D) Le contrôle minutieux exercé par les
investisseurs
Dans un LBO le fort taux d'endettement fait que la
propriété du capital n'est pas dispersée, les financiers
sont de véritables partenaires pour les managers, ils sont
impliqués dans toutes les décisions stratégiques.
Les membres du conseil d'administration sont bien moins
nombreux que dans les entreprises cotées, les réunions du conseil
sont plus fréquentes et les différents problèmes sont
examinés en profondeur.
Denis (1994) décrit les bouleversements au sein du
conseil d'administration de Safeway Stores, après que celle ci ait
été rachetée par Kohlberg , Kravis et Roberts (KKR).
Notons que le rachat a largement été financé par
l'emprunt ; il s'agissait d'un LBO.
Avant le LBO, Safeway avait un conseil d'administration de 18
membres ; quatre d'entre eux étaient salariés de la firme,
l'un était le frère du PDG et les treize autres
étaient des administrateurs indépendants qui détenaient
une part négligeable du capital.
Après le LBO le conseil n'était plus
composé que de cinq membres : le PDG, le vice PDG et trois
associés de Kohlberg, Kravis et Roberts (KKR). Henri Kravis, Robert
MacDonnell et Georges Roberts qui détenaient 90% du capital. Le PDG et
son bras droit détenaient 3% du capital .
Denis (1994) nous rapporte l'interview réalisée
en 1991 de Peter Magowan PDG de Safeway, non remplacé après le
LBO :
« Je pense que le conseil d'administration de
Safeway lorsqu'elle était cotée était un bon conseil, mais
le niveau d'examen minutieux et de questionnement n'est tout simplement pas
comparable. Lors des réunions avec Kravis, McDonnell et Roberts, rien ne
peut être éludé, et le management doit travailler dur pour
se défendre. C'est juste complètement différent de ce qui
se passe dans les entreprises cotées.»
On comprend aisément pourquoi, lorsque les
administrateurs détiennent 90% du capital d'une firme très
endettée, ils sont plus attentifs et curieux lors des conseils
d'administration .
Si le LBO apparaît aujourd'hui comme un véritable
modèle de gouvernance, il n'est reste pas moins que c'est un mode de
financement qui a ses failles. En effet le fort taux d'endettement comporte des
risques .
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