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Analyse des données issues d'un réseau expérimental de systèmes de production cidricoles agroécologiques en vue de leur évaluation et de leur compréhension aspect trophique

( Télécharger le fichier original )
par Morgane FOURNIER
AgroParisTech - Ingénieur agronome 2015
  

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C. Analyses des variables explicatives quantitatives

Nous connaissons l'ensemble des variables explicatives qui seront testées dans les modèles.

Avant de passer à la modélisation, nous cherchons à identifier des relations entre variables grâce à une analyse de corrélations (en retenant le maximum de données possibles) puis une ACP. L'analyse de corrélations sert à identifier les variables corrélées afin de ne réaliser l'ACP que sur des variables non corrélées et de réduire ainsi le nombre de variables. En effet le nombre d'individus étant restreint, il nous faut diminuer le plus possible le nombre de variables explicatives.

1) Corrélations entre variables explicatives

Cinq couples de variables corrélées sont identifiés :

- pH et CEC_ calcium

- teneur en magnésium foliaire de l'année n-1 et teneur en potassium foliaire

- CEC_calcium et reliquat avant récolte n-1 et pH

- reliquat F2+60jours et apport minéral en été

- pluviométrie et température moyenne

Seuls trois couples sont retenus : pH et CEC_calcium, teneur en magnésium foliaire de l'année n-1

et teneur en potassium foliaire, reliquat F2+60jours et apport minéral en été, les autres corrélations

n'ayant pas de signification biologique.

2) Représentation des individus et des variables

On réalise l'ACP sur toutes les variables quantitatives citées dans le tableau 19, afin d'identifier des variables agrégées et des individus extrêmes. L'ACP doit fonctionner avec des observations pour lesquelles toutes les variables sont renseignées. Or certaines données manquent. Pour pallier à cela certaines données sont déterminées arbitrairement :

- la charge vaut 0 avant l'entrée en production

- les valeurs des variables liées au sol entre deux analyses valent la moyenne des deux analyses. En effet les caractéristiques du sol sont supposées varier lentement. Mais elles ne varient pas de façon continue. Néanmoins on ne trouve pas de meilleure approximation.

MORGANE FOURNIER

MEMOIRE DE FIN D'ETUDE - AGROPARISTECH

66

 

cecencmol/kg

Mg_CEC

K_CEC

Ca_CEC

phenvaleuret

P61

12.40

4.44

6.36

286.84

8.20

Médiane

10.60

5.77

6.97

70.66

6.50

Moyenne

10.49

6.57

6.41

70.27

6.40

 

tauxargile

tauxlimons

tauxsables

tauxdematiereor

P61

23.90

36.60

39.50

2.84

Médiane

16.90

69.60

15.80

2.96

Moyenne

18.31

65.61

15.93

3.11

Tableau 21 : Caractérisation du sol de la P61

67

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MEMOIRE DE FIN D'ETUDE - AGROPARISTECH

Ayant trop peu d'individus, certaines variables doivent être supprimées afin de « perdre » le moins possible d'individus. Deux méthodes sont possibles pour supprimer les variables : 1) selon l'importance a priori de la variable dans l'explication de la variable de sortie ; 2) selon leur disponibilité. La deuxième méthode est appliquée car certaines variables sont vraiment peu disponibles. Reliquat sortie hiver et teneur foliaire de l'année précédente ne sont pas prises en compte.

En conclusion, aucune variable n'est bien représentée par l'axe (cos2>0.8) (voir Annexe 6). Par conséquent l'ACP ne permet pas de réduire le nombre de variables.

Dans les représentations d'individus, les parcelles P61 et P53 ECO 2014 sont extrêmes. P61 a un sol très calcaire (tableau 21) et fertilise tard ; P53 ECO 2014 a apporté beaucoup de matière organique (29T en 2012 et 22T en 2014 de compost+copeaux de bois). Ces parcelles sont retirées de l'étude: en effet les processus sous-jacents et les facteurs déterminants seront différents des autres parcelles.

Les corrélations sont calculées de nouveau sur l'ensemble des variables qui seront utilisées

ultérieurement sans ces individus. En utilisant les mêmes règles de lecture que précédemment, on

obtient les corrélations suivantes :

- pluviométrie et température moyenne

- teneur foliaire en magnésium de l'année n, de l'année n-1 et en potassium

- reliquat F2+60jours et apport minéral en été

- CEC_calcium et pH

Toutes les corrélations sont retenues hormis la pluviométrie et la température moyenne car cette

corrélation n'a pas de signification agronomique.

L'ACP est réalisée de nouveau en tenant compte de ces corrélations, et en enlevant toujours le reliquat sortie hiver et la teneur foliaire en azote de l'année précédente. Aucune variable agrégée n'est identifiée, de même qu'aucun individu extrême n'est identifié (voir Annexe 6).

Après avoir étudié les variables quantitatives, nous passons à l'étude des variables qualitatives. Or la profondeur du sol n'est plus retenue comme facteur explicatif car sur les deux groupes identifiés, le groupe constitué de la P61 n'existe plus puisque la P61 a été écartée car son sol est trop atypique.

Les variables explicatives retenues sont présentées dans le tableau 22 p67. Les individus P61 et P53_ECO_4 sont sortis des données.

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68

Facteur ou
Quantitatif

 

Variables explicatives

Nom de la variable

Variable corrélée à

Q

Teneur foliaire en azote

Azotetotalen%ms

 

Q

Teneur foliaire en magnésium

Magnesiumtotalen%ms

Teneur foliaire en potassium
Teneur foliaire en magnésium
année n-1

Q

Reliquats avant récolte année n-1

Avantrecolte_n_1

 

Q

Reliquats sortie hiver

Sortiehiver

 

Q

Reliquats F2 + 60jours

F2+60jours

Fertilisation au sol en azote
minéral en été

Q

0.90*CaO_Sat + 0.90*CEC +
0.92*Taux de saturation

CEC_calcium

pH

Q

Taux de saturation de la CEC en
magnésium

Mg_Sat

 

Q

Taux de matières organiques

Tauxdematieresor

 

Q

Fertilisation au sol en azote minéral
en printemps

Nsol_print_min

 

Q

Fertilisation au sol en azote
organique en printemps

Nsol_print_orga

 

Q

Fertilisation au sol en azote
organique en été

Nsol_ete_orga

 

Q

Fertilisation foliaire avant analyse de

feuille

N.fol.ferti

 

Q

Teneur foliaire en azote année n-1

Nfoln_1

 

Q

Charge année n-1

Chargen_1

 

Q

Pluviométrie

Pluvio

 

Q

Température moyenne

tmoy

 

Tableau 22 : Variables explicatives retenues. Par défaut les variables sont celles de l'année n.

69

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MEMOIRE DE FIN D'ETUDE - AGROPARISTECH

D. Test d'hypothèses valables à l'échelle du réseau : modélisation linéaire

Afin d'identifier les facteurs déterminants de nos variables de sortie, nous allons maintenant tester des modèles statistiques avec les variables identifiées sur les individus pertinents.

Identifier un modèle reliant les variables de sortie aux variables explicatives permet de valider les effets de chaque facteur mais aussi de les hiérarchiser. On suppose que les processus qui relient les variables explicatives sont les mêmes sur une grande partie des parcelles.

Pour chaque variable de sortie, la même procédure est suivie :

1) Sélection de variables (N) pour qu'il y ait N+1 individus au minimum : gros modèle.

2) Sélection de variable selon le critère d'Akaike (AIC) : modèle intermédiaire.

3) Sélection de variables sur la significativité de leur effet (pvalue de 0.05) : modèle final. Une fois les variables significatives sélectionnées, elles sont elles-mêmes étudiées afin de comprendre ce qui les déterminent.

1) Modélisation des rendements (brut et potentiel) et de la croissance (circonférence et accroissement)

La première étape consiste à expliquer les variables de sortie. En comparant les modèles obtenus avec l'ensemble des variables, et ceux obtenus en ne prenant que les variables non corrélées, nous obtenons des résultats différents. Les modèles obtenus avec toutes les variables sont plus explicatifs que les modèles obtenus en retirant les variables corrélées. Nous utilisons donc l'ensemble de variables.

a) Modèle sur le rendement

Modélisation

La circonférence est prise comme variable explicative afin de prendre en compte le volume de l'arbre. Dû aux faibles nombres d`individus, seules les variables qui qualifient le système sont testées, et non celle qui qualifient les pratiques (fertilisation azotée). En enlevant reliquat avant récolte n-1, reliquat sortie hiver, et la charge de l'année précédente pour causes de données manquantes, le modèle testé est le suivant :

Rendementi = ì + á1 reliquat f2+60jours + á2 teneur foliaire en azote + á3 teneur foliaire en magnésium + á4 teneur foliaire en potassium + á5 teneur foliaire en azote n-1 + á6 teneur foliaire en magnésium n-1 +á7 CEC_Calcium + á8 taux de saturation de la CEC en magnésium+ á9 circonférence

+ á10 pluviométrie + á11 température moyenne + á12 taux de matières organiques + á13 pH

+ Ei

Avec tous les Ei ? N(0,ó2), i ° [1 ; 16]

On estime que les hypothèses sont vérifiées, même si la normalité des résidus peut être controversée. Le modèle explique 79% de la variabilité sur 16 individus, et s'écrit :

Rendement = -41 + 11.101 * teneur foliaire en magnésium + 1.5 * circonférence + 5.4 * teneur en

azote foliaire n-1 - 62 * teneur en magnésium foliaire n-1

En prenant en compte les ordres de grandeurs, l'importance des variables s'écrit comme tel (séparation selon facteur 10) :

Circonférence > ì = teneur foliaire en magnésium > teneur foliaire en magnésium n-1 et teneur

foliaire en azote n-1

70

MORGANE FOURNIER

MEMOIRE DE FIN D'ETUDE - AGROPARISTECH

HYPTOHESES

VARIABLES
TESTEES

CONCLUSIONS

A APPROFONDIR

 
 

Effet de la teneur foliaire en azote de l'année

Qu'est ce qui détermine la teneur

1) Un arbre sous-alimenté

Teneur en

n-1.

en azote foliaire ?

en azote produit moins

azote foliaire

? L'azote disponible

 

mais 2) ne croit pas

année n et

l'année précédente

Reliquats avant récolte n-1 et

nécessairement moins.

année n-1

détermine l'induction
florale et donc le
rendement.

sortie hiver retirés faute de données
suffisantes.

 
 
 

Qu'est ce qui détermine la teneur
foliaire en magnésium ? Effet seuil ?

Une carence en magnésium

 

La teneur foliaire en

 

entraine une mauvaise

Teneur

magnésium de l'année n et

Pourquoi le magnésium n-1 influence

assimilation de l'azote, et

foliaire en

de l'année n-1 influent sur

négativement le rendement ?

donc une baisse de

magnésium

le rendement autant que la

Rappelons-nous que les teneurs en

rendement.

 

teneur foliaire en azote.

magnésium de l'année n et n-1 sont
corrélées positivement

Tableau 23 : Retour sur les hypothèses portant sur le rendement

 

Année

rendement

circonf

sortiehiver_

f2plus60jours

circonf_n_1

charge

P14 ECO 3

2014

0.52

12.86

21.50

43.30

9.95

2.00

Mediane

 

6.3

11.94

23

47.3

11.93

0

Moyenne

 

6.84

11.53

30.14

71.4

11.48

0.924

azotetotal
en%ms

magnesiumtot
alen%ms

potassiumtot
alen%ms

phenval
euret

tauxdemat iereor

Mg_CEC

Pluvio

Tmoy

CEC_c
alcium

2.00

0.31

0.97

6.30

3.90

10.09

947.30

13.75

155.28

2.2

0.2

1.95

6.5

2.96

5.77

834

11.2

147.9

2.172

0.217

1.922

6.395

3.11

6.57

835

11.19

148.7

Tableau 24 : Valeurs de l'individu P14 ECO 3

HYPTOHESES

VARIABLES TESTEES

CONCLUSIONS

A APPROFONDIR

1) Un arbre sous-alimenté en azote
produit moins mais 2) ne croit pas
nécessairement moins.

Teneur en azote foliaire
année n
Reliquats azotés (sortie
hiver et F2+60jours)

Un arbre sous-alimenté en
azote a une circonférence
plus faible.

Rôle des reliquats
avant récolte (non
testé faut de
données
suffisantes)?

 

Teneur foliaire en
magnésium

Un arbre sur-alimenté en
magnésium croit moins.

Pourquoi la teneur
en magnésium joue
négativement ?

 

Teneur foliaire en
potassium

Un arbre sur-alimenté en
potassium croit moins.

Pourquoi ?

Tableau 25 : Retour sur les hypothèses portant sur la circonférence et les conclusions tirées de la

modélisation

71

MORGANE FOURNIER

MEMOIRE DE FIN D'ETUDE - AGROPARISTECH

Interprétation

La circonférence a un rôle prépondérant via l'estimation du volume. Le retour sur les hypothèses est détaillé en tableau 24.

b) Modèle sur le rendement potentiel Rendement

c)

Rendement potentiel =

 

Modélisation

 
 

On garde les mêmes variables. Si on enlève la circonférence (prise comme variable explicative, le modèle vérifie moins bien les hypothèses de normalité et d'homoscédasticité des résidus. Il est donc décidé de garder la circonférence. Le modèle explique 88% de la variabilité sur 14 individus :

Rendement potentiel = -3.2 + 13.5 * teneur en magnésium foliaire + 0.094 * circonférence + 0.45

* teneur foliaire en azote n-1 - 8.1 * teneur foliaire ne magnésium n-1

Les mêmes variables explicatives expliquent le rendement potentiel et le rendement.

L'individu P14 ECO Sème feuille tend à être extrême (tableau 24). Son rendement est très faible. La teneur foliaire en magnésium est très haute (moyenne à 0.21). Le faible rendement a été expliqué dans l'analyse individuelle par une attaque de carpocapse (chute de fruit).

d) Modèle sur la circonférence Modélisation

Circonférencei = p + á1 reliquat f2+60jours + á2 reliquat sortie hiver + á3 charge + á4 teneur foliaire en azote + á5 teneur foliaire en magnésium + á6 teneur foliaire en potassium +á7 CEC_Calcium + á8 taux de saturation de la CEC en magnésium+ á9 circonférence n-1 + á10 pluviométrie + á11 température moyenne + á12 taux de matières organiques + á13 pH + Ei

Avec tous les Ei ? N(0,ó2) avec i ° [1 ;18]

La normalité des résidus peut prêter à controverse mais le modèle est tout de même retenu. On remarque que sur les 18 individus, deux tendent à être extrêmes (P27_ECO_4 et P50_PRO_5). Si on enlève ces valeurs, le modèle ne vérifie plus les hypothèses d'homoscédasticité, nous les conservons donc. Le modèle explique 98% de la variabilité.

Circonférence = 1.1 + 2.1 * teneur foliaire en azote - 11 * teneur foliaire en magnésium - 0.86 *

teneur foliaire en potassium + 1.2 * circonférence n-1

Interprétation (tableau 25)

La circonférence de l'année précédente influe dix fois plus que les autres paramètres. La teneur foliaire en potassium influe dix fois moins que les teneurs foliaires en azote et magnésium.

L'hypothèse selon laquelle un arbre sous-alimenté en azote ne voit pas sa croissance affectée est ici infirmée puisque la teneur foliaire ne azote joue positivement. Par contre existe-t-il des seuils ? Rappelons-nous que cette relation n'est pas vérifiée pour la P27 ECO qui malgré des teneurs foliaires en azote plus faibles que PROD, a les mêmes circonférences de tronc.

72

MORGANE FOURNIER

MEMOIRE DE FIN D'ETUDE - AGROPARISTECH

 

Année

rendement

circonf

sortiehiver_

f2plus60jours

circonf_n_1

charge

P27 ECO 4

2014

2.74

19.56

4.40

88.90

15.62

2.00

P50 PRO 5

2014

12.22

20.67

37.40

96.30

15.69

2.50

Mediane

 

6.3

11.94

23

47.3

11.93

0

Moyenne

 

6.84

11.53

30.14

71.4

11.48

0.924

azotetotal
en%ms

magnesiumtot
alen%ms

potassiumtot
alen%ms

phenval
euret

tauxdema
tiereor

Mg_
CEC

Pluvio

Tmoy

CEC_calcium

2.30

0.21

1.89

6.60

2.02

5.78

1026

12.50

145.82

2.00

0.19

1.90

6.90

5.42

6.89

686

11.77

203.41

2.2

0.2

1.95

6.5

2.96

5.77

834

11.2

147.9

2.172

0.217

1.922

6.395

3.11

6.57

835

11.19

148.7

Tableau 26: Valeurs des individus P50 PRO 5 et P27 ECO 4

Variables explicatives

Figure 28: Schéma des facteurs et processus influençant la teneur foliaire en magnésium

73

MORGANE FOURNIER

MEMOIRE DE FIN D'ETUDE - AGROPARISTECH

Individus extrêmes (tableau 26)

Deux individus, P50 PRO 5ème feuille et P27 ECO 4ème feuille ont des valeurs estimées très haute, ce qui amènent à des résidus très élevés.

Les circonférences sont parmi les plus élevées. D'après le modèle, la circonférence devraient être encore plus élevée pour P50 et plus faible pour P27. Ce sont les deux extrêmes de matière organiques. Que conclure mis à part que le modèle ne marche pas pour les grandes circonférences ?

d) Modèle sur l'accroissement

Modélisation

On teste les mêmes variables que pour la circonférence hormis la circonférence. Le modèle final nous donne comme seul facteur explicatif le reliquat F2+60jours. Beaucoup d'individus sont hors normes. En les retirant, nous obtenons le même résultat. Nous ne retenons pas ce modèle car il nous parait peu explicatif.

Un mécanisme commun à la circonférence et au rendement peut être identifié: la teneur en azote foliaire influe que ce soit l'année ou l'année précédente. Cependant la teneur en magnésium foliaire a autant d'importance dans le cas du rendement.

2) Modélisation des variables explicatives

Après avoir identifié les variables explicatives qui influent de « manière générale » sur la variable de sortie, nous cherchons à relier ces mêmes variables (dites intermédiaires) aux pratiques/contextes, en les modélisant comme les variables de sortie. Ceci afin de pouvoir répondre à l'objectif premier d'évaluation des pratiques.

La sélection des variables qui expliqueront ces variables intermédiaires se fait uniquement d'après la synthèse bibliographique. Nous ne confrontons pas cette sélection aux experts par manque de temps. La modélisation suit la même méthode que celle appliquée pour la modélisation des variables de sortie.

a) Magnésium foliaire

Sélection des variables

Nous ne considérons que la fertilisation de l'année au sol et foliaire. On garde la fertilisation au sol qui a été mise avant juillet, et mise l'automne (à partir de novembre) de l'année précédente. On prend cette plage afin de considérer la fertilisation déterminante pour le rendement de l'année n, selon la bibliographie et les conseillers techniques.

Modèle linéaire

Teneur en magnésium foliairei = ì + á1 teneur en azote foliaire + á2 teneur en potassium foliaire + á3 pH + á4 taux de matières organiques + á5 taux de saturation de la CEC en magnésium + á6 taux de saturation de la CEC en potassium + á7 teneur en azote foliaire de l'année n-1 + á8 teneur en magnésium foliaire de l'année n-1 + á9 pluvio + á10 Tmoy + á11 CEC_calcium + á12 fertilisation foliaire en magnésium + á13 fertilisation au sol en magnésium avant août + Ei

Avec tous les Ei ? N(0,ó2) et i ° [1 ;22]

On obtient un modèle qui explique 93% de la variabilité sur 22 observations :

Magnésium foliaire = 0.75 - 0.097 * teneur foliaire en potassium + 0.049 * taux de matière

organique + 1.8.10-4 * Pluvio - 0.023 * Tmoy - 0.0024 * CEC_calcium

74

MORGANE FOURNIER

MEMOIRE DE FIN D'ETUDE - AGROPARISTECH

HYPTOHESES et POINTS A
APPROFONDIR

VARIABLES
DIRECTEMENT LIEES

CONCLUSIONS ET
NIVEAU DE CONFIANCE

A APPROFONDIR

Qu'est ce qui détermine la teneur
foliaire en magnésium ?

 

CEC_calcium, Tmoy, taux de
matières organiques, teneur
foliaire en potassium,
pluviométrie

 

Une carence en magnésium n'est pas
nécessairement due à une faible teneur
dans le sol.

Saturation de la CEC en
magnésium

On remarque l'importance de l'équilibre cationique (relation au potassium dans l'arbre) et de la taille de la CEC plutôt que

son remplissage.

 

Une suralimentation potassique peut entrainer une carence magnésienne.

Teneur foliaire en
potassium

Le teneur foliaire en potassium
influe négativement sur la
teneur foliaire en magnésium.

Effet seuil ?

Tableau 27 : Retour sur les hypothèses et les points à approfondir portant sur la teneur en
magnésium foliaire

 

Magnesium_
totalen%ms

Azotetotal
_en%ms

Potassiumtotal_phenvaleuret en%ms

 

tauxdematiereor

Mg_CEC

P35bis PRO 3

0.19

2.62

2.00

5.60

3.15

3.84

Moyenne

0.22

2.17

1.92

6.40

3.11

6.58

 

K_CEC

Nfoln_1

Mgfoln_1

Pluvio

Tmoy

CEC_calcium

Mg.fol.ferti

Mg.ferti.sol

P35bis PRO 3

7.86

2.84

0.22

1017.00

12.40

99.04

1.92

5.00

Moyenne

6.41

2.17

0.22

835.00

11.19

148.78

0.15

4.22

Tableau 28 : Caractéristique de l'individu P35bis PRO 3ème feuille

 

tauxsaturationc

teneurcaoeng/

cecencmol/kg

CEC_calcium

Médiane

82.5

1.95

10.6

147.9

Moyenne

82.7

2.088

10.49

148.7

P35bis_pro_3

55

1.06

8.47

99.04

Tableau 29 : Valeur des composants de la CEC-calcium pour P35bis PRO 3

75

MORGANE FOURNIER

MEMOIRE DE FIN D'ETUDE - AGROPARISTECH

Lien aux hypothèses

Les variables sont hiérarchisés selon leurs ordres de grandeur :

Tmoy = teneur foliaire en potassium > ì = CEC_calcium = pluviométrie > taux de matière organique On peut confirmer certaines hypothèses et répondre à certains points dans le tableau 26.

Afin d'approfondir le raisonnement, les facteurs et processus identifiés dans la bibliographie comme pouvant entrainer une variation de ces variables sont représentées (figure 24 p.71). La teneur foliaire en potassium est étudiée après.

L'effet de la matière organique peut être attribué à deux processus : la participation de la matière organique à la constitution d'une CEC stable dans le temps ; la fourniture de magnésium par minéralisation, indépendamment des apports (cf fourniture de phosphore chiffrée par Raynal Lacroix en 2011, présenté en II)

L'effet de CECcalcium est négatif. Celle-ci représente la présence de calcaire actif et la taille de la CEC. En effet le taux de saturation total de la CEC est en grande partie déterminé par la saturation de la CEC en CaO.

Pour rappel : CEC_calcium=0.90*CaO_Sat + 0.90*CEC + 0.92*Taux de saturation total de la CEC

Le modèle indiquerait donc un effet antagoniste du calcium sur le magnésium. Quel lien peut être fait avec les pratiques culturales d'ECO ?

La pluviométrie favorise la nutrition magnésienne en aidant à l'absorption racinaire ? Quid du lessivage du magnésium ?

Enfin l'effet négatif de la teneur foliaire en potassium confirme l'effet antagoniste K/Mg vu dans la bibliographie.

.

Individu extrême : P35bis PRO 3ème feuille tend à être extrême (tableaux 28-29)

Le sol est acide, avec des arbres présentant un bon état nutritionnel en azote, en potassium, et en magnésium (par rapport aux références). Le climat y est plutôt doux et pluvieux (parcelle en Bretagne). La CEC est fortement saturée en potassium mais faiblement en magnésium (par rapport aux références). Ici l'antagonisme K/Mg n'est pas visible. Est-ce la fertilisation foliaire élevée en magnésium (moyenne à 0.13 mais troisième quartile à 0) qui fausse la prédiction ? Peut-on conclure qu'en situation où la carence magnésienne peut être attendue (forte présence de potassium), la fertilisation en magnésium est utile ?

Ou est-ce dû à la faible valeur de CEC_calcium, qui est elle-même due à une faible teneur en calcium qui rendrait le magnésium plus disponible ?

Remarquons que P35 ECO 3ème feuille présente un risque de carence magnésienne comme PROD même s'il est plus faible. Comme PROD, la teneur foliaire en magnésium est satisfaisante malgré l'absence de fertilisation foliaire, ce qui nous ferait pencher pour l'explication liée à la CEC_calcium.

b) Potassium foliaire

Bien qu'aucune hypothèse n'ait été identifiée lors des analyses parcellaires, nous cherchons à modéliser le potassium foliaire puisqu'elle explique la teneur en magnésium foliaire (modélisation linéaire et corrélation).

Modèle linéaire

Teneur en potassium foliairei = ì + á1 teneur en azote foliaire + á2 teneur en magnésium foliaire + á3 pH + á4 taux de matières organiques + á5 taux de saturation de la CEC en magnésium + á6 taux de saturation de la CEC en potassium + á7 pluvio + á8 Tmoy + á9 charge + á10 CEC_calcium + á11 fertilisation foliaire en potassium + á12 fertilisation minérale au sol en potassium avant août + á13 fertilisation organique au sol en potassium avant août + Ei

Avec tous les Ei ? N(0,ó2) et i ° [0 ;33]

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MEMOIRE DE FIN D'ETUDE - AGROPARISTECH

 

potassiumtotalen%ms

azotetotalen%ms

magnesiumtotalen%ms

phenvaleuret

tauxdematiereor

P14_pro_2

0.68

2.00

0.37

6.30

3.65

P14_pro_3

0.97

2.00

0.31

6.30

3.90

Médiane

1.95

2.20

0.20

6.50

2.96

Moyenne

1.92

2.17

0.22

6.40

3.11

 

Mg_CEC

K_CEC

Pluvio

Tmoy

charge

CEC_calcium

K.fol.ferti

Ksol_min_print

Ksol_orga_print

P14_pro_2

7.60

2.63

834.90

10.20

2.05

160.27

0.17

0.00

0.00

P14_pro_3

10.09

3.59

947.30

13.75

2.00

155.28

0.27

0.00

0.00

Mediane

5.77

6.97

834.00

11.20

0.00

147.90

0.00

0.00

0.00

Moyenne

6.57

6.41

835.00

11.19

0.92

148.70

0.30

14.40

39.40

Tableau 30 : Caractéristiques des individus extrême P14 PRO 2ème et 3ème feuille

HYPTOHESES et POINTS A APPROFONDIR

VARIABLES
DIRECTEMENT LIEES

CONCLUSIONS

A APPROFONDIR

Les problèmes de floraison et donc de
rendement sont dus à la période de
disponibilité en azote, qui varie selon le
type d'engrais (organique ou minéral).

Fertilisation au sol en
fonction de la
période et du type
(organique ou
minéral)
Reliquat sortie hiver
et F2+60j.

Influence du reliquat
F2+60jours: la teneur en azote
foliaire se construit vers la fin
du printemps.

Voir paragraphe

(1) et (2) ci-

dessous

 

Une carence en magnésium entraine une
mauvaise assimilation de l'azote.

Teneur foliaire en
magnésium

Influence positive de la teneur
en magnésium.

 

Tableau 31 : Retour sur les hypothèses et les points à approfondir portant sur la teneur foliaire en azote

(1) Les prélèvements de feuilles sont faits sur des feuilles de pousses de l'année. Cela joue-t-il un rôle ?

(2) La fertilisation doit donc garantir un apport suffisant en azote entre mars et juillet, c'est-à-dire pendant la période de croissance végétative forte. Hors il est plus difficile de gérer la période de disponibilité d'un engrais organique. Cette connaissance serait à approfondir, notamment en réussissant à déterminer l'effet du type de sol sur la minéralisation. Effet qui peut se décomposer comme suit :

- capacité du sol à se réchauffer au printemps (fortement dépendant de la teneur en

argile)

- activité biologique du sol et taux de matière organique labile et stable initiaux. Ce ratio caractérise le niveau d'évolution de la matière organique du sol

- couverture du rang

- humidité du sol

- climat de la région

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MEMOIRE DE FIN D'ETUDE - AGROPARISTECH

On obtient un modèle construit sur 33 individus qui explique 49% de la variabilité :

Teneur en potassium foliaire = 4.2 - 0.28 * teneur foliaire en azote - 0.071 * Tmoy - 0.0056 *

CEC_calcium

Le terme constant (ri) a dix fois plus d'importance que les autres facteurs. Lien aux hypothèses et points à approfondir

La même méthode que pour la teneur foliaire en magnésium est appliquée.

La CECcalcium a un effet négatif comme pour la teneur foliaire en magnésium. Y aurait-il un effet antagoniste K/Ca ?

De même, la teneur foliaire en azote influe négativement : y aurait-il un antagonisme K/N au niveau de l'arbre [Fallahi 2000] ?

Individus extrêmes : P14 PRO 2ème et 3ème feuille sont retirés (tableau 30)

Les arbres sont sous-nourris en potassium, peu nourris en azote et bien nourris en magnésium (par rapport aux références). La CEC est élevée par rapport à la moyenne. D'après le modèle, la teneur foliaire en potassium devrait être élevée ce qui n'est pas le cas. Mais la CEC est très peu saturée en potassium (en dessous du premier quartile à 4.4%). De manière générale la parcelle P14 est la plus basse pour la saturation de la CEC en potassium. Le lien peut donc être fait entre carence potassique et faible teneur dans le sol.

Pourquoi P14 ECO n'est-elle pas signalée aussi ? ECO reçoit de la vinasse de betterave riche en potassium, ce qui assurerait la nutrition potassique de l'arbre.

c) Azote foliaire

Modèle linéaire

Teneur en azote foliairei = ì + á1 reliquat sortie hiver + á2 foliaire reliquat f2+60jours + á3 teneur magnésium foliaire+ á4 teneur en potassium foliaire + á5 pH + á6 taux de matière organique + á7 fertilisation foliaire en azote + á8 fertilisation au sol minéral au printemps en azote + á9 fertilisation au sol organique en été en azote + á10 fertilisation au sol organique au printemps en azote + á11 fertilisation au sol minérale en été en azote + á12 pluvio + á13 Tmoy + á14 charge + Ei

Avec tous les Ei ? N(0,ó2) et i ° [1 ;25]

On obtient un modèle construit sur 25 individus, qui explique 64% des variations où tous les facteurs ont la même importance :

Teneur en azote foliaire = 1.5 + 0.0041 * reliquat F2+60jours + 1.6 * teneur en magnésium foliaire

Lien aux pratiques

La même méthode que pour la teneur foliaire en magnésium est appliquée (tableau 31).

Le mode d'apport (en plein ou localisé) est à prendre en compte.

Rappelons que nous n'avons pas pu tester le rôle des reliquats avant-récolte de l'année précédente, afin de comprendre le rôle de l'azote disponible après juillet de l'année précédente.

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HYPTOHESE CONFIRMEE
et POINTS à APPROFONDIR

VARIABLES EXPLICATIVES
RETENUES

Niveau de confiance
Et mode de validation

CONTEXTE DE VALIDITE

avant après

analyse réseau

1) Un arbre sous-alimenté en azote
produit moins mais

Teneur en azote foliaire

année n et n-1
Reliquats azotés (sortie
hiver, F2+60jours, avant

récolte)

 

MODELE

Pas de seuils identifiés.
Pourquoi P27 croit
bien ?

2) ne croit pas nécessairement
moins.

MODELE
infirmé

Les problèmes de floraison et donc
de rendement sont dus à la
période de disponibilité en azote,
qui varie selon le type d'engrais
(organique ou minéral).

Reliquat F2+60j.
Teneur en azote foliaire de
l'année n-1

 

MODELE

L'azote doit être
disponible l'année
précédente au
printemps pour garantir
une bonne floraison.

Qu'est-ce qui détermine la teneur
foliaire en azote ?

Reliquat F2+60j, teneur
foliaire en magnésium

 

MODELE

C'est l'azote disponible
en fin de printemps qui
détermine la teneur en
azote foliaire, elle -
même facteur du
rendement.

Une carence en magnésium
entraine une mauvaise
assimilation de l'azote.

Teneur foliaire en
magnésium

 

MODELE

Sauf à faible présence
de calcaire ou en
présence de fertilisation
foliaire en Mg élevée.

Qu'est-ce qui détermine la teneur
foliaire en magnésium

CEC_calcium, taux de matières organiques, teneur foliaire en potassium, pluviométrie, température moyenne

 

MODELE

 

Une carence en magnésium n'est
pas nécessairement due à une
faible teneur dans le sol.

 

Une suralimentation potassique
peut entrainer une carence
magnésienne.

 

Qu'est-ce qui détermine la teneur
foliaire en potassium ?

Teneur foliaire en azote,
température moyenne,
CEC_calcium

 

MODELE

Sauf si faible saturation
de la CEC en potassium
(<3.59) et qu'aucune
fertilisation n'est
apportée.

Tableau 32 : Retour sur les hypothèses et points à approfondir. Le code couleur correspond au

code établit dans la figure 18

HYPOTHESE

PARCELLES CONCERNEES

Une bande fleurie montée à fleur consomme plus qu'un gazon tondu ras.

P76 - P61 - P14

Cette concurrence est accrue en cas de rang couvert (bâche plastique ou

tissée)...

P27 (2012-2013-2014)

P50 (2012-2013)

... ou de sol peu profond.

P61

Tableau 33 : Hypothèse sur l'interrang

79

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En modélisant les variables de sortie puis les variables explicatives intermédiaires, et en croisant ces résultats avec les analyses individuelles, nous avons pu confirmer certaines hypothèses décrites dans le tableau 32.

De ces études nous pouvons tirer d'autres relations :

K et N sont antagonistes au niveau de l'arbre. Cette relation est appuyée par la notion de compétition pour les transporteurs racinaires de même catégorie (entre K+ et NH4+) [Fallahi 2000].

La pluviométrie favorise l'assimilation du magnésium ce qui s'oppose à l'hypothèse du lessivage en P14. Cela est-il à relier à la capacité du sol à laisser l'eau s'infiltrer ?

La CEC_calcium, autrement dit le taux de calcaire actif du sol ainsi que la CEC, sont des éléments capitaux de la gestion des cations. Les deux leviers agronomiques dont dispose le producteur sont les amendements calciques pour jouer sur le taux de calcaire actif et les amendements/engrais organiques pour jouer sur le taux de matières organiques, lui-même influant la CEC.

Le lien entre teneur foliaire en magnésium et taux de matières organiques du sol , qui soutient la proposition faite ci-dessus.

Nous allons maintenant confirmer/infirmer les hypothèses de compétition rang/interrang grâce à une expérimentation factorielle. Celle-ci a l'avantage de permettre l'infirmation de l'hypothèse. Mais le désavantage réciproque est que le résultat doit se cantonner au contexte d'expérimentation.

V. Test d'une hypothèse ne pouvant pas être confirmée dans le réseau : expérimentation factorielle sur la compétition interrang/pommier et rang/pommier

Dans les analyses de parcelle, la question du rôle de l'interrang comme du rang, et surtout de leur interaction est latente. Les conseillers techniques ont insisté sur l'incidence d'une bande fleurie montée à fleur, composée entre autres de vivaces, sur la nutrition azotée et hydrique du pommier. Une bande fleurie est implantée dès le stade juvénile afin de créer un écosystème favorable aux auxiliaires pour assurer la régulation des ravageurs.

Deux expérimentations sont présentées ici visant à confirmer/invalider les hypothèses (tableau 33).

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