La dualité étude-travail chez les étudiants( Télécharger le fichier original )par Seydina Ousmane Ndong Université de Poitiers - Master1 2015 |
3.5. Négocier notre terrainAprès l'élaboration de la partie théorique, le passage au terrain pour recueillir des données d'enquête est une obligation pour les chercheurs. Cependant, trouver des personnes à enquêter n'est pas aussi évident qu'on le pense. Pour la plupart du temps, établir des relations de confiance est presque une obligation pour mener à bien son terrain. Cette partie s'intéresse à la manière dont j'ai négocié mon terrain, c'est-à-dire la série de démarches (prises de contacts, entretiens, échanges oraux ou écrits...) que j'ai eu à faire pour récolter des données empiriques que j'analyserais plus tard. Etant moi même étudiant étranger venu du Sénégal, je peux sans risque dire que je mène une étude auprès d'un groupe à lequel j'appartiens. Résidant dans une cité universitaire, je suis en contact en permanence avec les étudiants de diverses nationalités en particulier ceux venant de l'Afrique subsaharienne comme les Sénégalais et les Maliens. En réalité j'entretiens avec eux de bonnes relations. Mon plan était de me servir de mon engagement associatif pour espérer élargir mes chances de trouver des enquêtés avec qui nous pourrons effectuer des entretiens qui nous permettront de pouvoir répondre à nos hypothèses. C'est d'ailleurs pourquoi je pensais qu'il serait plus facile pour moi de trouver des personnes à enquêter. Toutefois, les réalités du terrain m'ont montré le contraire. En effet, j'ai contacté plusieurs étudiants qu'ils soient Sénégalais ou Maliens qui ont montré leur réticence par rapport à mon sujet ou qui on même refuser catégoriquement à m'accorder un entretien. Dans cette situation, il m'a fallu user de mon propre réseau d'interconnaissance et de ma proximité avec eux en leur faisant savoir que ce mémoire compte beaucoup pour moi et qu'il n'y a aucun danger puisque les entretiens seront à l'anonymat. Il m'a fallut instaurer d'avantage cette relation de confiance pour avoir des répondant sénégalais. Concernant les étudiants maliens, l'idée à été de se rapprocher de l'Association des Etudiants et Stagiaires Maliens de Poitiers pour être en contact avec eux. Ma porte d'entrée a été un étudiant Malien qui fait parti de cette association et avec qui je loge dans la même résidence. J'ai pris le soin de bien l'expliquer mon sujet et de mon souhait d'interroger des étudiants Maliens. Après avoir fait un entretien avec lui, il m'a donné le numéro de téléphone d'autres étudiants Maliens que j'ai contacté par la suite. La méthode boule de neige étant donc ma stratégie pour constituer nos répondants. En précisant que je n'ai pas pu interroger des Maliennes. Ceci étant du aux réalités du terrain. En effet, je tenais toujours à demander aux étudiants Maliens que j'interroge s'ils pouvaient me mettre en contact avec une étudiante malienne qui effectue à la fois les études et le travail. À ce propos, la réponse a été la même « cet année, il n'y a pas d'étudiante Malienne à Poitiers. » La seule fille qui peut être considérer comme Malienne est née en France et a fait toutes ses études en France. Elle n'est Malienne que de par ses parents. Ceci étant, j'ai jugé de ne pas l'interrogé car elle ne répondait pas à mon choix qui porte sur les étudiants en situation de mobilité. Au total, j'ai interrogé dans cette recherche 11 personnes dont six (6) Sénégalais et cinq (5) Maliens, parmi lesquels, on compte trois (3) femmes et huit (8) hommes tous âgés entre 24 et 30 ans.
En effet, le nombre de personnes interrogées s'explique par les réalités du terrain. En un moment donné, nous avons senti une redondance des réponses qui nous sont données par nos enquêtés. En fait, on s'est vite aperçu que la productivité de nos entretiens décroît. À chaque nouvel entretien, on obtient de moins en moins d'informations nouvelles. Voilà pourquoi nous avons pensé avoir atteint notre seuil de saturation pour reprendre les termes de Jean Pierre Olivier de Sardan13(*). Toujours dans la même logique de compléter les informations reçues lors des entretiens, je n'hésitais surtout pas à favoriser des discussions sur ce sujet lors des rencontres que j'avais avec des camarades étudiants. Puisque je suis en contact en permanence avec ces étudiants, je profitais toujours des moments de rencontres dans les cuisines des résidences universitaires avec les étudiants Sénégalais ou avec les étudiants Maliens. Pendant ces moments de complicités ou tous les sujets sont abordés dans les discussions, la question du travail et des relations avec les familles au bled sont souvent évoqué. C'était toujours l'occasion de favoriser ce sujet et de pousser ainsi les étudiants à s'exprimer. A la fin, j'écrivais toujours les informations qui me semblent capitales dans mon carnet de note. En somme, voilà comment j'ai fait pour réaliser cette enquête. Pour chacun de ces entretiens, j'ai utilisé le même guide d'entretien qui comportait 4 grandes parties : -L'avant départ : le parcours scolaire, la prise de décision pour partir à l'étranger, les motivations, le financement du voyage et les acteurs impliqué dans la réalisation du projet. -La vie en France : l'accueil en France, les conditions de vie, le financement des études. -Le rapport au travail : comment trouver du travail, les acteurs impliqués, les raisons du travail, l'alliance étude- travail. - Liens avec le pays d'origine : transfert d'argent, relation actuelle avec la famille ou le groupe social d'origine, projet de retour. Avant chaque entretien, il a été nécessaire de rappeler l'objectif de mon travail et ensuite préciser que ça sera à l'anonymat afin d'obtenir d'avantage la confiance de mon enquêté. Les entretiens effectués tournent autours d'une durée de 25 à 50 minutes. Cependant, lors des premiers entretiens, je me suis rendu compte ce n'était pas trop productif. Certaines questions n'avaient comme réponse que des oui ou des non. Je sentais que les enquêtés n'étaient pas forcément à l'aise. Toutefois, je me rendais compte qu'ils étaient plus libres à me parler à la fin de l'entretien c'est-à-dire dés que j'arrête l'enregistrement. C'est ainsi que j'ai commençais à continuer de poser des questions même à la fin des de l'enregistrement et je prenais des notes. Par là j'ai eu à avoir souvent des informations qui ne me sont pas données pendant l'enregistrement. Afin de compléter les informations reçues lors des entretiens, j'ai aussi effectué deux récits de vie avec une fille Sénégalais qui est en France depuis 3 Septembre 2009 juste après son baccalauréat. Puis un autre récit de vie avec un étudiant Malien en thèse qui est quant à lui en France depuis le 14 Octobre 2010. Ces deux récits de vie effectuée ont insisté d'avantage sur les conditions de vie de ces derniers avant leur arrivée en France, sur la situation socio économique de la famille ou du groupe social, des motivations de départ, des démarches effectués ainsi que le financement du voyage, l'accueil en France, la vie en France, sur leur parcours scolaire et les moyens de financement des études. J'ai aussi insisté pour savoir comment ils ont fait pour trouver du travail et pourquoi et aussi sur leur vie présente, de leur rapport avec les pays d'origine ainsi que les projets d'avenir. * 13 Olivier de Sardan, J.P. (1995). La politique du terrain. Sur la production des données en anthropologie. Enquête. Archives de la revue Enquête, (1), 71-109. |
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