CONCLUSION PARTIELLE
Le périmètre rizicole de la vallée du Kou
est situé dans une large plaine d'inondation au nord-est de Bobo
Dioulasso. Cette dernière est drainée principalement par le
fleuve Kou dans la zone climatique soudano guinéen. Les sols sont
essentiellement hydromorphes et s'engorgent en saison pluvieuse. Les
exploitants sont installés dans des quartiers dont la plupart ont
été créés lors de l'aménagement avec la
majorité des habitations en terre et couvertes de tôles
ondulées. La tranche des jeunes, les plus vulnérables au
paludisme, est fortement représentée avec près de 50 % de
de la population. L'intérieur des quartiers est favorable au
développement des moustiques, essentiellement par la présence de
flaques d'eau et de caniveaux souvent bouchés. Aussi, la présence
quasi permanente de l'eau dans les casiers rizicoles offre d'excellentes
conditions de reproduction des moustiques. Anopheles gambiae se
développe dans des gites qui ont des caractéristiques
particulières qu'on retrouve dans la zone étudiée (le
soleil, la chaleur, l'humidité, les précipitations). Les
transformations physiques introduites dans le milieu par l'aménagement
ont favorisé une prolifération considérable des vecteurs
de paludisme.
13 Diminution de la température de 0,6° C
à chaque 100 m quand on s'élève dans l'atmosphère
jusqu'à 10 000 m.
DEUXIEME PARTIE :
ANALYSE DU PARADOXE DE LA VALLEE DU KOU ET
CONCEPTION DU SIG.
55
56
CHAPITRE IV : LA TRANSMISSION DU PALUDISME DANS LA
VALLEE DU KOU
Le rapport 2011 de l'Organisation Mondiale de la Santé
indique qu'en 2010, les décès associés au paludisme ont
été estimés à 655 000 dont 91 % dans la
région Afrique. Au Burkina Faso, la Direction Générale de
l'Information et des Statistiques Sanitaires (DGISS) a estimé à
305 314 le nombre de cas présumés de paludisme
diagnostiqué dans les formations sanitaires en 2010 avec un taux de
mortalité de 2,28 %.
La zone d'étude est située dans la zone de
transmission permanente. Les populations sont victimes d'accès palustres
fréquent, ce qui renforce leur connaissance du paludisme.
4.1. LES CONNAISSANCES DES POPULATIONS DE LA ZONE D'ETUDE
SUR LE PALUDISME
4.1.1. La connaissance de la transmission du
paludisme
Le paludisme se transmet à l'homme sain lorsqu'un
anophèle femelle infecté prend son repas de sang sur lui. C'est
la voie de transmission scientifiquement reconnue. Certains auteurs
évoquent aussi la possibilité d'inoculation du parasite lors des
séances de transfusion sanguine. Les populations des zones rurales du
Burkina Faso en général et celles de la zone
étudiée en particulier pensent que les voies de transmission du
paludisme sont multiples. Des recherches dans la zone permettent d'en rendre
compte. Ainsi TAHYO M., en 2000, a recueilli les avis des populations de
Bakaribougou et Samandeni (deux villages situés dans la même zone)
sur les causes possibles du paludisme. Il en ressort que
l'humidité/fraîcheur est la première cause du paludisme.
Ensuite viennent les facteurs tels que la pluie, le soleil, les piqûres
de moustiques, les aliments trop sucrés ou trop gras. Les populations de
ces villages classent les piqûres de moustiques en quatrième
position parmi les causes possibles du paludisme.
Dans le cadre de l'enquête démographique et
sanitaire couplée à nos travaux, la synthèse des
données sur la perception du paludisme dans les villages
d'enquêtes révèle que les piqûres de moustiques
constituent la première cause de transmission du paludisme (Figure 10,
page 57).
Figure 10 : Les voies de transmission du paludisme
selon les populations des villages étudiées
140 120 100 80 60 40 20 0
|
|
VK5 VK7
Sourkoudougou
|
|
57
Piqûres de Manque Aliments trop Aliments trop
Humidité Soleil Travaux dans
moustiques d'hygiène sucrées gras l'eau
Source: enquête de terrain (2012)
Presque toutes les concessions des villages
étudiés reconnaissent que la piqûre de moustique est le
moyen de transmission du paludisme (85/90 concessions à Sourkoudougou,
78/80 concessions à VK5 et 138/140 concessions à VK7). L'impact
du périmètre aménagé, à travers sa forte
nuisance de moustique se fait ressentir légèrement puisque le
taux de désignation des piqûres de moustiques est plus
élevé dans les quartiers rizicoles que dans le village
témoin. Parmi les autres moyens de transmissions évoqués
par ces populations, on constate que l'humidité est soulignée
seulement dans les villages rizicoles, relativement à leur position
entourée ou bordée par des canaux d'irrigations.
Ces réponses divergent avec celles de TAHYO M. pour
plusieurs raisons :
- premièrement les possibilités de
réponses étaient différentes. Les deux études ont
utilisé des grilles de réponses différentes. Chacune des
études a utilisé des modalités de réponses
différentes ou les mêmes modalités sous d'autres
appellations.
- deuxièmement l'aspect spatial. En effet, la
présente étude a pour zone d'investigation une zone rizicole
alors que celle menée par TAHYO M. se situait dans un contexte de
savane. Cette variation se ressent au niveau des réponses puisque la
cause réelle du paludisme est plus connue des populations des quartiers
rizicoles que celles hors périmètre.
58
- la troisième raison est temporelle. L'écart
temporel entre les 2 études (12 ans) a dû permettre aux acteurs de
la santé d'améliorer les perceptions des populations sur la
maladie surtout à travers les campagnes14 de distributions de
moustiquaires.
En dépit de ces avancées sur les connaissances
des populations sur la maladie, tous les canaux de transmission
évoqués ne sont pas réels. Certains sont des facteurs
favorisant la présence de moustiques dans les concessions tels que le
manque d'hygiène dans la concession à travers les eaux
usées, l'hygiène des toilettes et des abords de puits et la
végétation qui s'y trouvent. D'autres par contre pourraient
être des facteurs déclenchant des accès de fièvres
que les populations considèrent comme étant des cas de paludisme
(soleil, l'humidité etc.). Cela se répercute sur la
prévalence palustre enregistrée lors de l'enquête.
4.1.2. La connaissance de la létalité du
paludisme
Les résultats de l'enquête montrent qu'à
l'exception de quatre concessions de VK7 dont les chefs affirment que la
maladie n'est pas létale ou ne pas le savoir, toutes les populations
étudiées connaissent la létalité du paludisme.
Tableau 5: Connaissance de la létalité du
paludisme dans les villages étudiés
|
Connaissance de la létalité du paludisme
|
Nombre de concession
|
Pourcentage
(%)
|
Population concernée
|
VK5
|
Connait
|
80
|
100
|
989
|
|
Ne connais pas/Ne sais pas15
|
4
|
2,85
|
53
|
VK7
|
Connait
|
136
|
97,14
|
2251
|
Sourkoudougou
|
Connait
|
90
|
100
|
1070
|
Source : enquête de terrain (2012)
Ces réponses peuvent s'expliquer par le
caractère endémique de la maladie dans la zone d'étude.
Rappelons également que le paludisme est la première cause de
décès au Burkina Faso. Selon la DGISS, dans le district sanitaire
de Dandé dont relève la zone d'étude, 2,39 % des malades
du paludisme en 2010 sont décédés. Ces populations sont
les victimes de ces décès et tous ces facteurs concourent
à améliorer leurs connaissances sur la maladie. Malgré
l'endémicité de la maladie dans la zone, d'autres facteurs
parviennent à influencer sa prévalence au cours de
l'année.
14 La dernière campagne nationale a eu lieu
en 2010. Il y a souvent des campagnes ponctuelles de distributions pour les
femmes enceintes ou celles qui ont des nouveaux nés.
15 Cette modalité regroupe les personnes qui
disent qu'ils ne savent pas que le paludisme est létal ou qu'il ne peut
être la cause première de la mort.
4.2. LA TRANSMISSION DU PALUDISME DANS LA ZONE
D'ETUDE
Selon PICHERAL H. (2001), la transmission est le processus de
la chaine épidémiologique d'une maladie infectieuse et
parasitaire et des modalités de passage d'un agent pathogène
à l'homme (et/ou à l'animal). Cette transmission peut se mesurer
de plusieurs manières au sein des populations. La présente
étude utilise les deux méthodes les plus utilisées par les
géographes, il s'agit de l'enquête directe auprès des
populations et l'utilisation des données secondaires des formations
sanitaires. Ces deux méthodes d'investigation donnent des
résultats d'une précision différente car la
première résulte de la perception des populations et la
deuxième du diagnostic des professionnels de la santé.
4.2.1 La morbidité « ressentie » du
paludisme dans la zone d'étude
La morbidité « ressentie » est la perception
par l'individu et répondant à sa propre représentation
(sociale, psychologique, culturelle, etc.) de son état de santé,
mesurable uniquement par des enquêtes directes (morbidité auto
déclarée). Au cours de l'enquête, des données ont
été collectées auprès des populations des
localités étudiées sur la prévalence du paludisme
en une semaine. Les résultats sont consignés dans le tableau
6.
Tableau 6: Les accès palustres
déclarés par les populations.
Village/quartier Nombre d'épisodes palustres Pourcentage
au sein de la
déclarés population
VK5 101 10,21 %
VK7 127 5,51 %
Sourkoudougou 69 6,45 %
Source : enquête de terrain (2012).
La répartition spatiale des cas de paludisme
déclarés par les populations est présentée par la
carte 8 (Page 60).
59
60
Carte 8 : Les épisodes paludiques
déclarés en une semaine dans les villages
étudiés (Algorithme d'interpolation : Splines avec
interruptions).
Les périphéries de VK5 et le nord de VK7 ont
plus été sujets aux épisodes paludiques durant la semaine
qui a précédé la collecte de données. Le nord de
VK7 est en contact avec la végétation naturelle. A Sourkoudougou
les cas de paludisme déclarés sont dispersées dans tout le
village..
On pourrait conclure, à l'aide de la carte ci-dessus,
que la transmission de la maladie dans le périmètre est fonction
de la position dans le quartier. Mais elle ne présente qu'une image en
une semaine de la zone d'étude. Il sera plus judicieux de donner une
conclusion généralisée avec des données issues des
formations sanitaires.
4.2.2 La morbidité « diagnostiquée
» du paludisme dans la zone d'étude, un paradoxe
La morbidité « diagnostiquée » est
celle enregistrée, codées par les différentes formations
sanitaires à l'occasion du recours aux soins des individus. B50
désigne le paludisme simple dans la codification de l'OMS. Les cas
présumés diagnostiqués dans les CSPS de la zone
d'étude sont présentés par la figure 11 (Page 61).
Figure 11 : La prévalence du paludisme dans les
villages étudiés en 2011.
61
VK5 VK7 Sourkoudougou
Cas de paludisme (CSPS) Population totale village (Enquête
terrain 2013)
Source: CSPS de Bama, de la Vallée du Kou et de
Sourkoudougou
Il ressort de ce graphique que la prévalence de la
maladie est plus élevée à Sourkoudougou que dans les
quartiers rizicoles. Ces résultats confirment ceux de ROBERT V. et
al. (1985) qui ont été qualifiés de «
Paradoxe de la Vallée du Kou ». Ces derniers ont trouvé
qu'il y avait plus de paludisme dans la savane avoisinant le
périmètre rizicole de la vallée du Kou qu'à
l'intérieur du périmètre. Ils ont expliqué cela par
la jeunesse de la population anophélienne anthropophile dans le
périmètre, la forte tendance locale des anophèles à
prendre des repas de sang sur des animaux et l'usage
généralisé de moustiquaires de lit.
Par contre, ces résultats vont à l'encontre de
ceux de l'étude de DIABATE A., (2003) qui a trouvé que la
transmission du paludisme dans la zone est cinq fois supérieure à
celle de la zone rurale classique. Cependant, cette divergence des
résultats pourrait découler du système de mesure de cette
transmission. DIABATE A. a mesuré la transmission du paludisme avec des
indicateurs entomologiques tandis que la présente étude utilise
les cas de paludisme diagnostiqués dans les formations sanitaires. Ces
données pourraient aussi être influencées par le recours
aux soins qui reste à son tour dépendant de l'offre de soins.
Dans la suite de cette étude, les analyses seront
approfondies sur les protections anti moustiques pour apprécier leur
impact sur la transmission de la maladie.
62
4.2.3 La structure par âge et par sexe des malades
diagnostiqués du paludisme en 2011
La structure par âge et par sexe des malades du
paludisme dans les villages est très différente de celle de leurs
populations. A Sourkoudougou et à VK7 les hommes sont les plus
touchés alors qu'à VK5, ce sont les femmes qui le sont. Les
femmes de 16 à 30 ans sont particulièrement
représentées dans les quartiers rizicoles (Figure 12).
Les enfants de 0-5 ans sont les plus touchés par le
paludisme dans les trois villages. Ils constituent 59,32 % des cas à
Sourkoudougou, 43,4 % à VK5 et 36,52 % à VK7. Les statistiques
nationales montrent que les enfants de 0-4 ans et ceux de 5-14 ans sont les
groupes les plus vulnérables au paludisme. Ils constituent
respectivement 50,38 % et 17 % des cas de paludisme diagnostiqués par
les formations sanitaires en 2010. DGISS (2010). Néanmoins, la forte
proportion des enfants de 0-5 ans parmi les malades du paludisme à
Sourkoudougou pourrait être due au fait que ces enfants n'ont pas acquis
le même degré d'immunité que leurs homologues
résidants dans le périmètre ou à un défaut
de protection contre les moustiques car ils n'utilisent souvent pas la
moustiquaire ou dorment à plus de deux personnes sous la
moustiquaire.
Figure 12 : La structure par âge et par sexe des
malades du paludisme dans les villages étudiés
La structure des malades du paludisme de Sourkoudougou est
identique à celle de la population du village. Par contre, dans le
périmètre, la situation est différente. Le deuxième
groupe victime du paludisme est celui de 16-30 ans et particulièrement
celui des femmes. Les cas de paludisme pourraient être associés
aux grossesses de ce groupe. Par ailleurs, la structure par âge des
malades du paludisme de Sourkoudougou est semblable à celle du Burkina
Faso où on dénombrait environ 50 % de moins de cinq ans parmi les
cas de paludisme en 2011. Celle des quartiers du périmètre
respecte partiellement la distribution par sexe du pays avec une dominance des
femmes en âge de procréer.
4.2.4 Le paludisme grave dans les villages
étudiés
Le paludisme grave occupe le code B54 dans le système
de codification de l'OMS. Il a les symptômes de l'accès palustre
simple mais ces derniers sont accompagnés de vomissements, de
convulsions, de chutes de tensions puis de sudations chez le malade. Les cas de
paludisme grave ci-dessous sont issus de celles du paragraphe
précèdent. Ils ont été diagnostiqués
également par le Test de Diagnostic Rapide (T. D. R) (Tableau 7).
Tableau 7 : Le paludisme grave dans les villages
d'étude en 2011
|
Population totale
|
Total paludisme
|
Total paludisme grave
|
%
paludisme
|
% paludisme grave
|
VK5
|
989
|
236
|
17
|
23,86
|
1,72
|
VK7
|
2304
|
456
|
27
|
19,79
|
1,17
|
Sourkoudougou
|
1070
|
370
|
14
|
34,58
|
1,31
|
Source : Population totale : enquête de
terrain (2012).
Données sur le paludisme : CSPS de Bama, vallée du
Kou et Sourkoudougou (2011).
La distribution du paludisme grave ne suit pas celle du
paludisme en général. VK5 a connu le maximum de cas de cette
forme de la maladie au cours de l'année 2011 (1,72 % de sa population).
Il est suivi par Sourkoudougou (1,31 %) puis VK7 (1,17 %). La proportion des
femmes victimes de cette forme de la maladie est également variable
d'une localité à l'autre.
63
64
Figure 13 : Structure des malades du paludisme grave
dans les villages en 2011
Le paludisme général et le paludisme grave
présentent la même structure par rapport à la situation
nationale du paludisme. Les victimes du paludisme grave étaient
majoritairement des femmes dans les quartiers rizicoles. Elles
représentaient respectivement 51,82 % et 66,67 % des malades du
paludisme grave à VK5 et à VK7. Cependant, à
Sourkoudougou, il y avait autant d'hommes que de femmes victimes du paludisme
grave en 2011. Les jeunes de 05 ans de Sourkoudougou sont fortement
touchés par le paludisme grave.
La forte représentativité des femmes au sein des
victimes du paludisme grave peut toujours s'expliquer par les grossesses. Quant
aux enfants de 0-5 ans elle peut être due à un éventuel
défaut de protection ou d'immunité.
4.3 LES MATERIAUX DE CONSTRUCTION DES HABITATIONS, UN
FACTEUR DE RISQUE DE TRANSMISSION DU PALUDISME
Dans ses analyses sur « Les maladies parasitaires en
milieu urbain, intérêts et limites de l'analyse spatiale »
à Mbanjock au Cameroun, ROUDIER D. C., (2006) a qualifié
l'intérieur des maisons en terre-battue et les toits en natte comme des
facteurs favorisant la présence de moustiques endophiles et endophages.
Dans le milieu rural burkinabè, on rencontre des
65
habitations couvertes de chaume ou de terre battue. Ces toits
en chaume (qu'on assimile ici aux toits en natte) et en terre-battue favorisent
la présence de moustiques, donc du paludisme.
Cette méthode présente la limite de ne pas
distinguer les personnes qui dorment dans les maisons couvertes avec les
toitures en chaume et terre-battue et celles qui dorment dans d'autres types de
maison.
Le rapport entre le nombre d'épisodes morbides de
paludisme déclaré par les différentes classes de
concessions et leurs effectifs donne les résultats qui sont
consignés dans la figure 14. Notons que les concessions ont
été regroupées en deux (2) classes : une classe «
Tôles » qui regroupe les concessions où les habitations sont
toutes couvertes de tôles et un classe « Mélange »
regroupant les concessions avec des couvertures en chaume et/ou en terre
battue.
Figure 14: La prévalence du paludisme
déclaré selon les classes de concessions dans les
villages
1,90
2,00
1,78
Mélange Tôle
1,81
Mélange Tôle
1,55
Mélange Tôle
1,50
1,60
1,20
0,80
0,40
0,00
Sourkoudougou
Source: enquêtes de terrain (2012)
VK7
VK5
Prévalence par concession
1,90
On remarque que les concessions à mélange de
toiture ont déclarés un peu plus d'épisodes morbides de
paludisme à VK7 et Sourkoudougou. VK5 présente le
phénomène contraire. Un test d'hypothèse du
khi2 (x2)16 a été
effectué pour vérifier la relation entre le type de toiture et le
paludisme. Les résultats suivants ont été obtenus pour un
degré de liberté de 01:
|
x2 calculé
|
x2 théorique
|
VK5
|
0,62
|
3,84
|
VK7
|
0,77
|
3,84
|
Sourkoudougou
|
0,89
|
3,84
|
16 Le test du x2 est un
test statistique permettant de mesurer l'indépendance entre deux
variables aléatoires.
Le x2 calculé est
inférieur au x2 théorique dans toutes
les localités. Cela permet de conclure que les toitures en chaume et en
terre-battue favorisent la transmission du paludisme dans la vallée du
Kou. Cependant, les résultats suivants peuvent être dus aux
facteurs économiques. En effet, la riziculture pourrait permettre aux
habitants de la vallée du Kou d'avoir des revenus relativement plus
importants que les agriculteurs de Sourkoudougou, et leur permettre de se
procurer davantage de moyens de protections contre le paludisme. A cela
s'ajoute les matériaux de constructions qui restent eux aussi intimement
liés aux revenus.
Néanmoins, on peut retenir que les toitures en chaume
et en terre-battue offrent plus de refuges aux moustiques qui peuvent ainsi se
reposer dans les habitations. Le risque est alors plus grand puisque le
principal vecteur du paludisme dans la zone (An. gambiae) est
endophage. Les contacts hommes-moustiques deviennent plus nombreux. La
protection par moustiquaire étant efficace seulement quand on est en
dessous, les personnes qui l'utilisent seront exposées seulement avant
leur entrée sous la moustiquaire et ceux qui ne l'utilisent pas vont
courir le risque de contracter le paludisme toute la nuit.
4.4 UNE TRANSMISSION PALUSTRE INFLUENCEE PAR L'HYDRO
AMENAGEMENT
Le paludisme étant endémique dans la zone
d'étude, les centres de santé enregistrent des cas de paludisme
durant toute l'année. Mais selon que l'on est dans une zone
irriguée ou dans un écosystème naturel, sa
prévalence peut varier d'un mois à l'autre et d'une année
à l'autre en raison de plusieurs facteurs.
66
Jan Fey Mar Avr Mai Juin Juil Ao6 Sept Oct Nov
Déc
Jan lev Mar Avr Mai Juin Juil Aoû Sept Oct Nov
Dec
Prévalence palustre (3+6)
|
SOU RKOU DOUGOU
|
Pluviométrie (rnm)
|
25
|
|
- 280
|
|
|
- 240
|
20
|
|
|
|
|
- 200
|
15 -
|
|
- 160
|
10 -
|
|
120
|
|
|
-80
|
5 -
|
|
|
|
|
r 40
|
0
|
|
|
|
Jan Fév Mar Avr Mai Juin Juil Aoû
Sept Oct Nov Dec
Prévalence du paludisme
Pluviométrie
Période de riziculture Période
d'irrigation
Source
Données pa lu: CSPS de Barna,
Vallée du Kou et Sourkoudougou (2011) Données
pluviornétriques: station agrométeo de la Vallee du Kou
(2011)
VK5
5 -
0
Prévalence palustre (%)
25
20 -
15 -
10 -
Pluviométrie (mn))
280
240 200 160 - 120 80 40
n
Prévalence palustre (%)
25 -
Pluviométrie (mrn)
280
VK7
240 200 160 120 80 40
0
20 -
15 -
10 -
0
Figure 15: Répartition mensuelle des
épisodes paludiques diagnostiqués en fonction de la
pluviométrie et de l'irrigation dans les villages étudiés
en 2011.
67
68
La maladie sévit dans la zone durant toute
l'année mais sa prévalence est plus élevée au cours
du 2ème semestre de l'année dans le
périmètre. Les pics de transmission sont en octobre et novembre
respectivement pour VK7 et VK5. A Sourkoudougou, le pic se trouve en juillet.
La transmission de la maladie semble être plus influencée par la
pluviométrie quelle que soit la localité. Sa prévalence
croit avec les hauteurs de pluies. En effet, l'arrêt de l'irrigation de
la campagne sèche de novembre à mai a lieu à une
période où la saison pluvieuse a commencé dans la zone
(fin du mois de mai). Cette période coïncide également avec
la préparation des pépinières et les repiquages. Ces
opérations ont lieu pendant la phase d'évolution
végétative du riz (65 premiers jours après les semis) et
favorisent le développement des larves de moustiques car les casiers
rizicoles sont remplis d'eau avec des caractéristiques des gites de
moustiques. A cela s'ajoute la stagnation de l'eau dans les canaux. En saison
sèche, le périmètre est organisé en deux
zones17 : zone I et zone II. Les deux zones sont irriguées
alternativement par semaine. A l'intérieur des zones et des blocs, des
tours d'eau sont également programmés. Cette gestion de l'eau,
qui est rare en cette période, permet la consommation d'une grande
partie de l'eau qui arrive dans le périmètre et laisse
très peu de possibilités de pontes aux moustiques (Figure 15,
page 68).
Le cycle de vie du moustique a été
évalué à 35 jours dont 15 infectieux (GAZIN P. 2001). Les
larves ayant émergées en fin mai seront des moustiques
potentiellement infectieux à la fin du mois de juin, d'où les
pics de transmission du mois de juillet dans le périmètre. Le pic
de juillet observé à Sourkoudougou s'explique par la
pluviométrie. Quant aux pics d'octobre (VK7) et novembre (VK5), ils
s'expliquent par la rétention de l'eau dans le périmètre
après la diminution des pluies mais aussi par l'irrigation qui continu
jusqu'en novembre (voir annexe N° 6). Cependant à Sourkoudougou, la
baisse des pluies entraine seulement une légère baisse de la
transmission comparativement au périmètre irrigué. Le
village est bordé par un cours d'eau qui maintien les conditions de
reproduction des moustiques durant toute l'année et favorise la
transmission de la maladie. On peut aussi lier cette transmission en saison
sèche à une utilisation partielle de protections antipaludiques.
PARE L., (2004) a observé que certaines populations des zones de savanes
en général utilisaient les moustiquaires seulement pendant la
saison pluvieuse quand les nuisances des moustiques sont importantes. DOLO G.
et al. (2004) ont observé au Mali que les indices
sporozoïtique18 sont plus élevés chez les
moustiques en fin de saison pluvieuse. Ce constat peut servir également
d'explication à la transmission du paludisme dans la zone
étudiée à la fin de la saison pluvieuse.
17 Zone 1 : Blocs 1, 2, 3 et 4. Zone
II : Blocs 5, 6 et 7. Un bloc est composé d'un quartier et ses casiers
rizicoles. Les quartiers étudiés appartiennent à la zone
II
18 Indice sporozoïtique :
proportion des moustiques infectants.
69
CHAPITRE V : UNE PROTECTION ANTIPALUDIQUE
DIVERSIFIEE DANS LA VALLEE DU KOU
Les résultats de l'enquête révèlent
que les populations des villages étudiés ont une assez bonne
connaissance du paludisme. Elles savent aussi qu'une protection adéquate
permet d'éviter la maladie. Pour cela, elles utilisent divers moyens
pour se protéger contre les piqûres de moustiques.
Les protections antipaludiques étudiées dans la
suite de cette étude sont les moyens de protection contre les vecteurs
du paludisme. Elles ne font pas cas de la protection par chimiothérapie
qui est aussi utilisée dans la zone.
5.1 UNE PROTECTION DIVERSIFIEE CONTRE LE
PALUDISME
5.1.1 Le niveau de la protection
La prévention du paludisme à travers la
protection contre les moustiques est très diversifiée dans la
zone d'étude. On rencontre : la moustiquaire de lit, la moustiquaire de
fenêtre, la spirale anti moustique, la bombe aérosol, la pommade
répulsive et l'hygiène dans la concession (éliminations
des potentiels gites larvaires). La moustiquaire de lit est la principale
protection utilisée et celle des fenêtres la moins
utilisée.
A l'exception d'une concession, habitée par 3
personnes, située à Sourkoudougou, toutes les concessions
utilisent au moins un moyen de protection. Le nombre de protection
utilisé par concession varie de 0 (concessions n'utilisant aucun moyen
pour se protéger) à 3 (concessions utilisant 3 moyens de
protection contre le paludisme) (Tableau 8).
Tableau 8: Les protections utilisées dans les
villages étudiés.
|
VK5
|
VK7
|
Sourkoudougou
|
Moustiquaire de lit (%)
|
91,95
|
100
|
98,89
|
Spirale anti moustique (%)
|
13,79
|
27,86
|
0
|
Bombe aérosol (%)
|
3,45
|
4,29
|
0
|
Pommades répulsive (%)
|
1,15
|
1,43
|
0
|
Moustiquaire de fenêtre (%)
|
1,15
|
0
|
0
|
Hygiène dans la concession (%)
|
0
|
2,14
|
0
|
Source : enquête de terrain 2012.
.
5.1.2 Protection par moustiquaire
Selon le Ministère de la Santé, 8 101 134
moustiquaires de deux places ont été distribuées à
la population du Burkina Faso qui était de 15 617 814 personnes en 2010
soit environ une moustiquaire pour deux personnes. L'utilisation de la
moustiquaire a été alors renforcée mais est-ce pour autant
que tous les villages ont une couverture suffisante en moustiquaire ? Pour les
besoins de cette étude, on considère que toutes les moustiquaires
utilisées dans la zone d'étude sont à deux places.
On désigne par couverture en moustiquaire le nombre de
moustiquaires de deux places disponibles pour 2 personnes. Cette couverture
peut être déficitaire, équilibrée ou
excédentaire.
Elle est excédentaire si le rapport
par 2 de l'effectif de la population du village est supérieur au nombre
de moustiquaires + 1. Dans ce cas, on estime que tout le monde utilise la
moustiquaire et que le nombre de place disponible dans les moustiquaires
excède l'effectif de la population d'au moins deux places.
Equilibrée si le rapport par 2 de
l'effectif de la population du village est compris entre le nombre réel
de moustiquaires utilisées est le nombre réel de moustiquaires
utilisées +1. Ce qui signifie que le nombre de place disponible dans les
moustiquaires est soit égal, soit supérieur à l'effectif
de la population d'une place.
Déficitaire si le rapport par 2 de
l'effectif de la population du village est inférieur au nombre
réel de moustiquaires. Dans cette situation, le nombre de place
disponible dans les moustiquaires est strictement inférieur à
l'effectif de la population.
<
70
71
Figure 16: Couverture en moustiquaire des villages
étudiés.
Couverture en moustiquaire (Nb
moustiquaires /2 pers)
1,2
|
|
|
|
1,1
|
|
1,14
|
|
|
|
|
|
|
|
1,07
|
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0,96
|
|
VK5 VK7
|
Sourkoudougou
|
0,9
|
Couverture en moustiquaire
|
0,8
|
Source: enquête terrain 2012
|
Les quartiers rizicoles utilisent plus de moustiquaires que le
village témoin.
Ces taux de couverture en moustiquaire peuvent être dus
à plusieurs facteurs dont les plus importants sont les facteurs
économiques. En effet, les populations des quartiers rizicoles font une
agriculture à deux récoltes annuelles. Le riz est
également une céréale très prisée au Burkina
Faso, son prix et sa demande sont assez élevés, ce qui permet
à ses producteurs d'avoir des revenus plus importants que les
populations pratiquant uniquement l'agriculture pluviale. A ceux-ci s'ajoutent
les unités de couchages. PARE L., (2004) a souligné que
l'utilisation de la moustiquaire était plus aisée avec un lit
moderne qu'avec un matériel de couchage à même le sol
(natte par exemple) ou en matériaux locaux (lit en bois sauvage par
exemple).
Les entretiens avec les populations lors de l'enquête
ont fait ressortir divers modes d'utilisation des moustiquaires. En fonction de
l'âge et/ou du sexe, le nombre de personnes utilisant une moustiquaire
varie. Pour cela, plusieurs calculs ont été effectués pour
évaluer la couverture théorique en moustiquaire des
différents villages.
5.1.3 Couverture en moustiquaire par
concession
La couverture en moustiquaire d'une concession est le nombre
de moustiquaires disponible pour 2 personnes dans cette concession. Dans le cas
présent, elle sera calculée selon plusieurs formules en fonction
des modes d'utilisation observés dans les villages.
5.1.3.1 L'utilisation standard: une moustiquaire pour
deux personnes
On considère ici que l'utilisation est normale. La
moustiquaire est utilisée par 2 personnes sans distinction de sexe,
âge ou de quelque forme de relation. Cette forme d'utilisation est la
plus recommandée (figure 17, page 78).
Sourkoudougou a le maximum de concession déficitaire.
Il est suivi par VK7 puis VK5. Les entretiens avec les populations ont
révélé que cette méthode est très peu
respectée. PARE L., a fait des constats similaires en 2004 à
Soumousso, localité située à une quarantaine de
kilomètres au sud-est de Bobo Dioulasso. Elle a rencontré
plusieurs unités de couchages qui différent par leur taille
(nombre de nattes), le nombre de personne l'utilisant et les différences
d'âge et de sexe entre ses utilisateurs. Pour cela, des calculs ont
été proposés pour évaluer la couverture en
moustiquaire des villages étudiés.
5.1.3.2 La deuxième méthode
d'utilisation : l'utilisation sélective
Etant donné que l'utilisation normale n'est souvent pas
respectée, la couverture a été évaluée en
fonction de la méthode habituelle. Généralement les jeunes
de 0-15 ans dorment à 3 sous une moustiquaire, les jeunes de 16-30 ans
de même sexe dorment à 2 sous une moustiquaire, les adultes de
31-55 ans sont en couple et dorment à 2 aussi sous une moustiquaire et
les plus de 55 ans dorment seul sous leurs moustiquaires.
Elle présente des limites puisque les amplitudes des
classes d'âges utilisées dans cette étude sont assez
élevées, pour cela elles s'éloignent souvent de la
réalité. Cependant, elle a l'avantage de donner un aperçu
de la couverture en moustiquaire de la zone en fonction du mode d'utilisation
rencontré (Figure 18, page 73).
Avec cette méthode, la proportion des concessions
à couverture excédentaire baisse au profit des concessions
à couverture déficitaire et équilibrée dans le
périmètre rizicole. Par ce calcul, les adultes sont mieux
protégés au détriment des jeunes alors que ces derniers
sont plus vulnérables au paludisme. On peut retenir que cette
méthode d'utilisation des moustiquaires ne garantit pas une meilleure
protection des populations.
72
Figure 17: Couverture en moustiquaire par concession
selon la méthode d'utilisation standard
Sourkoudougou
VK7
VK5
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Déficitaire Equilibré Excédentaire
Source: enquête de terrain 2012
26,58
37,14
42,70
39,24
27,86
41,57
35,00
34,18
Concessions
15,73
Figure 18 : Couverture théorique en moustiquaire
des concessions selon la méthode sélective.
Sourkoudougou
VK7
VK5
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Déficitaire Equilibré Excédentaire
Source: enquête terrain 2012
37,97
45,71
48,31
45,57
33,57
39,33
Concessions
20,71
17,72
13,48
Les couvertures théoriques en moustiquaire dans l'espace
sont présentées par les cartes 9 et 10 (page 74).
73
74
Carte 9 : La couverture théorique en
moustiquaire selon l'utilisation standard (Algorithme
d'interpolation : Splines avec interruptions)
Carte 10 : La couverture théorique en
moustiquaire selon la deuxième méthode (Algorithme
d'interpolation : Splines avec interruptions).
20
10
0
Sur le plan spatial, les variations de couverture sont peu
visibles quel que soit la méthode d'utilisation des moustiquaires. On
constate une concentration des concessions déficitaires dans la partie
ouest du quartier VK7, partie du quartier majoritairement habitée par
les samos. Avec les deux modes d'utilisations des moustiquaires, il y a plus de
variation dans la partie nord de Sourkoudougou. Mais le deuxième mode
d'utilisation met en évidence l'accroissement des concessions à
couverture équilibrée au centre du village. On peut donc retenir
que le niveau de couverture ne dépend pas de la situation
géographique dans le village et que l'utilisation standard est la
meilleure méthode d'utilisation des moustiquaires même en
situation d'insuffisance.
5.1.4 Les autres protections
antipaludiques.
Les méthodes de protection antipaludiques dans la zone
d'étude sont assez diversifiées. En plus de la moustiquaire de
lit, on rencontre les moustiquaires de fenêtre, la spirale anti
moustiques, les bombes aérosol, les pommades insectifuges et
l'hygiène dans la concession (élimination des potentiels gites
larvaires) mais ces méthodes se rencontrent seulement dans les quartiers
rizicoles (Figure 19). La population de Sourkoudougou se limite seulement
à l'utilisation des moustiquaires pour se protéger contre le
paludisme certainement à cause de la faiblesse de la densité des
moustiques.
Figure 19 : Les autres moyens de protection dans les
villages.
Concessions (%)
30
75
VK5 VK7
Spirales anti moustiques Bombes aérosols
Pommades insectifuges Moustiquaires de fenêtres
Hygiène dans la concession Source: enquête terrain
2012
Des cinq méthodes supplémentaires de protection
citées plus haut, quatre sont utilisées dans chacun des
quartiers. L'hygiène dans la concession n'est utilisée
qu'à VK7. Il faut noter aussi qu'en termes d'effectif, à VK5, la
pommade répulsive et la moustiquaire de fenêtre sont
utilisées chacune par une seule concession, la bombe aérosol par
3 concessions et la spirale
76
par 13 concessions. En ce qui concerne VK7, la pommade
répulsive est utilisée par 2 concessions, l'hygiène dans
la concession par 3 concessions, la bombe aérosol par 6 concessions et
enfin la spirale anti moustiques par 39 concessions.
Carte 11 : Les protections supplémentaires dans
les villages
77
La moitié des concessions de VK5 utilisant les
protections supplémentaires, majoritairement les spirales
anti-moustiques sont sur la même rangée. Cette rangée
constitue aussi la ligne de caractérisation du projet TAMVEC dans le
quartier. Les autres concessions sont concentrées au centre du village.
Notons également que 66 % des concessions utilisant les protections
supplémentaires sont à moins de 120 m d'un commerce de spirales
anti-moustiques (Carte 11, page 76). Quant aux concessions de VK7 utilisant ces
méthodes, elles sont majoritairement alignées sur 2
rangées de concessions au nord du quartier. Cette partie du village a
déclaré plus d'épisode palustre au cours de la semaine
ayant précédée l'enquête (Carte 8, Page 60). On
remarque également une concentration de concessions utilisant la spirale
anti moustiques autour d'un commerce à l'extrême ouest du quartier
(Carte 12, page 79). On peut retenir que l'utilisation des protections
supplémentaires est partiellement liée à la position
géographique des concessions dans les quartiers et à leur
accessibilité géographique.
5.2 L'IMPACT DE LA PROTECTION ANTIPALUDIQUE SUR LA
TRANSMISSION DU PALUDISME
5.2.1 La protection antipaludique et le paludisme
ressenti
Le test de ÷2
d'indépendance entre la protection anti paludique (à travers la
couverture standard en moustiquaire) et le paludisme déclaré par
les populations donne les résultats suivants :
VK5 VK7 Sourkoudougou
÷2 calculé 2,24 2,29 1,13
Avec le degré de confiance de 95 % et à 2
degré de liberté, le ÷2
théorique est de 5,99. On note que le paludisme déclaré
par les populations n'est pas lié à la protection antipaludique.
A Sourkoudougou, cette indépendance est plus accentuée d'autant
plus que le ÷2 calculé est plus faible.
Cela se manifeste dans l'espace par une dispersion des concessions qui ont
enregistré des cas de paludisme dans la semaine ayant
précédé l'enquête entre les zones à
couverture suffisante (excédentaire ou équilibrée) et
déficitaire en moustiquaire.
Les couvertures standard en moustiquaire et les
déclarations de paludisme de chaque localité ont
été codifiés en vue d'une cartographie de l'impact de la
protection antipaludique sur le paludisme déclaré. Chacune des
deux variables a été interpolé selon l'algorithme des
splines avec interruptions. Les rasters obtenus ont ensuite été
ré-classifié avec les nouveaux codes et additionné selon
le schéma ci-dessous :
Déclaration de paludisme
|
Code
|
Non
|
1
|
Oui
|
-1
|
+
Couverture standard en moustiquaire
|
Code
|
Excédentaire
|
1
|
Equilibré
|
1
|
Déficitaire
|
0
|
Addition des codes
|
Déclaration de paludisme
|
Non (1)
|
Oui (-1)
|
Couverture standard en moustiquaire
|
Excédentaire (1)
|
2
|
0
|
Equilibré (1)
|
2
|
0
|
Déficitaire (0)
|
1
|
-1
|
=
On trouve les 4 situations consignées dans la carte 12
(page 81) :
Cas 2 : Couverture excédentaire ou
équilibrée en moustiquaire sans déclaration de
paludisme. On estime que les moustiquaires protègent
contre le paludisme. L'immunité pourrait justifier également
cette situation
Cas 1 : Couverture déficitaire en moustiquaire sans
déclaration de paludisme. L'utilisation d'autres protections et
l'immunité sont les facteurs explicatifs
Cas 0 : Couverture excédentaire ou
équilibrée en moustiquaire avec déclaration
de paludisme et
Cas -1 : Couverture déficitaire en moustiquaire avec
déclaration de paludisme
On remarque qu'il y a toutes les situations possibles. Ainsi
dans certains cas les moustiquaires et/ou que l'immunité antipaludique
semblent protéger contre le paludisme (cas 2) et que dans d'autres,
elles sont inutiles (cas 0). Il y a aussi les cas où c'est
immunité antipaludique qui semble agir (cas 1) et d'autres ou la maladie
est dû à un défaut de protection (cas -1). Cependant, il ne
faut pas omettre que ces interprétations sont basées sur de
simples déclarations de paludisme des populations qui ne
reflètent certainement pas la réalité.
78
79
Carte 12 : La protection antipaludique et le paludisme
déclaré par les populations
80
5.2.2 La protection antipaludique et le paludisme
diagnostiqué
Les taux de prévalence palustre des localités et
leurs couvertures générales en moustiquaire sont consignés
dans le tableau 11 (page 81). On constate une situation déficitaire dans
le village hors périmètre (Sourkoudougou). C'est encore dans ce
village que la prévalence du paludisme était plus
élevée en 2011 : 34,58 contre 23,86 pour VK5 et 19,79 pour
VK7.
Tableau 9: La couverture en moustiquaire et la
prévalence palustre en 2011 des villages
étudiés
|
Couverture moustiquaire
|
Taux de prévalence 2011 (%)
|
Sourkoudougou
|
0,96
|
34,58
|
VK5
|
1,14
|
23,86
|
VK7
|
1,07
|
19,79
|
Source : enquête de terrain (2012) et CSPS de Bama,
vallée du Kou et Sourkoudougou (2011).
La covariance et le coefficient de corrélation
linéaire de la couverture en moustiquaire et du taux de
prévalence palustre montrent que la protection par moustiquaire a un
effet limitant sur la transmission du paludisme.
Covariance (Couverture Moustiquaire, taux de
prévalence palustre) = -0,004
Coefficient de corrélation linéaire
(Couverture Moustiquaire, taux de prévalence palustre)
|
= -0,795
|
Le coefficient de corrélation linéaire est assez
évocateur (-0,795). Elle montre qu'il y a une liaison linéaire
négative entre la couverture en moustiquaire et les cas de paludisme.
Cela confirme la thèse de ROBERT V. et al. pour qui la
protection généralisée est un facteur limitant de la
transmission du paludisme dans le périmètre
aménagé.
5.3 LES RECOURS AUX SOINS ANTIPALUDIQUES
5.3.1 L'offre de soins et de médicaments
antipaludéens
L'offre de soins antipaludiques dans la vallée du Kou
est composée essentiellement du Centre de Santé et de Promotion
Sociale (CSPS) qui procure des biomédicaux, de l'automédication
moderne (auto administration d'un traitement à base de comprimés
manufacturés) et des soins traditionnels (traitement à base
plantes naturelles qui peuvent se présenter sous plusieurs formes).
Sourkoudougou possède un CSPS qui est situé dans le village. Le
périmètre aménagé dispose de 2 CSPS : celui de
Bama, situé au bord de la route nationale N°9 à environ 1,9
km de VK5 et 3,7 km de VK7 par la piste et celui de la Vallée du
81
Kou situé à l'entrée du
périmètre à environ 3,4 km de VK5 et 5,9 km de VK7. Les 2
quartiers rizicoles appartiennent à l'aire sanitaire du CSPS de Bama. En
outre, VK7 dispose depuis octobre 2010 d'un dépôt pharmaceutique
géré par un Agent Itinérant de Santé (A.I.S) ou est
distribué uniquement que des antipaludéens
génériques à base d'amodiaquine et
d'artésunate19 (Carte 13, page 82).
19 L'agent a été désigné par le
CSPS et les comprimés sont livrés par le Programme National de
Lutte contre le Paludisme (PNLP) en collaboration avec Plan Burkina. D'autres
quartiers comme VK2, VK6A et VK6B possèdent aussi leur
dépôt de médicaments génériques.
82
Carte 13 : Offre de soins et de médicaments
antipaludéens dans la zone d'étude
83
5.3.2 Les recours aux soins et aux médicaments
antipaludéens
Les recours utilisés dans la zone étudiés
sont très diversifiés. La population de Sourkoudougou
fréquente le CSPS de Sourkoudougou qui est situé dans le village.
Celles de VK5 et VK7 fréquentent prioritairement le CSPS de Bama et
accessoirement celui de la Vallée du Kou.
Pour cette analyse, seuls les concessions ayant
déclaré des cas de paludisme au cours de la semaine
précèdent l'enquête ont été
considéré. Il y'en a 40 pour Sourkoudougou, 58 pour VK5 et 69
pour VK7. Les résultats ont ensuite été extrapolés
à l'échelle du village. Ce choix se justifie par la
récente survenue de l'épisode paludique dans ces familles, elles
ont plus de chance d'avoir des détails sur les itinéraires
choisis. On obtient les résultats consignés dans la figure 20.
Figure 20 : Les recours pour les soins anti
palustres.
Le CSPS et l'automédication moderne sont les recours de
soins antipaludique utilisé par la population de Sourkoudougou. Les
quartiers rizicoles au contraire utilisent tous les trois
84
recours cités plus haut. Le CSPS est le recours de
soins le plus utilisé pour soigner les accès palustres quel que
soit le village. Selon la figure 21, Sourkoudougou a le plus fort taux de
fréquentation de CSPS, ensuite VK5 puis VK7. Après le recours aux
CSPS, les tendances varient d'un village à l'autre. La population de
Sourkoudougou utilise seulement l'automédication moderne. Celle de VK5
utilise les soins traditionnels puis l'automédication moderne. Par
contre, leurs homologues de VK7 préfèrent l'automédication
moderne d'abord puis les soins traditionnels.
L'offre de soins influence considérablement le recours
aux soins dans la zone. L'effet de la distance se ressent au niveau des taux de
recours au CSPS. Ce taux décroit au fur et à mesure que la
distance entre le CSPS et les populations s'accroit.
Tableau 10 : Matrice des distances et des taux de
recours aux CSPS
VK5 VK7 Sourkoudougou
Distance au CSPS (km)
|
1,9
|
3,4
|
00
|
Taux de recours (%)
|
86,21
|
71,01
|
90
|
En ce qui concerne les autres recours possibles, leur choix
dépend de leur disponibilité. On constate que les choix se font
selon le principe de lex parcimoniae où les populations
choisissent le recours le plus proche. Pour cela, les habitants de
Sourkoudougou choisissent l'automédication moderne après le CSPS
(dans le village) disposant d'un dépôt pharmaceutique.
L'accessibilité de ces deux recours est alors le même. Ceux de VK5
préfèrent plutôt les soins traditionnels d'abord et ensuite
l'automédication moderne. Ils doivent se déplacer pour
accéder aux comprimés dans le CSPS de Bama où se trouve
aussi le dépôt pharmaceutique le plus proche. Les habitants de VK7
doivent aussi se déplacer au CSPS de Bama mais disposent d'un
dépôt pharmaceutique distribuant essentiellement des
antipaludéens et utilisent donc majoritairement l'automédication
moderne après le CSPS. Le recours au CSPS se trouve alors plus
importante dans ce quartier. Les soins traditionnels se trouvent en
dernière position.
La sortie de comprimés antipaludéens suit
globalement la tendance de la prévalence du paludisme dans le quartier
(Figure 21, page 85).
Figure 21 : Les ventes d'antipaludéens et le
taux de prévalence palustre à VK7.
Prévalence du paludisme (%)
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
Nombre de traitement antipaludiques
140
120
100
80
60
40
20
0
Jan Fév Mar Avr Mai Juin Juil Aout Sept Oct Nov
Déc
Nombre de traitement Taux accès paludisme
Source: Dépôt pharmaceutique de VK7 et CSPS de Bama,
Vallée du Kou.
Ces résultats divergent de ceux de TAHYO M. En 2000, ce
dernier a trouvé que les formations sanitaires (CSPS) occupaient la
troisième position après l'automédication traditionnelle
(appelée soins traditionnels dans cette étude) et les
tradipraticiens au niveau du premier itinéraire thérapeutique des
malades du paludisme de Bakaribougou et de Samandéni.
L'automédication moderne était le dernier recours de ces
populations pour soigner le paludisme.
85
86
|