Section 3 : Les actions des altermondialistes
Au delà des coups d'éclats, dont ceux de Jose
Bove avec en particulier pour cible les organismes génétiquement
modifiés (OGM) parmi lesquels la destruction de milliers de plusieurs
milliers de plants de riz transgénique en 1999, les actions des
altermondialistes peuvent être reparties en 3 périodes bien
distinctes.
3.3.1. Les années 1990
Cette période coïncide avec la multiplication de
mobilisations locales et nationales contre le néolibéralisme dans
toutes les régions du monde au milieu des années 1990. Au cours
de cette époque, le mouvement altermondialiste était
essentiellement organisé, d'une part, autour de campagnes
internationales (comme celle contre la dette du tiers-monde), des
réseaux et des rencontres d'intellectuels militants et d'ONG et de
contre-sommets , d'autre part, sur des mobilisations populaires massives
au niveau local et national, comme les « guerres de l'eau »
en Bolivie, ou de paysans dans toute l'Asie.
Au milieu des années 1990, des acteurs très
divers se sont mobilisés contre les politiques
néolibérales, dénonçant notamment l'influence
croissante de l'Organisation Mondiale du Commerce, le poids de la dette du
Tiers Monde et le pouvoir des multinationales : des mouvements
indigènes, particulièrement médiatisés à
partir de la révolte des zapatistes au Mexique, la « guerre de
l'eau » en Bolivie, les coalitions sud-africaines contre les
privatisations, les mouvements des petits paysans en Asie et en Amérique
latine, réunis à partir de 1993 dans le réseau global Via
Campesina, qui revendique aujourd'hui près de 200 millions de membres
à travers le monde ; des syndicats, particulièrement
mobilisés en Corée du Sud ; des intellectuels
progressistes ; des écologistes ; la Marche Mondiale des
Femmes ; des activistes libertaires et des réseaux de jeunes
« alter-activistes », des centaines d'ONG et des dizaines
de milliers de « simples citoyens ».
Cette époque a également été
marquée par la multiplication des
« contre-sommets », autour des grandes rencontres des
institutions internationales. Les mobilisations altermondialistes à
Seattle en 1999 et l'échec du sommet de l'Organisation Mondiale du
Commerce ont eu une grande portée symbolique et ont incarné le
message central de l'altermondialisme : de « simples
citoyens » peuvent avoir un impact jusqu'au plus haut niveau de
décision international.
3.3.2. 2001-2005
Tous ces acteurs se sont retrouvés au premier Forum
Social Mondial, organisé à Porto Alegre (Brésil) en
janvier 2001 et qui marque le début d'une nouvelle phase. Au cours des
cinq années qui suivirent, des centaines de Forums Sociaux furent
organisés au niveau local, national, continental et mondial.
Plutôt que l'opposition à une institution internationale qui fut
au coeur des contre-sommets, les forums ont pour objectif de favoriser les
échanges entre des militants de différentes parties du monde
autour des alternatives qu'ils mettent en oeuvre. Le premier Forum Social
Européen de Florence, le Forum Social Mondial 2004 à Mumbai et le
Forum Social Mondial 2005 à Porto Alegre, qui ont respectivement
rassemblé 50.000, 120.000 et 170.000 personnes, figurent parmi les plus
grands succès de l'altermondialisme, tant au niveau de la mobilisation
populaire et des échanges qui s'y sont créés autour de
différents espaces thématiques qu'en matière
d'organisation, plus ouverte et horizontale que les éditions
antérieures des Forums Sociaux.
L'opposition à la guerre en Afghanistan et en Iraq fut
un axe majeur du mouvement entre 2002 et 2004. L'initiative de la manifestation
globale qui a rassemblé entre 10 et 20 millions de personnes le 15
février 2003 a par exemple été lancée par les
Forums Sociaux. Au cours de cette période, les Forums Sociaux ont
bénéficié d'un tel écho populaire et
médiatique que les leaders progressistes latino-américains s'y
sont régulièrement retrouvés et que même des
politiciens de droite ou des représentants de la Banque Mondiale ont
voulu y participer. Cette période correspond aussi à
l'arrivée au pouvoir de gouvernements progressistes en Amérique
latine.
3.2.3. Depuis 2011
Entre 2005 et 2010, le monde arabe a été la
région où se sont tenus le plus grand nombre de forums sociaux
internationaux. C'est de cette région qu'est partie en 2011 une vague
globale de mouvements. Ils ont dénoncé les politiques
d'austérité, en rappelant que ce sont les dérives de la
finance et non celle des Etats sociaux qui étaient à l'origine de
la crise. Au-delà de la crise économique, les
« indignés » et le mouvement
« occupy » ont surtout dénoncé la crise de la
démocratie. Ils se sont insurgés contre l'absence de choix offert
par les principaux partis de la démocratie représentative, contre
les inégalités et contre la collusion entre les
« 1% » les plus riches et les dirigeants politiques. Pour
les indignés et les activistes d'Occupy, la démocratie n'est pas
qu'une revendication, elle est aussi (et surtout) une pratique.
L'expérimentation d'une démocratie directe, participative et
horizontale dans les débats, les processus et l'organisation de la vie
quotidienne était le coeur de leurs campements et de leurs
assemblées de quartier.
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