I.B-
Interprétation des résultats
Les résultats des différents tests montrent que
les IDE entrants en Côte d'Ivoire ont un impact direct positif sur l'IDH
en se référant à la période de 1970-2010. En effet,
à long terme, l'élasticité du log d'IDH par rapport au log
des flux entrants d'IDE est de 0,3%.Les tests statistiques ont montré
que cette élasticité est significative dans l'explication de
l'IDH. Par ailleurs, les tests de causalité ont identifié une
relation de causalité de long terme partant des IDE vers l'IDH. Il
n'apparaît aucune autre relation de causalité entre les IDE et les
autres variables du modèle. En plus de ces résultats, il faut
ajouter l'importance révélée de la variable indiquant les
activités extractives et de production de l'eau, du gaz et de
l'électricité. En effet, les tests de causalité indiquent
une causalité unidirectionnelle de court terme et de long terme de l'IDH
vers l'AEPE.
Ces résultats appellent plusieurs commentaires.
En premier lieu, ils indiquent l'importance des IDE pour le
développement durable de la Côte d'Ivoire, notamment pour
l'amélioration des conditions sociales et le niveau de vie de la
population. En effet le fait que les flux entrants d'IDE soient un
déterminant de l'IDH confirme certaines thèses défendues
par les théories de la croissance endogène et celles favorables
au développement durable ; pour celles-ci, l'intégration des
investissements étrangers à l'économie locale a des effets
directs et des spillovers importants pour les entreprises nationales et la main
d'oeuvre active. De ce fait, l'arrivée d'IDE est porteuse de
retombées positives sur la qualité de vie et la qualification des
travailleurs en Côte d'Ivoire.
L'arrivée des investisseurs et des travailleurs
étrangers a également des effets d'entraînement et
d'imitation sur la population. En effet, les efforts importants de ces
entreprises et de l'Etat pour créer une main d'oeuvre capable de
répondre aux besoins de ces investissements conduisent à une
modification de la structure de la société qui cherche à
s'adapter à des nouveaux modes de vie. L'implication des entreprises
multinationales dans la réalisation d'ouvrages ruraux pour
l'accès à l'éducation, à l'eau potable et
l'électrification rurale joue un rôle indéniable, à
cet effet.
Dans un second temps, l'absence de causalité entre le
PIBH et les IDE traduit la faiblesse, certes positive, des dépendances
entre ces deux variables. Ainsi, d'une part, ce ne sont pas principalement les
performances dans la croissance économique qui ont attiré les IDE
en Côte d'Ivoire, et, d'autre part, l'afflux d'IDE n'est pas assez
important pour améliore créer une croissance soutenue ; des
insuffisances dans l'orientation des IDE par secteurs d'activité et sur
l'espace national portent en partie cette absence de causalité. Ce
résultat peut traduire également des insuffisances dans les choix
en matière de stratégie de développement ivoirien
basé sur une économie agricole extravertie qui accorde peu
d'opportunités à la compétitivité interne. On
trouve également une explication dans la grande
vulnérabilité de cette économie à la conjoncture
économique et financière internationale; l'attention au profit
des investisseurs étrangers peut avoir des limites et ne produit pas
l'effet économique escompté. Ces insuffisances pourraient
également justifier la faiblesse de l'élasticité du LIDH
par rapport à LPIBH (0,3%).
Enfin, ces résultats relèvent l'absence de
causalité entre les IDE et le taux d'émission de CO2
par habitant. Cela signifie que les IDE ne sont pas à la base de la
pollution en Côte d'Ivoire, particulièrement au niveau des
émissions de CO2. De même, ce ne sont pas les
politiques environnementales qui attirent les IDE en Côte d'Ivoire ;
ceci pourrait expliquer pourquoi la prise en compte des conditions
environnementales est faible dans le code des investissements et le DSRP.
Toutefois, la relation de long terme indique une élasticité
positive entre le taux d'émission de CO2 et l'IDH. Cette
indication fait dire que la pollution participe à l'amélioration
de l'IDH. Ceci est conforme à la situation des pays en
développement dont la Côte d'Ivoire. En effet, ces pays sont
encore largement en dessous de leurs objectifs économiques dont la
satisfaction provient principalement de l'exploitation de leurs ressources
naturelles. Dans ces économies croissance et pollution évoluent
ensemble.
Toute fois, dans l'optique du développement durable, ce
résultat interpelle sur le fait que dans la poursuite des objectifs
économiques, la prise en comptes des impératifs environnementaux
doit être de mise afin de ne pas dévier des priorités
sociales notamment l'amélioration du capital humain. Il est alors
impératif que les modes de production soient révisés
notamment dans les secteurs agricoles et agro-industriels qui sont les plus
gros secteurs pollueurs en Côte d'Ivoire. Dans cette optique les IDE sont
également très attendus car devant être les vecteurs de
transmission des technologies propres au profit de l'économie et des
entreprises nationales.
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