CONCLUSION PARTIELLE
Les résultats de cette étude montrent que les
populations des localités étudiées ont une assez bonne
connaissance du paludisme. Elles savent que le moustique est le responsable de
la transmission de la maladie. Malgré la présence de
l'aménagement hydraulique, le paludisme sévit davantage dans le
village témoin de Sourkoudougou que dans les quartiers du
périmètre rizicole et les malades sont majoritairement des jeunes
de moins de 16 ans. La faible prévalence palustre dans le
périmètre est due à plusieurs facteurs dont la protection
antipaludique. Plusieurs moyens sont utilisés pour la protection contre
les moustiques mais la moustiquaire reste le principal moyen utilisé. La
protection est plus généralisée dans le
périmètre irrigué car les quartiers rizicoles ont des
couvertures excédentaires en moustiquaire. Elle réduit
considérablement la transmission du paludisme et contribue au maintien
du paradoxe de la Vallée du Kou. En dépit de cette protection
généralisée, quelques cas de paludisme sont
enregistrés. Pour les soigner, trois principaux recours sont
utilisés, ce sont : l'automédication moderne, les soins
traditionnels et le CSPS qui est le recours le plus utilisé dans toutes
les localités. Le SIG à élaborer permettra aux
équipes de recherches de l'IRSS de capitaliser les données de
terrain en un seul lieu et de pouvoir mener des analyses spatiales plus
aisément. Il permettra également de suivre l'évolution
spatio-temporelle de la prévalence palustre. En dépit de cet
apport, l'extension du SIG par les volets sur l'entomologie et l'environnement
physique reste encore à achever.
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CONCLUSION GENERALE
Le périmètre irrigué de la vallée
du Kou a été aménagé dans les années 1970
pour contribuer à la sécurité alimentaire du pays. Les
exploitants venaient majoritairement du plateau central. Outre ses
retombées économiques, l'aménagement a favorisé la
prolifération des moustiques vecteurs du paludisme. La période
propice au développement des moustiques est la saison pluvieuse.
Cependant avec les modifications introduites par l'aménagement
hydraulique, le développement des moustiques ne suit plus le rythme des
saisons. Les casiers rizicoles sont devenus les principaux gites larvaires de
la zone. Ils permettent une reproduction continue des moustiques tout le long
de l'année, modifiant ainsi la distribution temporelle de la
densité vectorielle.
La transmission de la maladie est globalement plus
élevée dans les villages environnant que dans les quartiers
rizicoles situés à l'intérieur du périmètre.
Elle est accentuée dans le périmètre pendant la saison
pluvieuse en raison de l'inondation prolongée des casiers rizicoles et
des conditions climatiques favorables au développement des vecteurs. Le
niveau de transmission à l'intérieur du périmètre
pourrait s'expliquer par les facteurs suivants : - la protection antipaludique
accentuée dans le périmètre en raison de la couverture en
moustiquaire et des protections supplémentaires ;
- la nature des matériaux de constructions moins
favorables aux moustiques endophiles. Il y a aussi les facteurs
évoqués par ROBERT V. et al. (1895) que sont la jeunesse
des moustiques qui ne permet pas le développement du parasite et leurs
tendances à prendre le repas de sang sur des animaux.
Les jeunes de 0-15 sont les plus touchés dans toutes
les localités étudiées. Cependant, dans les quartiers
rizicoles, les femmes en âge de procréer (16-30) ans sont
particulièrement atteintes. Les jeunes de 0-5 ans sont principalement
touchés par la maladie à Sourkoudougou, certainement du fait que
ces derniers n'ont pas acquis le même degré d'immunité que
leurs homologues résidants dans le périmètre ou parce
qu'ils sont sous-protégés contre les moustiques. Par ailleurs, on
remarque que la contribution des facteurs géographiques n'est pas
perceptible au niveau de la répartition spatiale des cas de paludisme
ressentis.
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Cette étude a révélé que les
populations de la zone d'étude, soumises à un très fort
taux d'accès palustre ont une assez grande connaissance de la maladie
mais elles l'associent encore à tous les états fébriles et
pensent que ses causes sont multiples.
Toutes les localités étudiées utilisent
des moyens de protection contre les moustiques et partant, contre le paludisme.
Cette protection est menée principalement dans les 3 localités
avec les moustiquaires de lit mais les quartiers rizicoles utilisent des moyens
supplémentaires tels que les bombes aérosols, les spirales antis
moustiques, les pommades insectifuges, les moustiquaires de fenêtres mais
aussi l'élimination de gites larvaire des moustiques. En plus du fait
que la population de Sourkoudougou n'utilise pas de protection
supplémentaire, sa couverture en moustiquaire de lit est
déficitaire. Cette forte protection dans le périmètre est
due à la forte nuisance des moustiques dans le périmètre.
En outre, les concessions utilisant des protections supplémentaires
occupent une rangée de concessions à VK5 et sont situées
dans la partie de VK7 en contact avec la savane.
La protection par moustiquaire est efficace contre la
transmission de la maladie si on considère les données des CSPS
mais ce n'est pas le cas avec les cas de paludisme déclarés par
les populations.
Les recours en cas d'accès palustres sont assez
variés. On a le CSPS, l'automédication moderne et les plantes
médicinales. Les CSPS sont le recours le plus prisé quelle que
soit la localité et son utilisation décroit avec la distance. Il
en est de même pour les autres recours aux soins dont l'usage
dépend fortement de leur accessibilité.
Concernant les hypothèses émises au
départ, on constate que :
- la 1ère hypothèse selon laquelle
« l'aménagement du périmètre rizicole dans la
vallée du Kou a entrainé une transformation dans l'environnement
physique et humain de la zone » est confirmée. En effet, les
données collectées ont permis de montrer des différences
au niveau des matériaux de construction et la composition de la
population des différentes localités. Cependant, les
transformations physiques n'ont pas pu être vérifiées.
- la 2ème hypothèse qui stipulait que
« le taux de prévalence palustre des quartiers rizicoles est
inférieur à celui des villages de la savane environnante
» est confirmée. Les statistiques sur le paludisme en 2011
fournies par les CSPS donnent des taux de
prévalence de 23,86 et 19,79 respectivement pour VK5 et
VK7 alors qu'elle est de 34,58 à Sourkoudougou.
- la 3ème hypothèse qui soutenait que
« les résidents des quartiers rizicoles de la vallée du
Kou ont des moyens de protection antipaludiques qui contribuent à
maintenir le taux de transmission en deçà de celui de villages
environnant » est également confirmée. La couverture en
moustiquaire est insuffisante dans la savane. En outre, les populations des
quartiers rizicoles utilisent d'autres moyens de protection antipaludiques en
plus de la moustiquaire.
- la 4ème hypothèse qui stipule qu'
« un SIG connecté à une base de données
régulièrement mis à jour permettra d'avoir un suivi sur
l'évolution de la prévalence du paludisme dans le vallée
du Kou» est partiellement confirmée. En effet, l'extension du
SIG avec des modules environnementaux et entomologiques et sa mise à
jour régulière permettra de suivre l'évolution du
paludisme en fonction des changements au sein de la population et dans
l'occupation des terres.
Au-delà des résultats obtenus, cette
étude a mis en exergue une utilisation possible des outils de la
géomatique à savoir l'utilisation d'un SIG pour le suivi, voire
la lutte contre le paludisme. Les données sanitaires ne sont
généralement pas géoréférencées et
les causes connues des maladies se combinent souvent avec d'autres facteurs
qu'il convient de maitriser pour mieux combattre la maladie. L'existence d'un
SIG mettant en relation des données d'origines diverses serait d'un
apport considérable dans la lutte contre le paludisme.
Malgré cet apport, cette étude présente
des limites. Certains points tels les caractéristiques
socioéconomiques des populations mériteraient d'être
approfondis car elles influeraient également sur l'acquisition des
moyens de protection contre le paludisme.
Par ailleurs, une autre enquête devait être
conduite dans la zone pour étudier les modes d'utilisation des
moustiquaires et leur imprégnation. Ses résultats permettraient
d'évaluer la contribution de ces facteurs à la protection contre
la maladie.
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