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La réduction de la fracture numérique en Afrique centrale: cas du Cameroun

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par LEO GAËL ATANGA ONDOA
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master 2015
  

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CONCLUSION DU CHAPITRE 2

En définitive, pour réduire le fossé numérique en Afrique Centrale en général et au Cameroun en particulier, plusieurs stratégies ont été mises place. Au niveau sous-régional, les dirigeants ce sont fixés des objectifs à atteindre dans un horizon très proche (2013). Pour y parvenir, des structures telles que la COPTAC, l'ARTAC et le centre sous-régional de maintenance des télécommunications ont été créées. A l'échelle national, la dynamique reste sensiblement la même. Les pouvoirs publics ont également défini des objectifs à réaliser d'ici 2020 pour le développement du domaine des télécommunications/TIC et de la résorption du fossé numérique en conséquence. C'est dans cette logique qu'un cadre règlementaire et institutionnel a été mis en place et un accent particulier a été accordé au développement des compétences numériques, à la modernisation du service public et au déploiement des télécentres communautaires dans les campagnes. Toutefois, malgré l'opérationnalisation de ces multiples stratégies, on constate que la fracture numérique demeure aussi bien en Afrique Centrale qu'au Cameroun. Il semble donc opportun d'évaluer l'efficacité de ces stratégies.

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DEUXIEME PARTIE :

EVALUATION DU PROCESSUS DE REDUCTION

DE LA FRACTURE NUMERIQUE EN AFRIQUE

CENTRALE

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La première partie de ce travail s'est attardée d'une part, sur la conceptualisation des termes en rapport avec notre étude et sur les enjeux de la réduction du fossé numérique en Afrique Centrale. D'autre part, elle nous a permis de passer en revue les différentes stratégies mises en place pour réduire les inégalités liées à la diffusion des TIC en Afrique Centrale en général et au Cameroun en particulier. Il sera question dans cette deuxième partie d'évaluer ces stratégies (chapitre 3), et de proposer des solutions pour une meilleure réduction de la fracture numérique (chapitre 4).

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CHAPITRE 3 : ANALYSE DU PROCESSUS DE REDUCTION DE LA
FRACTURE NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE

La politique de réduction du fossé numérique en Afrique Centrale en général et au Cameroun en particulier repose sur un ensemble de stratégies. Ces différentes stratégies ont été passées en revue au chapitre précédent. Dans ce chapitre, il sera question pour nous d'évaluer le niveau d'opérationnalisation de toutes ces mesures afin de déterminer leur efficacité. Pour mener à bien à notre analyse, nous apprécierons l'évolution du processus au niveau sous-régional (Section I) et à l'échelle nationale (Section II).

SECTION I : AU NIVEAU DE L'AFRIQUE CENTRALE

Pour réduire la fracture numérique dans la sous-région, les Etats ont créé la COPTAC, l'ARTAC, le centre sous-régional de maintenance des télécommunications et le projet CAB. Cette section tentera de faire une analyse critique de ces différents instruments.

1.1 La COPTAC

Les missions de cette institution ont été identifiées au chapitre précédent. A titre de rappel, la COPTAC définit les politiques d'orientation et les stratégies communes dans le domaine des télécommunications en Afrique Centrale. Elle assure le développement et l'amélioration de la qualité des services pour une meilleure intégration de celle-ci. Cet organe définit également les conditions techniques, économiques et tarifaires d'interconnexion des réseaux...

Toutefois, malgré toutes les prérogatives qui lui sont dévolues, la COPTAC peine à agir efficacement. L'absence d'harmonisation des législations nationales dans le domaine concerné est un exemple évocateur. De plus, il n'existe pas encore de tarification préférentielle favorisant la réduction des coûts d'utilisation des services dérivés tel, les communications électroniques. Ces dernières demeurent encore très élevées entre les Etats de la sous-région. Au Cameroun à titre indicatif, il faut débourser 100 FCFA pour effectuer une minute d'appel vers un autre pays de cette partie de l'Afrique. Alors que, la même minute de communication à partir de n'importe quel pays de la sous-région vers un pays occidental comme la France, l'Angleterre ou les Etats-Unis coûte quatre fois moins chère (25 FCFA). Un tel état de fait ne saurait favoriser l'intégration des peuples.

1.2 L'ARTAC

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Cette association a pour mission principale d'élaborer et d'harmoniser les réglementations en matière de fourniture et de tarification des services de télécommunications dans les pays de la sous-région. De même, elle promeut la création et l'exploitation dans les Etats d'Afrique centrale des réseaux et des services de télécommunications efficaces, adéquats et rentables, susceptibles de répondre aux besoins multiples des clients tout en étant économiquement durables. Seulement, bien qu'il existe déjà des organes indépendants de régulation des télécommunications dans 06 pays159, il n'en demeure pas moins que les législations des Etas membres dans le secteur concerné ne sont toujours pas harmonisées.

Cependant, on peut tout de même relever que grâce à la libéralisation du marché des télécommunications dans la plupart des Etats de la sous-région, les coûts d'acquisition des téléphones mobiles ont considérablement baissé, ramenant ainsi la télédensité mobile à une évolution fulgurante dans cette partie du monde comme le démontre le graphique ci-contre.

Graphique 4 : Evolution de la télédensité mobile en Afrique Centrale de 2001 à 2011

Source : Commission Economique pour l'Afrique, Bureau Sous-Régional de l'Afrique Centrale (CEA/BSR-AC)

160

A la lecture de ce graphique, on peut voir que la télédensité mobile est en hausse en Afrique Centrale depuis 2001. Hormis les pays comme le Burundi, la RDC et la RCA dont le taux oscille entre 20 et 50 lignes téléphoniques mobiles pour 100 habitants, les pays tels que le Gabon et le Congo se distinguent des autres Etats avec plus de 100 lignes de téléphone par

159 Il s'agit précisément du Cameroun, du Gabon, de la RCA, du Congo, du Tchad et la RDC.

160 Commission Economique pour l'Afrique, Rapport annuel sur l'Etat d'avancement des nouvelles technologies de l'information et de la communication destinées à soutenir le développement en Afrique Centrale : Etat de la mise en oeuvre des recommandations du Sommet Mondial sur la Société de l'Information, Libreville, Mars 2013.

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habitants. Toutefois, malgré cette évolution, les services de télécommunications en Afrique Centrale restent inefficaces et manquent de fiabilité.

S'agissant de la téléphonie fixe, son taux de pénétration demeure très faible. Comme le démontre le graphique ci-dessous.

Graphique 5 : Evolution de la télédensité fixe en Afrique Centrale de 2001 à 2003

Source : Commission Economique pour l'Afrique, Bureau Sous-régional de l'Afrique Centrale (CEA/BSR-

AC)161

Au vu de ce graphique, nous voyons que l'évolution de la téléphonie fixe en Afrique Centrale demeure très faible. En dehors de Sao Tomé et Principe qui disposait entre 4 et 5 lignes téléphoniques fixes en 2011, les autres pays de la sous-région disposaient moins de 3 lignes. Dans l'ensemble, l'Afrique Centrale possède seulement 1,46 ligne téléphonique pour 100 habitants. Ce faible chiffre démontre à quel point les Etats de la sous-région accusent encore un grand retard en matière développement des infrastructures. Un tel état de fait ne favorise pas la réduction du fossé numérique. Tous ces arguments démontrent que l'ARTAC ne joue pas encore pleinement son rôle de régulateur.

1.3 Le centre sous-régional de maintenance des télécommunications d'Afrique Centrale

A la lecture des prérogatives qui lui sont dévolues, ce centre devra assurer la réparation des cartes électroniques complexes des équipements de télécommunications actuellement envoyés aux fabricants. De plus, il devra s'occuper du dépannage et de l'étalonnage des appareils de mesure des entreprises publiques et privées des

161 Commission Economique pour l'Afrique, Rapport annuel sur l'Etat d'avancement des nouvelles technologies, op.cit.

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télécommunications, de la radiodiffusion, de la télévision et éventuellement d'autres utilisateurs présentement transférés aux fabricants ou aux services spécialisés.

Cependant, 14 ans après sa création en juillet 2000, l'institution sous-régionale n'est pas fonctionnelle. L'exiguïté des budgets nationaux des Etats d'Afrique Centrale, le souverainisme exacerbé des dirigeants, l'instabilité politique qui règne dans certains pays162 de cette partie de l'Afrique et le chevauchement institutionnel163 sont autant de facteurs qui peuvent justifier la grande difficulté pour les Etats à mobiliser les ressources financières nécessaires pour l'édification de cet organe supranational.

1.4 Le projet CAB

La création du projet CAB remonte à mai 2007 lors de la rencontre des Chefs d'Etat et de gouvernement de la CEMAC164. Ce projet vise entre autre, l'augmentation effective de la connectivité, l'accroissement de l'utilisation des services régionaux à large bande et la réduction des prix des services de télécommunications/TIC en Afrique Centrale.

Le projet CAB en cours de réalisation depuis 2009 a déjà permis de déployer le large bande à fibre optique dans la plupart des Etats d'Afrique Centrale (voir figure 2). Ce qui favorise l'amélioration progressive de la connectivité165 sous-régionale.

162 Il s'agit ici de la RCA et de la RDC

163 Appartenance d'un Etat à plusieurs Communautés Economiques Régionales. C'est le cas par exemple du Cameroun qui est à la fois membre de la CEMAC, de la CEEAC, de la Conférence du Golf de Guinée (CGG), de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) et de l'UA.

164 Unité de Coordination du projet CAB, Brochure de présentation du projet CAB, Composante République du Cameroun, p 3.

165 Selon Isabelle Compiègne dans son ouvrage Les mots de la société numérique publié à Paris aux éditions Belin en 2010, la connectivité renvoie à « la capacité que possède un système de se relier à d'autres165 ». Elle désigne également le débit de connexion des appareils tels que l'ordinateur et le téléphone portable à la technologie Internet pour des services divers.

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Figure 2 : Accès de l'Afrique aux autoroutes mondiales de l'information par câble sous-
marin à fibre optique

Source : Unité de Coordination du Projet CAB, Composante Cameroun

En effet, cette figure démontre que les pays d'Afrique Centrale ont déjà été raccordés à plusieurs câbles sous-marins à fibre optique au rang desquels nous citons le SAT3166, SAFE167, WACS168 et le ACE169. Le WACS et le ACE restent les principaux câbles en cours de déploiement dans la sous-région. Le câble WACS170 remplace le SAT3 qui en plus de son coût onéreux et de ses capacités insuffisantes, est presque arrivé au terme de sa durée de vie. Cependant, malgré le déploiement progressif du backbone large bande à fibre optique, l'objectif fixé par les Etats de la sous-région d'interconnecter les différentes capitales en 2013 n'est toujours pas atteint. De même, à cause des coûts élevés de connexion au haut-débit, le niveau d'utilisation de la technologie internet reste faible. Le graphique ci-dessous l'illustre clairement.

166 South Atlantic 3

167 South African Far East cable

168 West Africa Cable System

169 Africa Coast to Europe

170 Le projet WACS vise le déploiement d'un câble sous-marin à fibre optique dans l'océan Atlantique qui va relier l'Afrique à la Grande Bretagne en passant par certains pays de la côte ouest africaine. Cette infrastructure dispose d'une capacité de transmission de 5,2 térabits avec une longueur de 14.000 kilomètres. Le WACS a des points d'atterrissements en Afrique du Sud, en Namibie, au Togo, au Cameroun, au Congo, au Cap Vert, en Angola, en RDC et en Côte d'ivoire.

Graphique 6 : Evolution du nombre d'utilisateurs Internet pour 100 habitants en Afrique Centrale de 2001 à 2011

Source : Commission Economique pour l'Afrique, Bureau Sous-Régional de l'Afrique Centrale (CEA/BSR-

AC)171

A la lecture, ce graphique démontre qu'il existe très peu d'utilisateurs internet pour 100 habitants en Afrique Centrale. En effet, hormis Sao Tome et Principe, l'Angola et le Gabon, tous les autres pays de cette partie du continent avaient moins de 10 utilisateurs internet pour 100 habitants en 2011. De plus, le taux de pénétration sous-régional de la technologie internet pour 100 habitants environnait seulement 6,38% à la même période.

Au vu de ces différents éléments, nous pouvons dire que le projet CAB commence à produire des résultats significatifs. Néanmoins, beaucoup reste à faire afin d'aboutir à un maillage total de la sous-région en fibre optique et pour accroître le niveau d'utilisation de l'outil internet.

Rendu au terme de cette section, nous pouvons dire que la réduction de la fracture numérique est un processus en cours d'évolution en Afrique Centrale. Toutefois, les Etats de la sous-région doivent encore relever plusieurs défis afin de parvenir à une couverture universelle sur l'ensemble de leur territoire. Il convient également d'évaluer les stratégies mise en place à l'échelle nationale.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore