Contribution socio-anthropologique à l'analyse de la protection des civils par les forces de défense républicaine dans les conflits armés en RCA( Télécharger le fichier original )par Blandine Laurette NGNOLO Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master 2 2015 |
C. OBJETIFS DE L'ETUDEL'objectif général de cette étude est d'améliorer la protection des civils dans les conflits armés en RCA. Nous voulons à travers cette étude apporter une contribution analytique qui aura pour but de : · Démontrer comment l'ethnicité des FACA empêche l'institutionnalisation d'une armée républicaine, le respect de ses principes et favorise les violations des droits de l'homme ; · Démontrer que la connaissance des règles humanitaires ne garantit pas automatiquement le respect de celles-ci ; · Démontrer comment une républicanisation de l'armée peut influer de manière positive sur la protection des civils dans les conflits armés. D. INTERETS DE L'ETUDEParler de protection des civils a toujours été du ressort du droit humanitaire à travers ses conventions. Cependant, Bernard Boëne Directeur général de l'enseignement et de la recherche aux Ecoles de Coetquidan demande aux juristes lors du colloque sur les forces armées et le DIH, s'ils se sont intéressés aux facteurs qui ont une influence sur l'application du droit des conflits armés ?36(*) Quand on sait qu'il ne cesse de connaitre de grandes violations. Innocent Biruka considère que « le DIH serait un droit nul et de nul effet dans les « foires d'empoignes » en Afrique et devrait être relégué à un rang de compilation de purs voeux pieux. »37(*)Pour Joseph Owona, le DIH serait la « branche du droit la plus faible, la plus inapplicable non seulement du droit international mais du droit tout court. »38(*) Par ailleurs, s'il est admis que« la préparation et la conduite de la guerre relèvent du politique, alors que la direction des opérations relève du militaire »39(*), il va de soi qu'il est censé de sortir de cette litanie juridique pour s'intéresser aux hommes des opérations que sont les militaires afin de mettre à jour les facteurs ou raisons qui les animent sur le champ de guerre et qui déterminent leur comportement vis-à-vis du DIH. La RCA est l'un des pays de l'Afrique centrale à connaitre des conflits récurrents, selon la pensée Clausewitzienne, cette situation pourrait être qualifiée de normale car pour lui la guerre est un attribut normal de l'Etat, mais un Etat en guerre perd le monopole de la violence légitime et ne peut plus garantir à ses citoyens de vivre en toute sécurité comme l'exige la déclaration universelle des droits de l'homme dans son article 3 qui stipule que «tout individu a droit à la vie , à la liberté et à la sureté de sa personne ». La protection des civils dans les conflits est un sujet fort préoccupant au vue des multiples résolutions du CSUN qui porte sur le sujet et surtout sur les rapports accablants du SGNU, des ONG et de la conscience humaine. Ces préoccupations anciennes et nouvelles s'expliquent par le non respect du DIH. Face à ce manquement du DIH, il est question pour nous ici d'ouvrir d'autres perspectives en ce qui concerne la problématique de la protection des civils dans les conflits armés africains compte tenu aussi de la nonchalance avérée de la communauté international qui ne réagit plus de manière prompte pour des interventions d'assistance et de secours. 1. Intérêt scientifiqueCette approche nous permet de sortir d'une lecture binaire et clivante opposant le civil au militaire. Car elle permet de replacer l'institution militaire dans la société, en adoptant une approche constructiviste, les logiques des acteurs sont placées au coeur de l'analyse pour éclairer les ajustements et arbitrages qui s'opèrent entre les individus et les systèmes d'enjeux d'attentes collectifs, définis comme des cadres à la fois normatifs et stratégiques d'action. Ainsi il s'agit de faire une rupture à cette analyse trop structuraliste où l'institution militaire serait uniquement étudiée à travers ses règles et ses valeurs coercitives et prescriptives. Car les études stratégiques et militaires ne constituent plus à elles seules l'unique moyen d'analyser l'action combattante par exemple. De plus en plus, les recherches dans les sciences sociales relatives à la guerre mobilisent dans leur analyse la sociologie des conflits, de l'action collective, de la violence, de la socialisation de l'anthropologie, de l'institution pour éclairer l'action combattante. C'est une contribution analytique qui permettra d'appréhender les logiques anthropologiques et sociales au détriment des logiques juridiques en matière de protection des civils. * 36Bernard BOENE, Les forces armées en opération et le DIH, Actes du Colloque Le droit international humanitaire et les forces armées, Centre de recherche des écoles de SAINT SYR COETQUIDAN, 21 Mai 2001, P. 104 * 37Innocent BIRUKA, op. Cit. P.103. * 38 Cité par Innocent BIRUKA, ibid. * 39 André COLLET, Histoire de la stratégie militaire depuis 1945, PUF, 1994, P. 5. |
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