CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Les IDE sont un centre d'intérêt particulier pour
les autorités sous-régionales et ivoiriennes, en raison de leur
importance dans le système financier et industriel mondial. Cette
étude a été initiée pour mesurer leurs
contributions au développement durable de la Côte d'Ivoire. Pour
cela nous avons choisi l'IDH comme indicateur du développement durable
et pris en compte les trois dimensions économique, sociale et
l'environnementale, en choisissant un indicateur pour chaque dimension. Ainsi
avons-nous choisis le PIB par habitant comme indicateur de l'aspect
économique et social et le taux d'émission de CO2 par
habitant pour l'aspect environnemental. Nous avons intégré une
variable indicatrice de la politique commerciale en choisissant la valeur
ajoutée des activités extractives et de production du gaz, de
l'eau et de l'électricité rapportée au PIB.
La méthodologie suivie pour conduire les tests
statistiques est basée sur un modèle vectoriel à
correction d'erreur et les tests de causalité bi-varié de
Granger. Les tests économétriques montrent qu'à long
terme, les flux entrants d'IDE ont un impact positif sur l'Indice de
Développement Humain (IDH) et donc sur le développement durable.
En plus, une relation de causalité a été obtenue des flux
entrants d'IDE par PIB vers l'IDH ; ce qui n'est pas le cas avec des IDE
vers le PIBH, le taux d'émission de CO2 par habitant
(ECO2H) et la part des activités extractives et de production
du gaz, de l'eau et l'électricité dans le PIB. Ces
résultats n'ont toutefois pas pu être confirmés par la
dynamique de court terme.
En définitive ces conclusions indiquent l'importance
des IDE pour le développement durable ; elles concordent en grande
partie avec la littérature empirique sur les liens entre les IDE et le
développement du capital humain ; en effet par ses effets positifs
directs et indirects sur les conditions du capital humain, les IDE peuvent
influencer développement durable. La Côte d'Ivoire gagnerait alors
à maintenir ses politiques d'attractivité des IDE afin de faire
face à ses obligations d'offrir de meilleures conditions
éducatives, sanitaires, de vie et de cadre de vie à sa
population.
Toutefois, cette étude a révélé
des déficits dans la politique des IDE dont l'une des
conséquences est la faiblesse de l'impact attendu. En fait, les
stratégies de développement fondées uniquement sur les
mesures d'attrait des IDE ne sont pas suffisantes pour engendrer le
développement durable dans toutes ses dimensions. Il est
indéniable de prendre en compte les objectifs sociaux et
environnementaux dans les discussions avec les investisseurs étrangers.
Ces dispositions doivent concerner prioritairement les investissements dans les
secteurs extractifs miniers, minéraliers pétroliers et
dérivés ainsi que les secteurs agro-industriel et de la
construction car ils sont en première ligne dans la pollution en
Côte d'Ivoire, notamment dans la zone rurale et péri-urbaine. Les
investisseurs étrangers doivent être pleinement associés et
intégrés dans le plan national de développement durable.
Ils doivent pouvoir participer à l'amélioration des conditions
éducatives, sociales, environnementales et de vie des populations
à proximité de leurs lieux d'implantation. Une commission
nationale serait nécessaire afin d'assurer le suivi de cet aspect du
plan de développement durable.
Une autre faiblesse à relever dans le cadre de la
promotion des IDE est de ne pas offrir de réelles opportunités
d'épanouissement aux entreprises et investisseurs locaux. Or c'est la
prospérité des entreprises privées nationales qui pourra
créer la croissance durable et soutenue recherchée. Il importe
alors de renforcer l'encadrement et le suivi des initiatives et entreprises
locales notamment les PME et PMI et de l'accompagner par un secteur financier
public capable de contourner les hésitations des banques classiques,
surtout dans cette période de sortir d'une crise qui a porté un
coup aux activités nationales. Ce soutien leur permettra de se mettre
à niveau afin d'être aptes à l'appropriation des
savoir-faire et des besoins des firmes arrivantes.
Au niveau du cadre de vie, même si la situation n'est
pas alarmante, les autorités ivoiriennes ne doivent pas perdre de vue la
qualité de l'environnement. Sa sauvegarde ne doit pas rester seulement
dans des slogans et autres campagnes de publicité. Il est
nécessaire, dans la stratégie de développement durable de
la Côte d'Ivoire, de mettre en place des techniques précises de
protection de l'environnement basées sur l'éducation et la
formation de la population ; toutes les forces vives doivent être
intégrées dans toutes les politiques environnementales et de
gestion des ressources naturelles.
Enfin, comme nous l'avons déjà souligné,
le modèle de développement ivoirien souffre du manque de
coordination entres les différentes stratégies et programmes
prises en compte dans le cadre du développement durable. C'est pourquoi
il est plus qu'urgent que soit mise en place « la commission du
développement durable » ; celle-ci sera chargée de
la synergie, de la coordination et de l'harmonisation des programmes nationaux
de développement économique, social et de préservation des
ressources nationales. En effet, le développement durable intègre
des acteurs divers dont l'Etat est l'artisan central. Alors, pour que leurs
actions produisent les résultats escomptés, l'Etat doit mettre en
avant sa capacité à promouvoir, organiser et accompagner ce
processus. Cette implication aura l'avantage de la précision des choix
à faire en intégrant les particularités communautaires et
de la définition des dispositions règlementaires devant
réguler les rapports sociaux. Elle va ainsi créer les conditions
de l'appropriation de ce processus par les composantes de la vie
socio-économique nationale, en tenant compte du contexte
international ; cela facilitera l'identification des groupes
vulnérables et la mesure de l'impact des actions menées.
|