I.B.2-
IDE et conditions sociales
Les travaux sur les interactions entre les IDE et les
conditions sociales ont porté principalement sur le développement
du capital humain (notamment sur les indicateurs d'éducation et de
santé de la main d'oeuvre active).
Deux thèses s'affrontent, sur ce sujet : pour
certains, les effets des IDE sur les indicateurs sociaux sont négatifs;
d'autres soutiennent le contraire. Ces controverses sont en rapport avec le
niveau de capital humain dans les zones d'étude. Ainsi, Borensztein et
al. (1998) soutiennent que le développement du capital humain est un
déterminant des IDE en comparant plusieurs pays ; dans les pays
à niveau de capital humain très faible, l'afflux des IDE est
faible avec des effets négatifs. L'OCDE (2002) soutient, à cet
effet, que l'investissement dans l'enseignement général et les
autres formes du capital humain sont essentiels pour un climat favorable aux
IDE. La Corée du Sud et la Taiwan se sont inspirées de cette
thèse et ont mis en place des dispositifs de développement d'un
capital intellectuel significatif pour pouvoir bénéficier
davantage d'IDE. Au Mexique, les IDE ont peu d'influence sur l'économie
à cause de la faiblesse des investissements en capital humain notamment
dans l'éducation de base.
Pour Van Huffel (2001), il est possible que les IDE aient des
effets indirects sur le développement humain car ils peuvent offrir des
avantages liés aux investissements dans le capital humain au sein des
filiales. Le constat fait généralement est que les
multinationales investissent plus dans la formation des cadres et d'un
personnel qualifié que les entreprises nationales ; or le transfert
de technologie concerne aussi le transfert de compétences et de
savoir-faire. Alors leur venue pourrait avoir des effets positifs sur le
développement du capital humain, notamment, sur les institutions
éducatives (réorientation de l'enseignement supérieur,
formation au sein des firmes locales, etc.).
Borensztein et al (1998) ont obtenu que l'atteinte d'un
certain seuil de développement du capital humain, en utilisant le nombre
d'années d'études secondaires pour les hommes, est
nécessaire pour que les IDE aient un effet bénéfique sur
les économies d'accueil. OCDE (2002) indique que l'ampleur des
retombés positifs des IDE est liée à l'écart entre
les FMN et les entreprises nationales en termes de compétences ;
elle fait ainsi allusion à « la capacité
d'absorption » de la main d'oeuvre et le degré de concurrence
locale.
Carkovic et Levine (2002) contestent cette hypothèse du
seuil d'absorption des IDE car l'introduction, dans leur modèle, d'une
variable interactive entre IDE et niveau d'éducation a
entraîné des effets négatifs. Yoshua (2007)
également, dans une étude en République
Démocratique du Congo a conclu à une relation négative
entre IDE et les dépenses d'éducation prises comme indicateur du
capital humain.
Oman (2000) émet, sur ce sujet, des réserves
quant aux mesures incitatives des IDE dans les pays en
développement ; il écrit que celles-ci nuisent au
développement humain car elles protègent peu les droits des
travailleurs.
Ram et Zhang (2002), en testant les effets des IDE sur la
croissance dans les années 90 sur un grand nombre de pays, et Bussman et
al (2002) n'ont trouvé aucun lien entre les IDE et les indicateurs du
capital humain.
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