CONCLUSION DU CHAPITRE 4
En somme, les diverses insuffisances présentées
par les stratégies de vulgarisation des TIC en Afrique Centrale en
général et au Cameroun en particulier démontrent que
l'évolution du processus de réduction de la fracture
numérique n'est pas satisfaisant. En s'appuyant sur les limites de
l'existant, on peut distinguer dans une logique prospective quelques pistes
pour améliorer ledit processus. Conscient du fait qu'il serait difficile
pour les pays de la sous-région de réaliser l'accès
universel sur l'ensemble de leur territoire en évoluant en rangs
dispersés, on peut à cet effet suggérer la promotion de
l'intégration régionale dans le domaine concerné. Aussi
les gouvernants de la sous-région devraient-ils adopter une
réglementation et une politique tarifaire commune. En outre,
l'acquisition d'un satellite de communications dans la sous-région, la
consolidation des acquis et l'érection de nouveaux organismes
supranationaux s'imposent. Au niveau national, l'allègement de la
fiscalité, le renforcement du rôle des organismes institutionnels
et la promotion de la formation aux TIC semblent nécessaires pour
résoudre en partie les problèmes liés à
l'accessibilité. Toujours dans cette optique, il est opportun pour les
pouvoirs publics de mettre en place un partenariat intelligent avec le secteur
privé en vue du développement infrastructurel. Enfin, la
promotion de l'industrialisation dans la filière
télécommunication/TIC paraît inéluctable car elle
permettra au Cameroun de se positionner sur la scène internationale
comme un producteur et non plus essentiellement en tant qu'un consommateur des
technologies numériques.
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CONCLUSION GENERALE
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Dans un monde caractérisé par l'ouverture des
frontières du fait de la mondialisation et surtout par les enjeux de
puissances de toutes sortes, les TIC on réussi à s'imposer comme
des outils incontournables pour tous les Etats composant la
société internationale. Ces technologies restent au coeur des
multiples transformations politiques, économiques et socioculturelles
des pays développés depuis déjà plus d'un quart de
siècle.
Dans les nations en développement notamment celles de
la sous-région Afrique Centrale, les TIC suscitent un
intérêt de plus en plus grandissant mais leur diffusion demeure
insuffisante à cause de l'accessibilité limitée et de
l'analphabétisme numérique de nombreux citoyens. En
conséquence, il se crée un fossé numérique qui
contribue davantage à l'accroissement des inégalités entre
les pays développés et les pays en développement. Ce
constat nous a donc menés tout au long de cette entreprise heuristique
à l'étude du processus de réduction de la fracture
numérique en Afrique Centrale en général et au Cameroun en
particulier.
Pour mener à bien notre analyse, nous avons
subdivisé notre travail en deux parties comportant chacune deux
chapitres. La première s'est focalisée sur le cadre conceptuel et
les stratégies de réduction de la fracture numérique en
Afrique Centrale. La deuxième partie quant à elle s'est
intéressée à l'évaluation du processus de
réduction du fossé numérique en Afrique Centrale tout en
proposant des solutions pour une meilleure vulgarisation des TIC.
L'examen du cadre théorique a permis de montrer que
l'expression fracture numérique est une notion aux contours flous. En
effet, ce concept émane d'un ensemble d'inégalités au rang
desquels nous citons les inégalités face aux possibilités
d'utiliser les TIC, les inégalités à contribuer à
l'information et les inégalités d'accès au réseau.
Au-delà de ces disparités, nous avons remarqué que la
fracture numérique s'opère à diverses échelles de
comparaison. Notamment, entre les Etats, entre le Nord et le Sud, entre les
pays du Sud, entre les villes et les campagnes, les hommes et les femmes et
entre les jeunes et vieux. Par ailleurs, nous avons noté que le
fossé numérique qui caractérise les pays d'Afrique
Centrale freine considérablement l'émergence de ces nations. La
réduction de cette fracture se veut donc impérative au vu des
multiples enjeux de développement poursuivis par ces Etats. Et bien,
dans ce sens, plusieurs stratégies ont été mises en place
dans la sous-région en général et au Cameroun en
particulier pour améliorer l'accès universel.
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A l'échelle communautaire, les gouvernants ce sont
fixés plusieurs objectifs à atteindre dans un délai
précis. Pour y parvenir, ils ont mis en place la COPTAC, l'ARTAC, le
centre sous-régional de maintenance des
télécommunications, le PEAC et le projet CAB.
Par ailleurs, au niveau national, les objectifs à
atteindre d'ici 2020 ont été définis dans le DSCE. Pour y
parvenir, les dirigeants ont élaboré un ensemble d'instruments
juridiques qui encadrent les activités dans le secteur des
télécommunications. De même, bon nombre d'organismes
institutionnels publics (le CENADI, l'ART, l'ANTIC, la CAMTEL et ENEO
Cameroon) et privés (Orange, MTN, Nexttel, les FAI et les ONG)
accompagnent l'Etat dans son processus de réduction des
inégalités liées à la diffusion des TIC. Dans le
même ordre d'idée, les gouvernants ont mis l'accent sur le
développement des compétences numériques à travers
la formation des populations aux TIC. En outre, le service public reste en
cours de modernisation de par l'opérationnalisation du projet
e-gouvernement. Enfin, le projet des télécentres communautaires
polyvalents a été mis en oeuvre dans l'optique de réduire
le fossé numérique entre les villes et les campagnes.
Dans une logique évaluative, nous avons
démontré que les stratégies mises en place en Afrique
Centrale en général et au Cameroun en particulier pour
résorber la fracture numérique ont produit des résultats
remarquables. Au plan sous-régional, nous avons noté
l'accroissement de la télédensité mobile, la mise en place
d'un réseau sous-régional large bande à fibre optique
à travers le projet CAB et le développement des infrastructures
de base de par la création des télécentres communautaires
dans la plupart des Etats. Toutefois, malgré ces quelques
avancées, le fossé numérique demeure. Ceci s'est
illustré à travers la faible télédensité
fixe (seulement 1,46 ligne téléphonique fixe pour 100 habitants
en 2011), la faible utilisation de l'outil internet (6,38% d'utilisateurs
internet sur 100 habitants en 2011) et le coût relativement
élevé des communications électroniques. Un tel état
des faits démontre à suffisance le manque d'efficacité des
structures mises en place au niveau communautaire.
Sur le plan national, les stratégies mises en oeuvre
pour résorber le fossé numérique ont conduit à la
baisse des coûts des produits et services TIC. De même, elles ont
favorisé le développement des télécommunications
notamment à travers l'évolution de la
télédensité mobile et l'amélioration du
débit de transmission des données. Dans le même ordre
d'idée, ces politiques ont également permis d'augmenter les
ressources humaines dans le domaine concerné et de moderniser
progressivement le service public. Cependant, on constate qu'en dépit du
fait que le processus de vulgarisation des TIC soit en cours d'évolution
au Cameroun,
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le fossé numérique demeure perceptible entre les
riches et les pauvres et entre les villes et les campagnes. A titre indicatif,
plusieurs habitants des zones rurales n'ont pas facilement accès aux
technologies numériques pour diverses raisons.
De même, la télédensité fixe et le
taux d'utilisation de l'outil internet restent faibles. Pourtant, les
dirigeants envisagent porter le nombre de lignes téléphoniques
fixes qui se situait à 0,7% en 2005 à 45% en 2020. Cet objectif
semble loin d'être atteint. De plus, l'ambition de porter le taux
d'utilisation de la technologie Internet de 1% en 2007 à 40% en 2015 se
réalisera difficilement dans la mesure où en 2013, seulement 6,4%
de camerounais sur 100 utilisait cette technologie. En outre sur 40.000 TCP/PAN
que les gouvernants envisagent créer dans différentes
localités rurales et périurbaines d'ici 2020, seuls 116 sont
déjà opérationnels. Ces faits démontrent avec
suffisance que le processus de réduction de la fracture numérique
au Cameroun évolue lentement et dans une certaine mesure, demeure
insatisfaisant. Dès lors, il semblait nécessaire pour nous de
proposer des solutions qui permettront d'améliorer le processus de
démocratisation des TIC en Afrique Centrale en général et
au Cameroun en particulier.
Sous un angle prospectif, les Etats de cette partie du
continent devraient mutualiser leurs efforts afin d'harmoniser leurs
législations et leurs politiques tarifaires dans le domaine des
télécommunications/TIC. De même, ces derniers devraient
conjuguer leurs forces en vue de doter l'Afrique Centrale d'un satellite de
communications. Par ailleurs, au niveau national, il serait convenable que les
dirigeants allègent la fiscalité, renforcent le rôle des
organismes institutionnels et promeuvent la formation des citoyens dans le
secteur concerné. En outre, l'accent devrait également être
mis sur la promotion de l'industrialisation dans cette filière porteuse
et innovante.
Pour finir, la réduction de la fracture
numérique se présente comme un véritable atout
développement pour les pays d'Afrique Centrale. Après avoir
connus des décennies de guères, traversés plusieurs
années de crise économique du fait des ajustements structurels,
les Etats de la sous-région ont là une grande opportunité
pour rattraper leur gap par rapport aux pays développés. Si ces
nations ont considérablement pu transformer leur économies et
leurs modes de vie à travers l'usage des TIC, il n'est pas exclu que
celles de la sous-région en fassent autant. C'est la raison pour
laquelle les Etats composant cette partie de l'Afrique doivent se mettre en
synergie pour réduire la fracture numérique qui les
caractérise.
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