2.2- Revue conceptuelle
Tous les discours scientifiques (recherches, analyses,
hypothèses, etc.) utilisent des concepts clairs et précis afin de
se démarquer de la confusion qui caractérise le sens commun. Un
concept « est une définition des caractères
spécifiques d'un projet (d'étude) par rapport à l'objectif
ciblé »8. Il suppose un degré de
précision et de classification supérieure à la notion qui
désigne une image mentale assez floue. Par conséquent, nous
devons définir clairement les mots clés de notre
thématique pour permettre une bonne compréhension mais aussi pour
faire l'unanimité de sens de notre travail comme le recommande Emile
Durkheim (1986) : « La première démarche du sociologue
doit être de définir les choses dont il traite afin que l'on sache
de quoi il est question. C'est la première et la plus indispensable
condition de toute preuve, de toute
vérification.»9
8 Le Petit Larousse Illustré 2011
9 Emile DURKHEIM, 1986 cité par AKOEGNON Adjo K. La
participation communautaire aux projets de développement en
milieu rural: cas du projet de production d'ananas dans la communauté de
Wonougba Séva, Mémoire pour l'obtention du diplôme de
maîtrise ès lettres, 2011, p. 16, UL, TOGO.
22
V' Education des adultes
Elle est « l'ensemble des processus organisés
par lesquels toute personne considérée comme adulte dans la
société ou la culture à laquelle elle appartient,
développe ses aptitudes, enrichit ses connaissances, améliore sa
qualification technique ou professionnelle, la réoriente et suscite des
changements dans ses attitudes et ses comportements, dans la double perspective
d'un développement social, économique et culturel
équilibré et indépendant»10
V' Alphabétisation
Le Vocabulaire de la Langue Pédagogique
(1971) définit l'alphabétisation comme « l'ensemble des
signes graphiques d'une langue disposés suivant l'ordre établi ou
un petit livre qui, dans la méthode traditionnelle d'apprendre à
lire, contient les premiers exercices de lecture ». Quant au
Dictionnaire Encyclopédique de Pédagogie
Moderne, il la désigne par « une action
méthodique en vue de l'élimination rapide de
l'analphabétisme parmi les adultes d'un groupe humain,
spécialement dans les pays en voie de développement
»11.
L'alphabétisation débouche en principe sur la
post-alphabétisation, phase de l'activité intellectuelle du
néo-alphabète qui peut s'adonner à la lecture et à
la recherche. A cette étape, le néo-alphabète fait
l'exercice des connaissances et compétences acquises qu'il renforce.
Nous distinguons trois grands types d'alphabétisation.
10 Ahodékon S.C, 2005 cité par Marcelin KOBA.
Problématique de la contribution de l'alphabétisation à
l'amélioration de la santé communautaire en milieu urbain : cas
de Cotonou en République du Bénin, Mémoire de fin de
4ème année universitaire, 200, p.26, UAC, BENIN.
11 Foulquié P. 1971, Dictionnaire
Encyclopédique de Pédagogie Moderne, Paris.
· 23
L'alphabétisation traditionnelle ou
classique
Cette alphabétisation a pour objectif l'enseignement
de la lecture, de l'écriture et du calcul (LEC) afin de permettre au
néo-alphabète d'accéder à la communication
écrite ou imprimée dans une langue.
Dans ce contexte, l'apprenant est considéré
comme n'ayant pas de préoccupation personnelle importante. On lui
apprend essentiellement à savoir lire, écrire et compter/calculer
en se basant sur les réalités les plus banales de la vie, sans
alors tenir compte de ses besoins et de ses activités.
L'alphabétisation traditionnelle a un caractère
ponctuel. Elle est mise en oeuvre sans aucune étude de milieu
préalable des besoins, et se base sur des thèmes
généraux qui pourront servir les initiateurs (politique,
religion). Elle ne permet pas une continuité ou une consolidation des
acquis de sorte qu'à la fin, les personnes alphabétisées
retombent dans l'analphabétisme après quelques temps. Elle ne
considère pas les données telles que l'âge, l'effectif, le
sexe, les niveaux, la motivation et le cadre de déroulement. Cet
état de chose entraîne des contraintes et réduit
considérablement le bénéfice que chacun devrait tirer
individuellement de cette formation. Etant un processus de formation à
sens unique dans lequel seul le formateur détient le savoir, on note une
passivité quasi-totale imposée aux participants. Le programme des
séances est donc imposé et par ricochet l'apprenant ne participe
pas à l'élaboration. Cette forme d'alphabétisation ignore
la promotion technique durable des populations locales.
· Alphabétisation
conscientisante
Conçue par le Brésilien Paulo FREIRE en 1961,
l'alphabétisation conscientisante avait pour objectifs, entre autres, de
faire prendre conscience aux populations opprimées, de leurs conditions
d'exploitation. La méthode de FREIRE s'appuie d'abord sur une analyse
politique du système socio-
24
économique du milieu dans lequel elle doit s'appliquer
; contrairement à la méthode traditionnelle qui s'appuie sur un
monologue incitant à la mémorisation. Les membres du groupe
opprimé (et apprenants) assistés d'un animateur, se livrent
à un examen critique d'une situation qui les préoccupent et sont
amenés ensuite dans un renversement idéologique, les poussent
à être «sujets créateurs» au lieu d'être
seulement «objets». La méthode utilisée est le
dialogue, le médium étant la langue maternelle des apprenants.
· L'alphabétisation
fonctionnelle
Elle vise la communication à l'apprenant d'une
connaissance qui lui suggère un comportement afin qu'il puisse agir en
faveur du milieu dans lequel il vit et sur lui-même. Ce concept a
été lancé et défini en 1965 à
Téhéran, lors du Congrès des Ministres de l'Education des
pays du Tiers Monde. Ce type d'alphabétisation cherche à
accroître la production des analphabètes à travers
l'apprentissage de la lecture, l'écriture et le calcul. Il faut qu'elle
soit le fruit d'un projet de développement ; et parte dans un premier
temps d'une étude du milieu pour recenser les besoins des populations et
tous les aspects des problèmes. Le programme, les stratégies et
les moyens d'action de cette forme d'alphabétisation sont définis
de manière concertée avec la population sur la base des
problèmes rencontrés dans la vie socioprofessionnelle. Elle
suppose un dépassement de l'apprentissage rudimentaire de la lecture et
de l'écriture. L'analphabète qui suit cet enseignement, peut
s'intégrer socialement et économiquement dans un monde nouveau
où les progrès techniques et scientifiques exigent de plus en
plus de connaissance et de spécialisation. C'est une contribution
à la libération de l'homme et à son plein
épanouissement, tout en créant les conditions indispensables
à une prise de conscience critique des contradictions et des objectifs
de la société dans laquelle il vit.
25
L'alphabétisation fonctionnelle se distingue de celle
traditionnelle dans la mesure où elle permet de considérer
l'analphabète apprenant comme un individu en situation de groupe, en
fonction d'un milieu donné dans une perspective de développement.
Au cours de l'action d'alphabétisation, l'individu apprend à
défendre ses droits au moment même où le groupe tout entier
comprend la nécessité de formuler ses besoins et de prendre ses
responsabilités face aux problèmes sociaux, économiques et
culturels. Ici, la formation n'est pas à sens unique comme c'est le cas
en alphabétisation traditionnelle. Le bénéficiaire est
actif et participe bien aux séances parce que les enseignements
répondent à ses besoins. Elle prône les compétences
techniques, professionnelles et culturelles des populations.
y Education
Dans le Dictionnaire Actuel de
l'Education, Legendre définit l'éducation comme
«l'ensemble des valeurs, des concepts, des savoirs et des pratiques
dont l'objet est le développement de l'être humain et de la
société».12
Selon Foulquié (1971), l'éducation signifie
l'action de former l'apprenant, c'est-à-dire de l'aider dans le
développement de ses virtualités spécifiquement humaines
(intellectuelles et morales).
Dans le cadre de cette étude l'éducation est une
opération de transmission de connaissances différentes dans le
souci de transférer des capacités en vue d'un changement.
y Education Formelle
L'éducation formelle « comprend toutes les
formes d'éducation et de formation conduite dans un cadre
organisé et structuré. Elle comprend : l'éducation
de
12 Legendre R., 1993, Dictionnaire Actuel de
l'Education, Guérin & Eska, Québec & Paris.
26
base, l'enseignement secondaire, l'enseignement
supérieur, la formation professionnelle » 13.
y Education informelle
L'éducation informelle « est faite de
façon diffuse. Elle a pour principaux véhicules, la cellule
familiale, les groupes sociaux, les médias communautaires et les autres
instruments de communication, les divers mouvements associatifs, la
communauté, les scènes de vie, le spectacle de la rue,
etc.» 14
y Education Non Formelle
L'éducation Non Formelle « est une forme
d'enseignement qui se déroule en général dans un cadre
extrascolaire en s'efforçant de prendre en compte les
réalités du milieu, de s'ouvrir et de responsabiliser les
différents acteurs de l'éducation concernés (familles,
professionnels, et responsables locaux). Elle se caractérise par son
public varié (jeunes et adultes) et la diversité des contenus.
»15
V' Productivité
Le concept de productivité tire son origine du verbe
latin producere qui signifiait « mener en avant,
présenter, étendre mais aussi procréer, développer,
faire grandir »16, et du participe correspondant
productus. En général, la productivité est
définie comme le rapport entre la production d'un bien ou d'un service
et l'ensemble des intrants nécessaires pour le produire. Elle constitue
en fait, une mesure de l'efficacité avec laquelle une économie
met à profit les ressources dont elle dispose pour fabriquer des biens
ou offrir des services
13 KOBA. M.2005 ; Problématique de la contribution de
l'alphabétisation à l'amélioration de la santé
communautaire en milieu urbain : cas de Cotonou en République du
Bénin
14 Idem
15 Idem
16 KANE G.Q., 2010 ; Analyse des performances productives des
exploitations familiales agricoles de la localité de Zoetele
27
(Gamache, 2005). Autrement dit, la productivité est le
rapport entre la production et l'ensemble ou partie des ressources mises en
oeuvre pour la réaliser.
Ainsi, améliorer la productivité ce n'est pas
travailler dur, mais travailler intelligemment. La productivité permet
de mesurer l'efficacité du système productif, c'est donc une
comparaison entre la production réalisée et les quantités
de facteurs de production utilisés.
De toutes ces définitions, nous retenons dans le cadre
de cette étude que la productivité se définit comme le
rapport entre ce qui est produit et les unités "d'input"
(entrants) qui ont été consommées pour y parvenir.
V' Niveau de vie
Selon le Petit Robert, le niveau de vie désigne la
quantité de biens et de service que le revenu d'un individu (d'un groupe
social ou d'une nation) lui permet d'acquérir.
V' Revenu
Le revenu est « ce qui revient à quelqu'un,
à une collectivité) comme rémunération du travail
ou fruits du travail »17.
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