Interactions et ancrage territorial des industries créatives: le cas de la Belle-de-Mai à Marseille( Télécharger le fichier original )par hélène sEVERIN Université Aix-Marseille - Master 2 géographie du développement 2015 |
2. Rapport au territoire et impressions liées à son attractivitéNous verrons dans ce sous chapitre, quel est le rapport qu'entretiennent les salariés avec le territoire de la Belle-de-Mai. Nous allons tout d'abord étudier leur mobilité avec d'un coté la mobilité résidentielle et de l'autre le turn-over. Nous verrons ensuite comment les salariés jugent le quartier en matière d'équipements et enfin comment ils perçoivent la réhabilitation par rapport au quartier. a) Importance de la mobilité dans le rapport de l'individu au territoireMobilité résidentielle : Nous avons analysé, dans notre précédent sous-chapitre, le rapport qu'ont les individus avec leur territoire. Ce rapport est un rapport de consommation puisqu'il se définit par les pratiques qu'ont les salariés du pôle dans le troisième arrondissement dont fait partie le quartier de la Belle-de-Mai. Après analyse, il semblerait que ces pratiques diffèrent selon l'îlot où les salariés travaillent et selon des critères personnels. Dans ces critères, que ce soit pour les personnes qui consomment ou celles qui ne consomment pas, plusieurs explications ressortent : la proximité du travail, la proximité du logement, les offres, les prix, le temps. Il semblerait donc que la mobilité fasse partie de ces justifications, c'est pourquoi nous avons décidé d'étudier les lieux de résidence des salariés. Avec seulement 246 réponses à notre questionnaire et ayant la possibilité d'avoir une base de données plus fournie, nous nous sommes basés sur l'enquête accessibilité réalisée par l'AGAM en 2014 (730 réponses). Après analyse, nous sommes parvenus à la cartographie suivante : Carte : répartition des salariés du Pôle Belle-de-Mai selon leur commune de résidence principaleTout d'abord, on remarque que la plupart des salariés vivent dans le département des Bouches-du-Rhône. On remarque également que les taux de répartition les plus élevés se trouvent à Aix-en-Provence, Allauch et Marseille (bien que ceux-ci ne se situent qu'entre 1% et 10%). On a donc une répartition assez homogène sur le département excepté Marseille où se concentrent 78,49% des salariés. Lorsque l'on se concentre sur Marseille, on remarque que les salariés sont également répartis de façon homogène. Les arrondissements où se concentrent le plus de salariés sont les 1er, 4ème, 5ème et 6ème. Le 3ème arrondissement ne concentre que 4,54% des salariés. On peut donc se demander en quoi joue cette proximité du logement dans le rapport des salariés au territoire. Elle a forcement un impact sur leur consommation. En effet, une personne qui vit dans un quartier aura tendance à plus consommer dans ce quartier pour des questions de proximité, de gain de temps, et même de préférence dans certains cas. Mais on peut aussi se demander comment les salariés du pôle qui vivent dans le troisième ont été amenés à s'y installer. Est-ce qu'ils ont choisi leur lieu de vie par rapport à leur lieu de travail ? Dans ce cas la proximité géographique entre le lieu de travail et le territoire aurait un rôle. Est-ce qu'ils ont choisi leur lieu de travail par rapport à leur lieu de vie ? Dans ce cas c'est la proximité du territoire avec l'entreprise qui joue un rôle. Finalement, est-ce que le fait que leur lieu de travail soit à la Belle-de-Mai les a incité à s'installer dans le quartier, c'est-à-dire est-ce que le fait d'être tous les jours sur ce territoire leur a donné l'envie de s'y installer ? Si tel est le cas, alors ces salariés sont d'autant plus ancrés que les autres. Ils vont consommer dans le quartier parce qu'ils y travaillent mais aussi parce qu'ils y vivent. Ils vont également avoir un rapport citoyen différent des salariés qui vivent en dehors du territoire. Plus il y a de salariés qui vivent sur le territoire, plus leur encastrement est fort. Finalement, dans le cas de la Belle-de-Mai où très peu de salariés vivent dans le troisième arrondissement, on peut se demander si le fait qu'ils y vivent ne fausse pas plutôt les résultats, c'est-à-dire que quoi qu'il arrive, ils auront un rapport au territoire et des consommations plus importantes qu'un salarié qui n'y vit pas. On ne peut donc pas vraiment mesurer l'impact du lieu de vie sur l'encastrement territorial d'un salarié, bien qu'il semble judicieux de le prendre en considération puisqu'une personne qui ne vit pas sur le territoire aura forcement été incitée par une cause externe pour y consommer. En revanche, si l'on avait obtenu des taux bien plus forts de salariés qui résident dans le troisième arrondissement, nous aurions alors pu en conclure que l'encastrement des salariés était conséquent et qu'il serait dû au fait que leur travail est à proximité géographique du territoire et que leur lieu de vie l'est également. On peut donc considérer que la proximité géographique entre travail et territoire à la Belle-de-Mai joue davantage sur l'encastrement que celle entre logement et territoire. Le turn-over : Au même titre que le lieu de résidence, le turn-over semble pouvoir jouer sur l'encastrement des salariés. Comme nous l'avons expliqué en seconde partie, le pôle est constitué d'entreprises récentes mais aussi de salariés qui sont sur le territoire depuis peu de temps. La pépinière d'entreprise et l'incubateur reçoivent par exemple des entreprises pendant une durée définie de vingt-quatre mois maximum. De plus, au sein de ces regroupements d'entreprises, peu d'entrepreneurs sont présents. Ils viennent bien souvent seulement pour des réunions et rendez-vous. Ils n'ont donc pas forcement le temps de s'intéresser à ce qu'il se passe dans le quartier. C'est d'ailleurs au Pôle Média que l'on a le taux le plus faible de salariés qui ont déjà eu recours à des achats de biens ou des services dans le troisième arrondissement avec seulement 57% du total. Ensuite, les salariés de l'ensemble du pôle sont sur le site depuis moins de 5 ans pour 60% d'entre eux116(*). C'est donc 60% de salariés qui ont eu peu de temps pour découvrir le quartier et s'intéresser à son offre. Pourtant, les raisons qui ressortent le plus souvent à la question « pourquoi ne consommez-vous pas dans le troisième arrondissement ? » sont les offres peu attractives, la proximité et les préférences personnelles. Le manque de temps est seulement cité au Pôle Patrimoine. Il semblerait donc que les salariés ne se rendent pas dans le quartier pas parce qu'il ne le connaissent pas, mais parce qu'ils préfèrent tout simplement aller ailleurs. * 116 Données : enquête accessibilité Belle-de-Mai, AGAM, 2014 |
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