CONCLUSION
En conclusion générale de ce mémoire,
nous pouvons tout d'abord rappeler notre problématique de départ
qui était la suivante :
Nous nous étions alors interrogés sur les
rapports que pouvaient avoir les industries créatives et leurs liens
avec le territoire. Nous nous étions également demandé si,
par le biais d'interactions au sein d'un pôle, celui-ci pouvait devenir
un cluster.
Dans le cas des friches culturelles, il s'agit d'un
rassemblement sur un même lieu abandonné d'artistes et
associations qui souhaitent créer et offrir une nouvelle forme de
culture. Lorsque, au sein d'une friche culturelle, les intermittents
travaillent ensemble sur un même projet de développement, ceux-ci
développent une certaine proximité organisationnelle.
L'étude de cette proximité ajoutée aux proximités
géographique, institutionnelle, cognitive et sociale nous a permis de
mieux comprendre le principe du cluster créatif. En effet, au sein d'un
cluster, les entreprises sont obligatoirement proches géographiquement
mais le sont également de façon organisée. Cette
proximité organisée se met d'ailleurs bien souvent en place par
une institutionnalisation du projet entre firmes. Un cluster joue donc sur de
nombreuses proximités qui en font un Système Productif Local
durable.
Nous nous sommes alors demandé si la friche culturelle
pouvait être un cluster. Nous avons alors supposé qu'il
était tout à fait possible qu'il y ait des interactions en son
lieu mais le fait qu'elle soit constituée d'associations n'en fait pas
un SPL. Par contre, nous avons émis l'hypothèse qu'un ensemble de
pôles rassemblant des industries culturelles et créatives
pourraient être un cluster. Nous avons ainsi comparé ce
schéma au Pôle de la Belle-de-Mai. Après analyse, nous
avons vu que les entreprises avaient une certaine proximité
organisationnelle au sein de chaque pôle. Nous avons ensuite
constaté que ces entreprises ne partageaient pas forcement de liens avec
celles des autres pôles. Il ne semble pas non plus exister de
proximité institutionnelle donnant des directives aux trois îlots
quant à de possibles interactions. De plus, la plupart des
établissements ne sont pas des industries créatives. Nous avons
supposé que cela était dû à l'attribution des
secteurs d'activités et des codes NAF mais aussi que ces données
pouvaient tout à fait être correctes. Dans ce cas, la
différence entre discours politique, projets institutionnels et
réalité est tout à fait conséquente. Ainsi, nous
pouvons en conclure que le Pôle Belle-de-Mai ne peut être un
cluster puisque, hormis une proximité géographique entre
entreprises, rien ne montre une synergie entre les pôles.
Concernant notre problématique sur l'ancrage
territorial des entreprises, nous avons réparti notre travail selon deux
axes d'analyse. D'un coté, nous avons rapporté les dires des
acteurs locaux pour cerner le rapport qu'entretiennent les industries avec le
quartier. Nous avons ensuite questionné les salariés pour
analyser leur encastrement. Nous avons ainsi conclu à de grandes
divergences selon les pôles :
La Friche, bien que tournant le dos à son quartier d'un
point de vue physique, tente de plus en plus de faire de l'intégration
de la population un de ces objectifs d'avenir ;
Le Pôle Média n'a pas de directives sociales ou
sociétales et ne s'intéresse pas vraiment au quartier ;
Le Pôle Patrimoine, en dehors d'évènements
ponctuels de type journées du patrimoine où la population est
invitée à se rendre sur le site, a pour seul objectif la
conservation et la restauration du patrimoine.
La Friche semble donc être la plus ancrée sur le
territoire par ces projets d'intégration et ce malgré la
réticence de la population à son égard.
De plus, la réhabilitation de l'ancienne manufacture
n'a pas vraiment eu d'impact positif sur le quartier. En effet,
l'insécurité et les inégalités sociales perdurent
depuis la fermeture de la manufacture des tabacs. Pourtant, le Pôle
semble se développer sans aucun problème. Finalement, lorsque
dans la théorie le territoire doit être attractif et innovant pour
attirer les industries créatives et pour leur permettre de se
développer, dans la réalité, territoires et industries
créatives se développent de manières totalement
disjointes.
Concernant l'encastrement des individus, là aussi des
inégalités apparaissent. Mais, globalement, les salariés
consomment dans le 3ème arrondissement. Certains le font
parce qu'ils y vivent, d'autres par choix et beaucoup le font parce qu'ils y
travaillent. Pourtant, la plupart des salariés sont insatisfaits des
équipements dont le 3ème arrondissement dispose. Le
lieu de travail et la proximité avec le quartier semblent donc jouer un
rôle dans l'encastrement des individus et surtout dans leur consommation.
En règle générale, les salariés sont
également satisfaits de travailler à la Belle-de-Mai
professionnellement parlant. D'un point de vue personnel, le fait que le
quartier est insécurisé et insalubre ressort assez souvent.
En fin de compte, même si les salariés ne
s'intéressent pas toujours au quartier et à ces nombreux
problèmes, ils leurs arrivent de s'y rendre et participent ainsi
à l'économie locale.
Pour finir, nous pouvons dire que les vrais problèmes
à la Belle-de-Mai sont souvent cachés derrière un discours
politique qui met seulement en avant la réussite économique des
pôles. On rejette trop souvent la faute sur le pôle et plus
particulièrement sur la Friche quant à son renfermement vis
à vis du quartier. Mais le projet de départ était de
développer de la culture pour Marseille, et non pas de redynamiser le
quartier. Le but de l'ensemble était de donner à la ville un
pôle créatif la rendant plus attractive et lui permettant
d'être concurrente dans l'économie mondiale.
L'institutionnalisation du projet et le discours des politiques sont donc
très importants dans la perception de ce pôle et des entreprises
qui y sont implantées.
Notre mémoire et notre analyse des interactions et
ancrage territorial de la Belle-de-Mai nous ont amenés à nous
questionner sur le rôle du marketing territorial dans le
développement d'un écosystème où les entreprises
fonctionneraient de manière synergique entre elles et avec leur
territoire. Nous pourrions également nous demander l'influence qu'ont eu
les pôles les uns par rapport aux autres. Par exemple, est-ce que le fait
que le développement des industries créatives se fasse sur un
territoire où une friche culturelle existait déjà leurs a
permis de se développer plus rapidement ? Finalement, est-ce que la
présence d'une friche culturelle peut influencer le développement
d'un cluster créatif dont la proximité géographique est
notable.
|