Chapitre 3 : Analyse
dynamique des proximités
Ce chapitre fait suite aux deux
précédents et regroupe les différentes notions de
proximité. Il a pour but d'en définir les termes et de comprendre
leurs liens et leurs limites. Nous nous baserons notamment sur l'analyse qu'y
en est faite depuis le début des années 1990 par des
économistes, des sociologues et des géographes. Cette analyse est
en partie fondée sur le dyptique « proximité
géographique/proximité organisée ». En premier
lieu, nous rédigerons un inventaire succinct de l'analyse de la
proximité. Nous définirons ensuite plus particulièrement
les notions de proximité géographique et organisée et nous
finirons par les mettre en liens dans une perspective de développement
et d'innovation. L'analyse de se rapport qui définit notamment le
principe de cluster qui peut se développer au sein d'une Friche
culturelle va nous permettre de comprendre les limites de ces
écosystèmes.
1. L'école de la
proximité
a) Les différentes approches de la
proximité
Le groupe "Dynamiques de Proximité" composé
d'économistes, sociologues et géographes, porte depuis le
début des années 1990 une réflexion collective qui vise
à mettre en évidence des convergences et cohérences dans
les nouvelles approches théoriques de l'espace. Il se base notamment sur
le fait que l'espace n'est pas neutre et qu'il doit être pris en compte
dans les analyses. Leur ambition est d'expliquer la nature des effets de
proximité et de contribuer à la valorisation de cette espace dans
les sciences sociales. En effet, « l'objectif principal de ce groupe
de?recherche est de déterminer la nature des?effets de la
proximité et d'établir le rôle?endogène de l'espace
dans la théorie économique. » (BOSCHMA, 2004)L'approche
de la proximité se fait en deux courants majeurs qui font respectivement
appel à deux (proximité organisée et géographique)
ou trois catégories générales (proximité
géographique, organisée et institutionnelle) d'une part, et
à cinq proximités d'autre part. Les chercheurs traitent la notion
de proximité comme une catégorie avec de nombreuses implications
sociales, politiques et économiques. La notion de proximité
couvre donc de nombreuses dimensions. Le plus souvent, les chercheurs
étudient la proximité sous deux formes : géographique
et organisée. Il existe tout de même des exceptions. Certains
chercheurs vont jusqu'à étudier cinq formes de
proximité (KIRAT et LUNG, 1999 ; MASKELL et MALMBERG,
1994 ; NOOTEBOOM, 2000 ; BOSCHMA, 1999) : les deux
précédentes auxquelles s'ajoutent la proximité
institutionnelle, la proximité cognitive et la proximité sociale.
BOSCHMA, par exemple, explique que la proximité rend compte à la
fois d'un espace de relations et d'un espace de références et de
connaissances (dimensions comportementales et cognitives des formes
organisationnelles). Il différencie la coordination au sein d'un
réseau et les liens cognitifs des formes organisationnelles. On a non
plus deux mais trois proximités : la proximité
institutionnelle vient ainsi s'additionner.
D'autres chercheurs choisissent d'étudier la
proximité selon deux grandes catégories (GILLY, TORRE,
2000 ; RALLET et TORRE, 2004 ; TORRE, 2010) : la
proximité géographique et la proximité organisé.
Selon eux, « ces notions recouvrent avant tout un potentiel, offert
aux individus, aux groupes, aux actions humaines en général, dans
leurs dimensions techniques et institutionnelles, potentiel qui peut ou non
exister à un instant t et donc être mobilisable ou
activable par l'action et les représentations des acteurs humains ou non
humains. »
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