CHAPITRE PREMIER : CONCEPTS CLES DE
L?ETUDE
Section 1ère : REVENU
§1. Concepts de revenu
Les revenus ont des origines différentes selon qu'ils
proviennent de l'activité ou du patrimoine6.
On appelle revenu d'activité, celui qui revient
à un individu après que ce dernier ait fait usage de ses
facultés physiques, intellectuelles ou morales. Il s'agit de
salaires...
Le revenu du patrimoine, par contre, désigne celui que
l'on gagne de l'usage quelconque de ses biens matériels et
immatériels : terrains, droits, véhicules, bâtiment, etc.
Il s'agit des rentes, profits, intérêts, loyer et dividendes.
Entre les deux types de revenus existent d'importants écarts : en
général, les revenus d'activités sont relativement bas par
rapport aux revenus de la propriété. La raison majeure de cette
situation se remarque par le faible pouvoir de négociation des
salariés auquel des taux de chômage élevés
aboutissent à une dégradation du salaire réel.
Dans une première acception, on peut indiquer que les
richesses produites par une entreprise sont réparties entre les facteurs
de production qui ont servis à les produire, les facteurs travail et
capital. La rémunération du travail constitue le principal revenu
des ménages. En second lieu, les ménages participent à la
production par la mise à la disposition de leur patrimoine à
l'entreprise.
Les revenus mixtes sont ceux provenant d'entreprises
individuelles ; ils concernent les activités artisanales, commerciales,
agricoles ou libérales. On les appelle ainsi car ils
rémunèrent à la fois une activité, le travail des
entrepreneurs individuels et un capital dont la propriété est
indispensable à l'exercice de l'activité économique.
Ainsi, le revenu primaire des ménages inclut l'ensemble
de tous ces revenus précités. Ils rémunèrent une
contribution à l'activité économique, soit directe
(revenus d'activités, salarié ou non), soit indirecte (revenus de
placements mobiliers et immobiliers).
Schématiquement, ils se présentent comme suit :
6 Jean LONGATE et Pascal VANHOVE (2001),
L'économie générale, Paris, DUNOD, p93-95
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Salaires
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Revenu d'activités
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Revenus mixtes
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Revenus primaires des ménages
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Intérêts et dividendes
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Revenus de la propriété
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Loyers et revenus des terrains
Plus values
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Nous l'avons dit, le revenu provient
généralement de l'exploitation des facteurs économiques de
la production, à savoir : la nature, le travail et capital ; auxquels on
ajoute actuellement l'entreprise, organisation dans laquelle sont
combinés les trois premiers facteurs.
§2. Composantes du revenu du
patrimoine7
1. La rente
La rente est le revenu périodique dérivant
(provenant) de la mise à la disposition de la production d'un facteur de
production de l'offre est inélastique.
La rente appliquée à un terrain s'appelle le
`'fermage» et celle appliquée à un bâtiment s'appelle
le `'loyer''.
Il existe plusieurs sortes de rentes :
- La rente foncière : elle est la plus courante et
provient de fonds càd des terrains.
- La rente de situation : elle est celle dont
bénéficie un terrain ou un immeuble situé dans un endroit
qui jouit d'une grande expansion.
2. Le salaire
Le salaire est la rémunération d'un travail
dépendant. Le mot salaire est pris dans un sens large. Il désigne
aussi bien la rémunération de l'ouvrier (appelé salaire
au
7 VAN Lierde (1983), Economie politique
5ème année Commerciale, Kinshasa, CRP, p56-65
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sens scripte) que celle de l'employé (appelé
appointement) que celle du fonctionnaire (appelé traitement).
? Différentes théories du
salaire8
a) Théorie classique
A l'origine, on considérait le travail comme une
simple marchandise dont le prix càd le salaire était
déterminé uniquement par la loi de l'offre et de la demande.
C'est le point de vue purement économique de la question.
Mais les travailleurs étant des hommes, il n'est pas
normal de les envisager comme une marchandise. Pour que le salaire n'atteigne
pas un niveau trop bas, les autorités publiques ont été
amenées à fixer très rapidement un salaire minimum.
Dès lors, la loi de l'offre et de la demande ne joue plus son
rôle.
b) Théorie du salaire vital ou la loi
d?airain.
Selon certains économistes comme Lassalle (1825 - 1864)
et Ricardo (1777 - 1823), le salaire étant fonction de l'offre et de la
demande il devrait normalement se fixer au niveau du salaire vital càd
du salaire indispensable pour vivre et rien de plus.
En effet, disent ces auteurs, si le salaire descend sous ce
minimum, le nombre d'ouvrier diminuera à cause des maladies, des
décès et des émigrations. Ce qui aura pour effet
d'augmenter le salaire.
Et si le salaire monte au dessus de ce minimum, les ouvriers
mis dans des conditions matérielles plus aisées vont donner
naissance à plus d'enfants, ce qui aura pour effet d'augmenter l'offre
de mains d'oeuvre et de ce fait diminuer le salaire. Par conséquent, le
seul salaire d'équilibre, celui auquel on reviendra toujours est le
salaire vital. Lassalle a appelé cette loi `'la loi d'airain»
(métal très dur) pour marquer son caractère impitoyable.
Dans ces conditions en effet, les ouvriers seront réduits à la
misère de façon permanente. Cette loi d'airain
avérée erroné car ;
- Il est faux de croire que l'augmentation des salaires
entraine
l'augmentation des naissances. L'augmentation des salaires a
précisément l'effet contraire.
- Actuellement, les ouvriers gagnent beaucoup plus que le
salaire
vital et la loi d'airain ne s'applique pour autant.
8 VAN Lierde C (1983), opcit, p57
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c) Théorie de la productivité du
travail
D'après cette théorie, le salaire est
déterminé par la productivité du travailleur. Donc, plus
le travailleur produit, plus il gagne. Cette théorie est assez
encourageante. Toutes fois, elle ne s'applique pas automatiquement car sans
action d'ordre syndicale, on constate que c'est le plus souvent l'employeur qui
s'attribut la majorité du bénéfice provenant de la
productivité des travailleurs.
d) Théorie de hauts salaires
Cette préconise une augmentation de salaires en vue de
créer des nouveaux débouchés pour l'écoulement des
produits. Cette augmentation de salaire n'est cependant utile que si elle
s'accompagne d'une augmentation parallèle de la production. A
défaut, ou bien elle ne provoque qu'une augmentation de prix et dans ce
cas les travailleurs n'y ont pas intérêt ou bien elle se fait sans
augmentation des prix mais alors au détriment des
bénéficiaires du profit, de la rente et de
l'intérêt.
3. L?intérêt
L'intérêt est le prix payé par
l'emprunteur au prêteur d'un capital. Il est le prix du capital. Et comme
tous les prix, il se situe au niveau de l'offre et de la demande des capitaux.
L'intérêt se calcule en général en taux càd
à un certain pourcentage du capital prêté.
Jusqu'au moyen âge, on n'admettait que le prêt
sans intérêt. On considérait l'argent comme improductif et
de ce fait on trouvait juste et normale rembourse exactement le montant
emprunté et rien de plus.
On appelle usure, le délit (l'infraction) consistant
à prêter de l'argent à un taux excessif.
4. Le profit
Le profit brut d'une entreprise est égale au total des
recettes moins le total des dépenses càd prix de vente moins prix
de revient. Ce profit brut est égal au profit minimum plus le profit
pur. Le profit minimum est celui qui couvre la rémunération du
travail de l'entrepreneur en tant qu'entrepreneur càd en tant que celui
qui prend l'initiative de la production de son entreprise, qu'il organise et la
gère.
Le profit est le revenu qui récompense les
qualités d'initiatives d'organisation et d'administration de
l'entrepreneur. En réalité, le profit est ce qui
rémunère les idées de l'entrepreneur, idées
d'invention, d'innovation qui lui permettent :
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- Soit de différencier ses produits de ceux des
concurrents pour augmenter les recettes,
- Soit d'améliorer la technique pour diminuer le prix
de revient. Les entrepreneurs qui ont des idées neuves et originales
sont rares et c'est précisément cette rareté qui est
récompensée par le profit. Le profit encourage l'esprit
d'invention, d'initiative.
Le profit est cependant un revenu temporaire car un
entrepreneur innovateur est rapidement imité par ses concurrents. La loi
prévoit la protection des inventions par l'octroie des brevets.
Il est vrai qu'on pouvait confondre rente et profit car en
effet chacun de d'eux provient d'une position monopolistique dérivant
d'un facteur rare. En réalité, il y a des différences ;
- Dans la rente, le facteur rare est la nature, un bien
matériel ; dans le profit par contre, le facteur rare est l'idée,
l'esprit d'initiative.
- Le profit est temporaire (sauf en cas de brevet), tandis que
la rente est durable du fait de l'inélasticité de l'offre du
facteur qui lui donne naissance.
- La rente provient d'un facteur naturel ou des circonstances
souvent indépendantes du propriétaire alors que le profit est
vraiment crée par l'initiative de l'entrepreneur.
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