Contribution socio-anthropologique à l'analyse de la protection des civils par les forces de défense républicaine dans les conflits armés en RCA( Télécharger le fichier original )par Blandine Laurette NGNOLO Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master 2 2015 |
B. LE CITOYEN EN UNIFORME OU LE CITOYEN SOLDATFigure 6 : le citoyen en uniformeSource : Colloque, L'intégration des Forces armées et de Sécurité dans les sociétés démocratiques », Actes du colloque international, du 29 Mars au 1er Avril 2005, Cotonou, Benin, P. 54. Inspiré ici du modèle de l'armée allemande, le citoyen en uniforme prône une approche morale avec pour but de faire valoir la conception de l'homme telle qu'elle est énoncée dans la loi fondamentale comme principe d'orientation au sein des forces armées. Le citoyen soldat est appelé à être disponible pour défendre son pays. · Personnalité libre : il ne subit point de joug ; · Citoyen conscient de sa responsabilité : est responsable de ses actes devant sa communauté ; · Militaire prêt à l'engagement : pour défendre sa patrie, se mettre au service des autres. Le citoyen soldat se définit par sa vertu et son attachement à la communauté, il est dépouillé de tout intérêt particulier, pour ne songer qu'à celui de sa patrie et devient « l'incarnation désincarnée des principes de la communauté républicaine. »152(*) D'après NTUDA EBODE, la sécurité ne signifie pas seulement éliminer la menace immédiate mais aussi travailler sur les sources de l'insécurité. Travailler sur les sources d'insécurité ici c'est procéder à une réforme de la défense. Car l'ethnicité des FACA constitue la source première d'insécurité des populations civiles. Il est primordial que les groupes ethniques composant la population soient proportionnellement représentés dans les forces armées nationales. C'est la seule et unique approche qui éloigne le risque d'avoir des armées unicolores, mono ethniques, tribales ou claniques, à la solde d'un individu ou d'un groupe d'aventuriers qui pourraient les manipuler pour leur dessein personnel. Le défi qui se pose ainsi aux responsables politiques qui ont la charge de construire des forces nationales est celui de l'élargissement de la base sociale et des horizons géographiques et ethniques de recrutement des soldats. Il faut une rationalisation des bases géographiques et culturelles du recrutement des soldats dans les corps militaires de l'Etat. Car les armées les plus stables en Afrique s'avèrent être celles dans lesquelles il n'y a pas une prédominance d'un groupe ethnique ou tribal153(*). C'est dans cette perspective queAxel Augé154(*) estime que l'avenir de la stabilité des Etats en Afrique dépend en grande partie de la capacité des acteurs politiques et militaires à renouer les liens de confiance entre les populations, les institutions et les organisations clés, en particulier celles qui détiennent la coercition légitime (l'armée) et à ré-légitimer l'Etat postcolonial. La républicanisation des forces de défense permet la pacification entre les civils et les soldats, car si les FACA étaient une armée républicaine : « Elles ne susciteraient pas un climat de peur au sein de la population, la vue d'un soldat est censée apporter le réconfort, la sérénité et non l'effroi total. Elle a toujours été l'armée du président et non celle du peuple, déjà en temps de paix ils commettent des exactions contre les civils et ne sont pas punis à plus forte raison pendant la guerre. Tout ce que veut l'armée c'est en finir avec nous. »155(*) La républicanisation de l'armée est le processus en amont pour la protection des civils, il convient donc pour la suite de l'étude, de démontrer comment le militaire est prédisposé et stimulé à agir de manière responsable vis-à-vis des civils et par conséquent respecter le DIH, compte tenu de la spécificité du métier des armes et des évolutions de la société dans laquelle l'institution évolue. * 152 Thierry CYSIQUE, les droits militaires en France et au canada. Etude sociologique sur leur évolution comparée depuis un siècle, thèse en Sociologie, université de Laval, 2013, P. 225. * 153 Yves Alexandre CHOUALA, op. Cit., P.64. * 154Op. Cit., P. 60. * 155 Entretien avec Fréderic MOKALA réfugié centrafricain au Cameroun, ancien fonctionnaire au ministère de la justice, le 16 Janvier 2015 à Yaoundé. |
|