Chapitre 2 : LA
VULNERABILITE BIOPHYSIQUE
Les milieux urbains sont caractérisés par des
sites qui souvent, les prédestinent à des problèmes
environnementaux liés à leur exposition aux
« agressions extérieures », comme la pluie. Cette
exposition résulterait d'une certaine disposition naturelle liée
à la topographie, aux types de sols mais aussi d'une dégradation
des milieux induits par le développement urbain.
Pour apprécier la vulnérabilité du milieu
physique de la commune d'arrondissement, nous allons adopter une
approche intégrée de l'exposition de la zone
d'étude, c'est-à-dire de tenir compte des liens qui existent
entre les éléments naturels qui caractérisent la commune
d'arrondissement et ceux de la ville. Cette intégration spatiale
obéit au fait que la configuration spatiale de notre zone d'étude
est à lier à un contexte plus général du fait de
l'existence d'une solidarité hydrologique et biogéographique
entre amont et aval.
Il s'agira dans un premier temps d'étudier le relief de
la zone d'étude en relation avec le Plateau de Thiès.
En second lieu, nous mettrons en exergue la
dégradation du couvert végétal en amont de la zone
d'étude.
Ces différentes contraintes du site participent
à la construction du risque d'inondation en ce qu'elles
représentent des indicateurs pertinents de l'exposition de la commune
d'arrondissement de Thiès-nord aux inondations.
2-1- Une zone de
réceptacle des eaux de ruissellement
Le site de la commune d'arrondissement de Thiès-nord,
situé au nord de la ville de Thiès, bâti sur le pied du
Plateau de Thiès, dans le prolongement de l'étroite
échancrure du « Ravin des voleurs », constitue
un « déversoir des eaux pluviales du
plateau » (A. Cissé, 2004).
La commune d'arrondissement de Thiès-nord est
logée dans la deuxième zone d'influence directe du Plateau de
Thiès constituée par le bassin versant de Fandène. Le
ruissellement des eaux vers cette partie nord de la ville de Thiès pose
de sérieux problèmes.
En effet, la situation topographique de notre zone
d'étude fait qu'elle constitue un réceptacle naturel des eaux de
ruissellement issues du plateau de Thiès dont une partie de la commune
d'arrondissement y est localisée (figure 20).
Source : Thiès-Cergy, 2011
Figure 20: Schéma du Plateau de Thiès et
du cycle hydrique
L'exposition est liée ici à
deux éléments essentiels qui entrent dans le cadre
général de toute la ville de Thiès. Le premier
étant lié à la morphologie de la zone et le
deuxième dû à la situation de la commune de
Thiès-nord par rapport au Plateau de Thiès.
La commune d'arrondissement de Thiès-nord est
localisée dans un site bas, au coeur de la cuvette de Thiès.
En effet, la voie ferrée qui longe toute la bordure est
de la commune d'arrondissement est construite au coeur de la cuvette de
Thiès (Photo 1). Cette voie ferrée constitue une
digue des eaux de pluies qui inondent les parties située de part et
d'autre de cette voie ferrée. Notre zone étant située dans
une partie notamment la partie ouest du rail subit ces eaux qui inondent en
saison pluviale des quartiers comme Escale-nord.
Photo 1: Voie ferrée située à
l'est de la commune d'arrondissement de Thiès-nord (S.B.NGOM,
2013)
S'il est difficile d'observer ce fait en raison de
l'urbanisation et de son contexte d'évolution, il demeure important de
noter que ce site reste exposé aux inondations.
L'autre élément est à lier au rapport
direct entre le Plateau de Thiès et la commune d'arrondissement de
Thiès-nord. En effet, la dynamique démographique et
l'urbanisation rapide ont modifié les rapports naturels entre le Plateau
de Thiès et sa zone d'influence d'où les ruissellements de plus
en plus importants vers cette partie nord de la ville de Thiès
constituée par Thiès-nord.
Les visites de site que nous avons effectuées nous ont
permis de confirmer cela en suivant la trajectoire des eaux lors des pluies. La
majeure partie des quantités d'eau prennent une direction qui les
conduit vers la zone de Thiès-nord.
D'ailleurs les témoignages qui ont été
recueillis auprès des sages de la commune d'arrondissement ont
justifié cela. Selon le délégué de quartier de
Nguinth, qui est en fait une zone non aedificandi (Photo
2), ce quartier constituait jadis un lieu propice
à la pêche continentale où les gens prenaient des poissons
dits « koller », très connus dans la pêche
continentale au Sénégal.
Photo 2: Rues inondées dans le quartier de
Nguinth (NGOM, 2013)
Le contexte pluviométrique de l'époque
caractérisé par des années excédentaires que nous
avons mis en évidence dans l'analyse de la pluviométrie avait
favorisé cela. La période d'avant sécheresse était,
pour les premiers habitants de cette zone, une aubaine en raison des
possibilités agricoles qu'elle offrait à une population
minoritaire et un espace assez vaste.
La longue période sèche qui s'en suivit a
favorisé l'occupation de cette zone en raison de la diminution des
apports d'eau et du tarissement des points d'eau. Cette situation qui a
évolué jusque dans les années 2000 et intensifiée
par le développement des infrastructures à Thiès, a rendu
la commune d'arrondissement « habitable » mais
jusqu'à quand ?
Aujourd'hui, le contexte pluviométrique a
changé, caractérisé par un retour sporadique des pluies
dans la zone. Ce retour coïncide avec des inondations alors que la
pluviométrie n'a même pas atteint son niveau d'avant
sécheresse.
Que serait-il de la commune d'arrondissement si ces
mêmes pluies reviennent avec la même intensité
d'antan ?
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