N° d'ordre :
REPUBLIQUE TUNISIENNE
****
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA
RECHERCHE SCIENTIFIQUE
****
UNIVERSITE DE SFAX
FACULTE DES SCIENCES DE SFAX(FSS)
ANNÉE UNIV 2010/2011
FACULTE DES SCIENCES DE SFAX Ecole Doctorale sciences
fondamentales
Ecole Doctorale : SCIENCES FONDAMENTALES
(Mathématiques)
MÉMOIRE
Présenté pour l'obtention du diplôme de
:
MASTÈRE
Spécialité :
ASSURANCE ET MATHÉMATIQUES POUR LA FINANCE
Par :
Mr. JELLALI Mohamed Néji
Sujet :
Modélisation en Risques de Crédit
:
Dérivés de crédit et Calibration
de modèles structurels
Encadré par :
Mr.Yacin JERBI, Encadreur académique,
enseignant
chercheur en Mathématiques & Finance
Quantitative,FSEGS.
Mr.Mohamed Raouf JEMAA, Directeur octroi des
crédits
au PME : pôle Risque,
Direction Centrale Analyse Risques.
L'Union Internationale de Banques(UIB) Tunis, groupe
SOCIETE GENERALE
Soutenu le 01 Juin 2011, devant le jury
composé :
Noms et prénoms Fonctions /
Entreprise
Pr. Mr JERIBI Aref Président
Enseignant-chercheur/FSS
Pr. Mr. MASMOUDI Afif Examinateur
Enseignant-chercheur/FSS
Pr. Mr. DABBECH Mohamed Membre Chef d'agence/Axis
Bourse
Pr. Mr. JERBI Yacin Encadreur
Enseignant-chercheur/FSEGS
Laboratoire : Probabilités et
statistiques (Code ED : ED08FSSf01/ LR : 00/UR/15-02)
Département : Mathématiques
Ce rapport est préparé après un stage de
fin d'études au sein de L'Union Internationale de Banques(UIB), groupe
SOCIETE GENERALE de Tunis et plus précisément au Pôle
Risques : Direction Centrale Analyse Risques ; Direction Analyse et Octroi des
Crédits aux Particuliers, Professionnels, TPE et Associations (au Berge
du lac-Tunis) et aussi au sein du Pôle Commercial : l'agence MISR
(à la Fayette).
Je tiens à remercier mon maitre de stage Mr. Raouf
JEMAA(Directeur octroi des crédits au PME) , Mr .Hichem RBAI (Directeur
du pole Risque) et Madame Raoudha ESSID (Directeur département des
crédits) pour ses aides et ses conseils.
Je remercie aussi Madame Houda ELGHRIBI, chef de l'agence
MISR, pour l'intérêt qu'elle a montré à
l'égard de mon travail.
Je remercie également mon encadreur académique
Mr .Yacin JERBI qui m'a guidé et répondu à l'ensemble de
mes questions. J'ai particulièrement apprécié sa rigueur
en matière de rédaction et la qualité de ses
relectures.
Ensuite, je remercie également Mr Aref JERIBI le
président du jury de ce mémoire.
J'adresse également mes remerciements à Mr Afif
MASMOUDI le coordinateur du Mastère `Assurance et Mathématiques
pour la finance ', pour sa grande disponibilité et ses précieux
conseils et je suis très honoré qu'il soit examinateur sur mon
mémoire.
Je suis également très heureux que Mr Mohamed
DABBECH, chef d'agence /Axis Bourse, aient bien voulu être membre du
jury.
Je tiens également ici à exprimer ma gratitude
envers Mr le professeur Abdelhamid HASSAIRI, responsable du Laboratoire de
Recherche `Probabilités et Statistique' (et à travers lui
plusieurs de mes professeurs de mathématiques) qui à un moment
charnière a, par son enseignement, développé et
renforcé mon attrait pour les mathématiques.
Je souhaite enfin remercier mon entourage, qui de près
ou de loin, a su m'apporter sa confiance et son soutien.
JELLALI Mohamed Neji
SOMMAIRE
Remerciement
INTRODUCTION 5
Chapitre 1 Présentation des produits
dérivés 10
1.1Introduction aux marchés financiers
10
1.2 Titres de base et produits dérivés
10
1.2.1Titres de base 10
1.2.2 Les contrats à terme 11
1.3 Caractéristiques financières des
contrats d'options 12
1.3.1 Les options négociables 12
1.3.2 Les options de gré à gré
15
1.3.3 Utilité des produits
dérivés 15
Chapitre2 Outils et concepts de base pour
modéliser le risque de
crédit 16
2.1 Zoologie des risques 16
2.2 Enjeux 17
2.3 Modèles du risque de crédit
18
Chapitre 3 Produits dérivés de
crédit 20
3.1 Le marché des produits
dérivés de crédit 20
3.2 Les obligations risquées 23
3.3 Credit default swap (CDS) 23
3.3 .1 Description du produit 23
3.3 .2 Evaluation de la marge d'un CDS 24
3.3 .2 .1 Exemple. (Pricing d'un CDS)
25
3.4 Collateralized Debt Obligations 27
3.4 .1 Titrisation 27
Chapitre 4 Les modèles structurels
29
4.1.2 Les obligations risquées 30
4.1.3 La modélisation du défaut d'une
entreprise 34
4.1.4 La Différence entre actions et
obligations 35
4.2 Modèle de Merton : présentation du
modèle de base 35
4.2.1 Produits dérivés sur la valeur des
actifs de la firme 36
4.2.2 Probabilités de défaut et Loss
Given Default 37
4.2.3 Distance-to-default 38
4.2.4 Levier d'endettement 39
4.2.5 Spread implicite 39
4.2.6 Une première implémentation du
modèle de Merton 40
4.2.7 Spread implicite et smile de volatilité
41
4.2.8Limites du modèle et extensions
44
4.3 Modèles de premier instant de passage
44
4.3.1 Préliminaires mathématiques
45
4.3.2 Lemme 45
4.3.3 Proposition 45
4.4 Modèle Credit Grade 46
4.4.1 Description du modèle 46
4.4.2 Probabilité de défaut et spread de
crédit 47
4.4.3 Calibration du modèle sur les
données de marche 48
Chapitre 5 Les modèles structurels en pratique
(Exemples de modèles) 50
5.1 Exemples de modèles 50
5.1 .1 Modèles KMV (Kealhofer, McQuown et
Vasicek) de Moody's 50
5.1 .2 Forces et Faiblesses 52
5.1 .2 CreditMetrics de JPMorgan
53
5.1 .2.1 Principe du modèle : portefeuille à
une
obligation 53
5.1 .2.2 Principe du modèle : portefeuille
à deux obligations 59
5.1 .2.2 .1Exemple de Portefeuille de 2 titres BBB et
A 63
5.1 .2.3 Principe du modèle : portefeuille à
plusieurs
obligations 64
5.1 .2.3.1 Forces et Faiblesses 66
Chapitre 6 CONCLUSION : 67
6.1 L'amélioration théorique de ces
modèles 68
6.2 Etude empirique 69
6.3 RESULTATS ATTENDUS 70
ANNEXE 1 Lemme d'Itô 71
ANNEXE 2 Equation de Black & Scholes
(modèle standard) 73
ANNEXE 3 Démonstration du Lemme 4.3.2
76
Bibliographie 79
Introduction
Le mémoire que je présente se
décompose en trois parties assez distinctes, mais qui ont tout attrait
à la modélisation stochastique du risque de crédit en
finance.
Objectif
· Découvrir les grands domaines de la
modélisation du risque de crédit. ·Présenter les
principaux dérivés de crédit (CDS et CDO). Nous y
décrivons leurs payoffs et donnons quelques indications sur leur
intérêt financier.
· Comprendre l'approche structurelle en pratique
pour modéliser le risque de crédit.
· Savoir utiliser et calibrer les modèles de
risque de crédit sur des portefeuilles de créances.
Partie 1
Le premier volet de ce présent travail est un
chapitre introductif aux produits dérivés en finance, nous
faisons une introduction aux marchés financiers, les titres de base des
produits dérivés, ainsi que les caractéristiques
financières et les stratégies des contrats d'options .
Dans cette première partie de ce mémoire et
dans le chapitre 2 nous passons à présenter quelques outils et
concepts qui peuvent servir de base à la modélisation du risque
de crédit ; ils sont plus spécifiquement orientés vers la
valorisation des produits dont la valeur dépend du risque de
crédit auquel il est exposé. Dans ce chapitre et après
avoir rappelé quels sont les principaux risques auxquels sont
confrontées les institutions financières, nous expliquons quels
sont les enjeux de la modélisation du risque de crédit.
Le marché du risque de crédit est depuis une
dizaine année en pleine expansion. Ce marché a pour objet
d'échanger des produits financiers qui sont essentiellement des
protections contre le risque de défaut d'une ou de plusieurs
entreprises. On attribue souvent le développement récent de ce
marché à la prise de conscience qu'a constitué la crise
asiatique à la fin des années 1990, puis aux faillites
retentissantes de la société ENRON ou de l'Etat d'Argentine en
2001. En Europe, la faillite en décembre 2003 de Parmalat a
également fait couler beaucoup d'encre. Cela étant, si
l'apparition de produits liquides traitant du risque de faillite est
récente, les faillites et le problème de recouvrement de la dette
existent eux depuis bien longtemps. On peut donc légitimement se
demander pourquoi ce type de marché traitant du
risque de défaut n'est pas apparu plus tôt. Nous ne nous
étendrons bien évidemment pas sur cette question
Introduction
qui sort du cadre d'une thèse de
mathématiques financières. Cependant, il est certain que les
idées de Black, Merton et Scholes (1973) qui ont permis de voir un
marche financier comme une source d'information et un moyen de se couvrir du
risque sous-jacent au marche ne sont pas étrangères à
l'émergence de nouveaux marches, et pas seulement celui du risque de
crédit. Le temps qui s'est
écoulé entre ces travaux et
l'émergence des dérivés de crédit peut s'expliquer
au moins par deux raisons. D'une part il a fallu le temps nécessaire
à la diffusion et l'acceptation de ces idées au sein des acteurs
du marché. D'autre part, la spécificité des produits
dérivés de crédit, avec notamment leur profil de paiement
" tout ou rien", a certainement retardé leur
développement.
Ainsi, nous commencerons par présenter dans le
chapitre 3 de manière précise ce marche du risque de
crédit en donnant la définition des principaux produits qui sont
traités aujourd'hui.
On en distingue deux grandes classes. Tout d'abord, les
produits traitant du défaut d'une seule entité (single-name). Le
plus répandu est le Crédit Default Swap qui est une protection
contre le défaut d'une entité. Dans ce chapitre nous citons un
exemple de fonctionnement d'un CDS qui constitue le produit à la vanille
de ce marché et nous décrivons les caractéristiques du
Crédit Default Swap (CDS).
Ensuite on passe à présenter les principaux
dérivés de crédit. Nous y décrivons leurs payoffs
et donnons quelques indications sur leur intérêt
financier.
En revanche, ces produits ne permettent pas de se couvrir
contre le risque de plusieurs faillites en cascades. Pourtant, il est
fréquent que la faillite d'une grande entreprise entraine la faillite
d'autres entreprises.
Pour citer un exemple, ENRON a entrainé dans sa
chute le cabinet d'audit Arthur Andersen. Ce phénomène
d'entrainement a certainement atteint son paroxysme durant la crise de 1929. Ce
type de risque, appelé risque de contagion est en un certain sens plus
dangereux car il a un impact financier plus grand pour les banques, mais
également un impact économique et social pour les états.
C'est afin de limiter ce risque que des règles plus contraignantes sur
la gestion du risque de crédit ont été fixées lors
des accords de Bâle I et II. Pour traiter ce risque de dépendance
entre les différents défauts, plusieurs
Introduction
types de produits sont apparus, mais les plus
répandus aujourd'hui sont certainement les tranches de CDO
(Collateralized Debt Obligation) appelés aussi simplement CDO et dans ce
chapitre nous expliquons le fonctionnement de ces tranches.
Il est donc crucial de remarquer comment les CDS sont donc
à la base de produits exotiques plus complexes, et sont utilisés
à la fois en tant que produits de couverture (diversification du risque,
couverture d'un risque en préservant la relation commerciale,
réduction du risque de concentration, transfert du
risque de crédit (balance sheet CDO),...), et
d'investissement (long d'un risque de crédit à l'aide d'un
instrument hors-bilan, effets de levier, création de position de
crédit synthétique (CDO synthétiques),...).
Partie 2
Dans cette deuxième partie on s'intéresse
aux modèles structurels qui sont les plus utilisés par les
praticiens du marché.
Nous regardons quelques modèles structurels dont le
principe est d'expliquer le défaut d'une entreprise à partir
d'autres variables économiques.
Par exemple, Merton lie le défaut d'une entreprise
à sa capacité à rembourser sa dette, et le modèle
de Black et Cox explique le temps de défaut d'une entreprise comme le
premier temps de passage en dessous d'un certain seuil de la valeur de cette
entreprise. Les modèles structurels sont aussi le point de vue
utilisé par les agences de rating. Les principales agences sont
Standard&Poor's, Moody's et Fitch. Elles fournissent
régulièrement des notes sur la qualité de crédit de
differentes entreprises ou collectivités publiques. La note d'une
entité est établie en fonction de nombreux critères (son
bilan, ses projets en cours,...). Elle est ainsi construite à partir
d'autres variables et est en ce sens structurel.
Le chapitre 4 est consacré aux modèles
structurels dont leur principe est d'expliquer le défaut d'une
entreprise à partir d'autres variables économiques ,on commence
par définir et présenter ce type de modèle et après
avoir présenter le modèle de base(Le modèle de Merton ou
le modèle de la firme (1974)) tel que l'introduit Merton dans son
article fondateur , nous expliquons
comment le modèle de Merton est une adaptation au
risque de crédit de modèle de Black-Scholes-Merton sur les
produits dérivés, et le pricing d'un call.
Introduction
Ensuite nous décrivons une méthode
d'implémentation présentée par Hull, Nelken et White (Hull
(J. C.), Nelken (I.), White (A.). Merton's Model, Credit Risk, and Volatility
Skews. Working Paper. University of Toronto (2003).)
Dans le chapitre 5 on s'intéresse à la
coté pratique de l'approche de Merton, vue que dans la pratique, les
outils de gestion du risque de crédit reposant sur cette approche sont
le modèle KMV de Moody's et la
méthode Credit Metric de JPMorgan entre autres,
on va présenter et décrire ces deux modèles en mettant en
vigueur les avantages et les limites de chaque modèle.
L'une des limites du modèle de Merton réside
dans le fait que le défaut de l'émetteur ne peut intervenir
qu'à la maturité de la dette, pour combler cette lacune on
s'installa dans des modèles appelés modèles de premier
instant de passage dans les quels l'instant de défaut est (un temps
d'arrêt) de la forme
ô = inf{t > 0 ; At < Bar(t)},
où Bar est une barrière qui peut être aléatoire et A
est une variable de type «valeur de la firme».
Après quelques préliminaires
mathématiques, nous présenterons un exemple de modèle de
premier instant de passage : le modèle Credit
Grade développé par JP Morgan.
Il est très important de noter que toute une autre
famille de modèles appelés modèles à
intensité de défaut ou encore modèles à forme
réduite cherchent à expliquer le défaut à partir
d'un processus exogène appelé intensité de défaut.
Ce processus décrit la probabilité instantanée qu'une
entreprise donnée a de faire faillite. L'objet est alors d'extraire
à partir des prix observés sur le marché du risque de
crédit cette probabilité telle qu'elle est perçue par le
marché.
Bien évidemment, cette probabilité est
influencée par les analyses structurelles puisque notamment les acteurs
du marché tiennent compte des notations des agences de rating.
Cependant, il peut y avoir quelques écarts entre la vision du
marché et celle des analyses financières. Un exemple
récent et très net de ce type d'écart a eu lieu sur le
marché action lors de " la bulle internet" où le marché a
anticipé des scénarios trop optimistes. En ce sens, on peut dire
que les modèles à intensité sont par nature plus proches
de l'opinion du marché tandis que les modèles structurels
cherchent à donner une explication économique du défaut
(endettement excessif, mauvais choix stratégiques...).
Partie 3
Enfin, la troisième partie est une conclusion qui
mette en exergue les points forts ainsi que les faiblesses des deux approches
structurelle et à formes réduite.
Les modèles structurels de la dette risquée
actuels ne parviennent pas à rendre compte convenablement de la
structure des spreads observés et de leur sensibilité à
certaines variables.
Pour discuter ce problématique et proposer quelques
raisonnement qui peuvent être utile pour combler ces faiblesse, on
s'intéresse dans cette conclusion d'une part à un
approfondissement théorique dans l'approche structurelle pour
modéliser le risque de crédit et d'autre part, à une
étude empirique visant à induire (à partir du
modèle élaboré) une estimation des primes de risque sur
action à partir des spreads de crédit observés.
Nous nous intéressons, dans cette conclusion, plus
à l'approche structurelle que celle à forme réduite, vue
qu'il est le plus utilisée en pratique sur le marché.
Chapitre 1
Présentation des produits
dérivés
1.1Introduction aux marchés financiers
Une révolution de grande ampleur a eu lieu depuis une
trentaine d'années sur les marchés financiers, suite a une
politique affirmée de dérégulation. Ce nouveau paysage
financier est né notamment des déséquilibres et des
incertitudes qui pèsent sur les relations économiques
internationales depuis le début des années 1970 (endettement des
pays en voie de développement, instabilité des taux de change).
Le développement de l'inflation et la grande volatilité des taux
d'intérêt ont perturbe les anticipations des investisseurs.
D'autre part, l'internationalisation des capitaux, les progrès
technologiques en informatique et communication ont modifié les
relations entre les différentes places financières : New-York,
Londres, Tokyo, etc. . . : il est maintenant possible à tout instant
d'intervenir sur tous les marchés.
En France, les réformes ont commencé à la
mi-1984 avec comme objectifs, le décloisonnement des marchés et
la création d'un unique marché des capitaux, la modernisation des
réseaux financiers. Un élément majeur de cette politique a
été la création de deux marchés financiers
très actifs, et avec de grandes liquidités, sur lesquels vont
être négociés de nouveaux instruments financiers :
- le MATIF ou Marché à Terme International
de France (1985) (d'abord nommé Marché à Terme des
Instruments Financiers) et actuellement membre d'Euronext.
- le MONEP ou Marché des Options
Négociables de Paris (1987).
1.2 Titres de base et produits dérivés
1.2.1Titres de base
L'activité financière se développe
travers un certain nombre d'instruments tels que la circulation de monnaie
exprimee dans differentes devises, les operations de prêts et d'emprunts
qui sont assorties de paiements d'intérêts dépendant de la
maturité des operations, et bien sur des actions émises par les
entreprises qui refletent leur capitalisation. Des indices ont
été créés (SP500, CAC 40..) afin de permettre aux
investisseurs étrangers d'avoir une information rapide sur le niveau
économique et le comportement des actions d'un pays.
La très grande variabilité de ces
paramètres ou de ces titres a conduit naturellement à une demande
de transfert des risques de la part d'un certain nombre d'intervenants, comme
les entreprises industrielles,
les compagnies d'assurance Les banques jouent
évidemment
Chapitre 1 Présentation des produits
dérivés
un rôle fondamental dans cette transformation, notamment
en proposant un certain nombre de produits financiers, qui seront
appelés produits dérivés. Elles peuvent d'ailleurs
utiliser elles-mêmes ces produits dans leur gestion pour compte
propre.
Ces produits "d'assurance" existent de fait depuis fort
longtemps, puisqu'on a trouvé la description de contrats a terme sur le
blé dans des textes de l'Antiquité. Il y avait aussi un
marché de contrats à terme sur les métaux très
actif à Amsterdam au 18 éme siècle. Mais l'existence de
marchés organisés (le premier est créé a Chicago en
1973) organises pour diminuer le risque de contrepartie sur des
opérations dénouées dans le futur, contribue à
faciliter l'accès par un grand nombre d'intervenants à ce genre
de produits. En France, le MATIF et le MONEP ouvrent entre les années
1985-1987.
Nous distinguerons les contrats à terme et les produits
optionnels, que nous retrouverons en
fonction de la nature du sous-jacent sur lequel ils sont
écrits dans différents marchés :
- Le marché des changes : achat/vente de devises
- le marché des matières premières :
métaux, pétrole, denrées agro-alimentaires...
- le marché des actions et des indices boursiers
- le marché des taux d'intérêt
1.2.2 Les contrats à terme
Une opération à terme est une opération
au comptant différée dans le temps : l'acheteur et le vendeur se
mettent d'accord sur les conditions d'un échange, qui s'effectuera
à une date future précisée par le contrat, dite la
maturité.
1. Les conditions de l''echange sont définitivement
fixées à la date où le contrat est noué, mais
l'échange d'argent n'a lieu qu' à maturité. Ces contrats
peuvent porter aussi bien sur des tonnes de pétrole, des instruments
financiers, ou tout autre bien dont la qualité ou la quantité
sont clairement spécifiées.
2. A la date d'échéance, il peut y avoir
livraison physique du sous-jacent, contre le paiement de la totalité de
la somme prévue dans le contrat. On parle de "physical settlement". Il
est aussi possible que les contreparties n'échangent que la
différence entre la valeur de marché du titre à
l'échéance et le cours garanti. On parle de "cash settlement".
3. Il y a un risque de voir la contrepartie avec laquelle on
a noué le contrat ne pas satisfaire à ses obligations. C'est le
risque de non-exécution ou de contre-partie. Son élimination a
conduit les marchés financiers à adopter des
règles de fonctionnement concernant ces contrats
légèrement différentes. On parle alors de contrat
futures.
4. Les contrats à terme sont symétriques, c'est
à dire qu'à priori chaque contrepartie a autant de
chances que l'autre de gagner ou de perdre de l'argent dans le futur.
5. Pour les intervenants, l'intérêt des contrats
à terme est de connaitre le cours d'une opération dans le futur.
Il s'agit dans ce cas d'une opération de couverture :
6. Toute opération dans le futur peut être mise
en place à des fins de spéculation. Un operateur qui anticipe
(contre le marché) un certain type de mouvement peut acheter un contrat
en espérant réaliser un gain.
7. Comme le souligne Aftalion et Poncet, ces marchés
jouent aussi un rôle important en terme de diffusion de l'information.
Les prix à terme reflètent en un certain sens
Chapitre 1 Présentation des produits
dérivés
les prévisions des participants du marché,
même si nous verrons que des arguments d'arbitrage les contraignent de
manière importante.
8. Un autre risque est présent en permanence sur les
marchés à terme : c'est le risque de liquidité. Un
intervenant qui voudrait échanger son contrat à une date
antérieure à l'échéance peut ne pas trouver
rapidement de contrepartie. Les marchés organisés ont
essayé de mettre en place des règles de fonctionnement qui
limitent à la fois le risque de contrepartie et de liquidité. Ces
risques restent importants dans les marchés de gré à
gré.
9. Les produits dérivés permettent aussi de
faire le lien entre différents marchés, (taux, change, actions)
de telle sorte que l'ensemble des prix disponibles forment un tout
cohérent. En effet, des combinaisons de plusieurs opérations sur
différents marchés peuvent permettre de gagner de l'argent
à coup sûr sans prendre aucun risque : On réalise ce qu'on
appelle un arbitrage.La présence de nombreux professionnels très
compétents dans les salles de marché aboutit par la loi de
l'offre et de la demande à des ajustements de prix qui réduisent
ces possibilités d'arbitrage. Nous verrons que cette "loi" des
marchés liquides est à la base de la modélisation
mathématique que nous présenterons dans les chapitres
suivants.
1.3 Caractéristiques financières des contrats
d'options
1.3.1 Les options négociables
Une option est un contrat qui permet à son
détenteur d'acheter ou de vendre une certaine quantité d'un bien
ou un actif à un cours convenu à l'avance, appelé prix
d'exercice (Strike), à (ou jusqu' à) une date
fixée, dite échéance de l'option.En contrepartie,
l'acheteur verse immédiatement au vendeur de l'option une prime qui est
le prix de l'option. Les options européennes sont les options
exercées seulement le jour de l'échéance, et les options
américaines celles qui peuvent être exercées à tout
moment avant leur échéance. Les options cotées sur le
marché à Paris sont américaines, mais les options de
gré à gré sont souvent européennes.
Chaque contrat porte sur un nombre fixé d'actifs
supports : 100 dans le cas des actions. Dans le cas du MONEP, il s'agit
essentiellement d'options sur actions, ou éventuellement sur le CAC 40,
qui est un indice reflétant le marché des actions en France. Dans
le cas du MATIF, les options portent sur les contrats à terme sur taux
PIBOR, ou sur le Notionnel, qui est un titre fictif de maturité dix ans,
versant des coupons de 10%.
Les options d'achat et de vente Les options
traitées sont essentiellement des options d'achat (call) ou de vente
(put). Chaque contrat porte sur un nombre fixé d'actifs supports (100
dans le cas des actions). Le prix fixé dans le contrat auquel
l'opération peut se faire s'appelle le prix d'exercice, ou strike.
Les opérations sur les options
Achat d'une option d'achat :
L'acheteur paye au vendeur une prime qui lui donne le droit
d'acheter à la date d'échéance de l'option, 100 actions
à un prix d'exercice convenu à l'avance. C'est le principe d'une
" promesse de vente". Ce droit n'est "exercé" que si les cours ont
monté et dépassé le prix d'exercice. Les risques sont
limités à la prime payée, et les gains dépendent de
l'écart entre le prix d'exercice et le cours à
l'échéance.
Chapitre 1 Présentation des produits
dérivés
Vente d'une option d'achat :
Le vendeur a l'obligation de livrer à
l'échéance 100 actions au prix convenu, si l'acheteur le demande,
c'est à dire exerce son droit. Son gain est constitué de la
prime. Il espère que les cours vont baisser pour ne pas avoir à
livrer. Les pertes peuvent être grandes en cas de hausse. Le vendeur est
en général un investisseur professionnel.
Achat d'une option de vente :
L'acheteur a le droit de vendre 100 actions à un prix
convenu. Les gains sont importants si les cours baissent ; la perte maximale
est égale à la prime.
Vente d'une option de vente :
Le vendeur à l'obligation d'acheter au détenteur
de l'option 100 actions au prix convenu si l'option est exercée. Il
espère que les cours vont monter pour ne pas avoir à les
acheter.
Straddel : Un straddel est une combinaison de
deux options d'achat et de vente.
Les paramètres des options
· La durée d'exercice
Dans les marchés organisés, trois
échéances sont cotées simultanément : 3, 6 et 9
mois sur les mois suivants : mars, juin, septembre, décembre. La
cotation cesse la veille de l'échéance, ce qui signifie que les
options sont négociables jusqu' à l'avant-dernier jour du mois
d'échéance.
Toutefois, sur le CAC 40 l'échéance des options
est mensuelle. Les pages financières des quotidiens donnent
simultanément en plus des cours, le nombre de contrats traités.
Les échéances les plus liquides sont traditionnellement les plus
proches.
· Le prix d'exercice
C'est le cours auquel l'option peut être
exercée. Trois prix d'exercice au minimum sont cotés sur chaque
action, et chacune des trois échéances. Ils respectent entre eux
des écarts standards. Les trois prix d'exercice sont fixés
à des cours proches de celui de l'action. Les options les plus liquides
sont les options à la monnaie, pour lesquelles le prix d'exercice est
proche de la valeur du cours. Les options dans la monnaie
sont des options pour lesquelles la valeur intrinsèque n'est pas nulle.
Les autres sont dites en dehors de la monnaie.
· Le prix d'exercice
C'est le cours auquel l'option peut être
exercée. Trois prix d'exercice au minimum sont cotés sur chaque
action, et chacune des trois échéances. Ils respectent entre eux
des écarts standards. Les trois prix d'exercice sont fixés
à des cours proches de celui de l'action. Les options les plus liquides
sont les options à la monnaie, pour lesquelles le prix d'exercice est
proche de la valeur du cours. Les options dans la monnaie
sont des options pour lesquelles la valeur intrinsèque n'est pas nulle.
Les autres sont dites en dehors de la monnaie.
· La prime
La prime est le prix du contrat payé par l'acheteur au
vendeur de l'option. Comme un contrat porte sur 100 actions support, l'acheteur
doit payer 100fois la prime. Elle fait l'objet de cotations et peut être
négociée : on peut acheter une option pour essayer de la
revendre plus chère, ou l'inverse. Le prix de l'option
évolue tout au long de sa durée de vie. Le prix de l'option est
décomposé en valeur intrinsèque et valeur temps.
· La valeur intrinsèque
C'est la différence positive ou nulle entre le cours
coté du titre support et le prix d'exercice.
Call Valeur intrinsèque= sup (Cours de l'action- Prix
d'exercice, 0) Put Valeur intrinsèque = sup (Prix d'exercice Cours de
l'action, 0)
· La valeur temps C'est la
différence entre le cours de l'option et sa valeur intrinsèque.
Elle est nulle à l'échéance pour une option
européenne.
Chapitre 1 Présentation des produits
dérivés
Les straddles :Un straddle est un
dérivé constitué d'un call et d'un put de même
paramètres. La figure 1.2 représente le payoff vis à vis
du vendeur. L'intérêt de traiter un straddle à la monnaie
plutôt qu'une option réside dans le fait que sa sensibilité
par rapport à une variation du sous-jacent est très faible
à la date de négociation du contrat. C'est un pur produit de
volatilité tant que le spot ne dérive pas. Si le spot S(t)
dérive trop loin de K, l'une des deux jambe du straddle fait encourir
des risques inutiles au vendeur pour un prix dérisoire. Il a donc
intérêt à la racheter. Le rôle des
marchés organisés d'options
Les marchés organisés contribuent par la grande
lisibilité des prix affichés, la garantie qu'ils offrent aux
intervenants en se substituant en cas de défaut de l'une des
contreparties, àmaintenir une grande liquidité sur les titres
négociés ou du moins sur certains d'entre eux les plus
traités. La contrepartie est une certaine rigidité dans les
produits fournis, qui sont de type standard. Ils sont le lieu
privilégié vers lequel se tournent les traders qui cherchent
à
couvrir des produits complexes à l'aide d'options
standards. Ils peuvent être perçus comme les supermarchés
de la finance.
Fig. 1.1: Profil de prix et valeur
intrinsèque.
Fig. 1.2: Payof d'un straddle vis a vis du
vendeur
Chapitre 1 Présentation des produits
dérivés
1.3.2 Les options de gré à gré
En dehors des marchés organisés, il existe un
grand nombre d'options négociées de gré à
gré, c'est à dire directement entre l'acheteur et le vendeur,
sans la garantie d'un marché, notamment sur les taux de change qui sont
les supports d'un très grand nombre d'options de tout prix d'exercice et
de toutes maturités. Les prix de telles options ne sont pas
affichés sur les écrans Reuter, et peuvent varier d'une banque
à l'autre. Toutefois, la grande liquidité de ces options et la
présence sur les marchés d'arbitrageurs qui essayent de tirer
profit de disparités sur les prix contribuent à rendre ces
différents prix convergents.
1.3.3 Utilité des produits dérivés
Comme nous l'avons vu, la principale utilité des
produits dérivés est de permettre de transférer les
risques financiers entre les différents agents économiques
rapidement. En particulier, certains agents, les banques notamment, sont
disposés à prendre des risques supplémentaires moyennant
un rendement accru de leurs opérations. Nous retrouverons tout au long
de ce mémoire cette idée que rendement et risque sont fortement
corrélés.
D'autre part, en transférant sur les banques les
risques financiers associés à leur activité industrielle,
les grandes entreprises n'ont plus qu' à gérer les risques
d'exploitation, qui sont leurs risque spécifiques. En particulier, elles
ont besoin d'immobiliser des réserves moins importantes de fonds
propres, dont la rentabilité devient ainsi plus importante.
Les produits dérivés ont conduit à une
plus grande spécialisation des investisseurs, qui peuvent se concentrer
sur des portions de marché qu'ils connaissent bien, par exemple dans le
secteur action. Par l'intermédiaire des produits dérivés,
il peut diversifier son risque en échangeant la performance du CAC
contre d'autres références en vigueur. Les produits
dérivés offrent un fort effet de levier, dans la mesure où
l'acheteur d'un dérivé ne risque de perdre au maximum que la
prime, c'est à dire le prix qu'il a payé.
Chapitre2
Outils et concepts de base pour
modéliser le risque de crédit
Lobjectif de ce chapitre est de présenter quelques outils
et concepts qui peuvent servir de base à la modélisation du
risque de crédit ; il est plus spécifiquement orienté vers
la valorisation des produits dont la valeur dépend du risque de
crédit auquel il est exposé. Les modèles et techniques
présentes peuvent néanmoins être utilises aussi bien pour
la mesure que
pour l'évaluation du risque de crédit (
autrement dit, ces techniques servent aussi bien sous la probabilité
historique que sous une probabilité risque-neutre).
Les avancées théoriques autour de la
modélisation du risque de crédit est l'un des facteurs qui ont
rendu possible l'essor d'un marché des produits dérivés de
crédit.
Le développement du marché des produits
dérivés de crédit, qui a atteint cette année un
encours total d'environ 2300 milliards de dollars, a révolutionné
en retour la gestion du risque de crédit ainsi que l'ingénierie
financière qui lui est liée. Les gestionnaires de portefeuille et
les investisseurs disposent désormais d'instruments financiers
permettant le transfert efficace du risque de crédit.
D'après Alan Greenspan, la diffusion (et donc la
mutualisation) des risques que génère ce marché des
produits dérivés de crédit augmenterait la
résistance de l'économie mondiale aux chocs systémiques
comme l'aurait prouvé son bon comportement face aux récentes
faillites d'Enron et de WorldCom.
Dans ce chapitre introductif et après avoir rappeler
quels sont les principaux risques auxquels sont confrontés les
institutions financières, nous expliquons quels sont les enjeux de la
modélisation du risque de crédit. Nous présentons alors,
brièvement, les deux grandes classes de modèles du risque de
crédit : les modèles structurels et les modèles à
forme réduite.
2.1 Zoologie des risques
On distingue traditionnellement quatre grands types de risques
financiers [1] :
1. Le risque de marché
Le risque de marché peut se définir comme le
risque de perte lié aux variations des conditions de marché
(prix, taux, taux de change, volatilités, etc...)
2. Le risque de crédit
Le risque de crédit est définir comme le risque
de perte lié à l'évolution de la qualité de la
signature d'un émetteur. On peut distinguer deux types de risque de
crédit: le risque de contrepartie et le risque de
référence. Pour un émetteur donné, ce risque peut
se matérialiser sous la forme :
-- du changement de sa note (upgrade ou
downgrade) telle celle émise par les grandes agences de
notations Moody's et Standard & Poor's,
-- d'une variation de son spread de crédit,
-- d'un événement de crédit (credit
event) tel le défaut de paiement ou la restructuration
de sa dette.
Ces trois risques sont, bien évidemment,
corrélés. Une augmentation brutale du niveau du spread
émetteur augmente la probabilité d'un événement de
crédit. De la même manière, un changement de notation
influe fortement sur la probabilité du défaut d'un
émetteur. Lorsque A entre en relation avec une contrepartie B via un
instrument financier, il peut être soumis au risque que B soit dans
l'impossibilité d'honorer ses engagements.
Par exemple, si A est en possession d'une obligation
émise par B, il court le risque qu'à maturité B ne puisse
lui rembourser le capital investi. On parle dans ce cas de risque de
contrepartie unilatéral puisque B n'est pas soumis au risque de
crédit de A.
Si A et B sont les deux contreparties d'un swap, ils sont tout
deux soumis au risque de contrepartie : on parle alors de risque de
contrepartie bilatéral.
Supposons maintenant que la qualité de la signature des
contreparties A et B soit de qualité infinie (de sorte que le risque de
contrepartie bilatéral soit nul). Les parties A et B peuvent entrer dans
un contrat qui fait intervenir le risque de crédit d'une
troisième contrepartie C( un credit swap dont le payoff
dépend de l'occurrence d'un événement de crédit est
un exemple de tel contrat).
Le risque de crédit associé à C est
appelé risque de référence. Nous verrons que le
but des produits dérivés de crédit est le transfert de ce
risque de référence.
La distinction entre ces risques n'est pas toujours
aisée : le risque de crédit lié à la variation des
spread de crédit default swap peut être considéré
comme un risque de marché. Les portefeuilles de produits
dérivés OTC sont, bien évidemment, soumis aux risques de
marché mais ils sont aussi exposés au risque de contrepartie.
3. Le risque de liquidité.
Il s'agit, pour une entreprise, du risque de ne pas pouvoir
mobiliser à un instant donné assez de liquidités pour
pouvoir faire face à ses engagements.
4. Le risque opérationnel.
Dans cette catégorie sont regroupés, par
exemple, les risques de fraude, d'erreurs des opérateurs, de pannes des
systèmes, etc...
2.2 Enjeux
Le risque de crédit peut être défini, en
première approximation, comme le risque de perte lié au
changement de la qualité de la signature d'une contrepartie. Toutes les
institutions
Chapitre 2 Outils et concepts de base pour modéliser le
risque de crédit
financières (ainsi que tout les acteurs du marché)
accumulent une grande quantité de risque de crédit: soit
directement par l'intermédiaire de leurs portefeuilles de
créances, soit indirectement sous la forme de risques de contrepartie
dans leurs portefeuilles d'actifs et de produits dérivés OTC.
L'enjeu que représente la modélisation de ce risque est donc
très important : il s'agit de pouvoir : -- mesurer le risque de
crédit contenu dans les portefeuilles,
-- évaluer les instruments financiers sensibles au
risque de crédit et, plus généralement, tout instrument
exposé à ce risque (risque de contrepartie), et ce à un
niveau agrégé. Il est, en effet, important de pouvoir
contrôler l'exposition au risque de crédit contrepartie par
contrepartie ainsi que l''evolution de cette exposition par secteurs
géographiques et industriels. De telles pratiques permettent, par
exemple, de réduire le risque de concentration.
La production de résultats quantitatifs robustes permet
alors à l'institution concernée
-- d'allouer à chaque centre de profit un capital
économique adéquat,
-- d''evaluer la performance des centres de profit au regard des
risques pris,
-- de fournir des informations fiables sur son
intégrité financière aux régulateurs, aux
investisseurs et aux agences de notation,
-- de diversifier et réduire le risque en imposant, par
exemple, des limites à l'exposition au risque de crédit par
contrepartie.
La mise en place de tels processus de gestion du risque
correspond à l'évolution de la réglementation prudentielle
et aux trois piliers du nouvel accord de Bale .
2.3 Modèles du risque de crédit
Dans cette section, nous exposons les approches classiques de la
modélisation du risque de défaut à partir de
l'étude du concept central d'obligation zéro-coupon
risquée (C'est-à-dire soumise au risque de défaut). Il
existe deux grandes familles de modèles d'évaluation de la dette
risquée : -- les modèles structurels,
-- les modèles à forme réduite.
Nous mentionnons aussi les modèles de
corrélation d'instants de défaut qui sont nécessaires
à l''evaluation des produits dérivés exotiques de
crédit ainsi que les modèles dit hybrides dont le but est de
permettre l''evaluation précise du risque de contrepartie des
portefeuilles de produits dérivés OTC.
Dans la suite, nous nous plaçons dans le cadre de
l''evaluation risque-neutre des actifs financiers :
nous supposons donnés un espace probabilisé
filtré sur lequel est défini le
processus des taux d'intérêt instantanés
(rt)t=0 et une probabilité risque-neutre P*.
Rappelons qu'alors la valeur des actifs contingent
(c'est-à-dire dont la valeur est contingente à l'évolution
des conditions de marché) est calculée comme l'espérance
sous cette probabilité de ses flux futurs actualisés au taux sans
risque. Une obligation zéro coupon (sans risque) est un actif qui paye 1
à sa maturité T.
La valeur B(t; T) de cet actif est :
Chapitre 2 Outils et concepts de base pour modéliser le
risque de crédit
Si le risque de contrepartie de l'émetteur du
zéro-coupon n'est pas nul, l'évaluation du zéro-coupon
doit tenir compte de la possibilité du défaut de celui-ci : deux
nouveaux risques entrent en jeu -- l'instant du défaut,
-- la perte en cas de défaut (Loss Given
Default).
La perte en cas de défaut s'exprime en termes d'un taux de
recouvrement #177; éventuellement
aléatoire et d'une hypothèse de recouvrement.
Noter que ces hypothèses de recouvrement, que nous présentons
maintenant, s'étendent immédiatement à d'autres actifs que
les zéro -coupons risqués. Nous notons D(t; T)
la valeur en t du zéro -coupon risqué de maturité
T et ô l'instant du défaut de l'émetteur de ce
titre.
L'hypothèse de recouvrement la plus courante
s'appelle fractional recovery of par value et consiste en le
recouvrement à l'instant du défaut d'une fraction #177;
du nominal du titre. Dans ce cas, on a
Si, en cas de défaut, la fraction recouvrée l'est
à maturité, on parle de fractional recovery of Treasury
value. Dans ce cas, on a
Une autre hypothèse classique dite fractional
recovery of market value suppose qu'à l'instant de défaut le
propriétaire du titre perçoit une portion #177; de la
valeur précédant immédiatement le défaut. Dans ce
cas
où D(ô-,T) (Si f est une fonction
à valeurs réelles, nous notons f (t-) la limite
lims?t;s<t f(s).) est la valeur avant défaut de
l'instrument considéré.
Chapitre 3
Produits dérivés de
crédit
|
Dans ce chapitre, nous présentons les principaux
dérivés de crédit. Nous y décrivons leurs
payoffs et donnons quelques indications sur leur intérêt
financier. Après un rapide état des lieux du marché des
dérivés de crédit, nous décrivons les
caractéristiques du Credit Default Swap (CDS), qui constitue le produit
à la vanille de ce marché.
Les CDS sont à la base de produits exotiques plus
complexes, et sont utilisés à la fois en tant que produits de
couverture (diversification du risque, couverture d'un risque en
préservant la relation commerciale, réduction du risque de
concentration, transfert du risque de crédit (balance sheet CDO),...),
et d'investissement (long d'un risque de crédit à l'aide d'un
instrument hors-bilan, effets de levier, création de position de
crédit synthétique (CDO synthétiques),...).
Enfin, nous présentons les produits de
corrélation les plus courants : les nth-to default, et les
Collateralized Debt Obligations(CDO).
Dans la suite, r désigne le taux sans risque,
B le processus :
Et ô l'instant de défaut d'une entreprise.
3.1 Le marché des produits dérivés de
crédit
Le marché des produits dérivés connait
une croissance exponentielle depuis le début des années 1990.
Pour fixer les idées, précisons tout de suite que le nominal
total des encours sur produits dérivés de crédit est de
2306 milliards de dollars (Risk Magazine 2003) en augmentation de plus de 50%
par rapport à l'année dernière. La standardisation des CDS
est devenue une réalité grâce aux nouvelles normes et
définitions mises en place par l'ISDA(International Swap &
Derivatives Association.).
Evolution du volume des dérivés de
crédit échangés dans le monde depuis 1997 (La Tribune
13/10/03).
L'année 2003 a été marquée par les
faits suivants :
Généralisation de l'utilisation des produits
synthétiques, accroissement de la liquidité sur les produits de
corrélation (cotation bid-ask de tranches synthétiques),
croissance du marché des credit default swaptions (credit option). Ils
restent, cependant, de nombreux problèmes à résoudre.
Citons, par exemple, le besoin de liquidité sur le court et le long
terme de la courbe de crédit qui se fait parfois sentir et les
méthodologies de calibration de taux de recouvrement qui demandent
à être améliorées. L'essentiel de l'encours se
répartit sur : les credit default swaps (73%) et les produits sur
paniers de crédit (22%), en particulier, les nth-to-default
swap à hauteur de 0.3% et toutes les transactions synthétiques
tels les CDO (Collateralized Debt Obligations) et les TDP (Tranche Default
Product). Le reste de l'encours est constitué de Credit Linked Notes, de
Total Rate of Return et de Spread Option.
|
Fig
|
3.1-Répartition des encours sur produits
dérivés de crédit.
|
Le marché vanilla (celui des credit default swaps) est
essentiellement concentré sur l'Amérique du nord et l'Europe. Le
point de plus grande liquidité est celui des CDS de maturité
comprise entre 4 et 6 ans sur des signatures investment grade.
Chapitre 3 Produits dérivés de
crédit
Cette répartition géographique est
intéressante compte tenu du fait qu'elle ne correspond pas à
celle des obligations (la proportion d'obligations européennes est
significativement plus faible).
La croissance de ce marché est en partie due à
la demande toujours plus forte de produits permettant de couvrir les positions
synthétiques (CDO).Les banques sont les principales utilisatrices de
produits dérivés de crédit. Ceci est dû à
leur utilisation massive des CDS pour couvrir leurs portefeuilles de
créances et leurs positions synthétique (Une position
synthétique est une position de crédit courte ou longue
(c'est-à-dire acheteuse ou vendeuse de protection) obtenue à
partir d'un portefeuille de CDS donc sans prêt effectif de capital).
L'activité de couverture engendrée par
l'émission de CDO synthétiques a, pour la première fois,
permis de satisfaire à la demande d'achat de protection provenant des
gestionnaires de portefeuille de créances.
Les principaux investisseurs dans les positions
synthétiques restent les compagnies d'assurance : elles
détiennent 65% des TDP et 81% des CDO de bilan (Ces produits sont
émis par les banques qui veulent couvrir le risque de crédit de
leur portefeuille de créances en vue de réduire leur charge en
capital économique.). Les hedge funds participent
désormais activement à ce marché : ils sont, par exemple,
régulièrement acheteurs de CDS pour leur activité
d'arbitrage d'obligations convertibles.
Fig 3.2-Répartition des utilisateurs de produits
dérivés de crédit.
Chapitre 3 Produits dérivés de
crédit
3.2 Les obligations risquées
Outre les prêts traditionnellement accordés aux
entreprises, une part importante du marché de la dette risquée
consiste en obligations émises par les entreprises et certains
états. Contrairement aux prêts, les obligations s'échangent
sur les marchés organisés et sont ainsi soumis au risque de
marché (risque de taux), au risque de crédit (risque de
contrepartie) et, dans une certaine mesure, au risque de liquidité. Le
rendement de ces obligations est, en général, supérieur au
rendement d'obligations identiques dont le risque de contrepartie est
considéré comme nul (par exemple, les obligations du
Trésor pour les pays de l'OCDE). La différence de rendement
ou spread est une prime demandée par le marché pour
prendre en charge les risques de contrepartie et de liquidité (En
pratique, il est difficile de modéliser le risque de liquidité.
On considère souvent, en première approximation, qu'il est pris
en compte dans le spread de crédit.)
inhérents à l'instrument. On distingue, pour un
émetteur donné, le spread calculé à partir
d'obligations à taux fixe de celui coté dans les obligations
à taux variables.
Noter que les obligations peuvent présenter des
caractéristiques particulières : elles peuvent être
rappelées par l'émetteur avant maturité (callable bond),
être convertible en actions (convertible bond).
3.3 Credit default swap (CDS) 3.3 .1 Description du
produit
Le crédit default swap (CDS) est le plus simple des
produits dérivés de crédit et doit être
considéré comme la brique de base (ou le sous-jacent) des
produits dérivés plus exotiques.
Le CDS permet le transfert de risque de crédit de
référence d'une entreprise C (entité de
référence) entre deux contrepartie A et B. Dans le contrat
standard, l'une des parties en question, disons A, achète une protection
contre le risque de perte en cas de défaut de l'entité de
référence C. Ce défaut est déclenché par un
événement de crédit formel spécifié dans le
contrat. Cet événement peut être la faillite de
l'entreprise, un défaut de paiement ou la restructuration de sa
dette.
La protection est valable jusqu'à la maturité du
swap. En échange de cette protection, l'acheteur A verse
périodiquement (en général, tous les 3 mois) au vendeur B
une prime et ce jusqu'au défaut de C ou jusqu'à maturité
du swap. La jambe du swap correspondante est appelé premium
leg.
Si le défaut intervient avant la maturité du
swap, le vendeur de protection effectue un paiement à l'acheteur de
protection. Ce paiement équivaut à la différence entre le
nominal de la dette couverte par le swap et le taux de recouvrement
observé à l'instant du défaut.
Ce paiement peut être effectué selon deux
modalités : physical settlement ou cash settlement.
Dans le premier cas, l'acheteur de protection A livre au vendeur
de protection B un nombre d'obligations émises par C correspondant au
nominal du swap et reçoit en retour le nominal du swap payé en
cash.
Chapitre 3 Produits dérivés de crédit
Dans le deuxième cas, un paiement en cash qui
correspond au pair moins le taux de recouvrement est effectué par le
vendeur de protection B vers l'acheteur de protection A. Ce taux de
recouvrement est calculé à partir de cotations obtenues quelques
temps après que le défaut se soit produit.
La prime (aussi appelé spread ou marge) qui
annule la valeur du CDS est dite à la monnaie (fair margin ou
fair spread ou simplement spread).
Fig. 3.3 - Un credit default swap : CDS
Soient T0 la date d'entrée dans le swap, T
sa maturité, T0 < T1 < ... < TN
= T, les dates de paiements, ä le taux de
recouvrement en cas de défaut et s la valeur de la marge. Le
payoff (payé en T) correspondant à la jambe fixe
s'écrit
.
Tandis que le payoff associé à la jambe variable
s'écrit
.
3.3 .2 Evaluation de la marge d'un CDS
Un raisonnement simple d'absence d'opportunité d'arbitrage
permet d'obtenir une première approximation du spread (fair margin) d'un
credit default swap. Nous notons C l'entité de référence.
Considérons les deux portefeuilles suivants :
P1 {long d'une obligation à taux variable
émise par C de spread U court d'une obligation à taux variable
sans risque}
P2 {court d'un crédit default swap sur C de spread
S}
Chapitre 3 Produits dérivés de
crédit
Nous supposons que toutes les obligations et le CDS
considérés ont même maturité, même dates de
tombée de coupon et même nominal. Nous supposons aussi que le
défaut ne peut intervenir qu'immédiatement après une
tombée de coupon.
Les cash-flows générés par le
portefeuille P1 sont décrits dans la figure 3.4.
Ils Correspondent à une position acheteuse de
protection sur un CDS de spread U. Les deux portefeuilles P1
et P2 étant à coût d'entrée nul, on a
nécessairement par absence d'opportunité d'arbitrage U =
S.
Ainsi, en première approximation, la fair margin d'un
CDS est égale au spread d'une obligation à taux variable (FRN =
floating rate note) de même maturité et ayant les mêmes
dates de tombée de coupons.
Remarque : L'égalité
précédente n'est pas toujours observée dans la pratique.
Ceci est du au fait que les hypothèses implicites à notre
raisonnement (telle l'absence de coût de transaction (spread bid-ask) sur
le marché du cash et des obligations à taux fixes) ne sont pas
toujours vérifiées.
Remarque. Ce genre de raisonnement n'est valide que pour
déterminer la marge à la monnaie d'un CDS. Pour déterminer
sa valeur en cours de vie (NPV = net present value) qui n'est plus
nécessairement égale à 0, il faut avoir recours à
un modèle.
3.3 .2 .1 Exemple. (Pricing d'un CDS.)
Nous considérons un CDS de maturité T.
Nous supposons que le taux de recouvrement en cas de défaut
ä, le taux d'intérêt sans risque r et le
taux de défaut A. > 0 sont constants. L'instant de
défaut
ô suit une loi exponentielle de paramètre A.
:
Chapitre 3 Produits dérivés de crédit
Fig 3.4-Synthèse d'un CDS.
On cherche à calculer la marge s* qui annule
la valeur du CDS à l'origine. En considérant que la prime est
payée jusqu'au défaut, et sans tenir compte du coupon couru, la
valeur de la jambe fixe s'écrit :
En supposant que le flux variable est payé à
l'instant d'occurrence du défaut, la valeur de la jambe variable est
:
Le fair spread s* est tel que
JF(s*) = JV soit S* = (1-ô)
ë, Cette égalité est connue sous le nom
d'égalité du triangle
Chapitre 3 Produits dérivés de
crédit
3.4 Collateralized Debt Obligations
Les Collateralized Debt Obligations ou CDO sont des produits
obligataires adossés à des dettes, résultant d'un
mécanisme relativement complexe d'ingénierie financière
appelé titrisation (securitization).
A partir d'un panier de titres de dette (de 50 à 10000
créances), l'émetteur synthétise des actifs obligataires.
Les CDO se distinguent selon la nature de la dette sous-jacente : s'il s'agit
de produits obligataires, on parle de «Collateralized Bond
Obligations» ou CBO. Dans le cas ou le panier est constitué
uniquement de titres de prêts, on parle de «Collateralized Loan
Obligations» ou CLO.
Bien entendu, dans le cas général, le panier est
mixte. Depuis sa création dans le milieu des années 1990, le
marché des CDO n'a cessé de se développer.
En 2000, il dépassait les 100 Milliards de dollars
d'émission. Nous présentons les enjeux du processus de
titrisation ainsi que ses mécanismes, puis les techniques
récentes liées à la génération
synthétique de tranches utilisées en trading de
corrélation.
3.4 .1 Titrisation
La titrisation est une technique de gestion de bilan
consistant à créer des produits obligataires à partir d'un
ensemble de créances par le truchement d'une entité juridique
particulière appelée Special Purpose Vehicle (SPV). Un
établissement financier possédant un ensemble de créances
ou de crédits auprès d'emprunteurs individuels ou institutionnels
peut ainsi choisir de les titriser. Pour ce faire, il crée un SPV
juridiquement indépendant, à qui il vend ses
créances. Cette étape est fondamentale, car elle lui permet,
d'une part, de transférer le risque de crédit au SPV, et d'autre
part de retirer les créances titrisées de son bilan. Enfin, le
SPV émet les CDO (voir figure 3. 5).
Les CDO émis comportent différentes tranches
d'investissement, chacune d'elle possédant une qualité de
crédite, et donc une notation différente :
- la tranche junior ou
equity supporte les premières pertes sur l'ensemble de
créances. Il s'agit donc d'un produit très risqué, payant
un spread très élevé à l'investisseur. Il s'agit
d'un produit purement spéculatif ;
- la tranche intermédiaire, dite mezzanine
supporte les pertes au delà de la tranche equity, c'est un
produit moyennement risqué, offrant un spread intéressant ;
- la tranche senior supporte les
pertes restantes, si elles ont lieu. Elle est la moins soumise au risque de
crédit, et offre donc un coupon faible.
Fig 3.5-Le mécanisme de Titrisation
Comme chacune de ces tranches porte sur un ensemble de
crédit, leur valorisation fait intervenir la corrélation entre
les défauts du panier. Il est à noter que l'établissement
financier peut parfois conserver une partie du risque de crédit, ce qui
améliore la notation des tranches. Alternativement, il peut aussi faire
appel à une compagnie d'assurance externe pour augmenter la
qualité du crédit. On parle alors de credit
enhancement.
L'intérêt de la titrisation est double : tout
d'abord, elle permet d''economiser des fonds propres et ainsi
d'améliorer leur rentabilité. En effet, étant donné
que les créances titrisées peuvent être sorties du bilan,
l'exigence de fonds propres sera moindre. De plus, la titrisation offre un
accès simple et économique au marché financier à
des entreprises de faible notation, qui devraient autrement se refinancer `a
des coûts prohibitifs. Elle permet l'assainissement de leur structure de
capital.
Chapitre 4
Les modèles structurels sont des modèles du
risque de crédit où une entreprise donnée est
considérée en cessation de paiement lorsque la valeur de ses
actifs ne suffit plus à faire face à sa dette. Dans cette
approche initiée par Merton (1974) ;la valeur de la dette est
évaluée à l'aide de la théorie des options :
l'action de l'entreprise et sa dette y apparaissent comme des produits
dérivés sur la valeur totale de ses actifs.
La popularité de ce modèle a permis la diffusion
des idées de Merton et a transformé en quelques décennies
la vision du risque de crédit. Le modèle développé
par Moody's KMV pour estimer les probabilités de défaut ou le
modèle Credit Grade de JP Morgan sont de parfaites
illustrations de cette tendance. Les modèles à la Merton»
sont toujours largement utilisés pour valoriser la dette risquée,
modéliser le spread de crédit, évaluer la
qualité d'une signature, établir des liens entre le risque
equity et le risque de crédit, etc.
Après avoir présenté le modèle de
base tel que l'introduit Merton dans son article fondateur, nous
décrivons, suivant Hull, Nelken et White, comment il peut être
implémenté. Nous étendons ensuite le modèle de
Merton dans la direction des modèles dits «de premier instant de
passage» et traitons l'exemple du modele Credit Grade de JP
Morgan. Les exemples retenus mettent en évidence le lien entre risque de
crédit et risque equity.
4.1 Modélisation du défaut d'une entreprise
:
4.1.1 Préteurs, emprunteurs, produits
Les marchés de la dette regroupent plusieurs types
d'intervenants :
. Les emprunteurs
. Les préteurs (investisseurs privés ou
institutionnels)
. Les agences de notation qui sont des organismes
indépendants dont le métier est d'attribuer une note
représentative du risque de crédit associé ua n'importe
quel type d'émission obligataire.
Les produits traités sur les marchés financiers
sont divers. Les plus simples et les plus anciens sont les obligations, qui
sont émises par des Etats (en France Obligation au Trésor (OAT),
emprunts russes, Government Bonds americains, etc...), des administrations
(Unedic en France qui a lancé en 2006 une opération de
titrisation de ses créances pour un montant de 1.5 Mds ), des villes
(Municipality bonds aux Etats-Unis), des grandes entreprises (France Telecom,
EDF, Sodexho) dont des banques (BNPP, Société
Générale, Crédit Agricole, etc ). Des produits
dérivés sont ensuite apparus : les CDS (Crédit Default
Swap) ou plus généralement les dérivés de
crédit classiques et enfin encore plus récemment des produits
plus complexes tels que les CDO (Collateralized Debt Obligations) ou
First-to-Default
Chapitre 4 Les modèles structurels
Notons enfin l'existence de produits dits hybrides tels que
les obligations convertibles qui permettent d'échanger de la dette
contre des actions.
Le marché de la dette représente un volume
important des échanges. Au premier trimestre 2005, 360 milliards d'Euros
d'obligations avaient été émis (en Europe) pour un total
de 805 milliards de dollars au niveau mondial. Par ailleurs, le montant de
produits structurés s'élevait à 67 milliards d'euros et
l'ensemble des prêts syndiqués ua 250 milliards de dollars. Enfin,
notons que le marché de la dette est en croissance soutenue depuis
plusieurs années, et notamment la standardisation des produits
structurés.
Figure 4.1.1: Croissance du marché de la dette
(source :J.P.Morgan) 4.1.2 Les obligations risquées
Reprenons notre exemple France Telecom. Aujourd'hui, en 2006,
France Telecom souhaite lever des fonds pour financer une acquisition
importante ou une avancée technologique. En raison de contraintes
fiscales, d'un cours boursier défavorable, France Telecom souhaite
Chapitre 4 Les modèles structurels
financer son opération via l'émission d'un
emprunt sur les marchés financiers sous la forme de bons aux porteurs.
L'intérêt proposé est de 6% et la maturité de
l'opération 4 ans.
France Telecom va se tourner vers une banque qui s'engage
à placer sur les marchés financiers les titres émis, au
prix de 100. Afin de parvenir à ce chiffre, la banque "testera" les
marchés et demandera-en conséquence à France Telecom
d'ajuster à la hausse ou à la baisse le taux
d'intérêt proposé (le coupon).
La banque garantira ensuite à France Telecom la vente
de tous les titres, s'engageant ainsi à prendre ceux qu'elle n'aura pas
placés. On dira alors que la banque est collée (risque de colle)
aux titres France Telecom.
Les titres sont émis au 1er septembre 2006. Un
échéancier est mis en place suivant lequel :
l Au 01.09.2006, FT perçoit 100
l aux 01.09.2007, ..., 01.09.2009, France Telecom verse le
coupon de 6 au porteur
l le 01.09.2010, France Telecom verse au porteur le dernier
coupon de 6 et rembourse le principal de 100.
Figure 4.1.2:Echéancier des paiements pendant la
durée de vie de l'obligation.
Chapitre 4 Les modèles structurels
Un porteur qui a acheté l'obligation France Telecom au
01.09.2006 peut la revendre sur le marché obligataire. Le prix
d'échange est fixé par le marché et on assiste à
une cotation de
l'obligation France Telecom aux cotés d'autres
obligations. Un exemple de cotation est le suivant :
Plusieurs informations sont rassemblées autour de la
cotation :
l nom de l'émetteur
l qualité de crédit de l'émetteur (rating
attribué par une agence de notation)
l maturité de l'obligation
l coupon
La cotation est un prix (en l'occurrence 111.93) auquel on
associe un taux, le taux actuariel. Le taux actuariel est le taux qui
égalise prix d'achat (la jambe fixe) et flux à venir (la jambe
variable).Il reflète la rémunération exigée pour le
risque pris (risque de taux et risque de non-remboursement), qui dépend
donc de la qualité de crédit de l'emprunteur (l'émetteur),
du coupon et de la maturité de l'obligation. Le taux de rendement
actuariel ñ est donc solution de
l'équation :
.
Figure 4.1.4:Comparaison des taux actuariels entre une
obligation sans risque (emprunt d'état (OAT)) et une
obligation risquée(Société
Générale)
Chapitre 4 Les modèles structurels
Figure 4.1.3: Le prix de l'obligation
- et le taux de rendement actuariel dépendent de la
qualité de l'emprunteur. Comparaison de taux de rendement actuariels
pour des maturités similaires.
La différence entre le taux de rendement actuariel et le
taux sans risque mesure le risque de crédit sous-jacent à
l'émetteur et supporté par le préteur.
Chapitre 4 Les modèles structurels
Un investisseur qui porte l'obligation quelques mois entre
deux versements de coupons doit être rémunéré pour
le risque porté bien qu'il ne puisse, en théorie, avoir droit
à aucun versement de coupon puisqu'il ne possède pas l'obligation
lors des versements de coupon. Aussi, le prix d'une obligation est-il
corrigé du coupon couru qui est simplement l'intérêt
linéaire (au taux du coupon) sur la période entre le dernier
versement coupon et aujourd'hui.
Le coupon couru est donc Coupon (Aujourd'hui-Dernière
date de paiement du coupon). Le prix coté de l'obligation est
généralement le prix pied de coupon (Clean Price), c'est à
dire le prix réel de l'obligation auquel on retranche le coupon couru.
En conséquence, le prix de l'obligation dans le temps ne subit pas de
sauts dus aux versements de coupons.
Certaines obligations vont être cotées
différemment. Il s'agit des obligations convertibles. Les obligations
convertibles sont des obligations normales auxquelles est ajoutée une
option de conversion en actions. Le nombre d'actions en lesquelles l'obligation
peut être convertie est spécifié à l'avance, ainsi
que les dates d'exercice de l'option. Cette option permet pour
l'émetteur de réduire le coût de la dette ainsi que les
cash-flows à verser. Ce type de produit est attractif lorsque les
marches actions sont très volatiles. Il justifie enfin
l'intérêt de modèles structurels permettant de
décrire dans une même dynamique actions et obligations.
4.1.3 La modélisation du défaut d'une
entreprise
Pour un investisseur dans la dette de l'entreprise, le
défaut est en général un événement soudain.
Il intervient lorsque l'entreprise ne peut plus faire face à ses
engagements, ce qui a inspiré l'approche structurelle dans la
modélisation du défaut d'une entreprise. L'approche structurelle
est une modélisation de l'actif et du passif de l'entreprise. Le
défaut est un événement qui survient lorsque la structure
du bilan ne permet plus à l'entreprise de tenir ses engagements.
Regardons le bilan d'une entreprise :
Chapitre 4 Les modèles structurels
L'entreprise, ou la firme, possède des actifs : ce sont
des machines, des locaux, ou, dans le cas d'une banque, des prêts
accordés. Ces actifs sont financés par les actionnaires et des
créanciers qui ont acheté les actions et les obligations
émises par l'entreprise.
4.1.4 La Différence entre actions et
obligations:
l flux de paiement : pour
les obligations, les paiements sont fixés contractuellement, et pour les
actions il n'y a pas de paiements fixes. Les actionnaires reçoivent le
solde des avoirs, après paiements de créanciers. C'est cela la
définition de l'action.
l Séniorité :
à liquidation de l'entreprise, on rembourse prioritairement les
créanciers, on rembourse les actionnaires en denier.
A la date t = 0, une entreprise est en besoin de
financements pour lancer son activité. Prenons quelques chiffres. Les
besoins en capitaux sont évalués ua 100 000 EUR, qui vont
être financés par des actionnaires et des créanciers.
Imaginons que les entrepreneurs apportent 200 000 EUR, il reste 800 000 EUR
à financer sous forme de créance. Les entrepreneurs pensent que
leur entreprise produira ses premiers résultats dans un an.
Ils empruntent donc aujourd'hui une somme S0 et
devront rembourser une somme ST à la date
T = 1 an. Dans un an, les actifs de l'entreprise auront
évolué (achat de brevets, vente de produits, acquisition et
amortissement de machines, etc.).
Soit l'entreprise peut rembourser, auquel cas elle verse
ST aux créanciers (éventuellement après avoir
vendu certaines activités, cf Vivendi Universal), et on retranche ST
de la valeur des actifs, les actionnaires (soit les entrepreneurs) pouvant
vendre le reste de l'entreprise pour un montant d'actifs égal a
AT - ST , soit l'entreprise ne peut rembourser la somme
ST ua ses créanciers, les actifs sont vendus, et le produit de
la vente est versé aux créanciers a concurrence de ST
.
On peut donc résumer les flux financiers a la date T
dans le tableau suivant :
4.2 Modèle de Merton : présentation du
modèle de base
Dans le modèle de Merton, l'action et la dette d'une
entreprise sont considérées comme des produits
dérivés sur sa valeur de marché peuvent donc être
évaluées dans le cadre de la théorie des options. Pour
pouvoir appliquer cette théorie, il nous faut faire l'hypothèse
de complétude suivante : il existe une classe d'actifs (comprenant le
cash) permettant de répliquer les futurs cash-flows de
l'entreprise. Cette hypothèse nous permet de justifier la valorisation
des actifs de l'entreprise par absence d'opportunité d'arbitrage.
Chapitre 4 Les modèles structurels
Soit par A la valeur totale des actifs de l'entreprise
(A est la valeur de marché de l'ensemble des futurs
cash-flows générés par l'activité de
l'entreprise) et nous supposons que ce processus satisfait à
l'équation différentielle stochastique suivante (mouvement
brownien géométrique) : dAt /At = p dt
+ o- dBt ; (p, o- > 0) où B
est un mouvement brownien unidimensionnel. Nous supposons aussi que les
propriétaires de cette entreprise ont choisi de structurer son capital
sous la forme d'actions (pure equity) et d'un unique
zéro-coupon de maturité T et de nominal L
(debt) (Cette hypothèse simplificatrice n'est que tr`es
rarement vérifiée. En pratique, la structure de capital d'une
firme est infiniment plus complexe et peut comprendre, par exemple, des
portions de
dette convertible en action).
Le bilan d'une telle entreprise est résumé dans le
tableau suivant :
Actif
|
Passif
|
Actifs At = Et + Dt
|
Equity Et Debt Dt
|
4.2.1 Produits dérivés sur la valeur des
actifs de la firme :
A maturite, si la valeur de l'entreprise est inferieure
à la somme L due aux detenteurs d'obligations (zero-coupon),
nous considerons que la firme fait defaut. Dans ce cas, elle passe aux mains
des détenteurs de sa dette qui ne recuperent qu'une portion AT/L
de leur capital initial. Ainsi, les detenteurs d'obligations
reçoivent min(AT ;L) à maturit'e tandis que les
actionnaires percoivent le reliquat (AT - L) +.
Fig. 4.2 - Valeurs liquidatives pour une entreprise de
dette 100.
Chapitre 4 Les modèles structurels
Notons Et et Dt les valeurs respectives en
t des actions et de la dette et B(t; T) la valeur en
t d'un zéro-coupon sans risque de maturité T.
D'après la théorie des options et en vertu de l'hypothèse
de complétude, les processus E et D peuvent
s'écrire sous la forme de l'espérance, sous la probabilité
risque neutre, de leur valeur finale actualisée.
Autrement dit, si nous avons
.
Posons Lt = B(t; T) L.
Appliquer la formule de Black & Scholes permet alors d'obtenir la formule
de Merton pour la valeur de la dette risquée :
(4.1) Dt = AtN(-d1) + LtN(d2)
|
Ou
Et
La valeur de la dette apparait comme celle d'un
zéro-coupon au taux sans risque de nominal L auquel on
retranche un put (appelé put-to-default) sur la valeur de la
firme de strike L et de maturité T. La valeur de
actions apparait, quant a elle, comme celle d'un call sur la valeur de la firme
de strike L et de maturité T.
4.2.2 Probabilités de défaut et Loss Given
Default
La formule (4.1) peut se réécrire
Où P* est la mesure martingale équivalente pour le
numéraire A, c'est-à-dire la probabilité
définie par
Chapitre 4 Les modèles structurels
Les probabilités de défaut conditionnelles
|
Sont données par les formules
|
, En utilisant ces notations, la formule de Merton
suivantes
devient
Où ät est le taux de recouvrement (Recovery
Rate) en cas de défaut défini par
Et ou
4.2.3 Distance-to-default
La probabilité de défaut s'interprète
naturellement comme une fonction de la distance-au-défaut
(distance-to-default) définie par
Xt = (lnAt -ln L)/ó=1/ó ln(At
/ L).
Plus précisément, si m* = (r
-o2/2) / o, on peut écrire que
Où
La distance au défaut est la distance entre la valeur
des actifs de la firme et le niveau L de la dette mesuré en
nombre d''ecarts-type. Il est facile de vérifier que X est un
mouvement brownien avec dérivé de drift m*.
Chapitre 4 Les modèles structurels
4.2.4 Levier d'endettement
Introduisons la variable lt
=Lt
/At appelée levier
d'endettement (leverage ratio) de l'entreprise. Ce ratio mesure le taux
d'endettement de la firme. Il permet de réinterpréter les
formules de Merton. Les formules de Merton peuvent ainsi s'exprimer sous la
forme
ET .
Les trois paramètres At, lt et ó sont des
paramètres-clefs de l'analyse du risque de crédit d'une
entreprise.
4.2.5 Spread implicite
Le spread de crédit S(t, T) peut se
définir comme la différence de rendement (yield) entre une dette
sans risque (par exemple une obligation du Trésor) et la dette
émise par une entreprise (corporate bond). Ainsi, si D(t,
T) désigne la valeur d'un zéro-coupon risqué, on a
Où
Etant donné un modèle, nous appellerons spread
implicite, le spread induit par ce modèle. Remarquons que dans le
cas du modèle de Merton.
Chapitre 4 Les modèles structurels
Le spread de crédit ne dépend ainsi que de la
variabilité (volatilité) des actifs de la firme, du levier
d'endettement et de la distance à la maturité.
Lorsquet? ?T,on observe le comportement suivant :
4.2.6 Une première implémentation du
modèle de Merton
La difficulté majeure de toute implémentation
d'un modèle financier est sa calibration: comment peut-on estimer de
manière fiable les paramètres apparaissant dans les formules
précédentes? En pratique, l'on peut estimer le paramètre
L en évaluant la dette de l'entreprise. Les paramètres
At et ó n'étant pas directement observables;
néanmoins, ils peuvent être estimés implicitement à
partir des
données de la volatilité (historique) óE
de l'action et de sa valeur spot Et. Rappelons que la valeur de
l'action est donnée par la formule
(4.2)
La formule d'Itô montre alors que Et est un
processus de volatilité
Chapitre 4 Les modèles structurels
Par suite, si l'on connait ót et
Et, on connaît, en principe, la valeur
des variables At et óA. Il suffit pour cela de résoudre
en At et ó le système suivant :
Et = AtN(d1) LtN(d2) óE(t) =(At / Et
)* N(d1)ó
La relation (4.3) n'ayant lieu qu'instantanément les
résultats obtenus par cette méthode risque d'être instables
.
4.2.7 Spread implicite et smile de volatilité
Nous preesentons maintenant une nouvelle meethode pour
implémenter le modele de Merton, d'apres Hull, Nelken et White .Il
s'agit d'utiliser l'information contenue dans le smile de volatilité
implicite pour calibrer le modèle de Merton et en particulier estimer le
spread implicite.
Cette implémentation permet de classer les emetteurs de
dette risquete selon la qualité de leur signature.
L'intérêt d'un tel classement est important : d'une part, il
permet de comparer le risque de crédit entre plusieurs firmes et d'autre
part, il peut servir de base à une estimation des probabilités de
defaut à horizon donné. Enfin, ce modèle permet de relier
risque equity et risque de crédit.
Dans le modèle de Merton, un put de maturité
ô < T et de strike K
apparaît comme une option composee sur la valeur de l'entreprise.
Ainsi, la valeur du put sur l'action est donnée par la formule suivante
:
Où M désigne la fonction de
répartition d'une gaussienne bivariée :
et A*ô représente la
valeur de la firme telle qu' à l'instant
ô, l'on ait
Chapitre 4 Les modèles structurels
Autrement dit, A*ô est la valeur en dessous de laquelle le
put sur l'action sera exercé. Notons í la volatilité
implicite du put et posons
Le paramètre ? est souvent
appelé moneyness de l'option (lorsque ? = 1, l'option
est à la monnaie du forward). Le paramètre á est
la moneyness du point de vue de la valeur de la firme. Par définition,
la volatilité implicite y du put est solution de
l'équation
Où
En utilisant alors l'équation
(4.4)
il vient
(5.5)
|
En
|
utilisant une nouvelle fois l'équation (4.4), nous
pouvons aussi écrire que
|
Chapitre 4 Les modèles structurels
Où
de sorte que (4.6)
Pour un jeu de paramètres (l0; ó;
T) du modèle de Merton et une maturité d'option ô
(< T), les équations (4.5) et (4.6) définissent
une relation implicite de la forme y = Fonction(?);qui conduit à un
smile de volatilité. Les propriétés de cette relation
peuvent se résumer en quelques faits stylisés :
(1) le spread de crédit est une fonction croissante de la
volatilité implicite ;
(2) la relation entre la pente (skew) du smile de
volatilité et le spread de crédit est plus complexe : pour des
spreads faibles, la pente est une fonction croissante du spread ; pour des
niveaux de spread plus élevés, la variation de la pente devient
négligeable ;
(3) enfin, la pente est une fonction croissante de la
volatilité implicite à la monnaie.
Ces résultats suggèrent une nouvelle
méthode pour implémenter le modèle de Merton :
étant données deux volatilités implicites et une valeur
pour T, on peut résoudre les équations (4.5) et (4.6)
pour obtenir l0 et ó. Cette implémentation
permet donc d'estimer directement le spread de crédit et la
probabilité risque-neutre de défaut à partir du smile de
volatilité tout en évitant le recours à la relation
instantanée (4.3).
Ces résultats peuvent ensuite être
utilisés comme un indicateur du risque de crédit. Les auteurs ont
testé cette approche en comparant le classement des spreads obtenus par
cette méthode avec les spreads du marche des CDS et ont montré
que ces classements sont proches. Cette méthode permet donc, par
exemple, d'étudier la qualité de la signature d'entreprises dont
le marché de CDS n'existe pas ou n'est pas très liquide.
Chapitre 4 Les modèles structurels
4.2.8Limites du modèle et extensions
La principale limitation du modèle de Merton est que
les spreads implicites court terme sont nécessairement proches de
zéro contrairement aux spreads réellement observés sur les
marchés de capitaux. Cette propriété du modèle est
liée à la continuité de la filtration brownienne (ou, de
manière équivalente, à la prévisibilité de
l'instant de défaut). Duffie et Lando expliquent cette apparente
contradiction par le fait que l'asymétrie d'information qui existe
entre les actionnaires et les détenteurs de la dette n'est pas prise en
compte par ce modèle. Ils ont montré [10] que si ces derniers
ne disposent que d'une information comptable partielle (ou
«bruitée») l'instant de défaut leur apparait comme
totalement inaccessible. Ces résultats permettent de justifier
l'utilisation des modèles à forme réduite dont nous
aborderons l'étude dans le prochain chapitre.
Le modèle de Merton peut être étendu dans
différentes directions : Nous verrons dans la section 4.3
consacrée aux modèles de premier instant de passage comment l'on
peut incorporer des défauts se produisant à un instant quelconque
de l'intervalle [0; T] ; Vasicek [11] propose un modèle de
Merton prenant en compte l''echelonnement de la dette ; Longstaff &
Schwartz [12] introduisent un modèle de Merton intégrant des taux
stochastiques.
Notons enfin que si l'on souhaite tenir compte des
imperfections de marché (telle l'incomplétude ou le
contrôle que peuvent exercer actionnaires et détenteurs de la
dette sur la conduite de l'entreprise), la théorie s'éloigne
sensiblement de la théorie des options. Sur ce sujet, l'on pourra se
référer à Leland [13].
4.3 Modèles de premier instant de passage
L'une des limites du modèle de Merton réside
dans le fait que le défaut de l'émetteur ne peut intervenir qu'
à la maturité de la dette. Dans les modèles de premier
instant de passage, au contraire, l'instant de défaut est (un temps
d'arrêt) de la forme ô = inf{t > 0 ; At
< Bar(t)} où Bar est une barrière qui
peut être aléatoire et A est une variable de type
«valeur de la firme». Dans les modèles de ce type, il est
possible de spécifier une grande variété
d'hypothèses de recouvrement en cas de défaut .
Apres quelques préliminaires mathématiques, nous
présenterons un exemple de modèle de premier instant de passage :
le modèle Credit Grade développé par JP
Morgan.
Chapitre 4 Les modèles structurels
4.3.1 Préliminaires mathématiques
Nous commençons ce paragraphe par un lemme bien connu de
la théorie des diffusions Dans la suite, Y désigne un
mouvement brownien avec dérive de sorte que
Yt = y0 + pt + óBt ;
(y0 > 0; p ? IR; ó > 0)
où B est un mouvement brownien unidimensionnel.
4.3.2 Lemme
Une preuve de ce lemme est donnée en Annexe
Considérons le temps d'arrêt v = inf{t
> 0 ; Yt < 0 }.Appliquer le lemme précédent
à Yy0 suffit à prouver :
4.3.3 Proposition La variable aléatoire ô est
distribué selon la loi gaussienne inverse. Plus
précisément,
où
Exemple. Nous considérons une entreprise dont la valeur
A est décrite comme dans le modèle de Merton et nous
supposons que l'instant de défaut de la firme se présente sous la
forme v = inf{t > 0 ; At < v } où v
est un réel inferieur `a A.
Dans ce cas, nous avons :
Ou
Chapitre 4 Les modèles structurels
4.4 Modèle Credit Grade
Dans ce paragraphe, nous présentons un modèle de
premier instant de passage développé par JP Morgan (Credit
Grade, voir [14]).
Nous avons choisi de présenter ce modèle car il
nous semble qu'il contient des intuitions puissantes sur ce que sont les
déterminants du risque de défaut et les liens qui existent entre
le risque de crédit et le risque equity.
4.4.1 Description du modèle
Nous supposons que la «valeur» V d'une
entreprise est décrite par un processus satisfaisant à l'EDS
dVt / Vt = ó dWt ;
(ó > 0);où W est un mouvement
brownien unidimensionnel et ó > 0 est la
volatilité de V.
Ici, V n'est pas réellement la valeur de la
firme mais plutôt un indice mesurant l'évolution temporelle de la
qualité du crédit de l'entreprise. Dans ce modèle, le
défaut est défini comme le premier instant ou V atteint
une barrière LD où
(1) D est le ratio debt-per-share,
(2) L est une grandeur aléatoire
représentant le taux de recouvrement moyen global en cas de
défaut.
La variable L est supposée log normale de moyenne
L et d'écart-type de sorte que LD =
LDexp (AZA
2/2 ) où
Z suit une loi normale centrée réduite.
La moyenne L et l'écart-type ë sont
estimés historiquement en utilisant des données de taux de
recouvrement telles celles fournies par Standard & Poor's. Dans [14], les
auteurs mentionnent les valeurs L = 0,5 et ë =
0,3 obtenues à partir des données de défaut de
300 entreprises américaines (hors institutions financières) entre
1987 et 1997.
Le ratio debt-per-share D est obtenu en divisant le
nominal de la dette globale par le nombre d'actions émises par
l'entreprise. Pour une valeur V0 donnée, l'instant ô
de défaut est donc
r = inf{t > 0 ; Vt <
LD}
et si l'on pose Xt = óWt -ëZ-
1/2ó 2 t-1/2ë2
Xt ~ N(-Y2 At 2, At ),o`u
At 2= ó 2 t +
ë2, cette formule peut se réécrire r
= inf{t > 0 ; Xt < ln (LD/V0) -
ë2}
Pour appliquer les formules présentées dans le
paragraphe précédent (afin d'obtenir une formule fermée
pour la structure par terme de probabilité de défaut), les
auteurs proposent de remplacer Xt avec un mouvement brownien Yt
de loi N(ìt; è2t),
où è2t = At2 =
ó 2t + ë2 et
ìt =-Y2 At 2, D'après
le lemme 4.3.2, l'on a
Chapitre 4 Les modèles structurels
et en posant y = ln(LD/V0)- ë2,
l'on obtient la formule :
Où
Remarque. L'introduction dans un
modèle structurel d'une barrière aléatoire implique que la
probabilité de défaut instantanée n'est plus nulle. Ceci
conduit à un spread court-terme non nul et permet de résoudre
l'un des problèmes inhérents aux modèles à la
Merton.
4.4.2 Probabilité de défaut et spread de
crédit
Dans ce paragraphe, nous désignons par spread de
crédit la valeur de la marge d'un Credit Default Swap qui annule sa
valeur au moment de l'entrée dans le swap. Autrement dit, le spread est
donné par la formule
Il faut bien prendre garde au fait que R est le taux
de recouvrement spécifique au titre couvert par le CDS et n'est donc pas
nécessairement égal à L qui est un taux de
recouvrement moyen global. Typiquement, le taux de recouvrement pour une
dette unsecured sera plus faible que L, alors que celui
lié à une dette secured sera plus grand que
L.
Remarque.
Si l'on note
p(t) = -1/t . ln
P(t);
le taux de défaut moyen et si l'on suppose que
(1) p(t) p constant,
(2) P(0) 1,
alors l'approximation suivante est justifiée
s(t) (1-R)p.
Chapitre 4 Les modèles structurels
4.4.3 Calibration du modèle sur les données
de marche
Nous cherchons maintenant à calibrer ce modèle
sur des données de marché observables(données equity).
Soient S et óS respectivement la valeur de l'action et
la volatilité de l'action de l'entreprise considérée. La
méthode proposée par JP Morgan consiste à examiner les
conditions aux bords à long terme sur une expression de type
distance-au-défaut pour les deux régimes extrêmes
§ prés du défaut c'est- à-dire
S--0,
§ loin de la barrière c'est-à-dire S
LD.
Soit donc ç la distance-au-défaut mesuré en
écart-type de V et définie par
Reprendre le raisonnement qui nous a conduit à la formule
4.3 permet d'exprimer la distance-au-défaut sous la forme :
(4.7)
Nous allons établir les conditions aux bords pour.
Prés du défaut (S--0), nous
Avons
En utilisant l''equation précédente et (4.7), on
montre que lorsque S--0
Lorsque S »LD, on suppose que S/V--1 (ce
qui est cohérent avec le comportement d'un modèle de Merton
standard). Par suite,
L'expression la plus simple pour qui satisfasse
simultanément à ces deux conditions aux bords est
En comparant l'équation précédente avec
(4.7) nous sommes conduits à
Chapitre 4 Les modèles structurels
V = S + LD ; et donc V0 =
S0 + LD:
Finalement, l'on obtient
ó= ó*S . {S*/(S* +
LD)}
pour une valeur de l'action égale à S et
sa volatilité (historique ou implicite) correspondante.
La formule suivante pour la probabilité (risque neutre) de
défaut ne fait plus intervenir que des variables observables
Où
Chapitre 5
Les modèles structurels en
pratique (Exemples de modèles):
5.1 Exemples de modèles :
Dans la pratique, les outils de gestion du risque de
crédit reposant sur cette approche sont le modèle KMV de Moody's
et la méthode CreditMetrics de JPMorgan entre autres.
5.1 .1 Modèles KMV (Kealhofer, McQuown et Vasicek)
de Moody's
KMV ont développé plusieurs modèles de
quantification du risque de crédit : Credit Monitor, Credit Edge et
Private Firm Model pour le risque de crédit individuel et Portfolio
Manager pour le risque de crédit des portefeuilles. Les produits
CreditMark pour le calcul de la valeur marked-to-market des instruments peu
liquides et CDO Analyser pour l'analyse des risques des Collateralised Debt
Obligations ont été développés par M-KMV suite
à l'acquisition de KMV Corporation par Moody's.
Les modèles KMV reposent sur la notion de "distance au
défaut" ("distance to default") qui est calculée en regard de la
barrière qui enclenche le défaut. Une fois la distance au
défaut calculée, elle est convertie en probabilité de
défaillance (appelée aussi "fréquence de défaut
espérée" ou "Expected Default Frequency" ou EDF).
La distance au défaut est définie de la
façon suivante :
oÙ VA correspond à la valeur de marché des
actifs de l'entreprise, óA la volatilité des actifs et X est le
point de défaut qui correspond à la somme de la dette à
long terme et de la moitié de la dette à court terme.
Plus la DD est grande, moins il y a de chance que l'entreprise
soit en défaut.
On suppose dans le modèle de Merton que l'entreprise a
émis des actions et des obligations en t = 0. A la date de
maturité T, les actionnaires reçoivent (VA - X) lorsque VA > X
et 0 lorsque VA ? X. En résumé, ils reçoivent max(VA - X,
0) en T. Cette situation s'apparente à
l'achat pour les actionnaires d'une option d'achat (ou call)
sur la valeur de marché des actifs de l'entreprise et dont le strike X
correspond à la valeur comptable de la dette. En supposant,
Chapitre 5 Les modèles structurels en pratique
comme le fait Merton, que VA évolue suivant un processus
de diffusion géométrique de la forme salivate :
dVA / VA = u dt + aA dWt , où Wt est le processus de
Wiener standard, la valeur boursière de l'entreprise est donnée
par (il s'agit du prix d'une option d'achat européenne fourni par Black
et Scholes (1973)) :
VE = VAN(d1) - exp(-rT )X N(d2), où N(.)
désigne la fonction de répartition de la loi normale avec :
KMV fait l'hypothèse d'une structure de capital
uniquement composée d'actions, de dettes à
court terme, de dettes à long terme de maturité
infinie (perpétuité)etdetitres convertibles.Dans la
réalité, la valeur de marché VA et la volatilité
des actifs aA ne sont pas observables.Elles seront déduites à
partir des valeurs des options VE. En supposant que VE = f(VA, aA,
X,c, r) et aE = g(VA, aA, X, c, r) où c désigne le
coupon payé sur la dette long terme et r le taux d'intérêt
sans risque et en appliquant le lemme d'Itô à ces 2 fonctions et
en arrangeant les termes, on obtient :
puisque la valeur VE est définie par VE = VA N(d1) - e-rT
X N(d2).
D'où :
Nous obtenons alors un système de 2 équations
à 2 inconnues VA et aA :
Chapitre 5 Les modèles structurels en pratique
Une fois les expressions de VA et óA
déterminées, nous pouvons en déduire la formulation
suivante de la distance au défaut :
A partir de la distance au défaut, on peut inférer
la probabilité de défaut de la façon suivante :
Dans la réalité, la probabilité de
défaut ne correspond pas à une loi normale. C'est pourquoi KMV
ont défini des tables basées sur des données historiques
qui associent aux différentes valeurs possibles de DD sur un horizon
donné une probabilité de défaut constatée
empiriquement (elles montrent combien de sociétés faisant
état d'un DD similaire ont effectivement fait défaut sur
l'horizon temporel considéré).
Pour le calcul du Credit Value-at-Risk ou CreditVaR
destinée à la constitution d'une réserve de capital pour
faire face aux pertes potentielles liées aux variations du portefeuille,
KMV se
basent sur la détermination de la grandeur
aléatoire L des pertes du portefeuille définie de la
manière suivante sur un horizon H :
L = VH/ND - VH, où VH/ND est la valeur du portefeuille
en H en l'absence de pertes et VH est la valeur de marché du
portefeuille en H. KMV montrent que la distribution de L peut être
approchée par une distribution normale inverse. La CreditVaR est alors
calculée à partir des quantiles de la distribution de L.
5.1 .2 Forces et Faiblesses
Forces :
? Le modèle relie les probabilités de défaut
aux informations du marché.
? Les débiteurs sont spécifiques. On peut les
distinguer par leur propre probabilité de défaut,
leur propre structure de capital et leurs propres actifs
(contrairement aux modèles de CreditMetrics
et de CreditRisk+).
? Contrairement à l'approche de Merton, le seuil de
défaut est défini de manière empirique
comme la somme de la dette financière à long terme
de la firme et de la moitié de sa dette
à court terme.
Faiblesses :
? L'hypothèse que la dette de la firme est
constituée d'obligations zéro-coupon et d'actions
n'est pas réaliste.
? Le prix des actifs est supposé suivre un mouvement
brownien géométrique.
Chapitre 5 Les modèles structurels en
pratique
Cette modélisation par un processus continu exclut donc
tout défaut non anticipé.
· Taux d'intérêt supposés constants
(hypothèse trop simpliste).
· La méthode est difficile à mettre en place
car elle nécessite de nombreux données en entrées qui sont
pour la plupart soit inobservables soit difficilement accessibles.
5.1 .2 CreditMetrics de JPMorgan
CreditMetrics, lancé en 1997 par la banque JPMorgan,
est un outil destiné à évaluer, pour un
portefeuille, ses variations de valeur provoquées,
d'une part, par les changements de la qualité de crédit de
l'émetteur des obligations (migration du crédit) et d'autre part,
par le défaut de la contrepartie. A la différence de l'approche
KMV, les probabilités de défauts sont données ici par les
agences de rating (notation externe) concernant les entreprises importantes et
par les méthodes de scoring et de mapping (notation interne) pour les
petites et moyennes entreprises.
CreditMetrics permet de calculer la CreditVaR. Il fait partie
des modèles structurels car, à l'instar du modèle KMV, il
repose sur le modèle de Merton (1974) pour définir les seuils de
migration du crédit.
Pour calculer la CreditVaR, la méthode repose sur
les 4 étapes suivantes :
· Détermination du risque isolé de chaque
actif du portefeuille (prise en compte d'un système de notation).
· Construction de la matrice des probabilités de
transition d'une notation à une autre (CreditMetrics utilise les
matrices fournies par les agences de rating : Standard & Poor's ou
Moody's).
· Valorisation des actifs du portefeuille selon les
scénarios de transition d'une notation à une autre.
· Calcul de la CreditVaR.
5.1 .2.1 Principe du modèle : portefeuille à
une obligation
Le système de notation pris en compte par CreditMetrics
est celui des agences de rating telles que Moody's ou Standard & Poor's.
Les émetteurs de titres (de créance) sont notés à
partird'une échelle allant de AAA à CCC (échelle de
Standard and Poor's) en fonction de leur solidité financière. Les
entreprises saines financièrement sont notées AAA tandis que les
plus mauvaises sont notées CCC.
Les agences de notation publient régulièrement
des informations relatives à l'évolution de lanotation des
émetteurs dans le temps. Ces informations sont regroupées dans
des tableaux qui indiquent, soit directement le taux de défaut
historique des émetteurs selon leur notation et sur un horizon
donné, soit les changements de notation au cours du temps. Les tableaux
décrivant l'évolution dans le temps de la notation d'un ensemble
d'émetteurs sont appelés "matrices de transition(1)".
La matrice annuelle de transition décrit le changement de
notation, sur un horizon d'un an, d'un ensemble d'émetteurs
Chapitre 5 Les modèles structurels en pratique
(1) La matrice de transition est à
interpréter avec soin car les probabilités de migration ont
été déterminées en regroupant plusieurs entreprises
entre elles et en mêlant plusieurs phases économiques entre elles
(par exemple pour la notation BBB, plusieurs types d'industrie au cours des
phases de récession et d'expansion de l'économie sont pris en
compte alors que l'on sait que la probabilité de défaut est
beaucoup plus élevée durant une phase de récession qu'au
cours d'une période de croissance et elle est aussi beaucoup plus forte
pour une PME que pour une grande entreprise).
Cette table s'analyse comme suit, en lisant par exemple la ligne
BBB du tableau ci-dessus :
La probabilité pour notre actif de notation initiale BBB
de rester BBB après une période d'un an est de 86,93 %, celle de
devenir B est de 1,17%, celle de faire défaut est de 0,18%.
on refait le même calcul avec les autres catégories
de rating et on utilisant le tableau précédent on obtient sur
Excel les résultats suivants:
Chapitre 5 Les modèles structurels en pratique
Les hypothèses du modèle sont :
? Absence de transition multiple:
Le nombre de transitions pour un horizon temporel donné
est au maximum de 1 transition.
? Stabilité de la matrice de transition au cours du
temps:
Au sein d'une classe de notation, deux entreprises dans des
secteurs différents ou dans des pays différents ont la même
probabilité de migrer d'une notation à une autre. Des travaux ont
montré que cette hypothèse n'était pas souvent vraie. Il a
été constaté une volatilité plus forte des
transitions de rating pour les banques que pour l'industrie.
? Matrice de transition de type Markov:
La probabilité de migrer d'une classe à une
autre au cours d'une période est indépendante de ce qui s'est
passé au cours des périodes passées (hypothèse
émise pour simplifier les calculs de la matrice de transition pour les
périodes postérieures : en effet, la matrice de transition
à 3 ans est obtenue en calculant A1 x A1 x A1 où A1 est la
matrice de transition à 1 an). Des études ont montré que
l'erreur d'approximation commise en procédant à des produits
matriciels successifs augmentait au cours du temps.
Pour le calcul de la CreditVaR, CreditMetrics détermine la
valeur actuelle de l'obligation en utilisant la courbe des taux zéro
coupon (lorsqu'il n'y a pas eu faillite de l'émetteur). Exemple : Calcul
de la valeur d'une obligation notée BBB
Tableau des taux forward(taux sans risque+prime de risque)
On considère un émetteur noté BBB qui
émet une obligation de 100 euros sur 4 ans avec un taux annuel de 6%.
Dans ce cas la valeur actuelle de l'obligation est donnée par
l'équation suivante :
Chapitre 5 Les modèles structurels en pratique
|
|
|
|
|
|
|
5,22322
|
86,81
|
|
|
|
5,21574
|
86,64
|
|
|
|
5,19341
|
86,15
|
|
|
|
5,14618
|
85,14
|
|
|
|
4,92812
|
80,06
|
|
|
|
4,75903
|
76,43
|
|
|
|
4,04663
|
63,83
|
|
5,791506
|
5,529246
|
|
|
5,788712
5,784805
|
5,523942
5,513357
|
|
|
5,763689
|
5,476547
|
|
|
5,68451
|
5,337964
|
|
|
5,657709
|
5,238674
|
|
|
5,194805
|
4,535284
|
|
|
|
|
|
|
Notation
|
|
Proba
|
|
AAA
|
|
0.02
|
|
Valeur act 108,64
107,53 102,01
98,09 83,61 Valeur
109,35
AA
0.33
109,1724
A
5.95
108,643
BBB
86.93
107,5309
BB
5.3
102,0064
B
1.17
98,08591
CCC
0.12
83,60547
D
0.18
51,13
Remarque :
109,35 = ? 5,79150579 5,529246123 5,223215445
86,80894
On détermine ainsi, toute les valeurs possibles du titre
BBB en fonction des ses migrations possibles vers d'autres notations
l'année suivante.
Lorsqu'il y a eu faillite de l'entreprise, la valeur du titre
est déterminée en utilisant le taux de récupération
moyens calculés par CreditMetrics sur des données historiques
(moyenne sur ce que récupèrent les créanciers lorsqu'une
entreprise tombe en faillite).
Les différentes valeurs du titre BBB en fonction des
migrations possibles sont données dans le tableau suivant :
Chapitre 5 Les modèles structurels en
pratique
Valeur d'un titre BBB
Ces résultats sont traités sur une feuille Excel
comme suivant :
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
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|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
categorie
|
AAA
|
AA
|
A
|
BBB
|
BB
|
B
|
CCC
|
|
|
|
AAA
|
90,81%
|
8,33%
|
0,68%
|
0,06%
|
0,12%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
??
|
|
AA
|
0,70%
|
90,65%
|
7,79%
|
0,64%
|
0,06%
|
0,14%
|
0,02%
|
0,00%
|
|
|
A
BBB
|
0,09%
2,27%
0,02%
0,33%
|
91,05%
5,95%
|
5,52%
0,74%
86,93%
5,30%
|
0,26%
1,17%
|
0,01%
0,06%
0,12%
0,18%
|
|
BB
|
0,02%
0,14%
|
0,67%
|
7,73%
80,53%
|
8,84%
|
1,00%
1,06%
|
|
B
|
0,00%
0,11%
|
0,24%
|
0,43%
6,48%
|
83,46%
|
4,08%
5,20%
|
|
CCC
|
0,22%
0,00%
|
0,22%
|
1,30%
2,38%
|
11,24%
|
64,85%
19,79%
|
|
DEFAULT categorie
|
0,00%
0,00%
Année 1
|
0,00% Année 2
|
0,00%
0,00% Année 3
5,25
|
0,00% Année 4
5,63
|
0,00%
100,00%
|
|
AAA
|
3,6
|
4,17
|
4,73
|
5,12
|
|
|
AA
|
3,65
|
4,22
|
4,78
|
|
|
|
A
|
3,72
|
4,32
|
4,93
|
|
|
|
BBB
|
4,1
|
4,67
|
|
|
|
|
BB
|
5,55
|
6,02
6,78
|
DEFAULT
5,17
5,32
7,27
B
6,05
7,02
8,03
8,52
CCC
15,5
15,02
14,03
13,52
Tableau des taux forward (taux sans risque +
prime de risque)
A partir du tableau des différentes valeurs de BBB selon
sa migration, on peut déduire la distribution des variations de prix de
l'obligation, comme le montre l'exemple suivant :
En s'aidant d'une feuille Excel, on obtient les résultats
suivants ;
Chapitre 5 Les modèles structurels en pratique
DISTRIBUTION OF THE BOND VALUES AND CHANGES IN VALUE OF BBB
BOND,IN 1 YEAR
year-end rating
pobability of state:p%
forward price:V($)
AAA
0.02
AA
0.33
A
5.95
BBB
86.93
BB
5.3
B
1.17
CCC
0.12
D
0.18
CreditMetrics de JPMorgan
Year-endthe end of a financial year or calendar year
change in value:Äv($)
1,8190561
1,641426998
1,112048194
0
-5,524558376
-9,445030719
-23,92547137
-56,4009439
On voit que la distribution n'est pas normale car non
symétrique. La distribution ci-dessus est
Chapitre 5 Les modèles structurels en
pratique
obtenue en mettant en abscisse les différentes valeurs
de variation du prix du titre (seul titre présent dans le portefeuille)
et en ordonnée, les probabilités de migration.
La CreditVaR à 1% (c'est-à-dire perte maximale
attendue pour une probabilité de 1%) ou en d'autres termes pour un
niveau de confiance de 99% est obtenue en prenant le premier percentile de la
distribution des variations de prix de l'obligation, soit CreditVaR =
-23,91.
On prend 1% de l'aire de la distribution ci-dessus en partant de
la gauche car les valeurs de variation du prix du titre sont rangées
dans un ordre ascendant (des nombres négatifs = pertes vers les nombres
positifs = gains).
5.1 .2.2 Principe du modèle : portefeuille à
deux obligations
Dans le cas de plusieurs actifs dans le portefeuille, la
migration des différents crédits est corrélée (les
valeurs des titres d'un même secteur d'activité ou d'une
même région géographique sont en principe fortement
corrélées). Il est alors nécessaire d'estimer ces
corrélations. Le problème est qu'il n'y a pas de bonnes
données observables. Par conséquent,
pour le calcul des corrélations entre migrations des
crédits, CreditMetrics utilise les corrélations entre les valeurs
des actifs des émetteurs des crédits qui sont approchées
par les
corrélations entre les prix des actions de ces
émetteurs (il est possible d'utiliser aussi les
obligations mais leur historique est moins important que celui
des actions).
Cependant, pour pouvoir dériver les corrélations
des migrations des crédits des corrélations des valeurs des
actifs, il faut disposer d'un modèle liant la qualité d'un
crédit à la valeur des actifs. Le modèle utilisé
est une extension du modèle de Merton (1974) qui incorpore les
migrations des crédits.
Dans le cadre de ce modèle, en considérant les
probabilités de migration d'une entité initialement notée
BB qui sont données par le tableau de Standard & Poor's suivant :
On suppose que le comportement du rendement d'un titre est
modélisé par : r = u+o€où €~>N(0,1). La
probabilité de défaut d'un émetteur du titre est
donnée par : Pr{défaut} = Pr{ r < ZDef } = Pr{ u+o€<
ZDef } = Pr{ o€< ZDef } si on suppose u= 0. D'où
Pr{défaut} = Pr{ € < ZDef /o} = cJ(ZDef /o) où cJ est la
fonction cumulative de la loi normale.
où 1-4(ZAA/o) désigne la
probabilité pour l'entité BB de passer à la notation AAA,
ZAA représentant le seuil à partir duquel l'entité BB
passe à AAA.
Chapitre 5 Les modèles structurels en pratique
Graphiquement, les données du tableau apparaissent de la
façon suivante (si on suppose que les rendements des actifs de
l'entité BB suivent une loi normale)
Sachant que Zdef = cb-1(1.06%).a = -2.30 a, nous obtenons la
valeur de chacun des seuils ZAAA, ZAA, ZA, ... en fonction de a qui correspond
à l'écart-type de la distribution normale des rendements des
actifs de l'entité BB :
Z BBB ZAA
On a P(Z B B G r = Z BBB, ZAA = r' = ZAAA) = f f
f(r,r',a,a') drdr'
Z B B ZA
Comme on a cb(Zdef /a)=1.06% alors on a Zdef /a = cb-1(1.06%)4
Zdef = a cb-1(1.06%)
On utilisant la fonction NORMSINV function
(normal standard inverse) d'un tableau Excell,on obtient Zdef
= a cb-1(1.06%)=-2,3044 a ; avec cb-1 : NORMSINV
De même, et toujours d'après le tableau
précédent on a aussi:
cb(ZCCC /a)- cb(Zdef /a)= 1% 4 cb(ZCCC /a)= cb(Zdef /a)+ 1%
4 ZCCC /a = cb-1 (cb(Zdef /a)+ 1%)
4 ZCCC = a cb-1 (cb(Zdef /a)+ 1%)
=a cb-1 (1.06% + 1%)
= a cb-1 (2.06%)
= -2,0415 a
On refait le même raisonnement de calcul pour
déterminer les autres seuils ZB, ZBB, ZBBB, ZA, ZAA et
on obtient le tableau suivant :
Chapitre 5 Les modèles structurels en pratique
|
|
|
|
|
ZCCC
|
2,04a
|
|
|
|
|
Zdef
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
VOCAB
|
|
|
|
|
EN
|
|
FR
|
|
|
|
|
|
|
|
|
thresholds
|
|
seuil
|
|
|
|
value
|
|
|
|
asset
|
|
|
according to
|
|
|
over
|
|
|
|
|
|
remains
|
|
|
Chapitre 5 Les modèles structurels en pratique
Supposons que nous ayons un second émetteur noté A
et dont les rendements des actifs
suivent une loi normale avec un paramètre a', nous
obtenons alors le tableau suivant (construit de la même façon que
pour BB) :
Disposant de ces deux tableaux d'informations pour les 2
entités notées BB et A, nous pouvons calculer les
probabilités de migration jointes de la façon suivante :
où r et r' représentent respectivement les
rendements des actifs de BB et de A et f(r,r',a,a') désigne la fonction
de densité jointe de la loi gaussienne qui dépend du coefficient
de corrélation p. La fonction de densité jointe de la loi
gaussienne des variables X et Y se
présente comme suit (la moyenne de X et Y est
supposée nulle) :
Chapitre 5 Les modèles structurels en
pratique
Pour ñ = 20%, on obtient la matrice de transition jointe
suivante qui tient compte de la corrélation des deux entités BB
et A :
Les colonnes "Total" représentent les probabilités
marginales pour les titres BB et A (somme des probabilités jointes de la
ligne ou de la colonne). Ces probabilités marginales correspondent aux
probabilités de migration de BB et de A prises individuellement.
Pour chacune des probabilités jointes, on calcule la
variation du portefeuille des 2 titres. Par exemple, pour la probabilité
jointe de 7.10% (BB passe à BBB et A reste A). La valeur du portefeuille
après migration est de VBBB + VA. La variation de la valeur du
portefeuille sera alors de : (VBBB + VA) - (VBB + VA).
5.1 .2.2 .1Exemple de Portefeuille de 2 titres BBB et A
:
1. Régression des rendements rt des titres sur
les indices sectoriels. Dans le cas de 3 titres et de 2 indices
sectoriels, on a :
Chapitre 5 Les modèles structurels en
pratique
A partir du tableau des probabilités jointes de migration
et du tableau des valeurs possibles du portefeuille, on peut déduire la
distribution des valeurs du portefeuille comme suit :
5.1 .2.3 Principe du modèle : portefeuille à
plusieurs obligations
Pour plus de 2 titres, il est plus compliqué de
calculer la probabilité jointe entre tous les titres
du portefeuille.CreditMetrics utilise alors les simulations de
Monte-Carlo et la décomposition de Cholesky pour générer
les trajectoires corrélées des titres et construire la
distribution des valeurs du portefeuille à un certain horizon.Pour
générer les trajectoires corrélées des variables
suivant la distribution normale N(ì,?) où ?
représente la matrice des variances-covariances, les étapes sont
les suivantes :
Chapitre 5 Les modèles structurels en
pratique
On obtient les valeurs estimées :
2. Calcul des variances et covariances entre 2 titres
i et j :
et
On obtient alors la matrice des variances-covariances Ó.
Les étapes 1 et 2 permettent de réduire les temps de calcul pour
obtenir la matrice Ó lorsque le nombre de titres est très
important.
3. Décomposition de Cholesky de la matrice
des variances-covariances Ó de la façon suivante
:
Ó = A
où A désigne la matrice triangulaire
inférieure et la transposé de la matrice A.
4. Simulation des variables Zi,t
~>N(0,1). Il y a autant de Zi,t qu'il y a de titres i à simuler.
5. Simulation des valeurs des variables corrélées
V ~>N(/1,Ó) à l'aide de
dV/ V = /1dt + A Z (processus de diffusion
géométrique) où
Chapitre 5 Les modèles structurels en pratique
5.1.2.3.1 Forces et Faiblesses : Force :
· Les deux aspects du risque de crédit (risque de
défaut et risque de dégradation de la qualité du
crédit) sont pris en compte.
Faiblesses :
· Les entreprises doivent être correctement
notées (sinon les matrices de transition ne valent rien). Les agences de
rating appliquent des cotes de crédit identiques à travers les
différentes industries ou pays.
· Les émetteurs ayant la même notation ont des
probabilités de défaut et des probabilités de migration
identiques. Une entreprise importante notée BB a par conséquent
les mêmes probabilités de défaut et de migration qu'une
société notée BB.
· Il y a une relation entre la conjoncture
économique et la probabilité de défaut. Il faudrait avoir
des matrices de transition associées à chaque cycle
économique.
· Les taux d'intérêts sont supposés
constants.
· La variabilité du prix des actifs d'une entreprise
est approchée par la variabilité des actions de l'entreprise. Or
il n'a pas été prouvé que les variations des actions
soient un bon proxy pour les variations des actifs de la firme. Le
modèle peut manquer de précision.
Chapitre 6
Les modèles structurels de la dette risquée
actuels ne parviennent pas à rendre compte convenablement de la
structure des spreads observés et de leur sensibilité à
certaines variables.
Pour discuter ce problématique et proposer quelques
raisonnement qui peuvent être utile pour combler ces faiblesse, on
s'intéresse dans cette conclusion d'une part a unapprofondissement
théorique dans l'approche structurelle pour modéliser le risque
de crédit et d'autre part, a une étude empirique visant à
induire (à partir du modèle élaboré) une estimation
des primes de risque sur action à partir des spreads de crédit
observés.
Les modèles d'évaluation de la dette
risquée, qui sont en même temps des modèles explicatifs du
niveau et de la structure des «spreads de crédit", et servent de
base à l'évaluation des produits dérivés de
crédit, ont fait l'objet d'une abondante littérature depuis le
début des années 70. A la suite de Duffie-Singleton (98), ces
modèles sont généralement rangés en deux
catégories :les
«modèles structurels» et les
«modèles sous forme réduite".
Dans les «modèles sous forme réduite", le
temps du défaut est défini de manière exogène
(cf. Jarrow Turnbull (95), Jarrow Lando Turnbull (97) et
Duffie Singleton (98)). Le principal
avantage de ces modèles est leur souplesse. Leurs
paramètres peuvent aisément être estimés à
partir de l'observation de la structure des spreads de crédit. Ces
modèles permettent aussi un pricing (évaluation du prix) des
titres dérivés de crédit compatible avec les prix
observés de la dette risquée. Cependant, ils sont très
pauvres sur le plan théorique et rompent le lien théorique entre
les variables économiques de base (valeur de l'entreprise, taux du
marché) et l'événement «défaut». En
effet, le prix de la dette risquée apparait exposé à deux
sortes de facteurs de risque :
1. le risque de défaut associé au risque de
marché, ou risque d'exploitation affectant la valeur de l'entreprise :
dans un modèle où le risque d'exploitation qui affecte la valeur
de l'entreprise est le seul facteur de risque, le risque de défaut n'est
qu'un sous produit de ce risque d'exploitation sous jacent.
2. le risque lié à l'évolution du taux
de marché.
Même dans les modèles, comme celui deMerton
(1974), où ce taux d'intérêt est supposé constant,
le prix de la dette risquée apparaît comme une fonction de ce taux
d'intérêt. Dans un modèleà deux
facteurs où le taux d'intérêt est
stochastique, la probabilité de défaut, sauf à
supposer l'indépendance des deux facteurs de risque, dépend en
principe du niveau du taux d'intérêt. En statique comparative il
devient possible de comparer la sensibilité au taux
d'intérêt du marché de la dette risquée à
celle d'une dette non risquée ayant la même chronique de coupons
nominaux.
CONCLUSION
En conclusion, les modèles sous forme réduite ne
fournissent aucune formule «a priori" du risque de taux de la dette
risquée contrairement aux modèles structurels. Les
«modèles structurels" ont pour variable d'état le plus
souvent la valeur de l'entreprise (ou son cash flow
d'exploitation), variable observable ou non selon les cas.
Elle est modélisée par un certain processus de diffusion. Le
«défaut» y est un évènement endogène qui
survient lorsque la valeur heurte une barrière absorbante elle
même exogène ou un seuil résultant d'un calcul
d'optimisation de l'actionnaire. L'avantage essentiel des modèles
structurels est en outre de permettre une évaluation
intégrée et cohérente des divers titres émis par
l'entreprise (exposés à des degrés divers aux deux
catégories de risque définies ci-dessus) qu'il s'agisse des
actions pour aller à la dette fortement sécurisée au moyen
de collatéraux (hypothèques ou garantie d'un tiers) ou
d'obligations convertibles ou encore de dettes risquées de premier ou de
deuxième rang.
Toutefois les modèles structurels ont
généralement du mal à rendre compte d'une manière
convenable de la structure des spreads de crédit observée et de
leur sensibilité à certaines variables(comme le taux
d'intérêt). Par exemple, ils ne rendent pas compte de la non
convergence vers 0 des spreads de crédit sur échéance
courte, même pour des entreprises peu endettées (La convergence du
spread vers zéro dans les modèles structurels tient à la
prédictibilité du défaut dans le cadre des
hypothèses standards voir Gieseke 2003).
6.1 L'amélioration théorique de ces
modèles
La prise en compte de la dynamique de la dette : un titre de
dette particulier émis par une entreprise ne peut être
valorisé indépendamment des autres titres d'emprunt émis
par la firme. C'est la totalité de la dette de l'entreprise qui
détermine son risque de défaut et qui influence donc la
valorisation de chaque titre de dette particulier quel que soit son rang de
priorité ou les garanties dont il est assorti. Le défaut est un
évènement qui affecte l'ensemble des dettes émises. Sa
survenance est déterminée par la totalité des engagements
contractés par la firme. Bien plus la valeur d'une dette
d'échéance T dépend en t < T non seulement des emprunts
déjà au bilan en t mais de tous les nouveaux emprunts qui
pourront être émis entre t et T et dont l'importance contribuera
à déterminer la probabilité de défaut de
l'entreprise durant l'intervalle.
Autrement dit, une dette risquée ne peut être
évaluée comme si elle était seule au bilan. Elle ne peut
l'être que dans le cadre d'une dynamique présumée de
l'endettement global de la firme. Retenir un niveau de dette constant quel que
soit t, revient à supposer que le taux d'endettement anticipé
décroît et conduit à réduire les spreads de
crédit à long terme relativement aux spreads de court terme. P.
Colin-Dufresne et R. S. Goldstein (2001), pour pallier cette difficulté,
supposent un ratio d'endettement maintenu stationnaire à long terme, par
un processus de retour à la moyenne (cf. processus de
Ornstein-Uhlenbeck). On obtient donc une forme plus satisfaisante de la courbe
par terme des spreads de crédit.
Nous nous proposons d'étudier l'influence de
l'introduction de nouveaux modèles stochastiques sur la dynamique de
l'endettement. En particulier, la prise en compte des emprunts
éventuellement émis entre t et T donne lieu à des
problèmes de calcul stochastique anticipatif ou de grossissement de
filtration.
CONCLUSION
L'endogénéisation du seuil de défaut : le
défaut de l'entreprise suppose réunies deux conditions. D'une
part la firme n'est pas en mesure de faire face à ses
échéances courantes et d'autre part ses actionnaires ne sont pas
disposés à lui fournir les fonds dont elle aurait besoin
pour survivre. Il y a donc toujours une décision des
actionnaires. Il convient ainsi, afin d'apprécier le risque de
défaut de la firme, de spécifier et de modéliser quel peut
être le comportement de ces derniers dans ce domaine.
La prise en compte d'asymétries d'informations sur le
seuil de défaut ou la valeur de l'entreprise (cf. Duffie et Lando
(2001)) parait en mesure de produire un spread qui ne tend pas vers zéro
lorsque la maturité devient très faible( l'asymétrie
d'information est un moyen de remettre en cause la prédictibilité
du défaut par les acteurs du marché). On s'attachera aussi
à modéliser les asymétries d'information des investisseurs
sur le seuil de défaillance. En effet, les écarts de signaux
détenus par les agents modifient leur niveau d'investissement et ont
ainsi une incidence sur la prime de risque et le spread de crédit.
La modélisation du processus de la valeur de
l'entreprise avec des sauts ou des mouvements browniens fractionnaires : le
projet est d'examiner si de tels modèles ne sont pas eux aussi propres
à rendre compte de la non convergence vers zéro des spreads de
crédits sur échéances
courtes, même pour des entreprises de très bon
rating (faible endettement). En effet,
la«prévisibilité» d'un brownien standard rend le non
défaut presque sûr pour des échéances très
rapprochées lorsque la firme (aux yeux de tous) est
éloignée du seuil de défaut.
6.2 Etude empirique
La modélisation structurelle établit un lien
entre le prix des actions et le prix de la dette risquée. Elle doit
permettre d'approcher de manière novatrice le problème de
l'évaluation de la prime de risque des actions (ou de la «prime de
risque du marché»). On peut identifier deux méthodes
standards d'estimation de cette prime de risque :
- les méthodes statistiques estimant la prime de
risque, avec des techniques plus ou moins sophistiquées, à partir
des excédents de rentabilité passées en posant des
hypothèses de stationnarité nécessaires ;
- les méthodes des analystes financiers (comme
«associés en finance» en France et divers
établissements financiers). Elles utilisent des prévisions de
dividendes et en induisent le taux de rendement interne de la chronique des
flux espérés diminuée du prix de l'action.
Ces approches sont peu satisfaisantes et donnent de
médiocres résultats de sorte que le niveau lui-même et les
fluctuations de la prime de risque sont, en fait, fort mal connus. Par
ailleurs, dans l'estimation d'un modèle structurel, certains
paramètres (le taux d'intérêt, la valeur de l'entreprise,
le taux d'endettement...) ne posent guère de problème
d'estimation.
En revanche d'autres paramètres ne sont pas directement
observables, tels la volatilité de la valeur de l'entreprise ó et
la prime de risque X associée à l'aléa affectant cette
valeur.
CONCLUSION
6.3 RESULTATS ATTENDUS
En conclusion, le développement de modèles
structurels d'évaluation de la dette risquée est un enjeu
essentiel pour les établissements financiers à la fois :
- dans leur gestion des risques de portefeuilles formés de
titres différents émis par une même entreprise,
- dans leurs stratégies d'arbitrage (au sens non
technique) entre les différents titres de l'entreprise, ce qui suppose
une bonne maîtrise des risques pris et une bonne compréhension des
corrélations entre les fluctuations de prix,
- dans le contrôle de leurs engagements vis-à-vis
d'une contrepartie.
ANNEXE 1
Le lemme d'Itô, ou encore
formule d'Itô est l'un des principaux résultats
de la théorie du calcul stochastique. Ce lemme offre un moyen de
manipuler le mouvement brownien ou les solutions d'équations
différentielles stochastiques (EDS).
Énoncé
Soit un processus d'Itô processus stochastique de
la forme
Autrement formulé, on a
avec et deux fonctions aléatoires satisfaisant quelques
hypothèses techniques d'adaptation au
processus (mouvement brownien).
Si est une fonction de classe alors la formule
d'Itô s'écrit
Un exemple : le modèle Black-Scholes
Le mouvement brownien géométrique est
souvent utilisé en finance comme le plus simple modèle
d'évolution de cours de bourse. Il s'agit de la solution de
l'équation différentielle stochastique :
où
? est le prix de l'action sous-jacente,
? (constant) est le taux de dérive jen)
du prix de l'action,
ANNEXE 1
? (constante) est la volatilité du prix de
l'action,
? est un mouvement brownien.
Si alors nous sommes face à une équation
différentielle ordinaire dont la solution est
En posant on obtient grâce à la formule
d'Itô :
On peut alors intégrer et il en découle que :
Applications
? La formule d'Itô est l'une des pierres angulaires du
calcul stochastique, et est utilisée dans de
très nombreux domaines: mathématiques
appliquées, physique, finance, biologie, Mécanique
quantique, traitement du signal, etc..
En calcul stochastique,
? Elle permet de faire le lien entre les solutions d'EDS et des
opérateurs différentiels du
second ordre, et donc entre la théorie des
probabilités et celle des équations aux
dérivées partielles.
? Elle permet d'affirmer l'existence de solutions d'EDS sous des
conditions (très) faibles de
régularité sur les coefficients.
ANNEXE 2
Equation de Black & Scholes (modèle
standard)
Nous allons étudier ici le modèle BS dans sa forme
simple avant l'apport de Robert Merton sur la volatilité
déterministe et les taux aléatoires.
Considérons un marché sans coût de
transaction où sont échangés 2 types d'actifs avec absence
de possibilité d'arbitrage: risqué et non risqué. La
cotation est réalisée en continue à un taux constant
r. Le spot du sous-jacent à l'émission est noté
S0 et son évolution est déterminée par un mouvement
brownien. On notera p la tendance ou dérive (i.e.
l'espérance de rentabilité du support sur son historique de
cours), ó la volatilité du sous-jacent (le paramètre de
diffusion) et Wt un mouvement brownien.
Cette équation est donc une équation
différentielle stochastique (EDS) qui régit un mouvement brownien
géométrique (MBG) St avec p et ó connues
et constants. On peut déduire la dérive du mouvement :
Car d'après le lemme d'Itô on obtient pour
ln(St) :
Ce qui nous permet d'écrire :
On retrouve donc bien le terme de dérive du mouvement. On
peut également montrer que ce MBG est log-normalement distribué
en rappelant que S0 ne peut être négatif car le cours d'une action
n'est jamais négatif en vertu de la responsabilité limité
de l'actionnaire:
St est donc log-normal et la solution de St s'écrit :
ANNEXE2
|
|
Définissons à présent la valeur ât de
l'actif sans risque en t.
|
On peut définir le rendement de l'actif
|
sans risque au taux constant r comme la
différentielle de ât : La solution de cette
équation est :
Introduisons à présent une option européenne
avec pour sous-jacent St. Notons qu'aucun dividende n'est versé.
L'intuition de F. Black et M. Scholes s'exprime par la recherche
dans les stratégies autofinançantes de celle(s) qui duplique(nt)
le call et dont la ou les valeur(s) s'exprime(nt) comme une fonction
déterministe de St et de t que l'on notera it(t, St). L'idée est
donc qu'il existe un portefeuille autofinancé composé du
sous-jacent et de l'actif sans risque dont la valeur en T est égale au
payoff ØT de l'option. On tente donc de trouver le processus itt qui
représente la valeur d'un portefeuille autofinançant et dont la
valeur en T est celle du payoff à dupliquer. L'expression it doit donc
être suffisamment régulière au sens d'Itô ;
i.e. la fonction it doit être 1 fois continûment
différentiable sur t et 2 fois continûment différentiable
sur St. Sous ces conditions, nous pouvons appliquer la formule d'Itô :
De notre 1ère équation
on déduit et on remplace :
On cherche à présent à respecter
l'égalité suivante ()
Afin que it(t, St) représente à tout instant t la
valeur d'un tel portefeuille. Remanions cette égalité :
ANNEXE2
On a ainsi obtenu l'équation aux
dérivées partielles de Black &
Scholes (EDP d'évaluation). A ce stade il reste à
vérifier que le portefeuille autofinançant synthétise
l'option :
Rappelons que nous sommes en absence de possibilité
d'arbitrage, ce qui implique que la valeur du portefeuille dupliquant est,
à chaque instant, égale à celle du titre dupliqué
:
Dans le cas où le payoff est égal à celui
- d'un call ( )
- ou d'un put ( ) ,la solution est donnée par la formule
de Black & Scholes : ,
Notons que N(u) fait référence à la
fonction de répartition de la loi normale centrée
réduite :
ANNEXE 3
Démonstration du Lemme 4.3.2
|
Dans cette partie, nous allons démontrer le
résultat suivant :
Posons
La démonstration revient à prouver le lemme suivant
: Lemme E.1
En
effet :
et donc
ANNEXE3
L'extension au cas général est alors
immédiate en écrivant :
La démonstration du lemme 4.3.2 repose sur le Principe
de réflexion dont nous rappelons l'énoncée :
Proposition E.2 (principe de réflexion) Parmi les
trajectoires browniennes qui atteignent le niveau y avant l'instant t, il y en
a autant en dessous de x qu'au dessus de 2y-x en t. Autrement dit
:
ce qui se réécrit de la façon suivante
:
Nous allons à présent prouver le lemme.
D'âpres le théorème de Girsanov il existe une
probabilité'e P 'équivalente à P définie par sa
densité de Radon-Nikodym
Telle que
Soit un -mouvement brownien, et une probabilité
équivalente à
définie par la densité
|
Telle que Wt = Xt + ìt soit un
e -mouvement brownien.
|
Soit x=y, on a
|
ANNEXE3
et d'âpres le principe de réflexion :
car W est un e -mouvement brownien. Ceci achève
la démonstration
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Université Paul Sabatier Toulouse,
Jean-Claude Gabillon, Groupe de Finance, ESC Toulouse,
Laurent Germain, Groupe de Finance, ESC Toulouse,
Monique Pontier, Laboratoire de Probabilités-Statistiques,
Université Paul Sabatier Toulouse,
Clémentine Prieur, Laboratoire de
Probabilités-Statistiques, Université Paul Sabatier Toulouse,
Anne Vanhems, Groupe de Finance, ESC Toulouse
Correspondant du projet: Laurent Germain, ESC Toulouse.
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