3. Pourquoi
l'écosystème ne se développe pas en synergie ?
Pour résumer, les
pôles des entreprises qui ont quelques partenariats au sein de leur
structure. Les entreprises fonctionnent plus ou moins de manière
synergique. Bien qu'il y ait des exceptions, on peut considérer que ce
sont des écosystémes où l'échange est basé
sur le fait que les industries qui y sont présentes appartiennent aux
mêmes secteurs d'activités. En contrepartie, la proximité
organisée entre les trois pôles ne semble pas aboutir. Mais alors,
pourquoi, bien que le Pôle de la Belle-de-Mai semble être un
parfait système favorable aux industries créatives et
culturelles, celles-ci n'évoluent-elles pas en réseau ?
a) Une distinction récurrente
entre les pôles
La première cause possible
au fait que l'écosystème ne se développe pas en coalition
est la distinction récurrente des trois îlots. Ce discernement
n'est pas seulement présent au sein des projets et des discours
politiques, il l'est tout autant de la part des acteurs qui pratiquent le
Pôle de la Belle-de-Mai, c'est-à-dire les entrepreneurs et
salariés.
Dans le projet de réhabilitation, la distinction est
présente dès la nomination des trois pôles. La
« Friche » reste un nom plutôt péjoratif, elle
fait référence à un lieu laissé à l'abandon,
vacant. D'autres industries culturelles en France ont choisit des noms plus
accrocheurs, où l'ambition du lieu est illustrée comme
« nouveau » et non pas comme « ancien
réhabilité ». C'est par exemple le cas des Friches
Confort Moderne à Poitiers, le Tout Nouveau Théâtre
à Bordeaux ou encore les Mains d'oeuvres à Paris. En revanche,
concernant le Pôle Média, le nom est bien plus vendeur. Parler
d'un « pôle » laisse forcement penser qu'il y a de
l'échange, que c'est un réseau fort, et
« média » s'apparente aux nouvelles technologies,
aux multimédia, au développement des industries créatives.
Le « Pôle Patrimoine » quant à lui, fait
référence à un site ou des professionnels sont mis en
synergie autour de la conservation du patrimoine.
Mais la distinction entre les pôles ne se fait pas
seulement par leur nom. Elle est récurrente. Nathalie AVERSENQ, qui
gère le projet Pôle Média, nous dit avoir appris que le
Pôle Média, le Pôle Patrimoine et la Friche faisaient partie
du même bâtiment seulement en rencontrant le directeur de la
Friche.
Mais bien que cette distinction soit défavorable
à la création d'échange, n'est-elle pas nécessaire
au développement de chacun des pôles ? On peut supposer, par
exemple, que si les trois pôles étaient
« liés », la Friche pourrait, de par sa
notoriété, faire de l'ombre au Pôle Média, et que ce
dernier pourrait lui même faire de l'ombre au Pôle Patrimoine.
L'image que dégage chacun des sites lui est propre, il ne dépend
pas de son environnement alentour. Bien évidemment, si la Friche n'avait
pas été là, la ville de Marseille ne se serait sans doute
pas intéressée à la Belle-de-Mai. Et bien
évidemment, si elle ne si était pas intéressé, le
Pôle Média et le Pôle Patrimoine ne seraient sans doute pas
regroupés ici, sur un seul et même site. On peut donc se demander
si le problème ne vient pas, en amont, de la politique de la ville qui,
d'un coté, veux créer un pôle de
compétitivité avec le Pôle Média, de l'autre,
créer un centre de conservation du patrimoine pour améliorer son
attractivité et enfin, soutenir un projet associatif à la Friche
afin de développer la ville économiquement et lui donner une
meilleure image. Est-ce que le fait d'avoir des perspectives et des objectifs
aussi distincts n'est pas, finalement, un frein à la
collaboration ? Le problème vient-il des entreprises et
associations qui ne se connaissent pas et qui n'échangent pas ou de la
politique de la ville qui n'a pas, d'emblée, encouragé les
entreprises et associations à interagir ?
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