Les relations économiques internationales et l'exploitation des ressources minières de la RDC( Télécharger le fichier original )par Dinah IRAGI KAJUCHI Université Officielle de Bukavu - Licence en relations internationales 2011 |
Paragraphe 2. L'économie de la RDC au regard de ses ressources minièresDisons à première vue qu'en dépit de plusieurs difficultés qu'elle connaît, l'exploitation minière en RDC demeure encore le fer de lance de l'économie nationale de part la hauteur de sa participation au PIB (28%).29(*) Les exploitations des produits minières représentent, quant à elles, en valeur, près de 70% de la valeur totale des exportations de la RDC.30(*) Bien que progressivement reconnectée l'économie mondiale et dotée d'un programme de reconstruction, l'économie congolaise a subi les conséquences de la guerre à l'Est du pays et de la crise mondiale. Les maigres recettes congolaises étant issues des exportations des ressources naturelles, le pays a subi de plein fouet la chute des prix mondiaux suite à la crise financière et à la récession qui ont frappé les pays industrialisés. Au cours du second semestre 2008, les cours de cuivre ont chuté de 75%, les diamants de 40% et le cobalt de 20%, ce qui a entrainé un ralentissement brutal de la croissance économique. Plusieurs sociétés minières, comme AnvilMining et Katanga Mining, ont suspendu des investissements et plusieurs usinesont cessé leurs activités. Ce qui a provoqué la perte de plus de 300 emplois dans les mines et les usines autour de Lubumbashi.31(*) En effet, le ralentissement des activités économiques et des revenus d'exploitation a réduit à peau de chagrin les réserves de change du pays, qui ne représentaient plus en Février 2009 qu'une trentaine des millions de dollars (soit moins de 2 journées d'importation) et exposaient le Congo aux risques de crises de solvabilité.32(*) En outre, lorsque, à titre de rappel, Mobutu prend le pouvoir en 1965, l'économie de l'Etat indépendant du Congo se développe notamment grâceaux exportations du cuivre et la croissance dépasse 7% par an jusqu'au début des années 1970. Mais la chute de 50% des cours de cuivre au milieu des années 1970, l'échec de la « zaïrianisation », puis la crise de la dette plongent le pays dans une crise économique...qui n'empêche pas Mobutu d'exploiter illégalement des diamants et du cuivre pour alimenter sa cassette personnelle.33(*) Il en résulte une désintégration progressive de l'Etat zaïrois et de son secteur minier, les recettes ordinaires de l'Etat étant divisées par dix entre les années 1980 et les années 1990. A la fin de la guerre froide, c'est un Etat en faillite qui coupe les ponts avec les bailleurs de fonds internationaux. Dans ce contexte, Kengo Wa Dondo, Premier Ministre d'un Mobutu en fin de parcours, annonce en Mai 1995, la restructuration de la Gécamines impliquant une privatisation et un découpage en tranches de l'ex-géant minier pour être revendue l'année suivante à des sociétés minières étrangères. Mais, ce plan est contrecarré par la première guerre de 1996 emmenée par l'AFDL de Laurent Désiré KABILA et qui débouche sur la chute de Mobutu en mai 1997. L'AFDL de Kabila redistribue les concessions minières au fur et à mesure de ses avancées sur le territoire congolais. Ayant besoin des liquidités pour payer les armes, l'armée et l'appareil politico-administratif de l'AFDL, Kabila négocie avec de petites sociétés étrangères (de « Juniors ») qui lui avancent les fonds de concessions minières en spéculant sur les futures victoires militaires.34(*) A la fin de la guerre, les concessions ont été ainsi transférées à des sociétés américaines, canadiennes, sud-africaines, zimbabwéennes. La seconde guerre déclenchée en Août 1998 débouche sur la division du pays en quatre territoires autonomes dirigés par les différents groupes rebelles et un cinquième territoire contrôlé par le Gouvernement de Désire Kabila. (RCD Goma contrôlant le Sud-Kivu, le Maniema et une partie de deux Kasaï voire du Nord-Kivu, du Katanga et de la province orientale ; le MLC contrôlant une partie de l'Equateur et de la province orientale ; le RCD-ML contrôlant une partie du Nord-Kivu et de la province orientale, le RCD-N contrôlant quelques territoires de la province orientale.35(*) Après la mort de Laurent Désiré Kabila et son remplacement par Joseph Kabila, le Gouvernement a renoué avec les institutions financières internationales qui l'ont incité à adopter dès 2002 un code minier et un code forestier pour promouvoir l'exploitation des ressources naturelles au profit de l'économie congolaise. Dans son histoire, nous l'avons encore dit dans la problématique de cette étude, les exploitations du cuivre, du cobalt, du zinc et d'autres métaux ainsi que celle du pétrole ont procuré à la RDC près de 75% de revenus, lesquels lui ont permis de contribuer, de par ses exportations, au PIB à hauteur de 25%. En dépit de l'abondance des matières premières, l'économie congolaise s'est pratiquement effondrée au cours de dernières décennies à cause de la mauvaise gestion. Aujourd'hui, après les élections multipartistes organisées en 2006 au pays, la RDC n'est pas logiquement reconstruite à partir des richesses de son sol ou de son sous-sol, ce qui fait calfeutrer son économie dans une situation peu confortable. Avec ces élections, pense Alain de Georges SHUKURANI, on aurait pu croire à un génie salvateur qui viendrait libéraliser l'espace politico-administratif du pays en redonnant l'espoir de relever le défi technico-éthique du développement, même si les changements politiques qualitatifs positifs sont le produit d'une longue durée.36(*) Dans ces conditions, nous sommes amenée à dire que la RDC, au regard de ses ressources minières, ne devrait naturellement pas souffrir de la crise, de la régression ni de la récession économiques. L'économie de la RDC est l'une des moins compétitives d'Afrique, la RDC faisant partie des pays les moins avancés et étant classée parmi les nations les plus pauvres du monde. La structure économique de la RDC est comparable à celle des autres pays de l'Afrique centrale mais son économie est handicapée par les conflits de guerre et un des niveaux de corruption les plus élevés de la planète. Les rapports de Transparency International, d'International Crisis Group, de la Licoco (Ligue Congolaise contre la Corruption), de Doing Business nous paraissent éloquents à ces propos. Dans les rapports de deux premiers cités, la RDC occupe la 178ème place sur les 183 Etats du monde étudiés en matière de lutte contre la corruption. Le rapport de la Licoco publié en 2009, pour sa part, table sur la corruption et le détournement des deniers publics par des gouvernants (Gouvernement et Parlement). Ce rapport avait même indiqué la somme d'argent détournée par chaque membre cité. Ainsi, en ce qui concerne l'équipe gouvernementale, le moins corrompu ou détourneur sortait avec une somme de deux millions de dollars, en l'occurrence du Ministre de l'Enseignement Primaire, Secondaire, et Professionnel.37(*) Quant au rapport de Doing Business, il classe la RDC au 175ème rang mondial sur la liste des pays du monde considérés d'après leurs capacités d'offrir de réelles facilités de faire des affaires. La RDC, un des pays les plus vastes et les plus peuplés du continent africain, n'a pas le niveau de vie qui devrait correspondre à ses immenses ressources minières. Après une période de relatif dynamisme économique, la RDC a subi une sévère dépression entre le milieu des années de 1980 et le milieu des années de 2000 liée à une gestion marquée par la corruption, puis aux guerres qui ont ravagé le pays. Avec une croissance de 8,2% en 2008 et de 2,7% en 2009, elle a ensuite été l'un des pays d'Afrique les plus touchés par la crise de 2008-200938(*) Ainsi, nous estimons - avec Alain de Georges SHUKURANI - que l'absence de la bonne gouvernance, la corruption, l'incompétence de la classe politique et le manque de volonté politique ne permettent pas aux dirigeants congolais de mettre en place des structures de changement dont a besoin l'économie nationale pour sa relance. Cela étant, sur la scène politique congolaise règnent encore la cacophonie, l'amateurisme politique et l'irresponsabilité quicréent l'immobilisme du Gouvernement par rapport au redressement socio-économique du pays.39(*) Ceci dit, voici le tableau des indicateurs macroéconomiques témoignant de la moins compétitivité et/ou la faillite de l'économie congolaise. Tableau n°3 : les indicateurs macro-économiques 40(*)
2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions Cela étant, analysons les enjeux qui se tiennent autour de l'exploitation des ressources minières de la RDC. * 29MINANI, Rigobert. Op. Cit, p.2 * 30 Http: //www. mines-rdc.cd : Exploitation minière en RDC, consulté le 14/09/2011 * 31 ZACHARIE, Arnaud, KABAMBA, Bob. Op. Cit, P.77. * 32ZACHARIE, Arnaud, KABAMBA, Bob. Op. Cit, p.78 * 33BAYART, J-F. L'Etat en Afrique. La politique du ventre, Paris, Fayard, 1989, p.120 * 34 ZACHARIE, Arnaud, KABAMBA Bob. Op. Cit, p.106 * 35ZACHARIE, Arnaud, KABAMBA, Bob. Op. Cit, p.107 * 36SHUKURANI, A.-G. Mythes et réalités des politiques publiques de l'actuel régime Joseph Kabila et le redressement socio-économique post-conflit des provinces après les élections de 2006. Cas de la province du Sud-Kivu, mémoire, inédit, FSSPA, SPA, U.O.B, 2008-2009, p.10 * 37SHUKURANI, A.-G. Op. Cit, p.64 * 38http:// www.obsac.com: économie de la RDC, consulté le 14/08/2011 * 39SHUKURANI, A.-G. Op. Cit, p.13 * 40http : //www.obsac.com : économie de la RDC, consulté le 14/08/2011 |
|