5.7 Méthodes
d'analyses :
Les données quantitatives et qualitatives ont
été exploitées par le logiciel SPHYNX. A l'aide de ce
logiciel, une description simple des différentes variables
étudiées a été réalisée. Les
données ont été ensuite exportées sous Windows pour
certain contrôle de cohérence. Le logiciel Excel a permis de
réaliser les tableaux et les figures.
5.8 Considération
éthique :
Notre étude s'est déroulée dans le
respect des considérations éthiques.
Nous avons sollicité et obtenu l'autorisation
d'enquête auprès du directeur départemental de la
santé.
Nous avons reçu le consentement (oralement)
éclairé de toutes les personnes interviewées tout en
respectant le principe d'anonymat et de confidentialité.
5.9 Limite de
l'étude :
Notre étude a été limitée par deux
facteurs ;
1. La durée de l'étude : L'étude s'est
déroulée sur une période relativement courte ce qui a
influencé la taille de l'échantillon.
2. L'échantillonnage : Les clients et les
professionnels de santé des zones rurales n'ont pas été
inclus dans l'étude ce qui a entrainé un biais de
sélection.
6 RESULTATS
6.1 Perception des clients
6.1.1 Identification des clients
Tableau 8:Effectif des cibles
de la gratuité ciblée chez les clients.
CLIENTS
|
EFFECTIF
|
femme enceinte CPN
|
8
|
Femme césarisée
|
2
|
Accompagnant d'enfant de 0 à 5 ans
|
23
|
Accouchée
|
13
|
Malade Hospitalisé 0 à 5 ans
|
1
|
Femme Hospitalisée
|
1
|
Total
|
48
|
Toutes les cibles de la gratuité ciblée ont
été incluses dans l'étude, les accompagnants des enfants
de 0 à 5ans représentaient 47,91% des clients, et les femmes des
services de santé maternelle 49,85%.
6.1.2 Activité des clients
Figure 1:Proportion des
clients selon l'activité
87,5% des clients ou leur accompagnateurs travaillaient dans le
secteur informel contre seulement 12,5 % qui travaillent dans le secteur formel
6.1.3 Information
6.1.3.1 Niveau d'information des clients
Tableau 9:Répartition des clients selon leur
niveau d'information.
|
EFFECTIFS
|
IDENTIFICATION
|
INFORME
|
PAS INFORME
|
TOTAL
|
Femmes enceintes CPN
|
3
|
5
|
8
|
femmes césarisées
|
0
|
2
|
2
|
accompagnants d'enfants de 0 à 5 ans
|
12
|
11
|
23
|
accouchées
|
3
|
10
|
13
|
malade hospitalisé de 0 à 5ans
|
0
|
1
|
1
|
Femme enceinte hospitalisée
|
0
|
1
|
1
|
Total
|
18
|
30
|
48
|
Pourcentage
|
37,5
|
62,5
|
100
|
Plus de la moitié des clients ignoraient
l'existence d'une politique de gratuité ciblée.
6.1.3.2 Canal de l'information chez le
client
Figure 2:Répartition
des clients en proportion selon les canaux de l'information
Parmi les clients informés de l'existence d'une
politique de gratuité des soins, 44,44% l'ont appris de bouche à
oreille, 33,33% par voie de média classique (télévision,
radio, journaux) et 22,22% au point de prestation, c'est-à-dire au
bureau des entrées des formations sanitaires.
6.1.4 Sensibilisation
Tableau 10:Répartition
des clients (parmi les informés) selon leur niveau de connaissance des
cibles.
Figure 3:Proportion des
clients (parmi les informés selon leur niveau de connaissance des
cibles)
Chez les clients, parmi ceux qui sont informés de
l'existence d'une politique de gratuité ciblée, seulement 16,70 %
ont une bonne connaissance des cibles.
6.1.5 Accessibilité aux structures
sanitaires
Tableau 11:Effectif des
clients selon l'accessibilité aux structures sanitaires.
DISTANCE
|
EFFECTIF
|
POURCENTAGE
|
0 - 5 KM
|
34
|
70,83
|
5- 15 km
|
4
|
8,33
|
+ de 15 km
|
10
|
20,83
|
Total
|
48
|
100
|
70,83% des clients proviennent des agglomérations
distantes de 0 à 5 km
8,33% d'agglomération situées entre 5et 15km
et 20,83% proviennent d'agglomération de plus de 15km
6.1.6 Accessibilité aux
médicaments
Tableau 12:Répartition des clients selon
l'accès aux médicaments gratuits
|
EFFECTIF
|
POURCENTAGE
|
Accès aux médicaments
|
16
|
32,00%
|
Pas accès aux médicaments
|
34
|
68,00%
|
Total
|
50
|
100,00%
|
66,66% des clients avaient pu bénéficier des
médicaments gratuits contre 33,33%
6.1.7 Satisfaction des clients
6.1.7.1 Célérité dans la prise en
charge
Tableau 13:Répartition des clients selon le temps
d'attente.
CLIENTS
|
PRISE EN CHARGE RAPIDE
TEMPS < 30MIN
|
PRISE EN CHARGE TARDIVE
TEMPS>30 MIN
|
TOTAL
|
Femme enceinte CPN
|
8
|
0
|
8
|
Femme césarisée
|
2
|
0
|
2
|
Accompagnant d'enfant de 0 à 5ans
|
22
|
1
|
23
|
Accouchée
|
13
|
0
|
13
|
Malade hospitalisé de 0 à 5ans
|
1
|
0
|
1
|
Femme hospitalisée
|
1
|
0
|
1
|
Total
|
47
|
1
|
48
|
Pourcentage
|
97,91
|
2,08
|
100
|
97,91% des clients estimaient avoir été pris en
charge rapidement contre 2,08% qui ne l'ont pas été rapidement
6.1.7.2 Qualité de l'accueil
Tableau 14 : Répartition des clients selon la
qualité de l'accueil.
CLIENTS
|
BON ACCUEIL
|
MAUVAIS ACCUEIL
|
TOTAL
|
Femme enceinte CPN
|
7
|
1
|
8
|
Femme césarisée
|
2
|
0
|
2
|
Accompagnant d'enfant de 0 à 5ans
|
22
|
1
|
23
|
Accouchée
|
12
|
1
|
13
|
Malade hospitalisé de 0 à 5ans
|
1
|
0
|
1
|
Femme hospitalisée
|
1
|
0
|
1
|
Total
|
45
|
3
|
48
|
Pourcentage
|
93,75
|
6,25
|
100
|
93,75% des clients ont estimé avoir été
bien accueillis contre 6,25 % qui ne l'ont
6.2 Perception chez le professionnel de santé
*
6.2.1. Identification des professionnels
Tableau 15:Répartition
des professionnels de santé selon la catégorie socio
professionnelle.
PROFESSIONNELS DE SANTE
|
EFFECTIF
|
Médecin
|
5
|
Sage-femme
|
5
|
Infirmier/ère
|
13
|
Garçon de salle
|
7
|
Gynécologue
|
1
|
Anesthésiste
|
1
|
Gardien
|
1
|
Surveillant d'unité de soins
|
1
|
Chirurgien
|
1
|
Ambulancier
|
3
|
Technicien de laboratoire
|
2
|
Econome
|
1
|
Manoeuvre
|
1
|
Aide-soignant
|
2
|
Préparateur en pharmacie
|
1
|
TOTAL
|
45
|
Toutes les catégories socio - professionnelles sanitaires
ont été incluses dans l'étude, cependant, les infirmiers
avaient le plus grand effectif.
6.3 2 Information
Tableau 16:Proportion des
professionnels de la santé selon la première source
d'accès à l'information.
|
EFFECTIF
|
POURCENTAGE
|
media
|
33
|
73,30%
|
supérieur hiérarchique
|
12
|
26,70%
|
Total
|
45
|
100,00%
|
Chez les professionnels de santé, 73,30% ont
été informés par les médias contre 26,7% qui l'ont
été par le supérieur hiérarchique.
6.2.3 Sensibilisation
6.2.3.1 Etat de connaissance des cibles
Figure 4:Proportion des
professionnels de santé selon leur niveau de connaissance des cibles de
la gratuité
Plus de la moitié des professionnels de santé avait
une mauvaise connaissance des cibles de la gratuité ciblée.
6.2.4 Connaissance des
directives
Tableau 17:Répartition des professionnels de
santé selon leur niveau de connaissance des directives.
|
EFFECTIF
|
POURCENTAGE
|
Bonne connaissance des directives
d'application
|
25
|
55,60
|
Mauvaise connaissance des directives d'application
|
20
|
44,40
|
TOTAL
|
45
|
100
|
Seulement 55,60% des professionnels ont pris connaissance des
directives de la politique de gratuité ciblée
6.2.5 Formation
6.2.5.1 Formation au démarrage
Tableau 98:Répartition des
professionnels selon la formation avant le démarrage de la politique de
gratuité.
|
EFFECTIF
|
POURCENTAGE
|
Formation Au Démarrage
|
0
|
0
|
Pas De Formation Au Démarrage
|
45
|
100
|
Total
|
45
|
100
|
Aucun professionnel de santé n'a été
formé à l'amélioration des techniques de prise en charge
dans le cadre de la politique de la gratuité ciblée.
6.2.6 Motivation du personnel
6.2.6.1 Charge de travail
/Rémunération
Tableau19:Répartition des professionnels de
santé selon la perception de la charge de travail.
|
EFFECTIF
|
POURCENTAGE
|
Professionnels de santé trouvant leur charge de
travail augmentée
|
36
|
66,66
|
Professionnels de santé trouvant pas leur charge
de travail augmentée
|
9
|
33,339
|
Total
|
45
|
100
|
33, 33% des professionnels de santé trouvaient la
charge de travail augmentée du fait de la politique de gratuité
contre 66,66% qui estimaient que le volume de travail n'a pas varié
6.2.6.2 Plateau technique
Figure 5:Proportion des
professionnels de santé selon l'appréciation du plateau
technique.
Le plateau technique a évolué selon que dans
17.78% des cas selon les professionnels de santé.
6.2.6.3 Rémunération
Tableau 20:Répartition en effectif des
professionnels selon l'appréciation de leur
rénumération.
|
EFFECTIF
|
POURCENTAGE
|
Rémunération à la hauteur du travail
|
5
|
11,11
|
Rémunération pas à la hauteur du
travail
|
40
|
88,89
|
Total
|
45
|
100
|
88,89% des professionnels de santé ont trouvé
leur rémunération insuffisante par rapport au volume de travail
induit par la politique de gratuité contre 11,11% qui ont trouvé
leur rémunération à la hauteur du travail.
6.2.7 Adhésion à la politique de la
gratuité ciblée des soins
Tableau 21:Répartition des professionnels de
santé selon leur appréciation de la politique de gratuité
ciblée.
PROFESSIONNELS DE SANTE
|
BONNE MAIS MAL APPLIQUEE
|
PAS BONNE
|
PAS EQUITABLE
|
PAS EFFECTIVE
|
BIEN APPLIQUEE
|
BONNE
|
TOTAL
|
Medecin
|
4
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
5
|
Sage-Femme
|
3
|
0
|
0
|
1
|
0
|
1
|
5
|
Infirmier/ère
|
10
|
0
|
1
|
2
|
0
|
0
|
13
|
Garçon de salle
|
3
|
2
|
0
|
0
|
0
|
2
|
7
|
Gynécologue
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
Anesthesiste
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
Gardien
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
Surveillant D'unite
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
Chirurgien
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
Ambulancier
|
2
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
3
|
Technicien biologiste
|
1
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
2
|
Econome
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
Manoeuvre
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
Aide-Soignant
|
1
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
2
|
Préparateur
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
Total
|
29
|
2
|
3
|
4
|
0
|
7
|
45
|
Pourcentage
|
64,44
|
4,44
|
6,67
|
8,89
|
0
|
15,56
|
100
|
15,56% des professionnels de santé jugent la politique de
la gratuité des soins bonne.
64,44% la juge bonne mais ont estimé qu'elle est mal
appliquée
6,67% la trouve inéquitable du point de vue du choix des
cibles
8,89% ne la trouve pas effective dans son application sur le
terrain et 4,44% la rejette
6.3 DONNEES DE MORBIDITE ET DE MORTALITE
6.3.1 Consultations des enfants de 0 à 5ans
Tableau 22:Répartition par année des
consultations des enfants de 0 à 5ans de 2008 à 2014.
MORBIDITE
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
Consultations
|
22 949
|
20 863
|
21 112
|
31 232
|
31 169
|
37 402
|
38 523
|
Moyenne Des Consultations
|
21641
|
|
35698
|
Figure 6:Evolution de
l'effectif de la consultation des enfants de 0 à 5 ans de 2008 à
2014
La moyenne des consultations chez les enfants de 0 à
5ans a augmenté de 64,9% au cours de la période de la
gratuité des soins.
6.3.2 Accouchements assistés
Tableau 23:Répartition par année des
accouchements assistés de 2008 à 2014.
ANNEE
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
Accouchements Assistés
|
2979
|
2906
|
25 93
|
3813
|
3942
|
4336
|
5202
|
Moyenne des accouchements assistés
|
2942
|
|
4493
|
Figure 7:Evolution des
accouchements assistés de 2008 à 2014
La moyenne des accouchements assistés a augmenté
de 52,71% au cours de la période de la politique de gratuité
ciblée
6.3.3 Accouchement à domicile
Tableau 24:Répartition par année des
accouchements à domicile
ANNEE
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
Accouchement à domicile
|
144
|
466
|
318
|
452
|
296
|
272
|
143
|
Moyenne des accouchements non assistés
|
309
|
|
237
|
Figure 1: Evolution du nombre
des accouchements non assistés de 2008 à 2014
La moyenne des accouchements à domicile a
diminué de 23,3% pendant la période de gratuité des soins
6 3 4 Evacuation maternelles avant et après
l'accouchement
Tableau 25 :Taux d'évacuation par accouchement de
2008 à 2014.
|
2008
|
2009
|
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
Taux d'évacuation /accouchements
|
4,30%
|
3,41%
|
|
4,01%
|
4,09%
|
3,30%
|
3,60%
|
2,75%
|
Taux moyen d'évacuation /accouchements
|
|
3,91%
|
|
3,22%
|
Figure 2: Evolution du taux
des évacuations de 2008 à 2014
Le taux d'évacuation par accouchement assisté a
diminué de 0,69% au cours de la période de la politique de
gratuité des soins.
6.3.5 Les césariennes
Tableau 26:Répartition des césariennes
réalisées par année.
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
CÉSARIENNES
|
32
|
26
|
36
|
10
|
69
|
51
|
74
|
Moyenne des césariennes
|
31
|
|
64,66
|
|
|
|
|
Figure 3:Evolution des
césariennes de 2008 à 2014
La moyenne de la césarienne a augmenté de 104,3%
au cours de la période de la politique de gratuité des soins.
6.3.6 Nombre de décès maternels
Tableau 27:Répartition par année des
décès maternels
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
Décès Maternels
|
8
|
7
|
5
|
7
|
3
|
4
|
3
|
Moyenne des décès maternels
|
6,66
|
|
3,33
|
Figure 4:Evolution des
décès maternels de 2008 à 2014
|
La moyenne des décès maternels a chuté de
50% au cours de la période de la politique de gratuité des
soins.
7
DISCUSSION
Notre étude a porté sur l'analyse de la
politique de la gratuité des soins dans le district sanitaire de
Tiassalé, c'était une étude de type transversale à
visée descriptive et évaluative qui s'est déroulée
du 05 août au 10 septembre 2015.
Les limites de l'étude : ont
été inclus dans l'étude que deux hôpitaux de
références et un centre urbain. Les établissements de
premiers contacts, plus nombreux ont été exclus de l'étude
à cause de leurs difficile acces..
Au niveau de la collecte des données certains
répondants ont dû confondre la qualité du service et le
fait de bénéficier des prestations gratuites.
L'impact de la politique de la gratuité des soins sur
le système sanitaire du district sanitaire n'a pas été
pris en compte et sera abordé dans une étude postérieure
7.1 Perception des clients
· Profil économique des
clients
La majorité des clients menaient une activité
informelle. L'enquête approfondie nous a révélé,
leur appartenance à une zone rurale ; or dans ces zones, il
convient de considérer la saisonnalité des revenus. Cette
situation d'irrégularité des revenus les place en situation de
vulnérabilité. Olivier de Sardan et Ridde ; 2012) ont
rapporté que les populations pauvres avaient difficilement accès
au service de santé. Au Burkina Faso par exemple, 80% des
ménages pauvres doivent s'endetter ou vendre des biens pour faire face
à leurs dépenses de santé (medical poverty trap).
Les résultats de notre étude ont montré
que la gratuité a été certainement bénéfique
pour les populations moins nanties.
· L'Accessibilité.
Notre étude nous a permis de constater que, la
majorité des clients provenaient des voisinages de moins de 5 Km et
moins d'un tiers au-delà. Considérant la densité des
formations sanitaires sur l'aire du district nous pouvons affirmer que ces
29,16% seraient des référés des établissements de
premiers contacts. . La proportion des clients des zones rurales restait
encore élevée. Ces derniers outre le coût du transport,
devaient prendre en compte les frais de séjour y compris ceux des
accompagnants.
Les coûts de transport réduisent souvent de
façon considérable la demande en soin de santé. Au Burkina
Faso, les coûts de transport représentaient près du tiers
du coût total des dépenses de santé supporté par les
patients. Au nord-est du Brésil, ils représentaient le quart du
coût total, (Frew et al, 1999 ; Sauerborn, Bodart et Essomba,
1995 ; Souza et al, 2000). Au Bengladesh, le transport est la seconde
cause de dépense de santé d'un patient (CIET Canada, 2000).
A la lumière de ce qui précède, nous
pouvons dire que notre étude nous ramène à
l'épineux problème de l'équité dans
l'accès aux soins .On peut donc conclure que la politique de la
gratuité ciblée dans le district de Tiassalé a
été perturbée par l'éloignement des populations
rurales des centres de santé de référence.
· Diffusion de l'information et de la
sensibilisation
. Chez les usagers, seulement un quart a eu connaissance de
l'information et dans la plupart des cas de bouche à oreille. Les
principaux canaux d'information utilisés pour les communautés
étaient les médias cette stratégie n'aurait pas
été suffisamment financé. A l'opposé, au Mali et
au Niger le taux a été beaucoup plus satisfaisant (97.5% et 79%)
grâce à l'implication des agents de santé communautaires
(ASC), à la participation de certaines organisations féminines
via des émissions radiophoniques régulières et aux
crieurs (Gueye M. et Amidou A.2010).
· L'inaccessibilité aux
médicaments
Elle a fortement perturbé l'application de politique de
gratuité ciblée. En effet deux tiers des clients ont
bénéficié des médicaments gratuits. Ce
résultat bien que moins reluisant était de loin supérieur
à celui de GUEYE M et AMIDOU A. au Mali qui ont trouvé un niveau
de satisfaction de 28%.
L'accessibilité aux médicaments a
été un enjeu majeur dans la politique de la gratuité des
soins en Côte d'Ivoire, les pharmacies de structures publiques sont
approvisionnées par la Nouvelle pharmacie de la santé publique
(NPSP). L'inaccessibilité aux médicaments s'expliquerait par le
fait que cette centrale d'achat (NPSP) ait connu des ruptures de stocks pour
factures impayées vis-à-vis de ses fournisseurs. En effet, les
procédures de décaissement des fonds par l'Etat n'avaient pas
encore été harmonisées dans ce nouveau contexte de
gratuité des soins. Cette situation s'est traduite au niveau des
structures de soins par : l'absence de certaines molécules ;
le manque de complétude au niveau des kits d'accouchements et les
livraisons par système d'allocation (qui ne tiennent pas compte
réellement des besoins exprimés).
· La qualité des soins et
appréciation des usagers
L'exemption de paiement n'a pas dégradée la
qualité des soins bien que les plateaux techniques n'aient connu
d'évolution dans 82.22% des cas. En ce qui concerne l'accueil et la
prise en charge : Presque tous les clients avaient donné une
appréciation positive et estimaient avoir été bien
accueillis et rapidement (97,91%). Cela augure qu'une bonne relation
professionnel de santé- client a prévalue dans le district
sanitaire de Tiassalé au cours de la période de gratuité.
Ailleurs, notamment au Mali, les sentiments étaient mitigés dans
le district de Sikasso : seulement la moitié (50%) des usagers ont
avoué leur satisfaction. Au Burkina par contre, des conflits entre le
personnel médical et la population ont éclatés du fait
d'une mauvaise information sur les prestations subventionnées et celles
qui ne l'étaient. Cela a entrainé la méfiance des
bénéficiaires par rapport aux pratiques de cout (Ridde V; Kounda
S et al 2010). Au Mali, (Guèye M. et Amidou A.2010 ) Ont
signalé plutôt la perte de confiance des usagers en certains
personnels de santé (chez 50% des enquêtés).Au
Sénégal, les personnes âgées étaient dans
l'ensemble satisfaits aussi du plan sésame, mais ont cependant
regrettés le fait que certains médicaments
spécialisés ne soient pas pris en charge par le plan alors que la
plupart des maladies dont souffraient les personnes âgées
nécessitaient le recours à des médicaments
spécialisés (Ndiaye.O.Dienne 2007).
Il ressort de notre étude qu'à Tiassalé,
il aurait eu une bonne adhésion de la population à la politique
de la gratuité ciblée.
7.2 Perception des professionnels de
santé
· L'information et la sensibilisation des
professionnels de santé
L'information et la sensibilisation des professionnels de
santé de première ligne n'avaient pas été faite
correctement. Alors que l'information devait être verticale selon la
pyramide sanitaire,
Plus des deux tiers des professionnels de santé ont eu
l'information à la veille du démarrage de la politique par les
média d'état et près de la moitié ignorait les
cibles de la politique. Pourtant, tout changement d'orientation dans une
politique devait nécessairement tenir compte des acteurs sur le terrain.
La prise en compte des professionnels de santé dans la mise en oeuvre,
aurait d'agit sur la politique de gratuité positivement, directement ou
indirectement (Lehman et Gilson 2012).
Cette situation a été généralement
une source de conflits ou d'incompréhension entre les prestataires et
les bénéficiaires. La même situation avait
été observée pour toutes les politiques d'exemption et
dans certains pays voisins notamment au Burkina Faso et au
Sénégal. Au Burkina, on a observé aussi une absence
d'informations claires concernant ce qui est subventionné ou pas
(rapport Amnesty international 2009) et les critères d'identification
des indigents pour la prise en charge gratuite (GREFSaD, 2007). Au
Sénégal il aurait eu un plan de communication perçue
comme essentielle non financé (Witter S, Dieng, et al 2010).
La formation
La formation du personnel est
indispensable dans tout contexte de mutation de système de soins. Elle
permet la maitrise de certains outils de suivi de la mise en oeuvre et
d'harmonisation des procédures. Dans notre cas, aucun professionnel n'a
été formé, contrairement au Burkina Faso où, 13
ateliers régionaux et un atelier national d'information des responsables
sanitaires et d'information des leaders, prestataires et acteurs de terrain ont
été organisés selon le rapport de la cellule de
gratuité du ministère de la santé .Au
Sénégal, la situation n'a pas été plus reluisante:
le manque de formation a eu pour conséquence une méconnaissance
des procédures de remboursement, d'où des rejets des demandes de
remboursements .
· La méconnaissance des directives de
prise en charge
Les directives renseignent sur les modalités de prise
en charge de différentes cibles de la gratuité ciblée.
Dans le cas de notre étude, elles ont été certes
élaborées mais près de la moitié des professionnels
n'en ont pas eu connaissance. Ces résultats sont différents de
ceux de GUEYE .M et AMIDOU. A qui auraient trouvé de très bonnes
connaissances des directives de l'ordre de 97% au Mali en ce qui concerne la
prise en charge de l'acte chirurgical et 80% pour les complications . Il
aurait été intéressant que les directives fussent
diffusées à toutes les catégories professionnelles. Notre
système sanitaire serait proche d'un modèle de gestion
wébérien qui est plutôt axé sur la méthode
que sur les résultats.
Dans ce modèle de gestion, le chef de service a pour
obligation de recevoir et d'afficher les directives mais n'est pas comptable si
elles ne sont pas lues. Il se pose ici un problème de suivi et
d'évaluation. Les systèmes de santé donneraient une place
moins importante au suivi et à l'évaluation et Aucun pays ne
semblerait disposer d'un plan d'évaluation rigoureux et
détaillé (Olivier De Sardan Jean-Pierre, Ridde Valery).
Au Niger par exemple, alors qu'il était prévu
normalement une évaluation externe et un audit comptable tous les trois
ans, aucun n'avait eu lieu ; de plus , le mécanisme de
coordination de la politique de gratuité de la politique d'exemption
s'était mise en place 5 ans après son démarrage.
Le constat a été le même au
Sénégal, pour le comité de suivi de projet Sésame.
Il faut donc intégrer l'évaluation et le suivi au coeur du
système.
· Le manque de motivation et insatisfaction du
personnel
Plus du tiers du personnel trouvé son volume de travail
augmenté, dans le contexte où la gratuité des soins a
entrainé une hausse d'utilisation des services de santé. La
plupart d'entre eux ont considéré qu'à cet effet, la
politique devait prévoir un mécanisme d'incitation
financière systématique. Il faut noter que dans nos structures
sanitaires, il existe deux catégories de travailleurs : certains
ont le statut de fonctionnaires et d'autres le statut de contractuels .Les
fonctionnaires sont payés régulièrement par l'Etat par
contre, les contractuels sont payés sur le budget des ressources
propres. Ces ressources se seraient amenuisées dans le cadre de
l'exemption de payement, ce qui a entrainé des difficultés de
trésorerie. Ces difficultés se seraient traduites sur le terrain
par des retards de rémunération de cette catégorie
d'agents, ce qui serait source de démotivation. L'autre raison de
démotivation non moins importante se situe du côté des
gynécologues qui ont estimé qu'une contribution financière
devrait leur être versée en compensation de leur certificat
d'étude de spécialité dans le contexte de la
gratuité de la césarienne. Ce sentiment n'est pas propre au
district sanitaire de Tiassalé ; au Mali la Perception d'une
augmentation de la charge de travail du personnel a été senti
chez 69 % du personnel. Au Burkina Faso les agents de santé ont
réclamé aussi de motivations supplémentaires par rapport
à la charge de travail engendré par le remplissage des outils de
suivi et de gestion (Sombié I., Yaogo, M., Ouédraogo, M., et al
2007).
Au Ghana, ce fut une démotivation due à la
perte de revenu provenant de la vente du petit matériel (Witter Sophie,
Arhinful, et Al 2007).
Notre étude a montré qu'à
Tiassalé tout comme ailleurs, il y avait eu peu ou même pas de
mesure d'accompagnement ; les décisions d'exemption ont
été uniquement centrées sur la suppression du paiement
sans prise en compte des autres déterminants de l'utilisation des
services à savoir : les animateurs du système.
7.3 Morbidité et Mortalité
· Consultation des enfants de 0 à 5 ANS
Notre étude nous a permis de constater qu'Il y a eu un
engouement des populations à utiliser les services de santé. On a
noté une hausse de 64.9% du taux de consultation pour les enfants de 0
à 5 ans. Ce taux était largement au-dessus de celui KOUAKOU
Konan Albert 28% dans la région de kabadougou-bafing-folon [12].
Ailleurs notamment au Niger des taux record d'utilisation des services
curatifs pour les enfants de moins de 5 ans avaient été
trouvés : 49,27 % en 2006 à 82,01% en 2007. Essentiellement
dû à leur stratégie de communication qui a
été différente de la nôtre. Nous avons
démontré plus haut qu'au Niger et au Mali des ONG et des crieurs
publics ont joué un rôle déterminant, Néanmoins,
nous sommes largement au-dessus de Madagascar 17% (Fafchamps, M. & Minten,
2007).
Il ressort de notre étude que notre score à
Tiassalé pourrait être amélioré si on utilisait les
moyens empruntés au Mali et au Niger.
Selon l'OMS Chaque jour en 2015, 16 000 enfants de moins de
cinq ans décèdent, la plupart à cause de maladies
évitables. La survie des enfants doit demeurer la priorité des
nouveaux programmes de santé telle que la politique d'exemption de
paiement.
· Evolution du nombre de
césarienne
En ce qui concerne les césariennes, notre étude
nous a permis de noter une hausse de 104.3%. Ce résultat bien que
satisfaisant est en dessous de celui du Niger qui est 120,09%., par contre au
Mali, à Kayes, l'introduction de la gratuité n'a modifié
que légèrement la tendance d'évolution du taux
estimé de couverture populationnelle des césariennes (Pierre
Fournier et al. juin 2009), Il est passé de 0,3 à 1,2 % des
accouchements attendus. Il faut noter qu'avant la politique de gratuité
des soins, l'accès à la césarienne était
lié à la richesse des ménages. Une étude
récente en Indonésie a fait apparaître que moins de 1% des
pauvres accouchaient par césarienne contre 4% des riches (Immpact 2007).
Dans notre étude, 75% de la population de Tiassalé était
rurale ; on pourrait affirmer que la politique de la gratuité des
soins dans le district de Tiassalé été un facteur
favorisant l'accès aux soins.
· Evacuation
. On a noté une baisse sensible du nombre
d'évacuation (0,69%).
Un système d'évacuation efficace améliore
l'accès aux soins d'urgence. Les frais d'évacuations demeurent
toujours une dépense catastrophique pour les usagers dans la mesure
où ils sont liés aux situations d'urgences. En Côte
d'Ivoire, les évacuations n'ont pas été incluses dans les
prestations des services gratuits.il en est de même au Mali ;
Cependant, dans ce pays, un certain nombre de dispositifs, plus ou moins
fonctionnels, ont été envisagés : Cela a consisté
en la mise en place à partir de mai 2009 d'un mécanisme de
financement solidaire des évacuations sanitaires nommé
«centime additionnel». Il consistait à prélever un
centime additionnel de 100 FCFA ou 15 centimes d'euro sur chaque nouvelle
consultation (consultations curative, prénatale, planning familial,
accouchement assisté) pour constituer un fonds pour financer les
évacuations sanitaires .ainsi, dans le district de Keita ou cette
méthode avait été expérimentée
,l'introduction de cette nouvelle approche semble avoir entraîné
l'augmentation du nombre des cas évacués .Ce nombre est
passé de 191 en 2008 à 460 en 2009 soit une hausse de 120,41%
(Mamoudou Barro et al ) .Par contre au Burkina, ce sont les femmes
(parturientes) qui ont été exonérées du paiement
de l'évacuation, ces frais étant remboursé par
l'État d'un montant forfaitaire de 10.000 F CFA aux structures
sanitaires.
En ce qui concerne notre étude, la baisse pourrait
s'expliquer par deux raisons :
- Soit les usagers manquaient de moyens de s'offrir les services
d'évacuation.
- Soit l'amélioration de la qualité de la prise en
charge (relevé dans notre étude) a eu un impact sur le nombre des
évacuations.
· Accouchements assistés.
Notre étude a montré une hausse des
accouchements assistés de 52.71% .Ce taux est largement au-dessus de
celui de KOUAKOU Konan Albert en Novembre 2013, (38%). Par contre il est
proche de celui obtenu dans la région centre du Ghana (49% à
59,7%) et en dessous de celui du Burkina en 2009 (73.2%) (Rapport
ministère de la santé). Concernant les accouchements non
assistés, on a noté aussi une régression de 23,3% alors
que KOUAKOU Konan Albert avait obtenu un taux de 7%.
Cette tendance de baisse n'est pas propre à la
Côte d'Ivoire seule. Au Ghana, une enquête a relevé que 60%
des sages-femmes en pratique privée et 60% des accoucheuses
traditionnelles ont affirmé que l'exemption avait réduit leur
clientèle (Witter Sophie, Arhinful, et Al 2007).
.
· Evolution des décès
maternels.
En ce qui concerne les décès maternels, notre
étude a montré une baisse de 50%, par contre au Mali dans
le district sanitaire de fana sur l'impact de la gratuité de la
césarienne de juillet 2004 à juin 2005 (avant la gratuité)
et de juillet 2005 à juin 2006 (après la gratuité) a
donné une chute dans la proportion de 75 % à 40 % pour les
femmes ayant bénéficiées d'une prise en charge
obstétricale à l'hôpital de district et de 7 % à 2
% pour les complications ( thèse Sidibé Mariam, 2007 ) .En ce qui
concerne le Ghana, bien qu'il n'existe pas de données à partir
d'enquêtes au niveau communautaire, les données institutionnelles
montrent qu'il y a une persistance inacceptable de ratios élevés
de mortalité maternelle, que l'on estime entre 214 et 800 pour 100.000
naissances vivantes (Ministry of Health 2004). Notre étude montre
clairement des résultats très probants. On peut donc dire que la
gratuité ciblée des soins au district sanitaire de
Tiassalé a contribué à la chute des décès
maternels.
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