différents acteurs.
Pour conclure, il est difficile d'imaginer une remise en cause
complète du système de rémunération d'Internet par
la publicité. Mais il est tout à fait envisageable et souhaitable
de la faire d'une autre manière.
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ZEFF, Robbin et ARONSON, Brad. Advertising on the
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ANNEXES
I. GUIDE D'ENTRETIEN
Introduction : « Bonjour, merci beaucoup
d'avoir accepté de m'accorder un peu de votre temps pour mon
mémoire.
Je me présente rapidement : je m'appelle Sylvain,
je suis actuellement Digital Media Trader dans la régie publicitaire
Adthink dans le cadre d'un stage de fin de Master 2. Ayant remarqué
l'importance et tous les débats actuels autour des bloqueurs de
publicité, j'ai décidé de choisir ce sujet pour mon
mémoire et c'est dans ce cadre que je fais appel à vous.
L'entretien durera 30 minutes maximum et aura pour principal
objectif de récolter votre avis à propos des bloqueurs de
publicité et plus globalement de la publicité en ligne, à
partir de votre expérience et de celle de votre entreprise.
N'hésitez pas à développer et à me couper si vous
ne comprenez pas certaines questions.
Je vous rappelle que cet échange est enregistré
afin de pouvoir utiliser un maximum de données pour la synthèse
de tous mes entretiens.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, je vous laisse vous
présenter et présenter votre entreprise afin d'en savoir un peu
plus sur vous. »
Thèmes
|
Propositions de questions
|
L'impact des adblockers
|
Votre activité souffre-t-elle des adblockers ? Les
adblockers représentent-ils des pertes financières pour votre
entreprise ? Comment gérez-vous la présence des adblockers
dans votre stratégie ? Les adblockers vous freinent-ils dans votre
stratégie ?
Considérez-vous que les adblockers soient des dangers
pour votre activité ? Utilisez-vous des solutions alternatives aux
adblockers ? Lesquelles ? Quels formats publicitaires utilisez-vous
principalement ? Quels autres leviers digitaux utilisez-vous afin de
promouvoir votre marque ou monétiser votre site ?
Référencement gratuit ? Référencement
payant ? Quelle est la place du mobile dans votre stratégie ?
Quelle place a la publicité en ligne dans votre stratégie
marketing globale? Quelle place a-t-elle dans votre stratégie de
communication digitale ?
|
L'intrusivité
|
Pourquoi, selon vous, la publicité en ligne est-elle
souvent considérée comme intrusive ? Comprenez-vous que des
internautes ne veulent plus de publicités en ligne ? Pensez-vous
que les adblockers ne devraient bloquer que les publicités
intrusives ? Comment les adapteriez-vous afin qu'ils ne pénalisent
bien que les publicités intrusives ?
|
L'utilisation des données
|
Pensez-vous que le ciblage de plus en plus fin de la
publicité soit une bonne ou mauvaise chose ? Utilisez-vous des
technologies afin de mieux cibler vos messages (cookies, retargeting,
algorithmes data...) ? Comment les utilisez-vous ? Quel est votre
avis sur le fait que de nombreux internautes ne souhaitent pas que leurs
informations en ligne soient utilisées à des fins
marketing ? Pourquoi ? Pensez-vous que les adblockers sont
légitimes dans ce rôle de garant de la confidentialité des
données des utilisateurs ? Pourquoi ?
|
La qualité de la communication
|
Pensez-vous que la publicité en ligne soit un levier
marketing qualitatif ? Pourquoi ? Pensez-vous que le blocage des
publicités online « traditionnelles » soit une
opportunité pour les marques afin de se diriger vers des supports de
communication plus qualitatifs ? Quels sont pour vous les supports les
plus qualitatifs ? Pourquoi ?
|
La relation avec l'internaute
|
Pensez-vous que la publicité en ligne soit le meilleur
levier pour interagir avec les internautes ? Comment prenez-vous en compte
le web 2.0 et l'émergence des réseaux sociaux dans votre
stratégie auprès de vos cibles ? Prenez-vous en compte le
fait que les consommateurs soient de plus en plus exigeants et notamment sur le
web (comparateurs, tripadvisor...) ? Pensez-vous que les internautes ont
désormais pris le pouvoir aux dépends des marques sur le
web ? Si oui, quel est l'impact sur votre stratégie ?
|
Tableau 7 : Guide d'entretien
Conclusion :« Je vous remercie d'avoir
participé à mon mémoire. Je vous propose de rester en
contact avec moi et de vous envoyer les résultats de mes recherches si
vous le désirez. »
II. PLANNING DES
ENTRETIENS ET DES ÉTUDES
Dates
|
Tâches
|
Objectifs
|
5 février
|
Interview avec Jean, webmaster
|
Avoir le point de vue éditeur
|
10 février
|
Interview avec Sébastien Balestas, directeur du trading
desk d'Adthink
|
Avoir la vision globale d'un intermédiaire
|
Entre le 15 et le 21 février
|
Interview avec ChaoukiNamri, webmaster
|
Avoir le point de vue éditeur
|
Entre le 21 février et le 18 mars
|
Premier bilan des entretiens : déstructuration
|
Rattachement de plusieurs éléments à des
codes communs et élimination de codes n'apportant rien à
l'analyse.
|
18 mars
|
Interview avec Bertrand Malet, directeur technique
d'Adthink
|
Avoir le point de vue technique d'un intermédiaire
|
25 mars
|
Interview avec Guewen Gabillet, directeur du pôle
média d'Adthink
|
Avoir le point de vue média d'un intermédiaire
|
11 avril
|
Interview avec Jérémy Abitan, responsable de
Soonweb (soonnight.com)
|
Avoir le point de vue d'un éditeur
« qualitatif »
|
Du 11 avril au 30 avril
|
Codage de 2nd niveau, restructuration et analyse
des résultats
|
Hiérarchisation des codes afin de dégager des
grandes tendances
Rédaction des résultats des enquêtes et
des recommandations managériales en conséquence.
|
Tableau 8 : Planning des entretiens et des
études
E. TABLE DES MATIERES
RESUME
3
REMERCIEMENTS
4
SOMMAIRE
5
INTRODUCTION
6
A. REVUE DE
LITTERATURE
8
I. Internet et le
web
8
1. Internet
8
2. Le web
9
II. Web 1.0, 2.0 et
3.0 : de quoi s'agit-il ?
10
1. Le web 1.0
10
2. Le web 2.0
10
3. Le web 3.0
12
III. Le marketing
à l'heure du web
13
1. Le marketing avant l'essor d'Internet
13
2. Les attentes et le comportement des
internautes à l'heure du web 2.0
14
3. Le marketing à l'heure du web
2.0
15
4. Les perspectives du marketing 3.0
20
IV.
L'évolution de la publicité sur Internet
21
1. Les différents formats de
publicité en ligne
21
2. L'intrusivité de la
publicité en question
24
3. Le ciblage au coeur de la
publicité en ligne
25
4. Le big data au coeur des débats
sur la publicité en ligne
27
V. Les bloqueurs de
publicité
28
1. Qu'est-ce qu'un bloqueur de
publicité ?
28
2. Un impact énorme sur les revenus
publicitaires
29
3. Les adblockers comme solution au
caractère intrusif des publicités mais pas seulement
30
4. Des solutions plus ou moins viables et
pérennes
31
VI. Conclusion
32
B. ETUDES
34
I.
Problématique
34
II. Pistes de
recherche
34
III. Methodologie
de recherche
35
IV. Design de
recherche
37
1. Le choix du terrain
37
2. La constitution de
l'échantillon
38
3. La taille de l'échantillon
39
4. Le type d'études
envisagé
39
V. Collecte et
analyse des données
40
1. La collecte des données brutes
lors des entretiens
40
2. La déstructuration : codage
de 1er niveau
40
3. La restructuration : codage de
2ème niveau
40
VI.
Déroulement des entretiens
41
1. Phase d'entame
41
2. Phase de centrage
41
3. Phase de conclusion
41
C. RESULTATS DES
ETUDES
43
I. Collecte des
données et codage de 1er niveau
43
1. L'impact des adblockers
44
2. L'intrusivité de la
publicité
46
3. L'utilisation des données
48
4. La qualité de communication
49
5. La relation avec l'internaute
51
6. Conclusion
52
II. Restructuration
et rapprochement avec la revue de littérature
53
1. Hiérarchisation des codes
53
2. Synthèse des résultats
54
D. RECOMMANDATIONS
MANAGERIALES
58
I. Validation ou
infirmation des pistes de recherche
58
1. P1 : Les adblockers ont un impact
négatif sur la publicité en ligne
58
2. P2 : Les adblockers ont un impact
positif sur la publicité en ligne ; il faut les garder tels qu'ils
sont
60
3. P3 : Les ad-blockers ont un impact
négatif sur la publicité en ligne mais il faut les
développer pour que chaque partie-prenante y trouve son compte
61
II. Conclusion
63
E. CONCLUSION
65
I. Limites et
perspectives
65
II. Conclusion
65
F.
BIBLIOGRAPHIE
67
G. ANNEXES
71
I. Guide
d'entretien
71
II. Planning des
entretiens et des études
73
H. TABLE DES
MATIERES
74
* 1 Source :
Encyclopédie Larousse en ligne - Accueil. [en ligne]. [Consulté
le 19 décembre 2015]. Disponible à l'adresse :
http://www.larousse.fr/encyclopedie
* 2 Source :
Encyclopédie Larousse en ligne - Accueil. [en ligne]. [Consulté
le 19 décembre 2015]. Disponible à l'adresse :
http://www.larousse.fr/encyclopedie
* 3 Source : Nua Internet
Surveys
* 4 Source : Pingdom
* 5 Source : Ipsos
profiling 2011-2012
* 6Tim Berners-Lee est
co-inventeur du world wide webet du web sémantique. Il
estnotammentdirigeant du World Wide Web Consortium(W3C).
* 7 Source : emarketer
charts (January 2007)
* 8 Source : Edelman
study
* 9 Source : enquête
Harris Poll
* 10 Source :
pewinternet.org (2009)
* 11 Scott Schroeder est le CEO
de Cohorts
* 12 Source : Ipsos
* 13 Source : ROMDANE,
Neila et BRAUN, Willy. Internet Marketing 2013. Paris : Elenbi Editeur, 2013.
ISBN 978-2-914901-18-5.
* 14 Source : Etude IPSOS
/ AFMM
* 15 Source : emarketer
* 16 Source : Google
* 17 Source : Etude du
groupe ETO et Market Audit (baromètre de l'intrusion)
* 18 Source :
Enquête IAB UK ( juin 2015)
* 19 Source : THIETART
R.A., (2007), Méthodes de recherche en management, 3ème
édition, Dunod.
* 20Ghostery est un plugin
protégeant la vie privée des internautes.
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