1.2. Les huiles végétales
Les huiles végétales sont des corps lipidiques
extraits des graines ou des fruits oléagineux. Ce sont des
molécules organiques insolubles dans l'eau et solubles dans les solvants
organiques apolaires comme benzène, chloroforme, éther de
pétrole, l'hexane, etc.
Elles sont caractérisées par la présence
dans la molécule d'au-moins un acide gras ou chaîne grasse. Elles
apportent à la fois vitamines, protéines, minéraux, acides
gras essentiels, insaponifiables et autres substances organiques indispensables
à l'élasticité et à la fermeté des
tissus.
1.2.1 Caractéristiques chimiques des huiles
végétales
Toutes les huiles végétales sont composées,
en proportions variables, de trois
types d'acides gras : saturés, mono-insaturés et
polyinsaturés. On les classe selon les acides gras prédominants.
Pour cette étude, les huiles utilisées sont :
- l'huile d'Azadirachta indica ; - l'huile de
Jatropha curcas L. ; - l'huile de Ricinus communis et, -
l'huile de Thevetia peruviana.
Toutes les huiles végétales sont hydrophobes au
naturel. Elles doivent être formulées avec des agents
tensio-actifs appropriés afin de les émulsionner dans l'eau pour
application.
1.2.2. Huile d'Azadirachta indica Juss.
Communément appelé Acacia d'Egypte, arbre à
chapelets, Lilas des Indes (à ne
pas confondre avec le Lagestroemia) le Neem est aussi connu sous
le nom
scientifique Melia azadirachta Linn., M. indica
(A. Juss.) Brandis.
En langues locales du Bénin, il est appelé :
- Kininuti (fon) ;
- Koribu (bariba) ;
- Dogonyaro/ Egui Lili (Yoruba et Nago)
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Originaire du sous-continent indien, les
propriétés médicinales et insecticides de la plante sont
connues depuis des millénaires (Mishra et al., 1995). Au
début du XXè siècle, il est introduit dans
plusieurs pays en développement et particulièrement en Afrique.
C'est ainsi qu'il est massivement planté au Bénin pour fixer le
bord des routes et comme source de médicaments antipaludiques, mais
surtout comme source de reboisement des zones arides. Le fruit est une drupe
ovoïde, lisse de 1,5-1,8 x 1,2-1,4 cm, jaune à maturité, ne
contenant généralement qu'une graine noyée dans une pulpe
visqueuse et plus ou moins sucrée.
Photo1 : feuilles et fruits d'Azadirachta
indica Source : cliché AGBIZOUNON, 2010
Selon la croyance populaire dans plusieurs pays tropicaux,
l'Azadirachta indica est fréquemment utilisée pour sa
valeur médicinale. Différentes parties de la plante sont
utilisées pour le traitement de diverses affections :
? Feuilles : paludisme, ictère, variole, stomatite,
gastrite, asthénie et la lutte contre les vers intestinaux.
? Ecorce : fièvre, lèpre, dermatose et la
piqûre de scorpion.
? Graines : (huile), vermifuge, blessure, gale et dermatose.
? Fleurs : stimulantes, toniques et stomachiques (Arbonnier,
2002).
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L'huile est généralement légère,
amère et brune avec une odeur plutôt forte. Elle comporte
principalement des triglycérides et de grandes quantités
de triterpénoïdes composés, qui sont responsables du
goût amer. (Mourguer, 1961).
L'huile de Neem contient également des
stéroïdes (campestérol, beta sitostérol,
stigmastérol) et une pléthore de
triterpénoïdes dont l'Azadirachtin est le plus bien
connu et étudié. La teneur en Azadirachtin de l'huile de Neem
change de 300ppm à 2500ppm fini selon la technologie d'extraction et la
qualité des graines de Neem écrasées.
Tableau 1 : composition de l'huile
végétale Azadirachta indica
Composition moyenne d'huile de Neem en acides
gras
Nom commun Nom acide Chaîne de
composition
|
Omega-6 Acide linoléique
6-16%
Omega-9 Acide oléique
25-54%
Acide palmitique Acide de
Hexadecanoic 16-33%
Acide stéarique Acide
octadécanoïque 9-24%
Omega-3 acide
Alpha-linoléique % (traces)
Acide palmitoléique acide
9-Hexadecenoic % (traces)
1.1.1. Huile de Jatropha curcas L.
Yikpotiin ou Gbaguidi kpotiin (Fon et Gun),
Gboci ou Gbodogwi (Adja), Iyalode
ou Ewe ayaba (Yoruba) ; Olobontuje ou
Kiti-kpo-kpo (Nago) et Babati en Mina, le Jatropha est aussi
appelé pourghère ou pignon d'inde.
Il viendrait du Mexique ou des régions voisines
d'Amérique centrale. Il est devenu une culture d'exportation au
Cap-Vert, où il a été introduit par les navigateurs
portugais, avant de se répandre dans toutes les régions
tropicales et subtropicales puis dans le monde (Weiss, 1983). La plante est
réputée comme toxique interne et vulnéraire externe. C'est
donc avec précaution et sous surveillance qu'elle est prescrite en usage
interne. Le fruit est de forme ovoïde,
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plus ou moins trilobé ou anguleux, de 3,5 x 3 cm, de
couleur verte devenant noirâtre à maturité (Stirpe,
1976).
Photo 2 : Graines matures du J.
curca Source : cliché AGBIZOUNON, 2010
Son action sur les maladies est spécifique à chaque
partie dont elle est
constituée :
? Racine : Blennorragie, Syphilis, dysenterie, stomatite et la
gingivite ;
? Feuille : douleur et rhumatisme, fièvre, paludisme,
ictère, coliques, my-
cose, oedème, plaie et gale, gingivite ;
? Graine : vermifuge, constipation, gastrite, infections
rénales ;
? Latex : plaie, herpès, gingivite, carie dentaire et
morsure du serpent ;
? Huile (issue des graines) : savon, éclairage,
insecticide contre les saute-
relles et les termites (Arbonnier, 2002)
Les huiles non conventionnelles extraites des graines
mûres de Jatropha curcas récoltées dans huit
localités du Bénin ont été étudiées
par Kpoviessi et al. (2004). Les potentiels lipidiques varient entre
40 et 60 %. Toutes les localités présentent une huile liquide
à température ambiante, de type insaturé et avec une
prédominance des acides gras oléique (43-53 %), linoléique
(20-32 %) et palmitique (13-15 %). La teneur en insaponifiables reste
inférieure à 4 %, sauf à Bohicon (5,5 %) et Akiza (8,4 %)
(Kpoviessi et al., 2004).
Une étude faite par Djènontin et al.
(2006) sur la caractérisation physico-chimique de l'huile
végétale extraite de graines de Jatropha curcas
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(Euphorbiaceae) récoltées dans le sud du
Bénin a permis de remarquer que les acides gras insaturés sont
majoritaires avec la prédominance des acides oléique et
linoléique (42,3 et 36,6% respectivement). L'étude de la fraction
insaponifiable (0,8%p) a permis de révéler que l'huile de
Jatropha curcas contient 130 mg/l00g de stérols (dont 86,1% de
â-sitostérol) et 19,9 mg/l00g de tocophérols (dont 76,9% de
y-tocophérol). Les phospholipides (0,6g/100g) ont été
quantifiés sur la base de la teneur en phosphore. Ces données
physicochimiques de l'huile ont été comparées à
celles d'autres huiles végétales conventionnelles de grande
consommation au Bénin (Kpoviessi et al., 2004).
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