Le mobile dans la classification des cybercriminels( Télécharger le fichier original )par Jean-Michel HAZIZA Université Claude Bernard Lyon I - D.U Criminologie clinique 2015 |
A. LESMOBILES COMPORTEMENTAUXL'individu qui ne souffre pas de défiance mentale peut connaitre un bouleversement de ses comportementaux à cause d'Internet. Internet est une institution qui crée non seulement une addiction en lien avec des objectifs (1) mais aussi de nouveaux mobiles comportementaux. (2) 1. L'addiction en lien avec l'objectif viséL'addiction est surtout utilisée du côté de la victime d'une cyberattaque. Comprendre l'addiction d'une victime est un outil pour comprendre la cyberdépendance. (Colombani, 2015) Par analogie, les addictions concernent aussi les cybercriminels, qui, avant de passer à l'acte, subissent certains troubles du comportement. La criminologie peut être aussi l'étude d'un potentiel passage à l'acte relié à une addiction informatique. (Colombani, 2015)L'utilisation pathologique d'Internet se mesure sur la durée d'utilisation tant elle différencie les utilisateurs dit normaux des pathologiques. (Chou.C, 2001) Le cyber agent performe son apprentissage grâce aux technologies du numérique. D'après Nadine Touzeau ,Le Hat, c'est-à-dire le pirate informatique,selon son degré d'addiction, « mène sa vie au rythme des pulsions que l'objectif lui procure. Plus la poursuite de son objectif lui donnera du plaisir et la satisfaction, plus son addiction sera développée. »Par conséquent, Internet est non seulement le support de cette addiction -Ce n'est pas Internet qui a fait naitre ce type de comportement - mais aussi la cause de son développement pathologique.Internet apporte la facilité du passage à l'acte ainsi que l'anonymat. L'addiction au monde virtuel crée un isolement certain par rapport au monde réel. Les cybers agents souffrent d'un manque de relation interpersonnelles dans la vie ordinaire(Chiesa.R, Ciappi.S et Ducci.S , 2007)ce sont souvent des jeunes qui préfèrent rester seuls car l'avènement de la révolution numérique ont bouleversé leurs comportements. Cette solitude et cet isolement créent non seulement une addiction au monde virtuel, notamment pour les défis qu'apportent le monde transversal, mais aussi aux jeux en ligne et aux réseaux sociaux. C'est pourquoi, ces abus entrainent logiquement certaines pathologies. 2. Les nouveaux comportements pathologiquesCertains individus développeraient leur technique de manipulation sur Internet (Woo, 2003)notamment en créant de faux profils pour induire en erreur une potentielle victime. D'autres types de personnes connaissent des problèmes psycho-physiques (Chiesa.R, Ciappi.S et Ducci.S , 2007) pendant que d'autres sont victimes d'hallucinations plus élevées que la population ordinaire. (Ohayon, 2000) Wori affirme que certains souffrent d'une dépression majeur tel que le syndrome d'Asperger1(*).(Wori.O, 2014) D'autres vivent dans l'insécurité et ont une double personnalité, on pourrait assimiler cette pathologie à de la paranoïa. Le fait de se cacher derrière un écran peut être considéré comme une pathologie psychiatrique. N.Touzeau parle d'avatarisation - c'est le fait de se créer un ou des mondes parallèles derrière un écran - en effet, la notion d'avatar chez l'individu est favorisée par la manipulation, les troubles de personnalité, la mythomanie qui causent des dégâts collatéraux sur son environnement proche.L'avatarisation n'est pas conçu uniquement par Internet, cependant c'est Internet qui l'a développé. L'avatarisation est une déviance de notre comportement et personnalité. Internet n'est pas le créateur des délinquants, mais le fait que l'on n'ait pas su gérer ce qu'Internet produirait comme potentiels technologiques qui ne sont pas canalisés juridiquement, socialement, psychologiquement a incité les délinquants à user et abuser d'Internet pour commettre leurs délits avec facilité. L'acte commis dans le monde réel laisse des traces, ce qui est l'inverse dans le monde virtuel. (N.Touzeau,net-profileur,profileur, 2015, p. III.Comportement et profil du cybercriminel)Youngévoque plusieurs facteurs supplémentaires créés par la dépendance d'Internet : les répercussions sociales, professionnelles, économiques et familiales.(Ramat.A, Thèse, Paris Descartes , 2011)En effet, des comportements d'un nouveau type peuvent détecter une asocialité, une agoraphobie qui font tout le dilemme d'Internet : il s'agit d'un glissement du plaisir au besoin puis à la dépendance. (Benyamina,A et Samitier M,-P, 2013)Cet individu devient alors désocialisé par rapport à ses proches, ses amis, ses voisins, son travail. En définitive il vit derrière une avatarisation de la personnalité(N.Touzeau,net-profileur,profileur, 2015) :C'est la « virtualisation du réel » selon P. Minotte.Cet individu développe une vie sociale dans le monde virtuel en créant un personnage notamment via les jeux en ligne, les réseaux sociaux. Il existerait une relation triangulaire entre la consommation d'Internet, les troubles comportementaux et le passage à l'acte. Internet génère des dépendances qui peuvent conduire à la commission de crimes. L'individu se désocialise sans parfois se rendre compte et cet effet de désocialisation nourrit lanaissance de certaines pathologies. Ces pathologies sont mises en évidences par le Dr Picot qui classe les troubles comportementaux en deux catégories de symptômes : · Les symptômes psychologiques : incapacité à stopper l'activité, négliger sa famille ou ses amis, sentiment de dépression, mensonge au travail. · Les symptômes physiques : Douleur dorsale et cervicale, alimentation irrégulière, difficulté à assurer une hygiène correcte. (PICOT B., Thèse, Limoges, Faculté de médecine , 2011) C'est pourquoi les troubles comportementaux notamment l'avatarisationcausés par l'utilisation d'internet peuvent être considéré comme des mobiles du passage à l'acte. * 1 Le syndrome d'Asperger est un trouble envahissant du développement neurologique d'origine génétique, il n'est pas considéré comme une maladie psychiatrique. Les individus victime de ce syndrome sont des êtres normaux mais qui connaissent des difficultés pour s'intégrer en société. |
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