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Droit, sciences économiques
Service Culturel
et gestion
Master 2
Droit et transversalité des pratiques
juridiques
Spécialité Droit du patrimoine et des
activités culturelles
Année 2014/2015
Rapport de stage
Stagiaire : Sandy AUTRET
Maitre de stage : Damien CORDIER, 8 rue du manoir, Oissel
Tuteur pédagogique : Stephane PESSINA-DASSONVILLE,
université de Rouen
«Soutenir les artistes, soutenir la culture, c'est
aimer la France. Car la France, patrie des beaux-arts et des belles lettres,
n'est jamais plus belle, jamais si grande, que quand sa culture rayonne,
resplendit, attire et rassemble. »
Manuel Valls
Sommaire
Abréviations
Titre 1. Présentation de
l'établissement
· Partie1. La Ville
· Partie 2. Le service culturel
· Partie 3. Le rôle qui m'a
été confié
Titre 2 : Apports du stage
· Partie 1. Découverte du cadre
juridique du secteur culturel
· Partie 2. Echecs et
réussites
Titre 3 : La mise en valeur du patrimoine osselien
par l'art urbain : du projet artistique à sa
réalisation
· Introduction
· Partie 1. La phase préparatoire de
recherche et d'établissement du projet
· Partie 2. Rendre le projet possible :
obtenir les droits et les fonds
· Partie 3. La finalisation du projet :
réalisation et bilan
· Conclusion
Annexes
Bibliographie
Table des matières
Abréviations
AFDAS : Assurance formation des activités du
spectacle
Al. : Alinéa
ASS. : Assemblée
CAA : Cour administrative d'appel
CDD : contrat à durée
déterminée
CE : Conseil d'Etat
CGCT : Code général des
collectivités territoriales
CJUE : Cour de justice de l'Union Européenne
CMP : Code des marchés publics
CTS : chapiteaux, tentes, structures.
DRAC : Direction régionale des affaires
culturelles
EDF : Electricité de France
ERP : Etablissement recevant du public
GUSO : Guichet unique du spectacle occasionnel
HT : hors taxes
RCS : Registre du commerce et des
sociétés
REC : Rouen Energie Creative
SACD : société des auteurs et compositeurs
dramatiques
SACEM : Société des auteurs, compositeurs
et éditeurs de musique
SIRET : Système d'identification du
répertoire des établissements
SNCF : Société nationale des chemins de fer
français
TA : Tribunal administratif
TFUE : Traité sur le fonctionnement de l'Union
Européenne
TGI : Tribunal de grande instance
TTC : Toutes taxes comprises
TUE : Traité sur l'Union Européenne
Unédic : Union nationale interprofessionnelle pour
l'emploi dans l'industrie et le commerce
URSSAF : Union de recouvrement des cotisations de
sécurité sociale et d'allocations familiales
ZNIEFF : Zone d'intérêt écologique
faunistique et floristique
Titre
1 :Présentation de l'établissement
Partie 1. La Ville
Afin de mieux appréhender l'établissement dans
lequel il m'a été donné de travailler, il convient de
présenter la géographie et la population de la ville (§1),
les équipements dont elle dispose pour mettre en oeuvre sa politique
culturelle (§2) et le patrimoine qui la compose (§3).
§1. Eléments géographiques et
démographiques
Oissel est une commune semi-rurale qui compteprès de
12 000 habitantset qui est marquée par la
diversité.Diversité géographique car elle est
composée à la fois de la forêt de la Londe, de falaises
(route des roches), de terres agricoles mais également d'une zone
industrielle. Et diversité démographique puisqu'elle est
composée à la fois de nombreux jeunes (environ 27% de moins de 20
ans)et de nombreuses personnes âgées (environ 20% de plus de 60
ans). Il est alors essentiel de répondre à des
intérêts différents, ce qui n'est pas aisé. En
effet, la ville suit une politique de modernisation et d'attraction touristique
sans pour autant déstabiliser les personnes les plus âgées.
Ainsi la ville propose tantôt des concerts de rock, tantôt des
concerts de musique classique. Elle met en place tantôt de l'art
numérique tantôt du tricot urbain.
Cette année, l'accent est mis sur la jeunesse. En effet
sont et serontproposées tout au long de 2015 diverses activités
artistiques aux scolaires, encadrées par des artistes. L'objectif ainsi
visé est d'intéresser les jeunes aux différents arts
plastiques (ils ont et vont travailler avec trois artistes aux
spécialités différentes d'avril à décembre
2015 donc sur deux années scolaires). L'expérience étant
réussie, elle devrait être renouvelée en 2016 avec de
nouveaux artistes.
En tant que collectivité, la commune assume un
rôle d'organisation de la vie culturelle locale et cela via les
équipements structurants, la participation à l'éducation
artistique, le soutien à la vie associative locale mais aussi par ses
compétences en matière d'aménagement et d'urbanisme en
lien avec le patrimoine.
§2. Les équipements culturels de la ville
La ville a une politique culturelle plutôt dynamique.
Une « politique culturelle » signifie que la
collectivité met en oeuvre un ensemble d'actions culturelles poursuivant
des objectifs en lui affectant des moyens financiers et humains. La
spécificité d'une politique culturelle est justifiée par
son contenu, sa qualité, sa singularité, ses modes de
réalisation et ses partenariats. Nous pouvons donc parler de
« politique culturelle » lorsqu'il y a une réelle
volonté de proposer des productions culturelles y compris non rentables
voire même symboliques pour l'institution organisatrice (par exemple le
spectacle pyrotechnique).
La villedisposed'un cinéma d'art et d'essai1(*)de 200 places qui fait aussi
office de théâtre à l'italienne2(*)(salle Aragon) et d'un Palais des
Congrès (salle de spectacles pouvant accueillir jusqu'à 400
spectateurs) qui permettent la diffusion/production de plusieurs films et
spectacles tous les mois.
La loi du 18 mars 19993(*) modifiant l'ordonnance de 1945 sur les spectacles a
étendu son champ d'application aux théâtres municipaux et
aux établissements publics en leur donnant la possibilité
d'obtenir des licences. Car est entrepreneur de spectacle « toute
personne qui exerce une activité d'exploitation de lieux de spectacles,
de production ou de diffusion de spectacles, seul ou dans le cadre de contrats
conclus avec d'autres entrepreneurs de spectacles vivants, quel que soit le
mode de gestion, public ou privé, à but lucratif ou non, de ces
activités »4(*).
Les entrepreneurs de spectacles vivants sont classés en
trois catégories. La ville d'Oissel est donctitulaire des licences
d'entrepreneur de spectacle 1, 2 et 35(*) pour ses salles (voir annexe A p.74). Elle
« exploite effectivement un lieu de spectacle spécialement
aménagé pour des représentations publiques et
possède un titre d'occupation [et]en assure l'aménagement et
l'entretien. »6(*) (licence 1). Elle produit des spectacles7(*)(licence 2). Elle diffuse des
spectacles et a en charge l'accueil du public, de la billetterie et la
sécurité des spectacles8(*) (licence 3). Ces licences sont délivrées
pour 3 ans renouvelables (la demande de renouvellement pour la ville d'Oissel a
été acceptée cette année jusqu'en 2018).
En effet la ville dispose de lieux agréés, du
service culturel pour la production des spectacles et de toute l'équipe
technique nécessaire (régisseurs, agents de
sécurité, techniciens,...).En tout ce sont onze personnes
mobilisées dans le cadre d'un spectacle (plus trois régisseurs
spécialisés susceptibles d'être mobilisés en tant
qu'intermittents du spectacle).
Outre ces biens culturels, la ville dispose de biens
historiques et d'un patrimoine naturel non négligeable.
§3. Le patrimoine de la ville
La ville possède un patrimoine
hétéroclite. Elle souhaite de ce fait affirmer son
identité en mettant en valeur son patrimoine bâti et naturel.
Concernant le patrimoine naturel, la ville d'Oissel comporte
six ZNIEFF9(*) et un site
Natura 200010(*), au titre
de la directive européenne du 21 mai 199211(*), nommé
« boucles de laSeine amont, coteaux d'Orival »12(*).
La ville possède également un patrimoine
architectural et archéologique conséquent (voir annexe B p.75).
Elle possède 33 sites archéologiques protégés au
titre de la loi du 15 juillet 198013(*) dont deux monuments historiques (un ancien manoir de
la Chapelle du XVIème siècle et des constructions
gallo-romaines).
Trois châteaux sont sur son territoire, notamment le
château de la marquise de Frondeville et son parc qui regorgent de
richesses architecturales et paysagères. Ce château est
composé d'un pavillon Louis XVI où Charles-Henri Dambray
vécut, d'une ferme normande et d'un arboretum14(*). Le parc du château
reçoit chaque année tous les spectateurs du spectacle
pyrotechnique (environ 11 000 personnes), ce qui demande une lourde
organisation.
Une fois présenté le cadre dans lequel
s'insère le service dans lequel j'ai évolué, il peut
désormais être présenté le service en question.
Partie 2. Le service
culturel
Le secteur culturel a connu un mouvement de
décentralisation qui s'est accentué au fil du temps. Les
collectivités territoriales sont dès lors compétentes pour
exercer dans de nombreux secteurs culturels tels que les bibliothèques,
l'enseignement artistique, la danse, la musique, le théâtre,...
C'est le service culturel qui gère ces secteurs (§1) pour lesquels
lui sont attribués un budget (§2).
§1. Compétences
Le service culturel de la ville d'Oissel est composé de
cinq personnes (quatre personnes à temps plein et une personne à
mi-temps) chargées de toute la gestion culturelle de la ville. Le
directeur est choisi par les élus et responsables administratifs de la
commune, et il doit travailler avec le personnel en place s'il arrive
après la constitution du service, comme ce fut le cas à Oissel.
Son rôle est de promouvoir une politique culturelle visant à
désacraliser la culture, à la rendre plus proche de la
population, conviviale et porteuse de lien social. « L'action
culturelle consiste en priorité à
« diffuser » la culture »15(*). N'importe quel
employé ne peut pas remplir la fonction d'animateur d'un service
culturel. A ses qualités de gestionnaire doivent s'ajouter de bonnes
connaissances dans le domaine des arts, du spectacle et de la communication. De
nombreuses animations ayant lieu le week-end et le soir, il doit
démontrer une disponibilité totale.
Le personnel du service culturel a donc en charge :
- La mise en place de spectacles (concerts,
théâtre, feu d'artifice,...) et de fêtes (feu de la Saint
Jean,Saint Martin, Quais en fête, bal folk,...),
- La programmation du cinéma (par le biais de
marchés publics), à raison de deux films chaque samedi/dimanche
(trois projections chacun).
- La participation à des programmes artistiques
(expositions, art urbain, Festival Normandie Impressionniste,...),
- La location des cinq salles proposées aux
particuliers,
- La gestion du « cercle de loisirs »
(ensemble des activités de loisirs proposés par la ville :
danse, photographie, poterie, arts plastiques,...).
Par « gestion » il est entendu que le
service doit s'occuper de l'ensemble du processus de chaque programmation (du
projet à sa réalisation en passant par les demandes de
subventions, les offres de marchés publics, la comptabilité). La
mairie n'a alors plus qu'à donner son accord. Le service culturel essaie
donc d'établir un calendrier cohérent et autant que possible
équilibré des manifestations envisagées. Il fait bien
souvent office de médiateur auprès des différents
partenaires afin d'éviter une surabondance d'évènements
à certaines dates.
D'autre part, le maire d'Oissel a, par
arrêté16(*),
délégué au directeur du service culturel la signature en
son nom des demandes de devis, factures, documents et correspondances
administratives internes.
Chaque mois, un ou deux spectacles sont prévus. Ces
spectacles sont autant que possible variés : concerts (Fills, HK et les
déserteurs, Bones Kitchen, Smoove & Turrell, Amélie Affagard,
Claude Lemire, concert baroque, Le petit conservatoire du grand turc,
Appassionata,...), spectacles (Kamyleon illusionniste, So Woman danseuses de
revue, Compagnie Arcadia, spectacle pyrotechnique,...), théâtre
(Jacques le fataliste, Pierre Aucaigne, Philippe Torreton, Bob Villette et la
Comédie Errante,...).
D'autre part, le domaine à privilégier est celui
du scolaire. En effet, l'éveil de la sensibilité artistique de
l'enfant prédisposera l'adulte de demain à des habitudes de
pratiques culturelles. Le service culturel met donc en place des actions en ce
sens.
Pour organiser tous ces évènements, le service
culturel a besoin de moyens financiers, dont une majeure partie vient du budget
octroyé par la ville.
§2. Budget
Conformément aux articles L.2312-1 et L.2312-2 du CGCT
la commune a un budget dont les crédits sont votés par chapitres.
Pour chaque année, un budget est accordé au service culturel. Le
budget dépend avant tout des élus, du cabinet et de la direction
des services. Le ministère de la culture estime que la part du budget
des villes pour la culture est en moyenne entre 8 et 9% du budget
global17(*).
La place de l'adjoint à la culture dans la
municipalité est donc très importante pour soutenir la cause du
secteur culturel. Il en est de même de la place du directeur du service
culturel dans la hiérarchie des services.
Dans les faits, le directeur du service culturel
établit un budget prévisionnel qui est présenté au
bureau municipal puis voté en conseil municipal. Pour cette année
civile, le budget octroyé au service est d'environ 360 000€.
Ce budget est de 40 000€ supérieur à celui de
l'année précédente pour financer deux
nouveautés : la mise en place de loisirs pour les enfants le jeudi
après-midi (suite à la réforme des rythmes
scolaires18(*)) et la mise
en place de résidences artistiques. Une résidence artistique est
le fait pour une institution publique d'attribuer un espace temporaire, voire
du matériel, à un ou plusieurs artistes dans le but de favoriser
la création dans la ville (exposition, spectacle,...). Il n'en existe
qu'environ200 en France. Oissel en a déjà créé
trois : la Comédie Errante (théâtre),
Collectif PX (art géométrique) et Amaury Morisset (art
numérique).Une autre résidence sera mise en place dès
septembre pour Antoine Berland (art sonore).
C'est donc dans cette commune et ce service que j'ai pu
travailler et apprendre comment se préparent les
évènements et projets artistiques.
Partie 3. Le rôle qui
m'a été confié
Durant ce stage, j'ai pu agir sur plusieurs points :
apporter mes connaissances juridiques (§1), participer à
l'élaboration de projets artistiques (§2), accomplir certaines
formalités d'évènements et de projets (§3) et
établir la plaquette de programmation culturelle et le bilan de saison
(§4).
§1. Apporter des connaissances juridiques dans le service
culturel d'une commune dépourvue de service juridique
Les aspects juridiques sont devenus très importants
pour tous les secteurs d'activités. Or la présence d'un juriste
au sein des services culturels est très rarement assurée, ce qui
les rend dépendants des services juridiques internes ou externes
notamment pour les marchés publics.
C'est le cas de la ville d'Oissel.N'ayant pas de juriste dans
le service culturel ni même dans un autre service, le personnel, face
à des incertitudes ou questions juridiques, contacte le service SVP
(plateforme de conseils juridiques téléphoniques).
Il m'a donc été demandé de
vérifier certains points, tels que des contrats de cession de spectacle
par exemple. L'une des salariées m'a demandé de l'éclairer
sur la circulaire du « 1% artistique », une autre sur les
droits des participants à une oeuvre collective,...
Ce manque de service juridique à la mairie d'Oissel est
perceptible. Les administrateurs n'ont aucune formation juridique et doivent se
renseigner régulièrement sur la législation.
L'administratrice du service culturel m'a confié qu'il n'était
pas toujours évident pour elle de savoir si son raisonnement
était le bon.
§2. Participer à l'élaboration de
projets
La ville souhaitait participer au Festival Normandie
Impressionniste dont le terme du dépôt des projets était le
31 mai 2015. Or quand je suis arrivée début mai, aucun projet
n'était encore né. Nous nous sommes donc penchés à
trois sur le projet auquel j'ai activement participé.
D'autre part, ayant personnellement constaté que les
blocs et compteurs EDF dans la ville étaient particulièrement
inesthétiques, j'ai cherché à savoir si EDF avait
déjà participé à du mécénat pour la
mise en valeur de ses biens par les villes. C'est comme cela que j'ai
découvert la Fondation EDF qui, comme le Festival Normandie
Impressionniste, aide à financer des projets. Ces projets sont moins
artistiques que sociaux et humanitaires, mais cela permet au service de penser
à un projet mêlant intérêt artistique et
intégration sociale.
§3. Rédiger les lettres, contrats et demandes de
subventions
La rédaction de ces documents m'a permis de me
familiariser avec les contrats artistiques (notamment contrat de cession de
spectacle) ou les lettres adressées à des autorités
administratives telles que la préfecture. J'ai alors pu découvrir
des modèles types ou encore des dossiers de demandes de subventions.
J'ai moi-même rempli le dossier de demande de subvention pour les deux
résidences du collectif PX et d'Amaury Morisset et ainsi pu comprendre
comment s'effectuait un budget prévisionnel et en établir un.
§4. Elaborer la plaquette de programmation culturelle et
faire le bilan de saison
Deux fois par an, une plaquette de programmation culturelle
doit être établie afin de présenter tous les
évènements futurs à la population. La tâche m'a
été confiée de préparer tous les
éléments nécessaires au graphiste : les textes de
présentation de chaque évènement, les photos libres de
droits des artistes ou du spectacle, le logo de l'association dans le cadre
duquel entre la représentation le cas échéant
(exemple : Chants d'elles19(*)) et la vidéo du spectacle.
De même, une fois par an, un bilan de fin de saison est
effectué pour permettre la comparaison entre l'année
passée et l'année future. Il est comparé le nombre de
spectacles et de représentations ainsi que le nombre d'entrées
moyennes (l'objectif étant de déceler une éventuelle
baisse de la fréquentation et y remédier le cas
échéant).
Titre 2 : les apports
du stage
Partie 1. Découverte
du cadre juridique du secteur culturel
Comme toute activité, l'action culturelle est soumise
à des réglementations dont certaines lui sont spécifiques.
Ce stage a été l'occasion de mieux les connaitre. Il m'a
été permis de découvrir le cadre juridique dans lequel
s'insère la mise en oeuvre de projets artistiques (section 1), de
m'intéresser à la circulaire du 1% artistique (section 2), de
côtoyer la réglementation stricte d'un spectacle pyrotechnique
(section 3) ou d'un concert sous chapiteau (section 4), de connaître
certaines règlementations nouvelles (sections 5 et 6) et anciennes
(section 7) et les modalités d'affiliation au GUSO (section 8).
Section 1. Diverses étapes de mise en oeuvre des
projets d'art urbain
Il n'est pas question ici de développer mon rôle
dans chaque projet, ce qui sera exposé au fil de la
3ème partie, mais plutôt de présenter les
projets sur lesquels il m'a été donné de travailler.
§1. Le Festival Normandie Impressionniste
Le Festival Normandie Impressionniste20(*) lance sa
3ème édition en 2016 sur le thème des
portraits. Le terme du dépôt des projets étant le 31 mai
2015, il s'agit du premier projet sur lequel j'ai activement travaillé
car rien n'avait été encore préparé (voir annexe C
p.76 à 78).
Après une réunion nous avons donc
décidé de travailler sur le portrait de Camille Pissarro, unique
impressionniste ayant peint une vue d'Oissel. Pour ce faire, nous avons
décidé de collaborer avec l'artiste 15, pochoiriste mondialement
reconnu spécialisé dans les portraits. Enfin le lieu choisi pour
exposer cette oeuvre, sur un support de la forme d'une palette de peintre, est
l'ancien moulin d'Oissel, situé avenue du général de
Gaulle.
Pour ce projet il m'a été demandé
d'écrire à l'artiste pour lui exposer le projet et
d'établir l'avant-projet ainsi que le budget prévisionnel
à envoyer au festival.
§2. Le Collectif PX
Ce projet fait l'objet d'une résidence artistique. Il
s'agit de deux artistes spécialisées dans l'art
géométrique21(*)qui ont elles-mêmes fait la démarche de
nous proposer de redonner de la gaieté,par le biais d'une oeuvre
éphémère, àune place commune de rencontre dans
Oissel (voir annexe D p.79).
Pour ce projet il m'a été demandé de
recueillir l'autorisation d'Habitat 76, propriétaire de la place.
L'autorisation a été donnée par mail, ce qui m'a
donné l'occasion de revoir la valeur des contrats électroniques.
Section 2. Le décret et la circulaire « 1%
artistique »
Il m'a été demandé de rechercher si le
décret du 29 avril 200222(*) dit du « 1% artistique »,
modifié par la circulaire du 16 aout 200623(*), pouvait
bénéficier à l'un des projets du service. Cette
règlementation prévoit une obligation de décoration des
bâtiments publics lors de la construction ou de la réalisation de
travaux de réhabilitation (changement d'affectation ou d'usage) de
bâtiments publics. 1% du coût des travaux doit être
affecté à la décoration du bâtiment, en faisant
appel à un artiste professionnel, un architecte spécialisé
voire même un paysagiste. Cette mesure qui existe depuis 1951 pour les
constructions scolaires et universitaires a en effet été
étendue progressivement à d'autres bâtiments publics.
Je n'ai cependant pas pu leur répondre favorablement.
En effet leurs projets artistiques ne sont prévus que sur des
bâtiments ou des biens immobiliers déjà construits. D'autre
part, si le bien en question va effectivement changer d'usage au sens commun du
terme (puisqu'il est question de faire d'une ancienne colonne d'affichage une
oeuvre d'art), il ne change pas d'usage au sens juridique du terme (qui ne
concerne que les locaux d'habitation transformés pour un usage autre,
par exemple une location qui deviendrait un commerce). Enfin, le service
culturel aurait aimé faire travailler des jeunes en réinsertion,
mais le décret spécifie bien que l'artiste doit être
professionnel et être en règle avec les obligations en vigueur en
matière fiscale et sociale.
Section 3. Le spectacle pyrotechnique
Le tir d'un feu d'artifice est règlementé par le
décret du 31 mai 201024(*) et la circulaire du 15 juin 201025(*). Tous les ans, un feu
d'artifice est tiré dans le parc du château d'Oissel auquel
s'ajoute un spectacle en première partie. Cette année le
spectacle a eu lieu sur le château et a été
réalisé par l'artiste Amaury Morisset. Afin de trouver
l'artificier et les techniciens adéquats, le service culturel
dépose un appel d'offres. Une fois les offres
réceptionnées, une analyse des marchés est
effectuée afin de comparer différents prestataires. Un rapport
d'analyse est établi et mis à la disposition des prestataires
afin que ceux-ci sachent pourquoi ils ont été retenus ou non.
Afin de remplir toutes les obligations légales pour
tirer un feu, le service culturel doit également :
- Prévenir l'aéroport de Boos : il est en
effet obligatoire de prévenir tout aéroport se situant à
moins de 20 kilomètres du lieu du tir.
- Demander l'autorisation de VNF (Voies Navigables de
France)26(*) : en
effet, une partie du territoire où le feu est tiré est
situé sur une zone dont la VNF est propriétaire.
- Prévenir la société des
autoroutes : la zone de tir est en effet située non loin d'une
autoroute.
- Déclarer le tir à la préfecture. Les
artifices étant classés K427(*), le dossier à présenter est
lourd : lettre de présentation de la manifestation, plan du site de
tir, mesures de sécurité engagées, copie de l'étude
de sécurité (définition des risques), attestation
d'assurance, copie du diplôme K4 de l'artificier, liste des
agréments des produits utilisés, autorisation du maire de la
commune.
Pour ce projet il m'a été demandé de
faire le rapport d'analyse des candidats ayant répondu au marché
public pour le spectacle pyrotechnique (voir annexe E p.80-81) et celui des
candidats ayant répondu au marché public pour la sonorisation et
la lumière (voir annexe F p.82).
Section 4. Les concerts de Bones Kitchen et de Smoove and
Turell
« La musique est le vrai langage du
coeur » a dit Jean-Philippe Rameau28(*). Le service culturel de la
ville d'Oissel met du coeur à proposer différents concerts dans
l'année. Il s'agit ici de deux contrats de cession de spectacle
(§1) avec deux groupes de rock dont un anglo-saxon (§2)
invités à donner un concert sous chapiteau pouvant accueillir 500
personnes debout (§3).
§1. Les contrats de cession de spectacle
La loi pose le principe que toute organisation de spectacle
est un acte de commerce29(*). Lorsque les participants reçoivent une
rémunération il doit y avoir contrat. Deux contrats de cession du
droit d'exploitation d'un spectacle m'ont été
présentés afin que je les vérifie. Il m'a ainsi
été permis de me familiariser avec ce genre de contrat.
Un contrat de cession de spectacle présente plusieurs
caractéristiques (voir annexe G p.83 à 86) :
- Il s'agit d'un contrat de prestations de services : il
est utilisé lorsqu'un producteur vend une ou plusieurs
représentations d'un spectacle vivant à un organisateur. Il
cède le droit de représentation, garantit la présence des
artistes ainsi que la fourniture des éléments nécessaires
au spectacle (décor, costumes,...) (voir annexe G-1 p.84).
- Le producteur est réputé être
l'employeur des artistes : l'organisateur doit en effet échapper
à la présomption de salariat prévue par la loi du 26
décembre 196930(*).
Pour qu'il n'y ait pas de risque de requalification du contrat de cession en
contrat d'engagement, l'acheteur doit s'assurer que le vendeur dispose d'un
numéro SIREN, SIRET ou RCS et d'un numéro de licence (voir annexe
G-2 p.83).
- Le producteur détient les droits d'exploitation (voir
annexe G-3 p.84).
- L'organisateur met à disposition la salle ou la
scène (voir annexe G-4 p.84).
- Le contrat indique qui paye les droits d'auteurs, les droits
voisins et les contributions parafiscales (voir annexe G-5 p.84).
- Il y a cession des droits en cas d'enregistrement et de
diffusion(voir annexe G-6 p.85).
- Enfin le contrat doit préciser plusieurs
éléments communs aux contrats. Il doit mentionner le nom de
l'employeur des personnels attachés au spectacle (voir annexe G-7 p.83)
comme celui des techniciens qui le mettent en oeuvre. Il faut que soient
désignés clairement les parties et l'objet du contrat. Doivent
également figurer la date et l'heure de la représentation, le
lieu, les horaires d'arrivée et de répétition (voir annexe
G-8 p.84).Doivent être insérés le prix de vente HT et TTC
(voir annexe G-9 p.85)ainsi que les modalités de règlement et ce
que recouvre ce prix (représentation, hébergement,
déplacement,...). Il faut noter les numéros de licence(s) de
chaque partie (voir annexe G-10 p.83). Enfin le contrat prévoit
l'annulation en cas de force majeure (voir annexe G-11 p.85).
A la relecture, j'ai pu corriger quelques points :
l'application de l'article 1148 du code civil (annulation en cas de force
majeure) ainsi que la compétence juridique en cas de litige (le tribunal
administratif de Versailles avait été désigné alors
que le producteur et l'organisateur étaient tous deux de
Haute-Normandie).
§2. Nationalité des groupes
Bones Kitchen est un groupe français mais Smoove and
Turell est un groupe britannique. Ce fut l'occasion de revoir la
législation en matière de contrat de cession de spectacle avec un
groupe non français mais résidant dans l'Union
Européenne.Les ressortissants des États membres de l'Union
européenne ont un régime privilégié puisque leur
droit de séjourner en France et d'y travailler résulte
directement des traités31(*). Ils ne sont alors pas tenus de posséder un
titre de séjour et peuvent donc circuler, résider et travailler
en France sans autre formalité administrative que la possession d'un
passeport ou d'une carte nationale d'identité en cours de
validité qui justifie de leur qualité de citoyen européen.
§3. Des concerts sous chapiteaux
J'ai également pris l'initiative de vérifier que
la réglementation en matière de spectacle sous chapiteau
était respectée. Les CTS sont des bâtiments sans fondation
(ils peuvent donc être affectés par les aléas
météorologiques) et la toile est inflammable. La
règlementation est donc relativement complexe. Je me suis donc
assurée qu'il y aurait un service d'ordre, un poste de secours et que
la commission de sécurité avait bien été
contactée pour venir vérifier la conformité des lieux
avant l'arrivée du public.
Section 5. Le décret du 30 mars 2015
A l'occasion de la vérification du contrat de Smoove
& Turell, le directeur m'a demandé de vérifier si nous avions
bien « l'attestation de vigilance ». En effet, pour les
contrats dépassant un certain montant (3 000€ jusqu'en avril
2015), le donneur d'ordre a une obligation de vigilance. Il doit se faire
remettre, avant conclusion du contrat, une série de documents justifiant
que l'artiste n'est pas en situation de travail dissimulé. Cette
attestation mentionne l'identification de l'entreprise (dénomination et
siège social, numéro SIRET) et que l'employeur est à jour
de ses obligations sociales à la date d'exigibilité de la
dernière période traitée (les 6 derniers mois
échus).
Smoove & Turell devant percevoir une
rémunération de 3428.75€, ils devaient normalement nous
fournir cette attestation délivrée par l'URSSAF.
Cependant, mes recherches m'ont conduit à
découvrir que depuis le décret du 30 mars 201532(*) applicable dés le
1er avril 2015, le seuil de 3 000€ est passé
à 5 000€. Depuis cette date, les prestataires d'un contrat
inférieur à 5 000€ n'ont donc plus à fournir ce
document.
Section 6. Les droits voisins et l'harmonisation
européenne
Au cours de mes recherches j'ai pu voir qu'il avait
été procédé à un allongement de la
durée des droits des artistes-interprèteslorsqu'une fixation de
l'interprétation dans un phonogramme fait l'objet d'une mise à
disposition du public ou d'une communication au public.
Par principe, les artistes-interprètes
bénéficient de droits patrimoniaux sur leurs
interprétations. Ainsi les personnes souhaitant les exploiter sont
soumises à un certain formalisme, à savoir recueillir
l'autorisation écrite de l'artiste33(*) durant les 50 ans qui suivent la première mise
à disposition du public ou la communication au public.
Or, suite à une directive qui aurait dû
être transposée le 1er novembre 2013, une loi du 20
février 201534(*) a
allongé la protection, dans le cas des phonogrammes, la faisant passer
de 50 ans à 70 ans.
Cependant il ne faut pas confondre cette protection avec celle
du droit patrimonial des auteurs. Si l'auteur est protégé 70 ans
après sa mort, l'artiste-interprète est protégé 70
ansà compter du 1er janvier de l'année civile suivant celle de
l'interprétation.La loi n'a pas d'effet rétroactif.
Section 7. La règlementation des établissements
recevant du public
Les ERP sont tous les « bâtiments, locaux
et enceintes dans lesquels des personnes sont admises, soit librement, soit
moyennant une rétribution ou une participation quelconque, ou dans
lesquels sont tenues des réunions ouvertes à tout venant ou sur
invitation, payantes ou non »35(*). La règlementation les concernant fixe des
dispositions qui ont pour but d'assurer la sécurité contre les
risques d'incendie et de panique dans le lieu ainsi que de garantir
l'accessibilité des handicapés au lieu en question. C'est pour
garantir cela que les exploitants sont tenus de faire procéder aux
vérifications nécessaires par les organismes ou personnes
agrées36(*).
Section 8. L'affiliation au GUSO
Le GUSO est un service de simplification administrative
destiné aux organisateurs occasionnels de spectacles. Il regroupe en une
seule démarche les contributions et cotisations de six organismes de
protection sociale (Unedic, Caisse des congés spectacles, Centre
médical de la bourse, URSSAF, Audiens et Afdas). L'ordonnance du 6
novembre 200337(*)
applicable à compter de janvier 2004 a imposé le recours
obligatoire au GUSO pour les employeurs occasionnels d'artistes et de
techniciens du spectacle. Ceci leur simplifie la tâche. Sont
affiliés au GUSO tous les groupements d'artistes et les organisateurs
qui n'ont pas pour activité principale le spectacle vivant (sans
limitation du nombre de représentations organisées)38(*). Ainsi, peuvent
bénéficier de ce dispositif les personnes physiques, morales de
droit privé ou de droit public qui n'ont pas pour activité
principale l'exploitation de lieux de spectacles (y compris production et
diffusion de spectacles) et qui emploient les artistes et techniciens en CDD.
Les collectivités locales font partie de ces employeurs occasionnels (ce
n'est pas leur activité principale). Le service culturel est donc
affilié au GUSO depuis 2004.
Partie 2. Echecs et
réussites
Section1. Echecs
Par chance, aucun « échec » ne
m'est apparu. Peut être aurais-je préféré avoir
à faire à plus de contrats artistiques pour que cette forme de
contrat me soit plus familière. Mais la période durant laquelle
je suis arrivée en stage n'était pas propice à cela
puisque nous étions en fin de saison culturelle. Plus de contrats seront
passés à la rentrée.
Il est vrai également qu'il est frustrant de travailler
sur des projets dont on ne verra pas l'évolution. Beaucoup de projets
sont initiés plusieurs mois à l'avance (voire même presque
un an à l'avance). Par conséquent, rester trois mois dans un
service ne permet de voir qu'une petite partie de ce qui va se passer durant
l'année. Et c'est justement ce sur quoi l'on a travaillé que l'on
voudrait voir aboutir. Or bien que je puisse assister à
l'évènement en question à la date prévue, je ne
pourrai plus suivre les négociations, les échanges, les
actualités,...
Si aucun réel échec n'est à
déplorer, quelques réussites ont été au
rendez-vous.
Section 2. Réussites
§1. L'admission du projet Normandie Impressionniste
La principale réussite est celle de l'admission du
projet sur lequel j'ai travaillé : « 15 pochoirise
Pissarro ». Il a été accepté en deux
étapes. D'abord le conseil scientifique du festival Normandie
Impressionniste a retenu le projet et a décidé de lui accorder le
label « Normandie Impressionniste » (voir annexe H-1 p.87).
Mais obtenir ce label n'était pas suffisant pour la commune qui ne peut
démarrer le projet qu'avec une aide financière. Et c'est avec
joie que nous avons reçu une réponse favorable de
l'assemblée générale du groupement d'intérêt
public qui nous octroie une subvention de 3 000€ (voir annexe H-2
p.88). Le projet pourra donc voir le jour courant 2016.
§2. Le spectacle pyrotechnique effectué par un
nouveau prestataire
Suite aux résultats du rapport d'analyse du
marché public ouvert pour le spectacle pyrotechnique, le prestataire
retenu n'était pas le même que celui que la ville employait depuis
10 ans. Or ce spectacle est renommé dans la région et est
classé parmi les plus beaux de Haute-Normandie. Changer de prestataire
est donc une responsabilité pour le service culturel.
Mais le nouvel artificier, aux multiples
références telles que Disneyland Paris, la tour Eiffel, le
château de Versailles, le lac d'Annecy, le festival de Cannes, le
Futuroscope ou encore l'Ambassade des Etats-Unis, a tenu toutes ses promesses.
Le spectacle pyrotechnique d'Oissel conserve donc sa popularité.
13 800 personnes ont assisté au spectacle.
Titre 3 : La mise en
valeur du patrimoine osselien par l'art urbain : du projet artistique
à sa réalisation
Introduction
La ville d'Oissel est engagée dans une politique de
modernisation et de rénovationartistique de son patrimoine et les a
priori sur la cohabitation entre le patrimoine et les oeuvres modernes se
dissipent peu à peu. Aujourd'hui, de nombreuses villes tirent profit de
leur patrimoine pour organiser des spectacles, manifestations et autres
expositions qui peuvent avoir ou non rapport avec l'histoire du lieu. L'art
éphémère est parfois l'occasion d'embellir la ville de
façon permanente. Il s'agit d'une forme de responsabilité
politique pour la commune que de tenir compte du passé afin de le faire
évoluer tant avec les nouveaux besoins et aspirations de l'ensemble de
sa population qu'avec les nouveaux enjeux de la société.
Elle souhaite de ce fait utiliser le patrimoine existant,
ancien comme moderne, pour promouvoir l'art urbain. Cette mise en oeuvre se
fera sur plusieurs années, les projets étant nombreux et le
budget n'étant pas suffisant pour tout faire en une année (entre
20 et 25 000€ par an pour les arts visuels). Sont en effet
prévus : la mise en valeur de l'ancien moulin, du château,
des façades de l'école et du collège, du pont routier
reliant Tourville-la-rivière à Oissel, du pont SNCF, des blocs
EDF et de places communes de rencontres.
Ces divers projets nécessitent tous l'intervention du
juridique via des contrats, des autorisations, des déclarations, des
demandes de subvention ou encore des appels à projet. Ce sont ces
différents points qui seront intéressant à
développer tout au long de cette troisième partie.
Trois mois ne suffisant pas à suivre un projet de son
élaboration à sa réalisation (il fautparfois près
d'un an entre l'élaboration du projet et sa restitution), il a fallu
suivre divers projets pour pouvoir participer à toutes les étapes
nécessaires à la réalisation d'un projet. Ceci n'a pas
été une gêne, au contraire, car il a dès lors
été possible de comparer les projets et d'en cerner les
différences (tantôt l'un se fait sur le patrimoine public et ne
nécessite que l'accord de la mairie, tantôt l'autre se fait sur le
patrimoine privé où des compromis doivent être
trouvés). Car les projets se suivent mais ne se ressemblent pas. Cela
permet d'établir un schéma comprenant la plupart des
hypothèses de mise en oeuvre d'un projet (voir annexe I p.89).
Alors comment s'organise un projet artistique dans la
ville ? Et quels en sont les éléments juridiques ?
Etablir un projet dans le domaine public ne doit pas relever
d'une opportunité mais d'une décision. Une fois les idées
mises en place par le service culturel à la suite d'une réunion
et au vu des différentes étapes nécessaires à la
réalisation d'un projet, trois grandes phases peuvent être
distinguées : une phase préparatoire, moins juridique, de
recherche (Partie 1), une phase transitoire d'obtention des droits et
financements (Partie 2) puis la phase finale de réalisation du projet
conformément au contrat établi qui pose la question de la
propriété de l'oeuvre et qui fera l'objet d'un compte rendu
(Partie 3).
Partie 1. La phase
préparatoire de recherche et d'établissement du projet
Le service culturel n'a aucun pouvoir autonome de
décision. Avant tout commencement de réalisation du projet il
faut que l'idée, dont le choix du lieu (chapitre 1) et de l'artiste
(chapitre 2), et le budget (chapitre 3) soient acceptés par le conseil
municipal (chapitre 4).
Chapitre 1. Le
repérage des lieux
Lorsqu'une idée émerge et que l'on doit la
transformer en projet viable, il faut nécessairement savoir où
l'action aurait lieu. Les oeuvres peuvent différer grandement : il
peut s'agir d'objets concrets (comme une fresque) ou d'oeuvres
immatérielles (comme des projections de lumière), elles peuvent
nécessiter un espace important ou non et être durables ou
éphémères. Toutes ces différences influent sur le
choix du lieu.
Dans ce cas soit l'idée du lieu vient
spontanément à l'esprit du porteur de projet, soit il faut le
chercher. L'espace public nécessite une connaissance du terrain qui se
fait sur place et non sur plan. Il s'agit donc de recenser les lieux
intéressants par le biais d'un diagnostic de terrain (section 1) puis
d'en élire un (section 2).
Section 1. Les lieux stratégiques
Afin de donner tout son impact au projet il est
nécessaire que les lieux choisis pour promouvoir l'art urbain soient
stratégiques. Il s'agit donc nécessairement de lieux de
passage (§1)ou de lieux en décrépitude (§2).
§1. Les lieux de passage
Il existe plusieurs lieux de passage intéressants pour
mettre en valeur l'art urbain.
- Des voies urbaines comptant un trafic routier
important : ces lieux sont adaptés aux projets de grande envergure,
que l'on peut voir de loin ou sur un long périmètre, car l'oeuvre
doit pouvoir être vue sans que les véhicules n'aient à
s'arrêter.
- Le centre ville ou des lieux de passage pédestre (par
exemple des voies de randonnées) où les oeuvres peuvent
être plus mesurées car les piétons peuvent
s'arrêter.
- Les établissements scolaires favorables aux projets
éducatifs.
- Les parcours créés pour un public ayant la
volonté de prendre du temps pour découvrir un projet qui
s'étendrait sur l'ensemble de la ville (à l'image du Festival
Normandie Impressionniste qui souhaite organiser des parcours/visites
guidées pour permettre au public de voir en une journée toutes
les oeuvres ou expositions labélisées « Normandie
Impressionniste » dans les villes participantes).
§2. Les lieux en décrépitude
Il s'agit plutôt de supports immobiliers atteints par le
temps, tagués, fissurés, décolorés ou tout
simplement « sans intérêt » (poteaux,
blockhaus, façades, garages,...). L'objectif dans ce cas n'est pas
nécessairement d'y apposer des oeuvres (dans le sens que l'objectif
premier n'est pas de promouvoir un artiste et son art) mais plutôt
d'embellir ou de redonner un intérêt au bien, afin de faire de la
ville une ville propre, soignée et moderne à la fois.
L'idée n'est en effet plus d'attirer le regard des gens mais de faire en
sorte que ceux qui passent par là soient dans un environnement à
la fois agréable et original (le lieu n'a donc plus besoin d'être
passant ou attractif).(voir annexe J p.90).
Après le recensement de ces lieux il faut choisir celui
qui répondra le mieux au projet ou aux attentes de l'artiste. Il est
essentiel que le projet n'ait pas l'air d'avoir été
parachuté à un endroit.
Section 2. Les lieux choisis
Les lieux retenus par le service culturel font partie des deux
types de lieux que nous venons d'évoquer. Ainsi, après une visite
sur place, des lieux de passage ont été retenus (§1) ainsi
que certains lieux en décrépitude (§3).
§1. Les lieux de passage
Pour le spectacle virtuel et visuel d'Amaury Morisset, le
château de la Marquise a été choisi. Ce spectacle a eu lieu
devant environ 13 000 personnes le 13 juillet 2015.
Pour l'initiation à l'art urbain prévue d'avril
à décembre 2015 il a semblé naturel que celle-ci ait lieu
sur les façades de l'école Jean Jaurès et du
Collège Charcot. Cette sensibilisation à l'art visant à la
fois les enfants qui le pratiqueront (sensibilisation pratique) que les enfants
simples spectateurs (sensibilisation visuelle), il faut que les oeuvres soient
sur place.
Entre octobre et décembre 2015, Antoine Berland
travaillera sur des « portraits sonores » qui seront
disposés en divers lieux de la ville (sur le système du
parcours).
Concernant le projet impressionniste qui aura lieu en 2016, il
a été décidé que l'oeuvre serait
présentée dans un lieu fréquenté, à la fois
pour l'artiste qui dispose d'une certaine renommée mais aussi pour
obtenir une subvention. C'est pourquoi le moulin situé avenue du
général de Gaulle a été choisi.
Enfin pour 2016 également, il est envisagé de
faire appel à un artiste urbain pour couvrir le pont reliant Oissel
à Tourville.
§2. Les lieux en décrépitude
D'avril à Juin 2015, le projet du Collectif PX (art
géométrique) s'est porté sur la place Boieldieu,
complètement laissée à l'abandon.
Pour 2016-2017, deux projets sont prévus. L'un serait
sur le pont SNCF longeant le pont routier reliant Oissel à Tourville,
d'une couleur verte peu élégante et recouvert de tags. L'autre
serait de faire intervenir des artistes sur les blocs et compteurs EDF, gris,
carrés et tagués, vraiment peu agréables à la vue
pour les habitants.
Une fois le lieu choisi, il convient de trouver l'artiste
adéquat pour la prestation attendue.
Chapitre 2. Le
repérage des artistes - Savoir être chasseur de têtes
Trouver l'artiste approprié à l'action
désirée n'est pas nécessairement aisé. Il faut donc
soit ouvrir un marché (ce que nous verrons en partie 3) soit en choisir
un directement. Dans cette dernière hypothèse, si le choix de
certains artistes va de soi, certains projets nécessitent des
techniques particulières rendant la recherche complexe. Dans un souci
d'égalité, le service culturel fait intervenir un artiste
différent pour chaque projet (section 1). Une fois la recherche
terminée, le service culturel doit choisir un artiste soit directement
soit en les mettant en concurrence (section 2).
Section 1. A son lieu son artiste
Pour établir des projets dans l'espace public il est
nécessaire de solliciter des artistes ayant un intérêt
réel pour ces lieux.
Pour le château il était recherché un artiste
spécialisé dans l'art virtuel et l'audiovisuel. Le spectacle
ayant lieu avant le feu d'artifice devant le château, il était
recherché un effet visuel sur celui-ci. L'artiste devait donc savoir
travailler la lumière.
Pour les projets éducatifs il était
nécessaire de faire appel à un artiste pédagogue, de
même que pour le projet sur les blocs EDF, où l'on souhaite
créer un projet participatif pour des handicapés. Pour le projet
éducatif deux artistes spécialistes de l'art
géométrique se sont spontanément présentées.
En revanche, pour le second projet nous souhaitions partir sur de l'art urbain
via la photographie.
Enfin il était recherché un spécialiste
de l'art urbain et du portrait pour le projet Normandie Impressionniste eu
égard à la commande (projet liant art urbain, portrait de
Pissarro et patrimoine). Nous souhaitions un artiste renommé vu la
taille du support et le trafic important sur le lieu choisi.
Les critères ainsi dégagés permettent de
définir le réseau des artistes aptes à exécuter
l'oeuvre souhaitée. Dans ces réseaux, le choix de l'artiste en
question est alors plus subjectif.
Section 2. Le choix des artistes
Le choix des artistes se fait directement par le service, le
marché public étant exclu comme il sera exposé plus tard.
Naturellement, la mise en oeuvre de projets artistiques
nécessite pour le directeur de connaître le monde de l'art et
d'entretenir un réseau relationnel qui lui permet de faire le bon choix.
Ainsi, généralement, l'artiste est choisi soit dans le
réseau de connaissances du service ou de l'un des salariés
(rencontrés lors d'expositions, festivals, ou ayant déjà
travaillé dans d'autres villes), soit sur internet (après
visualisation de certaines de ses réalisations), soit par le biais
d'associations.
Pour le spectacle sur le château, l'association
REC39(*) a
été contactée. Elle nous a mis en contact avec Amaury
Morisset qui nous a apporté un projet artistique après visite du
château.
Enfin pour le projet Normandie Impressionniste, l'artiste
1540(*), pochoiriste
spécialiste du portrait, a accepté de travailler pour le service
culturel.
Si le service hésite entre deux artistes, il lui
revient de contacter ces derniers afin qu'ils émettent chacun une
proposition (oeuvre, tarif, idées complémentaires,...). Le choix
se fait alors selon la règle standard du mieux-disant. Mais l'art reste
toujours subjectif. Un vote peu alors être organisé au sein du
service culturel voire de la commission culturelle.
Une fois l'artiste désigné, il n'est pas certain
que l'artiste accepte de collaborer. C'est notamment le cas lorsque celui-ci a
de trop nombreuses commandes ou lorsque le projet ne l'inspire pas.
Chapitre 3. Persuader
l'artiste de travailler pour la ville
Lorsque l'on souhaite travailler avec un artiste,et surtout
lorsque celui-ci est de renommée mondiale, il faut faire force de
persuasion pour qu'il accepte l'offre. Deux choses importantes sont à
respecter, à savoir : lui envoyer le projet le plus complet
possible (section 1) tout en lui laissant la possibilité de s'exprimer
(section 2).
Section 1. Un projet cadré
Un projet structuré et écrit est
impératif pour persuader l'artiste du bien fondé de celui-ci
(§1), ce pourquoi il doit comprendre un certain nombre d'informations
nécessaires (§2).
§1. Utilité d'un projet complet
L'artiste doit absolument comprendre l'objectif du client,
ceci à la fois pour qu'il respecte les attentes du client mais
également pour qu'il puisse préparer son oeuvre en toute
connaissance de cause. C'est avec un projet cadré que l'artiste pourra
ou non accepter la commande.
L'objectif est bien entendu que l'artiste accepte la commande.
Il n'est évidemment pas question de demander à un portraitiste de
peindre un paysage. Cela suppose que le choix de l'artiste soit vraiment en
corrélation avec le projet. Une fois le « bon »
artiste visé, il y a plus de chances que celui accepte et soit
inspiré et intéressé par le projet.
Qu'entend-on par « projet
cadré » ? Cela sous-entend que toutes les informations
nécessaires au consentement éclairé de l'artiste lui
soient exposées. En effet, ce projet doit comprendre toutes les
informations qui se retrouveront dans le contrat définitif et qui
obéira au droit commun des contrats. Il n'est pas question de lui
proposer le projet et d'en changer le contenu après avoir obtenu son
pré-accord.
Mais alors que comprend ce projet ?
§2. La composition du projet
Le projet écrit doit démontrer les objectifs du
porteur de projet et la pertinence du projet. Pour cela, cet écrit doit
normalement comprendre les sept éléments du
« QQOQCCP »41(*). Cependant, certains éléments peuvent
être volontairement omis pour en négocier avec l'artiste.
Il faut dans un premier temps présenter le cadre dans
lequel le projet s'insère (projet indépendant, festival,
exposition,...) et lui annoncer, le cas échéant, la date à
laquelle l'oeuvre devrait être restituée.Il doit ensuite lui
être présentée l'idée ou la représentation
souhaitée, si elle est définie (par exemple le portrait de qui),
et pourquoi elle a été choisie (par exemple un hommage ou une
nécessité actuelle). Il convient ensuite d'informer l'artiste du
supportsur lequel il devra travailler, si cela est défini, ceci
étant un élément important pour l'artiste qui peut refuser
de travailler sur certains supports ou certaines matières. Le lieu
d'exposition doit également être présenté. Ainsi
pour le lieu et/ou le support il est nécessaire de fournir des photos
et/ou des plans afin que l'artiste en ait une idée précise. Si le
client a un budget limité, il peut en traiter dans le projet en
annonçant dès à présent la somme qu'il est
prêt à investir pour l'oeuvre. Mais le plus souvent, le client
traite du salaire avec l'artiste après que le projet lui ait
été présenté et que celui-ci ait accepté.
Enfin, il peut être utile de préciser pourquoi cet artiste semble
être le mieux à même de répondre à la commande
et en quoi le projet pourrait être avantageux pour l'artiste
(reconnaissance, publicité, emplacement de l'oeuvre,...). (voir annexe K
p.91-92)
Cependant un artiste reste un artiste et aime pouvoir
également être force de propositions.
Section 2. Laisser de la liberté à l'artiste
Afin d'avoir toutes les chances d'obtenir l'accord de
l'artiste, il faut adapter le projet aux intentions et au style de celui-ci.
Ainsi par exemple, pour Normandie Impressionniste, le service souhaitait au
départ faire une reproduction d'une des oeuvres de Pissarro
représentant l'ancien port d'Oissel. Mais après avoir
découvert le travail de 15, portraitiste, le projet a été
changé pour proposer un portrait de Pissarro lui-même.
Il faut également laisser de la liberté à
l'artiste d'autant plus lorsque l'artiste a une renommée mondiale. Il
faut être flexible sur de nombreux points. Ainsi il faut être
flexible sur la date : un tel artiste a un agenda très
chargé et ne compte pas sur le client pour vivre. C'est donc
plutôt à lui de dire quand il est disponible. Il faut
également être flexible sur la représentation
souhaitée. Trop planifier les démarches artistiques peut
être considéré comme une provocation pour un artiste pour
qui le geste repose sur une certaine spontanéité. Ainsi il est
possible d'imposer un thème, une personne ou une couleur mais non les
trois à la fois. En l'occurrence, le service culturel a seulement
imposé à 15 de représenter Pissarro, la technique, les
couleurs et la posture lui étant laissées libres.
Enfin il convient d'écouter l'artiste et de le laisser,
lui aussi, proposer des choses. Cela est gage que l'artiste est inspiré
par le projet. Et cela permet aussi d'approfondir les idées. Le client
peut avoir des idées mais l'artiste peut en avoir de meilleures ou de
plus réalisables (il est vrai que le client peut ne pas se rendre compte
des difficultés techniques afférentes à son idée).
C'est ainsi que le service culturel a pu répondre aux appels à
projet auxquels il souhaitait participer avec des éléments
techniques pertinents et réalisables.
Là est donc la particularité de ces
avant-projets : être suffisamment cadré pour permettre un
accord éclairé de l'artiste mais suffisamment flexible pour lui
laisser la liberté dont il a besoin et qu'il peut exiger. C'est pourquoi
ces projets sont difficiles à mettre en oeuvre puisque les
planifications urbaines nécessitent d'anticiper et régler tout.
Il est donc difficile pour l'artiste de s'adapter à ces exigences.
Chapitre 4. Etablir un
budget prévisionnel
Avant de soumettre le projet pour approbation en mairie, il
faut pouvoir annoncer à combien le projet est estimé. Ce budget a
plusieurs utilités (section 1), ce pourquoi il doit être
précis et le plus complet possible (section 2).
Section 1. Utilité du budget prévisionnel
Il s'agit d'un document financier ayant pour but de
répertorier les dépenses et les recettes liées à
une action. Avant toute soumission du projet à la mairie ou demande de
subvention, il convient de savoir combien la réalisation va couter
à la ville.
L'utilité première de ce document est de
s'assurer de la viabilité et de la rentabilité du projet. Il
permet d'avoir une vue globale et détaillée de l'ensemble des
charges et recettes. Il s'agit aussi d'un moyen de prévention contre les
déficits budgétaires.
Cette estimation est importante, le projet pouvant être
invalidé par le conseil municipal s'il estime celui-ci
démesurément coûteux par rapport à la portée
du projet. Car il s'agit en effet de l'une des seules préoccupations du
conseil lors du vote : le coût et la portée. Il faut que les
moyens engagés par la mairie soient en corrélation avec
l'intérêt que pourra avoir le public.
Cela servira également à savoir quel montant
pourra être demandé en subvention à la DRAC ou quelle aide
pourra être demandée au mécène. Cela peut être
primordial car certains projets ne sont envisageables qu'avec une aide
financière extérieure et ne verraient pas le jour avec le seul
financement de la ville. En tout état de cause, la DRAC requiert ce
budget prévisionnel lorsqu'une demande de subvention est
sollicitée.
Enfin ce document sera utile après la
réalisation du projet. Il servira en effet pour comparer les
dépenses prévues avant la réalisation du projet et les
frais réellement occasionnés par l'ensemble du projet. Cela
permettra donc d'établir le bilan financier de l'action (Partie 3).
Du fait de sa triple utilité, il est nécessaire
que le budget prévisionnel soit complété attentivement et
le plus objectivement possible.
Section 2. Composition du budget prévisionnel
Le budget prévisionnel recense l'ensemble des charges
requises et des charges générées par le projet. Il s'agit
d'un « prévisionnel ». Les sommes sont donc toujours
arrondies. Un budget prévisionnel se fait en deux étapes qui font
d'ailleurs l'objet de deux colonnes distinctes dans un tableau
prévisionnel. Il faut faire la somme des dépenses du service
(§1) puis la somme de ses futures ressources (§2). (voir annexe L
p.93)
§1. Les charges
Les catégories de charges sont classées par
numéro de 60 à 68. Il doit donc être indiqué :
- Les dépenses d'achat qui comprennent les prestations
de services (intervention d'un artiste, de techniciens,...), les fournitures
(fournitures administratives, matières premières,
équipement,...).
- Les dépenses de services extérieurs qui
comprennent les locations, l'entretien et les réparations, l'assurance
si nécessaire.
- Les dépenses autres de services extérieurs
comprenant toutes les rémunérations intermédiaires et les
honoraires, la publicité (achat d'affiches, de plaquettes,...) ou encore
les frais postaux.
- Les charges de personnel comprenant la
rémunération (salaires et primes), les charges sociales et autres
charges (repas, déplacements, formations,...).
- Les frais généraux (charges
financières, charges de gestion courante,...).
Une fois le total de ces charges calculé, il doit
être indiqué si des contributions volontaires seront
apportées (bénévolat, mise à disposition
gratuite,...).
§2. Les produits
Les catégories de produits sont classées par
numéro de 70 à 78. Il faut alors indiquer les
bénéfices escomptés en étant le plus
réaliste possible (l'objectif n'étant pas d'équilibrer les
recettes et les dépenses). Doivent donc être inscrits :
- Les ressources propres comprenant les prestations de
services facturées (par exemple un stage avec l'artiste) ou encore la
vente de marchandises (par exemple lors de l'inauguration de l'oeuvre).
- Le(s) subvention(s) escomptée(s) de l'Etat
(ministère de la culture, DRAC,...), de la région (conseil
régional), du département (conseil général), des
intercommunalités et/ou de la commune.
- L'aide apportée par un éventuel
mécène.
- Les autres recettes attendues à savoir les dons et
legs ou encore le report d'une subvention non utilisée lors d'un projet
précédent.
Enfin comme pour les charges, il doit être
indiqué si des contributions volontaires seront apportées
(bénévolat, dons en nature,...).
Une fois le projet terminé, il convient de le proposer
en mairie pour obtenir l'autorisation et engager les démarches
nécessaires à sa réalisation.
Chapitre 5. L'accord de la
mairie
Le périple du projet est long. Obtenir l'accord de la
mairie ne se fait pas en deux jours. Le projet doit passer par la commission
culturelle qui le présente au bureau municipal avant d'être
voté en conseil municipal (section 1). C'est en effet seulement
après le vote du conseil municipal et la réception du document
vérifié par le préfet que le service saura s'il pourra ou
non développer son projet (section 2).
Section 1. La commission culturelle, le bureau municipal et le
conseil municipal
Un projet doit obligatoirement passer par ces trois
étapes. Aucune ne peut être omise. C'est pourquoi le temps
écoulé entre la présentation du projet à la
commission et la délibération du conseil municipal peut
être long.
§1. La commission culturelle
L'article L2121-22 du CGCT donne la possibilité aux
conseils municipaux de créer des commissions qui auront pour but
d'améliorer le fonctionnement du conseil municipal dans le cadre de la
préparation des délibérations. Pour les affaires
culturelles il existe donc une commission culturelle.
Une commission est composée exclusivement de
conseillers municipaux dont un adjoint au maire (adjoint à la culture
pour les affaires culturelles). Elle doit être composée de
manière à représenter le plus fidèlement possible
la composition de l'assemblée municipale42(*).
Son rôle se limite à l'examen préalable
des questions qui vont être soumises au conseil municipal. Elle
émet simplement des avis mais ceux-ci sont importants.
Le directeur du service culturel assure le suivi administratif
de la commission culturelle. Il présente alors le projet et le budget
prévisionnel ainsi que la demande de subvention souhaitée. A ce
stade, le rôle du directeur est de persuader la commission du bien
fondé du projet afin que celle-ci rende un avis positif (accord de
principe).Obtenir un avis positif peut déjà présumer de
l'acceptation du maire. Car en effet, si la commission rend un avis
négatif, elle présentera péjorativement la question au
bureau municipal. Il y a dès lors peu de chances que le projet soit
accepté.
Présenter le projet à la commission culturelle
est donc un moment crucial pour le service culturel.
§2. Le bureau municipal
Le bureau municipal regroupe le maire, sept adjoints et deux
conseillers délégués. Y est donc présent l'adjoint
à la culture qui a préalablement assisté à la
commission culturelle. Il expose alors le projet du service culturel aux autres
élus. Le directeur du service culturel a en quelque sorte passé
le relai à l'adjoint aux affaires culturelles pour présenter le
projet (le directeur ne pouvant assister au bureau municipal). Le rôle de
l'adjoint est important pour rappeler l'utilité des projets culturels
dans la ville, car, pour le maire qui impulse et conduit l'action municipale,
l'action culturelle n'est pas une priorité qui s'impose à lui
comme peut l'être l'action sociale ou encore l'aménagement
urbain.
Lors de ce regroupement, le bureau prépare les dossiers
qui seront soumis au Conseil municipal pour délibération.
§3. Le conseil municipal
Il s'agit de l'organe délibérant de la commune.
Il « règle par ses délibérations les affaires de
la commune »43(*). Les décisions qui ne sont pas de la gestion
courante doivent en effet faire l'objet de délibérations. Comme
la loi44(*) le
prévoit, le conseil municipal est composé de 33 élus.
Le directeur du service culturel a préalablement fait
procéder à l'inscription à l'ordre du jour des questions
concernant son projet par le biais d'une note de présentation. Si le
projet a des conséquences financières, il est examiné en
commission des finances avant d'être envoyé à l'ensemble
des membres du conseil municipal.
C'est ainsi que la question du projet est
évoquée puis soumise à délibération.
Section 2. La délibération
Lors de la réunion du bureau, l'adjoint à la
culture présente le projet et l'avis qui en est ressorti. C'est en cela
que l'avis positif de la commission est important. Le bureau se fiera
généralement aux dires de l'adjoint. Il est en effet rare qu'un
projet ayant reçu un avis négatif soit accepté en conseil
municipal. A ce stade, le bureau est donc au point sur le projet et le votera
en conseil municipal.
Finalement, même si le projet a déjà
été examinée par plusieurs élus et par le maire, et
est donc pratiquement votée, il doit malgré tout être
exposé en conseil municipal puis voté.
Si le conseil municipal vote le rejet du projet alorscelui-ci
s'arrête là et tout le travail préalable de recherche
n'aura servi à rien. C'est pourquoi, redisons-le, le projet doit
être cadré et persuasif.
Si le conseil municipal accepte le projet, la
délibération est envoyée à la préfecture
où le préfet vérifie sa légalité. Le cachet
de la préfecture rend exécutoire la délibération.
Le service culturel pourra alors commencer à travailler
réellement sur le projet.
Pour continuer de parcourir les étapes de la
réalisation d'un projet artistique, nous partirons du principe que le
conseil municipal a accepté ce dernier. Il faudra donc désormais
engager les moyens nécessaires pour que celui-ci puisse être
réalisé.
Partie 2. Rendre le projet
possible : obtenir les droits et les fonds
Si l'idée est fructueuse et que tout est en place dans
l'esprit du porteur de projet, celui-ci peut cependant se trouver
confronté à des obstacles non négligeables. En effet, il
ne suffit pas d'avoir le soutien de la mairie pour que le projet se
réalise. Encore faut-il que le lieu soit disponible ou que son
propriétaire accepte qu'il serve à la réalisation d'une
oeuvre (Chapitre 1). D'autre part, si la mairie apporte une aide
financière au service culturel, celle-ci est rarement suffisante. Il
convient alors d'obtenir une aide financière extérieure (Chapitre
2).
Chapitre 1. L'obtention des
autorisations
Nous l'avons vu, les lieux choisis sont soit des lieux
stratégiques soit des lieux en décrépitude. Or l'art
urbain fait l'objet d'un encadrement strict de la loi (section 1) qu'il
s'agisse d'un projet portant sur du patrimoine public comme sur du patrimoine
privé. D'autre part, s'il est aisé d'obtenir l'autorisation de la
mairie puisque son accord pour le projet présume de son accord pour
utiliser son patrimoine (section 2) nous ne pouvons en dire autant d'un
propriétaire privé, parfois peu réceptif à ce genre
d'action (section 3).
Section 1. Le développement de l'art dans la
ville : un phénomène juridiquement complexe
Deux principes s'opposent lorsque l'on parle d'art dans la
ville : celle de la liberté d'expression45(*) (voulue par les artistes) et
celle de droit de l'urbanisme et de conservation du patrimoine (voulue par les
conservateurs).
En règle générale, le droit de
propriété confère au propriétaire le droit de
réaliser les projets artistiques de son choix. Cependant, le droit de
l'urbanisme pose des limites certaines et la protection du patrimoine pose
également des contraintes. Or ces règles sont plus puissantes que
le principe de libre disposition des biens. Ces normes, combinées,
forment un ordre public esthétique46(*) qu'un artiste doit respecter pour pouvoir exposer
dans la ville. La difficulté reste que cet ordre est difficile à
définir, l'art étant, par essence, subjectif (il n'y a pas de
valeur de référence).
Ce qui est recherché, c'est donc le maintien de
l'unité paysagère mais avec une part d'originalité.
L'oeuvre doit s'insérer dans l'environnement qui l'entoure. Une lutte
est engagée contre les « créateurs de
désordre » qui font perdre leur équilibre aux espaces
urbains. Or cette conception de l'équilibre est laissée à
la discrétion du juge en cas de conflit.
Le code pénal sanctionne les artistes qui n'ont pas
obtenu l'autorisation du propriétaire du lieu sur lequel est peinte ou
apposée l'oeuvre. Ainsi le tag est considéré comme une
dégradation du patrimoine. Les articles 322-1 et -2 du code pénal
prévoient des peines pouvant aller jusqu'à deux ans
d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende.
C'est pourquoi obtenir une autorisation est essentiel au bon
déroulement du projet.
Section 2. L'autorisation d'utiliser le patrimoine public
L'art peut-il être en dehors des lieux qui lui sont
proprement consacrés ? Il est vrai que l'espace public n'est pas
propice à l'art. Et cela essentiellement parce que l'idée d'une
personne (l'artiste) se retrouve en cohabitation avec les idées de tous
(les habitants). C'est pourquoi il est nécessaire que la personne
publique soit en phase avec le projet pour obtenir son autorisation. Il
convient alors de présenter cette autorisation que doit délivrer
la mairie (§1) et ce qu'il en est pour les cas d'espèces à
Oissel (§2). Enfin, nous traiterons de la demande d'autorisation en
elle-même (§3).
§1. La propriété publique et les
différentes autorisations
Le domaine public d'une personne publique est constitué
des biens lui appartenant qui sont soit affectés à l'usage direct
du public, soit affectés à un service public47(*). Font partie du domaine
privé les biens des personnes publiques qui ne relèvent pas de
ceux précédemment indiqués48(*). Les personnes publiques gèrent librement
leur domaine privé selon les règles qui leur sont
applicables49(*).
Ainsi, comme pour le droit de propriété en droit
privé, lorsqu'une personne est propriétaire d'un bien, elle est
entièrement libre de faire ce qu'elle souhaite de celui-ci. Elle dispose
de l'usus, du fructus et de l'abusus50(*). C'est donc le cas pour la personne publique bien que
cette liberté ne soit pas inconditionnelle, notamment en matière
de cession.
Le conseil d'état a reconnu un véritable droit
de propriété exercé sur le domaine par les personnes
publiques51(*). Les
personnes publiques ont donc droit d'user et de jouir de leur domaine public
et, a fortiori, privé.
Cette propriété doit être exclusive. La
personne publique est nécessairement l'unique propriétaire de ses
dépendances (selon la loi du 10 juillet 1965 aucun démembrement
de propriété ne peut être toléré)52(*).Cela permet à l'artiste
de ne requérir qu'une seule autorisation. Car en effet, l'occupation du
domaine public est conditionnée par l'obtention d'une autorisation qui
est délivrée par le propriétaire ou le gestionnaire du
bien en question.
Si la commande est faite par la mairie, ce qui est le cas en
l'espèce, il n'en reste pas moins que l'artiste doit posséder
cette autorisation car l'oeuvre reste privée.
L'autorisation d'occupation est délivrée
à titre temporaire53(*), précaire et révocable54(*). C'est pourquoi l'oeuvre doit
être, dans la mesure du possible, démontable ou
éphémère (ne laissant pas de trace directe). Le bien doit
pouvoir retrouver son état originaire à tout moment.
L'intégrité matérielle et le respect de l'affectation des
dépendances du domaine public doivent de toute manière être
préservés.
Qu'en est-il des biens de la commune ?
§2. Cas d'espèces
a. Le moulin : bien privé du patrimoine public
Le moulin, où sera exposé une oeuvre dans le
cadre du festival Normandie Impressionniste, fait partie du domaine
privé de la commune d'Oissel qui en a fait l'acquisition par achat.
L'objet de l'acquisition a donc été celui de la
préservation d'un bien historique. La conservation du patrimoine est en
effet d'intérêt général.
En tant que bien privé, le simple contrat entre la
commune et l'artiste suffira à légitimer l'intervention de
l'artiste. Il ne nécessitera pas d'autorisation supplémentaire.
b. Le château : distinction entre monument non
classé et monument historique
Le château fut quant à lui partie du patrimoine
public de la commune car il est affecté à un service public. Des
aménagements intérieurs et extérieurs démontrent la
réelle volonté d'affecter les biens en question au service public
comme l'exige le CGPPP55(*). Le parc et ses jardins étant
aménagés sont concernés par cette utilité
publique56(*). L'artiste
devra donc nécessairement obtenir une autorisation de la commune pour
élaborer son oeuvre.
Le château n'est pas classé monument historique.
Il est cependant intéressant d'envisager cette hypothèse pour
d'autres projets. Si un bien public est classé, et donc
protégé, l'artiste devra obtenir, en plus de l'autorisation du
maire, l'accord de l'architecte des bâtiments de France. Chaque monument
historique donne lieu à une protection systématique de ses
abords. Il y a donc une surveillance des modifications qui sont
apportées à l'existant (le bâtiment comme ses alentours).
Si l'oeuvre a pour objectif de transformer le bâtiment
classé, le préfet doit recevoir une demande en ce sens. Il y a en
effet des contraintes réglementaires, architecturales et techniques que
le projet devra respecter.
c. Le pont de Tourville : propriété du
département
Ce pont relie Tourville-la-Rivière à Oissel par
une route départementale (D13). Or un pont qui supporte une route
appartient au domaine public routier. Si ce domaine public routier est
départemental le pont est alors propriété du
département et celui de la commune si la voirie est communale. Ce
principe fut apporté par le conseil d'état57(*) précisant que la
collectivité propriétaire d'un ouvrage d'art est
nécessairement celle qui est propriétaire de la voie de
communication portée.
La règlementation en matière d'occupation du
domaine public départemental est la même que celle du domaine
public communal, à savoir la nécessité d'obtenir une
autorisation d'occupation (article L2122-1 du CGPPP) à ceci près
que l'autorisation doit être délivrée par le
président du département et non par le maire.
Une fois déterminé à qui elle doit
être envoyée, la demande d'autorisation doit comporter des
éléments obligatoires.
§3. La demande d'autorisation
Pour occuper un lieu qui appartient à une
collectivité, il faut envoyer une lettre à son dirigeant (le
maire pour une commune, le président pour le département, le
préfet pour la région). Cette lettre doit comprendre des
éléments obligatoires. Il faut mentionner le nom de l'action
(évènement, exposition,...), le lieu souhaité et la date
envisagée.
En ce qui concerne le domaine privé de la personne
publique, il n'est pas obligatoire que le projet ait un terme. En revanche pour
occuper le domaine public, il faut nécessairement prévoir une
date de début et une date de fin (l'action étant temporaire).
Pour une action courte, les horaires d'occupation doivent également
être précisés. Il peut égalementêtre utile de
fournir un plan mentionnant l'endroit exact de l'action.
Il convient de préciser cependant que dans les services
internes d'une collectivité, cette demande d'occupation n'est pas
exigée. Comme expliqué plus haut, lorsque le conseil municipal
donne son accord pour le projet, il donne tacitement son accord pour utiliser
le patrimoine concerné.
Si l'autorisation d'utiliser le patrimoine public est
plutôt aisée à obtenir pour un service culturel, il n'en
est pas de même pour l'utilisation du patrimoine privé. En effet,
proposer une action sur un immeuble privé demande l'élaboration
d'un réel contrat.
Section 2. L'autorisation d'utiliser le patrimoine
privé
Bien que l'initiative soit publique, l'autorisation d'utiliser
le patrimoine privé répond aux règles de droit
privé (§1). Nous verrons donc comment ont été
gérées ces demandes d'autorisation à Oissel selon les
divers projets (§2).
§1. Principe
Sur le principe, la propriété des personnes
privées est subordonnée aux mêmes règles que celle
des personnes publiques. Cela signifie que nul ne peut librement atteindre
à la propriété d'une personne privée. Le droit de
disposer de son bien est absolu, même si le lieu est laissé
à l'abandon. Il faut nécessairement justifier d'un titre ou d'un
accord amiable. L'oeuvre sera sinon illégale (l'occupation sans droit ni
titre d'un immeuble appartenant à autrui constitue un trouble
manifestement illicite au sens de l'article 809 du code de procédure
civile58(*)).
Le code pénal prévoit que « le
fait de tracer des inscriptions, des signes ou des dessins, sans autorisation
préalable, sur les façades, les véhicules, les voies
publiques ou le mobilier urbain est puni de 3750 euros d'amende et d'une peine
de travail d'intérêt général lorsqu'il n'en est
résulté qu'un dommage léger »59(*). Une collectivité
n'étant pas dispensée de cette règle, utiliser le
patrimoine d'un particulier pour l'un de ses projets sans autorisation la
rendrait passible de sanctions, et ce même sous l'argument de
l'intérêt général.
Pour tous les projets, il est à noter que c'est la
collectivité qui contracte avec les personnes privées et non
l'artiste. En cas de litige l'artiste devra se retourner contre la
collectivité, de même que la personne privée.
Enfin, pour obtenir l'autorisation du propriétaire, il
faut que celui-ci en tire un bénéfice personnel (embellissement
de son patrimoine). Cela laisse peu de marge de manoeuvre à l'artiste
car le projet présenté au propriétaire doit être le
plus similaire possible à ce qui sera effectivement produit. Obtenir
cette autorisation nécessite également d'accepter les conditions
(qui peuvent être rédhibitoires) du propriétaire.
Qu'en est-il dans la commune ?
§2. Cas d'espèces
a. La place Boieldieu d'Habitat 76
La place Boieldieu appartient à Habitat 76.
Conformément à la législation une demande d'autorisation a
donc été effectuée. Cependant, la demande et
l'autorisation ont été envoyées par mail (voir annexe M
p.94-95).
Quelle est la valeur d'une autorisation donnée par
e-mail ? Une telle autorisation peut valoir contrat
électronique60(*)
si le destinataire de la demande a accepté l'usage de ce moyen61(*). Cela peut se faire dés
lors que le destinataire a donné son adresse électronique. Le
destinataire doit par ailleurs accuser réception62(*) de l'e-mail de demande (il
doit effectivement donner son autorisation). Le simple fait de donner son
adresse e-mail ne présume pas de l'acceptation du propriétaire.
La réception de l'autorisation d'utiliser son
patrimoine par une personne privée forme une preuve d'accord entre les
parties. L'artiste pourra donc réaliser son oeuvre.
b. Les blocs EDF
L'autorisation demandée à EDF interviendra dans
un contexte particulier. En effet, le projet s'insère dans le cadre d'un
appel à projet mené par la Fondation EDF elle-même. Par
conséquent, si le projet leur convient et que celui-ci est retenu (la
fondation n'en retient qu'environ 150 par an), ils le financent et
l'utilisation de leurs blocs et compteurs, peu esthétiques dans la
ville, sera par voie de conséquence autorisée.
c. Le pont SNCF
La SNCF a déjà elle-même fait appel
à des artistes pour revaloriser l'immense patrimoine qu'elle
possède. Il est vrai que son patrimoine n'est pas connu pour être
le plus esthétique qui soit. Elle a pour cela fait des appels à
projet (sous forme de concours), le candidat n'étant pas
rémunéré. Au vu de son intérêt pour l'art
urbain, le service culturel lui propose donc de financer un projet artistique
sur le pont qui relie Tourville la Rivière à Oissel. Si une
demande d'autorisation a été envoyée, elle reste à
ce jour sans réponse (voir annexe N p.96).
L'autorisation n'est donc pas toujours acquise. Il faut
parfois des négociations et dans le pire des cas changer le projet de
lieu. Le problème étant que toute modification du projet devra de
nouveau passer en conseil municipal.
Chapitre 2. L'obtention des
financements
Il est constant, ou plutôt admis qu'on ne peut rien
faire sans moyens. Les artistes bénévoles sont rares et, quand
bien même, ils ne fourniraient pas des matériaux payés avec
leurs deniers personnels. Or, dans une petite ville, les moyens accordés
à un projet ne sont pas très élevés. Il convient
donc pour le porteur de projet d'étoffer le budget en obtenant une
subvention (section 1) ou en trouvant un mécène (section 2).
Section 1. La demande de subvention
Une subvention peut être demandée à
différentes autorités administratives (§1). Pour cela, la
demande doit être rédigée avec soin et le projet doit
être approprié aux objectifs de financement de l'autorité
concernée (§2). En effet, plus le projet entre dans son champ de
subvention, plus la collectivité a des chances d'obtenir une aide pour
son action (§3).
§1. Les partenaires
Lorsque l'on souhaite une subvention, la première
pensée se dirige vers la DRAC (Etat). Mais le département
(conseil général), la région (conseil régional) et
la métropole peuvent également apporter une aide
financière au projet.
Le ministère de la Culture et de la Communication
consacre une part non négligeable de son budget à soutenir les
actions culturelles qui sont portées par les associations, les
collectivités, les entreprises privées, les établissements
publics ou encoreles particuliers. Pour obtenir une subvention, la DRAC est
bien évidemment la première instance à contacter. Il
s'agit d'un service déconcentré du ministère de la culture
qui opère dans chaque région sous l'autorité du
préfet de région depuis 196363(*). Son rôle est de mettre en oeuvre les
priorités définies par le ministère de la culture à
savoir : "Rendre accessibles au plus grand nombre les oeuvres
capitales de l'humanité ; favoriser la création des oeuvres d'art
et de l'esprit; développer les pratiques artistiques ; mettre en oeuvre,
conjointement avec les autres ministères intéressés, les
actions menées par l'Etat en vue d'assurer le rayonnement de la culture
française et de favoriser les échanges avec les autres cultures
du monde64(*)". Il
s'agit donc d'un partenaire potentiel pour le porteur de projet car la DRAC
dispose de crédits d'intervention. Elle soutient la mise en oeuvre de
toute action de valorisation du patrimoine, ce qui est le cas du service
culturel d'Oissel.
Mais une aide financière peut aussi être
demandée au département. L'attribution d'une subvention fait
alors l'objet d'un vote du conseil général. Le département
de la Seine-Maritime soutient plutôt des projets en matière de
mobilité, d'équipements communaux, d'environnement, de
développement économique, de patrimoine, d'équipements
culturels et sportifs et d'accueil de la petite enfance. Les projets
artistiques n'entrent pas en priorité dans son champ de
participation.
Une subvention peut également être
demandée à la Région. Dans ce cas, la subvention est
votée par le conseil régional ou sa commission permanente. La
Région Haute-Normandie soutient les projets culturels et artistiques.
Par exemple elle soutient le Festival Normandie Impressionniste à
l'initiative de la Métropole.
La Métropole soutient les projets artistiques
également puisqu'elle est à l'initiative de
l'évènementFestival Normandie Impressionniste dont elle aide les
participants financièrement.
Enfin, et pour les collectivités de grande envergure
(par exemple la Région), une subvention peut être demandée
à l'Europe (Fond européen de développement
régional).
Il est possible de dresser un dossier de demande de subvention
à une ou plusieurs autorités administratives (par exemple il est
possible de demander une aide à la DRAC et à la Région
pour un même projet).
Pour obtenir une subvention, il faut demander à
l'autorité administrative en question un dossier de demande de
subvention qui comprend toutes les informations nécessaires à
l'élaboration de la demande.
§2. La rédaction de la demande
Deux demandes ont été faites par le service
culturel pour deux projets différents. Si, pour la première, la
demande fut faite par le biais d'un dossier préconçu à
compléter (a) la seconde à nécessité la
présentation du projet en question (b).
a. La demande de subvention à la DRAC
Lorsque le projet semble entrer dans le cadre des objectifs de
financement de la DRAC, il faut remplir un dossier. Chaque région a sa
manière de fonctionner. En Haute-Normandie, il faut d'abord contacter le
directeur du service concerné pour lui présenter le projet. S'il
estime que celui-ci pourrait faire l'objet d'une subvention, il fait parvenir
au porteur de projet un dossier de demande de subvention. Dans certaines
régions, un formulaire de demande de subvention est directement
téléchargeable sur le site du ministère de la
culture65(*).
Que comprend ce dossier ? (voir annexe O p.97 à
101) Il est d'abord demandé de présenter l'établissement
public porteur de projet (quelle commune, représentée par quel
maire). Le porteur de projet doit ensuite décrire l'action. Doivent donc
être détaillés les objectifs, le contenu, le public
ciblé et le lieu de réalisation. Le dossier comprend
également un budget prévisionnel. Enfin, des annexes doivent
être fournies, à savoir un relevé d'identité
bancaire et, si possible, un compte rendu favorable de la commission culturelle
et du conseil municipal.
Enfin, le porteur de projet doit s'engager à retourner
à la DRAC le compte rendu financier66(*) de l'action financée par elle dans les six
mois suivant la fin de l'exercice pour lequel elle a été
attribuée. Ce compte rendu comprend la description des opérations
comptables attestant de la conformité des dépenses
effectuées à l'objet de la subvention. Pour cela il faut remplir
à nouveau le tableau du budget prévisionnel mais avec les
dépenses réelles effectuées. Un bilan qualitatif de
l'action est réalisé (les objectifs ont-ils été
atteints ? Quelles ont été les dates et lieux de
réalisation ? Combien de personnes cela a t-il
visé ?...). Enfin, un commentaire est réalisé sur
les écarts entre le budget prévisionnel et la réalisation
de l'action.
Nous voyons donc que l'Etat souhaite contrôler que le
financement qu'il apporte est bien affecté au projet visé. La
DRAC peut en effet réclamer le remboursement de la subvention non
utilisée.
b. La demande de subvention à Normandie
Impressionniste
Ce groupement d'intérêt public (GIP)67(*) est à l'initiative de 8
fondateurs (régions, départements, métropole, villes). Ils
convergent tous ensemble sur un projet commun : l'impressionnisme dans la
ville. Le groupement a pour objectif d'aiderles porteurs de projets à
financer toutes les actions allant en ce sens (expositions, spectacles,
visites,...). Un GIP est doté de l'autonomie administrative et
financière (il a un budget propre destiné à financer les
divers projets). Cela implique qu'il peut octroyer lui-même des
subventions (il n'est donc pas nécessaire de demander une subvention
à la DRAC, à la Région ou au Département).
Par conséquent, il suffit que le projet du service
culturel soit accepté par la commission du festival pour obtenir la
subvention et le label « Normandie impressionniste ». Il
n'y a pas de dossier type à remplir, seulement une présentation
détaillée du projet accompagnée d'un budget
prévisionnel.
C'est alors la qualité du projet et la précision
du budget prévisionnel qui feront que le service obtiendra ou non la
subvention.
§3. La recevabilité de la subvention
a. Qualité du projet
Une subvention est une contribution facultative de
l'administration. Elle n'est pas obligée de participer. C'est pourquoi
il semble cohérent que l'obtention de la subvention soit
conditionnée par la proximité du projet avec les objectifs de
l'Etat en matière culturelle. Si tel est le cas, cela ne suffit pas
toujours à obtenir une aide. Il faut remplir un dossier solide mais
également le porter et être « habité »
par son projet. Comme nous pouvons le formuler plus communément, il faut
vendre son projet.
Pour une commune, cela est plus facile que pour un particulier
ou une association car ses projets ont nécessairement une portée
plus large (un public plus important et diversifié, une place plus
large, des fonds personnels plus élevés). De plus, une commune
portant un projet bénéficie d'une forme de présomption
d'intérêt général.
Enfin, il est à savoir que le montant de la subvention
versée est calculé selon la nature, le montant du projet et les
dépenses nécessaires à sa réalisation. Le porteur
de projet ne doit pas demander une subvention d'un montant excessif par rapport
à l'action envisagée.
b. Cas d'espèces
En ce qui concerne la demande de subvention à la DRAC,
celle-ci nous a été accordée pour un montant de
10 000€ pour les résidences artistiques de 2015.En
l'occurrence, les résidences artistiques mises en place par la ville
d'Oissel ayant pour objectif de faire travailler les enfants sur des projets
artistiques entrent pleinement dans la politique en faveur de
l'éducation artistique et culturelle du ministère de la Culture
et de la Communication. De même, le ministère soutient
l'aménagement culturel du territoire en finançant des projets qui
visent à créer une présence artistique dans les milieux
ruraux isolés ou au sein des quartiersdéfavorisés.
Concernant la demande de subvention à Normandie
Impressionniste,celle-ci nous a également été
accordée pour un montant de 3 000€, le projet entrant dans les
objectifs du festival.
Si le porteur de projet n'obtient pas de subvention ou si
celle-ci est trop faible eu égard au coût global
estimé du projet, il peut également trouver des financements
auprès de partenaires privés, notamment auprès des
mécènes.
Section 2. La recherche de mécènes
Le mécénat est un moyen bien spécifique
d'obtenir des financements (§1) pour certains porteurs de projets telles
que les collectivités (§2). Cependant il n'est pas toujours
aisé de trouver le mécène qui répondra
favorablement à la demande, le mécénat ne touchant que
certains secteurs, selon les préférences du donateur (§3).
§1. Le mécénat
« Le mécénat est le soutien
matériel apporté, sans contrepartie directe de la part du
bénéficiaire, à une oeuvre ou une personne pour l'exercice
d'activités présentant un intérêt
général »68(*). Ce soutien matériel peut venir de
particuliers mais vient plus largement des entreprises. Le don peut être
versé en numéraire, en nature ou en compétence69(*) pour soutenir une oeuvre
d'intérêt général.
Si ces personnes effectuent des dons, cela est souvent
dû aux mesures incitatives apportées par la loi du 1er
aout 200370(*). En effet,
tout don ouvre droit à déduction fiscale pour le donateur. En ce
sens, les entreprises peuvent déduire 60% de la valeur du don de leur
impôt sur les sociétés dans la limite de 0,5% du chiffre
d'affaire. Les particuliers peuvent, quant à eux, déduire 66% de
la valeur du don de leur impôt sur le revenu dans la limite de 20% du
revenu imposable.
Le donateur, contrairement au sponsor, ne peut exiger de
contrepartie directe. Mais il existe des usages tels que l'insertion du logo
sur les papiers, des tickets d'entrée gratuits et autres avantages en
nature.
Mécéner un projet apporte des avantages au
donateur, et plus particulièrement pour les entreprises. Cela
améliore l'image externe de l'entreprise, renforce la cohésion du
personnel et fidélise une nouvelle clientèle.
Si toute personne ou toute entreprise peut devenir
mécène, tout le monde ne peut pas bénéficier du
mécénat. La loi cite strictement les personnes qui sont
éligibles à cette aide financière.
§2. La collectivité bénéficiaire du
mécénat
Dans le domaine culturel, les principaux organismes
éligibles au mécénat sont l'Etat, les collectivités
et leurs établissements71(*), les organismes d'intérêt
général, les fondations reconnues d'utilité publique et
fondations abritées, les fonds de dotation, les musées et les
monuments historiques.
Les collectivités se tournent de plus en plus vers les
mécènes car celles-ci doivent faire face à la
raréfaction des recettes publiques.
Mais être une collectivité ne suffit pas à
bénéficier du mécénat pour son projet. L'organisme
doit être d'intérêt général. Cela sous entend
que l'activité doit être non lucrative et non concurrentielle. La
gestion doit être désintéressée et l'activité
ne doit pas profiter à un cercle restreint de personnes. Enfin l'oeuvre
doit être d'intérêt général : elle doit
donc avoir un caractère philanthropique, éducatif, culturel, ou
concourir à la mise en valeur du patrimoine artistique, à la
diffusion de la culture,...
Bien que le porteur de projet, en l'espèce la commune,
soit éligible au mécénat, il lui appartient d'effectuer
les recherches et de convaincre un mécène d'aider
financièrement ce projet à voir le jour.
§3. Trouver un mécène dans le secteur
culturel et artistique
Les mécènes du secteur culturel ne sont pas les
plus faciles à trouver car ils sont peu nombreux (a). C'est pourquoi une
fois le mécène repéré, le porteur de projet doit
tout mettre en oeuvre pour persuader celui-ci d'aider au financement de son
projet (b).
a. Les mécènes du secteur culturel
« La hiérarchie des domaines de
mécénat évolue et témoigne d'un véritable
souci des préoccupations sociales et sociétales
actuelles » nous dit Henri Loyrette, président
d'Admical72(*).
Aujourd'hui, environ 23%73(*) des entreprises mécènes soutiennent la
culture. Le sauvetage ou l'entretien du patrimoine, sa réinsertion dans
l'environnement public, son exploitation à des fins pédagogiques
ou ludiques, voici les choix d'intervention pour un bon nombre d'entreprises.
Le mécénat culturel vise donc amplement les objectifs du service
culturel.
Il est fondamental de bien connaitre les entreprises pour
mieux les sélectionner. En effet, les entreprises mécènes
ont déjà défini les secteurs qu'elles souhaitent aider
ainsi que les stratégies y afférant. Il est donc inutile de
préparer toute une argumentation pour une entreprise qui a pour
politique de mécéner le sport.
Il est également possible de démarcher des
entreprises qui n'ont encore jamais pratiqué le mécénat,
sur la base d'un projet qui correspond à la politique de production de
cette entreprise (par exemple l'entreprise qui fabrique les supports
nécessaires à la réalisation de l'oeuvre).
b. Convaincre le mécène de soutenir le
projet
Les entreprises qui mécènent les projets
culturels figurent dans des annuaires. Elles sont très
sollicitées ce pourquoi, une fois de plus, il est nécessaire que
le projet soit bien en phase avec les attentes de l'entreprise.
Il faut donc bien définir le projet et présenter
à l'entreprise :
- le projet en lui-même (les artistes engagés, la
nature du projet,...),
- son bien fondé et/ou son originalité (en quoi
le projet fait la différence avec un autre projet qui pourrait
être soumis à l'entreprise),
- l'évaluation quantitative et qualitative du public
à toucher (quel public sera sensible à l'oeuvre),
- le rayonnement géographique du projet
(jusqu'où l'action aura-t-elle une portée ? Cela
dépassera t-il les frontières de la collectivité ?),
- la stratégie de communication (la publicité
faite concernant l'action, la place de l'entreprise),
- la nature des contreparties (insertion du logo de
l'entreprise sur les documents, remerciements, avantages en nature,...),
- la présentation du budget (pour permettre au
mécène d'appréhender sa place dans l'investissement pour
l'action et pour proposer la somme qu'il est prêt à mettre, si
celle-ci n'a pas déjà été informée par la
collectivité dans le projet).
Ce temps de préparation est long et parfois
contrariant, en ce sens qu'il est obligatoire mais jamais suffisant. Quoi qu'il
arrive, la réalité du projet contredira les prévisions en
termes de mise en oeuvre et de réception de l'oeuvre.
Partie 3. La finalisation
du projet : réalisation et bilan
Selon les cas, la collectivité peut devoir ouvrir un
marché public (chapitre 1). Une fois le choix de l'artiste
arrêté, l'action attendue de sa part fait l'objet d'un contrat
(chapitre 2). C'est dans ce contrat que la propriété de l'oeuvre
devra être fixée (chapitre 3). Enfin le projet se termine
nécessairement par un bilan destiné à tirer des
enseignements utiles aux futurs projets (chapitre 4).
Chapitre 1.Le marché
public
La procédure de marchés publics obéit
à une réglementation spécifique (les marchés
publics font l'objet d'un code à eux seuls). En matière,
artistique il existe un principe légal (section 1) et des exceptions
jurisprudentielles (section 2). Nous verrons ensuite la position du service
culturel sur ce point (section 3).
Section 1. Le principe
L'article 1 du CMP définit les marchés publics
comme « les contrats conclus à titre onéreux entre
les pouvoirs adjudicateurs [...]et des opérateurs économiques
publics ou privés, pour répondre à leurs besoins en
matière de travaux, de fournitures ou de services ».
Si le principe est la liberté contractuelle des
personnes publiques, le conseil constitutionnel a rappelé en
200674(*) que ceci
s'appliquait sous réserve de l'intérêt
général. C'est pourquoi la priorité est donnée
à la publicité et à l'ouverture à la
concurrence.
Il existe un principe d'égalité devant les
marchés publics permettant à tous de déposer sa
candidature dès lors que la personne répond aux exigences
formulées par la collectivité territoriale. Cependant, un
tempérament est formulé à l'article 15 du CMP qui
prévoit qu'un droit de préférence peut être
accordé aux personnes handicapées. Le conseil constitutionnel a
étendu cette possibilité en 200175(*) en octroyant le même droit aux personnes
« rencontrant des difficultés
particulières ».
L'article 26-II-1° prévoit que sous le seuil de
134 000€ la commande peut faire l'objet d'une procédure
adaptée (négociée), et non d'un marché public,
« dont les modalités sont librement fixées par le
pouvoir adjudicateur en fonction de la nature et des caractéristiques du
besoin à satisfaire » (article 28 du CMP). Mais selon le
règlement intérieur définissant les procédures
d'achats publics utilisables par les services municipaux adopté le 23
juin 2005 par délibération du conseil municipal d'Oissel,qui est
plus restrictif,les procédures adaptées ne sontpossibles que pour
les commandes inférieures à 5 000€.
Cependant, par principe, les commandes artistiques n'entrent
pas dans le champ d'application de l'article 28 du CMP qui liste l'ensemble des
services devant être soumis au CMP.
En revanche, le juge ne semble pas entièrement d'accord
avec le principe d'exclusion des commandes d'oeuvres des marchés
publics.
Section 2. Les exceptions
L'exception est d'abord jurisprudentielle. En effet, la cour
administrative d'appel de Marseille76(*) a ainsi jugé qu'il appartenait au pouvoir
adjudicateur de justifier que le choix d'un prestataire (artistique en
l'espèce) relève de « raisons artistiques
particulières ». Par cet arrêt, la cour fait entrer les
prestations artistiques dans le champ des marchés publics. Selon elle,
ne pas les faire entrer dans le champ des marchés publics est une
exception et non une règle générale.
Dans ce cas, si l'on veut respecter la jurisprudence, il est
encore possible de ne pas faire de marché en appliquant l'article
35-II-8° du CMP. En effet, celui-ci prévoit que peuvent être
négociés sans publicité et sans concurrence les
marchés qui ne peuvent être confiés qu'à un
opérateur économique déterminé pour des raisons
techniques, artistiques ou tenant à la protection des droits
d'exclusivité. Car le droit de propriété intellectuelle
confère à son propriétaire une protection qui ne saurait
être remise en cause par le droit des marchés publics.
Pour que l'on ne passe pas par un marché public mais
par un marché négocié il faut donc une commande d'oeuvre
originale. Pour cela, le conseil d'Etat77(*) a dégagé deux conditions :
- La première est que le choix du co-contractant est
« dicté par des motifs liés à une
exclusivité objective reconnue ». «
Exclusivité objective reconnue » signifie que
l'exclusivité ne doit pas être créée par le pouvoir
adjudicateur lui-même en vue de la passation du marché
négocié. L'exclusivité d'un opérateur
économique s'explique par l'existence de droits sur un
procédé de fabrication ou la mise en oeuvre d'une prestation.
- La seconde est que « le besoin ne peut
être satisfait par un autre moyen qui ne serait pas couvert par un droit
d'exclusivité ». Le pouvoir adjudicateur doit
démontrer que le candidat titulaire de droit d'exclusivité est
l'unique personne pouvant répondre à ces besoins78(*). S'il apparait qu'un
quelconque autre candidat peut, par d'autres procédés,
répondre dans les mêmes conditions aux besoins de l'acheteur,
alors la commande devra faire l'objet d'une mise en concurrence79(*).
Le service culturel a donc à faire le choix de suivre
scrupuleusement la loi ou d'ouvrir le plus fréquemment possible les
projets à la concurrence comme l'entend la jurisprudence.
Section 3. Application aux cas d'espèces
Nous voyons donc qu'il dépend de
l'interprétation du juge en cas de litige.
Pour ses commandes inférieures à
5 000€, le service culturel continue à ne pas ouvrir de
marché, ceci ne lui étant imposé ni par la loi ni par le
règlement intérieur.
Pour ses commandes supérieures à
5 000€, le service culturel continue également de faire des
marchés négociés en application de l'article 28 du CMP qui
ne fait pas entrer les commandes artistiques dans le cadre des marchés
publics, au risque, s'il y avait un jour litige, de se faire condamner par un
juge qui aurait une interprétation extensive des services entrant dans
le cadre des marchés publics.
Il serait donc conseillé au service d'ouvrir un
marché pour ses commandes artistiques supérieures à
5 000€. Cela suppose des procédures administratives
supplémentaires, mais le législateur est loin de l'interdire et
le juge n'en serait que plus satisfait.
Section 4. Procédure
Il existe deux formes d'appel d'offres : l'appel d'offres
ouvert (tous les candidats peuvent participer) et l'appel d'offre restreint (la
collectivité fixe un nombre minimum et maximum de candidats admis
à postuler). Une fois que la collectivité a défini la
commande qu'elle souhaite passer (par exemple une peinture), elle la publie en
ligne dans le Bulletin officiel des annonces des marchés publics ou dans
un journal habilité à recevoir des annonces
légales80(*)
pendant au moins 37 ou 52 jours selon l'appel d'offre81(*).
Une fois les candidatures réceptionnées, les
offres sont ouvertes le même jour (dans un souci
d'égalité). Le service culturel, porteur de projet, les compare
et en sélectionne une. Un rapport d'analyse est effectué.Par
principe, l'adjudicateur doit faire le « choix de l'offre
économiquement la plus avantageuse »82(*) (autrement dit
préférer le mieux-disant). La décision de refus
motivée est envoyée aux candidats n'ayant pas été
choisis qui ont 16 jours pour contester83(*). Passé ce délai, le marché peut
être passé avec le candidat sélectionné.
Que l'artiste fasse l'objet d'une demande personnelle ou qu'il
se soit présenté lui-même par le biais d'une candidature
à un appel d'offres, les attentes des parties doivent être mises
par écrit.
Chapitre 2. La
rédaction des conventions
Plasticiens, peintres, photographes, graphistes ou encore
sculpteurs sont sollicités pour la réalisation d'oeuvres
publiques. L'utilisation de ces oeuvres ne dispense pas la personne publique
d'établir un contrat à la commande ou à l'achat (section
1). Il existe pour cela divers types de contrats pouvant s'appliquer à
l'art visuel (section 2) dont nous verrons lesquels sont utilisés par la
ville d'Oissel (section 3).
Section 1. La nécessité d'un contrat
Lorsque deux personnes s'engagent, l'une à
exécuter une prestation, l'autre à rémunérer cette
prestation, il faut nécessairement avoir recours à un contrat. Il
s'agit dans le cas contraire de travail dissimulé. Dans le cadre de la
réalisation d'un projet artistique, la collectivité
rémunère bien un artiste pour une prestation. Un contrat doit
donc être établit.
Ce contrat doit répondre aux exigences du droit des
obligations. Il doit de prime abord être valide (consentement,
capacité, objet, cause)84(*). Cela suppose notamment que les cocontractants soient
consentants. Cela signifie également qu'ils disposent de la
capacité juridique. Une personne morale de droit public peut conclure un
contrat avec une personne physique (exemple : un artiste) ou une personne
morale (exemple : une association). Les personnes physiques disposent de
cette capacité juridique à l'exception des personnes mises sous
tutelle ou curatelle et les mineurs non émancipés85(*). Les associations reconnues
par l'état (et non les associations de fait) disposent d'un
représentant légal censé avoir la capacité
juridique. Quant aux communes (entités de droit public), elles disposent
également d'un représentant légal, le maire, dûment
habilité à signer un contrat86(*). Le contrat a pour objet la chose (oeuvre) que
l'artiste s'oblige à donner ou celle qu'il s'oblige à faire
(prestation). Enfin la cause est licite puisqu'elle consiste en
l'embellissement du patrimoine de la ville.
Le contrat est donc nécessaire pour protéger les
parties : la ville est assurée que l'artiste exécutera sa
prestation et l'artiste est assuré que la ville le
rémunérera pour cela. A défaut, ils engagent leur
responsabilité.
Pour cela, il existe différentes formes de contrat
pouvant être utilisés selon les motivations des parties.
Section 2. Contenu des différents contrats pour les
arts visuels
Dans le domaine des arts visuels, différents contrats
peuvent être élaborés dont certains sont plus ou moins
utilisés. A ce titre, nous pouvons citer : le contrat de commande
d'oeuvre (§1), le contrat d'exploitation (§2), le contrat de
prêt (§3), le contrat de travail (§4) ou encore le contrat de
cession de droits (§5).
§1. Le contrat de commande d'oeuvre
Le contrat de commande est celui par lequel un commanditaire
(la collectivité) demande à un artiste la réalisation
d'une oeuvre déterminée contre rémunération de sa
prestation.Le contenu de ce contrat est très variable et il appartient
aux parties de le fixer ensemble. Ce contrat s'apparente au contrat de vente
de chose future puisque l'artiste est soumis aux exigences du contrat qui peut
spécifier le style, la matière, le format, le sujet,... L'artiste
n'a donc que peu de liberté mais il reste cependant libre de sa
création. Le commanditaire peut également apporter les moyens
matériels et humains qui pourraient être imposés pour la
réalisation de l'oeuvre. Nous le voyons donc, ce contrat
détermine le degré de liberté de création de
l'artiste et à quel point le commanditaire s'immisce dans
l'exécution de l'oeuvre.
Ce contrat ne porte que sur l'acquisition de l'oeuvre. Toute
exposition publique ou exploitation doit être prévue au contrat.
L'artiste peut donc céder ses droits d'exploitation sur l'oeuvre.
§2. Le contrat d'exploitation
Il s'agit du contrat par lequel un artiste s'engage à
livrer un certain nombre d'oeuvres contre une rémunération.
L'exploitant s'assure le plus souvent l'exclusivité de la production et
s'engage en contrepartie à assurer la promotion de l'artiste.
Le plus souvent ce contrat s'accompagne d'une cession du droit
d'exploitation. Cependant le contrat doit mentionner la durée de
l'autorisation d'exploiter (cette autorisation ne peut être à
vie). Le contrat doit également mentionner les exploitations qui vont
être faites des oeuvres. L'artiste reçoit, par principe, une
rémunération proportionnelle (mais ce peut être, dans
certains cas, une rémunération forfaitaire).
§3. Le contrat de prêt
Le prêt est le contrat, essentiellement
gratuit,« par lequel l'une des parties livre une chose à
l'autre pour s'en servir, à la charge par le preneur de la rendre
après s'en être servi »87(*).Cette forme de contrat est peu
utilisée par les communes et encore moins pour l'art urbain, par nature
amené à être exposé dans la rue. Lorsqu'il est
utilisé par les communes, ce contrat vise plutôt les sculptures
d'envergure (oeuvres qui peuvent être déposées dans
l'espace public sans réel risque de vol) et pour des expositions
temporaires.
L'emprunteur ne peut pas faire usage des oeuvres qui lui ont
été confiées dans un autre but que celui ayant fait objet
de la demande. De même, l'emprunteur s'engage à prendre toutes les
précautions nécessaires à la conservation de l'oeuvre dans
son état initial.
§4. Le contrat de travail
Celui-ci se distingue du contrat de commande en ce qu'il
existe un lien de subordination juridique. L'exécution de l'oeuvre se
fait sous le contrôle de la collectivité-employeur et dans ses
locaux. Ce contrat à durée déterminée obéit
à toutes les règles du code du travail.
L'auteur reste toutefois titulaire des droits qu'il
possède sur l'oeuvre qu'il a créée à défaut
de contrat de cession de droit, sauf si l'oeuvre est une création
collective auquel cas l'employeur est titulaire des droits.
§5. Le contrat de cession de droits
Ce contrat est en règle général
établi en supplément d'un des contrats vus
précédemment. Il est passé entre l'auteur de l'oeuvre et
la collectivité qui souhaite exploiter les droits. Cette cession fait
l'objet d'une contrepartie qui est en principe la perception d'une
rémunération88(*). La cession de droits est strictement encadrée
par la loi. Sa délimitation et sa durée doivent être
spécialement prévues au contrat. Tous les droits qui ne sont pas
explicitement cédés ne sont pas exploitables.
Cependant, en matière d'art urbain, l'oeuvre n'a pas
spécialement pour objectif d'être exploitée. Son but est
l'exposition, à titre gratuit, au grand public. C'est pourquoi la
collectivité n'a normalement pas la nécessité
d'établir un tel contrat. Il existe cependant des exceptions, par
exemple, l'illumination de la cathédrale de Rouen qui est faite à
l'origine par des artistes d'art numérique et qui est par la suite
exploitée tous les soirs par la ville de Rouen.
Quels sont alors les contrats utilisés par la commune
d'Oissel pour la mise en place d'oeuvres urbaines dans l'espace public ?
Section 3. Cas d'espèces
La commune d'Oissel utilise le contrat le plus
fréquemment employé : la commande d'oeuvre. Cela permet
à la commune d'élaborer un projet artistique et de garder un oeil
sur la conception de l'oeuvre. En effet il ne s'agit pas d'une vente où
l'oeuvre est déjà produite, l'achat se faisant au coup de coeur.
Il s'agit de l'achat d'une oeuvre future. L'oeuvre étant destinée
à être exposée aux yeux de tous, la commune a
intérêt à maintenir certaines exigences. Elle ne peut
laisser une entière liberté à l'artiste.
Ainsi l'oeuvre est acquise (et non prêtée) et
pourra être exposée jusqu'à ce que la commune décide
de la retirer. Elle n'est pas soumise à des exigences de délai,
ce qui est intéressant pour elle, ne sachant généralement
pas combien de temps elle souhaite exposer l'oeuvre (cela dépend le plus
souvent de la réaction du public à l'égard de l'oeuvre).
En règle générale, la commune commande
une oeuvre, l'expose un temps indéterminé et prévient son
auteur si celle-ci doit être retirée, détruite ou
dénaturée. C'est précisément ce qu'il s'est
passé pour une mosaïque de l'école où l'oeuvre devait
être en partie détruite pour cause de travaux
d'utilité publique. Bien que l'artiste n'ait aucun recours contre
la destruction pour de tels travaux, l'action lui a été
notifiée.
Concernant la cession des droits, tout dépend de la
commande. De manière générale, l'artiste cède ses
droits quand il en a l'intérêt.
Par exemple, un artiste étranger qui n'est que de
passage dans la ville commanditaire peut avoir tout intérêt
à céder ses droits contre une contrepartie pécuniaire car
il ne reviendra pas et ne pourra pas surveiller son oeuvre.
En revanche, un artiste régional a plutôt
intérêt à maintenir ses droits pour reprendre son oeuvre si
la collectivité décidait de la démonter ou pour intenter
une action en justice si une atteinte pouvait être portée à
sa personne ou à son oeuvre.
Pour l'art urbain, il s'agit plutôt d'oeuvres
éphémères. Selon l'oeuvre (qui se dégrade ou non
avec le temps, démontable ou non,...) l'artiste pourra peut être
reprendre son oeuvre pour en tirer un autre profit. Par exemple, la peinture de
Pissarro sera exécutée sur un support amovible. L'artiste pourra
donc reprendre son oeuvre au terme de l'exposition. C'est le cas pour toutes
les oeuvres effectuées sur du contreplaqué.
En revanche, une peinture effectuée directement sur un
mur ne pourra être retirée qu'en repeignant le mur. L'artiste ne
peut remporter son oeuvre.
Nous voyons donc que l'intérêt de l'artiste n'est
pas toujours le même et qu'il faut établir des contrats
adaptés à chaque cas.
La diversité de ces contrats, l'éloignement
géographique de l'artiste, les exigences de la collectivité,
l'idée issue du service culturel, tous ces éléments
réunis convergent sur une question : qui a la
propriété de l'oeuvre en question ?
Chapitre 3. La
propriété de l'oeuvre
La propriété de l'oeuvre dépend des
termes du contrat passé entre l'auteur et la collectivité
(section 1). Nous verrons alors qui a la propriété des oeuvres
urbaines à Oissel, notamment du fait que plusieurs d'entre elles ont
été élaborées collectivement (section 2).
Section 1. Une propriété partagée
Il faut bien avoir à l'esprit que la
collectivité demande à un artiste de réaliser une oeuvre
d'après l'idée qu'elle s'est faite de celle-ci. Cependant cela ne
suffit pas à rendre la collectivité auteur de l'oeuvre (§1).
Après avoir constaté que l'artiste reste l'auteur, nous verrons
que son droit moral lui appartiendra toujours (§2). En revanche, il n'en
est pas de même de son droit patrimonial qui peut être
séparé entre l'auteur et la commune voire complètement
cédé à cette dernière (§3).
§1. Une oeuvre à l'origine de deux personnes
distinctes
Le contrat de commande passé par la collectivité
ne porte pas sur n'importe quel bien. Il n'est pas passé avec n'importe
quel cocontractant non plus. Il s'agit d'un artiste, un auteur, qui
possédera ad vitam aeternam des droits sur le bien en question. L'auteur
garde en effet un lien indéfectible avec son oeuvre. Le commanditaire
étant propriétaire du support de l'oeuvre, il devra composer avec
les droits conservés par l'auteur.
C'est une règle élémentaire : l'auteur
est, sauf preuve contraire, celui ou ceux sous le nom de qui l'oeuvre est
divulguée89(*). Et
il est interdit au commanditaire d'exploiter l'oeuvre sans mentionner le nom de
l'auteur et a fortiori de le supprimer. Il s'agit du droit à la
paternité de l'auteur de l'oeuvre.
Mais la question peut légitimement être
posée : qui de la collectivité, laquelle prend l'initiative de la
commande et donne l'idée au commandité, ou de l'artiste, lequel
fait réellement l'oeuvre, est l'auteur de celle-ci ?
La jurisprudence est claire sur ce sujet. Bien que la
collectivité fournisse les matériaux, le support ou encore
l'idée de la création, cela n'est pas suffisant pour avoir la
qualité d'auteur de l'oeuvre. L'idée ou le concept seulsne sont
pas protégeables90(*). Un artiste qui a créé une oeuvre
« d'après des esquisses sommaires » apportées par le
commanditaire selon ses exigences, reste quand même l'auteur de
l'oeuvre91(*). De
même, le juge a pu estimer que « si des indications
précises lui avaient été données quant aux
scènes à reproduire et aux personnages, les documents remis
à l'artiste dans ce but n'avaient constitué qu'un matériau
brut à partir duquel il avait conservé la maitrise
intégrale de son art, donnant libre cours à son
interprétation subjective pour déterminer les expressions, les
volumes, les positionnements de l'espace, les jeux de couleurs et de
lumière »92(*).
Nous comprenons donc que l'artiste est, par nature, l'auteur
de l'oeuvre, à moins que les exigences et indications n'aient
été si précises que celui-ci ne pouvait exprimer sa
personnalité et ses idées (auquel cas il ne serait qu'un
exécutant, un technicien).
Désormais éclairés sur l'auteur de
l'oeuvre, il nous est plus aisé de comprendre qui a la
propriété des droits. Nous verrons de ce fait que la
propriété de l'oeuvre est alors partagée puisque les
droits moraux ne peuvent être aliénés, contrairement aux
droits patrimoniaux.
§2. Le droit moral de l'artiste : un droit à
respecter
Selon l'article L121-1 du CPI, le droit moral est un droit
immatériel qui est attaché à la personne de l'auteur ou de
ses ayants droit et qui a pour but de faire respecter son nom, sa
qualité et son oeuvre. Le droit moral comporte quatre branches : le
droit de divulgation, le droit à la paternité, le droit au
respect de l'oeuvre et le droit de repentir (a).Ces droits sont par essence
inaliénables. Cela implique donc qu'ils ne peuvent être
cédés à la collectivité dans le cadre d'un contrat
ou d'une commande. Mais cette impossibilité de céder le droit
moral pose quelques difficultés pratiques aux collectivités
(b).
a. Les quatre branches du droit moral
L'article L121-2 du CPI stipule que l'auteur «
détermine le procédé de divulgation et fixe les
conditions de celles-ci ». Autrement dit, seul l'auteur de l'oeuvre
peut décider, in fine, de mettre l'oeuvre au contact du public. Cela
suppose alors que l'auteur a le droit d'exiger que l'oeuvre, commandée
par la collectivité, ne soit finalement pas exposée, même
si cela était la finalité de la commande. En revanche, celui-ci
devra indemniser la collectivité de son désistement. Dans le
même sens, l'auteur peut demander à la collectivité de
retirer l'oeuvre93(*),
même après qu'elle aitété exposée, à
charge également d'indemniser la collectivité des
conséquences du retrait de celle-ci.
D'autre part, il est interdit à la collectivité
d'exploiter l'oeuvre sans mentionner le nom de l'artiste et a fortiori de le
supprimer de l'oeuvre. Elle doit respecter le droit à la
paternité de l'auteur qui prévoit que l'auteur est celui sous le
nom de qui l'oeuvre est divulguée94(*). Si celui-ci souhaite rester anonyme, cela n'autorise
pas la collectivité à s'approprier la paternité de
l'oeuvre sans en avoir l'expresse autorisation.
Concernant le respect de l'oeuvre, il est, de manière
générale, porté atteinte au droit moral de l'auteur
lorsque le commanditaire effectue des retouches, modifie, altère ou
détruit l'oeuvre sans autorisation. En revanche, la jurisprudence
prévoit une exception lorsque la sécurité du public est en
jeu95(*),conformément à sa jurisprudence
constante consistant à faire primer l'intérêt public.
L'auteur peut autoriser le commanditaire à effectuer
certaines opérations grâce a des clauses. Cependant, la cession ne
peut être totale. C'est ce qui a été jugé par la
cour de cassation : «L'inaliénabilité du droit au
respect de l'oeuvre, principe d'ordre public, s'oppose à ce que l'auteur
abandonne au cessionnaire, de façon préalable et
générale, l'appréciation exclusive des utilisation,
diffusion, adaptation, retrait, adjonction, et changement qu'il
déciderait de réaliser »96(*). Autrement dit, l'auteur ne
peut abandonner la totalité de ses droits, dont celui au respect de son
oeuvre, dans un contrat préalable à l'oeuvre.
Cela suppose qu'à défaut de clauses en ce sens,
l'artiste pourra refuser l'intégration de son oeuvre lors d'une
exposition temporaire, refuser que son oeuvre soit photographiée,
refuser une modification de l'emplacement où l'oeuvre était
originellement prévue,...
L'on se rend bien compte que ces droits perpétuels
accordés à l'artiste peuvent causer des contraintes au
commanditaire qui ne peut pas disposer comme il l'entend de la chose qu'il a
pourtant valablement acquis.
b. Les difficultés rencontrées dans la
pratique
La question des droits moraux (inaliénables et
intemporels) pose toujours des difficultés à un moment
donné et d'autant plus quand l'oeuvre est exposée au public (il
va de soi que lorsque l'oeuvre est faite pour un particulier, l'artiste ne
reverra probablement pas son oeuvre et n'aura plus vraiment de contrôle
sur elle). Lorsque l'oeuvre est dans le domaine public, il est fort probable
que la personne publique souhaite un jour la retirer, faire des travaux
à l'emplacement de celle-ci,...
Même si le contrat comporte des clauses diligentes, il y
a toujours des contraintes «résiduelles» qui persistent.
Celles auxquelles la collectivité n'avait alors pas pensé.
Concrètement, les difficultés les plus
difficiles à anticiper sont le plus souvent liées à :
- Une modification de l'oeuvre nécessitée par
des exigences nouvelles (lorsque des travaux vont être effectués
à l'emplacement en question, lorsque la mode ou les
intérêts du public ont changé,...) ;
- Le retrait de l'oeuvre (lorsque celle-ci n'est plus en phase
avec l'environnement, qu'elle est démodée, que la
collectivité souhaite promouvoir une nouvelle oeuvre,...) ;
- L'évolution des supports (dégradation,
usure,...) ;
- L'extension du périmètre de divulgation
(changement d'emplacement notamment).
Les collectivités sont donc tentées de limiter
ce droit que l'artiste conserve avec l'oeuvre. Mais cela n'est pas aisé,
car la loi comme le juge sont assez stricts en la matière. De fait, le
droit moral est l'un des droits les plus difficiles à limiter
contractuellement. En cas de contentieux, le juge peut annuler ces clauses s'il
les juge trop drastiques.
Il est donc possible d'essayer d'encadrer les droits moraux en
listant les interventions ultérieures qui pourraient être
pratiquées par le commanditaire. L'artiste donne donc son autorisation
à la collectivité pour pratiquer ces interventions, mais
uniquement celles-ci (en principe la collectivité ne peut déduire
de certaines clauses qu'elle a le droit d'intervenir sur un point qui n'est pas
expressément mentionné). Par exemple, s'agissant d'une oeuvre
destinée à un lieu public particulier, la collectivité
commanditaire prendra soin de préciser qu'elle se réserve le
droit de modifier le lieu et les conditions de présentation de l'oeuvre
commandée.
Mais on se rend finalement compte que les solutions
concrètes tiennent le plus souvent à des pratiques de bon sens.
Par exemple, bien que l'artiste n'ait pas donné son accord, le juge ne
sanctionnera pas une collectivité qui aura, d'elle-même,
retiré l'oeuvre qui serait devenue illisible avec le temps ou qui aurait
été complètement dégradée. De même,
s'il est d'usage de prévenir l'artiste que son oeuvre va être
modifiée pour cause de travaux publics, celui-ci est concrètement
assez démuni lorsque l'intérêt ou la sécurité
du public est en jeu.
S'il n'est pas aisé au commanditaire de prévoir
et d'encadrer les droits moraux de l'artiste il lui est en revanche possible de
se faire céder la totalité des droits patrimoniaux de
celui-ci.
§3. Le droit patrimonial de l'artiste : un droit
négociable
Tout comme le droit moral, les droits patrimoniaux comportent
quatre branches : le droit de reproduction, le droit de représentation,
le droit de suite et le droit de distribution (a). Et tout comme le droit
moral, les droits patrimoniaux de l'artiste peuvent pauser des
difficultés au commanditaire. Cependant, celles-ci peuvent être
anticipées et encadrées par avance (b).
a. Les quatre branches des droits patrimoniaux
Le droit de reproduction est « la fixation
matérielle de l'oeuvre par tous procédés qui permettent de
la communiquer au public d'une manière indirecte »97(*).
En matière d'oeuvre d'arts visuels, il peut s'agir par
exemple de la reproduction d'un tableau dans un livre ou une brochure, de la
fabrication d'exemplaires miniatures d'une sculpture, ou encore de l'impression
de la photo de l'oeuvre sur un t-shirt. Ces actions doivent donc être
autorisées par l'auteur de l'oeuvre, et ce même si l'oeuvre n'est
reproduite que de manière partielle98(*). Que l'oeuvre soit reproduite totalement ou
partiellement, l'auteur peut demander une rémunération en
contrepartie.
Le droit de représentation est le droit de communiquer
l'oeuvre au public, soit le droit d'effectuer une représentation ou une
exécution publique de l'oeuvre. L'auteur peut donc autoriser ou
interdire la communication de son oeuvre au public99(*). Cependant lorsque c'est une
collectivité qui souhaite faire une commande d'oeuvre, c'est pour
exposer celle-ci aux yeux de tous et non pour enrichir son patrimoine
privé. L'auteur de l'oeuvre est donc informé dès la
signature du contrat qu'il y aura communication de l'oeuvre au public.
Toujours est-il que l'auteur doit donner son accord
exprès, puisque toute représentation sans le consentement de
l'auteur est illicite100(*).
Le droit de suite permet aux auteurs d'oeuvres originales
graphiques et plastiques de continuer à percevoir une
rémunération lors de la revente de leur oeuvre sur le
marché. Avant le 1er juin 2007101(*), le droit de suite ne s'appliquait qu'aux ventes aux
enchères publiques. Depuis la loi, tous les professionnels de l'art sont
concernés : galeries, antiquaires, encadreurs,... La collectivité
n'est donc pas concernée par ce droit.
Ce droit est inaliénable102(*). L'auteur ne peut pas le
céder, le donner, le léguer.
Quant au droit de distribution, celui-ci permetà
l'auteur de choisir où et en combien d'exemplaires son oeuvre sera
distribuée.
Ce monopole de l'auteur est toujours de longue durée
(en principe 70 ans après la mort de l'auteur pour la
propriété littéraire et artistique). Cette durée
dépasse très certainement l'horizon temporel qu'a la
collectivité lorsqu'elle effectue sa commande publique. Il y a donc des
risques que dans 10, 20 ans, voire même avant, la personne publique se
trouve confrontée à des difficultés imprévues. Tout
l'enjeu est donc de prévoir ces difficultés.
b. La possibilité de prévenir les
difficultés relatives aux droits patrimoniaux
Finalement, seulement trois droits peuvent être
encadrés par la collectivité. Le droit de suite est
inaliénable, mais la personne publique n'étant pas un
professionnel de l'art, la revente de l'oeuvre ne lui poserait pas de
difficultés. Quant au droit de distribution, il ne s'applique pas
vraiment (ou rarement) en ce qui concerne les oeuvres d'art originales.
En revanche, le droit de représentation peut être
encadré. Les présentations publiques comme l'exposition sont un
mode de représentation directe. Il n'y a pas vraiment de
représentation indirecte pour les oeuvres d'art. Concernerait l'oeuvre
d'art plastique, le cas échéant, un reportage dans lequel
l'oeuvre serait présentée ou une mise en ligne sur le site
internet de la ville. Même si le commanditaire n'a pas l'intention
immédiate de représenter l'oeuvre, il ne serait pas inopportun de
prévoir une clause en ce sens, dans l'hypothèse où
celui-ci se déciderait à faire un film (reportage sur les
différentes oeuvres d'art urbain dans la ville, reportage sur la
ville,...).
Le droit le plus encadré reste le droit de
reproduction.
De manière générale, tous les droits qui
ne sont pas explicitement cédés ne sont pas exploitables. La
commande publique doit respecter la loi qui dispose que « la
transmission des droits de l'auteur est subordonnée à la
condition que chacun des droits cédés fasse l'objet d'une mention
distincte dans l'acte de cession et que le domaine d'exploitation des droits
cédés soit limité quant à son étendue et
à sa destination, quant au lieu et quant à la
durée»103(*).La collectivité commanditaire ne peut que :
- Soit s'en tenir à ce qui a été
initialement prévu au contrat
- Soit demander l'autorisation postérieure, expresse,
à l'artiste ou à ses ayants-droit
- Soit solliciter de l'artiste la cession des droits la plus
large possible en amont, à savoir à la signature du contrat.
Dans les faits, le commanditaire peut obtenir une cession
totale (la collectivité jouira de l'ensemble des droits de
propriété intellectuelle sur l'oeuvre) ou une cession partielle
(il n'aura qu'une partie des droits, notamment ceux qui lui seront
nécessaires à l'exploitation, commerciale ou non, de l'oeuvre).
Prévoir une cession globale des droits n'implique pas pour autant une
exclusivité.
Prévoir les problèmes de long terme est plus
facile à dire qu'à transposer dans le contrat. Il faut en effet
distinguer les objectifs « de première intention » (les
objectifs immédiats, l'objet de la commande) et les objectifs de «
seconde intention » (ce que pourrait devenir l'oeuvre, ce qui risque
d'arriver,...). Les objectifs de première intention doivent être
énoncés de manière stricte, avec une
sécurité juridique parfaite. Les objectifs de seconde intention
doivent faire l'objet de clauses énoncées de manière la
plus large possible pour permettre une certaine flexibilité, l'avenir
étant incertain.
Quelle que soit l'étendue de la cession, lorsqu'elle
est consentie à titre onéreux (ce qui reste le cas le plus
fréquent), la cession par l'auteur des droits sur son oeuvre se doit de
«comporter au profit de l'auteur la participation proportionnelle aux
recettes provenant de la vente ou de l'exploitation »104(*). Cependant le principe de
rémunération « proportionnelle » comporte des
exceptions, notamment lorsque la commande n'a pas pour objet une exploitation
commerciale et ne produit aucune recette. C'est le cas lorsque l'oeuvre a
uniquement pour but d'être exposée. C'est encore plus le cas dans
la promotion de l'art urbain, l'objectif étant uniquement d'embellir et
de moderniser la ville.
Quoi qu'il en soit, la cession n'est pas définitive.
Toute clause de cession de droit doit être limitée dans le temps.
Dans le cas contraire, la cession vaudra pour une durée égale
à celle des droits d'auteur (70 ans plus prorogations
éventuelles).
De même que pour les clauses limitant le droit moral,
les clauses limitant les droits patrimoniaux doivent être raisonnables.
Si elles sont trop extensives, le juge pourra les considérer nulles et
non avenues.
En tout état de cause, nous ne saurions que saluer les
propriétaires qui informent préventivement l'auteur de leurs
intentions, ce qui prévient souvent la survenance de conflits.
Mais alors qui sont ou seront les propriétaires des
oeuvres d'art urbain dans la ville d'Oissel ?
Section 2. Cas d'espèces
Nous pouvons mettre de côté la question du droit
moral des artistes qui, étant inaliénable, sera
préservé par ceux-ci.
De manière générale, la commune d'Oissel
demande aux artistes de lui céder les droits de reproduction et de
représentation. Et l'on se rend compte que la flexibilité des
clauses dépend des artistes. Ainsi Amaury Morisset a donné des
autorisations précises, restant propriétaire de l'oeuvre
(§1) alors que le collectif PX a donné des autorisations plus
larges à la collectivité qui est propriétaire de l'oeuvre
(§2).
§1. La cession des droits d'Amaury Morisset
(Voir annexe P p.102-103) Pour ce contrat, l'oeuvre
n'appartient pas à la collectivité. L'artiste en reste
propriétaire. C'est pourquoi le contrat prévoit la cession de
certains droits mais il prévoit aussi des limites. Ainsi sont
cédés, le droit de présentation au public, le droit de
représentation et le droit de reproduction. Mais ces cessions ne sont
pas totales. Il est bien mentionné que la cession n'a lieu que pour les
actions destinées à assurer la promotion de
l'évènement par la ville soit :
- Le droit de reproduire l'oeuvre dans un catalogue ou sur
tout support de communication, avec la limite que l'artiste doit donner
son autorisation pour chaque action (au-delà d'une semaine, silence vaut
autorisation).
- Le droit de représenter l'oeuvre sur le site internet
de la ville ou dans un film, avec la limite qu'il n'y ait pas de
représentation de l'oeuvre à l'identique sur le site.
Enfin l'artiste a demandé expressément à
ce que certaines mentions apparaissent sur toutes les actions de communication
(nom de l'artiste, titre de l'oeuvre, date de réalisation,...).
§2. La cession des droits du collectif PX
(voir annexe Q p.104) L'oeuvre appartient à la ville
qui s'est vu céder les droits de représentation et de
reproduction de la réalisation « à toutes fins
utiles ». En revanche les auteurs rappellent à la ville le
respect du droit moral que celle-ci leur doit, notamment en indiquant qu'elle
ne peut modifier ou déplacer l'oeuvre sans autorisation et que les
auteurs doivent être informés en cas de volonté de
destruction de l'oeuvre. Chaque support doit également comporter des
mentions précises (nom, titre de l'oeuvre).
Mais qui est l'auteur de l'oeuvre (qui a le droit
moral) ? Car l'oeuvre est en effet produite par un collectif et les
habitants. La question est réglée par le code de
propriété intellectuelle qui dispose que « est dite
collective l'oeuvre créée sur l'initiative d'une personne
physique ou morale qui l'édite, la publie et la divulgue sous sa
direction et son nom et dans laquelle la contribution personnelle des divers
auteurs participant à son élaboration se fond dans l'ensemble en
vue duquel elle est conçue, sans qu'il soit possible d'attribuer
à chacun d'eux un droit distinct sur l'ensemble
réalisé »105(*). Et cette oeuvre est, « sauf preuve
contraire, la propriété de la personne physique ou morale sous le
nom de laquelle elle est divulguée »106(*). Nous comprenons donc que le
titulaire des droits est l'initiateur de l'oeuvre (ici le collectif PX). Les
habitants n'ont donc aucun droit moral sur l'oeuvre.
Voici donc le projet et l'oeuvre réalisés. Il
faut maintenant faire le bilan du projet.
Chapitre 4. Le
compte-rendu financier et qualitatif
Le compte rendu de l'action est important tant pour la ville
que pour l'organisme ayant versé la subvention qui exige un bilan
financier. Bien que le compte rendu doive être financier mais aussi
qualitatif, nous verrons que la ville accorde plus d'importance à
l'aspect qualitatif (section 1) alors que le financeur en accorde plus à
l'aspect financier (section 2).
Section 1. Le compte rendu pour la Ville
Le compte rendu peut se faire en plusieurs étapes et de
différentes manières (§1). Pour la commune, le compte rendu
financier a plutôt un rôle comptable (§2). Mais un bilan
financier négatif n'est pas une fatalité pour celle-ci. Ce qui
lui importe plus, c'est le compte rendu qualitatif (§3) pour savoir si
l'action a été bénéfique ou non.
§1. La méthode
Théoriquement, il y a trois étapes pour
évaluer un projet : une évaluation en aval, une évaluation
à mi-parcours et une évaluation finale. L'évaluation en
aval consiste en la vérification de l'adéquation des objectifs
par rapport aux besoins (sorte d'état des lieux décrivant la
situation avant le lancement du projet). L'évaluation a mi-parcours
permet de réorienter l'action (vérification si les besoins sont
toujours présents, si tout se déroule comme prévu, si des
améliorations sont nécessaires,...). Enfin l'évaluation
finale se fait une fois l'action terminée pour observer les
conséquences et impacts à court, moyen et long terme. Dans la
pratique, il n'y a pas réellement d'évaluation à
mi-parcours. Si des améliorations sont nécessaires ou si un
imprévu survient, ceux-ci sont gérés au cas par cas.
Cette évaluation peut être faite de trois
manières : par les personnes impliquées dans l'action
évaluée à savoir le service concerné, le directeur
voire l'artiste (auto-évaluation), par un agent n'ayant pas
été impliqué dans la mise en oeuvre du projet
(évaluation interne) ou par un intervenant extérieur
(évaluation externe). L'évaluation peut également
être participative, c'est-à-dire que les
bénéficiaires (la population) donnent également leur avis.
Dans la pratique, l'évaluation se fait toujours en interne et par
auto-évaluation.
Le rôle de ce compte rendu est de tirer des
leçons du projet pour réitérer ce qui a été
réussi et éviter à l'avenir ce qui n'a pas
fonctionné. Le rôle n'est pas de porter un jugement de valeur sur
les personnes responsables de la mise en oeuvre du projet.
De quelque manière que ce soit, le ou les
évaluateur(s) doi(ven)t diriger leur analyse sur la comptabilité
(les couts du projet) et sur les retombées positives ou négatives
de l'oeuvre réalisée. Car « évaluer une
politique, c'est apprécier son efficacité en comparant ses
résultats aux objectifs assignés et aux moyens mis en
oeuvre »107(*).
§2. Le compte rendu financier
Le compte rendu financier a plutôt pour objectif de
contrôler que les moyens estimés au départ sont en
adéquation avec les dépenses réellement effectuées.
Dans les faits, cette analyse n'a une réelle
portée qu'en matière culturelle : reproduire des projets
similaires ou les arrêter. Le service culturel, disposant d'un budget
à l'année, peut très bien faire perdurer un
évènement ou refaire appel à des artistes bien que les
recettes soient inférieures aux dépenses si l'action a un
réel impact sur la population. En d'autres termes, il s'agit plus d'une
analyse coût/avantages qu'une analyse coût/recettes. On ne cherche
pas à faire du bénéfice, on cherche à faire de la
ville une ville culturelle.
Le compte rendu financier fait aussi état de l'analyse
coût/efficacité. Ce que recherche la collectivité, c'est
trouver la meilleure manière de réaliser le projet à
moindre coût. Il s'agit donc de rechercher là où la
réalisation du projet fut coûteuse et comment réduire le
coût la fois prochaine.
On l'aura compris, le compte rendu qualitatif a un poids
significatif dans la balance. Si le compte rendu financier n'est pas
idéal, le compte rendu qualitatif voire quantitatif peut faire du projet
une réussite pour la ville.
§3. Le compte rendu qualitatif
Le but de l'évaluation qualitative et quantitative est
alors d'analyser les effets du projet et de porter un jugement sur celui-ci.
Plusieurs critères sont nécessaires à ce jugement :
- La pertinence du projet : sa mise en oeuvre
était-elle motivée ? Les objectifs du projet correspondent-ils
aux attentes des bénéficiaires et aux besoins de la commune ?
- L'efficacité du projet : les objectifs ont-ils
été réalisés ? Il s'agit ici de la comparer
les objectifs fixés au départ et les résultats atteints.
- L'efficience du projet : l'utilisation des moyens à
disposition a-t-elle été rationnelle ? Les objectifs ont-ils
été atteints à moindre coût (financier / humain /
organisationnel) ?
- L'impact de l'oeuvre : quels sont les effets et changements
significatifs et durables dans la vie et l'environnement des personnes ayant un
lien de causalité direct ou indirect avec l'oeuvre (effets sur le plan
économique, social, politique ou encore écologique). Il faut bien
penser que dans l'espace public, en matière d'oeuvre d'art, la
confrontation avec le public est très hétéroclite. Elle
est souvent brutale : on passe d'un environnement connu à un
environnement nouveau. Il y aura donc de l'engouement comme de
l'indifférence ou du mépris. Le tout est de savoir lequel de ces
états d'esprit est prépondérant.
- La pérennité / viabilité du projet :
les effets du projet perdureront-ils dans le temps ? On cherche à
déterminer si les résultats positifs du projet sont susceptibles
de perdurer une fois que les financements seront arrêtés. De la
viabilité du projet découlera l'opportunité de reproduire
l'action à plus grande échelle. C'est par exemple grâce aux
résultats obtenus avec les deux artistes en résidence à
Oissel que la ville a décidé de reproduire le concept pour
l'année à venir.
D'autres critères peuvent aider à l'analyse
selon les projets, à savoir : la cohérence du projet avec la
politique actuelle de la ville, la valeur ajoutée à la ville, la
proportion d'usagers touchés par rapport à la population
ciblée au départ (compte rendu quantitatif : nombre de
personnes mobilisées et nombre de public touché),
l'utilité (quel bénéfice en tirent les
bénéficiaires ?) ou encore l'organisation (le mode d'organisation
choisi était-il le plus approprié ?).
Tous ces éléments sont groupés dans un
compte rendu qui a pour rôle d'aider les porteurs de projets à
améliorer leurs performances. En apportant les preuves qu'un projet est
efficace et s'est déroulé au mieux en vue des résultats
escomptés, le porteur de projet sera mieux fondé à
proposer un nouveau projet.
Section 2. Le compte rendu pour l'organisme financeur
Lorsqu'une subvention a été accordée pour
un projet, le financeur souhaite vérifier que les fonds ont bien
été octroyés à cette action et voir comment ils ont
été répartis. C'est pourquoi il demande à ce que
lui soit adressé un rapport financier (§1). Ce rapport est
également accompagné d'un succinct bilan qualitatif (§2).
§1. Le compte rendu financier
Il est obligatoire depuis 2000 : « Lorsque
la subvention est affectée à une dépense
déterminée, l'organisme de droit privé
bénéficiaire doit produire un compte rendu financier qui atteste
de la conformité des dépenses effectuées à l'objet
de la subvention. Le compte rendu financier est déposé
auprès de l'autorité administrative ou de l'organisme
chargé de la gestion d'un service public industriel et commercial [...]
qui a versé la subvention dans les six mois suivant la fin de l'exercice
pour lequel elle a été
attribuée »108(*).
De manière générale, le compte rendu
attendu par le financeur est annexé à la demande de subvention.
Ainsi, le porteur de projet connait exactement les éléments qu'il
devra fournir. En principe, il s'agit du même tableau que celui
utilisé en prévisionnel mais avec les montants (dépenses
et recettes) réels. Faute d'avoir produit le document dans les
délais, la commune peut se voir refuser des subventions futures. Les
écarts significatifs doivent être justifiés (ce peut
être dû à la survenance d'une difficulté ou à
la modification de la mise en oeuvre du projet).(voir annexe R p.105-106)
Le compte rendu financier a pour but de justifier la
subvention reçue. Autrement dit, le financeur va vérifier les
points suivants :
- Que l'action financée par la subvention a bien
été destinée aux habitants de la commune ;
- Le cas échéant, que les exigences
contractuelles fixées par le financeur et l'objet de la subvention ont
bien été satisfaits ;
- Qu'aucune dérive dans le financement de l'action n'a
eu lieu ;
- Qu'il n'y a pas eu de trop-perçu : la partie de
subvention non utiliséedoit être remboursée ; le
porteur de projet peut éventuellement garder le trop perçu pour
un prochain projet si celui-ci porte plusieurs projets à l'année.
Nous voyons donc qu'il est essentiel que le porteur de projet
justifie les fonds perçus. Mais le financeur contrôle
également la portée de l'action et son impact sur la population.
§2. Le compte rendu qualitatif
La collectivité peut reprendre son propre rapport
d'analyse sur le projet puisque les questions posées par le financeur
sont les plus élémentaires d'entre elles. Elles concernent (voir
annexe S p. 107) :
· la mise en oeuvre de l'action : il s'agit de
décrire le déroulement et la mise en place de l'action.
· le nombre de personnes
bénéficiaires : combien de personnes cela touche t-il ?
Cela dépasse t-il les frontières de la ville ?
· les date(s) et lieu(x) de réalisation de
l'action : date de la restitution de l'oeuvre et lieu d'exposition
(normalement, le lieu d'exposition ne doit pas changer de celui indiqué
dans la demande de subvention).
· les résultats de l'action : les objectifs
ont-ils été atteints ? Le résultat a-t-il ou non
dépassé les attentes?
Cette demande de la part du financeur est plutôt
formelle. Si l'action a touché peu de public ou si les objectifs n'ont
pas été atteints, le financeur ne demandera pas pour autant le
remboursement des fonds versés. Il s'agit surtout de vérifier que
le financement a bien servi à l'action prévue initialement.
Conclusion
Selon Pascal Planchet109(*), force est de constater que, de plus en plus, l'art
« participe à faire la ville ». La
municipalité, mais aussi la population, sont moins hostiles à
l'innovation.L'artdevient même un élément indispensable
à toute collectivité qui souhaite se démarquer.Ce
phénomène, le droit en prend conscience petit à petit,
bien que timidement encore. Les artistes les plus sollicités restent
à ce jour les architectes (mis en avant notamment avec le « 1%
artistique » qui est le plus souvent attribué à la
création architecturale) mais les artistes urbains voient leurs terrains
de jeu s'agrandir. Les artistes d'intérieur s'ouvrent à l'art
extérieur.
Cela a plusieurs conséquences :
Les contrats doivent être adaptés. Une oeuvre
d'extérieur ne courre pas les mêmes risques que les oeuvres
d'intérieur. Il est donc nécessaire que le contrat soit le plus
préventif possible afin d'éviter les différends relatifs
notamment à la dégradation, à la météo,... A
ce jour, les arrêts en ce sens sont plutôt rares. Il peut ainsi
être constaté que les artistes urbains sont plus indulgents en ce
qui concerne le destin de leurs oeuvres, les risques tombant sous le sens de
l'extériorité.
Les DRAC sont de plus en plus sollicitées pour des
demandes de subvention. Or le budget de l'Etat reste stable en matière
culturelle. Les DRAC sont donc soit plus exigeantes quant à la
recevabilité des projets, soit elles accordent des subventions d'un
montant plus faible pour satisfaire le plus de demandes possible.
Petit à petit, la population s'ouvre à l'art
visuel et cela participe à l'éducation artistique. Cependant, le choc des générations persiste, la
population la plus âgée restant la plus hostile à cette
forme d'art.
Annexes
Annexe A. Licences 1, 2 et 3
Annexe B. Plan du patrimoine de la
ville
Annexe C. Projet envoyé au Festival Normandie
Impressionniste « 15 pochoirise Pissarro »
Dans le cadre du Festival Normandie Impressionniste, la ville
d'Oissel souhaite soumettre son projet. Déjà active dans la mise
en valeur artistique de son patrimoine par l'art urbain, la ville voit dans ce
festival l'opportunité d'aller plus loin dans ses objectifs.
Le projet s'articule comme suit :
Afin de respecter le thème
« impressionnisme », la ville souhaite rendre hommage
à Camille Pissarro, unique peintre impressionniste ayant peint une vue
d'Oissel : la Vue de la cotonnière d'Oissel, peinte en
1898.
Et afin de respecter le thème des
« portraits » pour 2016, la ville souhaite faire
représenter un portrait de Camille Pissarro, en noir et blanc ou en
couleur selon l'inspiration de l'artiste, sur la base d'une de ces
photos :
Pour ce faire, il a été décidé que
l'oeuvre serait apposée sur le moulin d'Oissel. En effet, celui-ci est
idéalement placé sur une avenue très
fréquentée (au croisement de quatre rues et sur l'avenue du
Général De Gaulle) et fait partie du patrimoine historique
d'Oissel. Depuis de nombreuses années, ses ailes lui ont
été retirées. De là, part l'idée de lui en
redonner afin de l'égayer et de lui offrir une nouvelle fonction
artistique. Le support sera de la forme d'une palette de peinture placée
à l'endroit des anciennes ailes du moulin.
La ville d'Oissel a la possibilité de collaborer avec
15 (Christian Guémy), un artiste spécialisé dans l'art
urbain.
15 est né en 1973 et a suivi des études
universitaires en histoire de l'art à Paris. Il commence, en 2005,
à peupler les rues de visages aux expressions poignantes avec la
peinture au pistolet. 15 peint des clochards, des réfugiés ou des
gosses de rues, des gens qui vivent réellement l'expérience de la
rue et à qui le street art n'est jamais destiné ou presque. Ces
visages nous interpellent et nous interrogent sur notre liberté et notre
dignité. Le portrait reste son sujet de prédilection, mais sa
technique évolue sans cesse.
Il fait ses portraits en utilisant principalement la technique
du pochoir. En la matière, 15 est l'un des pochoiristes les plus
talentueux de sa génération.Il sait capter la lumière, la
profondeur et l'humanité, ce qui n'est pas aisé avec des
pochoirs. Cet artiste fait de la dégradation d'un support un
atout : il aime par exemple travailler avec la rouille et les supports
poreux.
Sa technique se complexifie en 2010, lorsque 15 commence
à être sollicité par les organisateurs de plusieurs
festivals pour adapter son style aux dimensions monumentales d'une
façade. Il a réalisé certaines oeuvres d'envergure telles
qu'un mur de 25 mètres à Paris (où le pochoir côtoie
le rouleau du peintre) mais aussi des portraits de personnalités
(Christiane Taubira, Einstein, le général de Gaulle,
Galilée, Jules Verne, Marie Curie,...). Il a exposé ses oeuvres
dans le monde entier (Rome, Barcelone, San Francisco, Londres, Sao Polo,
New-York, Moscou,...). 15 a fait de sa ville, Vitry-sur-Seine, la capitale
mondiale du street art. Il fait partie de ce groupe restreint d'artistes qui
sont en train de renverser les hiérarchies artistiques de notre
époque.
Il semble donc être l'artiste le mieux à
même de représenter le portrait d'une personnalité (Camille
Pissarro pour le projet) avec des techniques modernes. Cela permettrait
à la ville d'Oissel de combiner l'impressionnisme à sa politique
actuelle de soutien à l'art urbain.
Site :
http://www.c215.fr
Annexe D. Art urbain sur la place Boieldieu par le
collectif PX
Annexe E. Rapport d'analyse du marché feu
d'artifice
Annexe F. Rapport d'analyse du marché
sonorisation & lumière
Lumière
Sonorisation
Annexe G. Contrat de cession du droit d'exploitation
d'un spectacle
CONTRAT DE CESSION
DU DROIT D'EXPLOITATION D'UN SPECTACLE
G-7
Entre :
Dénomination sociale de l'entreprise : A Gauche
de la Lune
G-2
Dont le siège social est situé 9 rue du
rempart 59000 LILLE
Numéro d'identification (SIRET) : 41030756500029
G-10
Code APE : 9001Z
N° licence : 2-119583 et 3-119584
N° TVA : FR79410307565
Téléphone : 06.63.16.97.92
Représenté par :
En qualité de :
Ci-après dénommée « Le
PRODUCTEUR », d'une part,
Et :
Dénomination sociale de l'entreprise : LA VILLE
D'OISSEL-SUR -SEINE
Dont le siège social est situé place du
8 mai 1945, 76350 OISSEL-SUR-SEINE
Numéro d'identification (SIRET) : 217 604 842 00013
Code APE : 8411Z
N° licence : 1-1080839 / 1-1080840 / 1-1080841
/2-1080842 / 3-1080843
N° de TVA intracommunautaire : FR2F
217 604 842
Téléphone :02 32 95 89 95
Représenté par : Stéphane
BARRE
En qualité de :Maire
Ci-après dénommée
« L'ORGANISATEUR », d'autre part,
IL EST EXPOSÉ CE QUI SUIT :
A - L'ORGANISATEUR
S'est assuré de la disposition des lieux
désignés ci-dessous nécessaires au bon déroulement
du spectacle. Le Diffuseur dispose d'une licence d'entrepreneur de spectacle ou
en est légalement dispensé.
B - LE PRODUCTEUR
G-3
Dispose du droit d'exploitation en France du spectacle pour
lequel s'est assuré le concours des artistes nécessaires à
sa représentation. Le producteur déclare connaître et
accepter les caractéristiques techniques des lieux.
IL A ETE ARRETE ET CONVENU CE QUI
SUIT :
Article 1 : OBJET
G-1
Par les présentes, le PRODUCTEUR cède à
l'ORGANISATEUR les droits d'exploitation du Spectacle pour les
représentations suivantes, dans les conditions définies
ci-après :
Date : samedi 30 mai 2015
Horaire : 21h30
G-8
Artiste : Smoove & Turrell
Nom de l'événement : Festival
d'Oissel
Lieu : Chapiteau (500 places)
Adresse : Parking de l'école Jean
Jaurès 2, 2 rue de Picardie, 76350 OISSEL
Le PRODUCTEUR s'engage à donner les
représentations aux conditions des présentes.
Le PRODUCTEUR déclare qu'il dispose des droits
d'exploitation du Spectacle pour la Représentation et garantit
l'ORGANISATEUR contre tout recours à cet égard.
G-4
L'ORGANISATEUR s'est assuré de la mise à
disposition du lieu de la Représentation, dont le PRODUCTEUR
déclare connaître et accepter les caractéristiques
techniques.
Article 2 : OBLIGATIONS DU PRODUCTEUR
LE PRODUCTEUR fournira le spectacle, d'une durée
de 90 minutes environ. Il dispose seul de la responsabilité
artistique des représentations et déclare s'être
assuré le concours des artistes nécessaires et déclare en
être l'employeur.
En sa qualité d'employeur, Le PRODUCTEUR assumera les
rémunérations (charges sociales et fiscales comprises) du
personnel attaché à la Représentation et engagé par
lui et garantit expressément l'ORGANISATEUR contre tout recours à
cet égard. En ce sens, il appartient au PRODUCTEUR de solliciter en
temps utile auprès des autorités compétentes, les
autorisations pour l'emploi et les déclarations d'embauche (DUE) ainsi
que les autorisations, le cas échéant, pour l'emploi d'artistes
étrangers.
Le Spectacle comprendra les instruments, amplificateurs
et accessoires, et d'une manière générale tous les
éléments nécessaires à sa représentation
(sauf l'amplification, la diffusion et le système de retours du son). Le
PRODUCTEUR en assurera le transport aller et retour, et effectuera les
éventuelles formalités douanières.
Le PRODUCTEUR s'engage à communiquer à
l'ORGANISATEUR toutes les informations nécessaires à la mise en
place du spectacle.
Le PRODUCTEUR s'engage à respecter les consignes de
sécurité et de contrôle d'accès du lieu de la
Représentation.
Article 3 : OBLIGATIONS DE
L'ORGANISATEUR
L'ORGANISATEUR obtiendra toutes les autorisations
nécessaires à la Représentation. Il assurera la
sécurité de la soirée, celle du public, celle des artistes
et du matériel.
L'ORGANISATEUR fournira le lieu de la Représentation en
ordre de marche. Il fournira les éléments et le personnel
nécessaires à la sonorisation du spectacle. Voir fiche technique
en annexe faisant partie intégrante du contrat.
G-5
L'ORGANISATEUR aura à sa charge les droits
d'auteur (SACEM) sur la foi de laliste des oeuvres
interprétéesque le PRODUCTEUR lui aura fournie le jour de la
représentation, ainsi que les droits voisins. Les entrées du
spectacle étant gratuites, l'organisateur ne prendra pas en charge la
taxe fiscale (CNV).
Il fera son affaire personnelle de toutes les demandes
d'autorisations administratives nécessaires en temps opportun.
Article 4 : DISPOSITIONS FINANCIERES
G-9
L'ORGANISATEUR s'engage à verser au PRODUCTEUR, en
contrepartie de ce qui précède, la somme de trois mille
quatre cent vingt huit euros et soixante quinze centimes TTC.
PRIX H.T.
3 250 €:
TVA 5.5 % : 178.75 €
T.T.C. : 3428.75 € TTC
Soit
Le règlement des sommes dues au PRODUCTEUR par
l'ORGANISATEUR sera effectué par mandat administratif à l'issue
des dites représentations, sur présentation de facture.
Article 5 : ASSURANCES
LE PRODUCTEUR est tenu d'assurer contre tous les risques, tous
les objets lui appartenant ou appartenant à son personnel. Il
déclare en outre avoir souscrit une police d'assurance couvrant sa
responsabilité civile pour la Représentation.
L'ORGANISATEUR déclare avoir souscrit les assurances
nécessaires à la couverture de ses risques en matière de
responsabilité civile.
Article 6 : ENREGISTREMENT PARTIEL OU INTEGRAL DU
SPECTACLE
G-6
Le PRODUCTEUR s'engage à ce que le groupe assure
gratuitement les prestations nécessaires à la promotion et la
publicité du spectacle : photographies, interviews, relations publiques.
De plus, Le PRODUCTEUR accepte les retransmissions fragmentaires, ou
complètes et directes du spectacle. Le détail des supports de
diffusion mobilisés feront l'objet d'un accord préalable (joint
au contrat ou ultérieurement communiqué).
Article 7 : LOI ET ANNULATION DU PRESENT
CONTRAT
Le présent contrat est régi par la loi
française. Le français est la langue faisant foi quant à
l'interprétation du document. Dans tous les cas de force majeure
prévus par la loi et notamment relâche ordonnée par le
gouvernement, maladie dûment constatée d'un artiste
irremplaçable, etc. le contrat se trouverait suspendu ou annulé
de plein droit, les frais engagés par L'ORGANISATEUR liés aux
représentations dudit contrat demeurant à sa charge.
G-11
L'annulation du présent contrat de la part de
L'ORGANISATEUR, sauf cas de force majeure prévu par l'article 1148 du
code civil, entraînerait le paiement par L'ORGANISATEUR des sommes dues
au titre de l'article 4 ci-dessus.
Le producteur se réserve le droit d'interrompre ou
d'annuler une représentation en cas d'agression injustifiée d'un
spectateur ou d'un membre du service d'ordre.
L'annulation du présent contrat de la part du
PRODUCTEUR, sauf cas de force majeure prévu par la loi,
entraînerait la suspension définitive des dispositions
financières prévues à l'article 4.
Article 8 : COMPETENCE JURIDIQUE
En cas de litige portant sur l'interprétation ou
l'application du présent contrat, les parties conviennent de s'en
remettre à l'appréciation du tribunal administratif de
Versailles, seulement après épuisement des recours habituels par
les voies amiables (conciliation, arbitrage...).
Article 9 - DISPOSITIONS PARTICULIERES
Hébergement et catering : Deux nuits à
l'hôtel Floritel (les 29 et 30 mai) situé ZA du bois Bosquet,
76410 Sotteville-Sous-le-Val, composées de 4 chambres singles et 2
chambres twins.
Loges et catering : Huit
repas seront servis aux musiciens et à l'équipe le samedi 30 mai
au soir.
L'accès aux loges et aux espaces techniques sera
exclusivement réservé aux personnes accréditées,
soit 7 musiciens, un technicien son et un manager.
La vente des produits
dérivés (Cd, tee shirts etc...) reste acquise au PRODUCTEUR.
La fiche technique et le rider font partie intégrante
de ce contrat.
Fait en 3 exemplaires le 4 mai 2015
Signatures précédées de la mention
« lu et approuvé » et pages paraphées.
LE PRODUCTEUR L'ORGANISATEUR
Annexe H. Label Normandie Impressionniste et
subvention
1. Obtention du label
2. Obtention de la subvention
Annexe I. Schéma de la réalisation
d'un projet
Projet
Lieu - Artiste - Budget
Accord du conseil municipal
Obtention des autorisations
Obtention des financements
Marché public
Convention
Réalisation
Bilan
Annexe J. Photos de lieux en
décrépitude amenés à faire l'objet d'art
urbain
Blocs de béton en plein parc forestier
Colonne d'affichage
Annexe K. Projet présenté à
l'artiste 15
Le « Festival Normandie Impressionniste »
a pour objet de mettre en valeur l'impressionnisme dans ses liens avec la
Normandie, en recherchant de larges publics par des actions ciblées :
expositions de peinture mais aussi diverses formes d'art contemporain
(spectacles, mise en valeur du patrimoine,...). Ainsi, il octroie un soutien
financier aux projets qui respectent les attentes du festival.
Le thème pour la 3ème édition
qui aura lieu en 2016 est celui du Portrait.
La ville d'Oissel souhaiterait participer à ce festival
en mettant en valeur ces trois éléments :
- Son patrimoine, notamment, et pour ce projet, le moulin de
l'avenue du Général De Gaulle.
- Camille Pissarro, impressionniste qui peignit plusieurs
paysages normands dont un d'Oissel.
- L'art urbain pour une vision plus actuelle de
l'impressionnisme.
Le projet combine donc ces trois éléments :
le portrait de Camille Pissarro, sur un support remplaçant les ailes du
moulin aujourd'hui disparues, par un professionnel de l'art urbain.
Pourquoi Camille Pissarro ?
La ville souhaite rendre hommage à Camille Pissarro
(1830-1903), unique impressionniste qui ait peint une vue d'Oissel à
cette époque. Il s'agit de la « Vue de la cotonnière
d'Oissel » peinte en 1898 et représentant un paysage
aujourd'hui disparu.
Pourquoi le moulin d'Oissel ?
Idéalement placé sur une avenue très
fréquentée (au croisement de quatre rues), le moulin fait partie
du patrimoine historique d'Oissel. Depuis de nombreuses années, les
ailes lui ont été retirées. De là part
l'idée de lui en redonner afin de l'égayer et de lui donner une
nouvelle fonction artistique.
Le projet
L'artiste devra représenter le portrait de Camille
Pissarro en noir et blanc ou en couleur (selon son inspiration).
Deux formes de supports sont proposées à
l'artiste, à savoir :
- Un seul support (rond ou carré) qui
représentera un seul portrait
- ou quatre supports rectangles qui représenteront
quatre portraits de Pissarro différents ou quatre fois le même
portrait dans des couleurs différentes (dans l'esprit d'Andy Warhol).
Annexe L. Composition d'un budget
prévisionnel
Annexe M. Echange de mails donnant autorisation
d'utiliser le patrimoine d'Habitat 76
Annexe N. Demande d'autorisation d'utiliser le
patrimoine de la SNCF
Annexe O. Dossier de demande de subvention pour
l'art urbain à Oissel
Annexe P. Extrait de la convention avec Amaury
Morisset (articles portant sur la cession des droits et sur la
communication)
Annexe Q. Extrait de la convention avec le collectif
PX (article sur la cession des droits)
Annexe R. Compte rendu financier demandé par
la DRAC
Annexe S. Compte rendu qualitatif requis par la
DRAC
Bibliographie
I. Ouvrages, articles et publications
· ANATRELLA B., « Droits voisins et
harmonisation européenne », La lettre de l'entreprise
culturelle, Cagec, n°260, mars 2015, page 8.
· BERTHELOT D., Guide de gestion des intermittents du
spectacle dans les collectivités, Territorial éditions,
2006, 140 pages.
· BOUSSEMART C., Diriger un service des affaires
culturelles, Territorial éditions, 2007.
· GOBERT D. et WOIMANT A., Les droits
d'exclusivité dans le cadre des marchés exclus de mise en
concurrence,
http://www.mclavocats.fr,
2013.
· GRALL G., JOLY E. et MACE B., Législation et
réglementation du spectacle vivant, (en ligne), 2010.
· La lettre de l'entreprise culturelle, Cagec Gestion,
n°262, mai 2015.
· PLANCHET P., La création contemporaine
confrontée aux réglementations urbaines, (dans Ali SEDJARI
(dir.), Performance urbain et droit à la ville,, Paris, L'Harmattan,
2010, 498 pages).
· POTEAU G., Gérer les activités
culturelles de la commune,Paris : Editions Ouvrières : Editions de
l'Atelier, 1996, 95 pages.
· POTEAU G., Guide pratique de l'animation culturelle
municipale,Les Editions municipales,1988, 256 pages.
· SAUGEZ H., Thèse sur
« L'affectation des biens à l'utilité publique.
Contribution à la théorie générale du domaine
public. », 2012, 438 pages.
· TOUBOUL A., Le contrat de commande d'une oeuvre
d'art en droit privé, conférence du 16 novembre 2006.
II. Législation, réglementation
· Arrêté du Premier ministre du 11 octobre
2006relatif au compte rendu financier prévu par l'article 10 de la loi
du 12 avril 2000.
· Circulaire du 16 août 2006 relative à
l'application du décret n° 2002-677 du 29 avril 2002.
· Circulaire du 13 juillet 2000 relative à la
licence d'entrepreneur de spectacles.
· Code civil
· Code de la construction et de l'habitation
· Code de la propriété intellectuelle
· Code des marchés publics
· Code du travail
· Code général de la
propriété des personnes publiques
· Code général des collectivités
territoriales
· Décret du 25 octobre 1991 portant
définition et classement des salles de spectacles
cinématographiques d'art et d'essai.
· Décret du 18 novembre 1998 relatif à
l'évaluation des politiques publiques
· Décret du 29 avril 2002 relatif à
l'obligation de décoration des constructions publiques et
précisant les conditions de passation des marchés ayant pour
objet de satisfaire à cette obligation.
· Décret du 31 mai 2010 relatif à
l'acquisition, la détention et l'utilisation des artifices de
divertissement et des articles pyrotechniques destinés au
théâtre.
· Ordonnance du 6 novembre 2003 relative aux mesures de
simplification pour les emplois du spectacle et modifiant le code du
travail.
· Traité sur le fonctionnement de l'Union
Européenne (traité de Rome) de 1957
· Traité sur l'Union Européenne
(traité de Maastricht) de 1992
III. Jurisprudence
· Cour de Cassation, Chambre civile 1, décision
n°00-20014 du 28 janvier 2003
· Cour de Cassation, Chambre civile 1, décision
n° 01-17650 du 17 juin 2003
· Cour de Cassation, Chambre civile 1, décision
n°02-13577 du 25 mai 2004
· Conseil constitutionnel, décision
n°2006-543 du 30 novembre 2006
· Conseil constitutionnel, décision
n°2001-452 DC du 6 décembre 2001
· Conseil d'Etat, Département de l'Oise,
n°368846 du 2 octobre 2013.
· Cour administrative d'appel de Marseille, Commune de
Barcarès, n°11MA00299, du 30 septembre 2013
· Tribunal administratif de Grenoble, Sieur Roussel c/
Ville de Grenoble du 18 février 1976
· Tribunal administratif de Melun, Préfet de Seine
et Marne, n°065188 du 1er décembre 2006.
IV. Documents
· Acte de vente de la maison ronde (dit « le
moulin ») à la ville d'Oissel.
· Guide pratique, Marchés publics et droit de
la propriété intellectuelle, Groupement français de
l'industrie de l'information, septembre 2003.
· Les marchés négociés de
l'article 35 du code des marchés publics sur
http://www.economie.gouv.fr/
· Notes de préparation au concours
d'attaché territorial, Line Marcotte.
· Rapport de présentation, Plan local
d'Urbanisme Commune de Oissel, Citadia, 2007.
· Règlement intérieur définissant
les procédures d'achats publics utilisables par les services municipaux,
adopté le 23 juin 2005 par délibération du conseil
municipal d'Oissel
· Budget prévisionnel annuel du service
culturel
V. Sites
· www.admical.org
· www.culture.gouv.fr
·
www.dictionnaire-juridique.com
· www.legifrance.fr
·
http://www.associationrec.fr
· www.urssaf.fr
· www.guso.fr
·
www.collectivites-locales.gouv.fr/files/files/noteinstruction_rappelCM_240314.pdf
·
http://questions.assemblee-nationale.fr/
· Groupement d'intérêt public :
http://www.economie.gouv.fr/
· Transformer un logement en local professionnel :
http://vosdroits.service-public.fr
· L'organisation de spectacles :
http://www.irma.asso.fr
· Rôle des commissions municipales :
http://www.senat.fr
· Le bureau municipal :
http://cormier.over-blog.com/
· Guide pratique d'utilisation du CGPPP :
http://www.collectivites-locales.gouv.fr/
· Catalogue des subventions :
www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=7&cad=rja&uact=8&ved=0CEsQFjAG&url=http%3A%2F%2Fwww.culturecommunication.gouv.fr%2Fcontent%2Fdownload%2F34869%2F284490%2Ffile%2Fcatalogue_subventions_fevrier_2014.pdf&ei=fGV1VeulHcmuUdHLgcAP&usg=AFQjCNEWF5ZYl44mxhK8HYK_ZOs1MNISBg
· Désanges G. « Art dans l'Espace
Public : l'espace, le temps, la morale, la passion » :
http://www.guillaumedesanges.com/spip.php?article34
Table des
matières
Titre 1 : Présentation de
l'établissement
6
·Partie 1. La Ville
6
§1. Eléments géographiques et
démographiques
6
§2. Les équipements culturels de la
ville
7
§3. Le patrimoine de la ville
8
·Partie 2. Le service culturel
9
§1. Compétences
9
§2. Budget
11
·Partie 3. Le rôle qui m'a
été confié
12
§1. Apporter des connaissances juridiques au
service culturel
12
§2. Participer à l'élaboration
de projets
12
§3. Rédiger les lettres, contrats et
demandes de subventions
13
§4. Elaborer la plaquette de programmation
culturelle
13
Titre 2 : les apports du stage
14
·Partie 1. Découverte du cadre
juridique du secteur culturel
14
Section 1. Diverses étapes de mise en oeuvre
des projets d'art urbain
14
§1. Le Festival Normandie Impressionniste
14
§2. Le Collectif PX
15
Section 2. Le décret et la circulaire
« 1% artistique »
15
Section 3. Le spectacle pyrotechnique
16
Section 4. Les concerts de Bones Kitchen et de
Smoove and Turell
17
§1. Les contrats de cession de spectacle
17
§2. Nationalité des groupes
18
§3. Des concerts sous chapiteaux
18
Section 5. Le décret du 30 mars 2015
19
Section 6. Les droits voisins et l'harmonisation
européenne
19
Section 7. La règlementation des
établissements recevant du public
20
Section 8. L'affiliation au GUSO
20
·Partie 2. Echecs et réussites
21
Section 1. Echecs
21
Section 2. Réussites
21
§1. L'admission du projet Normandie
Impressionniste
21
§2. Le spectacle pyrotechnique effectué
par un nouveau prestataire
22
Titre 3 : La mise en valeur du patrimoine
osselien par l'art urbain : du projet artistique à sa
réalisation
23
·Introduction
23
·Partie 1. La phase préparatoire de
recherche et d'établissement du projet
24
vChapitre 1. Le repérage des lieux
24
Section 1. Les lieux stratégiques
24
§1. Les lieux de passage
25
§2. Les lieux en décrépitude
25
Section 2. Les lieux choisis
25
§1. Les lieux de passage
26
§2. Les lieux en décrépitude
26
vChapitre 2. Le repérage des artistes -
Savoir être chasseur de têtes
26
Section 1. A son lieu son artiste
27
Section 2. Le choix des artistes
27
vChapitre 3. Persuader l'artiste de travailler pour
la ville
28
Section 1. Un projet cadré
28
§1. Utilité d'un projet complet
28
§2. La composition du projet
29
Section 2. Laisser de la liberté à
l'artiste
30
vChapitre 4. Etablir un budget
prévisionnel
31
Section 1. Utilité du budget
prévisionnel
31
Section 2. Composition du budget
prévisionnel
32
§1. Les charges
32
§2. Les produits
32
vChapitre 5. L'accord de la mairie
33
Section 1. La commission culturelle, le bureau
municipal et le conseil municipal
33
§1. La commission culturelle
33
§2. Le bureau municipal
34
§3. Le conseil municipal
34
Section 2. La délibération
35
·Partie 2. Rendre le projet possible :
obtenir les droits et les fonds
36
vChapitre 1. L'obtention des autorisations
36
Section 1. Le développement de l'art dans la
ville : un phénomène juridiquement complexe
36
Section 2. L'autorisation d'utiliser le patrimoine
public
37
§1. La propriété publique et les
différentes autorisations
37
§2. Cas d'espèces
38
a. Le moulin : bien privé du
patrimoine public
38
b. Le château : distinction monument
non classé - monument historique
39
c. Le pont de Tourville :
propriété du département
39
§3. La demande d'autorisation
40
Section 2. L'autorisation d'utiliser le patrimoine
privé
40
§1. Principe
40
§2. Cas d'espèces
41
a. La place Boieldieu d'Habitat 76
41
b. Les blocs EDF
42
c. Le pont SNCF
42
vChapitre 2. L'obtention des financements
42
Section 1. La demande de subvention
43
§1. Les partenaires
43
§2. La rédaction de la demande
44
a. La demande de subvention à la
DRAC
44
b. La demande de subvention à Normandie
Impressionniste
45
§3. La recevabilité de la
subvention
46
a. Qualité du projet
46
b. Cas d'espèces
46
Section 2. La recherche de
mécènes
47
§1. Le mécénat
47
§2. La collectivité
bénéficiaire du mécénat
48
§3. Trouver un mécène dans le
secteur culturel et artistique
49
a. Les mécènes du secteur
culturel
49
b. Convaincre le mécène de
soutenir le projet
49
·Partie 3. La finalisation du projet :
réalisation et bilan
50
vChapitre 1. Le marché public
50
Section 1. Le principe
50
Section 2. Les exceptions
51
Section 3. Application aux cas d'espèces
52
Section 4. Procédure
53
vChapitre 2. La rédaction des
conventions
54
Section 1. La nécessité d'un
contrat
54
Section 2. Contenu des différents contrats
pour les arts visuels
55
§1. Le contrat de commande d'oeuvre
55
§2. Le contrat d'exploitation
55
§3. Le contrat de prêt
56
§4. Le contrat de travail
56
§5. Le contrat de cession de droits
56
Section 3. Cas d'espèces
57
vChapitre 3. La propriété de
l'oeuvre
58
Section 1. Une propriété
partagée
58
§1. Une oeuvre à l'origine de deux
personnes distinctes
58
§2. Le droit moral de l'artiste : un
droit à respecter
59
a. Les quatre branches du droit moral
60
b. Les difficultés rencontrées
dans la pratique
61
§3. Le droit patrimonial de l'artiste :
un droit négociable
62
a. Les quatre branches des droits
patrimoniaux
62
b. La possibilité de prévenir les
difficultés relatives aux droits patrimoniaux
63
Section 2. Cas d'espèces
65
§1. La cession des droits d'Amaury
Morisset
66
§2. La cession des droits du collectif PX
66
vChapitre 4. Le compte-rendu financier et
qualitatif
67
Section 1. Le compte rendu pour la Ville
67
§1. La méthode
67
§2. Le compte rendu financier
68
§3. Le compte rendu qualitatif
69
Section 2. Le compte rendu pour l'organisme
financeur
70
§1. Le compte rendu financier
70
§2. Le compte rendu qualitatif
71
·Conclusion
72
Annexes................................................................................................................................................73
Annexe A. Licences 1, 2 et
3..........................................................................................74
Annexe B. Plan du patrimoine de la
ville.....................................................................75
Annexe C. Projet envoyé au Festival Normandie
Impressionniste "15 pochoirise
Pissaro".........................................................................................................76
Annexe D. Art urbain sur la place Boieldieu par le collectif
PX................................79
Annexe E. Rapport d'analyse du marché "feu
d'artifice"..........................................80
Annexe F. Rapport d'analyse du marché "sonorisation et
lumière".......................82
Annexe G. Contrat de cession du droit d'exploitation d'un
spectacle....................83
Annexe H. Label Normandie Impressionniste et
subvention...................................87
Annexe I. Schéma de la réalisation d'un projet
artistique........................................89
Annexe J. Photos de lieux en décrépitude
amenés à faire l'objet d'art urbain.....90
Annexe K. Projet présenté à l'artiste
15.................................................................91
Annexe L. Composition d'un budget
prévisionnel.....................................................93
Annexe M. Echange de mails donnant autorisation d'utiliser le
patrimoine d'Habitat
76.....................................................................................................................94
Annexe N. Demande d'autorisation pour utiliser le patrimoine de
la SNCF..........96
Annexe O. Dossier de demande de subvention pour l'art urbain
à Oissel.............97
Annexe P. Extrait de la convention avec Amaury Morisset (articles
portant sur la cession des droits et sur la
communication)............................................................102
Annexe Q.Extrait de la convention avec le collectif PX (article
portant sur la cession des
droits).......................................................................................................104
Annexe R.Compte rendu financier demandé par la
DRAC....................................105
Annexe S. Compte rendu qualitatif demandé par la
DRAC....................................107
Bibliographie
108
Table des matières
112
* 1Décret no 91-1131
du 25 octobre 1991 portant définition et classement des salles de
spectacles cinématographiques d'art et d'essai.
Art. 1er. Les cinémas d'art et d'essai
sont des salles de spectacles cinématographiques dont les programmes
sont composés d'oeuvres présentant l'une au moins des
caractéristiques suivantes:
- OEuvres cinématographiques (OC) ayant un
caractère de recherche ou de nouveauté dans le domaine
cinématographique;
- OC présentant d'incontestables qualités
mais n'ayant pas obtenu l'audience qu'elles méritaient;
- OC reflétant la vie de pays dont la production
cinématographique est assez peu diffusée en France;
- OC de reprise présentant un intérêt
artistique ou historique, et notamment oeuvres cinématographiques
considérées comme des <<classiques de
l'écran>>;
- OC de courte durée tendant à renouveler
par leur qualité et leur choix le spectacle
cinématographique.
Peuvent être exceptionnellement comprises dans les
programmes cinématographiques d'art et d'essai:
- OC récentes ayant concilié les exigences
de la critique et la faveur du public et pouvant être
considérées comme apportant une contribution notable à
l'art cinématographique;
- OC d'amateur présentant un caractère
exceptionnel.
* 2 Il s'agit d'un
bâtiment entièrement couvert dont le prototype est le Teatro
Olimpico de Vicence, en Italie, bâti d'après les plans d'Andrea
Palladio et inauguré en 1585. Il présente des dimensions plus
modestes permettant au public de percevoir le jeu des artistes ou les
interprétations musicalesplus en finesse.
* 3 LOI n° 99-198 du 18
mars 1999 portant modification de l'ordonnance n° 45-2339 du 13 octobre
1945 relative aux spectacles.
* 4 Article 2 de la loi 99-198
du 18 mars 1999.
* 5 Décret
n°2008-244 du 7 mars 2008, article D7122-1 du code du travail :
Les entrepreneurs de spectacles vivants sont classés en trois
catégories : 1° Les exploitants de lieux de spectacles
aménagés pour les représentations publiques ; 2° Les
producteurs de spectacles ou entrepreneurs de tournées qui ont la
responsabilité d'un spectacle et notamment celle d'employeur à
l'égard du plateau artistique ; 3° Les diffuseurs de spectacles qui
ont la charge, dans le cadre d'un contrat, de l'accueil du public, de la
billetterie et de la sécurité des spectacles, et les
entrepreneurs de tournées qui n'ont pas la responsabilité
d'employeur à l'égard du plateau artistique.
* 6 Art. 2.1 de la Circulaire du
13 juillet 2000 relative à la licence d'entrepreneur de spectacles.
* 7 Art 2.2 de la Circulaire du
13 juillet 2000 relative à la licence d'entrepreneur de spectacles.
* 8 Art 2.3 de la Circulaire du
13 juillet 2000 relative à la licence d'entrepreneur de spectacles.
* 9 Consistent en des
inventaires qui constituent le fondement de la connaissance du patrimoine
naturel et sont utiles à la mise en oeuvre des politiques de
conservation de la nature.
* 10 La procédure
Natura 2000 a pour objectif la constitution d'un réseau cohérant
d'espaces naturels qui permettent la préservation des lieux naturels et
des espèces, à une échelle européenne.
* 11Directive 92/43/CEE du
Conseil du 21 mai 1992.
* 12 Voir à ce
sujet :
http://carmen.developpement-durable.gouv.fr/IHM/metadata/HN/Publication/donneesnature/donneesNaturaFR2300125.pdf
* 13Loi n°80-532 du 15
juillet 1980 relative à la protection des collections publiques contre
les actes de malveillance.
* 14 Jardin botanique
spécialisé.
* 15 Poteau G., Guide pratique
de l'animation culturelle municipale, Les éditions municipales Paul
Dupont, 1988, page 17.
* 16 Arrêté
n°2014/11 du 30 mars 2014.
* 17 Source : Culture
chiffres, Politiques publiques et régulation, n°2009-3.
* 18Décret n°
2013-77 du 24 janvier 2013 relatif à l'organisation du temps scolaire
dans les écoles maternelles et élémentaires.
* 19 Festival qui met à
l'honneur la chanson de femmes
* 20 Groupement
d'intérêt public présidé par Pierre Bergé
ayant pour objet de fédérer et de coordonner un ensemble
d'événements artistiques et culturels dédiés
à l'impressionnisme en Basse et Haute Normandie.
* 21Ligne et couleur sont
à la base structurelle de chaque oeuvre.
* 22Décret
n°2002-677 du 29 avril 2002 relatif à l'obligation de
décoration des constructions publiques et précisant les
conditions de passation des marchés ayant pour objet de satisfaire
à cette obligation.
* 23Circulaire du 16
août 2006 relative à l'application du décret n°
2002-677 du 29 avril 2002 relatif à l'obligation de décoration
des constructions publiques, modifié par le décret n°
2005-90 du 4 février 2005.
* 24 Décret n°
2010-580 du 31 mai 2010 relatif à l'acquisition, la détention et
l'utilisation des artifices de divertissement et des articles pyrotechniques
destinés au théâtre.
* 25 Circulaire du 15 juin
2010 relative aux artifices de divertissement et articles pyrotechniques
destinés au théâtre.
* 26 Etablissement public
à caractère administratif français qui a pour mission de
gérer la majeure partie des voies navigables de France. La tutelle de
l'État est exercée par la Direction générale des
infrastructures, des transports et de la mer sis au Ministère de
l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie.
* 27 Les artifices sont
classés de K1 à K4, K1 correspondant aux artifices les plus
légers (pétards, cierges magiques,...) et K4 correspondants aux
artifices les plus lourds (pièces de 500 grammes ou 35 kilos de
matière active).
* 28 Compositeur
français et théoricien de la musique aux XVIè/XVIIè
siècles.
* 29 Article L110-1 du code de
commerce.
* 30Loi n°69-1185 du 26
décembre 1969 relative au placement des artistes du spectacle.
* 31 Article 20 du TFUE (Rome,
1957) et article 3 du TUE (Maastricht, 1992)
* 32 Décret
n°2015-364 du 30 mars 2015 (article 13) / articles R.8222-1 et D.8254-1 du
code du travail
* 33 Article L.212-3 du Code
de propriété intellectuelle.
* 34 Loi n°2015-195 du
20 février 2015 portant diverses dispositions d'adaptation au droit de
l'Union Européenne dans les domaines de la propriété
littéraire et artistique et du patrimoine culturel.
* 35 Article R.123-2 du code
de la construction et de l'habitation.
* 36 Article R.123-43 du
code de la construction et de l'habitation.
* 37 Ordonnance
n°2003-1059 du 6 novembre 2003 relative aux mesures de simplification pour
les emplois du spectacle et modifiant le code du travail.
* 38Article 10 de l'ordonnance
n°45-2339 du 13 octobre 1945 modifiée relative aux spectacles.
* 39Aide à la
création, à la diffusion et à la promotion de l'art
audiovisuel. REC s'adresse essentiellement à des «artistes»
professionnels ou occasionnels, travaillant les multimédias comme la
vidéo, la photo, le son ou les installations par exemple... La
qualité des projets passe avant la renommée des
artistes/créateurs ou des retombées éventuelles.
* 40 Pochoiriste de
renommée mondiale ayant exposé aux quatre coins du monde.
Site : http://www.c215.fr/
* 41 Qui ? Quoi ?
Où ? Quand ? Comment ? Combien ? Pourquoi ?
* 42 Conseil d'Etat, 26
septembre 2012, Commune de Martigues, n°345568.
* 43 Article L2121-29 du
CGCT.
* 44 Article L2121-2 du
CGCT.
* 45 La liberté
d'expression est garantie par l'article 19 de la Déclaration universelle
des droits de l'homme.
* 46 Jacqueline
Morand-Deviller, Esthétique et droit de l'urbanisme,
Mélanges René Chapus, LGDJ 1992, page 430.
* 47 Article L2111-1 du
GCPPP.
* 48 Article L2211-1 du
CGPPP.
* 49 Article L2221-1 du
CGPPP.
* 50 Article 544 du code
civil.
* 51 CE, 17 janvier 1923,
Ministre des travaux publics et Gouverneur général de
l'Algérie c/ Société Piccioli frères.
* 52 Loi n°65-557 du 10
juillet 1965 relative à la copropriété des immeubles.
* 53 Article L2122-2 du
CGPPP.
* 54 Article L2122-1 du
CGPPP.
* 55 Article L2111-1 du
CGPPP.
* 56 CE, Ass. 20 avril 1960,
Berthier.
* 57 CE, 14 décembre
1906, Préfet de l'Hérault.
* 58 Civ.
3ème 20 janvier 2010.
* 59 Article 322-1 al.2 du code
pénal.
* 60 Article 1369-1 du code
civil.
* 61 Article 1369-2 du code
civil.
* 62 Article 1369-9 du code
civil.
* 63Circulaire du 22
février 1963 relative aux conditions de coordination administrative pour
la préparation et la mise en oeuvre des programmes de caractère
culturel se rattachant au plan d'équipement.
* 64Décret n°
59-889 du 24 juillet 1959 portant création du ministère de la
Culture.
*
65http://www.culturecommunication.gouv.fr/Regions/
* 66 Conformément
à l'arrêté du 11 octobre 2006 relatif au compte rendu
financier prévu par l'article 10 de la loi du 12 avril 2000 relative aux
droits des citoyens dans leurs relations avec les administrations.
* 67 Créé en
1982, le Groupement d'intérêt public (GIP) permet à des
partenaires publics et privés de mettre en commun des moyens pour la
mise en oeuvre de missions d'intérêt général.
* 68 Arrêté du
6 janvier 1989 relatif à la terminologie économique et
financière.
* 69 Le mécène
peut apporter une aide en moyens (produits ou services).
* 70 Loi du 1er
aout 2003 relative au mécénat, aux associations et aux
fondations, modifiant notamment l'article 38 bis du code général
des impôts sur la réduction d'impôt.
* 71 Bulletin officiel des
impôts : article 28 de l'instruction fiscale 4-C-5-04 n°112 du
13 juillet 2004.
* 72Association reconnue
d'utilité publique créée en 1979 et mettant en relation
les mécènes et les adhérents cherchant des financements.
* 73 Source : admical.org,
rubrique « les chiffres clés du
mécénat ».
* 74 Décision
n°2006-543 du 30 novembre 2006.
* 75 Décision
n°2001-452 DC du 6 décembre 2001.
* 76 CAA Marseille, Commune de
Barcarès, n°11MA00299 du 30 septembre 2013.
* 77 CE, Département de
l'Oise, n°368846 du 2 octobre 2013.
* 78 CJUE, République
fédérale d'Allemagne, C-275/08 du 15 octobre 2009.
* 79 TA Melun, Préfet de
Seine et Marne, n°065188 du 1er décembre 2006.
* 80 Article 40 III 1°
du CMP.
* 81 Article 57 II 1°
du CMP pour les appels d'offres ouverts et article 60 II du CMP pour les appels
d'offres restreints.
* 82 Article 53 du CMP.
* 83 Article 80 I 1° al 3
du CMP.
* 84 Article 1108 du code
civil.
* 85 Article 1124 du code
civil.
* 86 Article L2122-22 al. 4 du
code des collectivités territoriales.
* 87 Articles 1875 et 1876 du
code civil.
* 88 Article 131-4 du CPI.
* 89 Article L111-1 du CPI.
* 90 Cour de Cassation, Civ.
1ère, 17 juin 2003, n°01-17650.
* 91 Cour de Cassation, Chambre
criminelle, 26 janvier 1965 n°63-93328.
* 92 Cour de Cassation, Civ
1ère, 25 mai 2004 n°02-13577.
* 93 Article L121-4 du CPI.
* 94 Article L113-1 du CPI.
* 95 Tribunal administratif de
Grenoble 18 février 1976 Sieur Roussel c/ Ville de Grenoble.
* 96 Cour de Cassation, Civ. 1,
28 janvier 2003, n°00-20014.
* 97 Article L122-3 du CPI.
* 98 Article L122-4 du CPI.
* 99 Article L122-2 du
CPI.
* 100 Article L122-4 du
CPI.
* 101 Loi du 1er
juin 2006 n° 2006-961 dite « DADVSI » relative au
droit d'auteur et aux droits voisins dans la société de
l'information, applicable au 1er juin 2007 (transposition de la
directive 2001/84/CE du 27 septembre 2001 relative au droit de suite au profit
de l'auteur d'une oeuvre d'art originale).
* 102 Article L122-8 du
CPI.
* 103 Article L131-3 du
CPI.
* 104 Article 131-4 du CPI.
* 105 Article L113-2 du
CPI.
* 106 Article L113-5 du
CPI.
* 107 Décret
n°98-1048 du 18 novembre 1998 relatif à l'évaluation des
politiques publiques.
* 108 Arrêté
du 1er ministre du 11 octobre 2006 portant fixation des modalités de
présentation du compte rendu financier, précisant le contenu de
l'article 10 de la loi n° 2000-321 du 12 avril 2000 relative aux droits
des citoyens dans leurs relations avec les administrations.
* 109 P. Planchet, professeur
à l'université du sud Toulon Var, La création
contemporaine confrontée aux réglementations urbaines, 2010.
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