b)
PORTER pour l'innovation et la compétitivité
o de l'oubli de l'enseignement des analyses en matière
de système national d'innovation...
Selon FREEMAN (1988), l'innovation technologique ne peut se
comprendre indépendamment du contexte socio-institutionnel dans lequel
elle s'insère et qui la favorise. Puis, d'autres auteurs comme CARLSSON
et STANKIEWICZ en 1991, LUNDVALL en 1992, METCALFE, 1995, FREEMAN en 1995,
NELSON en 1988 et 1993 ont étudié ce concept d'une manière
plus approfondie. Selon eux, « l'innovation ne peut être
appréhendée uniquement d'un point de vue micro-économique
[...] mais il est nécessaire d'intégrer des
éléments contextuels à l'entreprise qui relèvent du
pays dans lequel elle est localisée. ». Ces analyses en
matière de systèmes d'innovation vus à échelle
nationale ont fait l'objet de nombreuses critiques (DELAPLACE, 2001). Ainsi, on
aboutit à une remise en question de cette étude. L'existence de
« déséquilibres régionaux dans l'innovation et
les performances de croissance » (Mac KELVEY, 1991) suppose que la
nation n'est pas l'échelle la plus pertinente et que les espaces
intra-nationaux pourraient jouer des rôles bien plus fondamentaux dans la
capacité des firmes à innover.
o ... à la nécessité d'articuler les
différentes échelles spatiales de l'innovation
C'est PORTER (1999) qui choisit le premier d'analyser
différentes échelles spatiales de l'innovation. Son étude
du concept de cluster a rapidement été utilisée comme
politique économique. Néanmoins, son analyse reste une analyse
plutôt globale des déterminants de la compétitivité
d'une entreprise. Selon lui, « la compétitivité des
firmes dans une industrie et un pays donnés peut être
analysée à partir de quatre grands déterminants
stratégiques qui se renforcent les uns les autres (le contexte de la
stratégie et de la rivalité d'entreprises, les conditions des
facteurs de production, les conditions de la demande et les industries connexes
et reliées qui constituent, au sens strict avec l'industrie
considérée, le cluster) » (DELAPLACE, 2011). Les
grappes industrielles (par traduction du terme « cluster ») sont le
produit des interactions entre ces quatre éléments. Ces quatre
déterminants représentent donc l'avantage concurrentiel des
entreprises. Le cluster ne fonctionnera donc que si ces quatre
déterminants entre en relation et pas seulement au niveau local
(toujours selon PORTER). Si ces quatre éléments entrent en
relation, alors le cluster sera une concentration géographique
d'entreprises d'un même secteur qui collaborent et qui seront en
concurrence.
PORTER voit également le cluster comme
auto-renforçant. En effet, il permettrait de stimuler les
stratégies compétitives des firmes ; et les firmes, par
leurs stratégies compétitives, renforceraient la
compétitivité du cluster. Toujours selon lui, l'organisation d'un
écosystème de type cluster permettrait l'accroissement de la
productivité des firmes et des industries, le renforcement de leur
capacité d'innovation et la stimulation du développement de
nouvelles activités et de nouvelles firmes. PORTER, contrairement
à de nombreuses théories, utilise les comportements individuels
ainsi que la dimension spatiale pour comprendre les changements. Grâce
à ce changement, on peut ainsi étudier les relations qu'ont les
acteurs entre eux et non plus les entreprises entre elles.
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